Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"

News & Infos

C'est ici que vous trouverez les dernières infos du moment, les utiles et moins utiles.

Temps actuel

Effectifs

• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

Lien recherché

- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

Code par MV/Shoki - Never Utopia



 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  


Le Deal du moment : -20%
-20% sur le Lot de 2 écrans PC GIGABYTE ...
Voir le deal
429 €

Partagez
 

 Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"   Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea" Icon_minitimeDim 4 Sep - 20:38

[Étant donné la taille tout simplement indécente de mon entrée de jeu, je te/vous propose de lire les titres et les dialogues dans un premier temps et de lire les parties ensuite. Seul le dernier paragraphe est réellement important au RP en cours, le reste est du détail.]

[Arrivée dans la ville]

Le panneau affichait clairement le nom de la cité : Ridolbar. Il était donc arrivé... Ridolbar. Un lieu qu'il n'appréciait guère... Ridolbar. Un autre synonyme pour la corruption et la dépravation, une orgie criminelle qu'il abhorrait réellement. Une verrue sur la face du monde dont les méfaits enflaient son allure hideuse. Même cette pancarte salie lui donnait envie de vomir, même ces pavés délavés lui donnaient la nausée. Il attacha son bandeau, Minuit, sachant que les rencontres ici jamais n'étaient distrayantes ; toujours dangereuses. Mais s'il répugnait autant cette ville, que faisait-il ici ?
La réponse était le dossier Laovea. Le surnom d'une ladrini dont le véritable nom était... Perdu dans les archives. Rien. Juste Laovea. Quelqu'un avait arraché les pages, mais... Pourquoi ? Il était peu probable que le sujet de ce dossier ait lui-même pu en extraire des informations et plutôt que son véritable nom, il aurait pu le supprimer dans son intégralité ! Non, d'une façon ou d'une autre, quelqu'un ou quelque chose voulait que le ladrini entre en Ridolbar.

[Entrée au tribunal]

«L'accusation est prête votre honneur !
-Bien mais... Où est la défense ?
-Il semblerait qu'elle ait abandonné son client, répondit l'accusation en effectuant une révérence respectueuse à la Cour.
-Alors sans plus attendre, je déclare l'accusé cou...
-OBJECTION !»

L'homme se tenait à la barre de la défense et dans une posture théâtrale, il pointait du doigt l'accusation en lui décochant un léger sourire en coin. Il était habillé d'une étoffe scintillante qui donnait de l'ampleur à sa prestance. Une sorte d'écharpe en fourrure chatoyante s'engouffrait dans l'encolure de son ample vêtement en lui donnant une allure inflexible. Ce puissant caractère n'avait toutefois aucun bijou superflus en plus de sa tenue d'apparat pour tout majestueuse qu'elle fût.

[Visite chez le Maire]

Pour commencer, il lui fallait une couverture. Un nom, des papiers et un métier ou une profession... Être un criminel était trop évident et même dans cette atmosphère il ne s'en sentait pas l'envie. Même ici, il ne souhaitait tuer des innocents, voler aux pauvres ou faire le mal d'une quelconque façon. Alors il ferait le contraire ! Après tout, une ville aussi nauséabonde n'avait pas besoin d'assassins, il lui fallait... Des avocats ? Pourquoi pas... Hah, combien de temps tiendrait-il avant qu'un rival ne veuille le faire taire ? Ou mieux, peut-être pourrait-il...
En premier lieu, il fallait assurer ses arrières. Par bonheur il conservait le seau du Régent de Tyrrhénium - un faux de toute évidence - . Le plus souvent, c'était une arme qui avait son utilité dans la ville frontière mais n'était en-dehors qu'un symbole sans valeur. Toutefois, ici il pourrait sûrement en faire un instrument de pression auprès de quelques hommes de pouvoir... Oui, le Maire de Ridolbar ne pourrait pas lui refuser une audience...

La somptueuse demeure était entourée d'un portail menaçant derrière lequel de nombreux gardes patrouillaient : pénétrer sans être repéré n'allait pas être une mince affaire ! Peut-être que les maisons proches lui permettraient de sauter par-dessus ? Toutefois, en plus des gardes il devait y avoir des pièges, peut-être même des chiens... Il tira à pile ou face : pile il entrerait furtivement, face il prendrait la place d'un garde. La pièce s'envola, tourna, tournoya... Aboya ? Qu'étaient ces aboiements ? Des chiens avaient été relâchés ? Mais ce n'était pas juste, il n'avait encore rien fait ! Il attendit que la pièce retombe à terre pour commencer à s'enfuir. Pile : ironie du sort, il lui fallait atteindre le Maire sans se faire repérer... Ah, Ridolbar, sacrée ville. Il savait qu'entre elle et lui, ça ne pouvait pas marcher !
De toute évidence, quelqu'un avait avait voulu rendre une petite visite au Maire mais comble d'infortune, il n'avait pas pu aller bien loin... Et maintenant que les chiens avaient été relâchés, il valait mieux ne pas rester sur leur chemin ! Enteri s'engouffra dans une petite allée, s'accrocha à ce qu'il put et commença à chercher des prises. La caillasse lui en offrait plusieurs mais avec l'humidité il ne pouvait pas s'autoriser de mauvais choix. Il progressa jusqu'au bord d'une fenêtre, sauta sur le mur opposé pour agripper une pancarte solidement attachée. Juste sous ses bottes, trois chiens filèrent à vive allure. Puis un seul revint, aboyant férocement et montrant les crocs. Tout doux... Le ladrini était hors de portée mais il devait continuer à monter. Il s'efforça de tracter son corps pour obtenir une nouvelle prise sur la pancarte dont la forme allongée lui semblaient étrangement peu linéaire. Ses jambes étaient encore ballantes dans le vide lorsqu'il parvint à se tirer encore un peu plus en empoignant deux formes rondes, comme des pierres. Puis plus haut encore, il lui sembla saisir quelque chose de familier. Ah ! Il faillit tomber en comprenant que ce qu'il tenait dans ses bras était une représentation un peu trop corpulente à son goût d'une jeune femme. Il appuya ses bottes sur les hanches dénudées de la prostituée de bois et continua à grimper, avec la pensée malsaine que seule une femme aurait pu le faire monter si haut.

Du haut des toits, la ville sombre semblait parcourue d'un épais voile malsain. Des bruits sinistres, des flaques et ombres lugubres, des bruits innommables et une lune oppressante. Les tuiles humides laissaient une impression dérangeante, de risque et d'inconfort, qui ralentissaient la progression du ladrini peu habitué à cette atmosphère. Où diable étaient les postes de garde ? ! Une voix l'interpella, hautement hautaine. "Un pigeon perdu au milieu des corbeaux" plaisanta-t-elle pour caractériser la situation. Elle ne croyait pas si bien dire, même si *la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe.* En l'occurrence, il s'agissait plutôt de quelques rapaces nocturnes, des vautours qui cherchaient leur proies la nuit pour les déposséder de leurs biens ou de leur vie. Enteri observa au loin : s'il parvenait à traverser le grillage, il n'aurait aucun mal à les faire condamner à sa place. Ces voleurs étaient son ticket d'entrée et il n'allait pas les laisser partir, même si à une telle attitude il n'avait pas vraiment l'avantage. Les criminels s'impatientaient, ils allaient lui sauter dessus. Le ladrini devait trouver une solution...

«Une course.
-Pardon, chaton, tu as parlé ou juste bavé ?
-Je vous propose une course. Le meilleur d'entre vous, contre moi. Nous verrons alors qui a des ailes et quel crapaud restera en retrait. Mais un seul, à moins que vous ne soyez des voleurs sans envergure ?»

Le coup de bluff provoqua un fou rire de la part de l'assistance.

«Une course ? Mais jusqu'à où, jeune fou ?
-Tout droit. Toujours tout droit.»

L'étranger accepta, sous le regard mesquin de ses amis. Peut-être Enteri n'avait-il pas tout à fait réussi à obtenir son un-contre-un après tout... C'est pourquoi il jeta une pièce à l'un d'eux. À part son concurrent, tous les autres semblaient idiot alors il avait eu cette idée : «Lorsque la pièce touchera le sol, nous partirons.» Il se mit en position pendant que l'autre vint le rejoindre. Il n'était pas dupe et avait compris la combine c'est pourquoi il s'adressa au ladrini dans un murmure :

«Je n'ai pas besoin d'eux pour t'éliminer.
-C'est vrai, sur moi tu as un avantage. On court plus vite les organes vides que pleins.»

En effet, quelqu'un lança la pièce et tous la regardèrent. Exceptés Enteri et son rival qui partirent dès que la pièce fut tombée. Pile. Un des voleurs ramassa la pièce et remarqua qu'elle était pourvue de deux côté pile. Il échangea un regard avec ses compagnons et comprit alors qu'ils avaient été bernés. Ils s'élancèrent ensuite à la poursuite du ladrini qui les avait déjà bien devancés.
Plus loin, Enteri et son rival étaient au coude à coude, tantôt l'un prenant de la distance sur l'autre qui le rattrapait pour le devancer avant de se faire rejoindre... Puis le voleur voulu donner un coup de coude au ladrini qui pivota pour bloquer l'attaque et placer un coup de paume qui déséquilibra son adversaire qui tomba à travers un toit en construction. Enteri eut quant à lui à effectuer une roue latérale afin de saisir une poutre pour redescendre avec son rival à l'étage inférieur. Une sorte de marché couvert s'étendait sur de nombreux mètres, alternant des poutres pour accrocher des pancartes, des caisses empilées et des barres ainsi que des échafaudages qui menaient au toit. Une inépuisable quantité de prises que les deux hommes avaient à peine le temps de sélectionner afin de ne pas se faire distancer surtout que s'ils tombaient de ces plate-formes improvisées, ils chuteraient sur plusieurs mètres...
Ils survolèrent ainsi la galerie, comme s'ils étaient pourvus d'ailes, en alternant les barres fixes et esquivant les coups vicieux de leur adversaire. Toutefois, ce jeu ne pouvait pas durer car la maison du Maire se rapprocher à une vitesse vertigineuse. Enteri s'agripper à une poutre afin de se projeter vers une autre, un peu plus haute et s'y accrocher avec ses jambes. Il essaya de se redresser mais un coup dans le dos le fit tomber sur une pile de marchandises c'est pourquoi il utilisa sa maîtrise du vent afin de faire glisser son opposant qui chuta également. Le ladrini fut le premier à se relever et son second essai fut plus fructueux : tel un gymnaste il parvint à saisir une barre, s'y aida pour sauter vers une autre grâce à un salto et se hissa pour grimper jusqu'au toit. Pantelant de son effort, il vit juste derrière lui l'acrobate faire de même. Ne lui laisserait-il pas même un instant de répit ? La grille autour de la demeure du Maire était cependant juste devant lui.
Le voleur, juste à ses côtés, avait compris mais il ne semblait pas vouloir abandonner. Ils s'élancèrent tous deux vers le chêne qui amortirait leur envol. Plus que quelques mètres. Le bord approchait. Un seul sauta.
Le voleur avait en effet réussi à s'aventurer au-delà de la barrière mais au dernier instant, le ladrini avait attrapé le mur d'une maison plus grande qui surplombait le jardin où il aurait dû atterrir. Et tandis qu'il grimpait le long de cette tour, l'autre s'attaqua au bâtiment du Maire. Il comptait donc l'escalader ? Une première flèche le rata de peu, puis une deuxième lui força à trouver un abri provisoire. Il s'engouffra donc dans un balcon pendant que l'archer alla chercher de l'aide.
Quelle chance ! Plus personne ne protégeait ce pan de la villa ! Il hésita un instant puis remarqua le pin parasol... Une seule solution... Le ladrini retira son manteau et coinça ses mains dans les deux extrémités du vêtements. C'était maintenant où jamais... Une dernière hésitation. Puis il sauta !
Son ombre traversa le ciel étoilé, se dessina le reflet de lune, puis il parvint à accrocher ses habits autour de l'arbre sur lequel il s'appuya pour sauter de nouveau vers le balcon cette fois et lâcha ses vêtements. Malheureusement, il rata sa prise et ne parvint à sa rattraper que de justesse grâce à une pierre seyante. Il remonta jusqu'au balcon tout en notant la présence de son ancien adversaire qui lui était toujours en train de progresser vers le haut.

Enteri était épuisé, blessé. Son corps gisait sur le balcon, observant la nuit d'un œil fatigué. Ridolbar, toujours aussi hostile, lui avait réservé bien des surprises et il savait qu'il n'en était pas arrivé au bout. Dans un sommeil éveillé, il imagina la suite : quelqu'un ouvrirait la fenêtre - il en voyait déjà les rideau flotter au-dessus de sa tête. Puis quelqu'un allait le relever - il sentait déjà une poigne très douce l'envelopper. Enfin on le porterait à l'intérieur et... Pourquoi d'un coup l'atmosphère s'était-il réchauffé ? Ses yeux vides se concentraient de nouveau. Il était à l'intérieur ! Sans avoir véritablement compris la situation il soupira.


«Je savais que j'aurais dû rester à Tyrrhénium...»

Il entendit ensuite une voix féminine le ramener à la réalité en le secouant fermement. Un visage inquiet le défigurait. Une fille, ici ? Sûrement celle du Maire, ou peut-être une domestique ? Le ladrini n'avait pas le choix : il devait tenter de la charmer.

«Et me voilà aux Champs Élysée, devant sa plus belle sirène.»

La demoiselle se présenta, à la fois intriguée et confuse par cet invité nocturne. Elle commença à regarder d'où venait le saignement, l'épaule de toute évidence, puis entendit quelqu'un frapper à la porte.

«Vite ! Sous mon lit !»

Le ladrini roula sur le côté afin de tomber du lit mais ne se plaça pas en-dessous comme le lui avait conseillé la probe femme en blanc. Discrètement, il entra dans une armoire remplie de vêtements et se serra dans un coin. De là, il entendait les hommes commencer à fouiller, ainsi que les cris de la femme offusquée leur intimidant de ne pas regarder sous le lit. Bien sûr il n'y avait rien et les pauvres hommes se firent incendier par le tempérament apparemment explosif de la jeune fille. Elle les chassa dehors puis, avec la même mauvaise humeur, ouvrit l'armoire en sachant que le jeune homme s'y cacherait. Cela ne semblait pas la ravir... Simulant une soudaine faiblesse, Enteri se laissa tomber dans ses bras afin qu'elle s'occupe de lui...

«Je savais que j'aurais dû rester à Tyrhénium, mais je pourrais quand même rester ici encore un peu.»

Au petit matin, quelqu'un frappa de nouveau à la porte. Le ladrini était déjà levé et habillé si bien qu'il n'eut qu'à se diriger vers le balcon. Caché derrière les rideaux, il entendit quelqu'un entrer dans la chambre et s'adresser à la femme d'une voix douce, quoique plutôt âgée. Presque de manière paternelle... Pouvait-il être le Maire ? ! Il expliquait à la jeune fille encore endormie qu'elle n'avait plus à s'inquiéter et que celui qui avait essayé d'entrée par effraction était désormais arrêté. Il caressait ses boucles tout en regardant la fenêtre, ouverte, et attendit dans une peur méditative. Avant qu'il n'eut pu prononcé un mot, Enteri repoussa lentement le rideau tout en arborant le sceau du Régent de Tyrhénium.

«Je viens en paix, murmura-t-il.»

Le Maire n'était ni assez ignorant pour ne pas reconnaître le signe, ni assez fou pour appeler la garde, mais seules la peur et l'incompréhension alourdissaient son visage déjà peu juvénile.

«Envoyé par Fanel, je n'ai nulle intention de vous nuire mais seulement de vous aider, de coopérer avec vous afin de m'occuper d'une menace qui enfle en votre ville au milieu des pullulantes vermines qui ont déjà été affectées par ce poison, cet homme effroyablement odieux ayant quitté notre ville pour trouver ici un asile où ses viles désirs resteraient impunies. Impunies ? Hélas pour ce malandrin ! Me voici sur des ailes de justice afin de vous soulager d'une peine si terrible, afin qu'ensemble nous arrêtons ces raids quotidiens qui visent votre demeure car la source de votre misère n'est autre que ce mécréant infâme, que cette proie qu'ici et devant vous je jure d'éliminer, dussé-je y laisser la vie. Car tel est notre plaisir, tel de mon Régent est le loisir et tel est votre désir.»

C'est plus ou moins grâce à cette entrée en matière que le malin parvint à s'esquiver de toute question gênante. Bien sûr ce coup de théâtre n'était pas suffisant pour obtenir sa cible, mais il avait obtenu - après une longue discussion - chez le Maire un soutien sincère. En contrepartie, le ladrini qui savait les plus vertueux juriste enfermé avait demandé à ce qu'ils soient relâchés et envoyés vers Tyrhénium. Il l'avait demandé en tout cas, mais le Maire de Ridolbar avait refusé. Un seule, avait-il dit, un seul serait relâché et il ne quitterait pas la ville - vivant tout du moins - . Qu'à cela ne tienne, il n'avait pas besoin de plus pour son plan. Un seul magistrat. Il pouvait enfin progresser vers la deuxième étape.

«Faites de moi un avocat.»

[Première scène du tribunal]

Ce n'est qu'après avoir minutieusement évoqué son plan qu'Enteri parvint à obtenir l'autorisation. Il était devenu Rowenix Phigt, un avocat novice. Un avocat sans éclat, sans renommée. Et c'est précisément ce qu'il lui fallait : de la renommée. Plusieurs jours passèrent et tandis qu'il étudiait divers livres juridiques, il reçut la visite du juge qu'il avait fait libérer. La pratique des épices était très courante à Ridolbar : remercier le juge de son verdict avec quelques pièces d'or... Cela était même devenu le moyen le plus sûr de gagner un procès si le juge était assez corrompu pour accepter, mais cette fois les épices avaient été un peu trop généreusement garnies. La somme qu'avait reçu le juge était tout simplement ahurissante si bien qu'il était venu en faire part à celui qui l'avait sorti des geôles. Évidemment, il accepterait l'argent - il ne fallait pas le perdre - mais c'était un homme juste et le procès ne serait pas terni même par un tel don. Enteri demanda quand aurait lieu le procès, qui était l'avocat de la défense.
Demain.
Aucun avocat n'avait été désigné.
Aucun ayant survécu.

Rowenix avait ainsi pris la place tant convoitée en inscrivant son nom sur un registre. L'heure d'après, le registre était passé entre une dizaine de mains différentes et un seul détail avait changé : son nom était barré.
Enteri était sorti pour acheter des habits digne de son nouveau rôle. Par un étrange hasard, il se retrouva dans la galerie où il avait fait une course littéralement renversante avec un camarade qui, malheureusement, avait été renversé par la suite. Renversé, car son cadavre gisait la tête en bas non loin des portes de la maison du Maire : on ne rigole pas avec les sauteurs nocturnes par ici. Toujours était-il que la galerie était beaucoup plus animées en plein jour, bondée de commerçants, remplie de mauvaises affaires et encombré de nombreux passants ne sachant pas à quel point ils se faisaient arnaquer. Peu importait ! Ils étaient là pour dépenser leur richesse - très mal acquise - afin de montrer qu'ils avaient du pouvoir, ainsi que pour narguer de leurs bijoux étincelants les pauvres mendiants sans joue, prêts à mourir de faim. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, ici ou tout était si bien agencé !
Mais il n'y avait pas que des vendeurs dans la zone, beaucoup étaient des informateurs. Certes ils commerçaient, mais ils fournissaient autre chose que des fourrures. Des marchands de mort, comme on les appelle, qui renseignent leur clients sur leurs victimes et qui les aident à les piéger. Plusieurs échoppes permettaient ainsi à des assassins de vendre à des prix infernales ce qui ne se trouvait pas ailleurs tout en leur offrant une parfaite couverture. Ridolbar, ses joies, ses rencontres... Voir Ridolbar et mourir !

Enteri faisait un bien piètre marchandeur (après tout, il utilisait l'argent du Maire...) mais une bien plus belle victime : huit assassins avaient pour mission de rapporter à leur maître sa tête, mais seul le premier à réussir sa tâche serait payé ! C'était en quelque sorte le sport régional qui faisait fureur... Et les enjeux étaient particulièrement élevés cette fois puisqu'en plus d'arborer ses richesses à outrance, la proie paraissait atrocement faible ! Au-dessus de sa tête devait briller comme un message clair, manifeste, ostensible : "Je suis ici, tuez-moi."
La journée s'avérait radieuse.

~

«L'accusation est prête votre honneur !
-Bien mais... Où est la défense ?
-Il semblerait qu'elle ait abandonné son client, répondit l'accusation en effectuant une révérence respectueuse à la Cour.
-Alors sans plus attendre, je déclare que l'accusé, ayant tué sa femme et son enfant, est cou...
-OBJECTION !»

L'homme se tenait à la barre de la défense et dans une posture théâtrale, il pointait du doigt l'accusation en lui décochant un léger sourire en coin. Il était habillé d'une étoffe scintillante qui donnait de l'ampleur à sa prestance. Une sorte d'écharpe en fourrure chatoyante s'engouffrait dans l'encolure de son ample vêtement en lui donnant une allure inflexible. Ce puissant caractère n'avait toutefois aucun bijou superflus en plus de sa tenue d'apparat pour tout majestueuse qu'elle fût.

«Comment ? Il est trop tard, le verd...
- Veuillez, honorables membres de la Cour, pardonner mon léger retard qui n'est dû qu'à l'infortune qui aujourd'hui semble me frapper ! Toutefois n'ayez crainte, je protégerai mon client envers et contre tout.
- Mais aucun nom ne figure sur le registre ?
- Rowenix Phight, votre honneur, avocat de la défense, est prêt. C'est mon premier procès alors quelqu'un a dû effacer mon nom par inadvertance je présume...
- Bien ! L'accusation peut faire entrer son témoin.
- Parfait... Je convoque Véronique Time à la barre !»

Véronique Time ? Avec un nom pareil, l'affaire commençait déjà à avoir une odeur de montage machiavélique. L'homme se présenta comme un honnête citoyen (n'avait-il pas de métier, ni quoi que ce soit d'autre à présenter ?) et précisa que ses amis le surnomment Vick. Génial...

«Vick Time : Cela faisait un mois que je n'avais pas eu de nouvelles de ma fille, Marie, et je commençais à m'inquiéter...
- Rowenix Phight : Un instant ! Pour quelle raison étiez-vous inquiet ?
- Allen Empirson : Objection ! La vie personnelle du témoin n'a rien à voir avec le cas présent, je remercierais l'avocat de la défense de ne pas ennuyer la Cour avec des questions incessantes dans l'unique but de déstabiliser le témoin qui, je le rappelle, vient de perdre sa fille !

*Bruit dans l'assemblée et révérence de l'avocat de l'accusation.*

- Rowenix : Très bien, laissons donc l'assemblée noter le flou qui règne autour de ce témoin mystérieux, tombé au mauvais endroit au mauvais moment...
- Vick : Voyez-vous, j'ai gardé une lettre reçue un mois auparavant. Ma douce fille y expliquait dans quelles conditions affreuses elle vivait avec son mari. Tout est écrit ici.»

La lettre passa aux mains du juge, puis à celle de l'accusée qui affirma reconnaître l'écriture de feu sa femme et une fois que l'avocat de l'accusation eut remercié Rowenix pour cette perte de temps, il convia au témoin de continuer son récit.

«Vick : Devant l'entrée, il m'avait semblé entendre des cris et bruits violents. En me précipitant devant la fenêtre, j'ai découvert mon calvaire : la lame - un couteau de cuisine - avait à moitié décapité mon petit-fils et elle était plantée dans le coeur de ma fille, ma si jolie fille. Depuis lors, le mien s'est également arrêté, tout comme doit l'être celui de ce...
Rowenix : Un instant !»

Pendant tout son témoignage, qui avait fait forte impression, le témoin regardait sur sa droite. Sa droite ! Ce détail n'avait pas sa place comme preuve, mais il signifiait clairement que cette histoire avait été inventé. Quand nous évoquons un souvenir, notre regard se porte à gauche, car nous écrivons de gauche à droite : en apprenant à écrire, on visualise instinctivement le passé sur notre gauche. En regardant à sa droite, l'homme visualisait l'aire de son cerveau qui lui permettait d'imaginer, de concevoir ce simulacre de témoignage. Pire encore, aucune ride ne déformait son front alors que s'il avait été réellement meurtri par ce qu'il venait de vivre, sa peur et sa tristesse aurait dû s'y lire comme un livre ouvert !
Enteri savait ce témoignage faux, il n'avait plus qu'à le détruire !

«Rowenix : ... Où est l'arme du crime, désormais ?
- Vick : Cet homme a brûlé sa cuisine pour en supprimer la trace, mais mon témoignage...
- Rowenix : Comporte des failles. Dites-moi, Monsieur V. Time, qui a-t-il tué en premier ?
- Vick : Comment pourrais-je le savoir ? Je suis arrivé trop tard et je n'ai pas pu entendre...
- Rowenix : Objection ! Vous étiez juste derrière la porte, non ? Les bruits devraient être clairs mais peu importe... Vous avez dit voir le couteau de cuisine enfoncé dans le coeur de votre fille. N'importe qui aurait compris qu'il ne pouvait tuer son enfant en y laissant la lame, ou alors vous l'auriez vu !
- Allen : Objection votre honneur ! La défense harcèle mon client sur des détails futiles, je requiers une sanction !
- Juge : Objection rete...
- Rowenix : Un instant ! Il est primordial de savoir qui a été tué en premier. Car si l'enfant était supprimé avant sa mère, alors le témoin obtiendrait un héritage beaucoup plus important !!
- Juge : La défense a raison. La plus grande partie de l'héritage d'une personne décédée est transférée à ses héritiers ; si les héritiers sont morts, alors l'héritage revient au conjoint puis à ses parents. De plus, avec la lettre que vous avez reçue, vous pouviez demander à ce que la part à son conjoint soit supprimée pour faute grave.»

*Au moins, le juge semble considérer que mon client soit innocent, sinon...*

«Juge : Même si en l'occurrence, le meurtre de sa femme est suffisant à faire perdre l'héritage à l'accusé.»

*J'ai parlé un peu trop vite...*

«Allen : Vous oubliez l'état de choc dans lequel le témoin pouvait se trouver ! Il est normal qu'il ait oublié un tel détail en se focalisant sur sa fille. Témoin, continuez je vous prie !»

*Quoi, il va juste m'ignorer ? !*

«Vick : Ensuite, j'ai vu ce malade retourner à la cuisine mais les murs m'empêchaient d'y voir clair. Je me suis alors déplacé mais le temps que j'arrive de l'autre côté, la cuisine était déjà en feu ! J'espérais qu'il s'y fut jeté, croyez-moi ! Mais diable, ce démon a osé survivre et il me nargue ici même !»

*Non, si je ne fais rien, je vais perdre le procès... Ce témoignage est aussi troué que du gruyère, il faut que je trouve une contradiction ! Je sais qu'il n'a rien vu, il m'en faut la preuve...*

«Juge : Les faits me semblent clairs... Rowenix, y voyez-vous une contradiction ?
- Rowenix : Non votre honneur. Je ne vois aucune contradiction dans ce qui a été dit.
- Juge : Alors...
- Rowenix : Un instant je vous prie ! Ce n'est pas une contradiction, mais un détail. Un détail manquant. Monsieur Time ! De quel fenêtre avez-vous été témoin de ce double homicide ? Osé dire avoir oublié et vous perdrez toute crédibilité...
- Vick : Bien sûr que non ! J'étais à la fenêtre... De gauche !
- Rowenix : J'te tiens ! Vick Time, vous n'étiez pas là lors de ce crime !
- Allen : Objection votre honneur ! Que le témoin ait aperçu le crime de la fenêtre de droite ou de celle de gauche, ou même de celles qui se trouvent près de la porte d'entrée... Cela ne change rien !
- Rowenix : Objection ! Cette information est primordiale ! Une barrière bloque l'accès à la fenêtre de droite et la fenêtre de gauche donne directement sur la cuisine - que le témoin a dit ne pas avoir aperçu - ! Non, n'y pensez même pas, Emprison. S'il observait à travers les fenêtres proches de la porte d'entrée... Il aurait eu le temps de voir la scène entière !
- Allen : Il y avait sûrement des rideaux !
- Rowenix Phight : ...
- Allen : ... !
- Juge : ... ? Dites quelque chose ?
- Rowenix : Ob~jec~tion...
- Juge : Enfin, expliquez-vous !
- Rowenix : S'il y avait des rideaux, commença Rowenix avant de frapper violemment sur le bureau devant lui et pointer le témoin du doigt, alors, votre honneur, il n'aurait rien vu ! Et encore moins mon client assassiner sa fille !!»

*Bruit dans l'assemblée et révérence de l'avocat de la défense.*

«Juge : Silence ! Taisez-vous ! ... Je reconnais que la défense marque un point décisif.
- Vick : Attendez, je me souviens maintenant !»

*Dites-moi que je rêve...*

«Vick : Il y a effectivement une barrière qui empêche l'accès à la fenêtre de droite, cependant j'ai les clefs ! Ma fille me les avait données et je passe parfois par le jardin afin de leur faire une surprise huhu...
- Rowenix : Et pour une surprise... Je suppose que vous ne pouvez pas...
- Vick : J'en ai la preuve ! Ce détail me semblait insignifiant mais j'ai également pu apercevoir un vase cassé... Et il n'y a que de cette fenêtre que j'ai pu le voir !
- Allen : Et cela explique aussi pourquoi il n'a pu ni entendre ni voir le double homicide à temps. Révérence.
- Rowenix : Votre joie me ravit, toutefois je suis contraint de la réduire à néant. La défense clame que ce vase ne s'est brisé qu'après le meurtre et l'incendie ! En effet, comme l'a affirmé notre témoin, il est impossible de voir le vase de l'autre fenêtre pour la simple et bonne raison qu'il se trouve dans un coin... Or le prétendu double homicide a eu lieu au milieu de la salle ! Aucune raison n'aurait pu pousser quiconque à le briser ! Aucune, hormis un voleur essayant maladroitement de s'enfuir !!
- Allen : Pure folie, vous n'oserez quand même pas...
- Rowenix : Prétendre que Vick Time est entré par effraction ? Non. Mais qu'il est entré une fois le meurtre perpétré, puis ressorti à la hâte par la fenêtre, si !
- Allen : C'est ridicule. Idiot... Ridiculement idiot... Une idiotie idiote née de la cervelle folle d'un fou à la mentalité d'un idiot !
- Rowenix : C'est pourtant la seule explication logique qu'il m'a été possible d'apporter à ce vase brisé. En auriez-vous une autre ?
- Allen : Et plus d'une ! D'abord, la fille du témoine aurait pu le briser, ensuite l'enfant aurait pu le briser et pour finir l'accusé aurait également pu la briser ! Cela vous suffit-il ?
- Rowenix : Absolument pas ! Si quelqu'un l'avait cassé avant le crime, ils auraient ramassé les morceaux. Le vase n'a pas pu tomber pendant le crime non plus car les victimes étaient au milieu de la pièce, trop loin pour l'atteindre. Enfin, mon client n'aurait pas pu le briser ensuite pour la simple et bonne raison qu'il aurait eu d'autres choses à faire En outre je...
- Allen : Objection ! Le vase pourrait très bien avoir débuté la dispute !
- Juge : Silence dans l'assemblée ou je fais évacuer la salle ! L'accusation marque un point... En l'espèce, il est difficile de songer à un vol... À moins que la défense puisse fournir une preuve ?
- Rowenix : Non votre honneur je...
- Allen : Pure conjectures ! L'avocat de la défense devrait se reconvertir dans l'animation... Après tout, avec un tel procès comme premier essai, votre réputation sera dans un si mauvais état que vous n'en aurez pas le choix !
- Accusé : Pas si vite ! Je... Je pense pouvoir prouver avoir été victime d'un vol... Le jour du crime...
- Rowenix : Nous vous écoutons.
- Accusé : Ce jour-là, je suis revenu à la maison avec un... Un puzzle... Mon fils... Il avait presque fini... Mais il lui manquait plusieurs pièces. Quand je suis arrivé, j'ai vu qu'il avait terminé... Il manquait plusieurs pièces en plein milieu du puzzle...
- Allen : Un instant ! Les pièces du puzzle pouvait manquer avant le crime !
- Rowenix : Il nous faut des preuves, Allen, des preuves !
- Allen : Objection ! Pourquoi aurait-on voulu voler une pièce à un puzzle ? C'est absurde, ridicule !
- Rowenix : Un patchwerk de vices à la silhouette presque anthropomorphique, voilà le crime qu'un Dieu absurde aurait perpétré pour vous mettre au monde. En comparaison voler une pièce d'un puzzle semble tout à fait humain, même si dans les deux cas l'acte n'a de toute évidence pas pu aboutir.
- Allen : Comment osez-vous... ? !
- Rowenix : Accusé ! Si vous connaissez le nom de votre marchand... Il semble nécessaire de poursuivre l'enquête avant de continuer ce procès !»

Ainsi la première partie du procès s'était achevée... L'accusée avait annoncé que son vendeur s'appelait Mafissa Touvu puis l'audience fut levée en raison d'une assemblée trop bruyante, permettant enfin à l'avocat de rencontrer son client. Celui-ci était au bord des larmes. Plusieurs fois il avait perdu confiance et plusieurs fois avait-il failli perdre, et être condamné pour un crime qu'il n'avait pas pu faire. Tuer sa femme... Et son fils... Pour quel monstrueux père passait-il ? ! Et comment son beau-père avait-il pu recevoir une telle lettre alors que son couple vivait une parfaite idylle ? Tout cela, Rowenix devait le découvrir...

«Vous m'avez... Je ne vous remercierais jamais assez... Je...
- Nous avons eu beaucoup de chance mais en fin de compte, vous avez été la voix qui a permis au juge d'annoncer une pause. Je ne sais pas quand reprendra le procès... Rapidement j'espère.
- Vous craignez des représailles ? ! Oh, pardonnez-moi je ne savais pas...
- Non, j'aimerais simplement visiter un peu la ville. Je ne suis pas ici depuis longtemps, voyez-vous.
- Et vous n'avez pas peur ?
- Laisser cette peur au criminel, telle est ma formule ! D'ailleurs je crains que nous n'ayons pas été présentés ; je m'appelle Rowenix Phight, avocat aux multiples passions, enchanté de vous rencontrer !
- On m'appelle Eddy Nosan, accusé aux multiples ennuis, et suis moi aussi enchanté de vous rencontrer !
- Nous devrions parler du cas dans un endroit plus calme, si vous permettez ? Il est trop tard pour que le procès reprenne aujourd'hui.»

C'est dans l'hôtel le plus élégant de la ville (l'un des seuls qui soit sous la protection du maire et de multiples criminels à vrai dire) que les deux protagonistes discutèrent de l'affaire. Pour l'instant, ils étaient en sûreté mais... D'ailleurs, pourquoi Eddy était-il vivant ? L'accusation semblait vouloir le faire condamner au point de payer au juge une somme extrême et le témoignage précédant ressemblait vraiment à un montage parsemé de quelques éclats de vérité. Alors pourquoi, pourquoi ne pas supprimer la question, tout simplement ? Se pouvait-il que...

«Vous savez quelque chose, n'est-ce pas ? La seule raison qui expliquerait pourquoi personne n'a envoyé un assassin vous éliminer, c'est que vous savez quelque chose alors dites-moi... Savez-vous de quoi il s'agit ?
- Non, pardonnez-moi mais je n'en ai pas la moindre idée...
- Très bien, essayons au moins de résumer... Vous achetez un puzzle pour votre fils à un dénommé Mafissa Touvu. Ensuite, vous l'apportez chez vous et l'offrez à votre fils.
- Ensuite il se faisait tard alors je suis parti cuisiner, puis ma femme est arrivée et a joué avec notre enfant. Dire que je n'ai même pas pu l'embrasser une dernière fois...
- Dites-moi, que s'est-il passé après cela ?
- Après, j'ai entendu du bruit alors je suis revenu dans le salon. Un sinistre spectacle m'attendait... Je... Je suis resté paralysé, incapable de fuir cette vision. D'ailleurs, quelqu'un était peut-être juste à côté de moi ! Rien que d'y penser... M'effraie plus encore... Mon Dieu, pourquoi ne m'a-t-il pas tué ? !
- Le vase ? Où était le vase ? !
- À sa place, enfin, je ne sais pas... Il est habituellement sur une armoire, mais il n'était plus sur la même étagère que d'habitude... En tout cas, à cet instant les armes de l'assassin se trouvait encore sur ma femme et la fenêtre était ouverte. La rage m'aveuglait, tout mon corps criait vengeance, alors je suis sorti en vitesse ! J'ai suivi des pas qui semblaient se précipiter dans la pénombre, comme pour y trouver un refuge... Puis plus rien. L'homme ne fuyait pas en réalité, je crois qu'il m'attirait. De retour chez moi, l'arme du crime avait disparu, le vase était brisé et la cuisine commençait à flamber. J'ai voulu me jeter dans les flammes, croyez-moi... Mais j'ai trouvé le courage d'éteindre l'incendie...
- Il reste encore beaucoup de points à éclaircir alors...
- Mais ce n'est pas tout ! Je me souviens d'une lettre qui m'a parue particulièrement bizarre... Elle demandait à ce que je rende le puzzle mais aucune adresse n'était signalée et, à vrai dire, il m'en manque des pièces de toute façon. Je les ai sur moi au cas où mais...
- Personne ne doit savoir, personne... Peut-être que c'est pour cela que vous êtes toujours en vie. Peut-être que les meurtriers pensent que vous savez où se trouve la cachette où vous auriez pu le mettre. Surtout, laissez-le là où il est. Pas même moi ne dois être au courant. J'aurais une dernière question... Et votre beau-père... Pourquoi ? Que lui avez-vous fait ? Pourquoi apparaît-il soudain ?
- Je n'en ai pas la moindre idée, conclut-il dans un soupir.»


Dernière édition par Enteri Klypsène le Dim 4 Sep - 20:39, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"   Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea" Icon_minitimeDim 4 Sep - 20:39

[Seconde scène du tribunal]

La senteur du bois flottait dans le tribunal et la fraîcheur d'une matinée qui s'annonçait riche en émotion semblait apaiser même les plus agités ; à savoir l'avocat de la défense, Rowenix, et son client, Eddy. Quelles surprises leur avait-on concoctées aujourd'hui ? Le visage de l'accusation - trompeur et impénétrable - semblait plutôt confiant et il était évident qu'il avait mieux dormi. Pour Allen, l'issue du procès ne faisait aucun doute et l'opiniâtreté de son adversaire ne faisait que l'amuser. Quelle serait sa stratégie aujourd'hui ? De quelle façon avait-il préparé son témoin suivant ? Peu importe qu'il ait trafiqué son témoignage ou même certaines preuves, la vérité est bien trop parfaite pour être imitée par un mensonge, quand bien même il pourrait paraître raisonnable. Eddy Nosan était innocent, et rien n'empêcherait l'avocat de la défense de le prouver ! Rien, si ce n'est peut-être...

«Juge, frappant de son marteau: La séance est ouverte. Laissez-moi récapituler la journée d'hier. Vick Time, enfin, Véronique Time, père de la victime a témoigné ; il aurait reçu une lettre inquiétante de la part de sa fille qui aurait subi les violences de son mari - aujourd'hui accusé de son meurtre et de celui de leur fils - . Il clame avoir été témoin de la violence de son gendre en ayant aperçu son petit-fils décédé ainsi que sa fille, le couteau de cuisine enfoncé dans son cou. Il a également dit avoir vu un vase cassé...
- Allen Empirson : Votre honneur, eu égard aux révélations de la journée passée, j'ai estimé nécessaire une enquête plus approfondie et ai pu remonter jusqu'au vendeur du puzzle. Lequel était suspicieux en raison du comportement de son client et c'est inconsciemment qu'il s'est retrouvé près de sa maison le jour du crime.
- Juge : Je vois, cela m'arrive souvent aussi... Je déambule quelque temps et je me retrouve juste devant chez moi !
- Rowenix Phight : ...
- Juge : Oh, vous vouliez dire, devant la maison du client de la défense ? Mais alors, aurait-il vu le meurtre ? !
- Allen : En effet votre honneur, c'est pourquoi il va témoigner. Ici et maintenant, nous allons en finir avec l'acharnement futile de l'avocat de la défense.
- Rowenix : La défense est prête... À s'acharner avec futilité, encore une fois. Toutefois, elle aimerait auparavant faire remarquer à la Cour que la déposition précédente, enflée de multiples mensonges, ne nous a que trop peu fait avancer.
- Allen, abattant ses mains sur son bureau : Témoin ! Votre nom et profession.
- Témoin : Yack ! T-très bien. Euh... Mafissatou... Mafissa Touvu, escr-expert en antiquités, oui, je suis un marchand ! Nous vendons toute sorte de choses et notre slogan est Mafissa vend fissa !»

*Il... En a l'air fier, le bougre... Devrais-je commencer par l'intimider ?*

«Allen : Merci, nous y penserons... Votre témoignage je vous prie.
- Mafissa Touvu : Je peux ? Ah, merci. Donc voilà, le jour du meurtre, j'ai vendu un puzzle à M. Nosan, mais attention hein ! de la grande qualité, une pièce unique ! Du moins je crois... Et alors voilà, tandis que je revenais chez moi, je me suis un peu baladé sans doute à cause de l'alcool jusqu'à c'que qu'j'aperçois la maison de mon client...
- Rowenix : Objection ! Comment saviez-vous que c'était la maison de votre, de mon client ? Et j'aimerais savoir si elle se trouvait réellement sur votre chemin du retour ?
- Allen : L'accusation n'apprécie pas cette condescendance, toutefois une carte montrant le lieu de travail et la maison des deux protagonistes prouve qu'il pouvait tout à fait se trouver sur les lieux du crime. Une carte qui a été donné à chacune des parties... Ne l'avez-vous pas reçu, ou essayez-vous simplement de discréditer mon témoin ?
- Rowenix : En effet, il semblerait que la partie qui aurait dû me fournir un tel indice ait oublié de faire son travail mais répondez à la question ! Pourquoi vous êtes-vous approchés de cette maison en particulier ?
- Mafissa : Pardonnez-moi, si vous pouviez arrêter de crier je vous prie... Cette maison était très particulière en fait. Ouais, y a longtemps j'avais une femme moi aussi. Alors quand je l'ai vu rentrée, j'étais tout secoué, vous voyez ? Et puis, les rires de l'enfant me rappelait de bons souvenirs yah...
- Rowenix : Un véritable scène de crime, en effet.
- Mafissa : Donc, soudain j'ai entendu des cris : je crois que l'accusé en voulait à sa femme pour être rentrée si tard. Je me suis alors approché ! À travers les insultes, et croyez-moi qu'c'était du lourd, y avait un vase qu'est tombé mais de là où j'étais, j'le voyais pas.
- Rowenix : Cela veut-il dire que vous regardiez à travers les fenêtres proches de la porte d'entrée ?
- Mafissa : Hein ? Ah, nan, j'étais passé par le côté gauche du bâtiment. Vous voyez, à droite il y avait une barrière qui indiquait un chien méchant et j'aime pas les clébards... Oh et si j'étais resté derrière les fenêtres de devant, enfin, le gars là, il m'aurait vu... Je parie qu'il m'aurait zigouillé !
- Rowenix : Oui, j'imagine que mon client est un monstre sanguinaire mais alors... Pourquoi le cadavre de sa femme ne paraissait ni surpris, ni même triste ? Presque... Heureuse ?
- Mafissa : Qu'é-qu'j'en sais moué ? Écoute, le gars sur le bancs des accusés, là... Il a attendu qu'elle lui tourne le dos pour la poignarder avant de s'en prendre au gosse ! Une vision horrible, abominable ! C'est allé si vite, je crois qu'ils sont morts sans comprendre.
- Rowenix : Mais l'arme du crime - un couteau de cuisine ? - , où est-il passé ?
- Mafissa : Ben le temps qu'il s'engueule avec sa femme, la cuisine a commencé à brûler là... Je suppose qu'il en a profité pour supprimer l'arme du crime !
- Rowenix : Un instant ! Comment a-t-il fait alors ? Vous l'avez vu, n'est-ce pas ?
- Mafissa : Oh, non. Non, non ! Il avait un visage si effrayant que moi je voulais pas qu'il me voit. Alors je me suis caché sous la fenêtre. La peur de ma vie ! Presque devant le diable en personne, qu'j'étais !
- Rowenix : C'est trop facile... Non, il manque des pièces au puzzle !
- Allen, dégustant un chocolat chaud : ...
- Juge : Que... Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Allen, après une nouvelle gorgée de sa boisson : Pas grand-chose, je le crains. Un idiot qui ne réfléchit pas est encore plus idiot qu'un idiot qui réfléchit !
- Rowenix : Je vous prends au mot. Car après tout... Auriez-vous oublié les pièces du puzzle que l'accusé déclare avoir perdu ? !
- Mafissa : Hum, c'est un peu gênant... Vous voyez, il arrive que je... Que certaines pièces manquent... Une fois, j'ai même vendu un jeu d'échec sans les fous !
- Rowenix : Ne vous inquiétez pas, je suis sûr que vous trouverez les pièces manquantes dans cette même pièce. Toujours est-il que le puzzle n'était pas complexe, si des pièces étaient manquantes, mon client l'aurait remarqué !
- Allen, après une nouvelle gorgée de sa boisson : Un instant ! L'accusé s'est bien débarrassé de l'arme du crime dans la cuisine, alors pourquoi pas quelques pièces ?
- Rowenix : Car la défense clame que le motif de ce crime n'est pas une dispute... Mais ce puzzle lui-même !!
- Juge : Ah ! C'est pour ça qu'il s'est disputé avec sa femme ! Elle avait dû lui faire remarquer qu'il aurait dû voir qu'il manquait des pièces...
- Rowenix : Impossible... Car après les évènements, quelqu'un lui a demandé les pièces restantes dans une lettre de menace mais sans donner d'adresse ni de nom à qui les donner... Il est évident que ce puzzle avait une importance capitale aux yeux de l'assassin !»

Bruit dans l'assemblée et révérence de l'avocat de l'accusation.

«Allen : Donc si je vous comprends bien, vous insinuez que le meurtrier a tué ses deux victimes car il aurait remarqué que leur puzzle manquait des pièces... Je crois que c'est à vous qu'il manque quelques cases...
- Rowenix : Non... la clef de cette affaire ne peut être que ce puzzle... Quelqu'un devait vouloir le récupérer... Témoin !! Témoignez sur ce puzzle !
- Juge : Ce n'est pas à vous de décider cela ! ... Bon, témoin, enfin, dépêchez-vous de témoigner !
- Mafissa : Eh bien, voilà... C'est un puzzle représentant les quatre saisons... Il ne possède qu'une vingtaine de pièces...
- Rowenix : Mais d'où vient-il ? ! Dites-nous où vous avez eu ce puzzle !
- Mafissa : Je ne sais pas, il était dans mes stocks depuis quelques mois je cr...
- Rowenix : Objection ! Il n'a pas fallu plus de quelques heures à mon client pour être la victime de la personne qui souhaitait retrouver ce puzzle, si vous l'aviez gardé pendant si longtemps alors... La seule explication logique serait que vous ayez vous-même commis le double homicide !
- Mafissa : Non, je...
- Rowenix : Alors dites-le moi !
- Mafissa : Je...
- Allen : Alors ? Dites-le lui !
- Mafissa : Je... !
- Juge : Alors ? ! Dites-le nous !
- Mafissa : Je l'ai volé !
- Allen : Il l'a volé ? !
- Rowenix : Il l'a volé.
- Juge : Oh mon Dieu ! Il l'a volé !
- Rowenix : Oui, il l'a volé...
- Mafissa : Oui je l'ai...
- Rowenix : Ça va, on a compris... Témoin ! Dites-nous plutôt à qui vous l'avez volé ?
- Mafissa : C'était la veille du meurtre... Je n'avait pas réussi à vendre quoi que ce soit et il commençait à faire nuit. C'est alors que j'ai vu une maison à la porte ouverte alors j'ai pensé que c'était ma chance ! L'entrée était si luxueuse que j'en avais le tournis et tant de tableau étaient sur les murs que j'avais l'impression d'être observé par un millier d'yeux. C'est alors qu'un homme est venu et pris de panique, j'ai dérobé la première chose que j'ai trouvé. J'ai d'abord cru que c'était un tableau mais à ma plus grande surprise, il ne s'agissait que d'un stupide puzzle !
- Rowenix : Un instant ! Dites-moi, M. Touvu... Savez-vous quel était l'homme qui vous a vu ?
- Mafissa : Bien sûr ! Je n'oublierais pour rien au monde ce visage... C'était M. Time, Véronique Time !
- Allen : Comment ? !»

Bruit dans l'assemblée et révérence de l'avocat de l'accusation.

«Juge : Silence ! Sileeeence !!»

Finalement, le juge fut incapable de rétablir l'ordre et une pause de quelques minutes avait été décidée. Pendant cet laps de temps, Rowenix avait pu retrouver son client.

«Eh bien, eh bien... Cette affaire est plus compliquée que prévu.
Oui je... Je suis complètement perdu à vrai dire. Peut-être devrions-nous résumer un peu les choses avant d'y retourner ?
Si j'ai bien compris, Mafissa est allé dérobé à ce Vick Time ce qu'il pensait être un tableau mais malheureusement, il ne s'agissait qu'un puzzle. Questions : pourquoi était-il encadré, pourquoi se trvaout-il là-bas et quel peut être sa valeur ? Ensuite, il vous a revendu le puzzle sans connaître sa valeur et le soir même quelqu'un entre chez vous pour le reprendre en commettant le double homicide pour ne laisser aucun témoin. Question : pourquoi ne voulait-il pas de témoin, comment est-il entré et pourquoi n'a-t-il pas pris le puzzle entier ? Vous l'avez pourchassé mais il est revenu sur les lieux du crime avant et n'a eu le temps que de reprendre son arme... Encore une fois, pourquoi avoir laissé les pièces du puzzle, et pourquoi ne pas vous avoir attendu pour se débarrasser de vous ?
Je crois que le greffier nous appelle, il va falloir répondre à toutes ces questions dès maintenant...»

«Juge : Je pense que ce sera la dernière phase du procès. L'accusation peut-elle nous présenter son témoin ?
- Allen : Oui votre honneur et l'accusation est sereine quant à l'issue de ce procès. Le témoignage suivant prouvera sans l'ombre d'un doute que l'accusé est coupable d'une machination sans précédant ! Témoin, allez-y.
- Vick : Que l'on m'accuse du meurtre de ma propre famille ? C'est un scandale, vous m'entendrez pendant longtemps ! J'ai des contacts vous savez et...
- Allen, frappant violemment sur son bureau : Votre témoignage !
- Vick : Je... Très bien. La nuit précédent le meurtre, la tragédie, le cataclysme, je n'étais pas chez moi à vrai dire. L'invitation était anonyme mais je savais que je pouvais faire confiance à cette amie - elle aussi a beaucoup de contacts, vous savez ? - . Je venais d'arriver et elle souhaitait me faire une surprise si bien que j'ai peut-être oublié de fermer la porte... Lorsque je suis revenu à l'entrée pour vérifier qu'elle était bien verrouillée, quelle ne fut pas ma surprise de voir un voleur, un escroc s'emparer de l'un de ses tableau. J'ai malheureusement trébuché et le temps que je me relève, il était déjà loin...
- Rowenix : Il me semble que vous ne m'ayez pas dit chez qui vous étiez... ?
- Vick : Cela n'a plus d'importance car voyez-vous, mon hôte également a été tué... Cependant votre Honneur, lorsque j'étais sur place... Il manquait déjà une pièce au puzzle !
- Rowenix : Objection ! Comment saviez-vous qu'il manquait une pièce si la pièce, je veux dire si la salle était trop sombre pour que vous n'ayez pas même réalisé que la porte était encore ouverte ?
- Vick : Car j'étais déjà venu ici et lorsque je suis entré, j'ai entendu des cris alors je me suis précipité. La seule chose que j'ai eu le temps de voir, c'est mon amie, décédée. Le temps de redescendre un voleur était entré mais malheureusement j'ai trébuché et n'ai pas pu le suivre.
- Rowenix : Un instant ! Avez-vous la preuve que cette femme a été assassinée ?
- Allen : Objection ! Va-t-on passer encore longtemps sur cette affaire qui ne nous concerne pas ? Le fait est qu'un assassin a tué cette femme et qu'un voleur a volé l'un de ses tableau dont le contenu a réussi à atterrir chez l'accusé. N'est-ce pas suffisant pour l'incriminé ?
- Rowenix : Non car le voleur devait se débarrasser de son larcin le plus rapidement possible ; cela aurait pu tomber sur n'importe qui !
- Vick : J'aimerais rajouter un détail. Lorsque je suis arrivé, la cuisine était en feu. L'assassin a utilisé le même modus operandi que lorsqu'il a tué sa femme et son fils ! L'accusé mérite la mort !
- Rowenix : Objection ! Il nous manque toujours un motif !
- Vick : Le puzzle, tout est la faute de ce puzzle !»

C'est alors que tout semblait clair aux yeux d'Enteri. La seule pièce manquante était le puzzle en lui-même : que pouvait-il bien avoir de si spécial ? Vick Time le savait et c'est pour cela qu'il avait tué ses enfants.

«Rowenix : Très bien, mais si vous voulez que le puzzle soit un motif suffisant, alors il faudra nous expliquer en quoi il est spécial au point d'assassiner sa propre famille !
- Allen : Objection ! Objection votre honneur... Rappelez-vous les violences de l'accusé sur sa femme, il n'avait pas besoin de motif !
Rowenix : Mais cette lettre venait du témoin, l'accusé était trop pauvre pour vivre sans le revenu de sa femme !
- Allen : Il était le seul à pouvoir s'attaquer aux victimes sans éveilleur leur crainte !
- Rowenix : Vous oubliez Vick Time, je veux dire, le témoin, qui était le père et le grand-père des victimes !
- Allen : Aucun élément ne montre qu'il était sur les lieux du crime !
- Rowenix : Il y avait un voleur sur les lieux du crime... Ce ne peut être que lui ! À moins... À moins bien sûr que le témoin ne sache en quoi ce puzzle est si spécial ?
- Allen : Témoin ! Qu'y avait-il de si particulier alors ? !
- Vick : En réalité, le puzzle possède deux images... Au recto il est possible de reconstituer un tableau représentant les quatre saisons mais surtout, le verso... Sur le verso, il est possible d'assembler autrement les pièces pour obtenir une carte ! Et l'accusé a voulu le garder pour lui tout seul dès qu'il l'a vu !
- Allen : Non...
- Rowenix : Eh bien, vous l'avez dit finalement. Puisque vous étiez le seul à connaître la valeur du puzzle... Seul vous auriez pu commettre ce crime atroce !
- Allen : Objection ! Je... J'objecte ! ... Une seule autre personne est entrée sur les lieux du crime, c'est-à-dire le vendeur ! Jamais le témoin n'a pu voir la scène du crime !
- Rowenix : Et pourtant, il est le premier à avoir témoigné...
- Vick : Car je voulais voir ce monstre derrière les barreaux, jamais vous ne trouveriez le coupable sans moi !
- Rowenix : En effet, sans Vick Time, pas de coupable... Car le seul et unique criminel ne peut être que vous !
- Allen : Objection ! Je le répète, mais seul le vendeur est venu sur la scène du crime !
- Rowenix : Non, pourtant ça ne colle pas. M. Touvu nous a parlé du vase, or selon lui il n'était pas encore cassé... Mais le témoin ici présent nous a affirmé hier que le vase était déjà cassé !
- Allen : Et alors ?
- Rowenix : Ce vase est absolument capital ! Il prouve que la victime avait compris le secret du puzzle car si elle savait l'importance qu'il avait, elle aurait immédiatement caché l'une de ses pièces.
- Allen : Mais l'assassin a cassé le vase pour la récupérer, ce ne peut être que le vendeur !
- Rowenix : Non, car lorsqu'il est entré il manquait déjà quelques pièces. Un autre était passé avant lui mais la question est plutôt : "Pourquoi s'est-il enfui avant de tout récupérer ?" . Si l'on considère qu'une pièce était déjà manquante car la mère l'avait déjà caché, alors cela semble évident : l'assassin pensait avoir été devancé. Il ne fuyait pas l'accusé, mais était parti à la recherche d'un potentiel rival !
- Allen : Objection ! Quel est donc le lien avec le témoin ? !
- Rowenix : Lui seul était au courant pour le puzzle, à moins que le vendeur n'ait vu la femme cacher la pièce du puzzle. Il a également dit avoir peur, et pour cause ! l'assassin est entré par la fenêtre de l'autre côté de la salle, celle qui se trouve derrière une barrière que seules les clefs de Vick Time pouvaient ouvrir ! Par chance pour Mafissa Touvu, il n'a pas croisé le meurtrier mais lorsqu'il n'y avait plus personne il est entré pour casser le vase et espérer obtenir une rançon avec cette ultime pièce... En envoyant une lettre à l'accusé !»

En dépit de toutes les tentatives de l'avocat de l'accusation, Véronique Time avait fini par tout avouer. Le jugement avait ainsi été rendu pour déclarer l'accusé non coupable et la nouvelle du procès se répandit très rapidement.

«Les pièces manquantes ont en effet été récupérées sur les deux témoins mais...
- Il reste un élément que vous ne comprenez pas, je suppose ?
- Oui, pourquoi ma cuisine était en flamme ?
- Vous vous souvenez de la lettre de votre femme ? Je crois qu'il y avait quelqu'un au-dessus de tout ça, quelqu'un qui souhaitait désespérément ce puzzle... Nous ne savons toujours pas de quelle carte il s'agit après tout.
- Alors peut-être qu'il voudrait mieux que vous le gardiez... Je préfère ne plus jamais en entendre parler !
- Je savais que vous diriez ça. Alors, disons que ce sera ma rémunération !»

[Proposition du contrat]

Le nom de Rowenix, tout comme le personnage, s'étaient rapidement évanouis dans la nature violente de la ville. Les rumeurs allaient bon train comme quoi il aurait été assassiné, s'en serait allé ou bien se serait suicidé... Puis un jour, un homme avait commencé à retourner sur ses traces. Emmitouflé dans un manteau noir, on ne voyait que ses lèvres et il ne donnait son nom à personne. Il avait rencontré de nombreux cercles de tueurs à gages et à chacun il avait proposé le même contrat : tuer l'avocat qui avait fait parler de lui, tuer ce Rowenix. Il promettait une faste fortune à quiconque y parvenait et très vite le meurtre d'apparence si simple d'un pauvre juriste devant une véritable course auquel se donneraient à cœur joie la majorité des meurtriers de la ville. D'autre en revanche commençaient à s'interroger sur cet étranger bien trop mystérieux... Très vite, le milieu assassin entier avait entendu le contrat mais personne ne semblait capable de le réaliser.
Alors l'étranger comprit qu'il était temps. Alors Enteri reprit ses habits d'avocat. Alors il deviendrait la proie.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"   Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea" Icon_minitimeDim 2 Oct - 17:41

Une porte s’ouvrit, laissant entrer dans la vaste pièce un vent frai qui fit vaciller un moment les flammes du feu brûlant tranquillement dans son antre. Ce souffle balaya l’assemblé, la plongeant un instant dans le silence. De nombreux regard se portèrent alors vers l’ouverture, obstruée par une frêle silhouette. Le lourd battant de bois se referma finalement dans un sinistre grincement, marquant la fin de ce bref moment de tension. Chacun retourna à sa discussion, laissant la nouvelle venue en paix.

Un bref soupir s’échappa de l’obscurité de la capuche qui dissimulée le visage du nouvel arrivant. D’un pas léger et rapide, il se dirigea vers le comptoir, ne faisant pas plus de bruit qu’une ombre. Son regard se porta furtivement sur les êtres peuplant l’auberge. Ils étaient en nombre réduit en cette heure encore bien matinale.

Cinq.

Des Terrans pour la plus part. Et peut-être un Lhurgoyf dans le fond. Mais l’obscurité partielle de la salle l’empêche de voir avec précision. Détournant finalement les yeux de la salle, l’inconnu s’installa sur une haute chaise de bois, rejetant sa lourde capuche noir sur son dos. Un visage au trait fin se révèla alors à la lumière. Un visage de jeune femme.

D’enfant ?

Ses traits doux semblaient être à peine sortit de l’adolescence et pourtant, son regard métallique glacial démentait ce premier jugement. En effet ses yeux étaient froids. Hostile presque. Ils semblaient analyser le moindre détail. Transpercer la matière pour découvrir ce qui se trouve caché derrière.

Un regard d’assassin.

La chevelure blanche d’Aïnomora capta un instant la lueur du feu tandis que le tenancier se tourner vers elle.


- Laovea, voila un moment qu’on ne t’a pas vu ici. Trop de travail pour passer ?

La concernée laissa échapper un bref sifflement entre ses dents. Elle passa une main lasse dans ses cheveux tout en lui faisant signe de lui servir la même chose que d’habitude. Elle vit rapidement apparaitre devant elle un gobelet d’argile remplit d’un liquide noir. Une fine vapeur s’en échappée.

- Tu parle. Ca fait deux semaines que je suis sans cibles. Ca devient frustrant.

Un bref gloussement du tenancier lui valut un regard des plus meurtriers de la jeune Lhurgoyf. S’il y avait bien une chose qu’elle ne supportait pas c’est bien qu’on rigole d’elle. Elle laissa cependant passer, ayant tout de même un minimum d’estime pour celui qui l’avait pendant un tant hébergé, lui fournissant même une salle pour ses entretient. Mais ce temps été résolut et maintenant qu’elle avait réussie à se faire une petite place dans cette ville, elle s’était trouvée un coin plus discret. Et surtout plus pratique.

Se faire une place au sein de cette ville où seule la violence était maitre n’avait pas été une mince affaire. Elle avait décidé de s’exiler dans ce trou à rat pour en quelque sorte échapper aux emerdes qui grossissaient peu à peu chez les Ladrinis, son ancienne caste qu’elle avait déserté. Elle avait ensuite monté son petit réseau d’assassinat, essayant de se renseigner à droite à gauche pour dégoter des contrats pas trop mal payés. Réussissant à se faire connaitre sous le nom de Laovea, elle avait par la suite engagé un petit jeunot qui venait lui transmettre des messages, récupérer des informations et autres petites tâches de ce genre.

Bien pratique et pas encombrant. C’est tout ce qu’elle cherchait.

Mais en ce moment le travail manqué et elle lui faudrait peu de temps pour tomber à cours d’argent. Elle laissa échapper un juron étouffé.


- Bah, ne te tracasse pas. Ca va revenir !

- Tu parle. Il y a rien à chasser en ce moment !

Un nouveau gloussement lui tira un sourd grognement.

- Rien à chasser ? Mais où vis-tu pour ne pas avoir entendu de cette affaire ?

Aïnomora releva doucement la tête, une lueur intéressée dans le regard.

- Quelle affaire ?

- Et bah, tu vis vraiment dans un trou à merde pour pas en avoir entendu parler !

Le grognement s’amplifiât, se changeant rapidement en insulte.

- Merde ! Explique moi au lieu de te foudre de ma gueule !

Sa voix avait claquée. Froide et dure. Elle ne supportait pas tout ces qui balancé une bride d’information et qui s’amusaient ensuite de l’ignorance des autres au lieu de leur donner les explications qu’ils cherchaient. Mais cela ne tira qu’un bref soupir au tenancier qui se résigna.

- Toujours aussi aimable… Enfin… Tu n’as pas entendu parler de l’avocat récemment arrivé ?

Cette fois ce fut un petit rire mauvais qui s’échappa des lèvres de la jeune femme.

- Un avocat ? Je pensais qu’il n’en existait plus depuis longtemps ici. Et en quoi ça pourrait m’intéresser ? Il sera mort avant son premier procès.

- Et bien figure toi que non. Il vient de remporter son premier procès, innocentant un homme qui été accusé d’avoir tué sa femme et son fils. Pourtant le juge avait été grassement payé avant et tous les autres avocats qui étaient censé défendre l’accusé avait été assassiné. Sauf lui. Depuis tous les assassins de la ville son sur le coup. La somme pour qui ramènerait sa dépouille est extravagante.

La jeune femme poussa un profond soupir.

- Bah… Il doit déjà être mort à l’heure qu’il est si c’est vraiment le cas.

- Raté. Cela fait presque un mois que son contrat est sur le marché et personne n’a encore jamais réussit à en venir à bout.

Aïnomora releva vivement la tête, les sourcils froncé par l’incompréhension.

- Comment ça ?

- Presque la moitié des Assassins de cette ville sont sur ses traces mais personne ne l’a encore tué. On dirait même qu’un mystérieux personnage enveloppé d’une cape sombre ferait encore le tour des tueurs de la ville pour en mettre toujours plus sur le coup. Mais cela n’a rien changé. C’est une véritable chasse qui c’est mis en place et à mon avis tu ne devrais pas tarder à être mise au courant.

- Mouais… J’aurai bien besoin de ça.

Tout en laissant échapper un soupir las, Aïnomora finit tranquillement son verre, son regard se perdant dans les flammes de la cheminé. Elle finit par se lever, s’étirant bruyamment. Laissant choir une petite pièce sur le comptoir, elle se dirigea vers la porte en adressant un signe d’adieu au tenancier. Un nouveau courant d’air frai balaya la salle quand elle en sortie, le visage dissimulé dans l’ombre de sa capuche.

~~~~~

- Madame, un client veut vous proposer un contrat !

Aïnomora releva légèrement la tête, posant son regard sur le jeune garçon qui venait de franchir la porte de son petit cabinet. Il devait avoir environs un dizaine d’années et son visage enfantin était emprunt d’innocence. Et pourtant, il servait un assassin…

Triste ironie.


- Bien, amène le moi.

L’enfant repartit aussitôt, le pas rapide. Poussant un léger soupir, la jeune Lhurgoyf s’extirpa de la chaise où elle était affalée et se dirigea vers le mur opposé. Elle y décrocha sa lourde cape et s’y enveloppa, cachant son visage dans le remplit de sa capuche. Elle avait pour principe de ne jamais montrer son visage à ses client et resté généralement très distante d’eux.

Elle se plaça finalement dans un coin reculé de la pièce et attendit en silence. Des pas ne tardèrent pas à s’élever dans le petit tunnel qui relié la pièce à la surface. Un homme entra enfin et s’immobilisa en découvrant la sombre salle seulement éclairée d’une bougie posée sur un bureau recouvert de crasse.

Miteux…

Aïnomora fonça les sourcils en découvrant sa tenue.

La même que la sienne.

Le silence s’épaissie alors que le nouveau venu semblait chercher son interlocuteur. Sans bouger, la jeune femme s’adressa à lui.


- Mes services vous intéressent ?

Elle vit immédiatement l’homme – ou la femme ? – se tourner vers la source de cette voix.

- Ca ce pourrait. Laovea je suppose.

- C’est possible. Qu’avez-vous à proposer ?

- Dans les alentours de 50 000 dias.

La jeune femme retint de justesse un petit hoquet de surprise. 50 000 ?! Voila de quoi vivre presque qu’un an sans faire le moindre effort.

Intéressant…


- Et la cible ?

- Un avocat du nom de Rowenix Phight.

*Nous y voila*

Un léger sourire passa sur els lèvres de l’assassine.

- Vous avez d’autres informations ?

- C’est à vous de vous débrouiller avec ça. Par contre je vous préviens, vous n’êtes pas seule sur ce contrat. Il s’agit donc d’une course.

- Une course qui dure depuis un petit moment j’ai entendu dire… Qu’est-ce qui vous fait croire que j’y arriverai mieux qu’un autre ?

- Rien.

Un petit gloussement s’échappa de la capuche d’Aïnomora. Voila au moins une personne directe.

- C’est d’accord. J’ai le droit à un acompte ?

Une bourse s’écrasa sur le bois sale de la petite table.

- Rien de plus, rien de moins. Je serais vous trouver une fois que vous aurez accomplit votre travail.

Puis il sortie de la salle, sans ajouter une parole. L’assassine laissa échapper un léger sifflement. Elle n’aimait pas vraiment ça mais bon… La somme à la clé était tellement conséquente qu’elle ne pouvait la laisser filer. Elle prit avec humeur l’argent tout en rejetant sa capuche en arrière. S’affalant ensuite sur son siège, elle ferma les yeux et essaya de réfléchir.

C’était peine perdu.


~~~~~

Une silhouette accroupie sur un toit se découpait faiblement à la lueur des rayons lunaire. Immobile telle une gargouille de pierre, elle guettait. Ses yeux de brumes fixés sur sa cible, elle la suivait du regard. Un Terran. Environs 28 ans. Grand, les cheveux noir mi-long. Il marche droit, une tunique des plus classieuse sur les épaules. Sa démarche est souple. Presque féline. Ses mouvements sont fluides. Il se coule dans l’espace sans le moindre bruit.

Les yeux de la jeune femme devinrent deux fentes. Elle n’aimait pas ça. Cet homme n’était pas un simple avocat. Il était bien plus.

Le problème était de savoir quoi.
Oui qui…

Aïnomora demeura parfaitement immobile pendant que sa proie disparaissait à un virage. Elle resta un long moment à réfléchir, une douce bride faisant voler ses fin cheveux blancs autour de son visage. Elle allait devoir passer très rapidement à l’action si elle ne voulait pas voir le contrat lui passer sous le nez.

Demain sera un jour parfait.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"   Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea" Icon_minitimeDim 18 Mar - 18:25

[Trois semaines auparavant]

Le bruit d'une page que l'on tourne froissa le silence.

Le diplomate était assis sur un fauteuil dont le luxe ne pouvait avoir d'égal que son confort ainsi que le prix auquel il avait été payé mais une impression désagréable régnait dans la petite pièce ; celle d'un vide notoire.
Le diplomate avait demandé au maire de joindre des assassins. Des assassins ? Celui-ci avait refusé faisant montre de son indignation. Des assassins, oui, car le diplomate connaissait les liens qui lui avaient permis de devenir maire ; un pouvoir que ces mêmes liens entravaient. Des assassins, il en connaissait bien quelques-uns et avec un peu de persuasion, le diplomate avait réussi à obtenir le nom de quelques organisations.
Le diplomate était alors devenu un assassin parmi tant d'autres.

Le bruit d'une page que l'on tourne froissa le silence.

L'assassin ne cherchait toutefois pas un contrat mais pour son contrat il cherchait un assassin. Car il y a deux types d'assassins : ceux qui assassinent et ceux qui commanditent les assassinats. À chaque rencontre, l'assassin notait consciencieusement le nom, l'apparence et la personnalité du camarade sollicité. Puis il perdait tout contact avec l'intéressé et s'évanouissait dans la nature ; de toute façon, si quelqu'un parvenait à remplir le contrat il ne pourrait pas payer la facture. Car il serait décédé, car il était la cible. Alors il disparaissait et revêtait sa toge de magistrat.

Le bruit d'une page que l'on tourne froissa le silence.

Ce petit jeu avait marché, quelques jours. Puis quelqu'un l'avait découvert. C'était inévitable et il s'y attendait.
Déambulant dans ses vêtements les plus sobres, il avait été prévenu par son colibri un instant avant que l'attaquant ne le percute. Puis il avait réussi à le semer avec difficulté et depuis lors, rares étaient les déplacements où les myriades d'yeux de la foule n'étaient pas autant d'adversaires potentiels. Une impression d'autant plus étranges qu'à Tyrrhénium, la foule était sa meilleure couverture ; un exercice d'autant plus utile qu'il n'avait plus l'habitude de s'y frotter. Toutefois, loin d'être un jeu cela s'avérait dangereux c'est pourquoi il s'était réfugié dans le manoir du maire. Celui-ci avait été clair : il ne resterait qu'une seule nuit avant de partir.
Une nuit ? Le ladrini avait compris.

Une vitre que l'on casse brisa le silence

Le vent glacial qui balaya la salle fit vibrer les pages d'un livre posé sur une table à côté d'un fauteuil élégant. Celui-ci était dos à la fenêtre si bien qu'il était impossible de voir l'homme qui y était assis. La silhouette regarda ses deux compagnons. En face d'eux, deux rangées d'étagères perpendiculaires leur proposaient trois chemins : à gauche se trouvait une porte qui menait à une autre aile du manoir, au milieu s'ouvrait un passage entre les ouvrages et à droite on rejoignait le centre de la pièce où une longue table était encerclée par des chaises rangées discrètement et à la semblable texture boisée. Juste à côté, le fauteuil ressortait nettement à cause de sa couleur rouge clair mais il était toujours impossible de voir l'homme qui l'occupait. Il semblait n'avoir pas bougé, peut-être même s'était-il endormi ? En avançant discrètement, le tueur observait les éclats vermeils de velours qui brillaient faiblement. Le feu étant de l'autre côté de la salle, il paraissait à l'individu que les contours du trône dansant le narguaient, lui qui restait dans la pénombre. Encore quelques pas et il pourrait frapper ; chaque seconde dangereusement s'éteignant, toujours plus longue.
Le fauteuil pivota brutalement sous l'impulsion du tueur qui n'y trouva... Qu'un sous-vêtement ? Une fine dentelle argentée qu'il était sûrement agréable de voir porter mais... L'assassin balaya la salle du regard puis entendit les pages d'un livre qui ne cessaient de tourner. Il le prit afin d'en lire le titre : un bouquin extravagant sur la médecine...

Les pas de son confrère le ramenèrent au monde réel. Il lui exprima gestuellement qu'il n'avait rien vu : la cible n'était pas là. Puis une voix faible mais parfaitement claire se fit entendre. Indifférente, celle-ci semblait réciter l'identité, l'épitaphe de celui qui était le troisième meurtrier. Son nom, la femme avec qui il vivait, celui de son fils et son métier principal. Le calme de la scène fut subitement rompu par le bruit de trois livres qui tombent à droite de la salle. Puis la voix ajouta avec tout autant de froideur : «décédé la gorge tranchée»... Les deux individus se regardèrent et se firent signe pour l'un d'aller vers les livres tombés, pour l'autre de retrouver leur allié.
Celui-ci retrouva son complice à quatre pattes, la main gauche posée sur son museau d'où le sang avait abondamment coulé ; son expression figée prouvait qu'il était déjà mort. En réalité, une puissante lame de katar s'était à travers dans le nez jusqu'au cervelet... La méthode avait été exécutée avec soin mais la marque rougeoyante d'une main au niveau de la gorge ne laissait aucune illusion quant à la barbarie de l'acte. En tant qu'aide-soignant, l'assassin n'avait pas souvent vu cette pratique pour ne pas dire jamais. Mais il était trop professionnel pour baisser sa garde. Balayant la pièce du regard, agité mais prêt à se défendre, l'homme attendit l'assaut. Oubliant son complice.
De l'autre côté de la salle, l'autre meurtrier examina l'étagère de laquelle les volumes avaient chu. C'était étrange, rien ne présageait cette chute... La raison lui parut alors évidente : leur cible maîtrisait le vent ! Cela expliquait qu'une vois si faible eût pu porter dans toute la salle et c'était grâce à un coup de vent qu'il avait fait tomber... Se baissant brusquement, l'assassin parvint à éviter un coup de justesse. Tout en se retournant, il fit tracer à son épée un large cercle pour repousser sa cible. Celle-ci faisait à peu près sa taille, entièrement vêtu de cuir ; ses armes de poing semblaient pourvues de trois lames inclinées selon des angles différents, mais d'un seul geste il pouvait les réunir en une seule plus puissante.
La dague de l'assassin traça un arc de cercle qu'un premier katar rejeta vivement tandis que l'autre entailla sa joue en suivant la même trajectoire. Enteri n'avait raté l’œil que de quelques centimètres à cause des réflexes de son adversaire qui savait que son frère d'arme arriverait bientôt.

Le ladrini ne quittait pas des yeux son opposant qui ne se demanda pas pourquoi il attendait. L'homme aurait pu multiplier les assauts mais il devait économiser ses forces et surtout...
Le tueur se concentrait, profitant du répit accordé par son ennemi. La glace était son élément et il parvenait parfois à la mobiliser, fruit d'un effort qui nécessitait de la patience. Finalement, il parvint à geler les chevilles de sa proie ; enfin ! il aurait la récompense. Se jetant littéralement sur sa cible, il comptait attaquer jusqu'à venir à bout de ce monstre. Ce dernier parait chaque coup, repoussant parfois l'assassin qui gagnait du terrain. Il vit enfin une ouverture, au niveau du cœur, un coup qu'il ne pouvait pas rater !
Pourtant, Enteri fit un pas de côté pour esquiver l'attaque : il s'était défait de son entrave. Maîtrisant le vent, il avait pu attirer la chaleur des flammes de la cheminée et le lien s'était rapidement affaibli. En se dégageant au moment où son opposant attaquait avec tout son élan, il s'ouvrit une voie létale vers le cou de son supposé prédateur.

Tout en se grattant la nuque, le ladrini parcourut du regard la vaste salle. De toute évidence, son dernier adversaire était capable de se fondre dans le décor... Il prit une longue inspiration et ferma les yeux. Accroupi, prêt à bondir, il sentit, tout près, venir sa cible. Un courant d'air près de la vitre toujours fermée le surprit toutefois, si bien qu'il n'esquiva que de justesse la dague courbée sortie des ténèbres. Il contrôlait donc les ombres...
De justesse ? Non, il avait été touché au bras ; une petite entaille tout au plus.

«De ton trio il ne reste que toi alors je te propose de travailler pour moi. Sinon, tu mourras.»

Sans la moindre expression, le tueur commença à faire bouger toutes les ombres de la salle. Lui non plus n'était pas un débutant mais il était loin d'être un expert et ne se battait plus qu'afin de mourir dignement. S'il revenait bredouille, sa fin aurait été la même de toute façon... Bien triste décision qu'avait été son refus.
Les tâches noires s'étendaient à plusieurs endroit telles des flaques de goudron que le feu chassait provisoirement, pour autant les zones d'ombre semblaient s'élargir. L'imbécile, il comptait sûrement profiter de ces ralentissements pour prendre sa proie de vitesse ? Celle-ci déploya les lames de ses katars dans un son métallique qui résonna plusieurs fois. Il le narguait car il savait que l'homme était trop confiant en sa technique risible. Puis ils s'élancèrent tous les deux.
Au-dessus des cercles d'ombre, le ladrini créait de petites plateformes d'air qui l'empêchaient d'être ralenti et lorsque son adversaire fut assez près, il emprisonna ses chevilles dans une glace aussi grossière que celle qu'il avait subie. Néanmoins le piège fut efficace car l'assassin trébucha. Puis une masse percuta son dos, le forçant à rester couché ; toutes les ombres s'amassèrent pour le protéger et engouffrèrent avec lui son ennemi dans l'espoir de l'étouffer. Mais une pression au-dessus des reins lui fit perdre la respiration, puis toute sensation.

Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'Enteri avait quitté le manoir cependant les secondes semblaient se dilater. Il examina une fois de plus sa blessure qu'il avait compris être la source de ses migraines : du poison. Quelques herbes appliquées sur l'entailles avait permis une réduction de la douleur mais cette simple mixture, calendula et plantain, n'avait pas vocation à supprimer tous les symptômes. Il lui faudrait du repos. Et vite.
Le cocher qu'il interpela lui offrit un large sourire. Aucune ride, sous ses yeux, ne confirmait la franchise du conducteur ; était-ce un autre assassin ? Il cligna des yeux, épuisé, avant de lâcher d'une voix faible et hystérique :

«Serpent, que me voulez-vous ? Je dois trouver... Un herboriste...
- Vous ne vous sentez pas bien ? Marko pourra sûrement vous aider, il...
- Quel âge avez-vous ?
- Pardonnez-moi ? (le regard véhément de cet homme hésitant le fixait toujours violemment) Trente-huit, pourquoi donc ?
- Est-ce que je peux vous faire confiance ?
- Diable, si vous avez de l'argent oui ! Mais je vous préviens que si vous êtes un ivrogne, je pourrais bien vous vendre comme esclave !
- Amenez-moi à votre... Marko...»

La main tremblante de l'homme chercha une bourse qu'il présenta avec difficulté. Puis le cocher l'aida à monter puis le malade lui en proposa une seconde toute aussi bien remplie : «pour la discrétion» avait-il rajouté... Une somme bien honnête mais le jeu en valait-il réellement la chandelle ?

[Deux semaines auparavant]

Trois jours étaient passés, trois jours entiers pendant lesquels le blessé alternait sommeils agités et crises de folie. Aucun nom n'était sorti de sa bouche mais il lui arrivait de crier que la torture ne les mènerait nulle part... Une torture qui se résumait pourtant à se reposer toute la sainte journée dans un lit qui, trempé de sueur, devait être régulièrement changé. Marko avait d'abord cru la tâche facile mais l'homme semblait repousser les bienfaits de ses plantes au moins autant que les toxines !
Pire encore, il avait fallu le déplacer à deux reprises. Dès le lendemain de sa rencontre, des hommes encapuchonnés avait pénétré dans la maison qu'ils avaient fouillée avec attention. À l'exception du grenier puisque, par une étrange architecture, celui-ci se trouvait être à l'étage de la maison voisine et l'accès était dissimulé par une armoire ; une cachette que l'herboriste et sa famille utilisait de temps à autre et où ils n'auraient jamais songé à placer leur patient, n'était cette lettre qui portait le seau d'un autre maire à laquelle était jointe un papier aux quelques mots bien éloquents : "cachez-moi". Une détresse à laquelle les habitants goûtaient parfois à cause des injustices de la ville mais que Marko avait toujours su surmonter.
Le jour d'après, les mêmes individus étaient venus fouiller ladite cachette. Trop tard, puisque le mystérieux blessé avait été emmené chez la belle-mère de son sauveur.
Telle était l'histoire qu'il répétait sans cesse à son patient autant pour calmer ses nerfs que pour essayer de le faire culpabiliser, bien qu'il fût plongé dans de profonds cauchemars et peut-être même au bord du décès. Au demeurant, c'était peut-être aussi pour établir un contact...

Et un jour, il eut une réponse, celle d'un homme faible mais aussi celle d'un homme raisonnable. Plus qu'une réponse, telles étaient les premières paroles cohérentes qu'il avait été capable d'assembler : «Vous hébergez un assassin poursuivi par des assassins, l'ami.» Quelques heures plus tard, l'homme s'était présenté succinctement : c'était un diplomate envoyé en tant qu'avocat soi-disant pour dispenser des méthodes juridictionnelles modernes aux tribunaux. Son nom étant bien plus connu que son visage, il avait rapidement obtenu le crédit de l'herboriste qui s'était lui aussi présenté ; une présentation que l'homme avait ignoré en tombant de nouveau dans le sommeil...
Les deux jours suivants, le ladrini avait pu s'entraîner aux sous-sols de la demeure. Les lieux étaient magnifiquement entretenus de sorte à ce que poussent diverses plantes et champignons et que nul ne connaissait. Et pour cause, les égouts adjacents obstruaient pareille merveille.
Au septième jour, Enteri était entièrement rétabli. Incapable de payer la dette qu'il avait contractée, il s'était senti l'audace de faire une requête et non des moindres : cacher les morceaux du puzzle qu'il avait réunis dans son précédent procès. Sans même attendre la réponse il était parti, précisant tout juste qu'il ne pourrait revenir : au moindre contact, les assassins retrouveraient l'herboriste qui pouvait donc oublier tout remerciement pécuniaire.

[Présentement]

Le lit moisi grinça lorsqu'Enteri s'y allongea. Il était dans une humble auberge et même si le contact était désagréable, cet instant de repos ne lui faisait pas de mal. L'endroit n'était pas génial mais il y avait trouvé un travail qui lui offrait une couverture. Dans les deux sens du terme.
Ayant gardé son bandeau, Minuit, personne ne le remarquait ; mais la nuit il recherchait celui qui l'avait doublé et essayait de le faire assassiner. Il en profitait également pour tisser des liens en aidant les citadins du déclin, ces hommes et femmes qui subissent les sévices des truands nocturnes. Les règlements de compte étaient légions et parfois même n'avait-il rien pu faire. Pourtant il ne restait jamais longtemps dehors et toujours plus prudent il se mêlait aux passants.
Le risque, omniprésent, commençait à le rendre paranoïaque et au rythme où avançaient les choses, il ne ferait peut-être jamais face à cette Laovea. Des adversaires très puissants, il en avait rencontré et certains assassins s'étaient montrés au moins aussi doués que lui ; par chance il avait toujours réussi à les fuir. Pour l'instant. Mais est-ce que cette ancienne ladrini serait aussi inexpressive ? Non, chacun de leur délit est justifié, et exécuté avec maestria ; aucun ladrini n'aurait engagé une cible aussi difficile sans apprendre à le connaître. Alors, peut-être était-elle en train de l'observer... ? Il tourna à la prochaine intersection.
Flint, son colibri, revint vers son maître avant de picorer son épaule. Puis le petit être s'envola vers une corniche d'où il se percha avant de revenir vers Enteri. De toute évidence, quelqu'un l'observait, semblait-il vouloir dire... Quelqu'un qui, pour une fois, ne s'était pas jeté sur lui.

Dès les premières lueurs de l'aube, ses grognements d'éveil auguraient une journée compliquée. Cette fois, serait-il jardinier ? Bourgeois ? Oh, et pourquoi pas avocat encore une fois ? Sa toge de magistrat ne le manquait pas à vrai dire. Non, une bien meilleure idée lui traversa l'esprit.
Il s'était furtivement rendu à une auberge peu fréquentable, un repaire d'âmes malveillantes disait-on, assez grande pour avoir prévu une scène. Il espérait y trouver la ladrini ou au moins qu'elle l'y eût suivi ; elle devait bien en faire quelques-unes mais jamais Enteri n'avait-il encore entendu son alias. Dans tous les cas, si elle était sur ses traces, elle n'aurait pas pu laisser passer cette occasion : les habitués ne remarqueraient peut-être pas tout de suite le pseudo-avocat et si les choses tournaient mal, comment celui-ci pouvait-il s'en sortir ? Il était piégé, c'était évident.
Discrètement, l'homme avait emprunté l'entrée des artistes. Accompagné d'un petit groupe auquel il avait proposé de remplacer un guitariste, celui-ci, avait-il dit, refusant d'entrer en scène ; l'hypnose que lui avait infligé le ladrini était passée parfaitement inaperçue puisqu'il n'avait que sollicité une idée déjà très présente chez sa victime. Et pour cause, le groupe était pauvre et risquait la dissolution d'une soirée à l'autre. L'homme connaissait déjà le solfège et avait lu comment marchait son instrument c'est pourquoi, quand on lui avait demandé s'il le maîtrisait, il avait simplement avoué connaître les grandes lignes.

Écho à leur faible talent, le groupe devait simplement faire une musique d'ambiance. Un bruit de fond. Quelques accords, rien de bien compliqué. Enteri en profitait pour scruter chaque groupe de personnes. Parfois, il regardait l'un d'entre eux droit dans les yeux, le pénétrant quelques temps avant d'embrasser un autre client de ses iris flamboyants et hypnotiques. Il avait déjà observé attentivement la majeure partie de cette audience lorsqu'il remarqua que les instruments s'étaient tus. En se retournant, il voulut interroger le maître du groupe qui le toisait et l'inciter à donner le tempo. Devant lui, tout le monde attendait l'attraction qu'il avait promise en s'approchant au bord de la scène.
Il joua quelques notes, sans accord. Derrière lui, le violoniste, en guise de réponse, en ajouta d'autres. Ce n'était pas si mal... Il essaya de jouer d'autres notes, proches des premières mais plus graves. Le violoniste rejoua son thème, l'incitant à trouver une troisième suite. Ce faisant, ils avaient leur refrain. L'improvisation avait été plutôt bonne après tout... Les percussions rajoutèrent un bruit de fond tandis qu'Enteri s'apprêtait à improviser le coeur de la chanson. Et ses paroles.
Se mêlant à la foule, il continuait à percer de ses yeux hypnotiques tous ceux qu'ils rencontraient, sans jamais trouver ceux de celle qu'il recherchait. Quant à sa chanson, elle parlait d'un jeune homme qui avait rejoint un cercle de brigands pour impressionner sa belle ; plus précisément, le second couplet , plus rapide, racontait qu'elle était morte à cause de sa bande : il n'eut pas l'occasion d'entamer le troisième.
Profitant du spectacle, un homme avait profité pour assommer son voisin avec une bouteille et l'incartade se répandait comme une peste. Pendant ce temps, Enteri se replia en coulisse mais un incendie lui bloqua l'accès. Il déposa sa guitare et s'immergea discrètement dans la foule, cependant sans son bandeau, il savait qu'il tomberait rapidement sur quelques pendards qui n'étaient probablement pas venus pour l'écouter chanter...
Conscient du danger, sans même essayer de se faire discret, il attrapa un verre à l'alcool coûteux et le dégusta avant de rejeter la coupe pour se frayer prestement un passage parmi le vacarme.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

MessageSujet: Re: Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"   Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea" Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Introduction d'Aïnomora Morna, dossier "Laovea"
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Aïnomora Morna - fine lame de l'assassinat
» Introduction d'Akina Hyunseg
» Introduction de Sytrinn Sandström
» Introduction chez les Eryllis & Autres.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Istheria, le monde oublié :: La Communauté & ses échangesTitre :: • Corbeille :: • Les vieilles aventures-
Sauter vers:  

(c) ISTHERIA LE MONDE OUBLIE | Reproduction Interdite !