_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades. _ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose". _ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.
Sujet: Le Goût du Sel [PV Myriam] Lun 27 Juil - 12:26
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Sujet: Re: Le Goût du Sel [PV Myriam] Ven 7 Aoû - 22:09
Naître, survivre, périr. Voilà qui résume assez bien le cycle de la vie. Merveilleux, n'est-ce pas ? La Gorgoroth s'en amusait. Elle marchait en direction du temple, engagée sur un sentier naturel, pareil à une cicatrice délicatement rosée, refusant de se fermer. La lave l'avait emprunté bien avant la non-vivante, elle l'avait même formée. Entre les bâtisses resplendissantes de la grandiose Lokram. Une ville autrefois si vivante, si énergique... Si pittoresque - quoi qu'elle le fut toujours, aux yeux de Myriam. Elle n'était à présent plus qu'un tas de braises encore fumantes, de ruines dégringolant, de terres noires et dures, creusées par les gaz et le souffre. Elle est née, comme pour tout, il y a fort longtemps sans doute ; elle a vécu, un long moment même ; et puis... Elle s'est effondrée. Effondrée comme une grand-mère croulante, comme un tas de bois et de pierres taillées empilés les uns sur les autres, comme un château de cartes soufflé par un enfant. Un enfant violent, un enfant tempétueux, un enfant passionné. Un enfant passionnant, pensait Myriam. Un volcan. Merveille de la nature - si bien faite. Rejeton terrible des dieux les plus noirs... Animé par les remous tumultueux de la lave en fusion, des gaz sous pression et de la puissance la plus dévastatrice qui soit. Quel meilleur endroit pour trouver un temple de Kron ? Un hommage aux pieds du volcan... Un temple à ses pieds ! Caressé par l'essence du dieu des morts, étreint par la lave qui boue à ses côtés, par les cendres qui dorment entre ses plaintes, par le souffre qui pèse sur sa toiture. Un cocon. Un nid, où les oisillons de la divinité charognard se rassemblent et murmurent à ses oreilles. Entre les murs du temple, les voix composent une harmonie singulière, pleine de complaintes, de prières et de chants discrets. C'est un endroit plein de charme, vraiment. L'un des seuls, à vrai dire, où la Gorgoroth se sentait chez elle.
Quand elle arriva à l'entrée du temple, Myriam s'arrêta un instant. Elle ferma les yeux, et tâcha d'inspirer - un acte que les Gorgoroths, très étrangement, sont capables d'effectuer, comme une sorte de réflexe conservé de leur ancienne vie. Mais... Rien. Evidemment. La non-vivante ne ressentait rien. Mais elle patienta. Elle se plongea alors dans une sorte de calme profond ; l'exercice de sa respiration l'apaisait. Elle se vidait l'esprit, chose qu'elle faisait toujours avant d'entrer dans le temple, avant de méditer. Elle le faisait trois fois par an, au moins. Elle se l'obligeait, et même lorsqu'elle n'était pas de passage à Argyrei, elle faisait les détours nécessaires. C’était de l’ordre du sentiment. Un sentiment de devoir. Une intuition irrésistible... Car, depuis qu'elle avait sombré dans les abysses, et bien qu'elle ait perdu toutes ses facultés à ressentir quelque émotion que ce soit, elle conservait des sentiments. Elle était d'ailleurs très attachée à différencier ces deux types de ressentis : les émotions, et les sentiments. Les choses de l'âme, et les choses de l'esprit. Il lui était arrivé d'en discuter avec des Eclaris, mais ces derniers l'avaient jugé très sévèrement. Qu'importe. L'âme, pensait-elle, est le cadeau que Delil offre à la matière. L'âme est ce qui anime le corps. L'âme, c'est le tissu mystique et fragile sur lequel se greffent les émotions. L'âme, c'est le domaine du cœur, comme disent les philosophes. On aime de toute son âme, on haï de toute son âme. L'amour, la haine, ce sont des passions que l'extérieur suscite en nous. Des passions, parce qu'elles sont passives, en ce qu'elles ne dépendent pas de nous. En ce qu'elles sont des stimulis, des objets extérieurs qui frappent notre âme et s'y encrent. C'est l'âme qui réagit au monde, et ordonne le mouvement. Les sentiments, au contraire, sont des données innées, intimes, intérieures, mais qui n'ont pas besoin de stimulis extérieurs pour se révéler, s'activer ou pousser au mouvoir. Ce sont des déterminismes de l'ordre du murmure. Eux aussi sont latents, mais ils sont toujours présents, toujours actifs. Nous en avons toujours connaissance. C'est le cas pour le devoir, par exemple. Le sens du devoir, ou plutôt le sentiment du devoir, nous ne le perdons jamais. Nous savons toujours ce qu'est notre devoir - même lorsque l'on ne sait pas pourquoi ça l'est. Et la différence d'avec une émotion, c'est que l'on peut choisir de l'écouter ou non. Une émotion nous guide sans demander la permission. Un sentiment, ce n'est jamais qu'une petite voix au fond de nous, qui nous rappelle sans cesse qui l'on est, et attend simplement que l'on s'épanouisse selon ses instigations.
Aujourd'hui, Myriam n'était plus sujette aux émotions. L'amour et la haine lui sont inconnus. L'attirance, le désir, la révulsion, le dégoût, toutes ces choses-là la dépassent. Ce qu'elle continue de ressentir, ce sont des injonctions de sa pensée, des sentiments, qu'elle n'a pas choisi, mais qu'elle peut choisir de suivre ou d'éviter. Et c'est cette force, le libre-arbitre, qui fait d'elle ce qu'elle est. Si l'on dit d'elle qu'elle est rancunière, morose, froide, méprisante, ce n'est pas à titre d'émotions qu'il faut lui affliger ces comportements, mais à titre de sentiment. De sentiment libre. C'est elle, et elle seule, qui sait quels sont ses sentiments. Et c'est elle qui choisit de les actualiser. Il en est ainsi pour son sens du devoir, celui qui lui intime l'ordre de se rendre au moins trois fois par an au temple de Kron. Et elle obéit à cet ordre. Elle choisit d'y obéir, parce qu'elle sait qui elle est, et pourquoi elle le fait.
C'est donc librement que la Gorgoroth entra dans le temple, d'un pas sûr. Elle en connaissait les moindres recoins - ceux auxquels il lui était permis d'accéder - et espérait un jour les avoir tous connu. Elle se sentait à la maison, dans le temple. Au sein des murmures susurrés dans l'ombre, des danses lentes et morbides des âmes qui y erraient presque indéfiniment, des messes intrigantes données régulièrement. Elle ne parlait jamais dans ce lieu. Elle n'en avait pas besoin, pour communiquer avec Kron. Elle savait qu'elle devait être là, qu'elle devait connaître cet endroit, qu'elle devait l'honorer. Ses pensées se tournaient vers les mythes antiques au sujet du dieu des morts, de son monde aux âmes errant pour l'éternité, de ses créatures continuant à errer sur les terres d'Itstheria. Elle méditait à sa façon, en élaborant des réflexions centrées sur la condition qui était la sienne, et sur le pouvoir de son véritable père. Non pas celui qui lui avait donné la vie, mais celui qui lui avait révélé la mort. Elle comprenait cela comme un cadeau qu'elle devait honorer. Elle pensait que ses sentiments étaient justes, et qu'elle devait les suivre. Que s'ils ne l'étaient pas, Kron ne lui aurait pas permis de continuer d'exister. Le dieu noir avait des desseins pour la capitaine du Mirage. Elle ignorait lesquels, et elle ne cherchait pas à les connaître. Seuls ses sentiments comptaient, ces murmures résonnant dans l'intimité de sa pensée, ces intuitions mystérieuses qui subsumaient ses actions. Elle devait la reconnaissance à Kron. Et cette reconnaissance se trouvait dans l'actualisation des instigations de cette petite voix en elle. De ces échos d'une autre nature, bien plus grande que la sienne, bien plus... divine. Cette voix, ces sentiments... C'était la parole de Kron.
Mais cette fois, elle fut rapidement troublée dans le fil de sa pensée. Elle avait senti quelqu'un s'approcher d'elle, en silence. Elle se tourna vers l'inconnu, qui s'avérait être une femme. Et à en juger par son apparence, elle était Gorgoroth, elle aussi. Instantanément, Myriam se sentit moins méfiante. Elle la considéra un moment, et compris rapidement qu'elle était dotée d'un pouvoir. Sinon, comment pourrait-elle se déplacer, sans yeux pour la guider ? Il lui fallait donc un autre guide... Alors, la non-vivante compris qu'elle devait être une prêtresse de Kron. C'est lui qui guidait ses pas. C'était un don, un cadeau, qu'il avait accordé à une femme d'exception. Il n'y a qu'à des êtres d'exception que l'on fait des cadeaux d'exception. Myriam se souvint alors l'avoir déjà croisé, cette étrange Gorgoroth à l'apparence gracieuse, au physique sublime, à l'aura délicieuse. Un délice, vraiment, que l'aura de la mort. Et dans ce temple précis, il ne pouvait s'agir, en vérité, que d'une seule personne.
- Psyche Corona, si je ne m'abuse.
Elle l'avait en effet déjà croisé. Jamais longtemps, toujours en coup de vent, mais sa présence dans le temple avait toujours intrigué Myriam, et lui suscitait d'étranges intuitions... Jamais elles ne s'étaient adressé la parole. Mais à présent que la conversation était engagée, la Gorgoroth sentait qu'il s'agissait d'un moment d'importance. Elles devaient s'entretenir.
- Je suis heureuse de vous revoir parmi nous.
- C'est un plaisir pour moi d'être ici, grande prêtresse. Et un plus grand honneur encore de me retrouver en votre présence.
Ce n'était pas dans les habitudes de la non-vivante de se montrer respectueuse envers quiconque. Mais la femme qui se tenait face à elle n'était pas quiconque… Une aura délicieuse, vraiment. Myriam s'en délectait en silence, sentant son destin s'accomplir un peu plus en ce jour.
Sujet: Re: Le Goût du Sel [PV Myriam] Lun 14 Sep - 19:29
Spoiler:
[HRP: encore une fois, tu as toutes mes excuses pour cette attente. J'ai beaucoup de mal à faire un tas de choses en ce moment, et malheureusement, le rp en fait partie ! 8'D J'espère que ça ira mieux à l'avenir.]
Dernière édition par Psyche Corona le Dim 4 Oct - 18:49, édité 1 fois
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Sujet: Re: Le Goût du Sel [PV Myriam] Dim 27 Sep - 21:46
Face aux manières distinguées et gracieuses de la prêtresse, Myriam butta une seconde sur la façon dont il convenait de se tenir en la présence d'un être aussi important. Alors quand Psyche Corona se pencha pour la saluer, la Gorgoroth l'imita poliment, mais sans changer d'expression - de toute façon il y avait peu de chance pour que la prêtresse relève ce détail.
- Vous visitez le Temple régulièrement, il est bien normal que nous fassions preuve de reconnaissance.
Venenosa fut surprise par cette remarque. Comment peut-elle se souvenir de ma venue, si elle n'est pas capable de me voir ? Serait-elle doté d'une sorte de vision ?
La capitaine n'en fut que davantage intéressée. Elle se souvenait avoir lu, dans un très vieux manuscrit Eclari, quelque chose à propos de la vision des essences. Les sources étaient incertaines, et les travaux à l'état d'ébauche, mais le contenu l'avait frappé. Ainsi, certaines personnes seraient capables de voir sans les yeux, de voir au-delà des apparences. Peut-être même s'agissait-il d'un don divin ? Et si Kron avait offert ce talent à sa fidèle et dévouée prêtresse ? C'était probable. C'était inquiétant, surtout. Myriam ne supportait pas qu'on lise en elle aussi facilement, elle qui s'employait avec minutie à cacher qui elle était réellement. C'était comme la trahir, et elle ne supportait pas les traîtres. Mais Pysche Corona n'était pas de ce genre. Elle ne la connaissait pas, mais elle le sentait. Et son instinct le trompait rarement. Elle hasarda une question sur le sujet :
- Je suis impressionnée, prêtresse, et très honorée que vous vous souveniez de moi. A vrai dire, je n'avais jamais eu le sentiment que vous m'ayez remarqué... Est-ce l'un de vos pouvoirs, de percer à jour les visiteurs ?
Myriam Valombre se donna la nausée sans le vouloir. Elle ne supportait pas la basse politesse, les fausses humilités et les courbettes inutiles ; ce à quoi elle avait néanmoins du s'habituer au fil des années, afin de faire fonctionner son commerce. Les Affaires. Il n'y avait que ça. Toujours les Affaires, toujours les apparences. Mais c'était nécessaire. Davantage encore en cette journée au temple, où elle sentait toucher au but. A quel but ? Elle ne le savait pas. C'était de l'ordre de l'intuition...
- Comme vous l'avez souligné, je me rends à ce temple quelques fois dans l'année, par devoir envers mon Dieu. Mais jamais je n'ai eu l'occasion d'en voir toutes les faces. Cet endroit me paraît bien mystérieux. Je ne voudrais pas briser un charme, mais il me plairait bien de le connaître mieux. Pensez-vous pouvoir m'accorder ce caprice ?
Comme pour se corriger de son attitude trop polie de tout à l'heure, la Gorgoroth opta pour un trait d'indécence afin de rééquilibrer les choses. Il ne faisait aucun doute que nul n'était autorisé, sinon les prêtres et prêtresse eux-mêmes, à connaître davantage le temple. Mais il n'y avait qu'un moyen de s'en assurer... C'était de demander.
- Souvent j'ai souhaité m'entretenir avec une personne telle que vous à propos de considérations religieuses. J'avoue ne jamais avoir été satisfaite sur ce plan. Pourtant, il me semble important d'avoir ce genre de discussion. C'est un devoir, peut-être, et je confesse m'y être dérobée trop longtemps. M'aideriez-vous à me repentir ?
Sans même prendre la peine d'attendre une réponse, la capitaine s'éloigna de quelques pas, lentement pour laisser le temps à la prêtresse de la suivre, en tenant ses mains croisées dans le bas du dos. Les pans de son long manteau traînaient sur le sol et ne laissait pas voir les bottes crasseuses de la Gorgoroth, qui revenait d'un long périple. Elle marchait néanmoins avec élégance et distinction, la tête haute et le regard porté vers l'avant, ferme et déterminée. Étrangement, elle ne portait pas sa coiffe bouffante aujourd'hui. En fait elle na portait jamais quand elle se rendait au temple, réservant cette politesse à son Dieu. Mais ce geste respectueux trahissait nécessairement la nature de non-vivante de Venenosa. Si nul n'avait pu le remarquer jusqu'à présent, il devenait une évidence que la jeune femme ne l'était en fait plus depuis longtemps. Ses cheveux courts, filandres et dégoulinant d'un filet visqueux s'écrasaient sur son visage pâle et lui donnait une allure de mort. Mais cette morbidité n'était pas à craindre dans pareil endroit. Ici elle ne risquait pas d'être dénoncée ou violentée. Elle gardait toutefois son Tessen sur elle, pour parer à toute éventualité...
C'est ainsi que, dans son allure la plus paradoxale, Myriam Valombre entreprit d'accomplir sa destinée : joindre sa pensée avec celle de Psyche Corona, aujourd'hui, en ce lieu, pour y sceller de toute éternité leur conversation à venir...
Sujet: Re: Le Goût du Sel [PV Myriam] Dim 4 Oct - 23:03
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Sujet: Re: Le Goût du Sel [PV Myriam] Dim 11 Oct - 15:30
Myriam ne se gênait pas pour observer les réactions subtiles de l'exotique prétresse, en attendant ses réponses. Elle n'était pas du genre à être très réceptive aux apparences physiques, mais pour une fois la capitaine s'étonna de la beauté que dégageait Psyche Corona. Une rare élégance, quelque chose de très précieux... Une aura spéciale émanait de son allure étrange, à laquelle la Gorgoroth était sensible. Elle capta le rapide sourire étranglé de la prêtresse, et l'interpréta comme un point sensible qu'elle venait de toucher. Peut-être faudrait-il se montrer discret à l'égard de questions trop délicates...
- C'est une façon de présenter la chose, en effet. Tout le monde est doué d'instinct, n'est-ce pas ?
L'instinct. La Gorgoroth choisit de hocher lentement la tête, les yeux dans le vague, mais ne répondit pas à la question rhétorique. Il y avait quelque chose de l'ordre de l'echo entre les deux femmes, comme si elles se comprenaient, sans forcément le savoir. Myriam avait nourrit de nombreuses réflexions à propos de l'instinct, de certaines formes magiques de perception des essences, des auras... Elle resta un moment méditative.
Psyche non plus ne renchérit pas, du moins pendant un moment. Elle laissa planer un silence léger, se fondant dans l'atmosphère mystique des lieux. Myriam avançait où la prêtresse semblait la conduire, bien qu'un peu en retrait - comme quoi elles devaient se trouver sur la même longueur d'onde - et observait les différents recoins du Temple. C'était un endroit particulier... Un jeu d'ombres et de lumières qu'elle n'avait rencontré nul part ailleurs berçait les couloirs qui se dégageaient de la chapelle. Myriam n'avait fait que voyager pendant des dizaines et des dizaines d'années, elle s'était intéressée à de nombreux endroits semblables à celui-ci, mais jamais aucun ne lui avait fait pareil effet. Elle se sentait ici en lieu sûr, comme dans un cocon, proche de son Dieu. Cela expliquait son vif intérêt pour la connaissance de l'endroit. Elle prenait tout son temps pour explorer les pièces où la prêtresse la menait.
- Ce Temple est effectivement plus vaste qu'il n'en a l'air et en réalité, je suis autorisée à vous en montrer une grande partie. Pendant ce temps, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et à satisfaire votre désir d'entretien. Je suis d'avis que la foi est quelque chose de très personnel, et c'est précisément ce qui en fait un sujet de discussion à la fois passionnant et nécessaire.
Venenosa apprécia la sollicitude de la non-vivante, qui l'avait rejoint et marchait à présent à ses côtés, lentement, silencieusement, respectueusement. Alors Kron leur avait intimé d'en venir à la question de la foi... Qu'il en soit ainsi.
- Je vous en remercie, Prêtresse. Je ne puis qu'être honorée d'être autorisée à en connaître plus sur ces lieux. A vrai dire, c'est comme une nécessité. Vous comprenez ? Je sens que je dois être ici, que je dois être ici en ce moment. Je saisi le sens que vous prêtez à l'instinct, Psyche Corona. Je crois être en possession d'un présent semblable...
Toute méfiance s'était dissipée de l'esprit de Myriam Valombre. A présent, elle n'était que confiance, et confidence, en présence de la prêtresse. Ce n'était pas même de son ressort, c'était plutôt un devoir, un ordre intime qu'on lui avait susurré à l'esprit ; se confier à Psyche Corona.
- Je suis intriguée, Prêtresse. Je suis de votre avis, la foi est quelque chose de très personnel. Mais vous et moi, nous sentons bien que toutes ne se valent pas... Il y a des êtres pour lesquels la foi n'est plus de l'ordre privé. Ce n'est plus une confiance née à la première personne, née au fond de notre être. Il y a des êtres pour lesquels la foi me semble être une voix. Un murmure que le commun des mortels n'est pas capable d'entendre, et qui ne se révèle qu'avec le cadeau du Dieu... Quand les abysses vous avalent et que l'ombre se répand. Là, vous n'êtes plus seule. Vous vous retrouvez dans Ses bras, vous entendez Sa voix... Et puis, vous vous réveillez. L'ombre s'écarte, mais la voix est toujours là. Et la foi aussi. La vraie foi.
La Gorgoroth espérait que son interlocutrice serait réceptive à ses considérations. Elle n'avait jamais eu l'occasion de s'entretenir avec qui que ce soit à propos de ce sujet qui était cher à son être. Elle parlait sans se censuré, car elle n'était pas du genre à émettre de réserves quand il s'agissait de parler franchement. Bien sûr, elle parlait des Gorgoroths. Et si elle voulait lancer la prêtresse sur leur propre condition, c'est qu'elle éprouvait le besoin d'avoir l'avis d'une semblable sur leur étrange nature. Elle s'était faite elle-même sa propre conviction, mais elle n'avait encore jamais pu la confronter... Jusqu'à présent.