Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]

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 Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]

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MessageSujet: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeMer 16 Avr - 11:07


Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Biblio10
Le 20 du mois de Mirios, à Hespéria.
Dans l'obscurité des couloirs de la bibliothèque, des pas résonnaient pesamment, poursuivis par l'ombre massive d'un Zélos. Celui-ci s'avançait dans ce dédale de reliures, de titres, de noms de nombreuses fois centenaires. Centenaires, il y avait de quoi, cette bibliothèque regorgeait d'ouvrages poussiéreux dont le remugle épais du papier emboucanait souvent les visiteurs qui n'étaient pas habitués, néanmoins Ethraïm vivait ici. Il était d'ailleurs, peut-être, à l'image de ces vieux livres, d'une apparence désuète, fade, mais recelant de milles trésors.

Ethraïm s'approchait du fond de la bibliothèque, sa stature pouvait faire penser à un colosse, mais il ne faisait pas cromagnon pour autant, il se tenait droit, et digne. Il portait dans sa main massive un parchemin qu'il étala sur une table en bout de rayon, au fin fond de la bibliothèque. A cette table étaient déjà assis deux hommes, ou du moins deux Sindarins, Léogan et Ilyan Jézékael, deux très bons amis.

Ethraïm n'avait que peu souvent de la visite chez lui, très rarement il fallait l'avouer, d'autant plus que cette fois-ci, c'est lui qui les avait fait venir.  Quelques temps auparavant, Ethraïm avait fait transmettre une lettre à son ami de Cimméria par le biais d'Ilyan. Il ne voulait l'avouer, mais envoyer une missive de lui-même, surtout pour quérir de l'aide, n'était pas dans ses habitudes. Quoiqu'il en soit, ils étaient tous réunis, et Ethraïm leur avait déjà fait part de son projet de mettre la main sur les bonbons Gueldebwa de Jean-Roger, d'après les manuscrits qu'il avait retrouvé. Lui, si féru de connaissances, ne pouvait laisser une telle occasion lui filer entre les mains. Il ne savait absolument pas quelles connaissances il pourrait acquérir, ni à quel prix, mais s'il avait une chance de s'approcher d'une vérité, il devait s'en saisir.

Le Zélos s'assit à la table en face de ses deux compères, plongea ses yeux profonds et sombres dans les leurs et contre toute attente, sa voix pourtant rauque se fit douce et discrète.

« Les gens sont vraiment sans-gêne, parfois.
- Quoi ? S'égosilla Léogan, qui l'avait pas vraiment compris le pourquoi du comment,
- Cette femme, qui est au bout de l'allée, ne m'a pas quitté des yeux depuis que je suis revenu des archives. C'est d'un sans-gêne. »

En effet, lorsqu'il avait traversé les rayons, les allées, cette Zélos, plus jeune que lui d'ailleurs, l'avait suivi des yeux avec une certaine insistance qu'il n'aurait su décrire. Elle était somme toute assez charmante, dans une tenue assez capiteuse, il fallait l'avouer ; mais Ehtraïm n'y voyait rien d'autre que de l'impolitesse. Le lorgner du coin de l’œil tout en feignant de lire un ouvrage n'avait que peu de sens ; on venait, à son sens, dans une bibliothèque pour lire, et non pour importuner ses employers, encore moins le gérant en personne. Que voulait-elle, avait-elle un ouvrage à rendre ? Si c'était le cas, le guichet était encore ouvert à l'accueil, et Ethraïm avait fait poser assez d'écriteaux sur les étagères pour que n'ont ne viennent pas l'enquiquiner avec de telles broutilles.
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeLun 12 Mai - 20:49

Léogan était arrivé à Hespéria au petit jour. Il était apparu dans la fumée de l’aube, de la rosée plein les cheveux, sur sa jument dont les sabots épuisés battaient lentement le pavé de la ville, et le givre du matin craquait comme du verre sous son pas. Il ne croisa personne. La ville était figée dans un silence spectral, si bien que l’esprit fatigué de Léogan oublia l’existence de toute l’humanité qui dormait et respirait paisiblement dans les maisons et qu’il s’imagina pendant de longues minutes être seul au monde – avec Ode, qui était heureusement de bien meilleure compagnie que la plupart des hommes.
Il arriva bientôt dans un quartier modeste, devant une maison à la façade blanche et propre, qui avait des volets bleus et un air sage, avec une enseigne en bois qui indiquait le lieu d’exercice d’un médecin. Léogan se laissa tomber lourdement sur le sol, s’avança vers la porte et frappa trois coups brefs. Il patienta quelques instants, en posant sans réfléchir un regard vide sur les autres maisons du quartier, d’allure moins reluisante, voire sinistre dans la lueur faible du matin. Il avait l’impression de déambuler dans un songe.
Une femme au teint mat et aux yeux très clairs lui ouvrit soudain et il sursauta un peu. Elle sourit affectueusement et porta sur le voyageur un regard d’ensemble qui se solda par une petite grimace dépitée. Léogan était blême, sa peau, presque translucide, semblait immatérielle. Ses yeux éteints étaient flanqués de cernes bleuâtres qui le vieillissaient effroyablement, il était débraillé et ses cheveux étaient d’un noir terne et sans éclat. Il ressemblait à un bandit aux abois et sans ressource.
Les lèvres d’Elza se pincèrent sèchement. Cet imbécile passait son temps à se surmener inutilement. Elle attrapa ses longs cheveux bruns, épais et broussailleux dans une de ses mains, et les attacha rapidement, tandis que son beau-frère disait d’un ton plat :

« Salut, Elza.
‒ Léo, répondit-elle, en s’effaçant un peu sur le côté pour lui laisser la place de passer. Entre, et ne fais pas de bruit. Ne réveille pas Ilyan maintenant, il a besoin de dormir avant votre départ.
‒ Ouais, marmonna Léo, trop fatigué pour trouver à répartir comme il convenait à la surprotection massive d’Elza. Il va bien ?
‒ Ca va. Pas de problème majeur en ce moment. Va te reposer un peu dans le salon, insista-t-elle, agacée de ne pas le voir bouger, tu as l’air d’un mort qu’on aurait tiré du caveau.
‒ C’est sûrement pas si éloigné que ça de la réalité, plaisanta-t-il, avec un sourire pâle. Mais je suis juste très fatigué. Tu permets, je m’occupe de ma jument, avant.
‒ Très bien. Je vais t’ouvrir l’écurie, et puis je t’apporte du thé dans le salon. Ethraïm vous attend à la bibliothèque pour dix heures. »

Elle attrapa une clef sur un meuble qui jouxtait l’entrée, sortit énergiquement, suivie par Léogan, et ouvrit sans un mot l’abri qui donnait sur la rue, près de la maison, et qui servait d’écurie au cheval familial et à ceux des invités. Léogan y fit entrer silencieusement Ode et Elza se retira rapidement dans la maison. Il s’était fait à la sécheresse et au caractère efficace et expéditif de l’épouse d’Ilyan – après tout, il était un peu du même bois – et ne fit pas attention à son départ rapide. Elle était certainement partie préparer le thé.
Il brossa machinalement son cheval, lui servit de l’eau et de l’avoine, et lui flatta affectueusement l’encolure, et puis quand il eut fini, il alla retrouver Elza dans la maison.

Le salon des Jézékaël était petit et encombré. Un canapé et un fauteuil en bois brut et garnis de coussins occupaient le centre de la pièce en cernant une petite table couverte de parchemins et de plumes. Des rangées de livres s’alignaient sur le manteau de la cheminée – Histoire de la botanique de Phillyda Augirolle, Les Epidémiques de Dorcas, Les Arcanes très secrets, un Discours sur la couronne de Randolphus, ainsi qu’un compendium de musique – mais la pièce entière était tapissée d’étagères qui croulaient d’ouvrages de droit, de fiction, de médecine, d’art, de philosophie, de physique, d’astrologie, de théologie et de mathématiques.
Elza s’était lovée dans le canapé, encore en chaussettes et enveloppée dans une robe de chambre. Elle était plongée dans un épais et poussiéreux grimoire – les Collections médicales de Llewellyn, dont Ilyan avait dit en rigolant à Léogan que c’était une de ses lectures de lit – et leva les yeux vers son beau-frère, qui alla s’effondrer dans le fauteuil, en la remerciant pour la tasse de thé qu’elle avait posée sur la table.

Ils discutèrent à voix basse de la santé des uns et des autres, jusqu’à ce que Léo se laissât gagner par la somnolence et qu’Elza en revînt à sa lecture. Au bout d’une heure, Ilyan entra dans le salon, en s’annonçant d’une voix claire et joyeuse. Surpris d’y trouver Léogan, il gronda Elza de ne pas l’avoir averti de son arrivée et enlaça chaleureusement son frère. Ils plaisantèrent un peu, Léogan, plein d’une nouvelle allégresse, lui ébouriffa les cheveux et ils s’assirent tous, le sourire aux lèvres. Elza avait posé son ouvrage sur les parchemins accumulés sur la table et, les mains crispées sur les genoux, jetait aux deux frères des coups d’œil furtifs et émoustillés qui ne lui étaient pas habituels. Ilyan passa un bras autour de ses épaules et observa longuement Léogan d’une mine énigmatique et joueuse.

« Il faut qu’on te dise quelque chose, Léo. » dit-il, enfin.

Les deux époux, assis côte à côte sur leur canapé, échangèrent un regard complice et gloussèrent comme des adolescents. Léogan les imita nerveusement, par un petit rictus silencieux, et attendit un moment leur réponse.

« Eh ben alors, qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il, soudain, sous le coup de l’impatience.
‒ Ilyan et moi, on va avoir un bébé.
‒ Elza est enceinte. »

Ils s’esclaffèrent à nouveau et Léo se sentit complètement abasourdi. Tout ce qu’il parvint à prononcer fit grimacer Elza et monter un rire content dans la gorge d’Ilyan :

« Que… Bordel de bon sang, c’est vrai ?
‒ Nous pensions que tu voudrais bien être le parrain, annonça son cadet et son regard pers balaya avec douceur le visage de Léogan.
‒ Que je… Ha, déjà ? s’étouffa-t-il, en buvant une gorgée de thé. Oui ! Oui, bien sûr ! »

Submergé par la joie et la surprise, il éclata de rire à son tour et observa le couple assis dans le canapé avec exaltation. C’était des gens extraordinaires. Léogan avait vécu bien plus d’aventures qu’Ilyan, et il aimait les enfants, il aurait pu en avoir une ribambelle en trois ans d’existence, mais comme dans la plupart des domaines, il avait été en amour inconstant et insaisissable. Ilyan, lui, était un bâtisseur. Il avait une femme qu’il adorait, une maison humble où il aimait revenir, un métier très respectable, il allait être père, et il joignait encore Léogan à ses projets.
Le cœur gonflé d’allégresse, celui-ci bondit de son fauteuil et se jeta dans le canapé entre son frère et sa belle-sœur, qu’il sépara de tout son poids en s’avachissant abusivement sur eux. Elza poussa une fausse protestation, Ilyan ricana et Léogan les embrassa tous les deux dans une position improbable.

« Félicitations, s’exclama-t-il, en regardant son frère, la tête en bas, félicitations, et merci, je suis tellement heureux pour vous.
‒ Tu vas faire un parrain impossible.
‒ Oh, oui, Elza, je ferai de ton enfant un bandit, un détrousseur de chemins aux dents pointues, tu n’en dormiras plus de la nuit ! »

Une tasse de thé vide à la main, bercé dans une joie diffuse par les gazouillements d’Ilyan et d’Elza qui discutaient à qui mieux mieux, Léogan s’assoupit paisiblement dans le canapé.

***

« Quelle femme ? Ah… »

Léogan décolla son nez des cartes de Taulmaril qu’il étudiait depuis une bonne heure et se tourna sans discrétion vers la femme qu’Ethraïm lui avait désignée. Ilyan, de son côté, s’était contenté d’un coup d’œil rapide et d’un sourire narquois, avant de se replonger dans la lecture d’un vieux manuscrit qui vantait les mérites des friandises que leur ami bibliothécaire s’était mis en tête de retrouver.
La perspective avait fait beaucoup rire Léogan quand Ethraïm la lui avait présentée au matin, sérieux comme un pape. Ce vieux fou voulait braver la vigilance du colosse de Taulmaril pour une poignée de bonbons magiques – c’était si délirant qu’il avait accepté le défi, et puis ça lui ferait de l’exercice.
En fait, depuis qu’il était parti d’Hellas et qu’il savait que son frère serait bientôt père de famille, Léogan se sentait d’une hardiesse sauvage et d’une bonne humeur à toute épreuve. Sa fatigue, qui restait dans ses valises sous ses yeux brillants, semblait avoir été balayée par la nouvelle et la petite sieste qu’il s’était accordée et il avait l’impression qu’un tambour déchaîné battait à tout rompre dans sa poitrine.

Pour le moment, le Sindarin adressait un sourire compatissant au Zélos qui avait l’air si troublé par les avances de la dame zélos qui prétendait lire en déambulant dans les rayons d’une démarche chaloupée. C’était une belle femme. Elle avait des traits rudes et un peu masculins, mais son corps était un océan de courbes pleines et gracieuses qu’on observait rarement chez les autres espèces. Ses yeux étaient gris et joueurs entre quelques mèches noires qui se rebellaient sur son visage, et cherchaient par tous les moyens à croiser ceux du bibliothécaire, dont la musculature imposante charmait encore les cœurs apparemment. Léogan laissa échapper un petit rire étouffé.

« Mais ce n’est pas qu’elle te fixe, mon vieux, elle te fait de l’œil, c’est pas pareil… annonça Léogan à Ethraïm, en s’avachissant avec amusement sur sa chaise. Même si je te l’accorde, c’est surprenant. Elle a des goûts particuliers, railla-t-il, sans méchanceté.
‒ Tu es peut-être un peu vieux pour elle, ajouta modérément Ilyan, sans lever les yeux de son manuscrit.
‒ On s’en fiche, de ça. »

La bonne humeur de Léogan n’était pas forcément appréciable pour son entourage, en particulier pour Ethraïm qu’il aimait chahuter dès qu’il se sentait assez de gouaille pour le faire. Les deux hommes, à leur rencontre, s’étaient appréciés pour la discrétion dont ils faisaient preuve, leur mutisme et leur détestation commune du bavardage. De fil en aiguille, Léogan avait trouvé chez Ethraïm d’autres qualités qui l’avaient conduit à le fréquenter comme un ami – sa bienveillance, sa force de caractère et sa manière particulière de faire taire les importuns (ils avaient tous deux été par de nombreuses fois les héros triomphants de bagarres dans les tavernes et sur les chemins).
Mais il s’était surtout avéré qu’Ethraïm était un compagnon mille fois plus acariâtre et plus introverti que Léogan et celui-ci trouvait un certain plaisir à se jouer de lui, en particulier quand il s’agissait de le sortir de ses nombreux complexes.

« Bref, elle attend juste que tu lui rendes son regard. Hm, c’est ça, elle attend que tu lui offres un regard sombre, brûlant, tout en velours, lui préconisa-t-il, en s’accoudant devant le Zélos d’un air faussement sérieux. Un regard séduisant. Si jamais tu en es capable, bien sûr, conclut-il, en baissant la tête d’un air de défi.
‒ Et voilà, c’est reparti. »

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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeLun 26 Mai - 20:37


Dans certains cas, certaines personnes ne peuventt absolument pas présager que leur être puisse se révéler être l'objet de quelque chose, que ce soit par modestie, par mégarde, par ignorance de l'autre, ou même par une sorte d'ingénuité qui ne les rend pas réceptif à des événements pourtant patents qui se déroulent autour d'eux voire devant leurs yeux. C'était le cas d'Ethraïm au sujet de l'amour passionnel ; il avait perdu cette notion depuis fort longtemps déjà sans vraiment s'en rendre compte. Car contrairement à ce que l'on pouvait croire, fut un temps où Ethraïm n'était pas bougon, où il était jeune et ardent et pouvait s'enticher d'une jeune femme. Il y a bien longtemps à présent, certes.

Après avoir répondu à son vieil ami ; Ethraïm essaya de se concentrer de nouveau sur son plan, sur ses plans, comme si l'épisode de la Zélos était une affaire que la cinglante réplique du bibliothécaire avait déjà reléguée au rang d'archives, une affaire classée. Ce n'est que lorsque Léogan étouffa un rire sans aucune retenue, que celui-ci releva la tête et prêta attention à ses paroles. Quoi ? Lui ? Lui faire de l’œil ? Le Zélos se redressa, roide comme un monolithe, dans un amalgame d'air totalement déconfis et stoïque, les yeux simultanément sombres et incompréhensifs, un éclair de ténèbres avait parcouru ses prunelles.

Ne réalisant qu'approximativement la situation, il voulut répondre à son ami, mais Ilyan le devança. La remarque concernant son âge le froiça un tantinet, non pas qu'il eut quelques espérances sur sa jeunesse passée, mais Ehtraïm était encore très bien conservé, et le temps n'avait pas encore marqué ses traits d'une façon trop pressante ; il ne voulait pas se penser comme un vieillard sénile, condamné à rester dans sa bibliothèque, à se déplacer avec un appui (qu'il possédait, certes, mais c'est pour les grandes routes, et pour tromper l’œil des voyageurs, se complaisait-il à dire), Ethraïm avait encore besoin d'aventures. Suite aux réflexions des deux frères, il rumina un charabia étriqué compréhensible par lui seul tout en se retenant de mettre un bonne droite à Léo (ce qu'il ne faisait pas en public). A noter aussi qu'il n'aurait jamais osé en mettre une à Ilyan, quoiqu'il puisse dire, c'était une notion de caractères, sans doute.

Ignorant tous les propos de l'aîné des deux Sindarins, Ethraïm se replongea dans ses recherches mais n'eut le temps d'y mettre la tête qu'une fraction de seconde avant que Léo ne ressorte une ineptie. Sa bonne humeur pouvait vraiment s'avérer massacrante des fois, davantage que ses coups de blues.

Un regard séduisant ? C'était quoi cette foutaise encore. Ethaïm n'avait pas touché aux choses de l'amour depuis bientôt deux-cents ans et n'y avait pas même pensé ou réfléchi. Cela n'avait plus ou pas d'intérêts pour lui. Que pouvait-il en tirer aujourd'hui ? Pas grand chose. Mais les choses de l'amour étaient sérieuses dans les conversations masculines, et y manquer ulcérait quelque peu son égo. Pourtant Léo devait s'en douter, la vie sexuelle d'Ehtraïm n'était pas des plus exaltées et des plus frénétiques. Malgré tout cela, par égo et/ou par réponse à la bêtise de Léo, il le regarda droit dans les yeux et pointa son visage du doigt en lui demandant :

‒ « Tu dis brûlant, quelque chose comme ça ? »

Son visage forma un rictus neutre, qui se voulait charmeur. Ilyan se tourna face à lui et avec une mine attristée lui répondit un « non » assez sec mais des plus sincères. Ehtraïm réfléchit un instant et essaya de nouveau, un sourcil légèrement relevé, la tête doucement prosterné.

‒ « Comme cela ? »

D'un air contrit, le cadet des Sindarins remua de la tête à la négative :

‒ « Peut-être davantage heureux ? » répondit-il en relevant le creux de sa bouche avec son index pour signifier le sourire.

Le Zélos s'essaya à l'exercice, avec effort il releva ses joues qui n'avaient absolument pas l'habitude d'être ainsi maltraitées. L'effet fut immédiat, Ilyan sursauta de peur, hoquetant un « Non ! » sonore. Ehtraïm laissa un soupire s'échapper d'entre ses dents, n'osant toujours pas se retourner vers la belle Zélos qui le regardait toujours, changeant de jambes d'appui pour sa lecture, laissant ainsi ses délicieuses courbes et son délicat coup de rein à vue.
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeSam 7 Juin - 2:03

Il n’y avait rien de moins humainement opposé à la fierté que la honte – elle en était très souvent la source, et le spectacle de ce pauvre Ethraïm qui se débattait entre son embarras d’ermite misanthrope et son amour-propre en lambeaux avait quelque chose de troublant. C’était en tout cas ce que disait Ilyan, en observant le Zélos par-dessus son épais grimoire, alors qu’il tentait d’établir un itinéraire sans prêter trop attention aux pitreries de ces deux zouaves.
Quant à Léogan, il y avait bien longtemps qu’il s’était décidé à ne plus prendre de pincettes avec Ethraïm – ce qui lui valait régulièrement quelques coups de poing et quelques balayages de bâton bien sentis de sa part, mais il s’en accommodait bien, c’était pour la bonne cause. Il éprouvait une joie espiègle à voir le bibliothécaire sortir avec incompréhension de sa carapace, comme une vieille tortue désintéressée du monde qu’on force à s’éveiller.
Il se laissait encore embarquer si facilement dans ce genre de petites provocations gouailleuses qui ne voulaient rien dire, et avec un tel sérieux, grands dieux ! – c’était cocasse, mais peut-être un peu tragique au fond.
Tout cela, ce n’était que des exercices et des tests. Léo espérait qu’un jour viendrait où son ami finirait par prendre tout cet asticotage pour ce qu’il était, un ensemble hétéroclite de plaisanteries légères. Ce jour-là, il saurait que la honte du vieux Zélos se serait muée en une humilité véritable et qu’alors, il pourrait à raison se dire sage. Mais à l’évidence, il y avait encore du chemin à faire.

Léogan regardait rêveusement Ethraïm tenter de remuer tous ses muscles faciaux pour produire un semblant d’œillade, tandis qu’Ilyan cherchait tristement à lui faire comprendre qu’il fallait peut-être pour l’occasion élargir son panel d’expressions habituelles – entre neutralité absolue, froideur et mécontentement, il y avait pourtant place pour un monde insoupçonné de nuances.
La gymnastique un peu dérisoire du bibliothécaire s’acheva par une tentative extraordinaire de sourire, qui revenait à peu près à remonter le coin de ses lèvres jusqu’aux oreilles en exhibant sa large dentition et en laissant le reste de son visage à l’abri de la moindre expression de gaieté ou d’enthousiasme. Ilyan sursauta, Léogan grimaça et se retint à grand peine de rire.
Une expression de malice flotta sur ses lèvres, tandis qu’il jetait un coup d’œil rapide et appréciateur sur la belle dame, qui s’évertuait à leur montrer en spectacle le galbe de sa superbe anatomie. Puis il se retourna vers Ethraïm et soupira, d’un ton légèrement compatissant :

« Oui, c’est pire. »

Il fit mine de réfléchir, en s’adossant à sa chaise et en commençant doucement à se balancer d’avant en arrière, dans un équilibre assez précaire.

« Quand je te parle d’un regard ténébreux et séduisant, ça n’a rien à voir avec ce regard ténébreux-là, le rabroua-t-il. Qu’est-ce que tu veux lui faire comprendre, à cette fille, comme ça ? ‘Eh, j’ai bien envie de massacrer toute ta famille aujourd’hui… Avec une hache à deux mains, peut-être.’ ajouta-t-il, d’un ton moqueur. Tu comptes l’inviter à boire un verre, après ça, Casanova ? »
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeMer 18 Juin - 18:58

Ce n'est pas qu'Ethraïm était un Zélos des plus exubérants et des plus physiquement engageants, il est vrai, mais une fois que l'on avait percé l'épaisse carapace qu'il revêtait en permanence, que l'on s'était un peu intéressé à ce qu'il y avait derrière ce physique de géant, que l'on faisait, enfin, partie de ses rares proches à qui il faisait confiance et à qui il offrait une amitié presque paternelle et sans limite, on pouvait le voir esquisser un semblant de sociabilité, d'écoute, quasiment de facéties qui lui permettait d'entrer dans une phase d'innocence et de sincérité presque enfantine qui non seulement lui faisait oublier toutes ses prérogatives livresques mais aussi de se prendre à n'importe quel jeu, celui de Léogan en l’occurrence : c'étaient cette sincérité et cette confiance en ses proches qui arrivaient à transcender le Zélos bourru, aussi rigide et raidi que la couverture d'un vieux grimoire que l'on n'avait pas ouvert depuis des décennies. C'est pourquoi il se prenait simplement au jeu, sans a priori, sans autre limite que son amitié. Certes il ne le faisait pas sans ronchonner, sans paraître de mauvaise humaine ni sans bougonner de temps à autre, mais on ne change pas un Zélos qui vieillit ; il n'avait pas besoin de plus ; et même si cela pouvait venir ternir sa potentielle vision de 'sage', il n'en aurait que faire, car c'était dans l'amitié qu'il s'était furtivement recomposé une famille.

Suite à toutes les tentatives d'Ethraïm de satisfaire Ilyan, et par la même occasion de réussir à sourire, aussi bien pour le défi extravagant de Léo que pour paraître aimable aux yeux des gens qu'il appréciait -car oui, les gens qu'il n'appréciait pas, peu lui importait la tête inexpressive qu'il avait-, Léogan arriva tout de même à grimacer avec un court et sournois « Oui, c'est pire », accompagné d'une certaine malice qui lui était habituelle. Le Zélos lui lança un regard noir, déjà assombri par ses arcades sourcilières hautes et quelque peu proéminentes. Quand au sursaut d'Ilyan, il n'aurait jamais pu penser lui faire peur, eux qui se côtoient assez fréquemment, et c'est presque avec peine qu'il remarqua à quel point il pouvait être un vrai manche en matières sociales.

En parlant de matières sociales, il fallait bien l'avouer, sa constitution naturelle de Zélos ne l'aidait absolument pas. Un Zélos de composition 'normale' était déjà difficilement apprécié par le regard des autres, mais quand le Zélos en question est plus grand et d'une constitution forte et massive, cela n'aide pas du tout. Quand Ethraïm marchait dans la rue, peu de gens restait près de lui ; certains voisins s'étaient faits certes au Bibliothécaire et n'avait plus aucune appréhension, mais subsistait une atmosphère de crainte quant à cette force quasi-bestiale que possédait un Zélos. De plus, sa couleur perse, au milieu des autres races, restait anodine, et le summum demeurait sa dentition surmontée de larges canines... C'était d'ailleurs un point sensible pour lui, mais nombreux s'abstenait de commentaires.

Il écouta les paroles de Léo avec un certain agacement intérieur qu'Ilyan présentation sans aucun doute. Le Zélos bougonna à en répétant à plusieurs reprises des mots précis :

- « Ténébreux... Ténébreux... Hache... Casanova... J'vais t'en donner moi du massacre... »

Il se leva soudainement, comme si cette déclaration l'avait transcendé, soit sous l'effet de l'énervement, soit sous la hardiesse qu'avait fait naître la mauvaise blague de Léo ; il regarde quelque seconde Léo droit dans les yeux puis se dirigea directement vers la jeune femme, celle-ci sembla surprise, mais un sourire naquit sur ses lèvres. D'un seul geste et de quelques mots bas, Ethraïm l'invita à s'enfoncer derrière une étagère de livres -pour se camoufler du regard fureteur du Sindarin...

Quelques minutes pesantes s'écoulèrent, puis le colosse d'Amaryl ressortit du rayon d'une démarche sûre et cadencée, il s'assit de nouveau à sa place, prit délicatement les plans qu'il était en train d'examiner il y a un moment. Il posa ses yeux sur ceux de Léo, ils brillaient à leur tour de malice, et un sourire naquit finalement sur ses lèvres épaisses, cyniques et carnacier, au moins, celui-ci, il savait le faire avec effet. Il se reconcentra et s'enquit de reprendre la conversation, comme s'il allait taper sur la table avec entrain, mais il se retint pour ne pas remuer le calme de la bibliothèque.

- « Bien ! On en était où ? Dans tous les cas, à cheval, il nous faut deux bonnes heures pour arriver à Taulmaril ! Après, d'après les textes écrits qui ont été conservés, il faudrait retrouver dans les ruines le laboratoire du Mage, ce serait un bon début ; au mieux, on trouve là les bonbons, sinon tant pis, il pourrait peut-être y avoir des indications sur un autre endroit, et dans le meilleur des cas, les deux ! Le labo se trouverait dans la partie Est de la ville. Bon, autre souci, c'est le Colosse de Taulmaril... La ville est gigantesque, il faudra essayer de l'éviter au possible. Qu'il ne nous voit pas du tout serait la meilleure solution. Vous avez des suggestions ?»

Ethraïm posa son regard alternativement sur ses deux amis, on sentait l'air de l'aventure lui gonfler les narines. Malgré son âge, il avait encore soif de péripéties, et on voyait briller dans ses yeux une envie irrésistible de bonbons...
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeLun 23 Juin - 13:13

Au moment où Ethraïm se leva pour rejoindre sa belle, Léogan voulut se redresser pour le suivre d’un regard franchement fureteur mais Ilyan l’en dissuada d’un grand coup de grimoire derrière le crâne. Il se rassit alors et se massa douloureusement la nuque, en jetant quelques coups d’œil curieux sur l’étagère garnie d’ouvrages derrière laquelle les deux Zélos s’étaient dissimulés. Il se balança d’avant en arrière sur sa chaise, pianota fébrilement sur la table, soupira une ou deux fois et puis se lassa tout à coup d’attendre. Puisqu’il était chargé de définir un itinéraire, il se replongea dans la contemplation de ses cartes, dont la remarque impromptue d’Ethraïm l’avait distrait, mais il se sentait incapable de tenir en place ; il avait toujours un pied qui battait contre quelque chose, une main qui s’ouvrait et se fermait avec impatience. Ce n’était pas qu’il avait en horreur les bibliothèques, mais décidément, il ne s’y sentait pas à sa place, comme dans à peu près tous les lieux clos, pleins de gens studieux et silencieux – c’était nerveux.
Il observait Ilyan à la dérobée et admirait l’air curieux et intelligent qu’il avait sur le visage, tandis qu’il finissait de déchiffrer et de traduire les notes du mage rédigées en vieux taulmaril. Parfois, il relevait la tête et s’accoudait sur la table d’un air rêveur, le regard dans le vague, un sourire sur les lèvres, et Léogan s’imaginait quelles pouvaient être ses pensées – la campagne qu’ils allaient traverser à bride battue, la violence de la chevauchée, cet air vivifiant qu’il n’avait pas respiré depuis si longtemps, le visage brun d’Elza et ses beaux yeux gris, les rénovations qu’ils devraient réaliser dans leur petite maison, les noms qu’il pourrait donner à son enfant…

« Tu l’appellerais comment ? demanda Léogan, tout à coup.
‒ Je ne sais pas… répondit naturellement Ilyan, comme si l’intervention de son frère suivait le cours de ses pensées. Aiden ? Dorian ? Wintrow ? Ephron, peut-être ?
‒ Ephron ? répéta Léogan en grimaçant, avec l’exacte expression d’un type qui aurait trouvé un rat mort sur son pallier. Non, ça sonne pas bien du tout, ça pue. On dirait un mélange…peu heureux entre « étron » et « Daeron », non, je t’en prie…
‒ Ma foi, oui, tu as raison ! s’étouffa Ilyan, qui s’étonna, puis ricana avec dégoût. C’est ignoble, comment j’ai pu envisager ce choix ?
‒ Non, mais c’est juste une bête association d’idées, c’est tout moi, balaya Léo d’un ton léger. Mais, quoi, tu veux absolument que ce soit un garçon ?
‒ Non, ce n’est pas la question, en fait, une cartomancienne nous a assuré que ce serait une fille.
‒ Tu fréquentes des cartomanciennes, toi ?
‒ Tu rigoles, non, non, haha, c’était juste une bohémienne que nous avons croisée avec Elza, dans la rue.
‒ Tu devrais être un peu plus indulgent avec les bohémiens, Ily’, rappelle toi un peu Argyrei… murmura Léo, en esquissant un sourire narquois et faisant tourner son doigt pour faire remonter quelques images d’une aventure hasardeuse qu’ils avaient menée là-bas.
‒ Oh je me souviens parfaitement de ce coup-là, et c’est sûrement pour ça que je ne suis d’aucune indulgence ! » s’esclaffa Ilyan.

Les deux frères étouffèrent ensemble quelques rires nostalgiques, comme deux gosses complices au souvenir d’une vieille farce – ce qui n’était pas si éloigné de la réalité – et ils se replongèrent dans leurs études respectives, en échangeant parfois un regard amusé et en laissant échapper de temps à autre un ricanement erratique.  
Léogan parvint à se concentrer quelques secondes ça et là, tout en pensant paresseusement que les deux archivistes étaient trop méthodiques par bien des égards, et qu’il n’y avait rien de nécessaire à préétablir un itinéraire – après tout, il n’y a que les routes qui sont belles, peu importe où elles mènent – et il s’arrangeait discrètement pour marquer des chemins qu’il n’avait pas encore traversés, sans se soucier des longueurs que son caprice occasionnerait sur leur trajet.

Il fut surpris dans son sabotage par Ethraïm qui s’assit brutalement sur sa chaise et le fit sursauter comme un garnement pris sur le fait. Il y avait sur la figure du bibliothécaire un rictus de satisfaction, garni de grandes dents pointues, que Léo et Ilyan lui connaissaient bien et dont ils reconnaissaient le trait moqueur, quoi qu’il fût d’une rareté remarquable et que la plupart des gens l’eussent pris pour une incitation sauvage au sauve-qui-peut. Parmi les Zélos, Ethraïm n’était certainement pas le plus gâté, mais il fallait admettre qu’il ne faisait pas beaucoup d’efforts en temps normal pour faire bonne figure – c’était dans son caractère – malgré tout, son panel d’expressions, excessivement restreint, n’avait plus aucun secret pour les frères Jézékaël, qui le regardaient avec la même habitude positive ou indifférente qu’on a face à un Terran ou à quelque créature que l’arbitraire humain ne juge pas repoussante. Léo pensait qu’avec un peu d’efforts, ce bibliothécaire grincheux saurait sourire aux dames comme autrefois – car il en avait été capable ! – et il avait de son côté presque totalement perdu de vue la taille de ses canines, son teint inhabituel, son âge, ainsi que sa forte stature – autant de détails de sa physionomie qu’Ethraïm avait bien du mal à supporter lui-même. Pour Ilyan, qui trouvait ces petits jeux avec la sensibilité du Zélos légèrement maladroits, il se sentait encore coupable d’avoir tressailli tout à l’heure et s’était contenté de lever un regard d’excuse vers son ami, qu’il n’avait pas cru, depuis le temps, capable d’une telle expression de bestialité. Et dire qu’elle n’était pas intentionnelle le peinait secrètement.

Léogan avait croisé ses mains sur ses cartes et donnait des coups d’œil appuyés à l’endroit où la dame avait disparue avec le bibliothécaire, puis à Ethraïm lui-même, qui prenait un malin plaisir à parler très sérieusement de leur expédition future, tandis qu’il dardait sur leur cartographe de fortune un regard plein de sournoiserie. Ilyan, quant à lui, écouta attentivement ses recommandations et hocha la tête d’un air pensif.
Mais quand il réalisa pleinement les dispositions de son vieil ami, Léogan plissa les yeux, esquissa un rictus entendu, pointa un doigt accusateur sur lui et murmura :

« Ohhh, comme c’est vilain… C’est petit, ça, Eth’, c’est mesquin, et…
‒ On s’en fiche, Léo, je t’en prie ! » l’interrompit Ilyan, qui commençait à en avoir assez de toutes ces bêtises, et qui s’apprêtait à compléter le bilan d’Ethraïm. Il soupira. « J’ai croisé des informations, et j’ai situé exactement le laboratoire en question, ici. Mais d’après les notes du mage…
‒ Qu’est-ce que vous êtes allés faire dans votre coin, là-bas ? Tu l’as invitée à boire un verre ? s’enquit Léogan, avec espièglerie. Ca a marché ?
D’après les notes du mage, insista Ilyan, en faisant peser un regard noir sur son frère, il ne voulait pas qu’on mette la main sur son travail, il est même probable qu’il ait voulu s’en débarrasser. Mais j’y ai lu aussi qu’il avait un rival, un autre sorcier, dont la réputation n’a rien à lui envier – si j’ai bien compris, ils passaient leur temps à se mettre des bâtons dans les roues – il est possible qu’on trouve chez lui des renseignements, et j’imagine que…
‒ Ou alors tu l’as simplement envoyée balader, mais ce ne serait pas très courtois, tu le sais bien, ça, vieux frère.
‒ …ce rival aurait pu s’intéresser de très près à ses découvertes. Par Ténéis, j’aurais tout vu, c’est toi qui parles de courtoisie !
‒ Et il lui aurait volé tous ses bonbons magiques… La canaille ! s’exclama Léo, avec une envolée satirique, le poing serré d’indignation.
‒ Mais c’est pénible à la fin !
‒ Je ne te le fais pas dire, mais… De la part de deux mages véreux, ça n’a rien d’étonnant.
‒ Oh et puis, peu importe… lança Ilyan, en se rabattant avec agacement sur son manuscrit poussiéreux.
‒ Pour le colosse de Taulmaril, il ne devrait pas être très difficile à éviter, ça doit s’voir venir de loin, ce machin là. Et puis j’ai repéré une entrée, côté Nord, là, vous voyez ? C’est pas évident comme ça, et sûrement qu’on fera un peu d’escalade, mais ça fera l’affaire. Cela dit, soupira Léogan, en posant son menton dans le creux de sa main, c’est un mystère de la nature et des dieux que j’aimerais pouvoir observer une fois dans ma vie…
‒ Ce serait de la folie furieuse, coupa Ilyan d’un ton catégorique. Vous savez qu’on suppose son réveil lié à l’apparition de la sarnahroa ? Si jamais on a le moindre contact physique avec lui…
‒ Je ne parle pas d’aller lui coller une baffe dans la mouille, Ilyan, je ne suis pas complétement cinglé non plus. Je voudrais simplement y jeter un coup d’œil. Discrètement. T’en penses quoi, Ethraïm ? » demanda Léogan en se tournant vers le vieux Zélos d’un air curieusement raisonnable.


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Mer 10 Sep - 2:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeSam 12 Juil - 17:38


- « On ne t'a jamais dit qu'il était malpoli de pointer quelqu'un du doigt, jeune effronté. » déclara Eth' avec un air totalement détaché tout en hocha la tête aux dires d'Ilyan comme en ignorant Léo pour le frustrer intentionnellement. A priori cela fonctionna puisqu'il continua à lui poser des questions. Cela amusa le bibliothécaire, mais quel curieux il faisait, vraiment, Eth savait qu'il n'était pas de première fraîcheur quant aux relations, et surtout aux relations 'amoureuses'. Il préféra éluder encore une fois, suivant les propos du futur père avec intérêt.

Attisé tout de même par les remarques du Sindarin, il se permit une réponse en chuchotant et en tendant son cou puissant vers lui :

- « Je sais ne pas être quelqu'un de très commode, et même sans beaucoup de tact, pourtant la courtoisie et le respect, cela devrait pouvoir se faire.  »

Quand Léo se permit sa plaisanterie sur le second mage, le connaissant, Ethraïm savait pertinemment qu'il avait atteint le point critique où il ne pouvait plus tenir sur sa chaise. Il était comme un gosse hyperactif, le mettre sur une chaise plus de cinq minutes, et il allait crier au monde qu'il était claustrophobe et qu'il lui faisait sortir au plus vite, sous peine de mourir de léthargie, vite, vite, de l'air !

Au questionnement de Léogan, l'archiviste le regarda tout d'abord en arborant un air impassible, comme s'il tombait sous le sens qu'il ne fallait absolument pas s'approcher d'une telle plaie du monde surgi des tréfonds de la terre, mais dans son immense panel d'expression, un petit sourire vicelard accompagné d'un imperceptible froncement de sourcils et d'un léger plissement de ses yeux auraient pu faire penser à un félin sournois, attisé par une curiosité nouvelle qui se promenait dans son champs de vision. (En l’occurrence, le félin en question devait sûrement s'apparenter à un tigre à dents de sabre.) Avec une voix des plus sérieuse et des plus stoïques, il prononça ces mots, mais l'on pouvait voir sourdre une ancienne étincelle d'aventurier qui vacillait déjà dans ses yeux :

- « Oui après tout nous ne sommes pas obligés de nous en approcher de près, mais l'entrevoir, jeter un coup d'oeil comme dit Léo... Je l'ai déjà vu de très loin, depuis les collines qui bordent le flan Est de la ville... Mais de près ça doit être autre chose en effet...  »

Ethraïm, dans sa joie intérieur, croisa le regard d'Ilyan qui avait l'air abattu devant une telle réaction, il avait déjà du mal à canaliser son frère, alors si en plus quelqu'un venait l'inciter dans ses témérités, c'était vraiment la fin.

- « Bon, maintenant que le plus gros est fait, je vous propose de préparer nos affaires, de prendre nos chevaux et de nous mettre en route ! Je passe devant chez toi dans une bonne demi-heure, soyez prêts ! » annonça-t-il finalement à Ilyan, presque avec une certaine dose d'impatience dans la voix.

☲☲☲☲☲☲☲☲☲

Pour préparer ses affaires, comme il l'avait dit, Ethraïm était rentré chez lui, nonchalamment, comme à son habitude quasiment, dans une sorte de routine épuisante ; c'était à ces moments là qu'il était heureux de reprendre son sac et de partir avec les frères Jézékaël, pas seulement par curiosité et par goût de l'aventure, mais pour se couper de ses habitudes. Il le savait, il se faisait vieux, il n'était pas sur la bonne pente et loin de là, tout n'allait plus qu'en se dégradant. Il n'oserait sans doute jamais le lui avouer, mais au fond de lui il remerciait Léo pour l'enfant gâté qu'il était, pour sa bonne humeur et ses plaisanteries, c'étaient des bouffées d'air, parfois amères sans doute, mais des bouffées d'air dont il pouvait emplir ses poumons comme un navire pouvait gonfler sa voile d'un vent amène et favorable : pour avancer et oublier la stagnation. Il répugnait à la stagnation dans laquelle il s'engonçait.

Il entra chez lui, c'était une maison assez grande, non loin de son lieu de travail. Un silence de mort planait entre les épais murs, c'est avec une certaine lassitude qu'il s'avança dans le couloir pour rejoindre la pièce de vie où il avait laissé un sac, déjà prêt avec le nécessaire de l'expédition, à savoir du matériel pour surmonter les ruines de Taulmaril, quelques outils, une carte, de la nourriture ainsi qu'une bouteille d'un bon alcool local âgé maintenant qu'il n’hésiterait pas à proposer à Léo et à son frère au besoin au coin d'un feu, ils ne refuseraient sans doute pas, et ça leur ferait plaisir ; il s'en réjouissait d'avance. Il pensa au même moment à l'état de santé d'Ilyan, et même à une conversation récente qu'il avait eu avec la femme de celui-ci, elle ne voyait jamais d'un très bon œil qu'il s'en aille à l'aventure ainsi, avec un frère déluré et un archiviste austère. Mais Ethraïm avait discuté avec elle de cette expédition, et le Zélos lui avait soutenu que, comme à son habitude, il prendrait soin d'Ilyan, le surveillerait, il avait fallu cela de toute façon, et même sans les conseils de celle-ci, il l'aurait fait tant il tenait Ilyan. Ils se voyaient fréquemment à la bibliothèque, discutaient de nombreuses heures de tout et n'importe quoi, et bien qu'Ethraïm en soit paresseusement écarté, ils discutaient de politique.

Pour perdre un peu de temps, car il savait qu'Ilyan et Léo en avaient besoin bien plus que lui, il déambula un moment dans sa demeure, dans son impressionnante bibliothèque privée, il ne savait pourquoi, il sentait à quel point sa vie aujourd'hui était terne : il y a bien des années, il avait parcouru la majorité des terres explorables, aujourd'hui, et depuis peu, il s'était installé à Hespéria, en tant que bibliothécaire des Lumières, un titre émérite à coup sûr, qui lui valait beaucoup de travail, mais une routine s'y était déjà installée... D'ailleurs, ces derniers temps, à beaucoup entendre Ilyan parler de politique, de la stigmatisation incohérente de Timothée et de la main mise de la corruption et de la manipulation, il se demandait s'il pouvait trouver un certain entrain dans ce domaine, pour pouvoir avoir un impact sur les choses, la société, avant qu'il ne fut trop vieux pour se dire qu'il n'ait rien fait de sa vie, hormis acquérir des connaissances, afin qu'elles servent un tant soit peu.
Une seule chose aurait pu le rebuter, bien que les gens le connaissent de noms, peu l'avait vraiment vu : certains devaient le considérer avec crainte, d'autres avec dédain, que pouvait faire un Zélos, cette race malpropre et malfamée, si ce n'est au mieux, avec indifférence. Et niveau charisme, notamment physique, on faisait mieux comme orateur ou rhéteur, bien qu'il en ait certainement les qualités ; ce n'était pas avec sa voix profonde et caverneuse qui allait enjôler les foules, et encore moins avec une telle paire de canines. Boarf, se berçait-il peut-être d'illusion, se disait-il, peut-être était-ce juste une chimère qu'il explorait pour éventuellement échapper à sa propre stagnation. Cela faisait longtemps qu'il ne se sentait plus vivre, qu'il avait renoncé à beaucoup de choses. Était-ce juste un égarement puéril pour se cacher d'une vérité qu'il abhorrait et qu'il voulait se cacher. Arf, était-il peut-être trop vieux pour ces conneries, trop vieux aussi pour changer maintenant.

Après ce temps de réflexion qui le taraudait à même la poitrine, il soupira profondément, priant presque qu'un quelconque Dieu écoute ta prière, il alla se saisir de son bardât et quitta sa demeure avec hâte pour vouloir rejoindre ses deux chers amis. Eux lui faisaient oublier sa routine. Ils ne savaient pas s'ils en avaient confiance, mais ils lui étaient précieux, cela pouvaient sembler égoïste pour un colosse tel qu'Ethraïm, et il ne savait pas s'il s'agissait vraiment d'égoïsme, mais même derrière une telle stature, on pouvait être friable, se décomposer. Que serait-il, sans eux, sans ses amis, il n'aurait plus rien à quoi s'attacher. Ces contemplations d'âme ne lui arrivaient que rarement et ne lui ressemblait pas ainsi dire pas du tout : depuis deux siècles il avait vécu comme un roc, solide, indivisible, stoïque et immuable, pourtant depuis sa sédentarisation à Hespéria, beaucoup de choses avaient changé. Il ne sait si cela s'était vu autour de lui, il ne pensait pas, sa carapace de Zélos et son apathie résignée l'avait sans doute fait pour lui sans qu'il le veuille. Peut-être la demande qu'il avait faite aux frères Jézékaël, ses propres frères quasiment, était-elle une réponse inespérée pour casser sa routine solitaire entre sa bibliothèque et son chez-lui.

Dans la petite cour intérieur que possédait sa maison, il sella son cheval rapidement, et sans le monter, juste en le saisissant par la bride, il se dirigea vers le foyer d'Ilyan, traversant paisiblement les rues, l'air toujours aussi impavide. Au bout d'un temps, il y parvint, et frappa doucement à la porte d'entrée.  
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeJeu 14 Aoû - 15:57

« Non, je suis désolé, Léo, dans mon souvenir, la direction de Taulmaril, c'est à droite.
‒ Il y a un milliard d'autres routes qui ne se conforment pas nécessairement à ton souvenir, Ily'.
‒ Si j'ai gardé celle-là à l'esprit, c'est qu'elle était la plus rapide.
‒ On n'est pas pressés. Et puis je suis en vacances.
‒ Donne-moi cette carte.
‒ Je suis le navigateur, c'est mon rôle de décider des routes à prendre !
‒ Donne-moi cette carte ! »

Sous le ciel bleu et frais d'Enkilil, les chemins qui menaient à Cebrenia étaient paisibles et ils auraient même été sans histoire si les frères Jézékaël ne les avaient pas choisis pour mettre à rude épreuve la patience du vieux bibliothécaire d'Hespéria, en se chamaillant sur la meilleure manière de conduire leur trajet. Ilyan, que les vieux souvenirs de voyage ne trompaient pas, n'était pas dupe, il s'était bien aperçu que leur excursion prenait des longueurs inhabituelles et avait accusé son frère de les mener en bateau – ce que Léogan avait fini par avouer sans scrupules.
Évidemment, Ilyan n'avait rien contre un peu de vagabondage et il devait même avouer qu'il y avait trop longtemps qu'il n'avait pas mis ses pieds dans des étriers et galopé à bride battue à travers la campagne, mais il ne supportait très mal de ne pas être maître de son chemin et de ne pouvoir rien prévoir de ce qui pourrait survenir.

Il finit par arracher la carte des mains de Léogan et par prendre la tête de leur trio, sur son cheval gris à la robe mouchetée. Il considéra avec son sérieux habituel les marques qu'avait apposées son aîné sur les routes qu'il avait envisagé d'emprunter et, quoi que maintenant bien assuré qu'il y avait eu entourloupe, suivit sans piper mot les sentiers inconnus que Léogan avait soulignés sur la carte.
Son frère eut un sourire narquois et échangea un coup d’œil complice avec Ethraïm. Il ne s'en formalisa pas davantage et en profita plutôt pour jeter sa tête en arrière et pour observer les nuages paresseux qui voguaient vaporeusement dans le ciel.

« Ses cheveux étaient longs et ses bras blancs,
Et libre était-elle, et très belle ;
Et la feuille de tilleul dans le vent
Allait aussi légère qu’elle. »


Les traits fatigués mais l'air enjoué, Léogan sifflait et fredonnait quelques passages d'une longue ballade sindarin qu'il avait apprise autrefois et qui contait le triste destin d'Amroth et de Nimrodel. Il perdait son regard sur les rocs escarpés où serpentait dangereusement leur route, bordée quelquefois par le vide, et la plupart du temps par des landes d'ajoncs et de bruyère qui jaunissaient jusqu'à l'horizon.

« Au pied des chutes de la Nimrodel,
Aux abords de l’eau fraîche et claire,
Sa voix d’argent tombait en cascatelles
Dans le bassin de la rivière. »


Sans vraiment s'occuper de ses deux vieux compagnons, qui ne s'étonnaient pas de sa gaieté musicale de toute façon, il fredonnait aussi les mélodies que les flûtes jouaient habituellement entre chaque couplet, des phrases lentes et modulées qui sonnaient avec sensibilité, qui palpitaient et pétillaient de lumière dans un grand courant de mélancolie.

« Nul ne sait où elle erre maintenant,
Dans le soleil ou dans les ombres ;
Nimrodel fut perdue il y a longtemps
Et dans les monts sa trace sombre. »


Sa voix grave se perdit dans de très basses fréquences et ses sourcils se froncèrent ombrageusement, alors qu'il méditait avec souci sur ce dernier quatrain. Il cessa tout à fait de fredonner, sans s'en rendre compte, et la musique continua de tournoyer en lui-même, ne lui échappant parfois que par de faibles sifflements.

Le temps passait et les reliefs couverts de bruyères devenaient chaque minute plus escarpés et plus sinueux, alors que les remparts en ruine de la vieille cité finissaient par apparaître à l'horizon – aux yeux des deux Sindarins en tout cas : il n'était pas certain que la vue du vieux Zélos fût assez bonne pour lui offrir déjà ce spectacle désolé. Les arbres, déjà rares dans la lande, se raréfiaient plus encore à l'approche de Taulmaril, la bruyère devenait sèche et les rocs centenaires se hissaient péniblement les uns sur les autres, jusqu'à se confondre parfois au loin avec les débris froids des murailles.
Ilyan contemplait ce spectacle avec gravité et Léogan, de son côté, avait passé sa main en visière pour satisfaire sa curiosité et trouver peut-être une déformation rocheuse incongrue qui aurait pu s'assimiler au géant endormi de Taulmaril.

Il lui fallut quelques longues minutes d'observation intriguée avant de se résigner à la déception, et bientôt, les trois voyageurs longèrent un escarpement massif, qui avait dû être crénelé autrefois, et parcouru de patrouilles qui, de là-haut, avaient pu surveiller la lande à des lieues et des lieues de distance. Ilyan s'arrêta finalement à l'ombre d'une déliquescence rocheuse, dont la forme faisait vaguement penser à une immense tour de garde, et il se tourna vers ses deux compagnons de route d'un air soucieux.

« C'est bizarre, avança-t-il, en passant une main dans ses boucles noires, tandis que ses yeux pers allaient d'Ethraïm à Léogan avec incrédulité, l'entrée de la ville est censée se situer ici. »

Son aîné fronça des sourcils et considéra le pan immense de la muraille qui s'étendait du nord au sud, sans ouvrir la moindre brèche praticable. Un corbeau croassait sinistrement en planant au-dessus de leurs têtes, dans le silence lourd et moite qui oppressait les ruines blanches de la cité. Léogan lui adressa un regard hostile alors qu'il se posait avec un son rauque sur la tour de garde, et lui rendait avec férocité son coup d’œil perçant.

« Tu dois te tromper, Ilyan, lança-t-il, le visage toujours levé avec défiance vers le volatile, ce n'est pas possi... »

Ses yeux s'écarquillèrent tout à coup, et l'oiseau poussa une trille particulièrement discordante, qui résonna autour d'eux dans des éclats aigus. Ses pattes s'étaient transformées en pierre et la roche grimpait à une vitesse effarante sur son plumage, qu'elle emprisonnait à mesure. Ode, la jument de Léogan, poussa un hennissement effrayé, et la terre s'ébranla brutalement sous ses sabots.
Le cadavre pierreux du corbeau s'écroula contre la tour de garde, s'y cogna et s'y fracassa sourdement, avant de tomber aux pieds des trois montures et de leurs cavaliers. La tour venait d'être parcourue d'un long frisson.
Léogan, alarmé, tira les brides d'Ode en arrière et la fit reculer, invitant les deux archivistes à l'imiter prestement, alors que le roc massif qu'il avait d'abord pris pour une construction humaine se déployait comme le corps d'une personne recroquevillée qui se relève, et se dressait laborieusement toujours plus haut vers le ciel, laissant voir derrière lui un trou béant dans la muraille. Oh, non, Ilyan ne s'était pas trompé...
Figés de stupeur, Ethraïm, Ilyan et Léogan firent face au géant de Taulmaril, qui tourna vers eux son immense trogne rocheuse où s'illuminèrent deux incroyables pierres de sphène vertes, dont l'éclat rutila droit sur les trois voyageurs.

« Sans vouloir paraître contrariant... murmura Léogan, avec un flegme qui l'étonna lui-même. Je crois qu'il nous a vus. »
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeDim 31 Aoû - 16:39


En récupérant les deux frères chez Ilyan, Ethraïm aurait pu se douter que la route n’aurait pas été si parfaite que cela, et qu’elle aurait été semée de disputes fraternelles. Malheureusement, ce n’est que sur le fait accompli qu’il réalisait ce qu’il avait risqué en partant à l’aventure avec ces deux-là.

Sur son cheval, non loin de ses acolytes, et davantage le visage blasé que réconciliateur ou médiateur, le Zélos attendait la plupart du temps que leurs chamailleries cessent d’elles-mêmes. Le plus gros de la chamaille avait porté sur l’itinéraire à emprunter, et de la carte ; Léo prenait un malin plaisir à titiller son frère. Outre cela, le fait que Léo avaient menés deux éminents chercheurs en bateau pour une histoire de carte et de chemins à prendre ne le surprenait pas plus que cela après tout… C’était Léo quoi, un point c’est tout. Aussi, bien qu’Ethraïm fusse en quête de ces bonbons si mystérieux, il n’était pas tellement pressé de se rendre à destination, il profitait du présent retrouvé à partager avec ses deux meilleurs amis, mêmes s’ils se querellaient comme deux gamins, ses frères si on excluait les frontières du sang ; mais fallait-il vraiment être du même sang pour se considérer comme frères, le Zélos en doutait.

Plus le groupe s’avançait vers la ruine qu’était la cité, plus l’atmosphère s’appesantissait. Par curiosité, le Zélos scrutait de loin l’endroit pour essayer d’apercevoir ce géant de la nature qu’il avait déjà pu apercevoir de nombreuses fois, a priori il n’était pas en vue, il devait être assis quelque part, parmi les décombres ; ça ne se rate pas une telle créature après tout. Dans cette vaste plaine rocailleuse, couverte de bruyères desséchées, de caillasses éparses, trônait cet édifice d’horreur d’un temps passé ; Ethraïm ne pouvait se résoudre à ne pas y penser, il essayait de s’imaginer la scène qui avait pu se dérouler ici il y a cinq-cents.

Suivant la carte sur les bons choix d’Ilyan, tous trois arrivèrent devant la porte supposée de la cité. Pendant que les deux frères commençaient à peine à discuter sur l’étrangeté de la situation, Ethraïm voulut examiner la paroi, mais au moment où il s’apprêta à descendre de cheval pour s’exécuter, un corbeau fraîchement pétrifia s’émietta au sol sous l’impact de sa chute.

Sans hésiter, les trois compères reculèrent, mais en quelques secondes, une masse inimaginable de roche s’éleva jusqu’à toucher le ciel, comme une vague de tempête se lève pour s’abattre contre un navire.

« Oh… bon dieu de merde ! » lâcha Ethraïm, le visage à demi-teinte entre l’admiration et la décomposition, tandis que les chevaux hennissaient sous l’effet de la surprise.

Dans ce soulèvement titanesque, de nombreuses pierres s’échouaient au sol dans une pluie rauque et craquelante. Plus le colosse se redressait, plus la figure du zélos se décomposait devant sa massivité; mais une terreur supplémentaire s’afficha sur celle-ci un cours instant quand le monstre rugit d’un cri éraillé et effroyable qui s’élança aussi bien dans les ruines que dans la plaine environnante pour s’y perdre longtemps après. Pendant ce laps de temps, des monceaux d’images s’étaient imprégnés bien contre son gré devant ses yeux. Il y vit des ruines, des champs de guerre rompus par des cris de bataille, des scènes effroyables de luttes acharnés.

« Par le cul de Ténéis… » largua-t-il presque dans un soupire de complète déconfiture, avant de se reprendre de son blasphème en secouant la tête. « Eh bien messieurs, je crois que nous allons être contraints de longer la muraille jusqu’à trouver une faille pour entrer. Étant au Nord et notre laboratoire se situant semble-t-il à l’est, longeons par-là. » acheva-t-il en pointant du doigt la direction, tout en guettant le colosse d’un œil, qui, assis ainsi, et oisif, aurait pu ressembler à un gros bébé. Très gros bébé.

Ayant longé un moment l’épaisse muraille pendant un long moment, le temps avait changé, celui-ci était devenu maussade et gris, recouvert par un vent plus. De là, la compagnie pouvait encore distinguer le colosse, assis, qui regardait dans le vide les plaines septentrionales de Taulmaril ; c’était des plus étonnants à voir ; dans une telle posture, on aurait pu songer qu’il réfléchissait. Quand enfin, ils trouvèrent une brèche dans la muraille vers le Sud-Est de la cité ; pourtant celle-ci était tombée en lambeaux, c’est l’amas de rochers qui en avait été vomi qui permit l’ascension, néanmoins ils durent laisser leurs chevaux à cet endroit, non sans protestation d’Ode qui ne voulait pas se séparer de son maître.

Une fois au pied du mur, de l’autre côté, les deux sindarins et le zélos se retrouvèrent réellement dans les ruines de la ville, les maisons délabrées étaient à présent habitées par le lierre, les rues sommes toutes envahies de temps en temps par des murs écroulés étaient restées praticables.

« Bon, le tout est de retrouver le laboratoire à présent; nous allons essayer de nous repérer en suivant cette ancienne carte de la ville » commenta Ethraïm en la désignant, en regardant l’un après l’autre Léo et Ilyan.

Soudain, la terre se mit à trembler ; au loin, on pouvait voir une tour colossale s’ériger vers les nues grisonnantes du ciel ; le sol s’ébranlait à chacun de ses pas errants, celui-ci s'avançait nonchalamment dans la ville. Avec dépit Ethraïm se dit qu'ils étaient bien obligés de faire pareil pour retrouver le dit laboratoire du mage Jean-Roger. C'est pourquoi il s'avança dans la rue d'un pas mesuré, déterminé à trouver ce qu'il cherchait avant la tombée de la nuit. Après tout, il n'avait envie de voir, ni Eldrazi, ni Âmes Perdus, et surtout pas d'Astingo ; ces créatures le dégoutaient littéralement, mais qui ne dégoûteraient-elles pas. Il préférait encore le colosse et ses souvenirs, tant qu'il était inoffensif.
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête]   Le bon, la brute, le truand, et des friandises [Quête] Icon_minitimeMer 10 Sep - 20:51

« Je vote pour ! Filons. »

Ode écarquilla ses yeux noisette, renâcla férocement, ébroua sa crinière blanche et brune et tira sur ses rênes pour suivre le chemin d'Ilyan. Léogan, absorbé par sa contemplation, la retint d'un geste sec et la jument hennit de protestation. Ils bataillèrent tous deux pendant quelques instants jusqu'à ce que, d'agacement, elle tenta de le précipiter par terre.

« Léo ! s'écria Ilyan, en se retournant avec irritation. Active !
‒ Mais il... Et Taulmaril... bredouilla Léogan, qui cherchait à remettre ses pieds dans ses étriers tandis qu'Ode mettait autant de distance qu'elle le pouvait entre elle et le colosse. Ralentis un peu, vieille bourrique, je vais me casser la figure !
‒ Je ne veux plus voir une seule bribe des atrocités qui se sont passées ici, fichons le camp. On s'en va. »

Léogan reprit contenance, une fois assis convenablement sur sa selle, épousseta distraitement son long manteau noir et tourna un regard fasciné vers le géant de pierre qui restait immobile devant l'entrée de Taulmaril, comme un gardien indolent qui pensait ici un peu hors du temps. Il n'aurait pas été surprenant de le voir soudain bâiller à s'en décrocher la mâchoire, négligeant les créatures insignifiantes qui fuyaient à ses pieds comme des fourmis affolées.
Léogan avait surmonté la panique aussi vite qu'Ethraïm, qui devait avoir pris connaissance que le colosse était inoffensif, mais quand le Zélos s'était reporté immédiatement à sa quête bizarre avec un pragmatisme gaillard, lui avait plus de peine à se détacher du géant mystérieux, qui suscitait chez lui bien plus d'intérêt qu'une poignée de bonbons pour les grands maniaques de l'érudition. Dans son adolescence, Léogan avait été fasciné par la guerre de Taulmaril. Un très grand nombre des traités martiaux qu'il avait étudiés, les meilleurs, ceux qui avaient éprouvés l'expérience des batailles, avaient été rédigés pendant le siècle du conflit et s'il y avait bien une chose au monde que Léogan connaissait sur le bout des doigts, c'était bien les événements qui s'étaient joués ici, dans le détail le plus exact. Les images qu'il avait vues lorsque le géant avait rugi avaient suffi pour lui évoquer la configuration de la bataille de Talum, où les cavaliers de Sharna avaient profité de la nuit ténébreuse où ne brillait que la plus petite des trois lunes dans le ciel pour faire une intrusion dans la cité. Ils avaient percé une brèche dans le rempart sud, dont leurs espions avaient rapporté qu'il avait été muré la semaine passée, ce qui indiquait sans détour qu'elle avait été fragilisée et avait facilité leur affaire.

« Attendez une minute ! s'exclama Léogan, avant de réaliser qu'Ode avait décidé de prendre de l'avance sur ses compagnons et qu'ils étaient désormais bien derrière lui. Heu. Ode, ça suffit maintenant ! » vociféra-t-il en tirant sur les rênes de sa jument avec mécontentement.

Mais elle ne voulut rien entendre et accéléra même le pas en tirant de son côté ses brides avec acharnement.

« Bon très bien ! » abandonna Léogan, en lâchant ses rênes avec exaspération, les yeux grands ouverts par la colère.

Il se dégagea lui-même de ses étriers et se laissa tomber de sa selle en s'écriant, alors qu'Ode détalait dans un sous-bois sans même lui adresser un regard :

« C'est ça, taille-toi vite fait ! Cheval dégénéré ! »

Et elle s'en fut sous le regard désabusé de son maître. Il soupira un bon coup et se retourna vers Ethraïm et Ilyan qui devaient bien se fendre la poire à l'heure dite. Tout ce qu'il put rétorquer fut un regard noir et il s'approcha de leurs montures d'un pas résolu.

« Vous savez, la bataille de Talum, qui a été décisive pour la prise de Taulmaril ?
‒ Heu vaguement... répondit Ilyan, qui jetait des coups d’œil nerveux au colosse. Tu comptes faire quelque chose pour Ode ?
‒ T'en fais pas. Aide-moi juste à monter sur le tien, dit-il en tendant une main à son cadet, qui libéra un étrier pour que Léogan y prît appui et qui le tira péniblement derrière lui.
‒ Ton cheval est une plaie.
‒ Enfin bref, coupa Léogan, en regardant le Zélos, reconsidère le trajet, Eth', on va faire le tour des murailles jusqu'au sud. Y a une bonne brèche là-bas, j'en suis sûr. Rempart muré. Feu nourri des trébuchets. En une nuit, c'était ouvert, expliqua Léogan, un poing serré avec enthousiasme, avec dans le regard le même éclat que s'il avait été un des généraux de Cimméria ou de Phelgra, cette nuit-là.
‒ C'est bien, Léo, pondéra Ilyan, qui était comme toujours las de ces histoires de stratégie militaire. On va suivre ce qu'il dit, dit-il à Ethraïm, là-dessus, on peut lui faire confiance. Il m'a tellement bassiné avec Taulmaril, quand j'étais petit...
‒ Hé !
‒ C'est vrai, la plupart du temps, quand tu me rejoignais un peu dans la bibliothèque, tout ce que tu trouvais à lire, c'était ces énormes traités fastidieux sur l'art martial...
‒ Tu peux parler, avec tous les machins judiciaires et politiques hypocrites que t'étudiais en long, en large et en travers !
‒ Dis donc, c'est pas comme si ça t'avait été inutile, à toi, Monsieur le repris de justice !
‒ Oui, bon, ça va... »

La dispute se poursuivit bon train, sous le regard réprobateur et fatigué du vieux Zélos, et leurs chevaux suivirent le chemin des remparts pendant un long moment. Au bout d'un petit quart d'heure, cependant, Ode reparut au galop à leurs côtés, l'air plus snob que jamais, battant ses longs cils bruns et balançant la tête de droite à gauche pour secouer sa belle crinière.
Léogan descendit de la pauvre monture d'Ilyan et retrouva les rênes de sa jument, qui se laissa mener facilement, maintenant qu'ils s'étaient assez écartés du colosse à son goût.
La cité, quoi qu'en ruines, s'étendait sur des lieues : la contourner jusqu'au sud-est fut bien l'affaire de deux heures, et ils tombèrent finalement sur le mur effondré dont avait parlé Léogan, qui bondit au bas de son cheval pour l'examiner comme un gosse devant son cadeau d'anniversaire. Il lui était facile d'imaginer, en mettant sa main en visière pour observer la lande blonde, les troupes de Phelgra et de Cimméria, parfaitement coordonnées pour l'assaut sous la lune unique et les trébuchets, ingénieusement placés, qui martelaient la muraille fragilisée jusqu'à ce qu'elle cédât et s'écroulât sur elle-même aux pieds de Léogan, aujourd'hui, qui foulait les grosses pierres craquelées avec enthousiasme.
Après ces quelques considérations et avoir abandonné leurs chevaux à l'ombre, les trois compères gravirent lestement l'éboulement et du haut des rochers, purent considérer toute l'ampleur des ruines d'un œil grave. Tout était morne et silencieux. Au loin, dans les brumes de chaleur de l'après midi, ils pouvaient apercevoir la silhouette paresseuse du colosse, qui semblait s'être encore un peu redressé, comme si le temps s'écoulait plus lentement pour lui que pour le reste du monde.

Au bout du compte, une fois descendus de leur promontoire, Ethraïm prit la main et avança d'un pas méthodique dans les rues, plongé dans une des vieilles cartes qu'il avait récupérée dans sa bibliothèque, tandis qu'Ilyan tentait de déchiffrer vaguement ses pattes de mouche près de lui et que Léogan flânait, le nez en l'air et les mains dans les poches.
Ils progressèrent un long moment dans la ville, tombèrent dans de nombreux culs de sac, tentèrent même de se séparer, mais sans succès : le laboratoire en question resta introuvable un très long moment. Toutes les maisons, grises, effondrées, abîmées par le temps, se ressemblaient, les rues ne suivaient plus qu'un tracé chaotique, jonchées de vieilles armes rouillées, à demi enfoncées dans les pavés craquelés, et de quelques squelettes aux os épars.
Léogan commençait à s'ennuyer de cette aventure, qui ne présentait aucune menace véritable, et chaque coup d’œil qu'il lançait au colosse le chargeait d'un ressentiment bizarre à son égard, comme s'il s'était attendu avec enthousiasme à ce qu'il leur posât plus de problèmes que de leur barrer bêtement l'entrée de la ville, et que la créature apathique eût trahi ses espoirs. Il attendait avec mécontentement qu'Ethraïm et Ilyan se décident pour une rue ou une autre à chaque carrefour, le pied en bute contre une vieille pierre ou contre un os qui avait le malheur de traîner par là, soupirait et maugréait. L'après-midi avait bien avancé, il commençait à avoir faim. Le silence morbide de Taulmaril, les voix calmes des deux archivistes qui résonnaient autour de lui avec une mesure prodigieuse, et sa propre inertie l'exaspéraient monstrueusement.

« C'est pas possible, ça, on crève de vieillesse, ici ! s'exclama-t-il en se redressant soudain d'un mur contre lequel il s'était adossé avec une désinvolture agacée. J'en ai marre. Vous étiez pas sensés avoir « repéré le laboratoire du mage précisément ici » ?! s'exclama-t-il, en écartant les bras pour embrasser l'ensemble du quartier.
‒ C'est pas si simple, Léo, le rabroua Ilyan, en échangeant un regard courroucé avec Ethraïm. La carte ne correspond pas tout à fait à...
‒ Bon, eh ben puisque ça ne correspond pas à l'endroit, pas besoin de s'embarrasser de carte ! On va faire les choses à ma manière ! »

Il bondit sur ses jambes et se lança dans la rue avec détermination, si bien qu'Ilyan et Ethraïm furent contraints de le suivre aussi vite qu'ils le pouvaient. La méthode de Léogan ne devait pas leur être inconnue. Il s'agissait de se démener dans tous les sens jusqu'à tomber par hasard sur leur objectif plutôt que de rester à tourner les pouces autour d'une carte que le temps avait rendue inutile. Au fond, ça n'avait rien de franchement plus efficace, mais au moins, ils ne prendraient pas racine au milieu des ruines.
Ils étaient en plein dans les quartiers est de la ville, et s'il n'était pas question d'inspecter une à une ces maisons qui se ressemblaient toutes, Léogan décida de se dérouiller un peu et il escalada les pierres saillantes d'une habitation envahie par le lierre pour en atteindre rapidement le toit à demi éboulé où il se dressa témérairement sur ses deux jambes. Il mit sa main en visière et plissa ses yeux noirs pour observer l'ensemble des quartiers est. C'était simple. Sans doute fantaisiste, absurde et sans logique, mais simple. S'ils n'allaient pas passer toute la soirée et toute la nuit à fouiller méthodiquement chacune de ces maudites baraques, autant en trouver une qui sortît de l'ordinaire, la visite en vaudrait peut-être la peine.
Léogan chassa ses longs cheveux noirs de son front, eut un air pensif, et puis ses yeux s'illuminèrent subitement. Il redescendit du toit en s'accrochant rapidement aux lierres du mur et indiqua une direction précise à ses compagnons, tout en se mettant en marche :

« Et on enchaîne sans faiblir ! »

Il ne s'arrêta pas aux carrefours, ne réfléchit pas un instant de plus et fonça à travers les ruines sans plus s'embarrasser de suivre les routes ni la carte, et finalement, il s'arrêta devant une villa bourgeoise en pierre grise très étonnamment conservée, vue de l'extérieur. Les vitres avaient toutes été brisées, et le verre avait disparu avec le temps, mais la toiture en pignon, verte, en cuivre oxydé, flanquée de fenêtres sculptées et envahie par la végétation, semblait malgré tout intacte – ce qui laissait penser que la maison devait disposer de dispositifs de protection magiques. Quelques marches enfoncées et brisées, qui devaient constituer un escalier élégant quelques siècles auparavant, menaient à une terrasse couverte en bois pourri d'où sortaient quelques ronces et où fourmillaient des armées d'insectes.
La porte était condamnée. Léogan jeta un coup d’œil à Ethraïm, qui en avait sûrement marre, à force, d'être réquisitionné pour les travaux de force – mais il fallait mettre les talents de chacun à disposition, n'est-ce pas ?
Il se planta devant ses deux compagnons d'aventure, les bras croisés et un rictus amusé sur les lèvres, avant de jeter un nouveau regard à cette grande baraque à l'aspect peu engageant sur laquelle il avait jeté son dévolu.

« Je sais pas si c'est ici, mais on s'en fiche pas mal, j'ai bien envie d'entrer là d'dans, ça a l'air marrant. »
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