Solidarité scientifique.

Sujet: Solidarité scientifique. Jeu 2 Aoû - 6:14

Depuis hier matin, Irina avait eu un mauvais pressentiment, quelque chose d'infime mais terriblement persistant qui lui trônait dans un coin de la tête comme un silencieux avertissement. Toute la journée elle avait voulu s'enfermer dans son bureau pour travailler sur ses recherches, testant de nouvelles mixtures grâce aux herbes qu'elle avait cueillies dans les plaines d'Eridania. Elle avait refusé de prendre des patients depuis le réveil, s'accordant une de ces très rares journées qui lui servaient théoriquement à reprendre des forces. Et c'est vrai qu'elle en avait rudement besoin. Son corps avait de plus en plus de mal à digérer la fatigue pour une raison qu'elle ne comprenait pas, et son esprit avait tendance à divaguer étrangement. C'était pour cela qu'elle était confortée dans son choix de rester tranquille, lorsqu'elle avait eu ce pressentiment... Mais cela n'avait pas été suffisant pour la détourner de son devoir, hélas.

Tôt dans l'après midi, peu après l'heure du repas, Alix était venue la déranger jusque dans son antre en lui demandant de venir voir une de ses anciennes connaissances, un érudit cartographe du nom d'Olevus Dragus. C'était un vieil ami qui lui avait déjà fourni des ouvrages rares à plusieurs reprises, l'aidant à progresser dans ses études, tout en ayant le bon sens de ne jamais poser questions. En tant que tel, et parce qu'il pourrait être un potentiel allié contre la corruption qui menaçait la ville si Bellicio s'emparait de plus de pouvoir, Irina se décida à aller voir son seul patient du jour. Elle déchanta rapidement lorsqu'elle vit l'état d'Olevus, qui malheureusement n'avait plus l'âge de faire des excursions dans l'environnement hostile de la région. En fait même si c'était la saison douce, les envions des grottes de Fellel étaient toujours aussi difficiles d'accès... Sans parler des blizzards qui se levaient sans prévenir.

C'est donc au chevet du vieil homme, tandis qu'elle examinait les engelures qui lui constellaient les mains et les pieds, qu'elle avait fini par lui promettre de retrouver le matériel qu'il avait abandonné derrière lui, quelque part sur le terrain. Malheureusement elle ne put tirer de lui des instructions très précises, et ne connaissant pas le terrain plus que ça, la jeune femme savait que son travail aurait des résultats somme toute aléatoires. Cependant elle était également une scientifique, et elle savait l'importance que des notes et du matériel pouvaient revêtir aux yeux de son propriétaire. L'espace d'un instant elle imagina perdre ses biens dans un incendie ou une telle tragédie, et un frisson d'horreur lui parcourut l'échine. En plus de ça, elle n'était pas assez vicieuse pour laisser ce fossile borné retourner sur ses pas dans un si triste état. Le froid et la fatigue l'avaient beaucoup affaibli, lui causant des palpitations et des problèmes respiratoires. Il était donc certain que s'il avait la mauvaise idée d'y retourner tout seul, il ne tiendrait sûrement pas le coup. Sachant cela, la Serpentine s'était dévouée... Espérant que cette requête ne deviendrait pas la dernière volonté d'un homme mourant.

« Bon t'as gagné, Ol' … J'y vais. Mais tu me devras une faveur. »

Sans se retourner, la rouquine était sortie, ne lui laissant pas le temps de protester. Il n'espérait tout de même pas qu'elle prenne des risques gratuitement hein... ? Enfin, peut être simplement qu'elle avait voulu protéger un vieil ami... Ce qui ne la rassurait pas. Ce n'était jamais bon signe de ce ramollir. La version selon laquelle c'était un moyen d'obtenir une faveur plus tard lui plaisait mieux. Et puis qui sait, peut être que ces notes sur la topographie de Cimmeria pourraient également lui servir. Elle n'était pas experte en la matière loin de là, mais après tout une carte c'est une carte, alors il devrait lui être possible de la déchiffrer, voire de s'en servir pour trouver le chemin du retour. En attendant il lui faudrait des provisions et le matériel adéquat à ce genre de crapahutage. Alix fut donc chargée de faire les achats qui s'imposaient, laissant donc le départ pour le lendemain.

La nuit fut courte, pointillée de quelques interventions d'urgence, bien qu'Irina n'ait traité que les cas vraiment urgents. Comme n'importe qui elle avait besoin de repos, et cela concernait aussi le sommeil. Lorsqu'elle se réveilla elle était fraîche à défaut d'être disposée, ce qui n'était pas si mal. Un sac à dos empli de ce qu'il lui fallait avait été préparé, tout comme un deuxième pour son apprentie, qui s'immisçait dans l'aventure sans crier gare. Au départ la Seconde avait voulu protester, mais devant l'air borné et déterminé de la jeune muette, elle avait fini par céder. Quitte à ce qu'elle ait de la compagnie, autant que ce soit quelqu'un qu'elle appréciait.
Lorsqu'elle approcha la jeune brune, celle-ci lui tendit un parchemin assez abîmé. C'était en fait un plan sommaire de l'itinéraire pris par Olevus, partiellement déchiré à cause de la neige, mais qui était leur meilleure piste concernant le chemin qu'il avait pris, et donc l'emplacement actuel des biens tant convoités.

Ce fut donc sous un soleil timide que les deux femmes se dirigèrent vers la Bouche de l'Ondine, une des entrées vers les grottes de Fellel, le labyrinthe de glace qui n'était pas aussi mortel que celui de Zaléra, mais qui n'en demeurait pas moins périlleux. Connaissant les caprices du climat de Cimméria, Irina savait que pour échapper aux tempêtes, il valait mieux s'y abriter... malgré les risques encourus. Après tout qui sait sur quoi elles risquaient de tomber là bas ? Jetant un dernier regard dehors, elle vit le vent se lever graduellement, dans une menace voilée. Il était trop tard pour faire demi tour.

« Reste bien près de moi, et si il y a le moindre truc suspect, crie. »

Certes Alix état muette, ses cordes vocales s'étant développées atrophiées depuis l'enfance... Elle ne pouvait donc articuler, mais elle pouvait toujours produire des sons capables d'attirer l'attention. Et puisque pour progresser elles ne pouvaient se regarder pour communiquer en langage des signes, il leur faudrait composer avec ce handicap. Au pire dans vingt quatre heures les soldats de Hellas viendraient leur porter secours si elles n'étaient pas de retour... Ce qui voulait dire qu'ils arriveraient à temps pour récolter leurs cadavres avant qu'elles ne soient bouffées par les bêtes des environs. A supposer qu'elles ne soient pas prisonnières des glaces éternelles. Charmant...

« Je te jure que le vieux débris va payer cher de me faire venir dans un endroit pareil. Même Elerinna rougirait de plaisir en voyant ce que je vais lui soutirer en échange de ses affaires ! »

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Mar 7 Aoû - 18:45

Fraîche était la matinée qui affichait une fresque de dunes blanches ondulant au gré des vents. Une atmosphère austère qui puait le danger, selon le rouquin qui l'observait. Très légèrement enveloppé, les yeux en amendes au centre d'un visage rond, l'allure plutôt assurée et habillé chaudement, il ressemblait beaucoup à un voyageur n'était son regard glissant rapidement sur les détails de son environnement. S'il était voyageur, alors il devait être perdu. Après une hésitation, il dépoussiéra ses épaules, tira sur ses vêtements et lissa la peau monochrome qui couvrait ses bras et ses jambes ; puis, comme s'il avait retrouvé son chemin, il reprit sa route avec détermination.
Quand il lui sembla apercevoir un individu, le terran eut la crainte que ce ne soit un garde - qu'il détestait ces personnages-là, bien trop irrespectueux de la beauté de ce monde - , pourtant sa curiosité avait été plus forte et il s'était approché de la silhouette... Des deux silhouettes ? Des femmes peut-être ? Il passa sa main sur sa barbe de trois jours avant de sourire à cette perspective.

Les deux silhouettes avaient progressé plus vite que ne le pensait l'individu qui espérait les rattraper. En les voyant s'engouffrer dans les grottes de Fallel, il avait d'ailleurs hésité à les suivre mais, après s'être dépoussiéré les épaules, avoir tiré sur ses vêtements et avoir lissé la peau sur ses bras et ses jambes, il s'était résolut à les retrouver ! Elles étaient nécessairement là pour une raison précise, sûrement pour une mission importante et assurément auraient-elles besoin de lui. Il n'était pas souvent entré dans ces grottes mais, il le savait, de nombreux trophées s'y trouveraient.

Un brusque bruit de craquement alarma soudain Irina et son amie, augure d'un proche péril. Un être aux formes gonflées par des couvertures approchait, paniqué, des deux jeunes femmes. Il tira de son dos une grosse masse pourvue d'épines et se tourna vers l'animal qui le poursuivait : un cerféli qui semblait rudement agacé et dont le cri trahissait un féroce appétit qu'il semblait destiner à l'étranger.

«N'ayez crainte, mesdames ! Dranosh est là pour vous protéger !»

Une puissante attaque assomma la bestiole qui hésita un instant avant de se lancer derechef à l'assaut. Dans une grimace promesse macabre, elle abandonna la lutte et s'éloigna prestement. La scène n'avait pas duré plus de quelques secondes mais l'homme, dans une posture triomphante, adressa un sourire à Irina qui lui faisait face.

«Je vous en prie, ce n'est rien ! Est-ce qu'il vous a envoyée, vous aussi ?»

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Lun 27 Aoû - 20:33

Le temps en ces contrées n'avait jamais été clément, et maintenant que les deux jeunes femmes s'engouffraient dans des grottes dont la réputation n'était plus à faire, ce n'en était que pire. Même si elles étaient originaires de la région et qu'elles étaient plus résistantes au climat, rien n'en faisait des exploratrices. Irina savait survivre dans la nature avec presque rien, mais ce n'était pas le cas de son apprentie, qui encore jeune, n'avait jamais participé à des expéditions longues. Malheureusement pour elle, aucune conscience du danger ne pourrait jamais remplacer l'expérience, et à posteriori Irina se demanda si l'avoir emmenée était une bonne idée.
Les bruits et autres craquements étaient légion, sans mentionner le bruit du vent qui sifflait d'une manière plus proche du macabre que du rassurant. Dans ces bruits ils n'y avait rien de « naturel », ou du moins pas de la façon dont est par exemple animée une forêt. Un bois ou même une montagne sont toujours emplis de vie, débordants d'activité même si on ne la voit pas toujours. Mais ce décor, ce blanc si immaculé qu'il en était dérangeant, ce n'était pas ce que Irina aimait en ces terres gelées. Cela n'avait rien à voir avec la beauté silencieuse de la neige qui tombe ou la force des tempêtes.

Progressant avec prudence, la rouquine ouvrait la voie et formait un mur de protection avec son corps frêle afin de défendre sa cadette, encore adolescente. La scène pouvait être presque risible si une certaine aura de pouvoir ne se dégageait pas de sa silhouette... lui donnant un air visuellement menaçant. Pourtant c'est avec une certaine modestie qu'elle tait venue en ces lieux, ayant conscience que se comporter comme une conquérante en milieu hostile lui coûterait sûrement la vie.
Après un virage serré à gauche dans ces interminables couloirs, ce fut pourtant un craquement qui attira leur attention, les faisant ouvrir grand leurs yeux et leurs oreilles à ce qui pourrait être une menace. Mais alors que les demoiselles s'apprêtaient à faire face à ce qui se dresserait bientôt devant elles, ce fut dans leurs dos qu'apparut la première silhouette visible, laissant deviner un être à la forme vaguement humanoïde qui se précipitait dans leur direction. Le temps pour réagir fut bref, et la seule chose qu'elles purent faire toutes les deux, fut de se plaquer contre les murs glacés de ces grottes afin d'éviter d'être écraser dans ce qui semblait être la charge d'un éléphant. Le sol parut trembler et de la poussière de glace tomba d'un peu partout, alors que le dénommé « Dranosh » chassait le cerféli avec une méthode qui manquait de classe, mais pas d'efficacité. Le fait est que la bête ne tarda pas à prendre les jambes à son cou de manière désordonnée, les laissant essoufflées mais indemnes.

Irina devint rouge de colère, furieuse non seulement parce que quelqu'un était parvenu à les suivre ou en tout cas à se faufiler dans leur dos sans qu'elles ne le remarquent, mais aussi parce que cet homme qui qu'il soit aurait pu les faire tuer. On ne pouvait pas dire que la rouquine soit exactement du genre reconnaissant, et malheureusement cet homme allait bientôt en faire les frais. Cependant, juste avant qu'elle n'ouvre la bouche pour laisser se déverser ce qui se rapprocherait d'un flot d'insultes, Alix posa une main sur son bras, la calmant sans rien lui dire. C'était aussi une chose qu'elles avaient appris : communiquer sans mots lorsqu'il le fallait, surtout en présence d'étrangers.
La Seconde de l'Ordre ferma donc la bouche avec regret, contenant pour l'instant son tempérament ardent. A la place elle respira profondément, emplissant ses poumons de cet air tellement froid qu'il en faisait mal, puis parla, avec un ton qui était presque normal.

« Dranosh, vous n'auriez pas du vous élancer comme ça en mettant non seulement votre vie en jeu, mais également les nôtres. » Il y avait de la désapprobation dans son regard, ce qui revenait à dire que ce n'étaient que les braises d'un feu qui pourrait tout dévorer à la moindre incartade. Décidée à ne pas lui dire merci, elle ne cherchait pas particulièrement à s'en faire un allié, et serait en fait plutôt satisfaite si il décidait d'aller jouer les héros ailleurs. Plutôt dépitée à l'issue de cette double rencontre assez étrange, elle continua à parler avec la conviction que le plus tôt elles partiraient, le mieux ce serait. Si le cerféli en venait à vouloir prendre sa revanche -ce qu'il ferait certainement si il trouvait des congénères pour lui porter secours- ils seraient en bien mauvaise posture.

« Qui 'il'? Et puis que faites vous ici ?»

Comme à son habitude elle parlait de manière claire et concise, n'employant pas plus de mots que nécessaire. D'un autre côté le fait que cet inconnu soit intervenu en leur faveur ne lui offrait pas sa confiance, loin de là. De nombreux aventuriers venaient souvent dans ces grottes dans l'espoir de s'enrichir sur des trésors dont l'existence même était une légende.. Et ils terminaient bien souvent soit dans la morgue du temple, soit dans l'aile des grands blessés. Par conséquent un minimum de prudence s'imposait, car rien ne lui garantissait que cet homme n'était pas intéressé par leurs provisions ou quelque chose de ce genre. Prudence était mère de sûreté.

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Dim 3 Mar - 16:32

Lorsque Kalysta avait du s’incarner, elle avait prit son temps pour choisir un hôte convenable... Convenable au niveau de son expérience, sachant pertinemment qu’elle serait une proie trop facile si elle débarquait nue et crue dans ce monde qu’elle ne connaissait pas, mais aussi par rapport à sa propre conscience. Elle n’avait pas vraiment apprécié ce meurtre bien qu’il ait été nécessaire et qu’elle lui ait rendu service. C’était du moins ce qu’elle se répétait pour apaiser son esprit... Bien que l’homme qui lui avait servi de cocon ait pas mal baroudé, il n’était pas non plus allé aux quatre coins d’Isthéria. Il savait des choses, s’était renseigné, avait entendu histoires et rumeurs mais, dans l’ensemble, il avait soigneusement évité certains endroits. Comme le continent de Cimmeria par exemple...

Pourtant, quand elle avait assimilé le peu d’informations qu’il connaissait à ce sujet, elle avait immédiatement eu envie de voir cela... Cela allait plutôt bien avec sa fringales d’expériences propres et de découvertes en fait. Mais Cimmeria et ses étendues glacées... Tout ce blanc, ce froid... C’était vraiment quelque chose qu’elle voulait expérimenter, découvrir. Parce qu’elle était terriblement intriguée, ayant du mal à concevoir le concept de glace et de neige. Certes, elle avait voyagé quelque peu sous sa forme éthérée lorsqu’elle avait recherché son hôte et, surtout, quand elle avait recouvert une réelle liberté. Mais ce n’était pas pareil. Elle avait seulement été témoin, un témoin insensible d’un phénomène qu’elle avait trouvé magnifique... Maintenant elle voulait revoir cela tout en pouvant le sentir, le toucher, le goûter. Bref, en profiter pleinement !

Alors la jeune nérozia avait décidé d’y aller. Comme ça... Il était toujours difficile d’empêcher les enfants de partir faire leurs propres expériences. Parfois il est nécessaires de les laisser se mettre en danger afin qu’ils comprennent bien la leçon... Pour autant la syliméa n’était pas complètement dénuée de bon sens et d’instinct de survie. Elle s’était renseignée le plus sérieusement du monde et avait donc soigneusement préparé son voyage. Lorsqu’elle avait “survolé” Cimmeria, elle avait été exempte de toute sensation physique et n’avait donc pas eu à souffrir du froid mordant qui y régnait. Mais elle avait bien compris que cela risquait d’être particulièrement douloureux, pour ne pas dire mortel, maintenant qu’elle possédait son propre corps. Bien qu’elle n'appréciât pas spécialement que ses mouvements soient aussi entravés, elle s’était donc équipée en conséquence, se fournissant un manteau fait d’une fourrure non identifiée mais qui lui permettrait de ne pas mourir d’hypothermie. Plus quelques éléments vitaux qu’elle avait du mettre dans un sac à dos qui alourdissait encore sa silhouette.

Le plus drôle avait été sa découverte avec ses futures chaussures. Deux paires pour être exact... Des espèces de paniers plats destinés à l’empêcher de s’enfoncer dans la neige à chaque pas et des semelles dotées de crochets de fers qu’elle avait trouvé particulièrement impressionnants. Et intéressants... Elle était à peu près certaine que quelle que soit la créature recevant un coup de pieds bien placé avec ce genre de crampons aux pieds n’aurait plus jamais à s’inquiéter d’une future procréation... Bref, équipée de pied en cape, elle était partie découvrir les étendues glacées de Cimmeria. On est plutôt “bête” quand on est seulement âgé de quelques mois...

Si cela fut parfait au début, cela ne dura guère. Kalysta fut fascinée par la neige dès les premiers jours, bien incapable de comprendre comment ce phénomène pouvait se produire. Tout ce qu’elle savait c’était qu’elle trouvait cela absolument magnifique, magique. Elle pouvait passer des heures à observer la neige tomber et virevolter autour d’elle, formant des motifs fantasmagoriques... Enfin... Jusqu’à ce que ses orteils se rappellent à elle en devenant engourdis et presque insensibles. C’était beau, cela la faisait rêver mais peu à peu elle comprenait combien ces lieux pouvaient se révéler dangereux. Et la leçon manqua devenir mortelle lorsque le blizzard commença à se lever de façon sournoise. En quelques instants le visibilité devint quasiment nulle et le peu de chaleur qu’elle parvenait à conserver grâce à sa fourrure lui était violemment arraché par le vent s’engouffrant dans son manteau...

Son expérience merveilleuse se transforma finalement en course contre la montre pour sa survie. La jeune femme avançait le plus rapidement possible, cherchant désespérément un abris contre ce froid mordant... Elle connaissait l’existence des grottes et savait qu’elles représentaient sa seule chance de survie mais encore fallait-il trouver une entrée !! Finalement ce fut elle qui la trouva en premier. Alors qu’elle courrait quasiment à l’aveugle, le sol s’inclina brusquement sous ses pieds. La déclinaison associée à la glace et à sa course fut trop pour son adhérence et la jeune femme tomba à la renverse, glissant dans une sorte de tunnel bleu sans pouvoir se retenir à quoi que ce fut. Si elle venait de réchapper au blizzard, elle ne savait pas trop vers quoi elle se dirigeait ! Ses doigts gantés essayaient désespérément de s’agripper au sol mais elle ne faisait que se blesser. Au final elle se retrouva soudainement libre de toute entrave. Plus de sol, plus de parois... Pendant quelques secondes elle vola presque avant de violemment percuter une parois glacée et de tomber au sol dans un cri étranglé. Juste aux pieds d’Irina qu’elle évita d’une poignée de mètres...

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Mar 12 Mar - 18:28

« Bon laissez tomber, Dranosh. On va faire simple... Vous allez faire demi tour et retourner chez vous, bien au chaud. On se débrouillera. »

Si l'idée d'avoir un homme pour prendre les coups à leur place était engageante, celle de devoir se coltiner un bûcheron aussi subtile qu'un cerféli enragé l'était beaucoup moins. L'ignorant autant que faire se pouvait dans un endroit aussi confiné et étroit, Irina et son apprentie continuèrent d'avancer avec prudence, guettant le moindre bruit suspect qui indiquerait le retour du danger. Leurs pieds habitués à la glace se posaient soigneusement l'un après l'autre, alors que la rouquine se félicita de leur avoir acheté un équipement approprié pour cette expédition. Parées de bottes doublées de fourrure jusqu'au genoux et emmitouflées dans des manteaux chauds, elles arrivaient presque à se donner l'illusion de ne pas avoir froid. Car même pour elles, cette température était désagréable. Il n'y avait pas de vent dans les galeries c'est vrai, mais d'un autre côté le soleil n'y pénétrait pas non plus.

Dans ces conditions et malgré sa bonne volonté, la probabilité pour qu'elles trouvent l'endroit où Olevus avait du abandonner son matériel était toujours aussi basse. Bien entendu Irina n'était pas venue sans carte... aussi imprécise et inutile qu'elle puisse paraître. Seulement voilà... Cet endroit n'était qu'un immense dédale de couloirs et de passages se ressemblant tous comme deux gouttes d'eau. Tous étaient blancs, gelés et terriblement dangereux. Trouver des points de repère revenait du miracle étant données les créatures qui semblaient habiter les lieux... Et le tout dans un froid paralysant qui pouvait avoir raison de tous les organismes, même les plus endurcis.

« Ce couloir devrait dévier légèrement vers la droite avant de redevenir droit. Les indications indiquent qu'il devrait y avoir un amas de débris d'une cargaison marchande sur plusieurs mètres... Ouvre grand les yeux, Al... Mais qu'est ce que ?!? »

La prêtresse fut interrompue par une arrivée en fanfare et lourdeur d'une femme qui déboula du ciel, presque littéralement. Son regard se contenta de suivre le vol plané qui précéda un choc contre la paroi glacée, ce qui en fit presque trembler les murs. Clignant des yeux plusieurs fois, elle essayait tant bien que mal de comprendre ce qui se passait. Se rendant compte que sa bouche était grande ouverte, elle la ferma et échangea une œillade avec Alix. Trop surprise pour réagir tout de suite, elle fut devancée par la jeune fille qui rapidement s'avança en courant presque vers l'acrobate malheureuse. Aucun mot ne sortit de sa bouche, étant donné qu'elle était muette, mais rapidement elle tâta les joues et la nuque de l'inconnue pour vérifier qu'elle était consciente. Dégageant une touffe de cheveux sombres de son visage à moitié recouvert par une épaisse capuche, elle sourit amicalement lorsque Kalysta ouvrit les yeux.
Tout le contraire de sa mentor, Alix était une fille agréable et d'une gentillesse extrême... une adolescente si pure que même Irina avait choisi de la protéger. Et conquérir son affection, c'était déjà un sacré exploit !

« Hé bien, hé bien... Qu'avons nous là ? Encore quelqu'un qui a essayé d'apprendre à voler ? »

La serpentine sourit, amusée par la situation. Après tout à peine arrivées elles avaient failli devenir le casse croûte d'un cerféli, et avaient été « sauvées » par un drôle d'énergumène... Alors un peu plus de fantaisie ou un peu moins, elles n'étaient plus à ça près !
S'approchant finalement elle aussi, elle jeta un coup d’œil alentours pour vérifier que rien ne les guettait et s'accroupit près de la jeune femme. Même ici, loin de toute civilisation, elle demeurait un médecin. Alors autant faire son boulot...

« Vous êtes blessée ? Inspectez votre tête, vérifiez qu'il n'y a pas de plaie ouverte. Si tel est le cas, il vaut mieux ne pas vous lever trop brusquement. »

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Mer 13 Mar - 10:33

Questions entrées, elle avait connu mieux mais, au moins, ne manquait elle pas de panache. Enfin, elle était plutôt dans la catégorie fracassante si elle se fiait à ce que lui disait son crâne qui pulsait douloureusement à chacun des battements de son coeur. La syliméa s’en serait probablement passé mais elle savait faire preuve d’un optimisme forcené quand les besoins étaient nécessaires: elle n’avait plus à subir la terrible morsure du blizzard, elle était enfin protégée du vent et de la neige. Même si elle ne savait pas du tout où elle avait atterri... Pour l’instant elle était à mille lieus de pouvoir avoir cette réflexion quand elle s’immobilisa enfin au sol. La jeune femme se contenta d’être soulagée que tout s’arrête et qu’elle soit “au calme” pour les prochaines secondes.

La brusque entrée d’une créature poilue dans son champ de vision la fit violemment sursautée avant qu’elle ne recule sur la glace en s’aidant des pieds et des mains sans pour autant s’être relevée. Son dos fut arrêté par la parois bien trop rapidement à son goût mais cela eut le mérite de la forcer à faire le point. La dite créature était plutôt brunette et souriante pour un monstre assoiffé de sang. Du genre jeune demoiselle souriante et serviable en fait. Kalysta sentit immédiatement ses joues s’empourprer, même si cela ne devait pas se voir sous les couches qu’elle avait. Elle dégagea d’ailleurs son visage, dévoilant des joues encore rouges et présentant les traces avant coureuses de légères engelures sur les pommettes.

-Désolée, vous m’avez surprise...

Elle ne voulait pas que la jeune femme pleine de bonne volonté soit blessée par sa réaction première alors qu’elle n’avait cherché qu’à s’enquérir de sa santé. Le son d’une voix de femme lui fit vivement tourner la tête, et s’empêtrer un peu dans sa capuche au passage, pour découvrir une seconde personne dans les grottes de glace. Finalement les lieux étaient bien plus fréquentés que ce à quoi elle s’était attendue... Mais, heureusement pour elle, hormis la petite pointe de sarcasme qu’elle décela dans les propos de l’inconnue, elle ne semblait pas être trop mal “tombée”...

Docile, la nérozia écouta attentivement la prêtresse avant de lui obéir. Il ne lui semblait pas avoir laissé de traces sanglantes sur la glace oscillant entre le bleu et le blanc, et elle n’avait pas l’impression de s’être coupée à quoi que ce soit. En tous cas elle ne voyait rien de déchiré dans sa tenue. Quant à ses membres, même s’ils étaient douloureux, ils répondaient normalement et selon la logique classique des articulations. Rien de cassé donc, ce qui était un point plutôt positif. Sa tête était douloureuse, un peu comme si elle l’avait mise dans une cloche avant de la faire sonner, mais elle était encore solidement arrimée sur ses épaules et ne présentait pas non plus de blessures visibles.

-Je crois que je suis entière... Merci...

Suivant les conseils d’Irina qui semblait drôlement bien s’y connaître, par rapport à elle, Kalysta entreprit de se remettre sur pieds, s’aidant pour cela de la parois toute proche. Grand bien lui en prit tant sa tête se révéla traîtresse. Dès qu’elle fut debout, elle sentit ses tempes pulser avec violence, faisant tout tourner autour d’elle. Elle dut fermer les yeux avec violence, main crispée sur la glace, pour parvenir à se reprendre en respirant par le nez par petits à coups vifs. Pourtant le malais finit par passer, la terre par revenir sur son axe normal, son estomac par reprendre la place qui lui était du et un fonctionnement normal. La jeune femme eut un long soupir comme si elle cherchait à se débarrasser définitivement de cette sensation désagréable avant de rouvrir les yeux. Elle lâcha le mur avec une pointe d’hésitation, testant son équilibre, avant de se redresser complètement, visiblement satisfaite des réponses que lui fournissaient son corps.

-Ca devrait aller je pense...

La nérozia se permit enfin de détailler un peu où elle était et qui l’entourait. Ces grottes étaient vraiment particulières tout en étant magnifiques. Elle apprécierait certainement de retrouver l’air libre sous peu... Quant à ses deux “sauveuses”, elles avaient l’air parfaitement équipées pour affronter la région et bien plus expérimentées qu’elle. Kaly leur offrit un sourire en guise de remerciement et de salutations.

-Bonjour d’ailleurs... Vous aussi vous cherchiez à fuir le blizzard?

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Jeu 21 Mar - 6:45

Étant donnée l’exiguïté des lieux, Irina n'aurait pas pu approcher quand bien même elle l'aurait voulu. Le couloir était relativement étroit, et comme elle l'avait vu sur sa carte, il y avait ça et là un amas de caisses en bois et autres débris, qui jadis avaient sans doute fait partie d'une cargaison quelconque. Peut être que c'était ce qui avait amorti la chute de cette demoiselle volante... qui sait ? Il lui était pour l'instant impossible de s'en assurer, car Alix dissimulait son champ de vision. Fait qui par ailleurs ne lui plaisait pas le moins du monde, car si danger il y avait , l'adolescente était sans défense. Adressant une rapide prière à Kesha afin que sa candeur ne cause pas sa perte, Irina s'approcha pour regarder par dessus son épaule.

Kalysta était alors en train de se relever, et les deux prêtresses échangèrent quelques « mots » en langage des signes. La rouquine lui avait intimé qu'elle devait faire attention à ne pas s'approcher ainsi d'une inconnue dont elle ignorait les intentions, alors que la jeune brune lui avait simplement répondu qu'elle ne sentait pas d'hostilité dans son aura. Une drôle de justification certes... mais pour ceux qui en avaient l'habitude. Alix était une oracle, une enfant née avec un don de vision puissant... et une religieuse qui voyait bien au delà des apparences. Irina elle même avait parfois du mal à tout comprendre, malgré son rang...
Haussant les épaules comme pour revenir à la réalité, la rouquine étudia finalement la nouvelle arrivée d'un œil inquisiteur. Cette jeune femme était certes équipée pour le grand froid du nord, mais elle n'en demeurait pas moins maladroite dans ses mouvements, et si saucissonnée dans son excès de vêtements qu'il était presque évident qu'elle n'était pas familière avec ces conditions climatiques extrêmes. Sa dernière phrase fit sourire la prêtresse de premier rang avec un brin de moquerie, même si ce n'était pas bien méchant.

« Non... Cet endroit serait bien le dernier où quelqu'un de sensé voudrait trouver refuge. Sauf bien sûr si son désir est de trouver une mort pus radicale et rapide que l'hypothermie. Nous sommes ici pour chercher quelque chose que l'on a perdu... seulement je crois que la tâche s'avère encore plus compliquée que prévu. » Il y avait un brin de regret dans sa voix. Retrouver les cartes et le matériel d'Olevus était vraiment important pour elle, cependant y arriver tiendrait du coup de chance ou du miracle plus qu'autre chose. Il fallait croire que la seule solidarité entre scientifiques ne suffirait pas à l'aider dans sa quête... un peu ingrate.

« Et vous, vous avez voulu visiter nos rafraîchissantes contrées ? Quel est votre nom ? Moi c'est Irina, et ma jeune apprentie s'appelle Alix. »

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Mar 26 Mar - 5:47

Etant bien occupée à reprendre les rennes de son propre corps, la jeune femme ne remarqua pas le singulier échange entre les deux femmes… Pour l'instant elle avait suffisamment à faire avec sa stabilité et de légers vertiges. La nérozia n'avait pas vraiment mal, pas comme si elle s'était cassée quelque chose s'entend, c'était plus des douleurs diffuses qui auguraient la présence de bleus d'un dégradé probablement du plus bel effet. Mais pour l'instant entre le froid et l'adrénaline, elle n'avait pas à s'inquiéter, ces douleurs ne l'empêcheraient pas de se mouvoir…

Comment la jeune femme apparut à Alix? Bonne question… Son aura devait sensiblement différer de ce qu'elle avait l'habitude de croiser, les syliméas étaient sensés être rares et particulièrement discrets après tout. Kalysta aurait probablement mal réagi en apprenant que la jeune brunette était à même de "voir" ce genre de choses, elle aurait eu des réflexes d'animal traqué cherchant à rester à tout prix caché… Certainement parce qu'elle avait l'habitude d'être jugée comme une aberration dangereuse à éliminer à tous prix. Pourtant, hormis ce meurtre "fondateur" qui lui avait permis de naître pour de bon dans ce monde sans pour autant être complètement désarmée, la jeune femme n'était pas vraiment un monstre… C'était peut-être cela qu'Alix avait senti. Malgré les apparences, Kaly n'était pas bien "méchante".

Inconsciente qu'elle avait déjà été jugée par plus efficace, la jeune femme se laissa observer par Irina sans trop rechigner. Elle fit juste en sorte de soigneusement éviter tout contact visuel entre elles, trouvant toujours quelque chose d'autre pour y poser son regard. Les parois bleutées et vaguement scintillantes du tunnel dans lequel elles se trouvaient, les formations de glace qui suivaient une logique qui leur était propre, les vestiges de passages comme les débris de caisse, sa propre tenue… Tout était prétexte à regarder ailleurs sans que cela paraisse totalement déplacé… La jeune femme devait bien découvrir son nouvel environnement après tout…
Elle eut un vague murmure que l'on pouvait interpréter par un "ah" un peu circonspect mais la jeune femme resta attentive à ce qu'Irina disait. Il était évident que toutes deux étaient bien plus expérimentées qu'elle… Mais cela devait déjà suffisamment se lire sur elle, Kaly ne se sentait pas e le confirmer à voix haute. Du moins pas volontairement… La nérozia eut un sourire fugace bien que les petites rides qui se dessinèrent au coin de ses yeux la trahirent…

-Y'a de ça… J'avais toujours entendu parler de ces grottes sans jamais les voir. Ma curiosité me perdra faut croire !

Pour le coup la syliméa ne semblait absolument pas s'apitoyer sur son sort, bien au contraire. Malgré les quelques "difficultés" qu'elle n'avait pas anticipé, elle s'estimait plutôt chanceuse d'être tombe sur les deux prêtresses. Cela n'allait rendre son exploration que plus intéressante !

-Et moi c'est Kalysta, enchantée ! Vous voulez peut-être un coup de main pour vos fouilles? Une paire d'yeux supplémentaire pourrait vous faciliter la tâche… Et puis j'avais rien prévu de bien précis pour ma journée…

Ca ou mourir de froid après avoir erré dans ces tunnels… Quitte à faire, elle préférait largement se rendre utile !

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Ven 12 Avr - 12:30

Si Alix avait vu quelque chose d'étrange dans l'aura ou la personne de Kalysta, elle ne fit rien qui pouvait le trahir. C'était une drôle de fille indépendamment de son don, et elle ne s'arrêtait pas à des concepts aussi arbitraires que le bien ou le mal. La preuve la plus évidente était qu'elle aimait quelqu'un comme Irina plus que tout, bien que cette dernière soit loin de l'image pure et bienveillante de l'archétype des prêtresses. La parole lui manquait peut être, mais d'autres capacités avaient largement comblé ses lacunes... ce qui lui avait permis de petit à petit se faire une place dans l'ordre, en tant que disciple d'une des plus hautes placées. C'est pour cela que son regard sur la syliméa était plutôt amical. Elle comprenait fort bien le sentiment de se sentir différent sans pouvoir vraiment rien faire pour changer cet état de fait.

Irina de son côté trouvait qu'il y avait quelque chose d'étrange chez cette jeune femme au regard fuyant, mais ne chercha pas à en comprendre la raison pour le moment. Elle en déduisit simplement que Kaly était timide ou simplement gênée des péripéties qui l'avaient menée jusque cet endroit improbable. Les prunelles de la rouquine se tournèrent à nouveau vers les deux côtés du tunnel d'un air circonspect, surveillant prudemment l'arrivée d'un quelconque danger. Après tout ces couloirs gelés réputés déserts lui avaient semblé bien peuplés... Assez pour y trouver un homme à la délicatesse de bûcheron, et aussi un cerféli, une créature pas très accueillante au demeurant. Un peu distraite par cette préoccupation, Irina sourit au sarcasme de leur visiteuse inattendue. Elle avait du répondant, c'était un fait appréciable.

« Je ne dis pas non à un peu d'aide, de toute façon dans un endroit pareil il vaut mieux se serrer les coudes, histoire d'au moins retrouver la sortie. » Elle haussa un sourcil à cette idée, priant pour que les cartes suffisent à leur montrer le chemin. Et puis ce matériel scientifique appartenant à son collègue,... plus le temps passait, et plus elle se demandait si cela valait vraiment la peine de risquer sa vie. Elle secoua légèrement la tête, histoire de se remettre les idées en place. Non... Laisser tomber n'était pas encore une option. Olevus était peut être en train de passer l'arme à gauche à l'heure qu'il était. Son expression se fit plus sérieuse, alors que pendant qu'elle rêvassait, Alix tira sur la manche du manteau de Kalysta et lui montra la direction dans laquelle elles progressaient, tous sourires. C'était en fait assez incroyable à quel point elle était toujours débordante d'énergie dès qu'elles n'étaient plus dans l'enceinte du temple. Tout d'un coup elle s'éveillait et était si pleine de vie qu'en comparaison Irina se sentait vieille et fatiguée.

« C'est par là, , d'après le plan. Par contre j'ai bien peur que nous ne soyons amenées à revoir notre ami cerféli. J'espère juste qu'il n'aura pas la mauvaise idée d'appeler ses congénères... sinon ça va vite devenir la foire. »

Un soupir créa un nuage de fumée autour de sa bouche, tandis qu'elle se mit en marche avec les deux autres jeunes femmes. La prêtresse ne semblait pas du tout emplie de la formalité religieuse... Mais chez elle cela n'avait rien d'étonnant. Ayant grandi dans les rues malfamées de Hellas, Irina était quelqu'un de spontané et impulsif, qui avait une sainte horreur des nobliaux et autres aristocrates enrubannés de supériorité.

« Au fait quel bon vent vous amène en nos terres glacées ? »

Quitte à devoir supporter le froid et le manque de confort, autant faire connaissance. Cela avait le mérite de chasser l'ennui et de resserrer des liens qui pourraient être fort utiles au moment venu. Après tout qui sait ce qui les attendait encore dans ce maudit labyrinthe ?

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Ven 12 Avr - 16:36

La jeune femme eut un sourire et un mouvement de tête entendu. Puisqu'elles acceptaient son aide, elle allait se faire un plaisir de la leur apporter, en espérant tout de même que leurs recherches soient rapidement fructueuses. Car même si les tunnels gelés soient à l'abris du vent, les températures devaient rapidement devenir insupportables. A vue de nez, rester trop longtemps immobile devait être une promesse de devenir un élément à part entière du décors… Pensant à cela son corps réagit purement instinctivement en tapant dans ses mains, soulignant certes son enthousiasme mais faisant surtout circuler plus activement son sang…

Et puis il y avait une autre raison à sa motivation de trouver plus rapidement la sortie… Initialement elle avait cherché l'abris de ces grottes à cause de températures trop basses à l'extérieur. Cela n'avait pas été vraiment une réaction réfléchie, plus son instinct de survie qui l'avait guidée vers le lieux qui lui permettrait de survivre quelques minutes de plus… Mais maintenant qu'elle était à l'intérieur, elle réalisait qu'un autre problème n'allait pas tarder à s'imposer à elle avec une rare violence. Malgré les murs brillants, miroitant, de glace, elle sentait la trop grande proximité des parois… Ce n'était pas vraiment comme une grotte classique mais, au final, le résultat était le même. Elle n'avait pas le ciel au-dessus de sa tête. Elle ne pouvait pas voir l'extérieur de là ù elle était. Elle ne pouvait pas rebrousser chemin pour sortir. Elle était tout simplement enfermée…

L'idée commença à lentement s'insinuer en elle, comme un poison courant dans ses veines. Coutumière de ce genre de crises de panique, la syliméa ferma quelques secondes les paupières pour faire le vide dans son esprit, repoussant de toutes ses forces cette idée particulièrement désagréable. Une secousse sur sa manche la ramena brusquement à la réalité et Kalysta découvrit la jeune fille, tout sourire, en train de lui montrer une direction. Se retrouver à nouveau confrontée à l'enfermement aussi soudainement aurait pu provoquer une très mauvaise réaction chez elle, pourtant il n'en fut rien. Elle fut juste déstabilisée par Alix, son sourire, son énergie débordante et sa gentillesse communicative. La nérozia se découvrit en train de lui sourire en retour, déjà un peu plus rassurée. La voix d'Irina lui fit tourner la tête, l'arrachant à sa perplexité…

-Oh?!

Un cerféli, rien que ça? D'un autre coté s'inquiéter d'un gros matou tricéphale affamé était une excellente diversion à une éventuelle sensation de claustrophobie. Très efficace même… Instinctivement elle pressa un peu le pas, mal à l'aise de voir Alix ouvrir la marche avec son entrain visiblement naturel. La jeune fille était très certainement à même de se défendre et consciente des risques mais Kalysta ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de la mettre entre Irina et elle… Peut-être parce qu'elle s'était montrée gentille avec elle, voir innocente… Peut-être aussi que malgré sa paranoïa, titillée par la question d'Irina, elle restait une brave gamine et rien d'autre.

-Le vent de la curiosité… Je n'étais jamais venue dans ce genre d'endroit. Je voulais voir de mes propres yeux ce que ça donnait…

Ce qui était la sinistre vérité en fait… Mais elle ne s'étendit pas beaucoup plus, surtout pas sur comment elle avait eu vent des histoires sur la région. La jeune femme eut un léger haussement d'épaules pour souligner sa réponse. Elle n'avait vraiment rien d'intéressant à raconter à ce sujet…

-J'ai tendance à devoir pas mal voyager alors je fais en sorte de connaître au maximum de routes…

Son regard erra quelques instants sur le sol et les cotés, la syliméa prenant grand soin de refouler au plus profond de son esprit la sensation d'étouffement qui avait tendance à vouloir s'imposer. au bout de quelques secondes elle fronça les sourcils avant de se tourner vers la prêtresse.

-Au fait… Vous cherchez quelque chose mais vous cherchez quoi au juste? Que je puisse le reconnaître…

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Jeu 25 Avr - 18:07

Irina avait pour habitude de se méfier des étrangers, surtout lorsque comme maintenant elle était dans un milieu qui en soi lui était déjà hostile. Cependant, certaines réponses étaient destinées à lui parvenir sans qu'elle les recherche. En effet, sans que Irina ne cherche à disséquer ce qui se passait dans la tête de la jeune Kalysta, la réalité lui apparut telle une évidence à l'apparition de l'aura rougeâtre qui l'enveloppait sans qu'elle ne s'en aperçoive. Comme à son habitude, la prêtresse distinguait les craintes des gens comme une vipère repère ses proies sans se servir de ses yeux, mais grâce à leur température corporelle. Très peu de gens étaient au courant de ses capacités, et ironiquement ce n'était pas par honte qu'elle les préservait, mais plutôt pour -ironiquement- ne pas les effrayer d'avantage. C'était toujours plus agréable de laisser les gens penser qu'elle leur apportait un certain réconfort et apaisement -ce qui était certes vrai- plutôt que de les laisser savoir qu'elle pouvait également provoquer l'effet inverse. Généralement cela calmait les ardeurs de la plupart, mais cela les faisait également l'éviter comme si elle était l'incarnation de la Faucheuse elle-même, ce qui était beaucoup moins drôle.

Mais alors que le rouquine pondérait l'idée de calmer la peur qui allait montante dans le cœur de la syliméa, ce fut Alix qui la devança et ramena involontairement cette dernière à la réalité. Cependant, et parce qu'elle ne tenait pas à ce que la demoiselle fasse une crise de panique en plein labyrinthe, Irina agit tout de même discrètement afin de la rassurer à distance. L'effet était assez léger pour passer inaperçu, notamment parce que sans contact physique il lui était compliqué d'agir aussi facilement. Quoi qu'il en soit le nuage écarlate qui entourait Kalysta se résorba en partie, ce qui montrait que quand bien même ses peurs soient toujours présentes, elles ne l'empêchaient plus de réfléchir ni ne la paralyseraient dans un moment d'urgence. Du moins en théorie, car avec le comportement et les réactions humaines, il était difficile de gagner à tous les coups.

Irina ne sembla pas plus méfiante lorsque leur touriste en herbes prétendit qu'elle était là pour découvrir la région. Ce qui l'étonnait c'était qu'une personne seule soit aussi aventurière et aussi téméraire, mais il est vrai que peu de monde savait vraiment à quoi ressemblait la splendeur glacée du nord. Ce n'était pourtant pas pour autant qu'ils avaient le courage de quitter leur confort et leur opulence pour aller voir par eux-mêmes à quoi ressemblait le reste du monde. La trentenaire eut une pensée pour Ision et ses grandiloquents discours nappés d'une suffisance si irritante qu'elle lui donnait fatalement envie de lui rompre le cou. Car non ce n'était pas un secret, Irina détestait cordialement tous les nobles et aristocrates.

« On dirait que vous avez fait un long chemin avant de terminer ici... D'où venez-vous ? »

Malgré sa condition de prêtresse, elle était toujours aussi franche et directe, posant les questions sans détours malgré le malaise que ça pouvait potentiellement causer. Le fait est qu'elle estimait que quiconque ne désirait pas répondre aurait forcément soit la subtilité nécessaire pour esquiver, ou l'honnêteté nécessaire pour refuser de donner suite. En attendant elle aurait essayé, et c'est tout ce qui lui importait.
Gardant les yeux à moitié rivés sur sa carte et en scrutant le chemin devant elles de l'autre moitié, la Vipère parvenait à rester concentrée sur les deux, même si elle ne savait pas trop comment. L'air à demi distrait, elle murmura à l'encontre d'Alix, d'un réflexe qui trahissait l'habitude d'une mère avec son enfant. Ce n'était pas si simple, mais ce n'en était pas si loin non plus.

« Ne t'écarte pas trop. Si le Cerféli revient, tu ne pourras peut être pas le sentir suffisamment vite. Et je veux pouvoir te couvrir si ça tourne au vinaigre. »

Un soupir de lassitude forma un nuage de fumée autour de sa bouche et son nez, alors que le froid se faisait moins mordant maintenant qu'elles étaient plus loin de l'ouverture causée par l'arrivée en fanfare de Kalysta. Irina se donna le luxe de baisser sa capuche, semblant peu incommodée par la température. Alors elle s'arrêta un instant devant sa carte, tandis que Alix s'était arrêtée devant un croisement d'où partaient trois chemins différents. L'un était assez large pour qu'elles puissent presque traverser en même temps mais descendait visiblement vers les entrailles de la terre. Le deuxième, celui du milieu, n'était pas incliné mais était encore plus étroit que les couloirs dont elles venaient et il n'était pas garanti qu'il soit praticable, et le troisième, celui de droite était infesté de jilopeks, des cafards des glaces aussi inoffensifs qu'invasifs. A leur vue, Irina fronça le nez d'un air dégoûté, peu enjouée à l'idée de les voir essayer de se coller à sa peau pour grappiller un peu de chaleur.

« Nous cherchons du matériel scientifique appartenant à un géographe renommé appelé Olevus. C'est un vieil ami qui faisait des recherches sur cet endroit. Il espérait à long terme être capable de cartographier ce labyrinthe, évitant ainsi bien des morts inutiles. Cela aurait été une grande découverte car cela ne s'est jamais vu, et pourtant cet endroit devait exister bien avant la fondation des grandes villes. Enfin... Il a mené une expédition ici, mais il a été attaqué et contraint d'abandonner ses affaires... dont les ébauches qu'il avait déjà faites et plusieurs petits appareils précieux. Enfin quand je dis précieux, c'est à titre scientifique. Je doute très franchement que cette quincaillerie ait une quelconque valeur marchande. »

Autant couper court à toute envie pour cette inconnue de vouloir en tirer un quelconque profit... après tout on ne sait jamais. Son faciès était angélique, mais cela n'avait jamais sauvé le portefeuille de personne, elle était bien placée pour le savoir. Et puis 'qui voit des visages ne voit pas des cœurs...' Ainsi en allait l'ancien adage de Hellas. Il valait mieux être prudent pour l'instant, le temps de se faire une vraie idée sur cette étrange fille au regard fuyant. S'approchant d'elle en lui montrant sa carte, déjà humide et effacée par endroits à cause du temps, Irina lui demanda son avis.

« Hum apparemment tous les trois chemins finissent par se rejoindre dans quelques centaines de mètres... Mais j'ai bien l'impression qu'aucun d'entre eux n'est à proprement parler confortable. Entre les jilopeks et les acrobaties pour se tailler un chemin,... Je ne sais pas ce qui est le pire. À votre avis, par où devrait-ton aller ? »

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Ven 26 Avr - 17:01

Si Irina agit sur sa claustrophobie galopante, la jeune femme n'en eut jamais conscience, bien trop soulagée de constater qu'elle parvenait à conserver un semblant de calme. Et puis on ne pouvait pas trouver meilleure motivation pour trouver des cartes abandonnées. Plus elles les trouveraient, plus vite elle pourraient sortir. Kaly était donc au-delà de la motivation à ce stade et serait presque à même de charger Cerféli si on lui présentait correctement la chose, genre expliquer qu'il était le dernier obstacle avant l'air libre. La question de la prêtresse arracha un sourire à la jeune femme, visiblement pas vraiment dérangée de donner quelques informations sans pour autant rentrer dans les détails.

-D'un peu partout. Je voyage beaucoup. Mais, officiellement, je vis vers la Côte de Pharis, un petit coin tranquille qui fait office de pied à terre…

Là où le Rosélium pouvait vivre librement. Mais elle n'avait pas besoin de le savoir… De toute façon à chaque fois qu'elle rentrait chez elle, elle avait vaguement l'impression de venir squatter la maison de quelqu'un d'autre. Elle ne rentrait pas suffisamment longtemps, ou souvent, pour avoir l'impression qu'il s'agissait de son foyer. De toute façon ce n'était qu'un toit finalement, il n'y avait aucune histoire y étant rattachée, aucun souvenir émouvant. Même au niveau de ses possessions, il n'y avait rien d'assez personnel… Sa maison pouvait bien brûler en son absence, elle ne perdrait pas grand chose. Et elle ne s'en rendrait probablement pas compte avant plusieurs mois…

-Pas vraiment le même climat, hein?

La syliméa afficha un sourire en coin. On tapait peut-être dans les étendues vaguement désolées mais pas vraiment la même température ! En fait, la jeune femme se demanda pendant quelques secondes si elle avait eu l'équivalent d'une maison quand elle était plus "jeune", un endroit d'où venir en quelque sorte. Mais rien ne lui venait en tête, tout étant trop loin, trop flou, trop éloigné dans le temps. Mais elle en doutait. Ce n'était pas une époque pour elle, ni pour aucun des siens… Elle chassa les souvenirs désagréables d'un haussement d'épaules. la jeune femme n'avait pas vraiment loisir de se laisser aller à ses réminiscences.

Irina semblait très maternelle envers Alix même si elles ne paraissaient pas vraiment liées par le sang… Il n'y avait pas assez de différence d'âge, à ses yeux, et elles ne partageaient pas vraiment les mêmes traits. Mais hormis cela, elle aurait très bien vu la jeune muette dans le rôle de sa fille… Comme elle ne voulait pas vraiment se faire indiscrète, la jeune femme ne chercha pas à en savoir plus, ravalant ses questions. Elle eut juste un petit pincement au cœur, peut-être un pointe de jalousie vis à vis du lien qu'elles partageaient… En fait elle se demandait si elle ne finirait pas ses vieux jours, si elle les atteignait, à moitié folle à parler à des poupées confectionnées par ses soins puisque même les animaux refusaient de rester en sa présence.

-Donc des cartes et des traces possibles d'un campement… Ca marche…

La petite remarque sur les objets sembla passer au-dessus de Kalysta mais elle enregistra parfaitement le message, amusée par les précautions d'Irina. La prêtresse semblait penser à tout, anticipant une possible main leste… La jeune femme se le tint pour dit et ne succomberait pas à l'attrait d'un objet brillant… Disant cela, la syliméa laissa planer son regard sur le troisième tunnel, affichant le même dégoût pour les occupants des lieux.

-Je pense qu'on est toutes d'accord pour laisser ces charmantes bêbêtes tranquilles hein?

La syliméa se dirigea vers l'entrée du tunnel le plus large, celui qui descendait le plus abruptement. Le plus étroit était intéressant, en terme d'acrobaties, puisqu'on pouvait s'appuyer sur les deux parois… Mais rien ne disait s'il permettrait le passage sur la fin… Et puis il était vraiment étroit. Trop pour elle en fait. Si ce n'était que sur quelques mètres, cela pourrait passer, mais s'il se révélait plus long, elle savait qu'elle finirait par paniquer. A ses yeux, leur meilleur chance de passage était donc ce dernier tunnel. Même si cela n'allait pas forcément être une partie de plaisir…

-A vue de nez je dirai celui-là…

Elle s'accroupit pour tâter le terrain, essayant de voir le bout du tunnel, sans succès.

-Vous voulez que j'ouvre la voie pour voir si c'est praticable? Faut pas forcément se fier à mon entrée… J'ai pas "vraiment" deux mains gauches.

Ce qui était tout à fait vrai. De ce coté là, la jeune femme était assez athlétique. Comme tout bon cambrioleur qui se respecte en fait…

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Mer 29 Mai - 16:32

La côte de Pharis ce n'était pas à proprement parler la porte à côté, et il y avait fort à parier que la curiosité ne soit pas le seul moteur de Kalysta. Du moins c'était ainsi qu'Irina voyait les choses, et évidemment elle pouvait se tromper. Cependant son expérience lui disait qu'on ne faisait pas une aussi longue route uniquement pour découvrir les merveilles du monde, peu importe à quel point les glaces cimmériennes pouvaient être fascinantes. En réalité cette escapade plus ou moins improvisée s'apparentait étrangement à une fuite... De là à découvrir ce que la jeune brune fuyait avec tant de passion, il y avait encore de la marge. Peut être valait-il mieux ne pas savoir. Mais sa curiosité scientifique restait tout de même sur sa faim.
À l'entendre elle n'avait ni attaches ni lien envers aucun royaume, ce qui était aussi possible que dangereux. La jeune femme n'avait mentionné aucune famille, ce qui faisait d'elle un électron libre, mobile et détaché. Un potentiel élément perturbateur qui pouvait s'avérer utile ou gênant, selon de quel côté il choisirait de se tenir.

« Je n'ai jamais été à Pharis ou ses environs, mais c'est ce que j'en ai entendu dire effectivement. De toute façon il n'y a pas de contrée plus froide que celle que vous foulez en cet instant. »

Il y avait une certaine fierté dans sa voix, même s'il pouvait paraître bizarre que l'on puisse en nourrir de ce simple fait. Toutefois Cimméria était le foyer et la patrie d'Irina. C'était pour son peuple qu'elle continuait d'ignorer l'appel du pouvoir et de la politique... Bien entendu il y avait principalement sa Hellas natale, mais pas seulement. C'étaient les pauvres gens qui lui importaient, et non les paons ridicules qui se pavanaient dans les hautes sphères aristocratiques.
D'autre part, la prêtresse sentait quelque chose de très différent chez son acolyte tombée du ciel, dans son regard fuyant ainsi que dans son aura. Les natures de ses peurs ne remontaient pas très loin temporellement, mais elles étaient si enracinées que s'en était perturbant même pour elle. Notant son silence, la rouquine suivait Alix du regard tout en exprimant tout haut ce qui lui passait par la tête sans se soucier de ce qu'elle pourrait penser. Il n'y avait pas de malice dans sa curiosité.

« Vous paraissez soudainement triste. Ai-je réveillé de vieux souvenirs avec mes questions ? »

Elle laissa à son interlocutrice le temps de répondre, tandis que de son côté, elle pesait le pour et le contre des différentes voies qui s'offraient à elles. Le chemin infesté de jilopeks ne la tentait pas du tout c'est un fait, mais d'un autre côté elle se demandait si les deux autres voies étaient praticables. De plus rien ne leur garantissait que les petites bestioles ne se soient pas infiltrées dans les deux premiers chemins aussi... En somme ce n'était pas vraiment une promenade de santé qui les attendait. Dans un coin de sa tête Irina se promit de faire payer Olévus pour ce cadeau empoisonné, puis regarda ses deux comparses.

« L'habit ne fait pas la prêtresse, c'est ce que j'ai toujours entendu dire. Je vous laisse ouvrir la voie, et Alix fermera la marche. Je veux pouvoir me tenir près de vous deux si quelque chose vient à nous attaquer. Par contre il va falloir faire attention. Le chemin est escarpé, et si l'une de nous vient à glisser, je pense que l'effet domino nous emportera toutes les trois. Je n'ai rien contre un toboggan qui nous mène tout droit à ces cartes, mais j'ignore ou ce passage nous mène exactement. Normalement tous les trois finissent par se rejoindre plus loin... J'ignore juste à quelle distance. »

Elle jeta un autre coup d’œil à sa carte, tentant d'en tirer le plus d'informations possibles malgré son piteux état. Théoriquement le campement ne devrait plus être très loin de leur position... Seulement qui sait sur quoi elles allaient tomber d'ici là ? Et plus que tout ce n'était pas l'aller qui angoissait l’œil de Kesha... C'était plutôt le retour. Comment diable allaient-elles sortir de ce bourbier, une fois quelle auraient trouvé ce qu'elles étaient venues chercher ? Se mettant en marche, elle tut ses doutes et en leader rodée elle prit à nouveau l'expression confiante que l'on lui connaissait si bien.

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Lun 3 Juin - 17:45

La jeune femme sentit la fierté poindre légèrement au travers des propos d'Irina. Elle devait entretenir une relation particulière avec ce territoire, pour une raison ou une autre… Ca doit être agréable de ressentir un tel sentiment d'appartenance que l'on ne peut pas parler de chez soi sans fierté… La question de la prêtresse la prit de court, elle ne pensait pas avoir été aussi facile à lire qu'un livre ouvert mais cela semblait bien être le cas… Elle laissa filer le silence durant quelques instants, se demandant ce qu'elle pouvait vraiment répondre. Jusqu'à quel point elle pouvait se permettre d'être honnête. Après tout, elle n'était ni la première ni la dernière à être déracinée. Et pas forcément à cause de sa rare…

-Oh pas vraiment…

La jeune femme eut un rictus rapide mais un peu triste.

-Je me disais juste que je n'ai pas vraiment de port d'attache. Ca fait quelques temps que je ne suis pas rentrée "chez moi"…

Kaly haussa les épaules comme si ce n'était pas vraiment grave. Difficile de dire que "quelques temps" représentait en fait plusieurs décades, voir beaucoup, beaucoup plus… Puis elle s'ébroua quelque peu comme un chien sortant de l'eau, comme si ses sentiments pouvaient se détacher d'elle et tomber au sol. Pour y rester. L'instant d'après elle se focalisait à nouveau sur les couloirs et le choix de la meilleure route à suivre. Un nouvelle fois elle observa le sol avec un œil critique, le titillant du pie pour tester l'adhérence de ses semelles sur toute cette glace.

Elle regrettait maintenant de ne pas avoir de piolet, ou de bec de corbin, ou d'ongles assez résistants pour affronter cette glace. Cela aurait fait une sécurité supplémentaire et bienvenue. Rajustant ses gants, la syliméa vérifia une dernière fois sa tenue et son équipement, histoire de s'assurer qu'elle serait pleinement libre de ses mouvements si les choses devaient dégénérer… D'ailleurs, si c'était le cas, elle n'avait aucune envie d'emporter tout le monde dans son élan. Elle se positionna donc naturellement loin en première position, elle pourrait ainsi repérer le chemin et indiquer aux jeunes femmes par où passer sans risquer de les emporter en cas de chute.

-Au fait, si je glisse, cherchez pas à me ratrapper, ça évitera de vous causer plus de soucis…

Puis avec un sourire confiant, elle commença à descendre dans le couloir glacé. Les premiers mètres furent faciles. La pente était légère et le sol ne glissait pas suffisamment pour que ce soit dangereux. Mais bientôt le sol devint assez inégal, la glace formant des creux et des bosses qui accentuaient encore plus le coté glissant de la surface. Des formations proches de stalactites et de stalagmites encombraient les lieux mais présentaient l'avantage certain de faire de bonnes prises si on voulait se retenir. La jeune femme faisait en sorte de diriger ses pas vers eux, s'assurant ainsi d'avoir quelque chose à quoi se retenir si elle devait glisser.

Bientôt la pente commença à devenir dangereusement abrupte. Une main nonchalamment posée sur une stalagmite par simple prudence, la syliméa s'arrête observant son environnement. Faire abstraction de l'information principale, à savoir qu'elles étaient enfermées, lui demanda énormément d'énergie mais elle parvint à se focaliser sur le reste. C'était maintenant que les choses devenaient sérieuses et qu'elles devaient vraiment se montrer prudentes…

-Dites? Ca vous rappelle rien?

Kaly se trouvait au sommet d'une pente très abrupte. Devant elle, il n'y avait plus que quelques stalactites éparses et inatteignables. Le sol était plus que bosselé, donnant presque une impression de mouvements… En fait, la jeune femme avait l'impression de se trouver au sommet d'une cascade d'eau qui aurait subitement gelé… Mais de là à dire si c'était possible…? En tous cas, à partir de maintenant, elles allaient devait s servir de leurs mains pour se stabiliser…

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Lun 10 Juin - 11:31

La prêtresse ne s'attendait pas nécessairement à une réponse malgré sa curiosité. En fait elle prenait les choses comme elles venaient, sans détours ni fioritures. Néanmoins ce que Kalysta lui répondit semblait la satisfaire du moins pour l'instant. Elle se doutait bien que dans ces quelques mots il n'y avait pas toute la vérité, mais au moins elle n'avait pas eu l'impression d'y lire un mensonge éhonté. Après elle ne pouvait la blâmer de jouer la carte de la prudence en présence de deux inconnues. Certes les prêtresses n'étaient pas des femmes mauvaises dans le fond... cependant comme partout ailleurs il y avait de tout. Et Irina en était la preuve vivante, l'exemple le plus flagrant... elle qui était capable du meilleur comme du pire selon les circonstances et les personnes en face.

« Parfois il vaut mieux profiter de ce que la vie nous offre sans regarder en arrière. Et si vous n'avez pas d'attache, il est toujours possible d'en créer de nouvelles à l'endroit de votre choix. Ce n'est pas plus mal en fait... Des fois je me dis que ma vie serait bien plus facile si je n'étais pas si attachée à Hellas. Et vous quel est votre métier ? »

C'était une confession qui ne lui ressemblait pas nécessairement, et ce n'en était que surprenant. Assez pour qu'Alix la regarde différemment l'espace d'une seconde, comme si la barrière de son mutisme venait de la retenir de poser des questions. Néanmoins c'était une pensée sincère, l'expression de la lassitude qui l'animait de plus en plus au fur et à mesure que l'ambiance dans l'Ordre s'envenimait. Enfin c'était confidence pour confidence malgré le manque flagrant de détails. Une façon particulière de parler sans trop en dire à une étrangère.
D'un autre côté son instinct lui disait que cette jeune femme tombée du ciel n'était pas un danger, du moins pas pour l'instant. Quelque chose chez elle lui donnait une impression de déjà vu, comme si elle la connaissait depuis longtemps. C'était difficile de mettre le doigt sur la raison derrière ce sentiment, mais ce n'était pas vraiment une mauvaise chose. Et puis pour quelqu'un qui ne les connaissait pas, Kalysta venait de gagner des points en se proposant de passer devant. Bien sûr il serait hypocrite de dire que cela n'arrangeait pas la rouquine qui voulait avant tout préserver la vie d'Alix et la sienne, mais le fait est qu'elle admirait cette démonstration de courage chez quelqu'un qu'il y a quelques minutes encore, semblait terrorisée. En fait la syliméa semblait de celles qui puisait sa force justement dans les situations les plus critiques. Un trait admirable pour une personne vulnérable à ses peurs.

La suivant finalement en remerciant son bon sens d'avoir mis un pantalon en dessous de sa tunique, Irina laissait de la marge de manœuvre à leur éclaireur sans pour autant la laisser seule. Si jamais une crise de panique la reprenait, il valait mieux qu'elle puisse rétablir le contact et calmer le jeu. Après tout on ne sait jamais ce dont les gens étaient capables dans ces conditions extrêmes... Se laissant glisser avec souplesse, la scientifique faisait preuve d'une agilité qu'on ne lui soupçonnait pas. Jouant sur son petit gabarit et sa maigreur, elle parvenait à se faufiler tout en finesse entre les stalagmites. En fait les gens croyaient qu'elle n'était qu'une médecin, mais la réalité était plus complexe. Versée dans le maniement des armes blanches, l'ancienne voleuse des rues n'avait pas perdu ses réflexes qu'elle entretenait par des entraînements réguliers. Alix quand à elle n'avait pas la même facilité, même si elle se débrouillait comme une enfant qui s'amuse dans un nouveau terrain de jeux.

« Restez à portée de main. Je peux toujours ralentir votre chute avec la télékinésie, et éventuellement vous donner le temps de trouver une autre prise. »

C'était l'une des raisons, même si pas seulement. Enfin bon il valait mieux qu'elle ne sache pas tout... Théoriquement son contrôle des peurs était toujours utilisable sur quelqu'un qui en avait conscience, mais il valait mieux éviter que son esprit désespéré tente de se débattre follement... Surtout que c'était pour son bien. Continuant tout de même de progresser tout en réfléchissant, la demoiselle avait plus de mal à ne pas glisser mais parvenait à se tenir à la force de ses membres tout en restant concentrée.

« Vaguement... Ça me paraît tellement improbable que j'ose pas imaginer ce qui l'aurait provoqué. Je n'ai jamais vu un tel phénomène de ma vie. C'est comme si une immense masse d'eau avait été gelée, figée dans le temps. Hors de l'eau en mouvement ne peut geler... Ce qui soulève une question : quelle est la chose qui a pu faire ça ? »

Ce qui était le plus inquiétant c'était que les trois chemins qu'elles avaient vu plus tôt étaient censés se joindre plus loin,... Mais cela signifiait qu'il leur faudrait forcément soit braver les bestioles pour revenir, soit progresser dans l'inconnu de ce côté. Ce n'était pas bien rassurant et Olevus n'avait pas mentionné être passé dans un tel endroit. Il n'y avait plus qu'à espérer que ce chemin ne soit pas une impasse, sans quoi elle seraient dans de mauvais draps. Le bon point c'est qu'elle doutait que les cerféli soient en bas vue l'humidité ambiante. Mais qui sait quoi d'autre pouvait bien se tapir dans l'ombre gelée de ce labyrinthe ?

Elle réfléchit pendant quelques instants, puis finalement elle proposa. « Je peux nous faire descendre mais ça risque d'être délicat. Vous vous sentez de tenter le coup, ou bien on fait marche arrière ? »

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Jeu 13 Juin - 17:44

Les prêtresses étaient souvent renommées pour leur sagesse… Irina en était le parfait exemple finalement. Il valait effectivement mieux voir le coté positif de la chose. Kalysta était libre de créer ses propres attaches, comme bon lui semblait. Moyennant un minimum de prudence cela dit. Et puis après avoir été enfermée aussi longtemps, pouvoir être totalement libre de ses mouvements était vraiment un luxe dont elle n'avait jamais imaginé pouvoir profiter. C'est pour cela qu'elle affichait un sourire plus détendu quand elle répondit à la question d'Irina.

-Messagère. Je suis moins exotique que certains oiseaux mais tout autant efficace.

Elle ponctua sa phrase d'un clin d'œil, semblant y souligner une plaisanterie qu'elle était peut-être la seule à comprendre… Pourtant ce n'était pas son mantra ni sa façon de se vendre, habituellement tout du moins. Elle trouvait que cette phrase la décrivait bien pour la peine, expliquant au passage pourquoi elle était toujours par monts et par vaux. Et faire un peu d'humour et garder un ton léger l'aidait considérablement à repousser l'idée qu'elle était actuellement en pleine situation de claustrophobie, ignorant qu'elle devait une grande partie de son calme aux bons soins d'Irina.

La jeune femme aurait bien posé quelques questions sur ce que la prêtresse avait dit, notamment concernant son attachement à Hellas, mais elles firent leur chemin en silence, bien trop concentrée sur leur avancée… Chaque pas pouvait se révéler traître et aucune d'elle n'avait envie de provoquer un accident à cause d'une distraction aussi triviale qu'une discussion. Bien habituée à évoluer seule, la jeune femme ne prit pas vraiment en considération ce que lui disait Irina… Si elle tombait… Elle estimait qu'il valait mieux que la prêtresse préserve son énergie au cas où il se passe quelque chose de plus grave. Et puis elle aussi avait quelques atouts en manche. Comme souvent, elle ne s'avouerait vaincue qu'au dernier moment, donc quand elle aurait percuté le sol si elle glissait et ne parvenait pas à se rattraper.

En attenant, elles avaient plus pressant à gérer. La cascade de glace, elle ne voyait pas comment l'appeler autrement, représentait un obstacle majeur à leur avancée. Toujours penchée à observer la structure pour voir s'il existait un chemin praticable pour descendre, la jeune femme écouta la réponse d'Irina, hochant doucement la tête comme si elle approuvait ses dires. Le frisson qui parcourut son échine n'était pas forcément uniquement imputable aux températures polaires des lieux…

-Moi ce qui m'inquiète c'est que de l'eau liquide ait ménagé son chemin jusqu'ici avant de geler… Peut-être que quelqu'un a un peu trop abusé du feu…?

C'était une question bête, certes, mais la syliméa comptait Illumina dans son cercle de connaissances. Elle n'avait aucun mal à imaginer la sindarine en train de provoquer une tempête de feu en plein couloir, provoquant une fonte massive de la glace avant que la température naturelle des lieux ne reprenne ses droits. Si c'était bien un reliquat d'un acte magique, la bonne nouvelle était qu'il y avait peu de chances que l'événement ne se reproduise. Les laissant ainsi sauves et libres de développer encore plus leurs compétences naturelles en escalade.

-Je vais essayer par moi-même déjà. Si je trouve un passage praticable, ça évitera que vous vous épuisiez alors qu'on est pas forcément sorties d'affaire.

La jeune femme réajusta ses gants, sa cape, et sortit sa dague. Faute de mieux, elle lui servirait de piolet improvisé. La lame était forgée dans un métal suffisamment résistant pour qu'elle entame la glace. La néozia se dirigea vers l'une des parois, afin de s'en servir, elle offrirait un peu plus de prises exploitables que la cascade en elle-même. Pourtant, avant de se lancer dans la descente, la jeune femme s'arrêta et regarda Irina…

-Si je me loupe, laissez faire. Je me débrouillerai pour limiter la casse.

Elle eut un sourire confiant avant de lancer un regard vers Alex, comme si elle sous-entendait qu'il valait mieux que la prêtresse s'économise au cas où elle aurait à sécuriser la jeune fille.

-J'essaye de vous tenir rapidement informée… Si je trouve que c'est bloqué en bas, je remonterai…

Puis la jeune femme entreprit sa descente. C'était une progression lente et prudente, la syliméa n'hésitant pas à creuser des prises dans la glace quand elle constatait quelle en manquait, usant et abusant de la force de ses bras, et exploitant au maximum les formations qu'elle croisait. Malgré quelques glissades qui provoquèrent une ou deux grosses poussées d'adrénaline, Kalysta ménageait son chemin vers le pied de la cascade, avant de disparaître de vue à cause de la configuration du couloir, ne laissant entendre que son souffle saccadé et ses coups de dague.

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Kit par Sighild

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Ven 12 Juil - 16:23

La description du métier de Kalysta eut au moins le mérite de la faire sourire, ce qui n'était pas si fréquent que ça. Oui cette petite avait de l'humour et le sens de l'auto-dérision, ce qui tranchait avec la plupart des mégalomanes qu'elle avait croisés récemment. C'était une bouffée d'air frais, un vent de fraîcheur qui paradoxalement manquait cruellement en ces contrées gelées. En fait cette spontanéité était plus qu'appréciable, et Irina appréciait le fait d'être traitée comme n'importe qui, et non seulement comme l’œil de Kesha, la seconde de l'Ordre. Après tout n'était-elle pas avant tout une femme parmi tant d'autres ? Riant légèrement, elle eut une pensée pour Raven, son compagnon à plumes et accessoirement son messager.

« Je ne sais pas si on peut parler d’exotisme, mais dans tous les cas c'est là un bien dangereux métier. Plein de dangers, mais aussi de tentations, n'est-ce pas ? »

Bien entendu la prêtresse ne connaissait pas grand chose sur la question, pour ne jamais s'y être vraiment intéressée. Enfin la raison principale c'était simplement parce qu'elle savait que Raven ne craignait pas grand chose, sa nature de corbeau et son pouvoir de télépathie lui évitant bien des soucis. Il était un moyen efficace d'être certaine que ses missives arrivaient à destination sans jamais être interceptées... Ce qui était un luxe certain. Toutefois Kalysta devait sûrement faire face à un tout autre genre de réalité, bien plus terre-à-terre et bien plus cruelle aussi. Tous les métiers étaient idéalisés finalement, et celui de médecin ne faisait pas exception non plus. Combien de gens pensaient qu'elle sauvait des vies tous les jours, et que son métier était le plus noble de tous ? Si seulement c'était aussi simple... Tout en observant la progression en éclaireur de la part de la touriste volante, Irina réfléchissait aussi au phénomène qui avait pu créer une telle anomalie.

« Si quelqu'un a abusé du feu je l'ignore, mais ce qui est certain c'est que tout ça n'est pas naturel. Et à vrai dire la probabilité pour que quiconque ait réussi à allumer un feu en ces lieux, aussi petit soit-il, frise le zéro. Le vent l'aurait éteint rapidement... Ce qui laisse une possibilité... »

Irina resta assise à regarder Kalysta descendre, prête à intervenir tout en gardant également un œil sur Alix, qui pour l'instant se tenait tranquillement appuyée sur une solide excroissance du mur. La rouquine acquiesça sobrement au plan de leur acolyte improvisée, s'adaptant à cette stratégie pourtant assez risquée. N'entendant rien d'autre que des bruits de respiration saccadée faisant écho dans ce qui semblait être une grande salle plus ou moins ronde, Irina se sentit soulagée. Au moins elle n'était pas tombée, et quand bien même ça viendrait à être le cas, elle n'était plus assez haut perchée pour souffrir des lésions sérieuses.
Réfléchissant à un moyen de les faire descendre efficacement et en sécurité, l’œil de Kesha évaluait les possibilités mais n'était pas particulièrement optimiste. Elle pensait avoir l'endurance nécessaire pour descendre à bout de bras grâce à son agilité, mais elle doutait qu'Alix possède les mêmes capacités. Et gérer leurs deux descentes en simultané relevait de l'impossible avec si peu de matériel, hélas. Par contre, il restait un seul moyen, bien qu'il puisse paraître... peu crédible.

Ne perdant pas de temps, elle avertit son apprentie afin qu'elle s'accroche à ce qu'elle pouvait, et usant de sa télékinésie, elle plia la masse de glace qui tombait dans cette cascade figée par le temps. Cela lui demanda un effort de concentration conséquent, et elle fut obligée de puiser dans le pouvoir du catalyseur qu'elle portait en bracelet afin de parvenir à ses fins. La sueur dégoulina le long de son front, mais après quelques secondes elle parvint à dévier le tout juste assez pour faire ce qu'elle avait en tête. L'eau gelée qui jadis tombait raide formait désormais une pente. Certes la pente était toujours plutôt raide, mais c'était suffisant... Suffisant à ce qu'elles puissent toutes deux glisser le long de ce toboggan complètement improvisé. Prenant les devants pour tester, Irina s'accrocha à son sac qu'elle voulait protéger à tout prix, et se lança avec un beaucoup d'appréhensions sur cette plate-forme. Fort heureusement la descente fut rapide, et à part quelques rebonds bien sentis une fois arrivée en bas, elle n'avait rien. C'était une ligne droite,... dieu merci.
Se relevant péniblement en déplorant un peu l'état dans lequel seraient ses fesses pour les prochains jours, Irina se força à sourire pour encourager Alix à les rejoindre. En fait la serpentine s'attendait à pas mal de réticences de la part de l'adolescente, mais ce fut tout le contraire. Visiblement enthousiaste par cette nouvelle expérience tout comme l'occasion de sortir de l'enceinte du temple pour partie à l'aventure, cette dernière semblait aux portes de l'euphorie. Se lançant en riant sur la pente gelée, elle aurait sûrement poussé des cris de joie si elle l'avait pu. Arrivant comme une furie jusqu'à leur niveau, la jeune brune les gratifia même de plusieurs petits sauts sur place, témoignant de son allégresse. Ses yeux brillaient comme ceux d'un enfant émerveillé, et son expression touchante montrait une émotion qui n'avait pas besoin de mots pour être comprise.

« Bon et bien après toutes ces cabrioles, je pense qu'au moins nous sommes plus proches du but. » Ou du moins elle l'espérait, car dans un coin de son esprit une inquiétude pointait le bout de son nez. Oui elles étaient descendues et s'en étaient bien sorties... mais comment pourraient-elles remonter en sens inverse ? Plus que jamais leur mission de retrouver le matériel et les cartes d'Olévus devenait vitale, car c'était aussi leur passe droit vers la sortie.

« C'est bon tout le monde va bien ? Dans ce cas on peut continuer. »
« Ça ça m'étonnerait, prêtresse… »

Spoiler:

Une voix si gutturale qu'elle semblait provenir des abysses retentit entre les murs gelés de la salle, résonnant en plusieurs échos. Une créature surgit alors de l'ombre, parée d'une grande armure à moitié détruite et d'un bâton de sorcier lourdement décoré. D'après son état de putréfaction c'était un Gorgoroth qui avait très mal vieilli... Ce qui au passage n'était guère encourageant. Qui dit vieux dit puissant, du moins en ce qui concerne les morts-vivants. Se dressant devant Alix comme par instinct, Irina échangea un regard avec Kalysta. Quelque chose lui disait que tout ça allait finir en combat pur et simple...

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Mar 16 Juil - 17:53

-Des tentations?

Ouvrir ses lettres ou ses colis? Peut-être… Mais la jeune femme n'en avait jamais vraiment souffert malgré sa grande curiosité. En fait, elle était suffisamment en contact avec ses clients pour pouvoir avoir une vague idée… Et puis, passé un moment, ils leur accordaient naturellement leur confiance, ce qui simplifiait la vie de tout le monde quand on songeait que la jeune femme pouvait passer plusieurs jours seule avec ses messages…

-Oh c'est dangereux mais c'est surtout très enrichissant. Je découvre toujours de nouveaux endroits, de nouvelles personnes. C'est ça que j'aime le plus…

Finalement la descente se déroula sans trop de soucis… Certes, cela ne fut pas vraiment facile mais la jeune femme parvint à ne se briser aucun membre. Une fois les pieds à nouveau sur un sol stable et relativement droit, elle prit quelques minutes pour inspecter les alentours. Ce n'était qu'un simple coup d'œil, l'assurance qu'elles seraient tranquilles le temps que tout le monde la rejoigne. La syliméa cherchait avant tout des traces d'animaux et créatures, pas d'un être pensant et intelligent comme elles… Et c'est probablement pour cela qu'elle fit l'erreur de ne pas pousser sa vérification plus loin, préférant se recentrer sur le problème de la descente.

Car, effectivement, suivre la même route qu'elle allait poser quelques soucis à ses deux compagnes. Non pas qu'elle s'inquiète beaucoup pour Irina, qu'elle soupçonnait encore plus pleine de ressources que ce qu'elle laissait paraître, mais Alix aurait probablement bien plus de difficultés qu'elle. Et elle n'avait aucunement envie que la toute jeune fille ne se blesse dans un lieu pareil… Peut-être en associant plusieurs cordes et en se servant des quelques stalagmites qui traînaient ça et là? Sauf que la prêtresse se montra bien plus innovante qu'elle…

Kalysta ne cacha même pas sa fascination lorsqu'elle l'observa travailler, créant grâce à ses pouvoirs un véritable toboggan. La demoiselle n'était pas encore complètement à l'aise avec les capacités magiques des uns et des autres, ayant encore un peu de mal à tout comprendre… Cela ne la rebutait pas, encore heureux vue sa condition, mais elle était à chaque fois fascinée par ce que les gens pouvaient faire, forts de leur maîtrise. Car, personnellement, elle ne maîtrisait pas grand chose encore. Elle était trop jeune pour cela…

Lorsque la prêtresse s'élança dans son toboggan improvisé, la nérozia vint se placer un peu après sa sortie, un ou deux mètres plus loin. Ne sachant trop comment la glace allait se comporter, elle avait anticiper la possibilité que les jeunes femmes aient des difficultés à s'arrêter juste au niveau du sol et ne continue dangereusement leur glissade. Elle était donc idéalement positionnée pour réceptionner Irina, puis Alix, si les choses partaient hors de contrôle… Fort heureusement, elle n'eut pas à intervenir, ses deux compagnes la rejoignant sans le moindre soucis. L'enthousiaste plus qu'évident de la jeune fille la fit sourire avec chaleur, cela faisait vraiment plaisir de la voir s'amuser !

Leur plaisir fut de courte durée, toute légèreté envolée lorsque la voix caverneuse raisonna dans le tunnel de glace. La syliméa fit volte face pour découvrir une silhouette inquiétante… Dieu seul, quel qu'il soit, savait depuis combien de temps il était là mais la jeune femme s'en voulut immédiatement de ne pas avoir détecté sa présence lorsqu'elle avait fait son petit tour d'inspection. Elle venait de mettre bêtement ses deux compagnes en danger… Sentant la prêtresse bouger, elle tourna son regard vers elle, croisant le sien. Elle semblait bien décidée à défendre Alix et ne se faisait pas d'illusions sur la situation… Qui que soit ce sinistre personnage, il n'allait certainement pas les laisser passer. Et il savait ce qu'était Irina puisqu'il l'avait clairement appelée "Prêtresse"…

-Oh… Même pas vous vous présentez? C'est de vivre coincé dans la glace qui vous a fait oublier les bonnes manières?

D'elles deux, c'était certainement Irina la plus expérimentée, la plus puissante, bref, la menace la plus directe. Et elle avait charge d'âme… Alors Kaly fit la première chose qui lui vint à l'esprit, chercher à attirer l'attention sur elle. Si elle parvenait à le faire parler, elles gagneraient du temps. Sinon, elle focaliserait son attention sur elle en le provoquant. Tout en parlant avec son ton railleurs, la syliméa se déplaçait légèrement, comme si elle cherchait à contourner le gorgoroth essayant de faire en sorte qu'il fixe son regard sur son apparente nonchalance…

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Lun 19 Aoû - 19:27

Irina n'était pas une personne pure, et n'avait même jamais essayé de se faire passer pour tel. C'est donc pour ça qu'elle avait du mal à imaginer que ce ne soit pas tentant pour un messager de parfois jeter un œil à ce qu'il transportait. Il est certain que ce serait peu professionnel et que satisfaire sa curiosité pouvait parfois coûter très cher, mais ça ce n'était pas nouveau. La curiosité... Voilà l'un de ses plus grands défauts, ce qui trop souvent la mettait dans un pétrin sans nom tout ça parce qu'elle voulait savoir, parce qu'elle avait besoin de savoir. Kalysta disait peut être vrai, mais cela ne voulait pas dire qu'elle n'avait pas d'autres travers au contraire. Son esprit paranoïaque lui disait que c'était le cas de tous, indépendamment de leurs origines ou de leur race. Irina avait une conscience scientifique trop poussée et avait sa propre façon de rentabiliser les vies -ou les morts- de ses ennemis. En fait c'était presque trop facile pour un médecin d'avoir accès à des corps -morts ou pas tant que ça- afin d'approfondir ses connaissances...

« Hum je vois. Dans ce cas il y a toujours la possibilité de vous reconvertir en marchande itinérante ou quelque chose de ce genre, si jamais la carrière que vous avez choisie venait à vous lasser. » Avait-elle dit à demi distraite, bien qu'elle pense ce qu'elle disait. Dans la vie rien n'était figé trop longtemps, du moins pour les mortels. C'était ce qui rendait le tout excitant, mais également terriblement précaire. Une fragilité qui pouvait être synonyme d'une sacrée migraine. C'est en voyant Alix dévaler la pente avec un sourire d'insouciance qu'Irina s'en rendit compte une nouvelle fois. Avec une inquiétude presque maternelle, elle sentit son palpitant se contracter pour ne se calmer qu'une fois leur descente terminée, en relative sécurité. Alix leur avait juste bondi dessus à cause de l'élan, mais cela se termina simplement en improvisation de câlin groupé, ce qui était un moindre mal.

Cependant leurs élans d'affection surprise n'allaient pas pouvoir durer bien longtemps. Une voix caverneuse et sûrement centenaire les interrompit, visiblement irritée pour des raisons qui lui échappaient. On ne peut pas vraiment dire que le labyrinthe soit un endroit propice à être considéré comme son foyer, mais après tout chacun ses principes. Les gorgoroths avaient peut-être des goûts particuliers en la matière, passé un certain seuil d'âge. Dévisageant cet être croulant et continuant pourtant de respirer sans l'ombre de la peur, qu'elle ne pouvait ressentir, Irina avait été surprise que Kalysta prenne les devants dans ce qui était sans nul doute une tentative d'attirer l'attention afin de leur offrir plus de temps. D'un autre côté elle était intriguée par le fait que cette créature qui d'après son état ne devait pas sortir des lieux, et qui ne devait pas non plus être souvent dérangé par des visiteurs l'ait interpellée par son appartenance à Cimméria. Cela supposait qu'il avait déjà rencontré des prêtresses par le passé, et l'idée ne lui disait rien qui vaille.

« Les bonnes manières ? Pourquoi devrais-je me soucier de courbettes et de faux-semblants ? Ce ne sont pas eux qui me maintiennent en vie, alors cela n'a aucune importance. » Ses yeux rougeoyants étaient animés d'une lueur étrange, dans un mélange de rancœur et de haine profondes qui traduisaient sa folie. Il était clair que malgré le fait qu'il semble comprendre ce qu'on lui disait, il avait du mal à rassembler ses pensées. C'était comme si cette âme errante avait longtemps sommeillé et que maintenant elle avait été dérangée par l'arrivée peu discrète du trio d'exploratrices. Appuyé sur son bâton, cet homme qui ressemblait aux seigneurs liches des légendes ne se fit pas prier pour s'en prendre aléatoirement à l'une d'elles. Le hasard voulut que son attention soit focalisée sur Kalysta qui lui parlait, et vu qu'il ne voyait pas le petit gabarit d'Alix dissimulée derrière Irina. Ce fut donc cette dernière qui fut prise en tenaille par une main spectrale immense, qui reproduisait fidèlement les gestes de son créateur.

Serrée dans cet étau immatériel qui ne lui donna pas le temps de réagir ni d'esquiver, la rouquine eut à peine le temps de faire comprendre à Kalysta, qu'il fallait qu'elle protège leur benjamine. Ce n'était qu'un signe de tête faible, bien que perceptible malgré ses efforts désespérés de se dégager. Néanmoins ses bras étaient comprimés contre son corps, lui arrachant un grognement de douleur. Ceci dit elle ne put s'empêcher de lui répondre.

« Je peux savoir en quel honneur j'ai droit à un tel accueil? »
« Comment OSEZ-VOUS ?! » Hurla-t-il à pleins poumons, faisant trembler jusqu'aux murs de Zaléra. « Comment osez-vous revenir ici après ce que vous m'avez fait ?! »

Prise au dépourvu, Irina cilla plusieurs fois sans comprendre. Elle avait la certitude absolue qu'elle n'avait jamais croisé cette chose, qui qu'elle soit. De quoi parlait-il... ? Fronçant les sourcils avec scepticisme, elle tourna ses yeux pleins d'espoir vers Kalysta. Si elle ne pouvait pas les sortir de ce bourbier en le persuadant de les laisser partir... Alors étant donné le mutisme d'Alix, personne ne le pourrait.

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Lun 20 Jan - 22:48

Pour l'instant Kalysta n'était pas prête à se lasser de son métier actuel. Messager avait l'indéniable avantage de lui faire voir plein d'endroits et de gens différents. Et, surtout, ce n'était qu'une couverture. Les travaux qu'elle accomplissait pour les nérozias étaient aussi très variés et avaient tendance à tenir la potentielle monotonie du quotidien soigneusement à baie. Tout de même... C'était grâce à cela qu'elle se retrouvait à explorer ces fascinantes cavernes glacées avec deux jeunes femmes qui l'étaient tout autant. Par contre elle était un poil plus réservée sur l'espèce de gougnafier qui semblait bien décidé à rester seul dans ces couloirs... Mais bon, cela faisait partie des risques du métier !

Le gorgoroth était bien tout sauf accueillant. Certes elles avaient pénétré son territoire, ou son chez lui, mais c'était plus par accident qu'autre chose non? Elle ne savait pas trop ce à quoi s'attendre avec le bonhomme mais ses yeux rougeoyants et ses manières clairement agressives ne lui disaient rien qui aille. Vraiment, elle préférait largement qu'il tourne son attention vers elle que sur la protégée d'Irina... Parce qu'Irina semblait bien assez compétente pour s'en sortir comme une grande. En tous cas elle l'espérait franchement pour elle puisque l'Acariâtre s'en prit directement à elle.

La soudaine attaque et sa surprenante cible, elle s'attendait vraiment à ce qu'il cherche plus à s'en prendre à elle, la fit ciller. L'instant d'après Irina et elle avaient la même idée, à savoir la sécurité d'Alix. Malheureusement rien, dans son arsenal, ne permettait de protéger efficacement la jeune fille. Pour l'instant la conduite la plus prudente était surtout de l'éloigner de la zone et de faire en sorte qu'elle reste invisible aux yeux de leur adversaire... Ensuite... Ensuite restait le problème majeur du moment, à savoir un gorgoth mal luné et visiblement bien boosté. Et si Irina ne parvenait pas à se défaire du bonhomme, ce n'allait pas être la force brute de la nérozia qui allait aider...

Kalysta pâlit visiblement, elle n'était pas sure que ses compétences de diplomate étaient à leur mieux. Surtout pour une gamine de six mois... La jeune femme croisa le regard d'Alix et lui désigna une stalagmite plus large que les autres. Elle n'avait rien d'autre à lui offrir comme couvert. La syliméa attendit le moment où elle se mit en mouvement pour prendre la parole afin d'attirer pleinement l'attention du gorgoth sur elle afin qu'il ne discerne pas le mouvement. En quelques instants la jeune fille avait disparu des lieux...

-L'offense n'est pas volontaire. Nous ne savons même pas où nous sommes exactement...

Disant cela, la jeune femme leva les mains tout en bougeant légèrement, s'assurant ainsi d'attirer un maximum d'attention sur elle. Elle essayait de garder un timbre de voix calme et posé mais elle était bien loin de sa zone de confort. Kalysta était plus de nature à profiter des ombres et se faire oublier plutôt que de se propulser ainsi sur le devant de la scène. Un vrai exercice de style. Même en y mettant toute sa puissance, elle ne pourrait jamais desserrer la prise du gorgoth, elle ne pouvait vraiment se reposer que sur ce qu'elle allait dire.

-Et ça c'est ni courbettes, ni faux-semblants. On sait même pas qui vous êtes. Ni ce que vous faites là. Alors je dirai bien que c'est pas complètement volontaire parce que vous m'avez l'air un poil rancunier mais je doute que ça ait vraiment à voir avec mon amie ici présente. Elle me paraît un peu jeune pour vous, non? Et elle a pas trop l'air de vous remettre non plus...

La syliméa essaya de garder une attitude un peu nonchalante, voir provocatrice. Parce qu'il n'avait pas l'air d'aimer les personnes trop obséquieuses... Autant cibler le "naturel" dans ce cas-là.

-Si vous tenez tant que ça à vous venger, vous voulez pas dire de quoi avant?

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Ven 7 Fév - 10:42

Irina était une femme qui avait de nombreux alliés, mais aussi de nombreux ennemis. C'était une réalité qu'elle avait acceptée depuis longtemps maintenant, ce qui la plupart du temps lui donnait du recul sur la plupart des situations. Cependant malgré tous ses efforts, elle ne voyait pas ce qu'elle avait bien pu faire pour provoquer la colère et la rancune de cet être sûrement centenaire. Certes son visage décharné ne laissait pas deviner celle qui avait son identité avant de mourir, mais au delà de cela, les raisons de sa rancœur restaient inconnues. Il est vrai que la prêtresse n'était pas un ange et avait de nombreuses morts sur la conscience, cependant aucune n'avait un rapport avec ces grottes, ni même Zaléra. Par conséquent d'après ses souvenirs elle n'avait aucun rapport avec le gorgoroth ; tout du moins aucun rapport direct. Et qu'est-ce qu'il leur reprochait au juste ? Ce n'est pas comme si ce tas de glace était sa propriété, si ?

Luttant toujours pour continuer de respirer, prisonnière de l'étreinte spectrale qui comprimait ses os, Irina réfléchissait à toute allure. C'était à peu près tout ce qu'elle puisse faire dans cette position, de toute façon. Alix quant à elle avait bien compris, malgré la résignation, qu'il valait mieux rester en retrait pour ne pas gêner les deux adultes. Enfin, une adulte et demi. Ensuite Kalysta tenta de renouer une conversation, ce qui semblait pour le moins compliqué. Seulement avaient-elles vraiment d'autres option viables à ce stade ? La voix caverneuse reprit, plus effroyable que jamais. Ce son pourtant grave était comme une paire de griffes sur du verre... à en donner la chair de poule. Le fait est que distrait ou non par les paroles de la syliméa, il reposa Irina à terre. Ou plutôt il la laissa tomber comme un vulgaire déchet avec lequel on vient de se salir les mains. La main spectrale disparut, bien qu'il soit clair que ça risquait de ne pas durer. Retrouvant son souffle, la prêtresse retomba sur les genoux et grimaça. Le choc avec la glace n'avait pas été très agréable.

« Les prêtresses... Ce sont ces maudites harpies qui m'ont enfermé ici il y a plus de trois cent ans ! Et voilà maintenant qu'elles reviennent ici, dans cette prison qui est devenue mon seul foyer ! Que faites vous ici ? Êtes-vous venues vous rire de mon malheur, vermine ? Et vous, vous n'êtes pas une prêtresse n'est-ce pas ? Alors pourquoi les avoir suivies ? Vous ont-elles aussi promis monts et merveilles en échange de votre protection ? »

Irina était bouche bée. Elle n'avait jamais entendu parler de cette chose qui avait un jour dû être un homme. Ni du jugement qui l'avait envoyé ici, ni des méfaits dont on l'avait accusé. Néanmoins ces bribes confuses d'histoire ne l'étonnaient pas plus que ça. Des cas comme le sien il y en avait tellement... Et la plupart de ces affaires ne s'ébruitait jamais, la grande prêtresse prenant soin de tout étouffer. Et en parlant de grande manipulatrice, il y a trois cents ans elle n'était même pas née. Comment pourrait-elle savoir ce qui s'était passé ? Comment était-elle censée comprendre de quoi il l'accusait ? Ça en devenait ridicule.

« Laisse partir l'enfant et nous discuterons autant que tu le voudras. Laisse l'innocente en dehors de ça et tu pourras faire de moi ce que tu voudras. »

C'était peu probable qu'il accède à sa demande, mais à ce stade les trois exploratrices n'avaient plus grand chose à perdre.

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Ven 14 Fév - 17:55

En toute honnêteté, la jeune femme ne savait pas trop comment elles allaient pouvoir s'en sortir. La force brute, de sa part, reviendrait à chercher à ébranler une montagne... Il fallait absolument qu'elle la joue finaude. Parler, gagner du temps, trouver comment sa psychologie fonctionnait pour pouvoir gagner ne serait ce qu'un minuscule levier sur lui. Sans cela elle ne donnait vraiment pas cher de leurs peaux. Peut-être qu'Alix parviendrait à prendre la fuite si Irina et elle l'attaquaient de front pour gagner du temps pour elle, mais ensuite... Elle ne savait rien des capacités de la jeune fille et elle se demandait si la lâcher seule dans cet environnement glacé ne revenait pas à repousser l'inévitable...

Donc, parler… Certes mais il fallait bien le faire. Il n’était pas forcément très naturel à Kalysta d’user de mots pour dénouer une situation. Non pas qu’elle soit assoiffée de sang et de combats, pas complètement, mais plus parce qu’elle manquait cruellement d’éloquence et d’expérience surtout. La syliméa était encore une enfant, il ne fallait pas l »oublier, et son hôte n’avait jamais brillé par son charisme… Alors la jeune femme fut particulièrement surprise quand elle vit leur ennemi lâcher Irina, ne pouvant s’empêcher de ressentir un léger sentiment de victoire…

Pour autant, il valait mieux éviter de l’énerver encore plus. Kaly prêta donc une oreille attentive à son histoire et le résultat ne se fit pas attendre. La jeune femme se figea complètement, le choc pouvant se lire sans problèmes sur son visage. Il suffisait que la prêtresse et sa protégée se tournent vers elle pour le constater, tout comme le fait que son visage s’était drainé de toute couleur. Le teint de cendre, le regard légèrement perdu dans le lointain, elle porta une main à sa poitrine alors que son cœur s’emballait quelque peu sous l’effet de la panique. A croire qu’elle venait de voir un fantôme ou qu’elle revivait une expérience particulièrement désagréable… Au point qu’elle n’enregistra même pas la question qui lui était adressée, ne cherchant ni à y répondre ni à la reconnaître…

-Vous avez été enfermé ici… ?

La nérozia avait parlé d’une toute petite voix choquée, tout juste un souffle, sa main cramponnée à sa poitrine. Elle savait que ce n’était pas du fait d’Irina, elle ne devait même pas être née à l’époque, mais elle devait se faire violence pour s’en souvenir. Parce que la demoiselle n’avait aucun mal pour se mettre à la place du gorgoroth et qu’elle-même n’était pas sans tenir une certaine rancœur envers les sylphides. Même s’il y avait de menues différences. Comme le fait qu’il y avait encore la possibilité de croiser un de leur ancien tourmenteur. Ou bien qu’elle préférait les éviter complètement plutôt que de les attaquer sans réfléchir…

-C’est cruel comme châtiment… De quoi étiez-vous accusé ?

Il lui était très difficile de ne pas instinctivement se mettre du coté du gorgoroth, connaissant la torture que pouvait être une telle sentence. Même si, à ses yeux, sa propre expérience avait été plus difficile car plus longue et avec aucun échappatoire, pas même la mort. Entendre Irina demander la clémence pour Alex lui permit de se reprendre un peu, lui rappelant qu’elle n’avait pas toutes les informations et que l’innocence méritait d’être protégée. La jeune fille ne devait pas souffrir à cause d’erreurs du passé. Et elle ne savait rien non plus de leur antagoniste. Si les siens avaient simplement été victimes d’une politique malade, ce n’était peut-être pas le cas du gorgoroth… Rien ne disait qu’il n’était pas une grave menace…

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Sam 22 Fév - 5:19

C'étaient des révélations troublantes, même pour Irina. Surtout pour elle en fait. Ce genre de destinée, ce n'était pas un cas unique ni isolé. L'expression de la prêtresse s'assombrit aussitôt que le gorgoroth se tut. Il n'avait pas été la seule personne ainsi abandonnée à son sort, punie par un châtiment qui n'avait rien de divin et qui s'illustrait pas la plus pure des cruautés. Lui aussi avait été soit disant gracié, bien qu'en réalité cette pénitence soit un hypocrite équivalent d'une mort déguisée. Très mal déguisée même. Toutes les prêtresses et les habitants de Hellas en général, savaient ce que signifiait une telle condamnation, ce à quoi elle menait, inévitablement. Cette tradition séculaire avait juste pour objectif initial d'effrayer les gens, de les dissuader de sombrer dans la vilenie et la vanité... Mais au fur et à mesure du temps cette pratique était redevenue 'à la mode'. Depuis la dernière passation de la haute prêtresse, c'était presque devenu une image de marque.
Elerinna voulait faire passer ça pour un désir magnanime de laisser les dieux juger de la culpabilité de quelqu'un qui a supposément commis une faute grave. Qu'avaient donc les dieux à faire là dedans ? Pourquoi étaient-ils sans cesse utilisés sans vergogne aucune, pour justifier les fautes des mortels, qu'ils soient juges ou accusés ? Cette idée lui était insupportable. C'était une des énièmes raisons qui faisait que ce règne incontesté et sans partage, elle ne pourrait jamais l'accepter. Ses yeux dévisageaient celui qui avait autrefois été un homme. Imaginant bel et bien quel genre de fautes avaient pu lui être imputées. Gardant le silence, la rouquine était secouée par ce qu'elle entendait. La voix gutturale reprit.

« Oui... Pendant si longtemps que je serais incapable de compter les saisons. »

Irina avait bien vu que Kalysta avait visiblement pâli, mais n'intervint pas. Elle ignorait pourquoi, mais cette histoire avait l'air de la toucher de très près. Voulant éviter de précipiter les choses et d'éventuellement la voir changer de camp, la scientifique se fit prudente. Les prêtresses l'avaient bien éduquée : il fallait toujours se méfier de tout et de tous... Les alliés d'un instant pouvaient à tout moment devenir les ennemis de toujours, seule une personne naïve ou stupide pouvait l'ignorer dans un tel milieu. Et cet être, aussi innocent puisse-t-il être à l'époque des faits, en avait probablement payé les frais. Contrairement à d'autres, il n'avait pas appris la leçon suffisamment vite. Et c'était sûrement cela, cette cruelle capacité à s'adapter pour survivre, qui faisait la différence entre une personne comme Irina, et une personne comme lui. Une nouvelle fois, elle était confrontée à la ligne frêle qui séparait les vivants des morts, et les châtieurs des châtiés.

« La grande prêtresse, une femme aussi purement magnifique que secrètement perfide m'a séduit. J'étais dignitaire, fils d'un riche noble. Ma famille était politiquement influente, et avoir leur soutien constituait un avantage non négligeable dans ces jeux de pouvoir, dont l'étendue m'échappait totalement. Je ne pensais qu'à l'aimer, à me perdre dans la profondeur de ses yeux, et lui offrir une vie digne de son rang. Hélas, quand j'ai découvert que je n'étais qu'un nom sur une liste de cibles, qu'un soupirant de plus parmi tant d'ignorants épris, je l'ai confrontée. Nous nous disputâmes violemment et ivre de rage face à telle mauvaise foi, je menaçai de rendre l'affaire publique. Ce fut mon erreur. Ma dernière erreur. »

Le regard du gorgoroth était soudain perdu dans le vague, comme s'il faisait un effort pour rassembler ses souvenirs lointains. En cet instant, alors qu'il leur racontait ce qui s'était passé, il paraissait avoir repris le dessus sur la folie qui telle une gangrène, le dévorait de l'intérieur. Combien de temps cela durerait-il, ce serait difficile à dire. Mais alors que le silence était momentanément rétabli dans ces lieux déserts, il reprit. Son ton était plein d'espoir, comme s'il sentait une certaine compréhension chez Kalysta. C'était comme s'il cherchait son approbation, qu'il n'attendait qu'un mot de sa part pour lui donner raison.

« Vous savez ce que c'est, pas vrai ? Alors, pourquoi n'aurais-je pas le droit de faire justice de mes mains, tout comme les prêtresses l'ont fait avec moi en mon temps ? Pourquoi ?! »

Sujet: Re: Solidarité scientifique. Dim 9 Mar - 18:26

Kaly prenait sur elle pour refouler la bile qui menaçait d'envahir sa gorge au risque de l'étouffer, tout comme la panique qui l'avait fait naître... C'était une sensation très désagréable, surtout associée à l'impression que chaque paroi était en train de se rapprocher dangereusement d'elle, comme si un piège était en train de se refermer sur elle. Bien sûr qu'elle était bien placée pour comprendre le ressentiment du gorgoroth, tout comme la possible folie qui avait pu s'installer dans son esprit. Une folie qui avait eu plusieurs centaines d'années pour se focaliser sur un groupe de personnes en particulier. Là aussi elle savait parfaitement de quoi elle parlait. Elle avait été aux premières loges pour voir ce que le ressentiment et la haine pouvaient faire à un esprit enfermé pendant une durée indécente... Le fait qu'il parvienne encore à se retenir et à établir un semblant de dialogue était relativement bon signe pour elles... Cela voulait dire qu'il n'était pas encore complètement perdu et qu'il y avait peut-être un infime espoir de pouvoir le raisonner. Si elle parvenait déjà à conserver son sang froid.

La syliméa déglutit difficilement en fermant temporairement les yeux en entendant finalement l'histoire de leur agresseur... Bien entendu elle n'avait rien pour lui permettre de savoir s'il disait la strict vérité. Peut-être n'était-il en fait qu'un tueur d'enfants qu'on avait enfermé ici... Mais l'opinion de la jeune femme était horriblement biaisée dans cette situation. Ce concept de secret qui ne devait pas être révélé, qu'on enfouissait sous un tapis symbolique sans se préoccuper des répercutions pour la malheureuse victime... Cela touchait une corde définitivement sensible pour la nérozia. En un sens elle était blessée de réaliser qu'il n'y avait pas que les sylphides pour agir ainsi. Cela aurait été tellement plus simple pour le jeune esprit de Kaly si les « méchants » de l'histoire n'avaient qu'un seul et unique visage. Mais ce n'était pas le cas... Quand elle rouvrit les yeux, ces derniers se posèrent sur Irina, blessés et un peu perdus.

Difficile de dire ce que vit la jeune femme chez la prêtresse, peut-être la façon dont la situation la touchait elle aussi. Une situation qu'elle semblait désapprouver... ? A moins qu'elle ne se soit rappelée qu'il n'y avait pas que sa vie en balance mais celle aussi d'une jeune fille qui était encore innocente et qui n'avait certainement pas à payer pour les crimes d'une personne qui était certainement morte à l'heure actuelle. Même si elle laissait ses pulsions guider le gorgoroth cela ne résoudrait probablement pas son problème. Peut-être serait-il soulagé pendant un court instant mais cela n'arrangerait rien sur le long terme...

-Je... Oui... Je sais ce que c'est.

Le regard qu'elle lança à la prêtresse était assez facile à déchiffrer. Il était plus que préférable qu'elle ne cherche pas à en savoir plus sur ce qu'elle venait de dire. Kalysta savait qu'elle devait laisser filtrer certaines informations si elle voulait calmer le jeu mais elle ne pouvait pas se permettre d'entrer dans les détails et elle ferait tout pour les garder secrets. Il n'y avait pas uniquement sa vie en jeu... Prenant une grande inspiration afin de refouler suffisamment sa claustrophobie pour pouvoir s'approcher de quelques pas et avoir un discours cohérent, la syliméa se lança...

-Bien sûr que vous y avez droit...

La jeune femme se rapprocha encore d'un pas, se trouvant maintenant aux cotés du gorgoroth. Si elle le voulait elle pourrait presque le toucher en tendant le bras... Mais elle s'était positionnée de telle sorte qu'elle était à ses cotés, faisant face à Irina, comme si elle l'étudiait en parlant...

-Mais ce que vous vous apprêtez à faire n'a rien à voir avec la justice. Cette jeune femme a peut-être le même titre que ses prédécesseurs mais elle n'est en rien comme elles. La tuer ne vous soulagera en rien, cela ne vous fera que souffrir plus. Au final, vous donnerait raison à cette femme qui a abusé ses pouvoirs. Toutes ne sont pas comme elles, donner lui une chance de vous le prouver et de rattraper une partie des tords... Si une prêtresse vous a enfermée ici, une autre a peut-être les connaissances nécessaires pour vous libérer ?

La jeune femme finit par se tourner pour parler en regardant le gorgoroth dans les yeux.

-S'il vous plaît. La tuer ne résoudra rien, cela ne vous rendra ni votre liberté, ni votre réputation, ni la justice. La vengeance aveugle n'est jamais une solution, elle ne fait que précipiter votre perte.

Et au regard qu'elle lui lança, elle parlait d'expérience...

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Sujet: Re: Solidarité scientifique. Jeu 27 Mar - 12:41

Irina n'était pas la plus douée des psychologues, et on pouvait même dire sans risque de se tromper que les relations humaines en général, ce n'était pas son domaine. La froideur terne qui la caractérisait était la distance salvatrice qui la séparait d'une empathie trop dangereuse pour un médecin. Cela ne voulait cependant pas dire qu'elle était complètement obtuse aux sentiments des gens qui l'entouraient, ou qu'elle ne les comprenait pas. Au milieu de cet étrange imbroglio, il y avait pourtant un sentiment qui plus que tous les autres s'imposait à elle comme une évidence, recouvrant tout le reste de son épais manteau, dense et opaque. La peur. Kalysta exhalait une peur profonde et ancienne, qui tel un parfum persistant flottait dans l'air et parvenait jusqu'aux narines de la prêtresse. C'était trop intense pour qu'elle puisse l'ignorer, et trop délectable pour qu'elle doute de son existence, bien qu'elle en ignore la source.
Pourtant il y en avait forcément une, aussi complexe ou lointaine puisse-elle être. Sans forcément chercher à en savoir plus, Irina comprit que cette fille si jeune en apparence avait certainement une longue histoire derrière elle, et qu'elle tentait désespérément de garder dans son passé. Une tâche bien compliquée en l’occurrence, puisque ses dons particuliers lui permettaient de voir au delà des meilleurs jeux d'acteurs. La curiosité d'en savoir plus fut puissante et insidieuse, mais la rouquine ne céda pas pour le moment. Elles avaient déjà bien déjà assez de soucis avec ce gorgoroth plusieurs fois séculaire qu'elles venaient de réveiller par mégarde.

En réalité la prêtresse s'était rarement sentie aussi impuissante. Cet être déplorait son sort et rageait dans sa soif de légitime revanche, chargeant l'Ordre de Cimméria pour son séjour prolongé en ces dédales de glace. Pouvait-elle seulement lui en vouloir pour ça ? Il était normal qu'il en veuille à ceux qui l'avaient livré à un sort pire que la mort, qu'il avait d'ailleurs transcendé, si leurs rôles avaient été inversés, Irina en aurait fait de même. Non, en fait il était même certain qu'elle aurait tué les responsables sans chercher à comprendre les détails. Les ténèbres qui la rongeaient étaient ancrées trop profondément pour qu'elle puisse laisser une place à la raison dans ce genre de circonstances.
En ce sens, cette chose décharnée et putride avait tout son respect... Au moins il parvenait à réfléchir un tant soit peu avant de lui sauter à la gorge. Bon la présence de quelqu'un comme Alix et Kalysta y était sans doute pour beaucoup, car ce n'était sûrement pas pour les beaux yeux de la serpentine qu'il avait concédé à une discussion, même sommaire. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle était la dernière personne à être bien placée pour le raisonner, que ce soit à cause de sa position ou de son passé. Cela ne faisait qu'en rajouter à sa frustration grandissante, lui intimant un silence qui lui pesait. Aussi muette que sa jeune apprentie, Irina brûlait pourtant de dire quelque chose mais avait peur de ruiner tous les progrès conquis jusque là par la jeune syliméa.

« Vous dites qu'elle n'est pas comme les autres, mais en êtes vous si sûre ? Pour quelle raison en êtes vous si certaine ? Je sens le voile obscur qui recouvre son cœur. »

Disait-il vrai, ou était-ce là un délire étrange causé par sa paranoïa ? Son esprit dérangé avait visiblement du mal à distinguer le passé du présent, et le réel du fictif. Alors quel crédit fallait-il prêter à ses paroles ? Ses yeux confus et perçants dévisageaient Kalysta, voguant entre son visage et celui de la rouquine avec insistance. Il cherchait à déterminer si ces femmes essayaient de le manipuler une fois de plus. Bien entendu il sentait que la syliméa pouvait comprendre sa situation, il sentait qu'elle disait vrai en prétendant être bien placée pour le comprendre... mais à quel point pouvait-il lui faire confiance ? Refusant de traiter avec Irina qu'il considérait comme une simple monnaie d'échange, il poursuivit sa discussion en l'ignorant royalement. Il laissa la jeune brune l'approcher, tout en la maintenant à l’œil. Il avait envie de la considérer comme une amie, bien entendu... cependant son instinct s'y refusait. Qui sait si elle allait essayer de le tuer dès qu'il aurait le dos tourné ?

« Comment comptez-vous la convaincre du bien fondé de cette idée ? Croyez-vous qu'elle va aider un monstre tel que moi à sortir de sa prison éternelle ? » Un sourire amer se dessina sur ses lèvres sèches, alors qu'il consentit à poser la question fatidique, bien qu'il continue de se méfier. Tout ça était trop beau pour être vrai, surtout après tout ce temps. « Si elle me tire d'ici, j'accepterai de lui accorder le bénéfice du doute encore un peu. Je vous guiderai même en dehors de ce labyrinthe si vous vous engagez sur votre honneur, à assurer ma liberté. Je veux que vous restiez à mes côtés jusqu'à ce que les prêtresses aient officiellement levé la condamnation qui pèse sur moi, et rétabli la vérité sur ce qui s'est passé. Je veux que mon nom ne soit plus celui d'un paria et que mes descendants, si j'en ai, puissent mener leur vie sans qu'elle ne soit ternie par l'injustice commise sur leur aïeul. »

Sujet: Re: Solidarité scientifique.

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