O children - [Léna & Thalie]

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 O children - [Léna & Thalie]

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Anonymous Invité
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MessageSujet: O children - [Léna & Thalie]   O children - [Léna & Thalie] Icon_minitimeLun 1 Déc - 3:16

O children - [Léna & Thalie] 150127064342788754

Léogan avait un peu rangé la maison. Il avait fait de son mieux, oui, vraiment. Il y avait maintenant une vague odeur de savon dans les hauteurs poussiéreuses du grand couloir, où couraient et rebondissaient les lumières dorées du crépuscule, entre les poutres qui poussaient partout comme les branches d'un chêne millénaire. C'était une vieille baraque. De l'extérieur, on aurait dit que ses fenêtres à croisées, ses volets écaillés, ses colombages et puis son toit orange en tuiles noircies s'écraseraient d'un instant à l'autre sur la chaussée, et à l'intérieur, il flottait toujours des relents un peu écœurants de bois humide et de poussière qui luttaient ferme contre les parfums noirs et poudrés que soupiraient les vieilles affaires de Léogan – un concert de cannelle miellée, de safran, de poivre, de tabac, de musc et d'encens qui brûlait légèrement les narines et fondait sur la peau comme le sable sous le cagnard. L'odeur de savon tentait péniblement de couvrir cet affreux bazar olfactif, mais le résultat, après une bonne heure passée à récurer tout ce qui était à sa portée, laissait Léogan dans l'embarras. Cela donnait au mieux l'impression qu'il avait fait autant d'efforts qu'un criminel qui tente en vain d'effacer les traces de son forfait, au pire... Eh bien, une nausée qui serrait la gorge et montait brutalement au crâne. Chaque fois qu'il passait dans le couloir, il ouvrait la fenêtre pour aérer, la refermait pour barrer la route au crachin dégueulasse qui pleuvait depuis des jours sur la ville, de sorte qu'à la fin, son flair étourdi ne parvenait plus à faire la différence entre une bonne et une mauvaise odeur.

Pour le reste, il avait balayé toute la surface propre à l'emploi du balai de la maison, astiqué, épongé, dépoussiéré, épongé encore – parce qu'évidemment, c'était l'erreur classique, on n'épongeait rien avant d'avoir dépoussiéré – tout salopé en rentrant des bûches pour la cheminée, épongé, essuyé, réessuyé, réépongé, récuré, frotté, ciré, séché, et maintenant, un grand feu de cheminée ronronnait et craquait dans la salle de vie et de l'eau écumait dans la bouilloire de la cuisine. Il s'était aussi occupé d'entasser toutes les bouteilles d'alcool qu'il avait semé dans la maison ces derniers mois dans le placard de son bureau, qu'il avait fermé à clef – non, honnêtement, si Thalie ne se posait pas encore trop de questions sur la collection incroyable de tord-boyaux qu'il laissait traîner dans toutes les pièces, et sur ces verres à moitié vides, posés à l'abandon sur une table, une chaise, ou même par terre, il était hors de question de laisser sa fille conclure qu'il était devenu alcoolique... Enfin, davantage qu'auparavant, si c'était possible.
Il avait fouillé désespérément dans son armoire à la recherche d'une chemise qui ne sentirait pas trop le tabac ou la cindine, l'avait lessivé la veille, éclaboussé d'encre noire au matin, quand il avait voulu assumer a minima sa charge de gratte-papier galonné, et puis il avait vaguement laissé tomber l'idée de paraître présentable quand il avait réalisé qu'il n'avait pas mieux à mettre que cette frusque-là, ainsi qu'un vieux pantalon droit d'un rouge terne, et une paire de bretelles qu'il avait passée négligemment par-dessus sa chemise. Tout ça le dépassait.

Et puis maintenant, il avait entrepris de débarrasser la chambre où Léna dormait habituellement quand elle était de passage, et la sienne, du bordel innommable qu'elles contenaient pour tout déverser dans son bureau – méthode de rangement peu scrupuleuse, mais qui, jusque là, avait fait ses preuves – et à changer les... draps ? – tissus hétéroclites qui servaient de draps – pour donner une vague apparence de propreté aux deux pièces.

Soudain, une horloge déréglée sonna cinq heures et il se rappela l'eau qu'il avait laissée bouillir dans la cuisine. Il descendit les escaliers quatre à quatre, oublia qu'il en avait ciré les marches, dérapa, se cassa la figure, se rétablit miraculeusement sur ses deux pieds, et débagoula devant son fourneau pour en éteindre les feux.
Tout ça le rendait nerveux. S'il avait demandé à Léna de rappliquer chez lui dans des temps aussi troublés, ce n'était pas pour causer devant une tasse de thé parfumée, en riant gaiement et en mangeant les biscuits au miel et les gâteaux à la crème que Thalie aurait réussi à soutirer aux cuisines du temple – pas seulement.
On disait couramment de lui, dans l'armée, qu'il avait toujours deux coups d'avance sur l'échiquier et il était vrai que Léogan envisageait toujours le plus grand nombre de possibilités et qu'il prévoyait, planifiait, agissait de sorte que très peu de choses échappent à son contrôle. Depuis quelques temps, il avait l'assurance solide qu'Hellas allait imploser. Les bas-quartiers s’entre-déchiraient, les doyennes ligotaient fermement l'autorité d'Elerinna, et tous les nobles politiciens, les bourgeois pleins aux as et toutes les prêtresses se disputaient déjà avec concupiscence les meilleures parts du gâteau. Thalie était comme un tout petit poisson dans une toute petite mare au milieu d'un banc de requins affamés – il fallait la sortir de là avant que tout dégénère.
Seulement, ce n'était pas si simple. Léogan avait confiance en sa fille qui depuis quelques années se débrouillait sur les routes par ses propres moyens, il en était même très fier, mais l'idée de laisser ces deux enfants aux pouvoirs fantasmatiques vagabonder seules sur les grands chemins lui filait déjà quelques ulcères. Pourtant avait-il d'autre choix ? Léna avait une petite chapellerie à Hespéria, Thalie pourrait y loger et accompagner la caravane marchande de Léna à travers le pays – après tout, c'était ce qu'elle avait toujours voulu, cette gamine, un peu d'oxygène. Ce serait sans doute très bien.

Il ouvrit la porte du fond de la cuisine, dissimulée sous une tapisserie, et qui donnait sur le box où il laissait Ode, sa jument, par mauvais temps, et où Thalie s'occupait de son poney pour le préparer à la chevauchée du lendemain. Le petit minois rougi de la gamine se tourna vers lui et il lui sourit avec une bienveillance presque paternelle.

« Tout va comme tu veux, poupée ? Il est... Euh, entre cinq et six heures, Léna ne devrait plus tarder. »


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Mar 27 Jan - 18:40, édité 1 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: O children - [Léna & Thalie]   O children - [Léna & Thalie] Icon_minitimeSam 6 Déc - 18:07

Bagel. Ce fut le premier nom que Thalie voulu donner à son poney. Mais elle dut le changer car ce  n’était apparemment pas un nom approprié pour un animal. Du coup, elle dut passer du temps à en chercher un nouveau. Lorsqu’elle proposa Farine, les prêtresses de Cimmeria se moquèrent d’elle. Seule dans sa chambre, la sindarine avait pesté contre elle-même. Jamais elle n’aurait dû leur dire qu’elle s’était procuré un poney.  Heureusement, l’animal logeait chez Léogan et elles ne purent rien faire de plus que lui servir des sermons.  
Finalement, après plusieurs propositions (Tarte, Sucre, Gingembre, Omelette, …), le poney, qui n’avait rien demandé, se fit prénommer Cannelle. A une période, Thalie avait voulu l’appeler Tord Boyaux ou Bière mais, pour une raison qui lui échappait, Léogan s’était interposé et avait rejoint l’avis de ces puritaines qui ne savaient rien faire d’autre que de lui mettre des bâtons dans les roues. Elle les avait tous insulté et détesté. C’était SON poney. Pourquoi ne pouvait donc pas l’appeler comme bon lui semblait ? Fort heureusement, lorsqu’elle proposa Cannelle, plus personne n’émit d’objection.

Puis, le temps passa et les prêtresses firent de moins en moins de commentaires sur le poney. Elles paraissaient occupées et Thalie ne comprenait pas réellement pourquoi. Elle avait tenté d’enquêter mais sans grand succès. Au fil du temps, elle comprit que quelque chose ne tournait plus rond dans le temple de Kesha. La tranquillité presque assommante qui y régnait s’était peut à peu estompée. Des petits groupes s’étaient formés et s’évitaient avec une méticulosité que la sindarine trouvait dérangeante. Lorsqu’elle questionna les prêtresses qui s’occupaient d’elle, elles ne voulurent rien lui dire. Peu à peu, ces dernières passèrent moins de temps avec elle. Au début, cela fit le bonheur de la sindarine qui pu passer plus de temps avec Léogan sans devoir rendre des comptes à ses gouvernantes. Mais avec le temps, la petite commença à s’inquiéter. Elle n’aimait pas les chuchotements qu’elle entendait parfois le soir dans les couloirs.
Récemment, certaines prêtresses avaient pris la mauvaise habitude de la consigner dans sa chambre pour un oui ou pour un non. Un jour, l’une d’entre elle, l’avait même enfermé à clé. Thalie n’appréciait pas du tout cette nouvelle façon dont certaines s’occupaient d’elle. En effet, la sindarine avait la désagréable sensation que certaines de ses consœurs la traitaient comme un objet de valeur qu’il fallait cacher et protéger d’un danger imminent…


***

- T’as de la chance de ne pas dormir là-bas. Vu comment j’te connais, j’suis sûre que tu deviendrais complètement fou

Assise à côté de Cannelle, Thalie était en train d’astiquer sa selle tout en tenant fermement Crème avec une de ses jambes pour l’empêcher d’aller brouter du foin. Ce n’était pas le sien et elle ne voulait pas se faire passer un savon par Léogan. Puis elle commençait également à avoir faim et voir son mouton et son poney se goinfrer ne l’aidait pas beaucoup.  

- Putain bordel par les dessous de Kesha bon sang Cannelle ! Tu ne veux pas mastiquer moins fort, s’il te plaît ? Pense à ceux qui ont faim.

Cannelle observa un instant la sindarine comme si elle venait d’un autre monde et se remit à mâchouiller son foin, ce qui eût pour effet de faire bêler Crème de plus belle.

- Bordel… Bon vas-y, va t’engraisser. Mais j’vous préviens, vous n’avez pas intérêt à vider le box ! Faudra pas venir pleurer si Léogan décide de vous rôtir pour le dîner… Bande de goinfres…

Thalie laissa son animal de compagnie rejoindre Cannelle. Puis, après quelques minutes, elle lâcha :

- Au moins, si un jour j’ai envie de foie gras, je saurai où chercher… Vous faîtes chier, bordel. Et toi, Ode, tu ne dis rien ? Ils bouffent tout ce que tu as et ça ne te gêne pas ?

Pour toute réponse, Thalie reçu un coup de tête et elle bascula dans le foin. Après avoir jeté un regard noir à l’animal, la sindarine se releva et épousseta sa robe grise qui dissimulait un pantalon.

- Bordel, faut pas que je me salisse sinon j’vais me faire encore gronder ce soir…

Ode lui donna à nouveau un coup de tête mais cette fois-ci, il sembla moins violent et plus affectueux. Thalie ne s’était jamais réellement entendue avec la jument de Léogan. L’animal semblait se montrer docile qu’envers son maître. Toutefois, depuis quelques temps, Ode paraissait mieux tolérer la présence de la sindarine.

Après avoir astiqué sa selle, Thalie brossa la queue et la crinière de Cannelle. C’est à ce moment là que Léogan arriva.

- D’accord.

Mis à part le fait que Léna était la fille de Léogan, Thalie ne savait pas grand-chose sur cette demoiselle. Elle s’attendait donc à voir arriver une fille en pantalon recouvert d’armes acérées. Et, rien que d’y penser, elle se sentit intimidée.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: O children - [Léna & Thalie]   O children - [Léna & Thalie] Icon_minitimeMer 7 Jan - 1:14

Ca n'avait pas changé d'aspect. Comme dans ses souvenirs, c'était une bicoque au toit de feu, à l'allure bancal et qui semblait tenir par miracle. L'antre de Léogan demeurait fidèle à lui-même: inexpugnable repère des excentricités de son propriétaire désabusé, sentant de loin le désarroi et l'imagination tenacement pessimiste. Pourtant, lorsqu'elle pénétra furtivement dans celui-ci, Léna fut surprise. L'air était moins désagréable que dans ses souvenirs: une petite pointe de savon, même, lui chatouillait les narines. Bien entendue, cela ne couvrait pas tout à fait les innombrables et inopportunes fragrances qui y logeaient d'ordinaire, et ça ne l'empêchât pas de ressentir une gêne à la poitrine lorsqu'elle huma un peu trop profondément l'air du lieu. Même, elle faillit éternuer et gâcher tout l'effet de surprise qu'elle désirait préserver afin de surprendre son père! C'est dire si cela eut été dramatique; La jeune sindarin se faisait une joie malicieuse à l'idée faire bondir Léo de son tabouret: S'il fallait être sa fille, il fallût bien que cela fut utile à quelque chose.

Elle traversa sur la pointe des pieds les pièces exigües qui la séparait de la cuisine, où elle espérait dénicher son fameux paternel, endormi sans doute, ou fumant peut-être; quoiqu'il en soit l'esprit engourdi, et l'humeur bien morose, comme l'habitude le voulait toujours. Léna remarqua que la propreté de l'air égalait celle du sol, des plans de travail et même des poutres: il n'eut pas été permis de dire que c'était du grand art, mais il y'avait du progrès, du mois une certains intention de s'améliorer quand aux arcanes du ménage et de la propreté. Pour un peu, ça l'aurait renversé par terre, sur les fesses, ébahie. Ca lui paraissait bien difficile à croire, et fort dépaysant. Elle lui en aurait presque voulut si elle n'avait pas eu tant hâte de le revoir. S'engueuler pour une histoire de ménage, y'a-t-il plus amusant?

Hélas, Léogan n'était pas dans la cuisine; ladite cuisine qui était d'ailleurs, elle aussi, rangée comme il se doit, allant contre tous les us et coutumes qui avaient bercé la tendre enfance de Léna. Mais la jeune sindarin n'eut pas le loisir de contempler outre mesure les miracles des ans sr le caractère de son père, dans une optique d'assagissement ménager: elle entendit quelques voix de l'autre côté, dans le cagibi où il parquait sa jument. Silencieusement, la jeune sindarin s'approcha de la tapisserie sous laquelle était dissimulée la porte menant au réduit; elle fut rassurée de constater que celle-ci était restée dans un état aussi lamentable que les fois précédentes, et qu'elle était abondamment pourvu de poussières. Tout de même, la voir propre, lavée, rafistolée, c'eut été trop. Elle écarta de la main le tissu sale. Le battant de la porte était restée entrouvert; elle écouta sans bruit. Mal lui en pris. A peine avait-elle entendue quelques mots que ses cheveux s'étaient dressés sur sa tête, tout droit, sans un pet de travers. Décidément, le langage de son père - et de l'enfant qui l'accompagnait-,n'était pas propre du tout; il était même très fleuri. Et il l'était bien trop

Léna ouvrit le battant en bois à toute berzingue, et se dirigea vers Léogan, qui vaquait à diverses occupations dans un coin. Elle le considéra d'un oeil torve, ne lui laisse point l'occasion de se justifier ou de quoique ce fut, et lui débita d'une traite, sans s'arrêter, en parlant très vite, et fort:

-Ah, alors c'est comme ça, papa ? Tu lui donnes du 'poupée', et elle te rend du ' putain bordel'? Ah c'est beau, ah oui, c'est fort instructif. Déjà, quand j'étais enfant, tu m'en fichais plein la mouille, de tex expressions mal léchées, mais là, tu t'es surpassé! Vraiment, parvenir, à un si jeune âge, à de si grands progrès réthorique, j'admire!

Son paternel eut un mouvement de recul, un vrai sursaut de paranoïaque . Il se retourna, considéra Léna, et lâcha, hébété :

- ...Léna ?!

La jeune chapellière lui rétorqua vertement un 'Sans blague!' Qui le laissa profondément indifférent; il reprit en ajoutant:

- Mais depuis quand tu...?

- Depuis que tu penses bon de faire répéter 'bordel bordel ' à des enfants de son âge.

Léna regarda son père d'un oeil torve puis ajouta:

-Enfin, ce n'est pas comme si tu avais changé: à défaut de cours de bonne conduite, tu pourrai quand même t'abstenir de jurer comme un cabochard de soldat.

Léogan émit un soupir las:

- J'suis pas là pour lui donner des cours de rhétorique de toute façon, dit-il enfin. J'y peux rien, elle répète tout ce que je dis...

Il sembla gêné, lorsqu'il se tourna vers l'enfant qui se tenait là. Léna en fut affectée, mais tâcha de dissimuler sa honte.

- Thalie, c'est Léna, Léna, Thalie... jeta Léogan sans conviction.

La jeune chapelière se tourna vers Thalie. C'était une enfant encore, qui paraissait intimidée et qui avait de grands yeux expressifs qui plurent aussitôt à Léna; elle décida de faire bonne figure:

-Enchanté Thalie! s'exclama-t-elle Je suis Léna, la fille de ... de cet espèce d'ours! Mais ne t'inquiète pas, je compte bien prendre soin de toi!

A ces mots, Léogan maugréa :

- Mais enfin, j'y pense pas, voyons...

Ce qui était pratiquement vrai - pratiquement seulement parce qu'il se souvenait d'avoir enseigné à Thalie du bon vocabulaire argotique à plusieurs reprises... Il fit une grimace embarrassée.

- Ca vient tout seul, voilà, c'est comme ce tic, là, quand tu fronces le nez, tu n'y réfléchis pas...


Léna ne laissa pas écapper cet aveu de faiblesse:

-Ah c'est certains que tu ne dois pays réfléchir beaucoup, pour parler comme ça

Léogan fronça les sourcils avec lassitude et dit:

- Enfin à l'évidence, tu t'occuperas d'elle bien mieux que je le fais, puisque tu te sens la légitimité de me donner des leçons, hm, princesse ?

A la réflexion de son père, Léna fit une grimace et lui répondit ans ambage

- Je ne prétends m'occuper mieux d'elle, môssieur grognon. Juste que je n'essaierai probablement pas de lui faire ressembler à un matelôt à chaque fois qu'elle ouvrira la bouche, hm, goujat.

- Et ce sera tout à ton honneur. Mais chacun ses travers, ma belle, et je ne serai pas étonné qu'elle hérite des tiens.

Ayant dit, il s'approcha souplement d'elle, et l'affligea d'une pichenette sur le nez en souriant.

- Et c'est moi, le grognon ici, haha... Allez, arrête de tirer la... Hum, fais pas la tête, j'ai préparé du thé, ça va te réchauffer. Venez dans le salon, toutes les deux.

Léna émit un glapissement furieux. Que malotru, décidément, ce Léogan! Elle fit mine de pester, de fulminer; enfin, elle jeta:

-C'est ça, et n'oublie pas de mettre deux sucres dans ma tasse! Tu en oublies toujours un! Lorsque tu n'oublies pas tout court.

Alors Léogan, qui s'apprêtait à passa le pas de la porte s'arrête, et se retourna vers Léna. Là, il haussa les épaules, l'expression frondeuse, la mine des grands jours de saillies moqueuses.

- Et puis y a pas d'mal à parler comme un matelot, affirma-t-il avec le plus grand sérieux. C'est fleuri, c'est vivant, ça ponctue, ça donne du rythme ; et même que ça fait du bien, ça défoule. Tu devrais essayer !

Léna rit au discours de son père; Elle s'approcha de lui et l'étreignit brusquement, avec force, avant que ce bougre d'andouille ne s’échappât; non qu'il n'aimât point les signes d'affection, mais son coeur était maladivement timides. Il n'osait trop montrer ce qu'il était au fond de lui.

-Tu es bien bête, dit-elle doucement,  mais tes bêtises m'ont manqué, mon papou! Et tu n'as pas perdu ton vilain sens de l'humour

Léogan sembla toucher. Il caresse les cheveux de Léna avec affection et ajouta:

- Tu m'as manqué aussi, chérie. Ca fait du bien de t'entendre rire un peu dans cette maison.

Puis, Léna lui emboîta le pas dans la cuisine.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: O children - [Léna & Thalie]   O children - [Léna & Thalie] Icon_minitimeSam 24 Jan - 0:31

Léogan avait invité les filles à s'installer dans le réduit miteux qui faisait office de salon et s'occupait de finir de préparer le thé seul avec lui-même dans la cuisine, ce qui lui offrit un peu de temps pour se remettre du trouble de l'arrivée surprise de Léna, qui savait décidément bien ménager son effet... Il versa l'eau bouillante dans une tasse sur les brins en bambou de son fouet pour les assouplir, tout en fronçant les sourcils de désarroi. Il avait l'habitude des disputes pour des riens, en particulier avec Léna, qui trouvait toujours motif à lever le ton, taper du pied et lui faire un milliard de reproches ponctués de surnoms affectueux qui ne manquaient jamais de le déstabiliser. Il disposa des dômes de matcha, de la poudre de thé vert, au centre de la tasse en grinçant un peu des dents, dilua quelques gouttes d'extrait de vanille dans l'eau et commença à battre le thé avec énergie, en réfléchissant à la scène qu'ils avaient donnée à voir à Thalie, et que bien sûr Léna devait considérer comme toute innocente.
Oh, sans doute que toute cette comédie n'était que du second degré. Mais parfois, il se posait vraiment la question ; jusqu'à quel point lui reprochait-elle d'être un père oublieux, absent, et surtout incapable de se comporter comme n'importe quel père le devrait ou de faire face à ses responsabilités ? Et puis faire ça devant Thalie... Qu'est-ce qu'elle allait penser, la gamine ?
Il ne savait jamais vraiment comment se comporter avec Léna. Il savait qu'il était coupable pour beaucoup de sa mélancolie de jeune fille délaissée. La façon dont elle lui rentrait dedans constamment ne faisait que le lui rappeler sans cesse, et sans doute que ce n'était même pas intentionnel de la part de la petite. Mais il avait du mal à entendre dans ses accusations acariâtres autre chose qu'une frustration qui cherche à s'exprimer comme elle le peut.
Il s'aperçut qu'il avait cassé la mousse du matcha sous son fouet, à force de le battre comme un dégénéré, et battit des cils avec lassitude. Il se le réserva sur le plateau d'un geste agacé et entreprit de préparer les deux dernières tasses avec plus d'application.

Quand il entra dans le salon où ronflait un feu de cheminée, et que son regard tomba sur le visage fragile de sa fille, il se sentit néanmoins heureux de la voir à nouveau installée ici, comme autrefois, où toute gamine elle se roulait dans les fourrures du sofa et babillait à n'en plus finir. Les gosses, ça ne devrait peut-être jamais grandir. Tout devenait trop compliqué avec l'adolescence – et lui qui n'était déjà pas très doué à la base, il n'y comprenait plus rien du tout.
Le salon, qui d'usage était encombré d'un bordel digne d'un grenier ou d'un débarras, était singulièrement vide ; seuls les tissus couleur sable qui tapissaient les murs et donnaient l'impression bizarre de marcher sous une tente du désert faisaient un peu de relief à l'endroit : il avait monté tout ce qu'il n'avait pas su ranger proprement à l'étage, et il n'y avait que la table basse pour faire pâle figure, cernée par le sofa où s'étaient assises Thalie et Léna, et son vieux fauteuil, et qui présentait un monticule de parchemins, de plumes, un cendrier qu'il avait oublié là et même un carreau d'arbalète de poing qui servait de marque page à un livre de géographie. Il poussa un peu tout ça du pied, les bras chargés de son plateau de thé, et fronça du nez en inspectant minutieusement les alentours. Le piano était toujours dissimulé sous sa toile, près de la petite fenêtre et les caisses de chargement maritime en bois qu'il utilisait comme des meubles n'offrait aucun objet trop douteux à la vue et au jugement de sa gamine, dieu merci. Il s'estima satisfait et hocha brièvement la tête pour lui-même.

« Écoutez, les filles, j'sais que, bon, comme ça, vous avez l'impression de partir à l'aventure toutes les deux, et je compte sur vous pour prendre du bon temps mais... J'aimerais qu'on parle sérieusement. »

Pour ponctuer son propos, il posa le plateau de thé et de biscuits sur la table basse, entre les deux gamines, dans des vapeurs aux odeurs de végétal fleuri et corsé et de vanille.

« C'est du thé d'ombre, se sentit-il néanmoins obligé de préciser, devant la mixture mousseuse qu'il venait de leur présenter. J'ai ajouté de l'extrait de vanille, vous sentirez moins l'amertume. Et deux sucres. Pour l'autre morfale. » ajouta-t-il, en désignant Léna d'un signe de tête rusé.

Mais son expression douce-amère de plaisanterie s'évanouit rapidement sur son visage, en particulier lorsqu'il le leva vers la fenêtre et qu'il commença à faire quelques pas en long et en large, les yeux fixés sur le bout de ses bottes usées.

« Vous êtes pas idiotes, dit-il, enfin, en s'arrêtant. T'as dû noter, Thalie, que les choses commencent à dérailler pour de bon au temple, t'as dû entendre des conversations, bref, tu sais que l'ordre de Kesha tel qu'il est, et la ville aussi, tout ça... Va péter d'un moment à l'autre. Léna, je ne sais pas si tu es passée voir ta mère avant de te ramener ici, mais, si jamais elle n'a pas voulu t'affoler et ne t'a rien dit de ce qui se passe pour nous en ce moment à Hellas, tu as dû remarquer qu'elle tire une tronche de six pieds de long. »

Il tira le rideau poussiéreux du salon et observa la rue à travers la fenêtre d'un œil perçant, comme s'il s'attendait à voir débarquer une guérilla d'hommes de main de la Mairie armée jusqu'aux dents, mais il n'y avait qu'une patrouille de la garde prétoriale qui avançait au pas et quadrillait la ville aussi étroitement que Léogan lui-même le leur avait commandé.

« Les temps sont durs, les rues dangereuses, il ne se passe pas une semaine sans que je n'aie à faire reculer des menaces d'émeutes. Bref. »

Il referma sèchement le rideau et avança d'un pas agacé vers son très vieux fauteuil défoncé où il s'affala, les mains battant contre les accoudoirs. Il attendit quelques instants, plongé dans ses pensées, et commença à tirer nerveusement sur les bretelles de sa chemise tachée d'encre noire. Finalement, il se saisit d'une de ses tasses en étain et fit tourner le thé couleur jade dans le creux de sa main.

« Si je te demande, Léna, de loger Thalie pour les semaines à venir, commença-t-il, la mine sombre, et à toi Thalie de gagner Hespéria, c'est d'abord pour que vous soyez éloignées toutes les deux de ce qui est susceptible de se passer ici et pour que vous veilliez l'une sur l'autre. Je garde un œil sur vous, évidemment, ne pensez pas vous débarrasser de moi par la même occasion... »

Il haussa les sourcils d'un air éminemment énigmatique. C'était qu'en vérité, il avait ses informateurs à Hespéria. Son jeune frère Ilyan – l'oncle de Léna – sa belle-sœur Elza et son ami Ethraïm avaient toujours surveillé discrètement les frasques de sa fille et les lui rapportaient régulièrement dans des missives enrobées qui en fait se chargeaient davantage d'endormir sa paranoïa que de lui décrire le quotidien sans histoire de la demoiselle. Restait qu'il était au courant de ses déplacements avec une sûreté calculatrice, quoi qu'elle n'en savait absolument rien.
Toutefois, il regagna un visage plus grave – ses sourcils se froncèrent, son front se plissa et il eut soudain l'air d'avoir pris quelques années de plus en une poignée de secondes – en envisageant enfin le point névralgique de son discours. Ses yeux opaques et froids se posèrent lourdement sur les deux filles et il se passa un moment, pendant lequel il réfléchissait intensément à ce qu'il allait dire, les mains croisées sous son nez, et où il ne les lâchait pas du regard.

« Je vous demande seulement de n'attirer l'attention de personne, annonça-t-il lentement. Pas de vous cacher ou de faire le mort. Seulement de ne pas tomber entre les mains de connards qui pourraient vous utiliser contre nous. Je veux dire par là... marmonna-t-il, en cherchant avec une grimace comment faire passer le message à ces deux gamines qui par il ne savait quel miracle avaient eu la chance de ne pas avoir encore été heurtées trop frontalement par la violence politique, quoi qu'elles pataugeaient l'une comme l'autre depuis toujours dans les eaux troubles de ses intrigues. Je veux dire que vous êtes importantes. Et qu'on pourrait vouloir vous faire du mal. »

Il soupira imperceptiblement pour clore ce chapitre, en scrutant tour à tour l'aînée et la benjamine d'un regard inquisiteur, à l'affût du moindre signe d'incompréhension.
On pouvait opposer beaucoup de critiques à la façon dont Léogan s'occupait des enfants ; d'abord parce qu'il n'en avait pas franchement l'habitude et qu'il se conduisait la plupart du temps avec un laxisme outrancier, mais il était aussi insouciant quant aux détails de la vie quotidienne, vulgaire, hasardeux, il les entraînait avec lui dans les tavernes, dans les bas quartiers, leur faisait fréquenter plus de gens douteux que de gens convenables et leur apprenait à jouer avec des crans d'arrêt, il fumait, buvait, racontait des blagues grivoises mais jamais il ne les prenait pour plus abrutis qu'ils ne l'étaient. Il avait toujours été avec Léna, puis avec Thalie, d'une franchise claire comme de l'eau de roche. D'aucuns diraient que c'était excessif et cru, mais il n'avait aucun goût pour maquiller la réalité et les mièvreries dont les parents, autour de lui, farcissaient la cervelle de leurs mioches pour les rassurer lui retournaient violemment l'estomac.

« Dernier point, signala-t-il d'une voix grave en se levant de son fauteuil. Léna, Thalie dispose d'un don qui intéresse pas mal de charognes. Elle en a déjà été victime d'une certaine manière, d'après moi, et tu dois prendre garde à ce que ça ne recommence pas. Thalie, tu veux bien lui montrer ? Je reviens dans un instant. »

Il quitta la pièce en laissant la petite fille à ses démonstrations magiques et monta dans son bureau quatre à quatre. Comme c'était là qu'il avait entassé le bazar hétéroclite qui traînait le matin encore partout dans la maison, il passa un certain temps à chercher ce qu'il avait en tête, renversa dans un fracas épouvantable une chaise qui servait de base à une pyramide de vêtements, de paperasse, de vaisselle qu'il n'avait pas eu le temps de laver et d'armes incongrues, puis dut presque vider son armoire de son contenu pour mettre la main sur une boîte rectangulaire en orme, propre et sans distinction, seulement fermée par un lacet de cuir. Il la cala sous son bras, redescendit les escaliers à toute vitesse, trébucha un peu dans le couloir et retrouva son équilibre. Il se força à sourire du mieux qu'il le put, puis il les rejoignit au salon.

« C'était la partie pas drôle de la discussion, maintenant on va passer aux trucs marrants, parce qu'il y a pas d'aventure sans risque, mais ça reste l'aventure, pas vrai ? » dit-il d'une voix qu'il réussit à moduler joyeusement, tout en retraversant la pièce d'un pas vif.

Il se rassit dans son fauteuil et tendit sa boîte à la plus petite.

« Tiens, Thalie, c'est une paire neuve. Ceux-là, ils sont à toi. N'oublie pas... murmura-t-il en la fixant d'un regard insistant, tout en mimant d'une main une série de gestes précis qu'ils avaient répétés minutieusement ensemble. Et pas autrement. Viser le bas... Tu te rappelles des endroits stratégiques, hein ? Bon. Tu ouvriras la boîte plus tard. »

Ses yeux glissèrent fugacement sur Léna, dans un éclair d'appréhension inavouée, il sourit fièrement à la benjamine en ébouriffant rapidement sa tignasse toute blanche, et il passa habilement à la suite avant de laisser le temps à sa fille de s'intéresser de trop près à ce présent particulier.
Il porta deux doigts à sa bouche et émit un sifflement strident. Un cri perçant y répondit et aussitôt un oiseau fondit des hauteurs cathédrales du couloir où il était perché pour entrer à tire-d'ailes dans le cagibi qui servait de salon, il tournoya sur lui-même dans un roucoulement content, fit tomber au passage un chandelier éteint et pendant qu'il se livrait à des acrobaties au-dessus de la tête de Léogan, celui-ci tirait du petit bordel de sa table basse un gant de fauconnerie et d'un geste réclama la main de Léna. Il lui passa le gant, le noua solidement et plia son bras frêle dans un angle résistant.

« Tiens ferme, indiqua-t-il sérieusement, et n'aie pas peur. »

L'oiseau, remarquant immédiatement qu'on avait apprêté son perchoir, se posa en battant des plumes frénétiquement sur le poignet de Léna, referma ses serres et gonfla son poitrail blanc piqueté de noir avec satisfaction, scrutant curieusement le visage de la jeune fille. C'était un petit faucon pèlerin, au plumage couleur chêne et au buste clair, vigoureux et agile.

« Voici Eerah. J'ai fait accoupler Horos à une femelle de la fauconnerie de la caserne. Eerah est un peu jeune, et un peu turbulent, mais il est dressé à chasser et surtout à porter des courriers. Ce sera ton messager privé, et plus particulièrement le nôtre. »

Léogan hocha la tête pour lui-même avec sérieux et se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, croisant les jambes et se frottant soucieusement sa barbe – taillée soigneusement, une fois n'était pas coutume en ses temps de décadence hygiénique. Son visage s'éclaira peu à peu d'une lumière espiègle, tandis qu'il mettait de l'ordre dans ses pensées et qu'il commençait à voir le bout de tout ce qu'il avait à conseiller.
Sa tasse de thé en étain dans une main, il en respira l'odeur de vanille avec soulagement, en but deux longues gorgées moelleuses et se souvint soudain d'un dernier détail en avalant la dernière.

« Ha ! s'exclama-t-il en se tournant plus spécialement vers Thalie et en lui adressant une mine complice et rusée. Vous dormirez toutes les deux ici ce soir. Je me suis arrangé... Mais il faudra partir demain matin sinon tous nos plans risquent d'être compromis, prévint-il, en baissant la tête avec un sourire conspirateur, avant de s'appuyer mystérieusement contre le dossier de son fauteuil. Alors jeunes filles, qu'est-ce que vous en dites ? »
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: O children - [Léna & Thalie]   O children - [Léna & Thalie] Icon_minitimeDim 1 Fév - 19:46

Quelle entrée !
Thalie fut si surprise qu’elle s’était aussitôt cachée derrière Léogan. Elle avait également dégainée un petit couteau qu’elle avait chipé dans les cuisines du temple de Kesha et le braquait sur la jeune femme qui venait de débarquer comme une bourrasque. Mais aussitôt qu’elle entendit le mot « papa », ses joues devinrent roses et elle tenta maladroitement de ranger son arme le plus discrètement possible.
Après s’être calmée, elle leva timidement les yeux vers la demoiselle et à nouveau, elle sursauta. Non. C’était impossible. La fille de Léogan ne pouvait pas ressemblait à ça. Elle s’était attendue à tout. Sauf à ça. Elle était la copie conforme que toutes ses nourrices auraient aimé qu’elle soit mais qu’elle ne deviendra jamais.  Pourtant, Thalie n’était pas étroite d’esprit et s’était imaginé Léna de plusieurs façons. Grande et armée jusqu’aux dents, petite en pantalon avec des yeux pétillant de malices, imposante avec une armure flamboyante de chevalier, … Pour une raison qui lui semblait maintenant absurde, Thalie était persuadée que la fille de Léogan savait se battre. Elle avait imaginée une amazone experte en équitation, une archère incapable de rester plus d’une seconde sans rien faire, une guerrière douée au corps à corps  sans aucun sens de l’humour, … A aucun moment, elle n’avait pensé que Léna aurait pu être une belle demoiselle délicate et bien élevée.

Docilement, Thalie emboîta le pas de Léogan et Léna jusqu’au salon. La petite prêtresse s’assit ensuite timidement à côté de la sindarine. Elle pensait que Léogan allait s’installer sur son fauteuil mais elle l’entendit s’affairer dans la cuisine.
Elle se sentait terriblement gênée. Que pouvait-elle lui dire ? Elles ne devaient certainement pas avoir les mêmes intérêts. Thalie aimait la nourriture, l’aventure, les légendes de dragons et autres monstres, … Léna semblait être du genre à apprécier la couture, le chant, la danse et tout un tas d’autres choses dont Thalie trouvait ennuyant. Elle leva la tête vers le plafond et fit mine d’observer le salon qui, à son grand regret, était étrangement bien rangé et vide. Et finalement, comme elle se sentait stupide de regarder les tissus sobres qui tapissaient les murs du salon, elle se mit à réajuster les pans de sa robe.

Lorsque Léogan arriva dans le salon, Thalie eût l’impression qu’il s’était écoulé une éternité. Telle une affamée, Thalie se saisit d’une tasse de thé et sorti de sa poche des petits gâteaux aux fruits rouges qu’elle avait piqué dans les cuisines du temple de Kesha. Elle les déposa sur le plateau et s’en garda un pour elle et l’avala aussitôt. Et lorsqu’elle entendit Léogan dire qu’il avait ajouté deux sucres dans la tasse de Léna, Thalie pensa que la conversation sérieuse qu’il voulait avoir avec elles ne devaient pas être si sérieuse qu’il le prétendait.
La petite prêtresse se resservit plusieurs fois de petits gâteaux pendant que Léogan leur expliquait la situation à Cimmeria. Elle entendit les mots « dangereux », « émeute » et « menace » mais ne parvenait pas à mesurer la gravité de la situation. Pourtant, elle était aussi bien placée que le capitaine pour savoir que tout ne tournait plus très rond dans le temple de Kesha. Les prêtresses n’arrêtaient pas de chuchoter entre elles, des groupes se formaient et évitaient de se croiser dans les couloirs, …
Tout ce qu’elle parvenait à réellement saisir, ce fut qu’elle allait vivre pendant un temps indéterminé à Hespéria avec Léna. A cette annonce, elle sauta (intérieurement) de joie. Jusqu’à présent, elle n’avait jamais réellement eu le loisir de voyager et se faisait une joie de pouvoir enfin voir de nouveaux paysages.  On racontait que les contrées d’Eridania étaient plus accueillantes et que les saisons étaient plus agréables que Cimmeria. On disait aussi que les fleurs avaient plus d’éclats et que les fruits avaient plus de saveurs. Bref, Thalie n’avait entendu et lu que des bonnes choses à propos d’Hesperia.

La suite du discours de Léogan, Thalie ne l’écouta que d’une oreille distraite. Elle acquiesça devant tout ce qu’il disait sans réellement mesurer l’importance de ses propos. Et lorsqu’il lui demanda de montrer son « don qui intéresse pas mal de charognes », elle se tourna joyeusement vers Léna :

_ Regarde bien ! J’ai fait des progrès en plus !

Après avoir posé sa main sur le plateau qui posait sur la table basse, Thalie se concentra de toutes ses forces. Après une demi-minute d’effort intense, la moitié du plateau était devenu de l’or pur. Sachant qu’elle n’aurait pas la force de le transformer dans sa totalité, la sindarine décida de tricher pour impressionner Léna.
Après avoir plissé le nez, Thalie changea la couleur de la seconde partie du plateau. Et puisqu’il était plus facile pour elle de modifier la couleur des objets que de les changer en métal précieux, elle en profita pour farder tout le contenu du plateau en or. La ressemblance était invisible à l’œil. Toutefois, Léna ne tarderait pas à s’apercevoir de la supercherie. En effet, une fois le chef d’œuvre accompli, Thalie tendit fièrement le plateau sous le nez de la demoiselle. La moitié, qui n’était plus que de l’or pur, commença alors à s’affaisser comme s’il s’agissait d’un morceau de caoutchouc. Tant bien que mal, la petite prêtresse tenta de rattraper les biscuits dorés qui commençaient à glisser du plateau.

_Bordel…

La tasse de thé de Léogan venait de se fracasser sur le sol. Les petits gâteaux faussement blonds étaient en miette.
La sindarine se leva comme si elle avait été piquée par une aiguille et fila dans la cuisine. Elle en ressorti quelques instants plus tard avec un torchon et entreprit de nettoyer tout ce qu’elle venait de faire tomber.

_ Des fois, j’arrive à faire des alliages. Du coup, les objets que je transforme restent bien solides. Mais des fois, comme aujourd’hui, je les transforme carrément en or pur. Et du coup, ça devient tout mou. C’est marrant, hein ?

Une fois qu’elle eût à peu ramasser tout ce qu’elle avait fait tomber et nettoyer à peu près le sol, Thalie reparti pour se débarrasser des débris et revînt s’asseoir à côté de Léna comme si elles étaient tout d’un coup devenues les meilleures amies du monde.
Elle lui posa joyeusement le plateau courbé (qui n’était plus réellement un plateau) sur ses genoux.

_ Tu peux le garder,  si tu veux !

Et tandis qu’elle s’était mise à grignoter un des biscuits qu’elle avait coloré en or, elle aperçu Leogan descendre des escaliers avec une boîte. Elle tendit la main lorsqu’il la lui tendit et ses yeux pétillèrent. Le sindarin n’avait pas besoin de lui expliquer dans les détails de son contenu. Immédiatement, Thalie sut de quoi il s’agissait.
Elle le remercia et acquiesça de la tête lorsqu’il lui suggéra d’ouvrir son cadeau plus tard. Elle se tourna ensuite vers Léna, impatiente de voir ce qu’elle allait recevoir.

_ Wow… ! Comme il est beau !

C’était un faucon pèlerin. Rien que ça. Thalie aussi aurait aimé avoir un tel oiseau mais les prêtresses de Cimmeria avaient préféré lui donner un agneau. Crème était mignon et tout doux mais parfois, il arrivait à Thalie de se dire qu’elle aurait préféré avoir un animal de compagnie un peu plus majestueux et féroce.

_ Pourquoi tu ne l’as pas appelé Alcool ? Ou Hypocras ? demanda-t-elle innocemment. Moi j’ai appelé mon agneau Crème et mon poney Cannelle parce que j’aime bien manger, expliqua-t-elle à Léna.

Un sourire vînt ensuite éclairer sa frimousse lorsqu’elle apprit qu’elle allait dormir chez Léogan. Cela lui donnait l’impression de frauder et de ne pas obéir aux ordres des prêtresses de Cimmeria. Et rien que l’idée de les savoir contrariée la mettait d’humeur joyeuse. Cependant, elle ne put s’empêcher de dire :

_ Mais je ne peux pas m’en aller comme ça, sans prévenir Elerinna ! J’ai des obligations ! Je suis une prêtresse de Cimmeria ! Elles vont toutes m’en vouloir ! Je ne vais plus pouvoir revenir si je pars sans rien dire…

En même temps, avec tout ce qui se passait en ce moment, Thalie se demandait si cela valait vraiment la peine de se poser ce genre de question. Peut-être qu’en fin de compte, il n’y aurait plus de prêtresses de Cimmeria. Peut-être que la situation évoluera dans quelques mois et que cet ordre n’aura plus rien de ce qu’il avait été jusqu’à présent. Malgré tout, c’était entouré des prêtresses que Thalie avait grandies. Et même si elle passait son temps à les critiquer, elles les considéraient tout de même comme une part de sa famille.

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