Officine à ciel ouvert [libre]

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Officine à ciel ouvert [libre]

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Officine à ciel ouvert [libre]   Officine à ciel ouvert [libre] Icon_minitimeSam 14 Déc - 22:51

Lorsqu'on est sans le sou, lorsqu'on n'a ni échoppe ni enseigne pour attirer le chaland à soi, parfois, la rumeur suffit. Cela faisait quelques semaines déjà que les longues errances de Zayid l'avaient ramené, comme un oiseau migrateur, vers les horizons poussiéreux de son pays natal où il aimait passer la mauvaise saison pour échapper au froid mordant des régions du nord qui se prêtaient bien peu aux pérégrinations. Et déjà, parmi ceux qui avaient assez de mémoire ou assez de gratitude pour se souvenir de lui, la rumeur avait couru : le médecin était revenu en ville. Oh, il s'était fait fort de le rappeler en visitant les masures et les maisons de ceux et celles au chevet desquels il s'était arrêté la saison précédente, ou plus longtemps encore auparavant : le Zélos ne venait pas que soigner les corps, après tout, il se faisait aussi médecin des âmes, et pour beaucoup de miséreux, c'était une consolation aussi grande de voir venir sa grande face burinée s'encadrer au seuil de leur porte pour s'enquérir d'eux.

Les nouvelles, hélas, n'étaient pas toutes bonnes et l'an tournait vers son déclin en n'amenant rien de bien nouveau sinon plus de raisons de s'en faire pour l'avenir et d'inquiétudes sur la drôle de manière dont le monde tournait, ces temps. Et voilà que des géants se réveillaient, et voilà que des îles entières disparaissaient ! Mais Zayid, qui avait achevé sa tournée, avait déjà les mains bien assez pleines pour s'en préoccuper plus que nécessaire. Quand on vit au ras du sol, à panser des miséreux sur leur grabat, les nouvelles du grand monde paraissent parfois bien lointaines.

Il avait fallu prendre soin de cette vieille dame qui vivait seule depuis la mort de ses enfants, de cette mère qui se remettait difficilement d'un énième accouchement difficile, de ce marchand qui, faisant fi des recommandations bienveillantes mais fermes de Zayid, avait abusé des bonnes choses et souffrait d'une crise de goutte qui le clouait au lit, et de tant d'autres encore qui souffraient de la faim et des maux quotidiens des travailleurs. Une jambe blessée ici, une fracture là, une mauvaise fièvre encore : à croire que le prêtre était condamné à rafistoler en vain des enveloppes charnelles vouées à dépérir sans cesse, comme des pousses qui se flétrissaient sitôt qu'on avait le dos tourné.

Mais la rumeur, encore, avait couru. Zayid était retourné poser son baluchon et son bâton sous le grand arbre rouge, sur la place des Sages : là où, aux temps anciens, les savants se réunissaient pour décider des affaires de la cité, il allait comme on vient en pèlerinage pour s'asseoir et attendre que ceux qui avaient besoin de lui s'en viennent jusque là. Oh, il était facile à trouver, et ceux qui allaient requérir ses services étaient souvent guidés par les recommandations d'autres gens qui disaient "cherche-le, il est bleu et immense, et tu l'entendra sûrement avant même de le voir".

Et de fait, c'était d'une voix aussi sonore qu'à l'accoutumée que l'humble pèlerin de Kesha conversait avec quelques passants qui le reconnaissaient, riait très fort et parlait tout autant. Assis en tailleur à même les dalles poussiéreuses de la place, il profitait d'un rien de soleil qui filtrait entre les branches dégarnies du grand arbre. Yahya était couché près de lui, recevant parfois quelques friandises ou caresses de la part de ceux qu'il tolérait dans son voisinage, gardant un œil sur les possessions du Zélos dont son mulet avait été déchargé. Zayid paraissait ici bien à sa place, avec son long manteau aux larges manches et les superpositions très amples de ses vêtements de toile bleue. Autour de sa grosse tête qui n'avait pas connu l'expertise d'un barbier depuis trop longtemps, son turban aux pans rabattus sous son menton peinait à contenir l'épaisseur de ses cheveux très noirs et de sa barbe broussailleuse.

De loin, il était délicat de le différencier d'un mendiant, si ce n'était que pas une pièce ne passait de main en main quand les grosses paumes rêches du Zélos se refermaient avec chaleur sur celles de ses accointances les plus familières. Il ne demandait pas l'aumône, c'était un fait, et plusieurs fois on le vit se pencher pour examiner une plaie ou un mal quelconque, ou prodiguer quelques recommandations à l'un de ceux qui semblaient souffrants. En guise d'enseigne, en vérité, il n'y avait que son bâton de marche, planté de travers au milieu des quelques ballots et sacs qui semblaient constituer ses uniques biens, et auquel pendait un disque de bronze émaillé frappé au sceau d'azur de Kesha. Et, à bien y regarder, tout en parlant, Zayid ne cessait d'égrener, entre ses doigts massifs, les perles usées d'un long chapelet de bois.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Officine à ciel ouvert [libre]   Officine à ciel ouvert [libre] Icon_minitimeLun 10 Fév - 18:27

L’air était sec et lourd, et grattait la gorge de ceux qui n’y prenaient pas garde. Les touriste toussaient leurs poumons trop humides sur le sol, alors que ceux qui avaient connu le pays du feu depuis leurs enfances se portaient comme un charme. Un coup d’oeil averti pouvait sans peine deviner qui était qui : le sien, blanc comme l’acier, ne prenait même plus cette peine. Contempler une plèbe familière perdait de ses charmes, après quatre siècle d’existence.
Et puis, il fallait dire que ce regard là n’était pas vraiment à hauteur d’homme – ou autre, d’ailleurs. Fièrement montée sur son fidèle phacochère qui atteignait très royalement les deux mètres grâce à la pierre de sphène qui brillait sur son torse, l’immortelle s’était offert un point de vue digne des rois – et des oiseaux, peut-être. A l’entrée de la grande place, on s’écartait volontiers sur son passage. Pas pour son magnifique visage, non, pas cette fois. Mais pour la forte odeur de sueur et de dattes qui semblait s’échapper de l’animal comme un musc tenace, et qui embaumait la rue au grand dam des passants.


Au moins, on peut dire que tu as le chic pour te faire remarquer…
Maugréa la belle brune à Baya’Ya qui se contenta de lever un groin vexé. Tu pue Béamas, qu’ils diraient. C’est pas pour aider mes affaires, ta belle saison.

Habituellement, Mäje se risquait rarement à sortir de son domaine pour rejoindre la capitale maudite. D’abord car elle n’avait encore qu’une maigre confiance dans ses employés – qui agissaient un peu comme une flotte sans phare dés qu’elle ou Hephasteus s’en allait un peu trop loin, et ensuite car la belle saison était tout de même plus supportable dans une oasis luxuriante que dans une ville ravagée par les pestes, les guerres de pouvoirs et autres joyeuseries politiques. Aussi sa présence était loin de passer inaperçue. Beaucoup connaissait la sombre créature pour reconnaître une des figures des voyages de la région, ou pour ses activités moins recommandables qui reposaient sur le trafic à grande échelle de produits stupéfiants.

Une activité bien profitable qu’elle aura grandement apprécié poursuite en cette journée ensoleillée. Mais c’était pour un tout autre problème qu’elle avait guidé Baya jusqu’à Amaryl. Un problème de bien trois tête de plus qu’elle, bleu, et officiant comme médecin itinérant.
Dans un bruit sec et sourd, la belle se laissa tomber du vénérable animal, et prit quelques secondes pour retrouver le plein usage de ses longues et belles jambes en se dégourdissant un peu dans la poussière sablonneuse. La rumeur le disait à Amaryl… Encore fallait-il tomber sur lui. M’enfin, les langues de Val’Meëza était formel ; le médecin était de retour et resterait le temps de la douce saison. Un indice que Mäje savourait bien.


Ne bouge pas ton groin d’ici. Dit-elle simplement à la très respectable porcine qu’elle laissa à sa vie de grande hédoniste dans un coin de la place. Et ne va pas fricoter avec n’importe qui, je n’ai aucune envie de voir le relais envahie de petit porcs.

Surtout si ils ont ton caractère. Mais elle se garda bien de le lui dire, consciente que les limites de son intelligence n’était pas encore très définies. Se retournant, elle observa quelques secondes la place un peu clairsemée. Elle n’y avait pas remis les pieds depuis la convergence quelques mois plus tôt, et ce souvenir amer la paralysa quelques secondes avant qu’elle ne revienne bien dans le présent. Sa mèche aussi sombre que sa robe cachait un front concentré, tandis que ses yeux étaient à la recherche du mystérieux individu. On aurait dit qu’elle était plongée dans une intense introspection : en réalité, elle s’adonnait à une séance intense et égoïste d’auto-flatteries intérieurs, vantant ses mérites à grand renfort de compliments grandiloquent sur son humble fort intérieur. Car elle ne venait pas déranger ce brave homme pour elle, non ! C’était pour ses chers clients.
L’un d’entre eux – un viel eclaris habitué d’Argyrei, avait jugé opportun de souffrir d’une crise de calculs il y a quelques jours de cela, et lui avait expressément demandé d’aller chercher l’aide d’un vagabond, un médecin de rue, qui répondait au nom de Zayid.

Au bout de quelques secondes, elle finit par identifier un petit groupe rassemblé autour d’une figure lointaine, à même le sol. Elle aurait bien pu croire à un prêche de rue, mais cru bon de jeter un petit coup d’oeil de plus près. Les bras croisés, la robe noire à fleure de peau jusqu’au fourreau échancré qui s’ouvrait sur ses jambes dorées, la serpente ondula jusqu’au prophète, et elle cru bien défaillir, non pas de la chaleur, mais de l’allégresse de trouver enfin de zélos tant recherché. Mais elle n’était pas rustre, non, loin de là. Elle attendit poliment que l’homme ne termine sa grande discussion avec son interlocuteur. Et une fois la voie libre, elle s’avança (très) fièrement.


La belle journée, Monsieur. Même par terre, le colosse arrivait respectueusement à ses côtes, et elle n’eut jamais autant béni quelqu’un d’être grand, surtout pour ses sensibles cervicales. La rumeur court que vous êtes médecin. Je viens de la part de Jacov, est-ce que ce nom vous est familier ?

Elle n’avait plus qu’à espérer qu’elle fut tombée sur le bon zélos pour s’épargner quelques heures de recherche supplémentaire. Et que les effluves printanières de Baya’Ya ne le fasse pas fuir.


HRP:
Spoiler:
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Officine à ciel ouvert [libre]   Officine à ciel ouvert [libre] Icon_minitimeLun 10 Fév - 21:03

Dans la chaleur du jour, vibrante de poussière remuée par le pas des passants pressés, les voix s'élevaient, les mains se joignaient, la sollicitude du prêtre s'abaissait sur les miséreux et les petites gens qui venaient, s'attardaient, repartaient avec qui un conseil, qui un pansement, qui quelques mots de bénédiction pour soulager un chagrin trop lourd, ou quelques nouvelles échangées avec la gravité sereine de ceux qui font le dos rond face à une tempête qu'ils espèrent passagère.

Le petit groupe formé autour de Zayid s'éparpilla peu à peu, se reforma, comme un banc de poissons. Des visages, des figures, familières ou inconnues, comme on vient s'abreuver à la source commune qui donnait, donnait tant et plus. C'était ainsi, après tout, c'était toujours ainsi, et il y avait dans tout cela une confortable routine qui lui plaisait. Et puis, le banc se fendit, et il vit les gens s'écarter : au milieu d'eux, une grande femme fendit leur groupe épars et on baissa d'un ton. Elle avait l'air d'une grande dame, alors, devant les grands, on se tait. Zayid, qui ignorait la plupart des usages, soit par défaut d'éducation soit par choix calculé, se contenta de présenter une figure aimable, quoiqu'intriguée, à celle qui s'était avancée pour le saluer.

Sans se lever de son assise confortable, Zayid se redressa de toute sa hauteur : généralement, cela suffisait pour parler les yeux dans les yeux avec la plupart de ses interlocuteurs, et la Sylphide n'y fit guère exception. Tout juste eut-il à relever un rien le regard pour chercher le sien, lové comme des perles grises sous la paupière sablonneuse. Ah, c'était qu'elle imposait le silence, celle-là, et sans efforts. Pas besoin de couronne, elle portait sa fierté comme un joyau à son front, et il se prit à sourire, un tout petit peu. Quand on passe sa vie à courir les masures et à patauger dans la misère des autres, il y avait des visions qui réjouissaient le cœur, et celui de Zayid était toujours ravi face à la beauté des femmes.

Sans se départir de sa calme bonhomie, il porta le bout de ses doigts à son front et courba légèrement le chef. Aux plus insignifiants de ses semblables, il présentait de solennels hommages. Aux plus hauts d'entre eux, il se contentait d'une salutation fort sobre, non par esprit de contradiction, mais parce qu'il estimait que les uns recevaient trop peu de respect quand les autres en avaient plus qu'assez.

- Le bonjour, ma dame.


Une pause, et un éclat d'intérêt dansa dans la pupille claire.

- C'est bien moi que tu cherches, je suis Zayid, qu'ici et là on appelle Toubib.


Il se gratta pensivement le menton, remuant sa barbe rêche comme de la paille de fer. Près de lui, Yahya s'approcha pour s'asseoir près de son maître, et tendit le museau pour renifler l'odeur de la femme, comme il le faisait souvent avec les étrangers qui s'adressaient à eux.

- Le nom ne m'est pas inconnu, mais je ne crois pas l'avoir compté déjà parmi mes patients. Que lui faut-il, à ce Jacov ?


De toute évidence, le prêtre était curieux, mais sur ses gardes. Il était rare que des gens bien nés fassent appel à lui, parce que beaucoup répugnaient à être soignés par des mains souillées dans la fange des bas quartiers, et aussi parce que son nom courait rarement les lèvres des plus fortunés. Il arrivait parfois que le bouche à oreille se porte un peu plus haut que sa clientèle ordinaire, mais c'était plutôt rare et rarement de bon augure. Les puissants et les riches avaient la déplorable habitude d'être mêlés à des intrigues et des jeux de pouvoirs dont il se passait bien.

Et à bien y regarder, la femme qui s'était présentée à lui était du haut du panier, quoique de son point de vue, quiconque allât avec toutes ses dents et l'air mieux nourri que la moyenne puisse passer pour un prince.

- Je suis curieux de savoir pour quelle raison une dame de ta qualité ferait appel à un pauvre bougre de ma sorte, reprit-il d'un ton tranquille, posant ses larges mains sur ses genoux croisés.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Officine à ciel ouvert [libre]   Officine à ciel ouvert [libre] Icon_minitimeJeu 16 Avr - 14:40

Face à son salut, le sieur opina du chef. Qu’il était grand… Quand le visage brut et découpé lui fit face, et qu’elle pu le regarder droit dans le regard sans… Et bien, sans baisser la tête, la Dame prit en pleine face la taille de son interlocuteur. Oh, ce n’était pas pour lui faire peur, il lui en fallait plus pour l’inquiéter – pas pour l’impressionner ceci dit, elle était admirative. Un petit sourire sur le colosse, et toute la tension qu’elle aurait pu avoir s’envola brusquement : il irradiait de bonhommie, le bougre. Un bon vivant, paisible, et pour ce que ça valait, fort sympathique. Elle comprenait bien pourquoi il s’était attiré toute cette petite foule.
Le bougre opina du chef, et lui répondit sympathiquement. Bien, un début. Et un bon début, puisqu’il leva rapidement une partie de ses doutes. Il était donc le fameux toubib que l’on croise par ici, et elle était prête à se couper un bras – qu’elle pourrait récupérer de toute façon – qu’il était là pour délivrer des soins aux passants qui le sollicitait.

Il se gratta alors le menton, et Mäje eut alors l’envie de faire de même. Être en tête à tête aidait bien pour la communication. Le chien qui l’entourait se mit alors en garde, et commença à la renifler le loin, certainement dans le but de la sonder. Il avait bien raison, elle aurait fait de même si… Enfin, si elle avait eu quatre pattes et un museau. Un chien d’argyrei, hein ? Intéressant. Habituellement, la race était connue pour garder les troupeaux. Il était plutôt robuste, d’ailleurs, une belle bête à la couleur du sable. Mais elle n’avait pas peur qu’il ne l’attaque, après tout, toute immortelle qu’elle était, elle n’avait pas peur de grand-chose, à part qu’on abîme sa sublime enveloppe. Enfin, à l’heure actuelle, elle devait surtout sentir le rut de phacochère, ce qui n’était pas pour lui plaire particulièrement. D’ailleurs… Un coup d’œil vers le reste de la place lui permis de repairer la porcine qui dandinait gaiement du groin à côté d’un marchand de légumes.


Mäje, pour te servir. Elle lui tendit sa longue main d’ambre en guise de salut, n’espérant pas qu’il la serre pour autant. L’immortelle devait admettre qu’elle n’appréciait pas pour l’instant la tournure des choses.

Il semblait refroidi par sa personne, qu’elle mettait pourtant un soin particulier pour entretenir. Une si belle figure, ainsi repoussante ? Elle avait de quoi être sceptique.


De ma qualité, de ma qualité… C’est vite dit. Tu sais, je ne suis ni reine, ni noble, et je travail dans le sable, tout comme toi, pour sauver quelques écus.
Quelques écus… Des montagnes d’or, plutôt. C’était l’avantage d’accumuler quatre siècles tout en étant légèrement vénale.

Balançant son séant parfaitement découpé, elle se retourna en croisant les bras avec beaucoup de théâtralité, mais foncièrement embêtée. Elle n’avait pas fait la moitié du désert pour revenir bredouille quand même ? Enfin, pas tout à fait bredouille. Le sympathique toubib semblait la prendre pour une sorte de midinette très riche et très bourgeoise et l’avait peut-être prise en grippe. En même temps, elle ne pouvait pas lui en vouloir : elle était visiblement bien différente du reste de la plèbe qui l’entourait : poussière, fange, salissure… Les autres convives étaient de ceux qui vivent plus proches de la boue que du marbre, et qui devaient peiner à se payer un médecin de villes. Pourtant elle ne les regardait ni avec dédain, ni avec dégoût. Elle n’avait jamais été de ceux qui triait les vivants entre les riches et les pauvres, tout juste les mettait-elle dans le même panier. Mais elle devait admettre qu’elle appréciait particulièrement ceux qui vivait par pure altruisme : ceux qui offraient de leur temps et de leur énergie pour le bien de ceux qui ne pouvaient pas se le permettre. Aussi tenait-elle, pour le peu qu’elle le connaissait, ce zélos en admiration.


Eh bien, c’est ma veine… Elle agita ses mains autour d’elle, une moue embêtée sur le visage. On aurait pu dire que ses poignés étaient cassés, et quelque part ils l’étaient. Il l’aurait mené en bateau ? Fieffé client, elle le rajoutera sur la note. Jacov est un de mes clients pour tout t’avouer… Et le bougre souffre d’une crise de goutte… Et m’a expressément demandé de venir te chercher. Elle observa la foule, et le zélos face à elle. Mais peut-être veux-tu en discuter autour d’une tasse de thé à la menthe ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Officine à ciel ouvert [libre]   Officine à ciel ouvert [libre] Icon_minitimeSam 18 Avr - 17:25

Zayid ne put s'empêcher de sourire en coin quand la dame lui répondit.

"Je travaille dans le sable, comme toi."

Sans se cacher, ses yeux profonds comme des puits d'eau claire l'examinèrent, se posèrent sur les mains lisses, le visage altier, jusqu'aux pieds délicats qui n'avaient pas pris la corne âpre qui s'use sur le pavé, qui ne s'étaient racornis et flétris d'aucune usure, d'aucune plaie du travail harassant des miséreux. Son incrédulité ne fut peut-être pas tout à fait manifeste, sinon dans le rictus qui lui vint et ce hochement de tête insolent qui faisait semblant d'y prêter foi. Après tout, il existait tant de créatures en ce monde qui ne souffraient pas des maux des hommes, de ceux dont la chair fragile s'imprimait profondément et durablement de tout ce dont ils pouvaient souffrir durant leur vie. Qui était-il pour juger sur pièce ? Les apparences pouvaient être bien trompeuses.

Elle disait peut-être vrai, après tout. Mais pour l'heure, Zayid la voyait aussi semblable à lui que le sont les pois et les pommes.

Lorsqu'elle lui tourna le dos, ses yeux dégringolèrent peut-être juste un peu pour faire honneur à la gestuelle théâtrale qu'elle lui servait. Il lui trouvait quelque chose de serpentin, dans sa façon de bouger, ce qui n'avait rien de déplaisant. Mais enfin, la dame semblait bien embêtée, et paraissait déjà prendre ombrage de l'accueil réservé qui lui était fait. Lorsqu'elle lui donna enfin le but de sa visite, Zayid grimaça et secoua la tête.

- Ah, fit-il, pauvre homme.

Il parut soucieux, comme partagé. Jacov, dans sa mémoire, n'était pas le plus à plaindre et pouvait tout à fait s'offrir les services d'un bon médecin. Son nom lui était peut-être venu aux oreilles par un autre de ses patients, mais puisqu'il n'avait plus, pour ce jour, de cas grave à traiter, Zayid pouvait bien se permettre d'aller soulager un goutteux en souffrance. Cela ressemblait un peu trop à un caprice de riche, ce qui ne lui plaisait guère, mais enfin. La souffrance se fichait bien de l'or, quand elle s'installait jusque dans les os. Il guetta autour de lui les gens qui attendaient encore : ceux qui venaient simplement pour la conversation pour de menues choses étaient déjà partis, les autres avaient sans doute un peu plus besoin de lui.

- Ton offre est très aimable, reprit-il en balayant sa proposition d'un revers de main, mais je n'ai pas vraiment le loisir de prendre mon temps, j'imagine que tu le comprends aisément. Laisse-moi en finir ici, veux-tu ? Après quoi, je viendrai avec toi pour m'enquérir de ton client.

La gaieté et l'amusement avaient disparu du visage sévère du médecin, disant cela. Le sérieux que réquérait sa profession était de retour et sous les sourcils épais, ses yeux clairs fixèrent brièvement la Sylphide avec une gravité sereine.

Sans plus de politesses, Zayid s'intéressa de nouveau à ceux qui étaient venus le quérir. Il pria certains de revenir le voir le lendemain, se préocuppa de ceux pour lesquels il pouvait faire quelque chose dans l'immédiat, et accorda à chacun toute l'attention nécessaire, avec patience, mais aussi avec fermeté quand on faisait mine d'abuser un peu trop de son temps précieux. La chose ne prit guère long, en vérité, et au bout d'un moment, le prêtre se leva lentement de toute sa masse monumentale.

- Bien, lança-il à Mäje. Tu es chanceuse, il n'y a personne pour voler la priorité à ton client, aujourd'hui.

Et il était clair que celles de Zayid n'allaient certainement pas à ceux qui souffraient de maux causés par le trop manger et le trop boire. Il avait plus l'habitude de soigner ceux qui souffraient de la faim et du dénuement, en vérité, et sans doute que le poids de son regard appuyé ne laissait aucun doute sur le fait qu'il était en train d'accorder une réelle faveur à ce fameux Jacov. Une arrogance de miséreux, pour tout dire, parce qu'elle aurait tout aussi bien pu tourner les talons pour aller chercher quelqu'un d'autre, ce qui, en l'occurrence, ne le dérangeait aucunement. Son orgueil se logeait autre part que dans le rang de ses patients.

Il fit claquer ses paumes rêches, et Yahya s'ébroua légèrement en se levant.

- Allez, me voici toute ouïe. Raconte moi, pendant que je replie tout ceci. Où se trouve-il et depuis combien de temps souffre-il, ton Jacov ? C'est sa première crise ?

Tout en parlant, et en prêtant une oreille attentive à ce qu'elle avait à répondre, Zayid détacha la longe de son âne et le chargea de ses effets, rassembla les quelques menus dons qu'on lui avait fait en échange de ses services, et fut fin prêt.
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