C'est une poupée qui dit...

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- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 C'est une poupée qui dit...

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MessageSujet: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeLun 14 Sep - 17:55

Les jardins étaient magnifiques lorsque qu’elle les traversa. La belle saison avait épanoui ses verts profonds qui rivalisaient avec les verts tendres et argentés qui servaient d’écrin aux fleurs les plus variées qui mariaient leurs couleurs en dégradés subtils ou camaïeux chatoyants tandis que leurs parfums caressait les narines de la promeneuse de leur tonalités sucrées ou épicés légères ou entêtantes. Elle parcourut l’allée centrale qui servait d’axe de symétrie au réseau de passages tantôt dallés tantôt couverts de gravier. Si la symétrie des tracés semblait de rigueur, les bouquets d’arbre venaient rompre à intervalle régulier une impression qui aurait paru sans doute bien écrasante sans la masse mouvante et bruissante des feuillages dans la brise de fin après midi qui menait dans le ciel quelques moutons nuageux. Pour finir de donner un peu de fraîcheur des canaux cristallin croisaient les sentiers, grâce à de petites passerelles qui rivalisaient à la fois de légèreté et de majesté, exercice qui avait dû faire plancher les architectes des ancêtres du maître de ces lieux. Les sautes de reliefs étaient compensées par de petites cascades qui alimentaient un peu plus loin des fontaines et jet d’eau, tantôt majestueux aux carrefours principaux tantôt discrets pour les désirs des contemplatifs.

Si elle était consciente de la beauté qui l’environnait, la femme ne perdait pas de temps à admirer les hortes royales. Bien des pensées se bousculaient en elle qui l’empêchaient de profiter comme elle le voudrait de sa présences dans ces lieux qui d’ordinaire n’auraient pas manquer de susciter chez elle une admiration et une contemplation assortie devant les agencements ingénieux dans lesquels la technique restait si bien cachée qu’on les aurait dit sortit de la toile d’un peintre inspiré.

Général Natalis a écrit:
« Ma chère Elië,


Notre dernière rencontre je dois l’avouer m’a laissé à la fois comblé et pourtant avec un goût d’inachevé. Je me dois donc de mettre un terme à mon impatience et vous demander un nouveau rendez-vous. Je vous attendrai donc au palais à la cinquième heure. Le laisser-passer joint vous permettra d’entrer. Vous serez néanmoins fouillée de corps et d’esprit aussi ne prenez rien qui pourrait signifier un quelconque danger pour sa majesté.  Retrouvons nous dans la grande galerie qui relie la salle du conseil aux jardins. A cette heure elle grouille de monde et il vous sera facile de passer inaperçue.
A très bientôt

Général Natalis »
La lettre comme à l’accoutumée avait brulé au-dessus d’une bougie et d’un bol d’acier mais les mots résonnaient encore et l’écriture nerveuse dansait encore devant ses yeux.
 
Général Natalis. Il était donc bien haut gradé et  ne s’était donc pas vanté en affirmant être au plus près du pouvoir. Lorsqu’elle avait accepté de passer la nuit avec lui, elle l’avait sans doute sous-estimé, le prenant certes pour un militaire_ ces manières ne pouvaient le cacher_ mais aussi un gentil mythomane. La première raison était qu’on ne se dévoile pas ainsi à une première rencontre avec une femme de fortune. La seconde étant que l’état ne pouvait à son humble avis s’accommoder de ce genre d’indiscrétion, sauf si l’on avait une idée derrière la tête… Cette idée ne pouvait alors qu’impliquer la courtisane et elle n’aimait pas du tout se trouver dans cette situation où les fils se tissaient autour d’elle sans qu’elle puisse en déterminer la trame ni les mains de celui qui les filait.

D’un autre côté, il était pour elle hors de question de refuser et les raisons en étaient là aussi multiples. Premièrement le général était loin d’être avare et sans être vénale, la belle avait toujours besoin de renflouer sa cassette. Le lecteur qui aura suivi les tribulations de la Syliméa sait à quel point son train de vie et ses goûts de luxe mettaient à mal ses émoluments. Il suffisait de regarder la tenue de la belle pour s’en convaincre, gracieux compromis de classe et  de charme tout en camaïeux de verts tendre, sans tape à l’œil mais avec tous les détails de broderie et de passementerie  qui ajoutent la touche finale à des atours propre à lui donner sa place dans le monde. En outre, la lettre était accompagnée d’une émeraude de belle taille, taillée avec goût, propice à faire briller ses yeux d’excitation. En troisième lieu, son incorrigible curiosité mariée à l’amour du jeu, ne pouvait la laisser sur sa fin en ce qui concernait les plans du général à son égard. Elle doutait qu’il veuille de façon désintéressée la faire monter les degrés de l’échelle sociale. Elle attendait de cette rencontre qu’elle lui en apprenne plus sur les projets du général. Elle devait éliminer la carrière militaire qui n’était aucune ment faite pour elle, indépendante qu’elle était et comptant le rester en plus de n’y rien connaître en stratégie. Elle avait beau déjà avoir vécu cette expérience plutôt gênante au reste elle ne voyait pas le vieux soldat s’amouracher d’une courtisane et officialiser leur fraiche relation. Conclusion, même si elle en détestait la perspective, elle devait envisager fortement n’être qu’un instrument dans les projets du général, instrument qui désirait bien savoir à quoi on allait l’employer même si la forme ne laissait aucun doute…

Elle avait déjà retourné ces pensées lorsqu’elle était arrivée aux portes du palais où elle fut arrêtée par la garde qui ne s’émut pas du laisser-passer qu’elle présenta et comme prévu, une télépathe  accompagnée d’une palpeuse bougonne se mirent en demeure de s’assurer qu’elle pouvait pénétrer dans le sein des seins de la capitale. Le plus grand danger était la mage qui aurait pu découvrir des aspects de la rouquine incompatibles avec le droit d’entrer au palais, mais Elië était mage de la même espèce et savait faire remontrer des flots pensées innocentes pour faire barrage à des intrusions  en des recoins qui devaient rester cachés. D’autre part sans doute le laisser-passer sans faire tomber toutes la méfiance des gardes avait dû émousser leur zèle.

Une fois l’austère barbacane passée, elle s’était bien vite retrouvée dans les merveilles des jardins. Elle y croisa quelques aristocrates oisifs houspillant le petit personnel pour se donner l’importance qu’ils n’avaient pas. Plus approchait du palais proprement dit et plus les rencontres devenaient silencieuses et plus la densité de personnages augmentait.

La ladrini laissait son regard scruter ce qui n’était pas encore une foule à la recherche du seul visage qui pouvait lui être connu, bien qu’elle n’ait pas encore pénétré dans la galerie mentionnée dans la lettre.  Un petit pincement s’était glissé au creux de son estomac signe qu’elle n’était pas tout à fait dans son élément. Oh ! Certes elle avait l’habitude des mondanités ainsi que des réceptions des nantis de la capitale, mais son cercle d’influence s’arrêtait la plupart du temps aux hauts bourgeois et aux nobliaux occupés à prospérer même au prix de compromission avec les mafias et cercles d’influence et ne s’occupant que peu de politique. Elle se rendait compte qu’elle s’approchait là du pouvoir, chose qu’elle ne connaissait que peu. Elle devrait se montrer prudente et l’urgence serait alors d’observer avant de pouvoir prétendre évoluer avec aisance dans ses méandres.

Enfin, elle gravit les sept degrés de marbres qui reliaient le parc à ce qui devait être le lieu de rendez-vous si elle ne s’était pas fourvoyée. Lorsqu’elle passa le seuil de la large baie elle fut rassurée sur ce point. La mauvaise nouvelle était que la foule promise par le missive du général était absente. Sans doute la chaleur de la journée en avait chassé les occupants jusque dans le parc. Seuls quelques vieux hommes  très dignes portant grimoires et parchemin sillonnaient les lieux. Peu de femmes et peu de tenues clinquantes comme elle avait pu en voir dans les extérieurs.  Son pincement devint boule de trac. Difficile ici dans un désert de connaissance de se donner une contenance. Elle se dirigea vers quelques tableaux qui ornaient les murs comme pour les admirer. En d’autres circonstances elle l’eût effectivement fait mais elle en l’occurrence elle cherchait juste à pouvoir poser son regard quelque part.

*Allez ma belle. Ce n’est qu’un palais.
_ Oui juste le palais royal !
_ Respire et tout ira bien. Tous ces gens sont faits comme nous et parfois moins bien que nous…*


Elle se força donc à respirer et dessina un sourire angélique sur ses lèvres  avant de se retourner  vers la galerie afin d’en avoir une vision plus détaillée. Elle portait bien son nom car étroite, elle était peu meublée et hormis les baies qui s’ouvraient sur le parc, elle ne semblait avoir que deux issue, une chacune de ses extrémités. L’une d’elle s’ouvrit  alors qu’un page lui passait devant. Elle eut tout juste le temps de reconnaître le général, mais bien pire, le monarque d’Hespéria qui l’accompagnait. Il n’était pas difficile de le remettre son effigie ornant toutes la monnaie du pays. Elle se sentit un instant paralysée, ne sachant si elle devait se porter au-devant du militaire et importuner  le souverain ou rester à les attendre quitte à passer pour une Pim bèche.

Ses réflexes de dissimulation lui sauvèrent la mise. Elle fit mine de ne pas les avoir vus, absorbés qu’ils étaient encore par leur conversation,  sortit son éventail assorti à sa robe qui dépassait de son aumônière et se plongea dans la contemplation du parc, agitant délicatement son accessoire devant sa gorge, le port de tête altier, coiffée seulement de sa chevelure de feu seulement disciplinée par deux tresse partant des tempes et reliées entre elles à l’arrière de son crane…
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMar 15 Sep - 19:49

    Mois de Mesoa, année 1304

    ~ Monsieur Kennan, bienvenue dans l'Alba division.

    ~ Merci vôtre majesté, vôtre confiance me touche.

    Le vieil homme claqua des talons sur le parquet du salon de guerre dans un salut parfaitement maîtrisé, son geste résonnant longuement entre les murs richement parés avant de finalement disparaître, comme absorbé par la substance même de la pièce. L'homme inclina alors la tête dans un geste militaire et pivoté sur lui-même pour quitter le salon.

    Le bruit du déplacement de l'ensemble de la nouvelle brigade Noyan avait depuis longtemps fini de résonner dans les couloirs quand le comte de Ruyter osa enfin reprendre la parole.

    ~ Majesté, comme je vous le disais avant cette intruse éhontée je vous prie de bi-...

    ~ Comte, nous pensons avoir bien saisi la nature de vôtre propos, vous préféreriez attendre encore pour recevoir des demandes d'intervention, préserver notre neutralité jusqu'au bout.

    ~ Tout à fait vôtre majesté ! Vous lisez dans l'esprit de vôtre serviteur comme dans un li-...

    ~ Il suffit de vos flagorneries comte, réservez les pour la cour.

    ~ Bien entendu vôtre majesté.

    L'homme se rassit enfin, s'étant trouvé debout pendant l'ensemble de l'entretien avec le sergent Noyan ainsi que celui, plus court, qui avait succédé et vu affirmer la nouvelle affection du soldat Kennan, un long moment pour un homme de sa stature, mais au moins le second entretien lui avait-il permis de se calmer les nerfs, reparaissant sous une couleur acceptable pour le genre terran. Attentif, il ne bougeait plus guère, tout comme l'ensemble de la salle. Le dernier point venait d'être tranché par décision royale, le cerveau de l'opération ne consulterait que sa propre personne pour prendre une décision aussi grande. Sur tous les visages, des masques impassibles où un sourire d'acteur venait vaguement étirait les traits, mais derrière ces masques, les rouages des pensées de chacun de ces hommes s'activaient à grand train. Le roi prenait de plus en plus de décisions par-lui même et accueillait mal la critique. Le rôle du conseil allant s'amenuisant, c'est également une partie de leur pouvoir que ses membres sentaient glisser entre leurs doigts, mais tous dans cette pièce ne le redoutaient, bien au contraire. Parmis tous ces sourires, l'un au moins semblait franc. Faute d'être un homme de politique, le général Natalis ne prenait pas la peine de dissimuler ses émotions et la joie profonde que les plans du roi lui procuraient. Il serait temps pour l'armée de se tirer une part de la gloire et pour lui de grappiller un peu de l'influence accaparée par les nobles et marchands jusque là.

    Aussi, cela ne surprit-il personne que le général se rende auprès du roi lorsque celui-ci signifia enfin la fin de ce long conseil. Voilà six heures que ces hommes se trouvaient dans cette salle, heureusement préservée des températures extérieures, mais malgré tout le luxe des fauteuils, chacun n'aspirait à présent plus qu'à une chose et il s'agissait de quitter ce placard.

    ~ Majesté, si je puis me permettre ?

    Le monarque ne lui accorda pas un regard à cet instant, continuant un moment de marcher, le regard fixé devant lui. Le général ne s'en offusqua, ni les nobles n'en rirent, la chose au contraire était source de rumeurs sur le monarque. On le pensait voguer entre ses pensées et la réalité au gré des situations et cet oubli de son environnement était pour tous coutumier. Pour certains il s'agit d'une preuve de l'esprit défaillant de leur souverain, pour d'autres de l'obstination de Thimothée à vouloir revoir chaque détail lui-même, s'enfermant dans son propre esprit, comme un érudit dans une étude pour pouvoir s'isoler des perturbations extérieures.

    Obstiné par nature et décidé à obtenir son audience privée, le général emboîta le pas du monarque pendant les quelques instants que durèrent cet absence avant que finalement la tête couronnée ne pose un regard inquisiteur sur son crâne chauve.

    ~ Général ?

    Certains tentaient de s'attarder aux alentours de la salle de guerre, souhaitant percevoir la nature de l'échange, mais le roi avait rapidement baissé le ton, comme le voulait la tradition dans la grande galerie qui jouxtait le salon. Les peintures ornaient un long de recueillement ou seul le murmure de la foule osait percer, un lieu d'échange propices pour les conversations privées.

    ~ Monseigneur, je ne voudrais vous influencer en rien mais...

    ~ Mais vous allez tout-de-même essayer. Nous attendions mieux de vous général, livrez-nous le coeur de vos pensées sans détours ou repartez avec le reste des ministres.

    ~ Il s'agit justement des ministres monseigneur, ou plutôt l'un deux.

    ~ Le comte de Ruyter oserions nous présumer ?

    ~ Je ne saurais au roi interdire quoi que ce-..

    ~ AH BASTE !! S'énerva le monarque d'un mouvement rageur de la main avant de retrouver son calme.

    L'homme était connu pour ses élans d'humeurs pour qui abusait par trop du protocole lorsqu'il n'y était pas tenu, aussi l'éclat n'alerta pas les chevaliers du cercle, avançant calmement, cinq pas derrière le souverain. Chaque situation avait sa propre distance de sécurité et même au sein du palais, pourtant gardé par des cohortes de Renardiers, celle-ci ne se relâchait pas complètement.

    ~ Bien sûr monseigneur.. Mais... Damoiselle Elië ?

    Feignant l'innocence, l'homme avait volontairement dirigé le monarque vers les arcades du jardin, ayant repéré depuis longtemps, de son oeilhabitué aux champs de bataille, la flamboyance rousse de la jeune demoiselle.

    ~ Vôtre majesté, si vous voulez bien me permettre de vous présenter mademoiselle Elië ?

    Le monarque resta un moment interdit avant de s'incliner royalement, une jambe tendue, l'autre légèrement repliée devant lui, il n'avait pas abaissé son chef bien bas, mais comme il était de coutume en Eridania, hors de la salle du trône, tout homme, fut-il même roi, devait s'incliner le premier en présence d'une femme.

    ~ Mademoiselle, nous ne serions choisir s nous devons vous considérer comme une sauveuse pour interrompre ainsi le général ou comme un nouveau sujet de peinture à accrocher à l'un de nos murs. Que faîtes vous là ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMar 15 Sep - 21:59

La belle se forçait à explorer du regard le parc, laissant ses yeux aller un bosquet à un bassin, d’un massif au vol d’un chardonneret dans les ifs qui ajoutaient leur touche sombre à l’harmonie du lieu. En d’autres circonstances, elle se serait sans doute complètement laissé aller à cette contemplation, mais elle se devait de prêter ses autres sens aux messages venant de la galerie. Les rares discours qu’elle pouvait intercepter se faisaient à voix feutrée comme sous le manteau. Les secrets semblaient aller bon train et accroissaient le sentiment d’insécurité de la courtisane. Elle entendait les claquements des bottes de chevalier de la protection rapproché du monarque approcher inexorablement. Si elle avait espéré que cette invitation fut une erreur en était à présent détrompée et elle se savait la cible de la trajectoire du groupe royal.

Un éclat de voix lui donna prétexte à se tourner vers le roi qui réprimait déjà sa saute d’humeur, mais cette brusque rebuffade que venait d’essuyer le général ne pouvait que la faire craindre la suite des évènements et la mettre sur ses garde et convoquer la prudence dont elle était capable. Elle observa le visage austère du général. Qu’elle ironie de le voir ainsi sévère et  raide comme la justice alors qu’elle en avait vu une facette bien moins à cheval sur l’étiquette même si une partie de lui-même…

Il ne laissa rien paraître d’une quelconque vexation suite à l’éclat de son monarque. Visiblement il était habitué à en être témoin voir la cible et ne s’en formalisait que peu à moins qu’il ne soit assez bon comédien pour prendre sur lui et garder pour lui sa frustration. Son profil aussi anguleux que le reste de son visage était orienté vers son seigneur mais se tourna vers la Syliméa. Leurs regards se croisèrent. Ce qu’elle y vit finit de l’inquiéter tout à fait et de donner crédit à la méfiance et aux pensées qu’elle avait développées depuis qu’elle avait reçu  la missive du militaire. Une certaine froideur habitait ses pupilles grises comme s’il n’avait jamais rencontré la courtisane et  son entrée en matière avait le ton du fonctionnaire de police qui manifeste connaître chacun et chacune. En aucune façon il ne laissait supposer qu’il avait partagé un quelconque moment ni même qu’il ressentait une once de contentement de la trouver ici.

*Mon amour. Tu vas avoir matière à jouer ! C’est bien ça que tu voulais ?
_ Si nous arrivons à décoder les règles de ce jeu ce sera peut-être plus drôle.*


Le point d’interrogation étonné de la trouver là finit de la conforter dans ses impressions. Elle ne voyait pas encore la toile mais devinait l’araignée qui l’avait tissée. A elle de ne pas tomber dans le piège tendu et si elle avait raison, elle était assez mauvaise joueuse pour tenter de retourner le guet-apens contre son instigateur s’il s’avérait que cela devait lui porter préjudice. La bonne nouvelle était le titre de demoiselle qui lui était concédé. Le général ne l’avait pas directement appelé par son nom, manière irréparable de la rabaisser à un rang méprisable. Il ne voulait donc pas immédiatement la jeter en pâture au roi et à son service d’ordre.  Cela était bien sûr prévisible. Pourquoi la faire venir si c’était pour la faire immédiatement renvoyer ou jeter dans un cachot ? Prévisible mais dans le contexte dans lequel elle se trouvait tout bon augure était appréciable.

*Faisons bonne figure ma chérie. Nous savons le faire ma toute belle…*

Oui elle savait le faire. Les codes étaient les mêmes dans tous les salons et il suffisait de passer pour plus sotte ou plus soumise  qu’elle n’était. N’était-ce pas ce que l’on attendait d’une femme, d’une épouse, d’une servante, d’une fille de petite vertu ?... Elle avait pu déjà vérifier que l’intelligence ou la rébellion faisait fuir les hommes et se gardait bien dans ses activités d’en faire étalage. Elle ne se prétendait pas plus finaude que la moyenne, mais avait déjà pu constater qu’elle savait analyser les situations et les relations et jouer de cette compétence pour arriver à ses fins. Si d’aucuns avaient envie de la considérer comme une manipulatrice, ils n’auraient sa doute pas tort mais elle préférait considérer qu’elle ne faisait que donner à chacun ce qu’il voulait voir ou entendre en plus du goût et du velours de sa peau.

Aussi, elle dessina le sourire ingénue de celle qui se sent reconnaissante qu’on l’ait reconnue, inclinant le tête pour saluer le général qui venait de s’adresser à elle alors que le roi se portait déjà au-devant d’elle. C’était évidemment la première fois qu’elle se trouvait face à un tel personnage et le voir s’incliner devant elle, même si elle connaissait les us et coutume du pays, la décontenança une fraction de seconde avant qu’elle ne reprenne un peu du naturel qu’elle essayait de garder.  Avant qu’il ne se redresse, elle se courba en une gracieuse révérence, le buste incliné vers l’avant la tête et le regard baissé et les bras légèrement décollés du corps les paumes tournées vers le plafond de la galerie où des nymphes  ne moquaient des turpitudes des vivants.

« Sire ?... »

*Très bien ce ton soumis …
_ Tu en connais un autre pour ce genre de rencontre ?*


Elle attendit que le roi ait fini son compliment avant d’oser se redresser et de croiser enfin son regard. Compliment auquel  elle se contenta de répondre de manière convenue.  La prudence était toujours de mise et le général était toujours le maître du jeu… les premiers pas qu’elle oserait serait sans doute décisifs.

« Majesté, considérez moi comme bon vous semblera. Vous obéir est le souhait de tous vos sujets »

Elle battit deux fois des cils comme déstabilisée par le regard que le monarque posait sur elle avant de lui redonner en toute innocence l’eau des émeraudes qu’elle affectionnait tant.

« Je suis ici à la suite d’une invitation, j’espère que ma présence ne  vous importune pas ?… »

Elle avait évité de citer le général comme motif de sa présence. En dire le moins possible était un gage de survie lui semblait-il, de plus en plus persuadée d’être tombée dans un traquenard. Elle attendait avec impatience le premier pion qu’allait avancer le général afin d’essayer de cerner ses intentions. Le roi était-il là par hasard et ne faisait-il pas partie des projets du militaire ? Obéissait-il au contraire au roi en l’invitant ici ? Ou bien avait-il un coup d’avance sur son monarque et le jeu allait-il donc se révéler encore plus dangereux que prévu ? Si le roi n’était pas inclus dans la partie à priori, cette rencontre allait sans doute contrarier le général Natalis et elle devait bien admettre que cette hypothèse l’amusait assez.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMer 16 Sep - 11:36

    Le cliquetis des pas de la garde royale s'arrêta en même temps que celui de leur monarque, attentifs, ils n'en demeuraient néanmoins pas mois ébahis que leur souverain de la vision qui s'offrait. Thimothée en effet, sans toutefois se départir de son air sévère, n'en finissait pas de détailler la jeune femme. Ses yeux passaient d'un trait à l'autre, d'une caractéristique à une autre, imprimant dans son esprit le visage qu'il avait devant ses yeux comme une carte en relief qu'il pourrait plus tard parcourir de nouveau. Si la bienséance voulait que son examen débute et s'achève au visage et aux épaules de la nouvelle venue, le général put sentir l'homme fatigué qui se trouvait à son côté redresser les épaules et tenter de gommer les effets que la longue réunion avait eu sur son mental.

    C'est finalement l'objet de son attention lui-même qui vint rompre l'étrange maléfice il était soumis, d'un mot, d'un seul, un mot anodin, son propre titre. La lassitude le rattrapa rapidement au sortir de son rêve et ses traits perdirent la vigueur acquise quelques secondes auparavant. La suite ne fut pas pour lui déplaire, le général sentait l'esprit de son souverain lutter contre la fatigue, les rouages fatigués de sa pensée couinant et grinçants alors qu'ils se remettaient en marche pour nourrir son imagination de rêves fugaces.

    ~ Nous commandons certes à nos sujets, mais ne définissons pas leur nature mademoiselle.

    Le regard royal quitta alors le visage de la jeune femme avant de se perdre dans sa flamboyante chevelure, bien entretenus, mais pourtant relâcher sauvagement comme une cascade de feu liquide qui descendait sur ses épaules fines, épaules qu'il se refusait encore à détailler du regard, on ne pouvait néanmoins s'empêchait de remarquer l'absence d'ornement, de résille ou simplement de coiffe. Les prêtres y verraient certainement un symbole de vanité ou de luxure, mais le monarque ne semblait afficher aucune émotion faciale qui puisse confirmer cette idée, bien au contraire.

    ~ Il n'est pas nécessaire d'être doté de sang bleu pour vaquer au palais mademoiselle. Nous vous prierons néanmoins de faire attention à votre personne durant votre séjour. Les jalousies et envies sont rapides à naître à la cour et j'ai peur que par notre conversation le général ne vous ait placé sous bien des projecteurs. Or tous ne seront pas favorable, mademoiselle.

    ~ Majesté, je ne voulais bien entendu pas tenté de... Excusez l'homme de rang que je suis, les us de la cour ne me sont que par trop inconnus.

    ~ Un homme du rang qui s'exprime pourtant dans la même langue que les flagorneurs général.

    ~ Certes sire, veuillez accepter mes excuses.

    Le général ne semblait pas s'offusquer de ce nouveau reproche, il avait bien plus important en tête à l'heure actuelle. Les choses tournaient à son avantage, il connaissait le roi depuis longtemps, pour avoir servi sous son père et le maire Dreak, aussi savait-il tout des rumeurs qui avaient succédé à la mort de son épouse et de son fils, il en savait également long sur la véracité de plusieurs d'entre elles.

    ~ S'il est du désir de votre majesté d'éviter une déconvenue à mademoiselle Elië, peut-être ne faudrait-il que je m'éloigne et que je continue de vous entretenir du sujet qui m'occupe avant de partir. Cela limiterait sûrement les rumeurs.

    Les rois du souverains gagnèrent en éclat alors qu'il reposait les yeux sur le général. La tactique était habile et bien menée. Elle l'obligeait à rester, à l'écouter. Tout départ précipité de sa part ferait jaser et multiplierait les tentatives de ce genre.

    ~ Bien général, nous vous écoutons. Nous imaginons que nous pouvons compter sur le silence de mademoiselle Elië puisqu'elle semble prise au même piège que nous ? Nous nous en voudrions de vous faire subir quelque outrage, mais vous comprendrez aisément que toute divulgation risquerait d'en apporter au dessus de vôtre tête, n'est-ce pas ?

    La chose était entendue, le regard de Thimothée se faisait maintenant scrutateur, inquisiteur, plantant ses billes dorées dans le regard de leur interlocutrice, comprenant trop tard le risque de se plonger dans pareil océan.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMer 16 Sep - 16:45

La courtisane était bien trop habituée à fréquenter les mâles de toute sorte pour ne pas prendre conscience de l’effet qu’elle produisait sur le monarque d’Eridania. Elle était bien trop habituée pour s’en offusquer et elle ne le niait pas aimait sentir l’admiration et le désir passer dans le regard de ceux qui la dévisageaient. Elle aimait percevoir les pupilles se dilater et la presque la déshabiller. Les attitudes masculines devenaient alors plus vigoureuses tout comme le paon fait sa roue ou que l’oiseau de paradis fait sa parade, les hommes semblaient avoir besoin de montrer qu’ils étaient en pleine possession de leur moyens. Cette sensation ne manquait jamais de faire pétiller de plus belle le regard de la belle et entrevoir que le maître de céans se conduisait comme n’importe quel homme ne manquait pas de la rassurer et lui redonner confiance en l’avenir. Elle savait aussi ce qui plaisait chez elle outre son physique de belle Sindarine et ne perdrait sans doute pas une occasion de d’user de ses arguments, affutés par l’expérience de son hôte et les derniers mois de pratiques assidues et appliquées.

Finalement, le pouvoir devait tout de même éroder le désir d’un puissant si elle en jugeait par la déconfiture de la parade et de l’intérêt qu’elle pensait avoir suscité. Elle n’osait imaginer ce que cela pouvait donner dans le secret de la royale alcove. Du coup, son assurance fondit également et la prudence revint au-devant de la scène à moins qu’elle ne décide, un peu blessée dans son amour propre de se lancer dans une entreprise de séduction.

*Hop ! Hop ! Hop ! Pas de précipitation, ma toute belle tu oublies le militaire…*

En marge de son regard tourné vers le souverain, elle pouvait apercevoir le regard perçant et scrutateur du général observer son roi. Ce dernier était peut-être le plus puissant personnage du royaume, mais il devait se soumettre à l’examen constant de tous ses proches et si ceux-ci décidaient d’intriguer, il se devait d’en être conscient. Même devant ses proches conseillers, il y avait fort à parier que ne jamais prêter le flanc au doute à la faiblesse possibilité de paraître indécis, était la meilleure des choses.

*Et notre sémillant général ? Pour qui roule-t-il ?*

En effet tant de sollicitude reposait la question de ses projets à la fois concernant le roi et la rouquine. Ces deux projets avaient-ils à voir l’un avec l’autre ? Honnêtement, Elle en doutait. Elle n’avait aucune expérience du pouvoir et se demandait bien quelle utilité elle pouvait bien avoir pour l’officier. Pourtant, les choses et le hasard se coordonnaient trop bien pour être innocent. La seule chose qui commençait à se dessiner c’est que si elle était introduite auprès du roi pour servir les desseins de Natalis, c’est que ce dernier ne roulait pas que pour le bien du roi et du royaume. Ce qui la laissait pourtant dans le brouillard et limitait sa vision des choses était que le l’austère aigle même un tantinet déplumé ne lui avait donné aucune consigne ni fait aucune proposition directe. Il voulait sans doute attendre qu’elle se mettre en mauvaise posture pour avoir un moyen de pression qui l’empêche de refuser. Visiblement une partie d’échec avait commencé. Une partie dont pour le moment le roi semblait avoir été exclu et dans laquelle il n’entrerait sans doute que pour condamner l’un ou l’autre. Elle ne pouvait pas imaginer avoir plus de poids que les années de service et la « loyauté » du général et sentit soudain le froid du cachot remonter le long de son échine, même si elle n’en avait pour l’instant jamais fait l’expérience et elle s’en félicitait.

Elle en était là  des pensées qui tourbillonnaient à toute vitesse dans sa tête lorsque le roi lui répondit sur le même ton  qu’elle avait utilisé. Le roi avait le verbe joueur et elle laissa se dessiner un petit sourire amusé sur ses lèvres cerise. Si le jeu était lancé, elle ne pouvait pas rester en dehors même si elle ne perdait pas de vue la circonspection dont elle se devait de faire preuve. Un souffle de flatterie, une pincée de sous-entendu et un Zeste de provocation mélangé à un rien d’humour furent les ingrédients de la réponse qui passa le seuil souriant de ses lèvres gourmandes.

« Sa majesté à toute licence je présume pour en découvrir cette nature »

Elle passa ses doigts dans ses cheveux pour les passer derrière l’oreille découvrant son cou gracieux. Une simple chainette retenait un pendentif dont la perle guidait les yeux vers des échancrures qui propres à stimuler l’imagination tout en gardant la bienséance réclamée par la classe dont elle ne voulait en aucun cas se départir et que les lieux exigeaient.

La mise en garde royale sonna à ses oreilles avec bienveillance et étira un sourire de reconnaissance et fit briller d’aise les prunelles de la ladrini. Machinalement elle laissa courir son regard en un lent arc de cercle sur l’assistance. Etrangement pourtant personne ne semblait porter intérêt à la scène. Peut-être était-ce là ce qu’il y avait de plus suspect. Le roi était là et la chose ne semblait concerner personne à part ses gardes du corps. Elle était prête à répondre au conseil du souverain, mais déjà le général lui coupa sa répartie et ce fut non sans plaisir qu’elle assista à la nouvelle rebuffade dont il fut l’objet. Rebuffade qui eut le mérite de renseigner la courtisane sur les attentes du monarque. Il ne goûtait point la flatterie éhontée de la part de ses proches même s’il était conscient que beaucoup à la cour lui en servait à longueur d’entrevue. Peut-être alors qu’une prise de risque dans ce sens serait payante. De son côté, le général venait de dévoiler une partie de ses pièces en avouant à mot couvert qu’il était responsable de la venue de la belle. Cela ne manquerait sans doute pas d’attirer l’attention du roi…

*Si j’étais lui, je me demanderais pour quelle raison il nous a fait venir au palais.
_ Certes ma beauté. Les mêmes questions que les nôtres devraient assez vite fleurir dans son esprit s’il est aussi perspicace que son titre ne l’exige…*


Mais si la belle et le monarque semblaient pour des raisons diverses avoir marqué un point, il était assez inquiétant de constater que le militaire ne semblait pas se départir de son calme et ne pas vivre la situation comme un camouflet. Tout cela faisait-il aussi partie de son plan ? Dans ce cas, il était encore plus retord que la courtisane ne le soupçonnait.
Elle essaya de faire le point sur ce qui était parvenu aux oreilles et à la compréhension du roi.

*Premièrement, c’est le général qui nous a fait venir.
_ Deuxièmement il propose de s’éloigner donc nous sommes là au départ pour lui et non pour le roi.
_ Trois il est assez attaché à notre réputation voire à notre sécurité pour ne pas désirer nous mettre au centre des ragots de la cour.
_ Où cela nous mène-t-il ?
_ Dans le lit du général ?
_Dans ce cas le roi ne fait pas partie des projets auxquels nous sommes mêlées mon amour.
_ Je commençais à m’habituer à cette idée. J’en suis presque déçue.*


Elle en était là de ses débats internes lorsqu’elle surprit les éclairs jetés par les prunelles royales en direction du général. Il s’était passé quelque chose dont elle n’avait pas eu conscience, quelque chose dont elle n’avait ni les tenants ni les aboutissants. La seule chose qu’elle savait c’est que le général devait avoir touché un point faible de son suzerain et que le roi s’en était rendu compte et lui en faisait reproche en silence. En contrepartie la suite sonnait comme un défi. Un défi au général et à son piège si bien désigné, un défi aux commérages de la cour et enfin un défi à la rouquine qui effectivement se sentait prise au piège d’une entrevue avec laquelle elle n’avait rien à voir mais dont le contenu la mettait de fait en péril si elle en croyait la menace à peine voilée du monarque et si sa vision de la cour et des arcanes du pouvoir se révélait exacte. Qui conque sachant qu’elle avait assisté à cette entrevue et désirant entrer dans le secret des dieux n’aurait aucun scrupule à l’approcher et à essayer de la convaincre d’en dévoiler le contenu quitte à la « rudoyer » ou pire encore. Qui se soucierait alors d’une pauvre fille aperçue une fois seulement à la cour. Sa disparition même pourrait alors arranger les jaloux dont il avait été question plus haut.

*Tu pensais être dans le pétrin ma beauté ? Là tu y es vraiment*

Il était en effet plus que temps de battre en retraite. La raison lui criait que c’était la dernière limite, le point de non-retour. Et pourtant elle mourrait d’envie de connaître le dénouement  de cette passe d’arme entre le général et le souverain. Aussi elle ne trouva rien de tranchant qui lui permettrait de se retirer. Elle ouvrit grand ses yeux pour marquer sa sincérité :

« Sire, ne craignez-vous pas de prêter le flanc à la critique et aux jalousies que vous évoquiez tantôt en tolérant l’humble personne que je suis dans les affaires de l’état ? »

La manœuvre était risquée quoiqu’elle-même ne risquât pas grand-chose, en tout cas dans l’immédiat. Soit le roi se rendait à ses arguments et la laissait aller sans doute à sa grande déception, soit il s’enferrait dans son défi lancé plus tôt et elle faisait d’une pierre deux coups : passer pour une fille désintéressée et connaître la fin de cet acte qui était peut être le prélude à une pièce et une action plus vaste dont elle ne saurait sans doute rien par la suite mais à chaque jour suffisait sa peine…

*Et ensuite tu auras l’heur et l’avantage de vivre sur le qui-vive le restant de tes jours parce que peut-être es-tu détentrice de grands secrets !
_ Ne sois pas stupide ! S’il s’agissait de si grands secrets, ils ne seraient pas traités en plein cœur de cette galerie. Non ! Seuls de petits courtisans en seront jaloux et cela nous permettra de jouer encore plus…
_ Espérons que nous trouverons ça drôle ma beauté !...*
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeLun 16 Nov - 22:08

Les yeux plongés dans ceux de la jeune femme, le monarque s'empêchait d'y chercher une forme de duplicité ou de tricherie. Le poids de la couronne ne l'avait pas rendu plus prompt à la confiance et si sa propre chaîr avait tout d'abord parler en fâveur de la demoiselle, celle-ci pouvait également se montrer traîtresse. Jusque dans sa famille il avait du subir les prix du subterfuges, en des manières qui avaient marquées sa vie, aussi ses rêves ne s'axaient que bien rarement sur de beaux paysages et de doux songes pour leur préférer les ombres, les murmures et les intrigues.

Pour autant, son visage ne semblait pas afficher l'air d'un homme qui aurait découvert ce qu'il cherchait en plongeant longuement dans les pupilles de sa flamboyante voisine. Affichant une mine légèrement circonspecte, mais visiblement calmé dans ses élans inquisiteurs, l'homme fit mine d'éprouver un effort de volonté pour se décrocher du spectacle apaisant qu'il avait sous les yeux pour en revenir à mine austère du général.

~ Ecoutez général ! Voice bien une personne de prudence. Une espèce dont il semble manquer en notre cour. Plutôt que de tenter de surprendre le moindre mot pour s'en aller le rapporter à quelque mécène et empocher quelques pièces, son instinct à s'écarter du danger du secret royal. Nous en viendrons presque à regretter de l'avoir croisée. Pour son propre bien il lui aurait été plus bénéficiaire de nous éviter, mais le mal étant fait autant la garder auprès de nous. Elle sera l'agréable brise de fraîcheur qui manquait à cette désespérante fin de journée.

S'escrimant d'un sourire habile, le général ne s'empêcha pas de jeter appréciateur du côté de la nouvelle source de leur conversation. Lui jetant un regard étrangement satisfait, il se décala très légèrement, d'un pas à peine, mais un pas décisif s'il en était. Il se trouvait dès à présent aux côtés du roi, très légèrement en retrait. Une personne extérieure à la conversation ne pouvait donc le concevoir comme un acteur de celle-ci, mais plutôt comme un spectateur de celle qui pouvait amener un monarque à s'approcher de pareille rose.

~ Votre majesté aurait leçon à donner à nos plus grands poètes, je ne pourrais qu'espérer pouvoir concevoir pareils compli-..

~ Général. L'interrompit Thimothée, dont le soupir laisser présager de l'état de sa patience. Venons-en au fait voulez-vous ?

Le monarque ne pouvait plus l'apercevoir, ne tournant que bien peu la tête pour lui signifier qu'il lui adressait toujours la parole. L'homme de pouvoir ne s'était en effet pas déplacer en même temps que son général. Par goût pour le spectacle ou par absence de réaction ? Seule la lassitude croissante sur ses traits auraient pu être un indice pour un observateur extérieur.

~ Bien entendu Majesté. Je comptais vous entretenir du comte de Ruyter, ainsi que de certains rapports troublants qu'il semblerait entretenir avec Tyrhénium.

Laissant le mot en suspens et bien conscient de l'aversion du monarque pour cette région qui se refusait toujours à comprendre que ses jours de liberté, bien mal acquise, étaient comptés le général savait pouvoir ferrer sa prise sans grande difficulté. Le comte avait de nouveau démontrer ses travers au cours du conseil qui venait de s'achever, de l'impatience, un mépris prononcé envers les hommes et femmes du rang et enfin son manque de vision à long terme. L'homme était sur la sellette et celui qui parviendrait à lui donner le dernier coup pourrait bien hériter d'un poste aussi convoité que celui de ministre de la guerre.

Retenant un sourire contre toute attente, le monarque se tourna en direction de son général avant de poser une main tout à fait amicale sur l'épaule du gambison de son interlocuteur. Un geste surprenant pour qui connaissait le monarque pour sa grande retenue envers ses subalternes.

~ Vous nous donnez à réfléchir général, mais avant de vous laisser continuer, nous vous arrêterons tout net. Ce type de conversation ne se trouve en effet pas sujet à être entretenu aux quatre vents. Il nous faut nous ranger à votre pragmatique sagesse. Aussi le sujet attendra demain. Vous avez gagné votre entrevue. Soyez prompt au levé, car il sera question d'en discuter autour du premier repas d'une nouvelle journée. En attendant..

S'interrompant tout en détournant son attention du général, le monarque s'avança d'un pas en direction de la nouvelle Rose de ses jardins, lui offrant son bras tout en baissant la voix.

~ Nous feriez vous le loisir de quelques pas en votre délicieuse compagnie ?

Retenant ses gardes d'un geste de la main, il signifia son congés au général par là-même occasion. Cette brusquerie de comportement n'ayant en rien le don de diminuer l'ampleur des rumeurs courants sur son état mental.
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMar 17 Nov - 19:22

La jeune femme attendait impatiemment le verdict du roi. Habituée aux regards lubriques et avides des hommes celui qui se posait sur elle dans le sein du pouvoir restait des plus flatteurs. Elle soutint donc les prunelles du monarque, attentive aux tours que les siennes pouvaient lui jouer, toujours prêtes à prendre des teintes variées. Celles-ci étaient des plus difficiles à vérifier durant ce genre d’exercice, mais elle espérait néanmoins qu’elles auraient le bon goût, soumises à son contrôle de rester dans les nuances de verts si elles ne voulaient pas garder un ton fixe.

*Nous somme Sindarine et nous avons les yeux verts*

Cette litanie était devenue depuis quelques semaines une litanie machinale et obsédante lorsqu’elle se mettait à avoir des doutes sur elle-même ou que la situation pouvait se révéler tendue. Pour l’heure, le monarque ne semblait pas se poser plus de question que cela sur son compte et la rouquine lui en savait gré.

*Pourquoi sommes-nous tant attachés à la couleur de nos yeux ma belle ? Après tout il y a des choses bien plus étranges en se monde que l’éclat variable de nos prunelles !...
_ Dangereuse facilité que tout cela mon amour. Je te rappelle que nous sommes nées de façon très violente et que je ne vois pas le commun des mortels l’accepter si facilement. Laissons nos yeux prendre le dessus et ce sera ensuite nos crocs, notre sang notre goût du sang…
Nous somme Sindarine et avons les yeux verts ma toute belle ! *


Elle finit par baisser les yeux en signe de soumission d’une sujette à son roi, avant de les rouvrir et de lui adresser un léger sourire enfantin. Elle se devait de toute façon de rester le plus possible dans l’expectative et le plus réservé possible§. Elle n’était pas le centre du drame, en tout cas plus maintenant et c’était aux deux hommes de régler leurs différends à leur façon. Pour elle, peut habituée aux intrigues de cour, un roi devait bien avoir le dessus mais elle se méfiait de plus en plus du général dont le jeu était trop servile pour un militaire qui se devait, pensait-elle, de se limiter aux fait et aux options envisageable sans faire de ronds de jambe. Ce qui n’empêchait pas le respect…

Elle se contenta de rougir au compliment que sa majesté daignait lui prodiguer même si c’était de manière indirecte en s’adressant à son officier, officier qui semblait ne plus désirer discuter les propos de son roi. Cette retraite soudaine parut soudain très suspecte à la rouquine qui repensa à ses soupçons antérieurs et le regard qu’il lui décocha ne pouvait que la conforter dans son intuition. Elle était donc bien au centre des intentions du général. Encore fallait-il découvrir ce qu’il attendait d’elle. Sans doute rien d’innocent…

*Ma belle, la prudence est plus que jamais de mise. Dans le meilleur des cas tu dois servir d’agent double dans le pire du cas de fusible capable de faire monter le général dans l’estime du roi. D’ici que tu sois accusée de tentative de meurtre sur la royale personne il n’y a pas loin…*

Cette dernière pensée eut le don d’effacer le sourire de la belle qui se demandait déjà comment elle pourrait bien se tirer de ce guêpier. Le danger n’était pas imminent, mais non moins réel en tout cas c’est ce qu’elle ressentait…

*Il va falloir jouer serré ma belle si tu ne veux pas finir dans un cachot ou au bout d’une corde…*

Heureusement, la maladresse de l’officier à tourner le compliment s’avérait flagrante alors qu’il désirait flatter son monarque. Si elle n’avait pas flairé le piège qui se refermait doucement autour d’elle elle aurait bien éclaté de rire aux phrases alambiquées et brouillonnes du général. S’il complotait avec aussi d’aisance elle avait tout à coup bien plus de chances de faire tourner les évènements en sa faveur… Par contre, Thimothée Mannus ne se souciait que fort peu de son général, que ce soit dans son attitude ou ses propos. Le connaissait-il si bien qu’il pouvait se dispenser d’une telle attention ? La fatigue et la lassitude devoir le supporter avaient –elles raison de sa vigilance ? La courtisane ne perdait pas une miette de ce qui se jouait devant elle. Elle y avait tout intérêt cela pouvait lui sauver le mise à un moment ou un autre.

Mais la conversation redevenait ce qu’elle aurait toujours dû être entre un officier et son roi. Oh ! Brièvement, juste le temps que le thème de l’entretien trouve grâce aux yeux du premier des Eridanniens. En effet, le monarque semblait désireux de remettre l’entretien à plus tard… Bien que cet entretien semblât on ne peut plus crucial, si on se fiait à l’heure avancée à laquelle il était programmé devant la Syliméa. L’atmosphère semblait s’être réchauffée entre les deux hommes déroutant un tantinet la belle, témoin des voltes apparemment en vogue à la cour, leçon supplémentaire qui lui montrait qu’elle devrait apprendre au plus vite tous les codes en vigueur ici si elle voulait au minimum survivre…

Mais déjà le roi se tournait vers elle et lui faisait courtoise proposition. Elle inclina légèrement la tête sur le côté en guise d’acquiescement accompagnant son accord muet d’un sourire plus complice qu’elle ne l’aurait sans doute souhaité, mais on ne peut pas toujours tout maîtriser… Elle posa sa main sur le poing de son cavalier tandis que son avant-bras reposait sur celui du mâle pourpoint.

« C’est un honneur pour moi de vous accompagner. Peut-être me ferez-vous découvrir les tours et les détours de votre domaine… »

De toute façon une telle invitation ne se refusait pas et échapper à la présence de l’officier la mettait, au moins momentanément, en meilleure position, les coudées plus franches pour manœuvrer en vue de sa survie. Elle accompagna alors le congé du général d’un signe de tête plus formel et plus raide avec une pointe de défi dans le regard.

Elle allait à présent se retrouver seule avec le souverain et se demandait déjà comment elle allait manœuvrer. Elle avait le choix de laisser venir ou alors de de profiter de cette proximité pour évoquer les pensées qui lui étaient venues durant cette rencontre. Mais très vite elle se rangea du côté de la première alternative. Après tout, elle était nouvelle ici, ne disposait d’aucun crédit auprès du roi en comparaison des années de « loyaux » services du général. Il serait toujours temps si les circonstances s’y prêter de tâter le terrain de ce côté.

*Essaie de profiter un peu. Un jardin n’est rien à côté de la jungle de la cour.*

Elle se laissa alors guider vers les jardins faisant mine de ne plus prêter la moindre attention ni au conspirateur ni aux mille regards qu’elle sentait pourtant peser sur son dos. Elle pourtant pourtant un regard coquin vers son cavalier.

« Suis-je dans le faux en me figurant que vous venez de me fournir tous les ennemis qui me manquaient ? »
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMer 9 Déc - 23:36

La Rose ne fut pas longue à accéder à la demande de la Couronne. Rapidement elle prit place à son côté, démontrant de nouveau une connaissance pointue des us de la cour. Et pourtant quelque chose continuait d'attirer l'attention du monarque. Comme une très légère variation de couleur au coeur d'une peinture unie. On ne pouvait le discerner clairement, cela tenait plus de l'impression, mais on ne pouvait néanmoins s'empêchait de le remarquer.

S'agissait-il de sa retenue ? Les dames savaient se montrer entreprenante quand il s'agissait d'attirer les faveurs d'une personne. Plus d'une fois dans l'histoire d'Eridania la réponse d'un conflit vint ainsi d'un sourire savamment calculé. Les rouages de la diplomatie ne tenaient pas qu'aux signatures et aux parchemins. Et bien souvent les hommes se trouvaient les dindons d'une farce dont ils n'avait pas même conscience.

Loin néanmoins de ces préoccupation de sûreté nationale, le roi plissait légèrement les yeux à leur sortie de la galerie de pierre pour pénétrer dans les jardins baignaient de l'or que projetait l'astre solaire en cette fin d'après midi. Loin de la chaleur de la salle de guerre, il se permettait enfin de pleinement respirer, appréciant la fugacité d'une brise légère secouant la chevelure flamboyante de sa compagne pour en amener le parfum jusqu'à ses narines.

Elle n'était pourtant pas humaine, mais démontrer une grâce peu commune, aussi le monarque ne put-il s'empêcher de faire paraître un sourire sur ses lèvres alors que celles, aussi pourpres que la pomme mûre, de sa compagne s'ouvraient pour répondre à la royale invitation.

~ Il sera en effet en premier lieu temps de vous faire découvrir un jardin dont vous êtes pourtant la plus belle Rose. Mais la peur nous étreint que bientôt vous ne deveniez un support plus qu'une compagnie afin de nous rendre jusqu'à nos appartements.

Son visage ne se crispa, mais son corps ne fut pas aussi maîtrisé. Se raidissant légèrement, le monarque ne put s'empêcher de redresser les épaules pour donner tort à son derniers commentaire. La lassitude parlait pour lui et la soudaine libération de la présence malicieuse du général l'avait plongé dans un sentiment de contentement dont il percevait à présent le danger.

Les mots n'en étaient pas moins prononcés, il faudrait maintenant pour lui ne pas revenir dessus et tabler sur la réputation nébuleuse dont il avait vaguement conscience pour faire de ses propos un double-sens voilé dont il n'avait pas l'intention.

Tout à sa reprise de contrôle, il n'écouta tout d'abord que d'une oreille la voix mélodieuse qui venait bercer sa conscience. Il comprenait qu'il n'aurait pas dû l'inviter à marcher. Une nouvelle fois il se trouvait responsable de sa propre faiblesse, incapable de saisir les indices qui auraient pu le prévenir de la stupidité de l'action. Le mal fait, il ne pouvait que rendre la pareille et afficher un sourire narquois en réponse aux propos de la Rose. Celle-ci à défaut d'épine se montrer tout à consciente de la position dans laquelle il l'a plaçait. Une qualité qu'il ne savait que trop apprécié. Un nageur insouciant avait tôt fait de se noyer dans les eaux dangereuses de la cour.

~ Ceux qu'il vous manquait et bien plus encore. En cette instant vous vous trouvez à l'une des places les plus dangereuses du royaume. Faute de guerre c'est ici que se jouent les confrontations. Nous espérons que vous aviez conscience d'entrer dans une arène de combattant sans merci lorsque vous avez accepter cette marche.

Non pas qu'il lui en ait laissé le choix. Une proposition royale ne manquait que d'apparence pour apparaître comme l'ordre qu'elle était. Il l'avait lui-même placé dans cette position, par pure caprice de sa part ou par faiblesse peut-être. Lui-même ne saurait les deux en ce moment. Les parterres se succédaient les uns aux autres sans que le monarque n'y accorde un regard. Les yeux mi-clos, il s'en tenir à convoyer tout en ayant l'air éveillé, savourant bien plus l'air qui lui baignait le visage que les mers de couleurs qui s'étalaient autour d'eux.

Des buissons taillés de diverses formes ne tardèrent pas à remplacer les parterres d'une géométrie parfaite, le monarque aiguillant légèrement la course de leur avancée pour se rapprocher sans avoir l'air de l'entrée d'un des accès de service. Il les connaissaient bien pour les avoir souvent emprunté étant enfant et encore aujourd'hui lui rendaient-ils service à lui ainsi qu'à son escorte pour se déplacer dans les entrailles du palais sans suivre d'itinéraires réguliers. Conscient de la menace pesant sur sa personne, il acceptait bien souvent de bon coeur les sécurités drastiques qui lui soumettaient les chevaliers du Cercle, conscient que leur rôle n'avait rien de reposant. Mais aujourd'hui il s'autoriser à savourer. Sa compagne pourrait très bien dissimuler une arme sur elle, un poison, ou être une magicienne. Elle pourrait en finir de lui avant même que son escorte ne soient sur eux, mais tout à sa lassitude, il en éprouverait presque du soulagement.

~ Seriez vous originaire de la canopée ?

La remarque pourrait sembler stupide, le monarque avait bien conscience que les Sindarins s'étendaient bien en dehors du royaume forestier, mais leur présence était numériquement faible à la cour. Une dame avec ses manières devait avoir connu un milieu éduqué et il ne se souvenait pas l'avoir déjà aperçu à un bal, aussi ne lui laissait-elle que peu d'options pour deviner de sa provenance. Qui sait ? Si l'histoire qu'elle lui conterait n'était pas forcément vraie, peut-être aurait-elle le loisir de le divertir.
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeSam 12 Déc - 11:22

L’air libre du jardin fit le plus grand bien à la rouquine. Elle ne se faisait pas d’illusion sur le nombre de paires d’yeux posées sur l’étrange couple qui passait les grandes baies du palais. Et encore ne savaient-elles pas que la rouquine inconnue était courtisane de son état. Du point de vue la le princioale concernée, c’était bien pour cela  qu’elle avait été choisie par l’officier qui avait du mûrement réfléchir à quelle belle il allait mettre sur le chemin de sa majesté.

*Le plus difficile sera de décider de lui avouer ou pas notre profession
_ La chose sera vite entendue d’une manière ou d’une autre.
_ Si nous le lui cachons et qu’il l’apprend par ailleurs, car nul doute qu’il diligentera une enquête sur nous.
_ En tout cas c’est ce que nous ferions. N’est-ce pas ma beauté ?
_ Oui et dans ce cas nous pourrions bien être soupçonnée de tous les complots de la terre, voir même dénoncées par notre charmant général…
_ Si nous le lui avouons..
_ Si nous le lui avouons très chère Elië, notre promenade sera vite écourtée, mais nous pourrons espérer sauver nos abatis…
_ Présenté comme cela, les choses ne nous laissent que peu le choix…
_ Et comment comptons-nous le lui révéler ?
_ Nous verrons bien. Le principal est d’être d’accord là-dessus…*


A l’air libre donc, les choses lui paraissaient moins pesantes,  et un sentiment de liberté illusoire lui permettrait alors de voir les choses sous un jour positif ce qui n’était pas  gagné si l’on examinait sa nouvelle position… Depuis le début, elle avançait sur des œufs et n’étant pas là pour satisfaire une quelconque ambition, mais plutôt à son insu servir celles d’un autre, elle avait bien vite compris que la prudence était de mise que sur l’échiquier elle était encore le défenseur en attendant de changer de posture si l’occasion se présentait. Se débarrasser de l’officier « indélicat » avait déjà été une première satisfaction, mais satisfaction qui pouvait s’avérer bien vite de courte durée car elle se doutait bien que même le fait de se faire momentanément éconduire faisait partie des plans de l’intrigant.

*D’où l’urgence de prendre les devants et de révéler qui nous sommes et ce que nous faisons ici avant que le silence ne se retourne contre nous !
_ Regarde-le ! Tu ne voudrais pas gâcher le plaisir du roi ?!*


Elle n’avait certes pas ne pas noter la satisfaction du monarque à se retrouver dans ses jardins et elle se plaisait à la croire en sa compagnie.

*Nous verrons bien plus tard. Il n’y a pas encore urgence…*

Elle aurait en outre été profondément malhonnête de nier que la compagnie de l’homme autant que du monarque n’était pas désagréable et que ses compliments étaient des plus flatteurs, même si elle en avait entendu d’autres. Il ne faut pas croire que la courtoisie ne se rencontre qu’à la cour. Dans les salons bourgeois, ou les hôtels particuliers des nobliaux, on s’entiche de ne rien avoir à envier à la haute aristocratie sur les mœurs. Ainsi bien des hommes de tout peuple et de toutes race s’étaient déjà montré prévenants à son égard, ce qui n’était pas rappelons le, pour lui déplaire. Les souvenirs de la Sindarine jouaient là sans doute un rôle primordial. C’était bien là qu’elle avait puisé le complément de ses goûts et de sa personnalité quitte parfois à s’oublier et à avoir depuis longtemps en partie oublié sa véritable nature. Elle laissa donc bien volontiers le rouge lui monter aux joues et adressa un petit sourire reconnaissant au roi qui lui faisait l’honneur de lui dispenser des paroles certes un peu convenues mais toujours charmantes.

La fin du propos cependant ne manqua pas d’alerter la belle et le masque crispé du souverain ne laissait que peu de place au doute. Ce dernier souffrait. Peut-être de fatigue passagère, peut être que quelque chose de plus sérieux… A mots couverts, il lui demandait son soutien pour poursuivre leur promenade avant de se reprendre presque instantanément. La chose avait été fugace et si elle ne se sentait cernée par le danger, elle eût sans doute douté de cette sensation de faiblesse qui avait émané du roi.
Elle avait déjà entrouvert les lèvres pour s’enquérir du mal qui rongeait le royal promeneur, mais le voyant se ressaisir, elle se reprit pour un trait d’humour maladroit.

« Sa majesté se moque. Elle est aussi ferme et vigoureuse que possible. Mais c’est le devoir de tous ses sujets de le soutenir en toute circonstance… »


Elle marque une pause avant de poursuivre en une demi-révérence:

« …et ce sera pour moi, un honneur. »

Elle avait pensé substituer un « votre servante » à moi, mais sa liberté l’avait écarté d’un revers de main. Décidément elle n’était pas encore prête à passer son examen de parfaite courtisane de palais. D’autant que le souverain semblait soudain vouloir aller fort vite en besogne. Tout préliminaires semblaient écartés et elle s’en offusqua un peu intérieurement même si sa présence en ces lieux, cela ne faisait pas de mystère pour la courtisane, n’avait pour seul mobile que celui de satisfaire les appétits charnels d’un mâle

*Ses appartements !
_ Fichtre ! Nous disions charmant ?
_ On peut se tromper non ?
_ Trouverons-nous une échappatoire ?
_ Pourquoi donc ?*


D’une manière ou d’une autre ce genre de prolongement ne pouvait que lui convenir. D’une part, elle se trouverait alors en plus grande sécurité et intimité : de quoi pouvoir aborder les sujets qui fâchent. Et de plus,  ce genre d’ébats s’ils devaient avoir lieu étaient tout de même sa spécialité. Les puissants de ce monde ne sont plus que des hommes lorsqu’ils couchent leur corps dépourvus d’oripeaux contre la peau d’une femme. Le souverains serait alors peut être enclin à croire ce qui pouvait paraître, elle devait bien l’admettre comme une conspiration dont elle pouvait être tenue pour coupable…

Elle ne relava donc pas la malhonnête proposition qui semblait à peine se cacher dans les propos du monarque et se contenta de calquer son pas sur le sien, non sans essayer de se faire une idée des tours et détours que leur déambulation allait tracer dans le jardin royal.

Si elle s’attendait à être rassurée par les réponses de Thimothée Mannus, elle en avait été pour ses frais, mais heureusement pour elle, son analyse préalable de la situation dans laquelle elle se trouvait lui avait déjà fait prendre conscience des dangers qu’elle encourait. Aussi, prit-elle avec détachement et humour la réponse du souverain. Elle lui adressa un sourire amusé et complice.


«Heureusement que j’ai une âme de collectionneuse ! J’avoue que celle-ci n’est pas ma préférée mais je ne suis pas aussi sans défense qu’il y parait… »


Elle plongea un regard décidé dans les prunelles teintées de sollicitude du roi avant d’élargir un sourire espiègle.

« Votre bon plaisir vaut bien quelques prises de risque… »


Manière de signifier sa loyauté envers le souverain tout en lui retournant sa supposée inconscience. N’avait-il pas lui-même, délibérément mis cette inconnue en danger ?
Elle baissa enfin les yeux comme pour reprendre une attitude plus soumise, mis sans toutefois perdre son ton amusé et ironique.

« Et puis, si cela peut nous éviter une guerre … »

Apparemment cette dernière réponse avait laissé le monarque songeur car leur marche se déroula longtemps en un silence qu’elle se garda bien de rompre, laissant son cavalier à ses pensées. De son côté, elle se laissa aller à admirer parterres et bosquets, allées taillées et haies façonnées.

*Ce jardin serait digne de nos goûts en matière de paysage.
_ Même si des futaies plus sauvage mériteraient d’avoir le place çà et là pour donner une pointe de naturel..
_ C’est la Sindarine qui parle là…
_ Qui d’autre ?*


Bientôt, leur déambulation les fit contourner une aile du palais pour les conduire en des recoins moins luxueux et la belle jeta un regard interrogateur à son cavalier. La promenade ne semblait pas devoir s’éterniser et l’étape des appartements royaux mentionnée quelques temps auparavant paraissait devoir s’approcher… Aussi la question qui s’échappa soudain da da la bouche de Thimothée Mannus la surprit. Elle ne s’attendait en effet plus à ce qu’il s’intéressât à sa personne autrement qu’en tant que partenaire de ses désirs.

Elle tourna vers lui un regard un peu étonné avant de répondre de façon assez laconique.

« En effet, ma famille est du royaume sylvestre »

Inutile de s’appesantir sur le départ de la Sindarine  de la cité pour fuir l’opprobre de ses parents et suivre un amour irréel. La Syliméa avait tant fait siens les souvenirs de son ancienne hôte, que son sourire ne put éviter un voile de tristesse alors qu’elle détourner son regard et le fixer vers l’horizon de leurs pas… Ses narines délicates frémirent du souffle qu’elle s’appliqua à diriger vers une humeur plus sereine et souriante avant de retourner cet entretien qui promettait d’être sombre s’il se prolongeait, vers le souverain.

« Vous-même avez-vous eu l’occasion de vous y rendre ? La vie d’un roi doit aussi être faite de voyages diplomatique en tout genre…  La reine Viwien de Caledor passe pour être d’une grande sagesse…»

La politique étrangère était le dernier de ses soucis, mais son passé…
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeDim 13 Déc - 23:06

Ce ne fut pas tant la réponse, mais le peu d'épanchement de sa cavalière qui lui tira un bref haussement de sourcils. Plus de politesse, plus de titre, point de flatterie. Une vérité crue et nue pour la première depuis laquelle il posait les yeux sur sa délicieuse compagne. Son regard se fit plus perçant l'espace d'un instant, signe d'une réflexion malavisée avant que la seconde partie de la réponse ne survienne et que l'ego du monarque ne reprenne le dessus, reléguant les questions d'origines pour plus tard.

Empruntant un petit chemin de pierres, il obliqua finalement en direction du passage de la domesticité tout en sentant le poids du manteau royal s'alourdir sur ses épaules. Point de sueur malgré la température, simplement un frisson qui lui parcourait l'échine, symbole d'une force depuis longtemps disparue et le bref réconfort qu'il ressentait à avoir un soutient à ses côtés. Tâchant de n'en guère laisser paraître la teneur, il reprit le rythme de la conversation après un bref silence alors que le jardin laissait place à l'ombre rafraîchissante de l'intérieur du palais.

~ Cette chance nous fut jusqu'à présent refusée par les dieux, bien que de nombreux ouvrages nous aient vantés la beauté des cimes d'émeraudes de votre royaume natal. Nous imaginons que le palais d'Hespéria doit paraître bien brutal en comparaison à la finesse architecturale de la Canopée, ainsi que l'absence de sagesse de son monarque si j'en crois vos dires.

Esquissant un sourire narquois, il entama son ascension de l'escalier de service. Celui-ci, dépourvu de tout ornement ou fioritures, ne présentaient que des marches régulières taillées à même la roche qui avait servi à la fondation de la tour et une glissière sur laquelle le monarque laissait négligemment errer sa main, tâchant de dissimuler le fait qu'il pourrait éventuellement en avoir besoin.

La montée ne se faisait pourtant pas ardue, usées par le passage de milliers de chausses, les marches se trouvaient aplanies et presque douces sous les semelles royales, leur hauteur calculé pour ne pas devenir pénible pour quiconque serait porteur de charge lourdes et encombrantes l'empêchant d'avoir une vue directe sur ses pieds.

Trois étages passèrent ainsi, leur progression seulement brisée par quelques serviteurs s'écartant de justesse avant de s'incliner devant la Rose et son royal compagnon, soutenus par le vacarme provoqué par l'ascension des chevaliers du Cercle dans leur dos, ceux-ci ayant pressé le pas afin de ne pas perdre la Couronne de vue malgré la forme circulaire de l'escalier.

La question des origines de sa charmante compagne disparue de ses pensées à l'image des tracas de la réunion de l'après midi le monarque s'autorisait de temps à autre un regard vers sa cavalière, attentif à percevoir une possible difficulté d'ascension. Pour avoir déjà pu apercevoir la coloration incarnat de ces adorables joues plus tôt, il ne prit pas conscience si son souvenir se substituait à sa vision ou si ces rougeurs se trouvaient bel et bien sous ses yeux alors qu'il lui accordait un sourire réconfortant.

~ Nous voilà arrivés ma dame. Lâcha t-il dans un soupir tout en s'orientant vers une ouverture dans le mur à leur droite.

Celle-ci, visiblement dissimulée derrière une tenture, révéla rapidement un couloir richement ornementé. Sans accorder un regard aux richesses alentours, le monarque continua d'avancer tout en tournant de nouveau, la menant d'un pas visiblement plus léger à travers le labyrinthe des portes de l'étage avant de finalement s'arrêter devant une ouverture obstruée d'un obstacle de bois sombre.

Dans leur dos les chevaliers prenaient place le long du couloir dans une position d'attente qui pouvait se révéler des plus longues alors que le monarque tirait une fine clé d'argent d'un pli de son lourd manteau, déverrouillant la porte tout en lâchant le bras de sa cavalière.

Entrant d'un pas conquérant, dans lequel on pourrait presque voir une certaine forme d'énergie, le monarque avança dans la pièce qui marquait le début de ses appartements. Un simple boudoir dont les murs, tendus de draperies aux couleurs d'Eridania, n'avaient pour seuls compagnons que deux bancs destinés à l'attente des rares visiteurs ayant la chance de pouvoir accéder aux appartements royaux.

La salle suivante se trouvait être plus personnelle. Une vaste salle dont un mur s'ouvrait sur une balustrade surplombant la ville. Un petit salon dont le centre se trouvait occupé d'une table ronde, d'un bouleau aussi pur que la neige, et de plusieurs fauteuils d'un bois similaire.

Sans attendre, le monarque prit place sur l'un d'eux et ne manqua d'afficher une forme supérieure de contentement avant d'inviter sa compagne à faire de même d'un geste de la main.

~ Vous voici dans le saint des saints Eridanien. Nous espérons que cela saura vous donner une image plus appréciable de notre royaume. Peut-être une reine sage ne dispose t-elle pas de pareils appartements ?
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeVen 18 Déc - 17:55

Non il n’y avait plus de doute, la promenade s’achevait bel et bien en tous les cas en ce qui concernait le jardin. Devait-elle croire l’alibi de la faiblesse soudaine du monarque ou le ravaler au commun des mortels qui prennent le premier prétexte pour montrer leurs estampes japonaises à leur éventuelle conquête ? Elle devait bien l’avouer, elle n’en avait cure. Elle était bien assez grande pour se défendre, enfin le croyait-elle, et ce genre de dénouement n’était pas déroutant pour la courtisane. Cela laissait en outre peut être un peu plus d’opportunité pour jouer carte sur table avec le souverain qui de son côté se doutait sans doute de quelque chose. Un homme dans sa position ne devait pas croire beaucoup  au hasard…

En tout cas, Thimothée Mannus les guidait avec autorité dans les dernières allées qui les séparaient encore des murs du palais dans lesquels ils allaient protéger la suite de leur rencontre, quelle qu’elle puisse être. Elle fut néanmoins étonnée par son intérêt prolongé pour la cité Sindarine. S’il ne s’y était rendu l’endroit semblait occuper une place à part dans l’esprit du monarque d’Espéria. Admiration ? Jalousie ? Difficile à dire.

« A chaque civilisation son style qui ne demandent pas forcément à être comparés. Votre havre ne saurait recevoir le qualificatif de brutal tant il apparait que ses architectes ont œuvré pour la gloire des souverains de ce pays. Quant-à la sagesse de sa majesté, souffrez que je ne puisse me prononcer, ne la connaissant que fort peu et ne m’intéressant que de fort loin à la politique. »

*Habile pirouette ma belle !
_ Je trouve aussi.
_ Encore quelques heures ici et les serpents de cour n’auront qu’à bien se tenir.
_ N’allons pas trop vite en besogne cher amour. Essayons de survivre assez pour sortir de ce palais et ce sera déjà un exploit !*


Mais déjà ils avaient pénétré le palais par une entrée peu glorieuse pour le roi qui ne semblait pourtant pas le formaliser. De même les quelques personnels du château croisés ici ne paraissaient pas étonnés de trouver leur souverain ici. C’était donc quelque chose de courant ici ? Le roi avait des habitudes bien étranges et peut être même un peu risquées Quelqu’un de bien informer pouvait attendre le roi sur ces détours et… mais un raclement de botte derrière elle la ramena à la réalité. La garde rapprochée du souverain était bel et bien derrière leur souverain et si elle en croyait la rumeur elle n’était pas du genre ni à faire de quartier ni à se laisser surprendre par un vulgaire assassin glissé parmi le personnel de la maison… Ce qui l’impressionna était leur discrétion. Sans qu’on puisse vraiment oublie leur présence, ces hommes s’étaient tenu assez en retrait pour que la promenade paraisse une ballade intime. Elle ne put s’empêcher de se retourner pour observer brièvement la discipline et les arbalètes armées au bras d’un guerrier sur deux, les autres tenant la main au pommeau de leur arme. Au milieu un autre semblait un mage dont Elië ne devina pas la spécialité.

Elle se contenta alors de suivre le souverain dont la mine faisait à présent penser à un galopin sur le point de jouer un mauvais tour. Sans doute le désir de se retrouver en dehors des pressions de l’étiquette pouvait justifier cet amusement apparent bien que légèrement imprudent. En effet dans l’escalier en hélice, l’escorte royale n’avait plus vue sur son protégé et ce dernier pouvait se retrouver assez vite en mauvaise posture. Toutes ces remarques affluaient à l’esprit de la courtisane. Et si c’était pour reconnaître ce genre de situations qu’elle s’était vue invitée à la cour ?

*Cesse de faire la paranoïaque ! N’importe qui doit être au courant ici de ces petites escapades. Il suffit d’interroger les domestiques… *

Et de fait elle ne fut pas longue à laisser cette pensée de côté pour goûter le jeu de cache-cache auquel Thimothée Mannus l’avait conviée. Derrière eux, il n’y eut bientôt plus, durant un moment, trace de l’escorte et seul le frôlement de sa mante sur les marches accompagnait leurs pas joueurs sur les marches polies par des générations de pas serviles ou sournois. Mais les guerriers du cercles les rattrapèrent bientôt. Ils devaient être furieux contre leur roi, mais n’en manifestaient rien.

Les trois étages furent vite avalés et la Syliméa habituée à courir les rues et les toits, n’en conçut nul essoufflement. Il aurait fallu pour cela qu’ils les montent au pas de course comme si leurs vies étaient en danger. Elle entra dans le corridor à la suite de son guide répondant au passage au regard assez fier de son petit manège du roi par un haussement de sourcils interrogateur. La suite fut une succession de couloirs et de porte, de coudes et de bifurcations. Il ne lui serait pas facile de se repérer ici si elle devait s’y retrouver seule sans en avoir observé les coins et recoins ; C’est pour cela qu’elle perdit sa mine insouciante, tentant de repérer, tentures et ornements, portes et tableaux sur leur itinéraire. On n’est jamais trop prudent…

Lorsque le roi, visiblement excité par ce petit jeu, comme si faire courir ses gardes du corps l’amusait au plus haut point, se décida à s’arrêter, ce fut devant un panneau dont lui seul semblait posséder la clé.

*Manquerait plus qu’on se retrouve enfermées !*


Elle regarda les guerriers du « Cercle » prendre place en silence tandis que son guide faisait jouer la clé d’argent dans une serrure somme toute assez bien dissimulée. Si celui-ci pénétra derrière le panneau en terrain conquis, la belle eut tout de même un instant d’hésitation, une fraction de seconde de retenue.

*C’est ici le point de non-retour.
_ Ne fais pas ta mijaurée ! Ce n’est pas si terrible de pénétrer dans es appartement d’un homme !
_ Nous sommes chez le roi et pas tout à fait en sécurité…
_ Mais pas en danger non plus !
_ Non pas encore …*


Elle laissa cependant ses craintes de côté et se résolut à pénétrer dans l’antichambre dans laquelle l’attendait le monarque. Elle fut guidée alors dans le salon sur lesquels elle laissa avec volupté glisser ses yeux admiratifs pour le mobilier clair et pur. Elle laissa le roi s’asseoir et faire avec fierté l’éloge de ses appartements. Il avait sans doute raison d’éprouver cette satisfaction car le style était moins empoilé que d’autre endroits qu’elle avait pu fréquenter, mais elle eût souhaité plus de modestie de la part de cet homme qui avait su au début de leur rencontre se montrer habile en relation et plein d’attention pour une fille inconnues qui se présentait sans motif valable à lui. Mais il n’était pas temps de faire le procès du roi car les choses auraient très bien pu se retourner contre la rouquine. Elle se demandait juste pourquoi il convoquait une deuxième fois la souveraine de Canopée dans leur conversation. Eprouvait-il à son égard la jalousie que cela paraissait exprimer ? Pourtant, il l’avait dit lui-même, il ne l’avait jamais rencontrée ou tout au moins ne s’était-il jamais rendu dans le cité sylvestre.

« Votre majesté a toute les raisons d’être fière de ses appartements même si je doute qu’ils soient à l’origine de sa sagesse… »


Elle s’assit alors au bord du fauteuil qui lui était désigné, dans l’attitude réservée de la personne qui ne se trouve pas à sa place, bien loin du fond du siège, les dos bien droit et les mains sur les lacets de son aumônière, elle-même posée à présent sur ses genoux.

*Je crois que c’est le moment ma belle.
_ C’est vrai qu’en suite ce sera trop tard*


La courtisane pinça les lèvres et prit une respiration affirmé comme la résolution qu’elle venait de prendre.

« Majesté, avant toute chose. Il faut que vous sachiez que je ne suis sans doute pas la personne que vous pensez. Je ne suis pas une grande dame, je n’ai aucun titre de noblesse qui me donne légitimité à me trouver dans vos appartements. Je suis même tout le contraire : juste une courtisane qui fait commerce de ses faveurs et qui ne s’attendait pas à vous rencontrer lorsqu’elle s’est présentée dans votre palais. »


*Et bien tout est dit !*

Elle s’arrêta tout net après son aveu qu’elle avait débité d’un seul trait, fixant des yeux presque inquisiteurs sur le regard du monarque afin de tenter de deviner l’effet que cette déclaration pouvait avoir provoqué chez lui.
Elle pouvait s’attendre à bien des choses mais plus certainement à l’arrivée de garde qui la jetteraient dehors voire au fond d’un cachot, perspective qui ne l’enchantait guère. Avec un peu de chance il profiterait de la situation avec ou sans humour. Et avec une dose non négligeable de coups de pouce de la providence il essaierait d’en savoir plus sur sa venue à la cour… Elle avait passé les dernières minutes depuis le départ du général à peser le pour et le contre et c’était la seule échappatoire qu’elle voyait aux manigances de l’officier dont elle ne pourrait s’extirper que les pieds devants si elle n’arrivait pas à convaincre Thimothée Mannus de sa bonne foi.
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeDim 27 Déc - 20:56

A présent assis, le monarque semblait voir ses forces revenir peu à peu. Son teint perdait avec lenteur la couleur de la neige fraîche pour retrouver une teinte plus humaine. Le dos enfoncé dans son fauteuil, loin de la raideur qu'il entretenait sur le trône, il laissait entièrement son corps épousé la forme de son support rembourré tout en joignant les mains devant lui. Coudes sur les accoudoirs, doigts en appui les uns sur les autres, il observait par-dessus eux la sindarine qui lui faisait face.

Celle-ci, loin de manifester une attitude similaire à celle du monarque, semblait plutôt adopter celui d'un lapin qui n'aperçoit guère d'échappatoire. Immobile, le dos bien droit, à peine assise sur le fauteuil qui faisait face à celui du souverain, elle observait les environs par à-coup avant de toujours en revenir à Thimothée. Pour autant, les regards qu'elle lui jetait n'étaient en rien emplis de la peur que son comportement aurait pu laisser supposer. Plantant ses billes d'émeraudes dans celles du monarque sans la moindre retenue, ce dernier hésitait à conclure quelle cherchait quelque chose, une trace de duplicité peut-être ? Ou bien de vilaines intentions ? Une autre hypothèse aurait pu être quelle chercha par se moyen à l'hypnotiser ou lui jeter quelque charme, mais les mots qui quittèrent sa bouche dans les instants qui suivirent endormirent la vigilance du monarque quant à cet aspect de la chose.

De l'honnêteté ? Ici ? Dans ses appartements ? Son coeur brûlait de croire qu'il avait enfin découvert la perle rare qui ne serait pas empreinte de duperie, mais l'exercice du pouvoir l'avait mieux formé. L'honnêteté pouvait en effet se révéler une arme bien plus surprise ou pernicieuse que le mieux conçu des mensonges, elle endort la méfiance, la conscience d'intentions chez l'autre, elle fait à croire qu'il n'est que ce qu'il semble être.

Accueillant la déclaration avec un sourire désabusé, le monarque prit le temps de l'écouter jusqu'au bout, ne l'interrompant ni ne faisant mine de le faire à aucun moment. La brève tirade achevée, ses mains se décolèrent l'une alors qu'il tendait la droite en direction de son interlocutrice, non pas en signe d'invitations, mais simplement pour la désigner, comme pour lui donner d'avantage de matière dans ce monde vaporeux qu'il percevait à travers ses iris affaiblies.

~ Vos mots modifient bien des choses et notamment sur votre présence ici. Rassurez-vous, il ne sera pas question ici de vous emmenée par des membres du Dernier Cercle pour vous propulser, tête vaillante, en direction d'une quelconque marre de boue. Bien que visiblement apeurée, vous êtes la bienvenue en nos appartements pour aujourd'hui. A titre de faveur pour le service qui nous fut rendu. Aussi détendez-vous, vous n'êtes sur le départ que si cela se trouve être votre intention.

Son ton se faisait plus posé à mesure que les mots s'écoulaient de sa bouche, perdant l'énergie qui l'avait animé durant leur ascension pour retrouver un semblant de calme bien plus solennel, seulement démenti par l'étrange sourire toujours présent sur les lèvres royales, comme sujette à un humour que leur détenteur était seul à saisir.

~ Une chose qui se révèle néanmoins immuable est notre curiosité à vôtre égard. Noble dame ou dame de charme, un titre n'en chasse un autre que par le sang dans vos veines, dans un cas comme dans l'autre j'ai plaisir à penser que notre rencontre en ces jardins n'auraient pas été différente. Le mystère ne se trouve donc pas tant dans la rencontre en elle-même, oh combien heureuse en cette morne journée, mais dans les circonstances qui vous virent vous trouver en ces lieux. Je me fais fort de penser pouvoir reconnaître chaque visage à ma cour et si le vôtre ne m'est plus inconnu, l'histoire qui se cache derrière le reste encore.

Cessant de parler comme faute de souffle, il se leva néanmoins pour s'en aller quérir un carafon d'argent et deux coupes finement ciselées pour venir les installer sur la table qui séparait toujours les deux interlocuteurs. Soulevant le récipient, il retient sa manche d'une main tout en versant avec une adresse dictée par la répétition le liquide vermillon contenu dans le broc d'argent.

Il se rassit finalement, sans un mot, une main armée d'une coupe à moitié remplie, observant la sindarine face à lui et la coupe servie posée devant elle. Le dos profondément enfoncé dans les coussins de son fauteuil, il ne semblait plus vouloir prendre la parole, dans une attitude d'attente quant aux prochains mots qui sortiraient de cette gorge qui semblait par moment attirer son regard.


Dernière édition par Thimothée Mannus le Dim 10 Jan - 21:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMar 29 Déc - 13:02

Assis dans son fauteuil, Thimothee Mannus était soudain redevenu le monarque aux aguets prêt a répondre aux exigences de la cour et de son rôle pour son pays. La promenade dans les jardins et leur escapade par les entrées de service semblaient n’avoir été qu’une courte recréation et ceci même si son attitude corporelle semblait plus détendue. Il ne pouvait plus cacher le circonspection et le perspicacité dont il était capable et tous ceux qui auraient pu penser Qu’il n'était qu’un pantin manipule par ses conseillers devraient le voir en cet instant.
De son cote, la rouquine s’attendait elle a une réaction rapide voire violente de la part du roi? Elle aurait sans doute été au minimum jetée a la rue mais plus certainement passée  a la question pour essayer de démêler quelle pouvait bien être son implication dans ce qui ressemblait au minimum a une intrigue de cour mais aussi possiblement a un complot contre le roi. Elle n'était donc pas prête a ce que l souverain d’Eridania se montre des plus clément et pour sa part, elle n’envisageait pas de se retrouver dans une salle de torture a endurer les souffrances physiques et psychiques des bourreaux au service de sa majesté. Aussi son attitude un peu raide résultait aussi de son anticipation a bondir afin de tenter de se sortir de ce guet-apens dans lequel elle s'était fourrée par trop de naïveté alors qu’elle se targuait d’un certain cynisme…

*Ce serait sans doute pour éviter d'être prise vivante ma toute belle!
_ J’aime ta confiance!
_ Hum… Laisse moi réfléchir… Un commando d'élite dans le couloir, au minimum trois étages sous les fenêtres… En effet, nous avons toutes nos chances à mains nues et dans cette tenue…
_ Rabat-joie! On assomme sa majesté, on barricade la porte et on passe par la fenêtre, par le bas ou par le haut suivant ce que le hasard nous procure…
_ Et bien. L’espoir fait vivre!*


En l'occurrence, c'était bien le cas, car malgré son autosuggestion, elle savait que les choses étaient tout de même bien mal engagées bien qu’elle ait tout fait pour minimiser les conséquence de sa présence au palais…

*On aurait pu nous confier la mission d’assassiner le roi! Ça aurait été moins dangereux et plus glorieux que de finir ici parce qu’on s’est fait berner par un général ambitieux!
_ Au bout du compte, le résultat eut été le même…*


Elle avait donc beau essayer de voir le bon côté des choses, une fois son aveu formulé, le moral n'était donc pas au plus haut. Elle n’était pas sûre que le fait d’avoir pris les devants afin de ne pas être associée à une quelconque entreprise contre la couronne joue en  sa faveur et les secondes qui passaient ne pouvaient que la mettre sur des charbons ardents.

*Si nous étions à sa place que ferions-nous?
_ Sans doute éclaterions  nous de rire soit devant notre naïveté, soit devant une victoire trop facile. Puis nous nous jetterions au cachot en attendant de nous faire passer à. ..
_ A la question?! Encore!? C’est une idée fixe! Nous qui avons tout fait pour nous montrer honnête!
_ Mais ma toute belle, tu as fait ce qu’il fallait, mais rien n’est gagné. Ce n’est pas parce que tu as mis toutes les chances de ton côté que le roi peut se contenter de ça, rien que pour tes beaux yeux. ..*


Le premier sourire du monarque ne disait en outre long sur sa capacité à avaler des couleuvres ou à prendre des vessies pour des lanternes. D’un côté, il était assez rassurant de constater que le pays n’était pas gouverné par l’incapable qu’on se plaisait parfois à  dépeindre dans les salons bourgeois, même si cela n’arrangeait pas les affaires de la courtisane. Le calme qui suivit ne fut tout  d’abord que matière à l’inquiéter d’avantage et ce fut avec soulagement qu’elle reçut les premières paroles royales. Le souverain faisait preuve de plus de clémence qu’elle ne l’aurait fait et apparemment, le premier danger était écarté…
Elle  se détendit donc en effet, comme le lui suggérait le souverain mais aussi grâce à un certain soulagement qui lui permit de prendre une respiration plus profonde:

“Je remercie votre majesté de son indulgence à mon égard. ..”

Elle devait bien l’admettre elle n’arrivait pas à trouver son ton bien assuré et fut toute heureuse que le monarque reprenne la parole, lui laissant les secondes nécessaires à reprendre contenance digne de ce qu’elle était capable de proposer.
Le nouveau sourire amusé qui se dessinait sur les royales lèvres l’encourageait dans ce sens et l’autorisa à reprendre une nouvelle assurance, rejoignant son hôte sur le ton de l’humour, un petit sourire au lèvres :

“Cette promenade fut un ravissement tant par les jardins magnifiques que grâce au guide qui la dessina. J’aurais mauvaise grâce à me plaindre de sa délicieuse compagnie et…
… de sa compréhension. »


Son regard se fit plus complice :

« Amateur de jardins, vous savez qu’il en est de secrets qu’il est plus agréable de rêver.”

Ses yeux se mirent cette fois à pétiller de connivence  et sa bouche étincela des perles immaculées qui rendaient le rouge de ses lèvres plus tendre et plus vif.

“Mais je suis votre humble servante et ferai tout pour satisfaire votre curiosité.”

Elle n’avait de toute façon rien à cacher quant-à sa venue au palais et attendait les questions du roi avec sérénité. Elle le regarda se lever et s’installa plus confortablement alors qu’il lui tournait le dos pour saisir le flacon et les coupes, pour une fois devenu serviteur, prix d’une certaine liberté qu’il semblait chercher  dans l'isolement de ces appartements.
De son côté la belle ne boudait pas son plaisir de se voir servie par les royales mains qu’elle regardait servir avec habileté le liquide vermeil dans les coupes argentées.

C’est alors qu’un malaise s’empara d’elle. Sa paranoïa se réveilla comme une sentinelle  prise en défaut pour s’être endormie durant son service.
Si elle ne s’était pas trompée, elle devait jouer le rôle du bouc émissaire dans un complot contre la couronne. Or elle se trouvait seule avec le roi et…
Elle fixait des yeux la coupe dans la main de Thimotee Mannus. Pourquoi devenait-elle soudain si dangereuse? Quelque chose retentissait dans a tête comme un avertissement. Et pourtant elle garda le sourire lorsqu’elle prit la parole.

“Sans vouloir vous commander et au risque de paraître ridicule, je préférerais que vous laissiez cette coupe”

Elle marqua une infime pose, se demandant si elle n’était pas allée trop loin dans l’audace, avant de poursuivre cependant,  sans attendre de savoir si le roi allait obtempérer ou non, toujours installée dans le fauteuil face à lui. Il serait trop bête qu’il portat maintenant une coupe empoisonnée à ses lèvres au moment où elle tentait de la mettre en garde!

*Nous n’aurions plus qu’à nous jeter sur lui…
_ Cela lui déplairait-il ?*


“Depuis mon arrivée  ici et surtout depuis que votre général m’a abandonnée à votre curiosité, je me demande pourquoi une fille comme moi se retrouve auprès de vous aujourd’hui, ici… Sauf peut être pour vous … Enfin, vous m’avez compris… La dernière question est de savoir qui récolterait les lauriers et plus si affinité si on me trouvait près de votre… dépouille. La vilaine fille serait passée par les armes, cela éviterait une perte inutile de temps et ne resterait que…”

Elle se redressa un peu dans le sofa avant de poursuivre presque honteusement désinvolte. Il n’était pas sûr que le général soit le seuil mouillé dans une manigance de cette ampleur, mais pour la rouquine aux abois cela n’avait aucune importance dans l’immédiat. Le principal était de sauver sa petite personne…

“Je ne sais pas si le rôle qui vous est attribué vous convient mais le mien ne me satisfait pas du tout. Alors si nous pouvions éviter tout ce qui peut vous provoquer des ennuis de santé…
Pour le reste, je suis à votre entière disposition: promenade, interrogatoire ou autres envies que sa majesté pourrait exprimer…”


Elle incline ingénument la tête sur le côté mi insolent, mi implorant, attendant de connaître l’effet que sa tirade avait fait sur son hôte. Il pouvait simplement dédaigner son avertissement, se contenter de poser la coupe afin de poursuivre leur entrevue en respectant la paranoïa de son invitée, ou bien encore, entrer dans son état d'âme jusqu’à faire analyser le vin et les coupes voire faire fouiller ses appartements… Cela n’avait guère d’importance à partir du moment ou sa santé restait intacte. Ils pourraient ensuite envisager des complots plus subtils jusqu'à l’utilisation de la courtisane comme espionne.

*C’est ca oui, quelle bonne idée ! Maintenant que nous avons fait le plus dur !
_ Justement cela peut être drôle…
_ Oui mais rien n’est encore joué. .. Et depuis quand courons-nous après les ennuis ?
_ De toute façon, ceux-ci ne semblent pas pouvoir se passer de nous ces derniers temps. Et puis la vie serait si ennuyeuse !...*
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeJeu 14 Jan - 0:41

Le roi suspendit son geste alors que les mots s'écoulaient de la bouche de son interlocutrice comme un torrent en furie, celle-ci prenait à peine le temps de respirer pour tout lui expliquer, le masque de son éducation semblait en effet se craqueler sous la coup de la peur. Une peur légitime peut-être ? Mais quel en était l'objet ? La vie de la royale personne ? Le destin du royaume ? Ou plus vraisemblablement les questions auxquelles elle aurait à répondre si d'aventure on ne retrouvait que son cadavre en sa charmante compagnie ?

Dépassés les jolies formules, les courbettes intellectuelles et les ronds de jambe, la demoiselle s'en faisait pour elle-même comme elle expliquait toute seule dans la suite de sa diatribe. La chose ne manqua pas de faire reparaître le sourire du monarque avant que sa royale main ne fasse le trajet retour pour venir disposer la coupe sur la table immaculée.

~ Qu'elle déception que voici. Nous qui vous pensions animée de grandes peurs concernant le royaume, c'est au final à la sécurité de votre adorable personne que vont vos principaux arguments. Chose que nous comprenons, bien entendu, pour en être témoins de manière quotidienne. Chacun et chacune en ce lieux et partout en notre territoire ne semble penser qu'à son propre bénéfice en premier lieu. A l'exception éventuelle de certains de nos plus loyaux chevaliers, mais la protection de notre personne va dans l'intérêt de leur position, aussi verrions nous une forme de fusion progressive de leur intérêts avec ceux de notre personne.

A mesure qu'elle s'activait, la bouche du monarque perdait peu à peu son sourire amusé, son ton se faisant chaque instant plus grave et ses yeux s'éloignant avec lenteur de l'objet désirable qui aurait normalement capté son regard. Celui-ci se faisait flou, glissant lentement et avec délice le long de la gorge dénudée, suivant la courbe des épaules, pour enfin dépasser la masse sanguine des pétales de cette rose pour se perdre légèrement derrière elle sur sa gauche. Le ton sérieux se voulait à présent presque éteint, la fatigue physique disparue, s'en était une forme morale qui semblait vouloir prendre le dessus à présent.

~ Nous sommes bien seuls en effet, bien seuls à nous préoccuper du royaume.. Bien seuls à comprendre ce dont il a besoin..

Les paroles du monarques moururent sur ses lèvres entrouvertes, son regard perdu dans les vapeurs de son esprit. Il pouvait presque percevoir les ombre onduler à la limite de son champ de vision, celui-ci allant en s'obscurcissant. La fatigue ? Peut-être.. Mais il aurait jurer avoir entendu un hennissement dans le lointain... Ou peut-être une cavalcade ? L'ombre du broc se brouillait, prenant des formes de plus en plus précises... Quand soudain !

Il ne sut pas ce qui l'avait ramené ainsi à l'instant présent. Posant une main fatiguée sur l'accoudoir de son fauteuil, il sentait son anneau, l'un des symboles de son pouvoir et le réceptacle par lequel transiter l'essence divine, s'alourdir contre son doigt, comme au réveil de ses nuits étranges.

Prenant un instant pour faire le point de la situation, il porta de nouveau son regard sur son interlocutrice, semblant la découvrir de nouveau, sa vue ayant le loisir de parvenir à éloigner les ombres de ses pensées. Se raccrochant à cet étrange fait comme un noyé à un quelconque bout de bois flottant, il ne chercha pas à maîtriser son regard, laissant la sindarine y percevoir ce qu'elle souhaiterait. Peut-être bien la vérité ? Avant d'ourler ses lèvres d'un sourire de politicien. La fatigue était présente, mais il devait lutter pour l'éloigner, une lutte au cours de laquelle il aurait besoin de tenir son esprit occupé.

~ Une promenade aura bien suffisamment suffit pour aujourd'hui et bien que le mot se trouve être quelque peu agressif, nous ne serions pas contre ce que vos lèvre délicates semblent nommer interrogatoire. N'y voyez pour autant nulles menaces. Nous ne conservons ni chaînes ni pal en nos appartements, aussi pour toute motivation vous faudra vous contenter de nos questions. Commençons simplement si vous le voulez bien ? Voilà bientôt une heure que notre regard se posa sur vous avec délice pour la première fois, mais toujours nous ignorons par quel nom vous vous trouvez être connue. Eclairez-nous sur ce fait je vous prie alors que nous savourons ce délicieux breuvage.

Tendant de nouveau la main vers sa coupe comme ayant oublié les avertissements de son interlocutrice, son visage ne put dissimuler le caractère narquois de la pique qui lui adressait.

~ Vous êtes néanmoins libre de nous en empêcher.


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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeVen 15 Jan - 21:22



Hespéria - Palais Royal

C'est une poupée qui dit...

« Mignonne, allons voir si la rose »


L’attente de la rouquine ne fut pas très longue et malgré le mépris que semblait montrer le souverain pour la prise de position de son invité elle se sentit soulagée de voir que ce dernier ne se perdait pas en une sainte colère contre elle ni même n’était animé de crainte qui l’aurait amené à prendre des décisions à la sauvette sous l’emprise d’émotions dé raisonnées.

Elle regarda la coupe au breuvage vermillon regagner le plateau de la table finement ciselée. Pour ce qu’elle pouvait en voir de sa place, aucune particule en suspension n’était visible, mais les potions pouvaient être limpides…

Pour ce qui était du mépris, elle en avait eu régulièrement sa ration et en était maintenant immunisée et ne réagissait de son côté que par un léger sourire ironique. Car quoi ? Qu’espérait-il que la demoiselle, introduite tout récemment à la cour pour des motifs étrangers à ses desseins se préoccupe de la sa royale santé ? Non vraiment ! Ses priorités étaient effectivement ailleurs. Rester en vie était bien plus important et s’il voulait qu’elle s’investisse plus dans la bonne forme du roi, il devrait y apporter compensations… La prise de parole de Thimothée Mannus eut alors pour conséquence de finir de libérer la belle de la tension qui aurait pu la paralyser et ses craintes n’allaient que sur l’évaluation de ses chances de sortir des royaux appartements.

Il était hors de question de penser passer devant le corps d’élite. Elle avait le choix de ruser ou de jouer les filles de l’air. Trois étages sous le balcon de la chambre faisait un peu haut, mais suivant l’urgence de la fuite elle pouvait compter sur les voilages et autre rideaux pour lui servir soit de corde soit de ralentisseur de chute. En cas de décès du monarque, prendre son apparence était encore chose possible aussi à mesure qu’il parlait se concentrait-elle sur ses intonations et le timbre de sa voix. Restait ses amies les ombres, mais la magie présentait toujours le risque dans ce genre d’endroit de pouvoir être annihilée par un mage au service du souverain. C’était un peu jouer quitte ou double et elle ne le ferait ici qu’en dernière extrémité alors qu’en d’autres endroits elle aurait bien moins hésité et de toute façon, l’hésitation était bien la dernière chose qu’une personne de son état pouvait se permettre. Au contraire profitait-elle, le plus souvent, de celles de ses adversaires.

Il pouvait donc bien être déçu le monarque, elle n’en avait cure. Cependant…


*En voilà un bien imbu de sa personne et qui semble bien loin des réalités !
_ Pour une fois nous sommes d’accord, ma belle !
_ Combien de ses sujets pense-t-il se détournent de leur survie pour penser aux intérêts du royaume et de son monarque ?
_ Peut-être en est-il plus que ce que nous pensons ?...*


Elle hésita. Pris une courte inspiration. Répondre n’était pas utile et probablement imprudent, mais…

« Nous sommes fort marrie de vous décevoir majesté, mais votre servante n’a jamais prétendu être au-dessus de ceux qui vous côtoient. Si, comme il se doit, je vous suis dévouée, je n’ai que peu de talent pour discerner les intérêts du royaume et ne connait que si peu votre majesté que l’idée de la suivre dans les cavernes de Kron de près ou de plus loin ne peut que me navrer »

Elle essayait de maîtriser un sourire d’amusement en pensant à l’absurdité de sa position, en train de justifier son attitude devant quelqu’un ne pouvait sans douter pas la comprendre. Mais maintenant qu’elle avait réussi à dire ce qu’elle voulait, la suite des évènements lui semblait maintenant plus prévisible et maîtrisable. Evidemment, si elle y songeait, elle n’était pas foncièrement en meilleure posture. Au moins, si le monarque venait à passer l’arme à gauche, il aurait été prévenu et de son côté elle aurait moins de scrupule à entreprendre ce qu’elle devrait pour se mettre hors d’atteinte du palais. L’inconvénient majeur c’est que sa tête serait fortement mise à prix et qu’elle se retrouverait à fuir pour un long moment pour ne pas dire plus les assoiffés de têtes.

*Bien la peine d’avoir passé tout ce temps à jouer les discrètes pour finir par tout de même être placardé sur tous les gibets et les garnisons !*

Mais le roi ne semblait pas avoir entendu sa réplique et semblait parti dans des pensées amères et décourageantes. S’il ne semblait pas pouvoir concevoir qu’autrui se préoccupe plus de sa survie que du royaume, la Syliméa au contraire pouvait assez aisément imaginer la solitude et les tourments évoqués per le monarque. Le regard perdu du roi plongea une seconde la Ladrini dans le doute, se demandant si l’attention qu’il semblait accorder à l’arrière-plan ne recelait pas de danger… Elle n’avait pourtant rien décelé en entrant et jaugeant la pièce… Mais la suite lui confirma que ses prunelles ne scrutaient que la profondeur de ses inquiétudes.

Elle prit cette fois le parti de ne rien ajouter, consciente que déjà sa dernière prise de parole pouvait être prise pour de l’insolence et puis comme elle l’avait dit, elle était bien loin de pouvoir prétendre en savoir assez sur le sujet. Gouverner sa vie était sa principale préoccupation alors la destinée d’un peuple ou la place d’un roi dans l’Histoire, demeuraient à  des années lumières de ses compétences.

Combien de temps dura cette pause dans le temps et les pensées ? Elle n’aurait su le dire, mais l’éclat un instant perdu des iris royaux annonça son retour effectif dans la pièce. Les deux regards se croisèrent à nouveau. La bien séance aurait voulu qu’elle baissât les yeux, mais après les derniers échanges, le protocole était assez écorné pour supporter cette nouvelle entorse à l’étiquette et elle avait pu mesurer la tolérance de Thimothée Mannus de ce point de vue, sinon elle ne serait plus là depuis longtemps et en moins bonne posture. Cependant, elle arborait maintenant un masque grave, consciente que les pensées qui avaient éloigné le souverain de sa visiteuse ne supportaient pas la légèreté. D’ailleurs la suite ne manquerait pas de requérir tout sa concentration car on lui annonçait un interrogatoire qui bien que plutôt courtois n’en restait pas moins une mise à la question.

Le départ se voulait anodin et elle ne puit retenir un sourire de soulagement et de contentement. Lui demander son identité était toujours l’occasion pour la belle de réaffirmer « sa » nature de Sindarine.


« Elië Valanatëel est mon nom majesté.

*Je suis Sindarine et j’ai les yeux verts…
_ JE suis Sindarine, ma beauté
_ Nous sommes Sindarine mon amour !*


Parfois l’autre venait essayer de la faire douter, mais ne restait jamais longtemps à lui tenir tête.

Elle regarda son inquisiteur tendre la main vers la coupe et le breuvage doucement onduler dans son calice alors qu’il approchait de la royale bouche. Il paraissait assez sûr de son fait pour ignorer voire se gausser de son avertissement aussi ne broncha-t-elle pas et attendit imperturbable la deuxième question, son regard faisant l’aller et retour entre le liquide et le visage de Thimothée Mannus, comme un défi.
Elle glissa doucement vers le fond du sofa et appuya pour la première fois son échine contre le dossier.


*Buvez Sire. Au moins faites-vous confiance à vos sbires pour vous épargner ce type de désagrément…*


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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeLun 1 Fév - 20:26

Thimothée marqua un temps d'hésitation, la coupe à quelques centimètres à peine de sa bouche. Le regard troublant de son élégante interlocutrice s'y trouvant pour beaucoup. Mais cela ne tenait pas tant au vert captivant de ces billes posées sur le liquide carmin qu'aux allers-retours qu'ils semblaient se faire un malin plaisir d'accomplir. Il était cependant aller trop pour reculer une nouvelle fois. Le poids de la couronne se faisait sentir bien après que celle-ci n'ait quitté son chef et s'il se révélait faible ici, même par sécurité, ce serait une arme, une faiblesse, une brèche qu'il offrirait à la sindarine et dont elle pourrait un jour user à son avantage. Ses réponses, bien que perçues de loin lui avaient bien fait saisir qu'elle malgré ses discours d'obédience, sa première loyauté se faisait envers elle-même.

Préférant le risque à la faiblesse, le liquide ne tarda pas à envahir la royale bouche d'une brève gorgée à la coupe des mille dangers. L'écartant de nouveau, il attendit.. Une seconde... Deux secondes... Un petit raclement vint rapidement répondre aux interrogations intérieures du monarque et aussitôt celui-ci participa à décrisper sa position. Sa poigne sur la coupe se fit plus souple, son regard à la jeune femme plus appréciateur. Malgré sa volonté de n'en rien laisser paraître, il avait pour autant démontrer l'espace d'un bref instant l'angoisse qu'il pourrait éprouver à l'égard d'une tentative d'assassinat. Quelque chose de compréhensif pour tout un chacun, du moins le supposait-il, mais il ne se trouvait pas être "tout un chacun". Sur ses épaules reposaient le poids d'un royaume déjà bouleversé par un assassinat. Un second, surtout le sachant sans héritiers, serait un désastre..

Hélas pour lui, les idées s'enchaînaient dans son esprit, aiguillaient par sa tendance à une planification outrancière des désastres, la notion d'héritier se fit rapidement une place prenant dans son esprit, place qui ne tarda pas à matérialiser certains démons dont il espérait ne plus voir la queue après sa longue période de trouble. La sindarine face à lui se relaxait, son sourire jouant des tours à l'esprit du monarque, évoquant bien des images dont la mention n'a pas à se faire dans les chroniques ci-présentes.

Troublé et soudainement agité, Thimothée quitta son siège pour se lever, prenant l'ascendant sur son interlocutrice en terme de taille, la dominant du regard alors qu'il faisait le tour de son fauteuil pour venir poser la main sur le dossier, mais lui laissant également la préséance de la place assise, ce qui dans la position de cette dernière ne manquerait pas de paraître comme une forme différente de prédominance pour un observateur extérieur si celui-ci devait soudainement entrer dans la pièce.

Ne pouvant s'empêcher de laisser couler son regard sur les appâts de sa désirable compagne, l'esprit toujours occupé par cette forme de peur primale incorporée dès son plus jeune âge de ne pas laisser la lignée s'éteindre, il tenta de se re-concentrer et de mettre la bride à ses pensées en reprenant le fil de son "interrogatoire", se donnant de la force à l'aide d'une nouvelle gorgée du liquide incarnât.

~ Eliël, sindarine de votre état et pourtant inconnue de notre cour.. Bien que visiblement pas de l'ensemble de la dite cour à en croire vos rapports... Privilégiés ? Avec notre illustre général.

L'allusion se voulait anodine, un vague sourire tentant de parer les mots du monarque d'un voile d'amusement, mais pour autant une forme de je-ne-sais-quoi venait ternir le message. De la jalousie ? La fatigue ? Les reliquats de ce trouble qui avait animé le roi à la faveur de cette coupe ?


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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMar 2 Fév - 6:42



Hespéria - Palais Royal

C'est une poupée qui dit...

« Mignonne, allons voir si la rose »


Elle ne savait trop que penser de l’attitude du monarque. Elle ne pouvait croire que son entêtement apparent n’était qu’une sorte de défi à son égard. Cela aurait été stupide. Elle n’était rien pour lui et risquer sa vie pour impressionner une parfaite inconnue lui semblait dérisoire voire puéril. D’un autre côté, il pouvait très bien avoir une totale confiance dans son service de sécurité, ses goûteurs, ses approvisionneurs, enfin bref toute la chaîne qui mène les provisions de bouche du producteur à son royal palais. Elle était bien placée pour savoir que si l’on y mettait le prix, une faille s’achète, se crée et que l’on n’est jamais trop prudent avec les avertissements même donnés par la parfaite inconnue citée plus haut.

En outre, le souverain faisait montre d’un certain cran à se risquer à avaler le contenu d’un verre potentiellement dangereux comme s’il ne s’agissait que d’une partie de roulette dans laquelle il n’avait engagé que quelques Dias… Mais ce genre de risque devait être le lot quotidien de la vie d’un roi. Il devait être plus facile de monter sur un trône que d’y rester. C’est tout au moins l’image qu’elle se faisait de cette fonction, bien ingrate dans son imaginaire.
Elle-même était bien loin, pour cette raison, de souhaiter entrer dans les sphères du pouvoir.

*Grimper est un jeu. Craindre pour sa vie au quotidien doit être d’un ennui !*

La belle aurait pu à l’occasion apprécier de marcher sur les fils qui mènent au pouvoir, tenter de déjouer les machinations et sans doute aussi de son côté, comploter. Et puis quoi ? Ne plus goûter la vie ne plus connaître le jeu à partir du moment où les responsabilités qui vont avec le pouvoir vous affaissent les épaules ? Non décidément, ce n’était pas pour elle ou alors jouer dans l’ombre, un rôle inconnu mais délicieux, celui de l’égérie adulée et inspirante.

*Huuuum ! Oui avoir un homme de pouvoir à ses pieds…
_ Ouiiii, mon amour ! Quelle exquise sensation cela doit procurer !...*


Mais dans l’immédiat, elle se bornerait assister au dénouement du défi que le roi s’était fixé tout seul.

*Par tous les dieux ! Serait-il aussi facilement manipulable que le défi pourrait le faire tomber dans n’importe quel piège ?
_ Il n’aurait pas survécu aussi longtemps si tel avait était le cas.
_ Dans ce cas ma toute belle, il est très sûr de lui…
_ Ou il confond la force avec la bêtise…*


La coupe reçut l’haleine du monarque avant que de verser le liquide incriminé dans sa bouche et elle regarda sans sourciller le roi abaisser sa coupe, son regard semblant signifier : « Et bien vous voyez, ce n’est pas si dangereux ! »
De leur côté, les prunelles de la courtisane lui renvoyaient  une sorte de : « Très bien et maintenant ? »

Il était vrai que le monarque n’était sur le trône que depuis peu, mais il ne pouvait ignorer que des poisons mettent un certain temps à faire leur effet. Elle n’était une grande spécialiste, préférant les lames aux potions, mais… Elle n’avait pas envie de revenir à la charge avec ses avertissements. Il les avait entendus maintenant, elle devait simplement se demander comment sortir d’ici en cas de malheur. Dans ce cas, le malheur ne concernait pas la mort du roi, mais bien la position inconfortable de la rouquine auprès de sa dépouille… De nouveau, les élucubrations les folles passèrent dans sa tête.  A qui profiterait le crime ? Qui serait la personne la plus à même de monter sur le trône ? Et bien sûr le roi n’avait encore pas pris épouse et nul héritier ne se profilait dans un avenir proche… La légèreté de Thimothée Mannus lui parut alors sous un angle encore plus imposant.  La Ladrini était tellement habituée à voir des chausse trappe partout et à essayer de les déjouer avant qu’elles n’apparaissent qu’elle en avait développé une paranoïa presque maladive même si cela pouvait passer pour un jeu interne. Elle essaya de la rejeter au loin…

*Mais aussi bien a-t-il raison et ne se passera-t-il rien, trésors !
_ Aussi bien…*


De toute façon les jeux étaient faits et il était temps de laisser le temps donner raison à l’in ou à l’autre des deux êtres qui se faisaient face non seulement dans le boudoir mais sans doute dans leur façon d’envisager les rapports de confiance.

De son côté, la courtisane ne quittait pas le roi s des yeux et l’éclat de son regard laissait présager que les pensées les plus diverses se bousculaient derrière son visage encore peint du défi qu’il venait de relever. Elle aurait bien donné quelques Dias pour en connaître la teneur mais quelque chose en elle la gardait bien loin de la préoccupation de la politique et elle gageait que c’était bien de politique dont ses songes étaient peuplés.
Comme la vie d’un roi devait être triste et ennuyeuse !

Et puis comme pris d’une soudaine impatience, le roi se leva et elle le regarda d’abord étonnée. Lui qui au travers de son défi paraissait pourtant si las semblait animé d’une nouvelle vigueur. Une prestance nouvelle semblait l’habiter teintée d’un je ne sais quoi qui le projetait vers un avenir certain. Sa coupe à la main finissait de lui donner une contenance. Le regard sylvestre suivit les premiers pas du monarque, l’obligeant d’abord à tendre sa nuque vers le haut et puis à mesure qu’il faisait le tour de son fauteuil et qu’il lui tourna brièvement le dos, le regard de la belle retomba vers son horizon naturel.

On jouait avec l’étiquette, mais depuis le début celle-ci était mise à mal ne serait-ce que par les sujets abordés. Et là le roi se levait sans que sa cour, restreinte certes, ne se levât également. Evidemment cela lui donnait une position dominante en plongée sur son invitée mais cette dernière ne donna aucun signe de malaise. La belle avait su pour le moment flirter avec les convenances, ou en tous les cas le Thimothé Mannus ne semblait-il pas lui en tenir rigueur. A cet instant peut être pouvait-on considérer qu’en tant que membre de la gent féminine elle pouvait prétendre au privilège de garder sa position. De son côté,  et comme si le signal qu’une nouvelle phase de leurs échange débutait, avait été donné, elle attendait impassible la suite des évènements le regard à hauteur de la taille du monarque, une esquisse de sourire énigmatique posée sur ses lèvres et irisant son regard.

Mais le souverain n’en avait pas fini d’assouvir sa curiosité et elle releva le menton avec un franc sourire amusé mais dénué d’insolence. Ce ton, elle le connaissait par cœur. C’était celui de ceux qui oubliaient qu’elle était vénale et voulaient se l’attacher, ceux qui oubliaient par quel entremise elle s’était trouvée en leur compagnie : celle de l’or. Le cas du roi était différent car lui-même n’était en rien responsable de leur rencontre pas plus que son or, mais le ton était le même, un tantinet inquisiteur et possessif comme si elle avait des comptes à lui rendre. Mais elle avait suffisamment provoqué pour le moment et se contenta de répondre scrupuleusement à la question nullement offusquée et gardant un air enjoué :

« Comme je le disais à sa majesté, c’est bien la première fois que j’ai l’honneur de me trouver en sa cour. Qu’elle ne s’étonne donc pas de ne m’y avoir jamais remarquée. Quand à mes rapports avec le Général Natalys, ils sont purement… »

Elle laissa une seconde s’envoler et un sourire ironique remplacer sa simple bonne humeur.

« …professionnels. »

Elle allongea son bras sure le dossier du sofa, visiblement plus à son aise que quelques minutes plus tôt. Le danger était encore présent, mais quelque chose disait à la belle qu’il s’éloignait un peu, si elle en croyait le terrain sur lequel semblait vouloir s’aventurer le monarque, terrain qui n’était pas inconnu à la courtisane…

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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeLun 14 Mar - 15:35

L'agitation dans l'esprit royal ne semblait pas vouloir prête à se calmer. Une forme d'énergie qui ne l'avait pas habitée depuis longtemps, ce courant qui semblait traverser son corps pour ne pas le laisser immobile. A peine sa question posée qu'il faisait quitter à ses mains leur perchoir improvisé au dos du fauteuil. On aurait presque dit un acteur à parler ainsi avec les mains, sans dignité, sans pesanteur, le poids de la couronne un bref instant oublié.

Plus la conversation avançait et moins sa position semblait avoir d'emprise sur son interlocutrice, l'insolence prenait peu à peu le pas sur cette forme de courtoisie obséquieuse qu'elle avait observé au début de leur échange. La demoiselle gagnait en assurance ce qu'il perdait en gravité. Etait-ce la réalité qui semblait vouloir le rattraper ? Il était un homme, à la tête d'un des plus grands pays du continent et pourtant il n'en était pas moins mortels que les nobles sur lesquels il étendait son empire.

Les sylphides mis à part il n'était donc pas si différent de ses sujets et peut-être sa proximité aidait-elle à le percevoir à travers le manteau des responsabilités. Le mysticisme de la position s'effaçait au profit de la réalité.

Conscient de ce sentiment, il n'arrivait pour autant pas à mettre un maître mot sur ce que cela lui évoquait. La chose participait-elle à rompre la solitude sourde dans laquelle il se trouvait plongée depuis la perte de son enfant ? Ou au contraire son orgueil devait-il se piquer de ne pas être autre chose qu'un idiot glorifié dans la masse de ses semblables ?

Etrangement, il semblait vouloir se prouver à lui-même qu'il n'était pas le premier petit baron venu avec une couronne plus imposante. Quand les responsabilités étaient-elles devenues une forme de glorification pour lui ? Quand avait-il commencer à y prendre goût ? La réponse de la jeune femme permettait de l'aiguiller en partie...

La cour, une forme d'obédience hypocrite auxquels se pliaient les courtisans cherchant à obtenir quelque des grâces royales. On n'était pourtant encore loin d'y trouver les seigneurs les plus puissants du royaume, qu'il s'agisse de défiance ou d'indépendance, ceux-ci conservaient encore leur propre entourage sur leurs terres et il savait qu'il devrait un jour matait cet orgueil s'il voulait poursuivre ses plans, autant le sien propre que celui de ses vassaux.

Il ne semblait pour autant pas près de museler cette étrange flamme qui semblait vouloir s'allumer par intermittence. Observant son interlocutrice, la détaillant avec attention, son regard ne semblait pour autant pas vouloir quitter trop longtemps cet étrange sourire qui ourlait les lèvres délicates de son vis-à-vis. Se moquait-elle de lui ? Ne s'agissait-il que d'un stratagème ? Les Grands du royaume ne seraient donc que des relations professionnelles ?

Luttant pour calmer son orgueil définitivement piqué au vif, le monarque imposa de nouveau son empire sur son propre corps, la première étape avant de pouvoir contrôler de nouveau son esprit. Régulant l'énergie comme il le pouvait, il commença à masser d'un doigt sa chevalière, puisant dans l'énergie de la gemme pour étendre sa volonté sur la matière et extraire une bulle de vin du liquide, un beau gaspillage d'énergie, mais qui lui permettait de mettre fin à cette agitation dans laquelle cette flamboyante voisine semblait vouloir le plonger.

La jeune femme prenait ses aises à présent, adoptant une position plus langoureuse, prenant possession de son environnement. L'audace n'était pas pour déplaire au souverain, mais étrangement elle le renvoyait à sa propre puissance à replonger la demoiselle dans la révérence de sa personne.

« Ainsi les grands de l'empire ne sont pour vous rien d'autre que des connaissances d'affaire. Des clients sans importance. »

Un sourire amusé venait prendre possession des lèvres royales sans qu'il ne parvienne pourtant à détacher son regard de son interlocutrice.

« Nous devons avouer notre admiration, s'il est possible pour nous de l'être par rapport à vous, quant à votre attitude. Nous-même n'avons pas la possibilité de disposer ainsi de ceux que vous prenez avec si peu de considération et pourtant si vous vous êtes tracée un chemin aussi loin dans notre palais pour y côtoyer l'un de nos généraux, c'est que vos talents doivent être nombreux ou vos soutiens puissants, notamment si vous n'êtes pas encore une habituée des lieux.. »

La phrase était mesquine, il en avait conscience, mais si c'était le prix pour soigner son orgueil mouché par la morgue de cette demoiselle, tel en serait le sacrifice. Sa curiosité n'était ici plus tant une preuve d'intérêt, mais un moyen de récupérer le contrôle d'une situation dont il avait conscience  qu'elle lui échappait depuis un petit moment déjà.


Dernière édition par Thimothée Mannus le Dim 1 Mai - 17:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeLun 14 Mar - 21:14



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C'est une poupée qui dit...

« Mignonne, allons voir si la rose »



La courtisane ne quittait pas le roi des yeux. Elle savait que des indices qu’elle pourrait prendre de son observation, dépendrait peut être le sort qui allait lui être réservé.
Le moins qu’elle pouvait constater était que le monarque semblait petit à petit possédé par une agitation dont elle aurait bien aimé percevoir la cause.  Ses mai si posées et si calme tout comme son ton de voix et la musicalité de ses phrases emblaient devoir rythmer une pensée plus alerte que le simple badinage dans un boudoir. Elle ne pensait pourtant pas avoir suscité autant de nervosité chez la monarque. Malgré les précautions qu’elle avait voulu prendre il paraissait qu’elle n’avait pas déployé assez de prudence et de diplomatie à son égard.

Elle ne pouvait pas dire que l’attitude royale était devenue agressive, non pas, mais le calme qu’elle lui avait vu en présence du général avait disparu. Se trouvait-il en présence de la jeune femme plus libéré et moins obligé de tenir un rôle que devant les grands du royaume ? Peut-être et après tout, elle pouvait bien le comprendre. Ou alors ses répliques à la limite de l’étiquette avaient-elles le don de chagriner le seigneur d’Eridania ? Elle n’était pourtant de son point de vue allée si loin que cela, mais peu habituée à côtoyer les puissants, elle avait pu se tromper.

*Il faudra un peu mieux regarder ou tu mets les pieds et de quel manière ma belle…
_ Mais c’est lui qui…
_ Qui tient ta vie entre ses mains ? Oui tu as raison alors sache te tenir un peu mieux !*


Une certitude était que les malentendus n’étaient jamais très loin lorsque l’on ne possède pas tous les codes et les conventions d’un milieu. La voilà donc qui à peine un peu rassurée recommençait à marcher sur des œufs. Il était peut-être temps de jouer un profil plus modeste et plus soumis, même si cela lui serait dorénavant difficile.

Elle pensait pourtant avoir prouvé sa bonne foi et joué assez franc-jeu pour ne pas être soupçonnée d’insubordination ou d’irrespect, mais cela ne semblait pas suffisant pour le maître des lieux ou alors quelque chose lui avait échappé et elle se concentrait sur chacune des attitudes de son hôte afin d’essayer de les décrypter.
Elle ramena donc ses mains jointes sur ses genoux en une position plus modeste, le dos à présent droit et légèrement décollé du dossier du sofa. Son expression avait maintenant laissé s’envoler le petit sourire amusé dont elle avait du mal à se départir. Si elle ne gardait pas les yeux baissés ce n’était que pour garder son attention au monarque et nourrir ses propres réflexions. Elle prenait cependant bien soin de ne pas soutenir son regard et papillonnait de ses longs cils pour signifier la supériorité du monarque sur sa sujette.

Au fur et à mesure qu’elle composait son attitude en fonction de ce que les signes venus su roi lui indiquaient, il lui semblait percevoir un désir de domination de sa part, même si cette volonté ne semblait pas toujours très naturelle.

*Donnons au roi en sa cours ce qu’il attend…
_ Soumission, lorsque tu nous tiens…*


D’autre part habituée à jouer ce qu’on attendait- d’elle, elle ne formalisait pas de cette comédie. Il serait bien temps d’en sortir si les choses devenaient plus claires entre la rouquine et l’homme le plus puissant d’Isthéria…

Et puis elle dut contenir un rire qui lui serait sinon monté à la gorge, ultime gifle au lion sur son rocher. Au contraire, elle laissa quelques secondes de silence s’installer comme quoite devant la répartie Thimothée Mannus le magnifique.

*Mais ma parole ! Il n’a rien compris !...
_ Ou il ne voit pas quel est notre métier ou il est encore puceau contrairement à ce que les rumeurs laissent entendre.
_ Ou encore il est tellement maître de ses désirs et de ses sens qu’il a oublié qu’une fois l’hermine à terre, les hommes sont tous égaux contre notre peau*


Etait-il possible qu’il soit aussi naïf qu’il croie être différent contre le corps d’une femme au moment de la posséder sans se rendre compte qu’il appartient à  ses sens ? Tout en gardant son regard de sujette ingénue, elle essaya d’imaginer le souverain dans le plus simple appareil. C’était assez facile. Le peu qu’elle pouvait en voir lui laissait supposer un corps vigoureux et plutôt bien proportionné même si elle était bien placée pour savoir que les atours bien apprêtés peuvent tromper les regards les plus perspicaces. D’un autre côté elle avait assez contemplé de corps masculin pour se faire une image assez précise. Le sourire qu’il arborait indiquait qu’il reprenait contenance sans doute satisfait de son effet et de la nouvelle posture, moins arrogante de son invitée. L’image de sa main commandant aux royales raideurs passa comme un voile  derrière les prunelles de jade avant qu’elle ne décide de répondre en essayant de conforter le roi dans son apparente victoire.

« Sa majesté voit bien trop de talents dans son humble servante. Ce n’est que le hasard si elle se tient devant votre grâce, car sans le bon vouloir de son général, elle ne serait sans doute jamais apparue au palais. Mon seul mérite réside dans le cadeau que dame nature a bien voulu m’accorder en me donnant la forme que vous pouvez considérer. Une autre que votre sujette aurait très bien pu convenir à satisfaire les désirs de votre conseiller »

Elle baissa modestement les yeux et baissa la voix comme gênée de ce qu’elle allait prononcer.

« Il en faut sans doute plus de qualités pour impressionner votre majesté… »

Son décolleté se soulevait maintenant au rythme d’une respiration calme mais profonde. Elle releva doucement ses fines paupières vers le visage royal comme pour réclamer l’indulgence de son juge. Ses doigts agiles passèrent derrière sa petite oreille pour y glisser timidement une mèche légère de sa chevelure flamboyante.

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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeDim 1 Mai - 17:28

    Peut-être aurait-il été plus attentif si sa fierté de l'avait douloureusement fait souffrir jusque-là, peut-être aurait-il perçu les signes comme autant d'avertissements et non pas de trompettes signalant sa victoire. Son interlocutrice semblait retrouver ses esprits et voir de nouveau en lui le grand monarque que ses rêves tendaient désespérément à vouloir lui faire construire l'image.

    S'en était fini de la fébrilité, des mains tremblantes, le monarque se replongeait dans son fauteuil, un bras sur l'accoudoir, le second bougeant par intermittence pour venir apporter la coupe jusqu'à ses lèvres balayées par une langue gourmande.

    Tout dans la posture de la jeune femme indiquait à présent la servilité ou tout du moins la soumission. Ses regards ne se faisaient qu'intermittents, loin des longues œillades qu'elle s'accordait précédemment. Droite se faisait sa posture, loin de la langueur avec laquelle elle s'était prélassée dans son fauteuil. S'agissait-il d'une victoire ? Bien entendu ! Celle de l'esprit tactique supérieur et du charisme naturel du monarque ainsi récompensé. Il avait presque honte de son propre comportement maintenant qu'il découvrait ce qu'il lui avait fait.

    En effet, il s'était trouvé être le principal artisan de l'audace de la jeune femme, il lui avait passé beaucoup de choses et soudain lui en tenait rigueur. Certains y verraient peut-être une forme de caprice, mais à présent, il ne se souciait plus que de savoir s'il avait blessé cette délicate créature. S'agissait-il à présent vraiment de soumission et non pas de peur ? N'était-il devenu qu'un pâle reflet de la lâcheté et de la violence de son père ? Incapable ni de se maintenir à ce modèle effroyable ni d'y résister totalement ? Il aurait besoin de dormir, de songer à cela. Ses rêves lui diraient s'il avait bien agit.

    Ses rêves ?!

    L'ingénue s'était décidément profondément ancrée dans son esprit pour que des idées aussi sottes lui viennent. Comment pouvait-il penser un instant qu'ILS pourraient avoir quelque chose à faire de sa conversation avec la sindarin aussi charmante et délicate qu'elle soit. Ses rêves n'étaient réservés qu'au futur de sa nation, au futur de leur continent, du monde ! Il n'y avait nulle raison pour que jamais ils en viennent à lui conter si ses rencontres de la journée avaient apprécié sa compagnie...

    Souriant de sa propre stupidité, il quitta son fauteuil avec lenteur, faisant le tour de la table à pas mesuré pour venir finalement se placer derrière celui de son interlocutrice, déposant une main amicale sur cette épaule si pâle dont il pouvait percevoir le grain jouant sous la peau de sa paume.

    « Il nous faudra alors remercier le général pour la chance qui noud fut offerte de découvrir les beautés du royaume sylvestre de la reine Caledor. »

    Le geste se voulait réconfortant, sans prendre conscience du paternalisme profond de celui-ci. Tout soucieux de reprendre le contrôle de la situation, il renvoyait la sindarin au simple rang d'objet d'art, de décoration sans prendre conscience du mépris qui pouvait involontairement accompagner ses paroles.

    « Mais nous ne doutons pas que votre beauté ensorcelante soit là votre seule qualité, madame. »

    Quelques brefs pas de plus et il prenait place sur l'accoudoir du fauteuil de la jeune femme, profitant de son absence d'occupation pour envahir sans vergogne l'espace vital de celle qu'il se représentait à présent comme un tableau de maître.

    « L'intelligence semble vouloir compter à leur nombre et celle-ci se trouve souvent accompagnée d'un curieux cortège. N'êtes-vous point d'accord ? »
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeLun 2 Mai - 6:20

Plus les hommes possèdent de pouvoir et plus ils semblent difficile à suivre et pour une jeune rouquine peu habituée aux ore de la cour, les choses se faisaient très formatrices. Si jamais elle parvenait à se tirer de cette situation elle aurait appris beaucoup. En premier lieu que les puissant en tout cas le roi d’Eridania avait besoin de la reconnaissance de sa position, que s’il pouvait être charmant et mondain il n’en attendait pas moins de respect et de soumission de la part de ses invités ou de ses sujets. Elle ne pouvait lui en tenir rigueur. Comment assoir sinon son autorité ? Elle aurait bien envisagé de le faire par la démonstration de ses compétences plutôt que par la peur ou la coercition, mais le jeune monarque n’avait sans doute pas vécu assez de temps dans le peau du dirigeant de son pays pour pouvoir bénéficier d’un regard positif de son entourage et de ses sujets. Pour l’heure, la courtisane se rassurait en constatant que l’attitude fébrile du souverain s’était détendue en constatant que la belle ne voulait en aucun cas lui tenir tête plus que de raison et après tout, s’il n’y avait que cela pour éviter la royale colère et les châtiments qui l’accompagneraient forcément, elle lui donnerait bien volontiers l’image de la parfaite sujette obéissante. C’était une des choses que son état avait su développer en elle. Ne jamais contredire le mâle ni le prendre de front. Il y avait bien d’autres moyens de le circonvenir à partir du moment où il pensait avoir partie gagnée et dans le cas présent, l’enjeu de cette partie était la survie de la Ladrini. Enjeu qui motivait plus que tout autre la jeune femme et qui devait laisser plus indifférent le monarque dont elle n’avait pas encore su déterminer la nature de son intérêt à son égard. Cette donnée lui permettrait sans doute de déplacer ses pions plus sûrement mais pour le moment elle devait se contenter de faire preuve de prudence et de circonspection. Dire qu’elle marchait sur des œufs résumait assez bien la situation.

*Un pas en avant un pas en arrière. Nous voilà rendues au même point que tout à l’heure !
_ Mais ma jolie, tu ne croyais pas qu’un roi se manœuvre aussi facilement qu’un petit bourgeois ?
_ Un homme est un homme ma précieuse. Roi ou mendiant ils sont faits de la même matière…
_ Certains ont des mentors pour leur enseigner ce que les femmes peuvent le faire mon amour, et ce que l’imprudence peut entraîner.
_ Mais nous sommes gentilles filles mon trésor, nous ne sommes pas une menace !
_ Tu le sais, je le sais, mais lui ?...*


Elle prenait à présent soin de plus croiser trop franchement le regard du souverain ne s’y aventurant que pour répondre à des questions qui évitaient le domaine politique et abaissait ses paupières de soie vers les genoux du monarque. Ses mains restaient sagement posées sur sa robe là où elle recouvrait ses cuisses. Le dos droit pour maintenir une classe que la présence royale exigeait mais la nuque légèrement fléchie en signe d’allégeance finissaient de compléter le jeu de regard que Thimothée Mannus semblait apprécier.

Parallèlement son esprit analysait et ressassait la situation et les moindres gestes et attitude de son hôte qui semblait vouloir jouer au chat et la souris en se réservant le rôle du chat. Elle, de son côté, ne goûtait que très peu la position de la souris mais constater qu’elle avait une certaine prise sur Raminagrobis était un signe encourageant et son esprit souriait intérieurement car malgré le danger qu’elle savait encore courir, le jeu qui s’était engagé ne pouvait manquer de la motiver. Le chat semblait prendre plaisir à la situation et donnait tous les signes de la satisfaction et de la gourmandise et elle osait croire que le seul breuvage qui ne semblait pas obtenir plus de convoitise da la part du roi ne suffisait pas à présent à expliquer cette langue qui cueillait sur ses lèvres les gouttes vermeil de sa boisson.

Pourtant quelque chose dans le regard de Thimothée Mannus reflétait l’indécision ou le questionnement et elle n’aimait pas lorsque les hommes se posaient trop de question, cela pouvait signifier soit qu’ils étaient assez intelligent pour la percer à jour, soit qu’ils étaient peu sûrs d’eux soit encore, une fêlure de l’esprit qui pouvait augurer d’une certaine imprévisibilité, chose sans doute la pire pour le stratège adverse… Et puis, elle ne devait pas trop le regarder dans les yeux elle avait déjà appris qu’il n’aimait pas avoir l’impression qu’on lui tenait tête.

*Il y a pourtant des jeux dans lesquels nous adorons les imprévus n’est-ce pas ma douce ?
_ Ces jeux ne nous jettent pas en prison.
_ Qui sait... Il viendrait peut être nous visiter ?...
_ Avons-nous envie de tenter l’expérience ?*


Le jeu devenait de plus en plus intéressant mais de plus en plus risqué et elle attendait avec attention la prochaine ouverture que le roi ferait dans sa direction. Lorsqu’elle disait ouverture cela ne signifiait pas ouverture dans sa garde, mais plutôt quel mouvement stratégique il allait entamer. La question était de plus en plus que comptait-il faire d’elle ? Si ses intentions étaient claires pourquoi ne les menait-il pas à bien ? S’il n’en avait aucune, pourquoi la gardait-il au palais, en sa compagnie en outre ? Or depuis qu’ils étaient arrivés dans ses appartements, il n’avait pas semblé savoir sur quel pied danser. Il n’avait pas pris en considération ses avertissements, il n’avait pas poursuivi la conversation sur les Sindarins ni n’avait pris en compte sa nature de fille de petite vertu. Ne désirait-il que quelqu’un avec qui deviser quelques instants ?

*Dame de compagnie ?
_ Hum ce serait nouveau pour nous. Il va falloir prendre des cours de mondanité ma chérie !...*


Elle leva doucement les yeux pour suivre des yeux le roi tout en évitant toujours de croiser son regard. En outre, lorsqu’il effectua son mouvement de contournement et passa dans son dos elle garda le visage tourné vers le fauteuil à présent vide. Elle sentit sa main se poser sur son épaule nue. Elle ne put réprimer un petit sourire maintenant que le roi était dans son dos.

*Nous y voilà ma toute douce !
_ Douce ? Tu veux parler de sa main ?*


Elle devait bien l’avouer, malgré les entrainements martiaux, la dextre royale n’avait rien de rugueux. Elle n’esquissa pas le moindre geste pour se dérober ni pour encourager le contact du souverain. Le risque était grand que la moindre de ses réactions soit mal interprétée. Elle écouta le compliment maladroit du souverain, amusée elle se demandait comment y répondre sans provoquer de nouveau malentendu. La première des attitudes qui s’imposait était de laisser penser au monarque qu’il gardait la main. Elle baissa un peu plus son visage. Ses cheveux glissèrent sur sa poitrine découvrant sa nuque souple.

« C’est à moi de le remercier de m’offrir l’opportunité de côtoyer mon souverain car le royaume de la reine Viwien possède de bien plus admirables beautés que votre servante. »

Elle garda la pose alors qu’elle sentait sa présence à ses côtés. Il semblait devoir tourner autour d’elle comme un le chat qui sent sa proie à sa merci et elle n’avait pas l’intention de le détromper pour le moment. En un seul geste, même de la main gauche, elle pouvait se saisir du flacon sur la table et en faire une arme si le danger devenait évident.

« Votre majesté est trop bonne ou indulgente avec mon humble personne. Je ne sais trop où se trouve cette intelligence dont vous me parlez. Mais votre majesté a sans doute le sens de cette qualité bien plus que sa sujette… »

Elle marque un temps de silence.

« Quant au cortège auquel vous faites allusion, je ne sais pas duquel vous parlez et pour mon pauvre esprit, il vous faudra l’évoquer plus clairement, car je n’ai hélas pas l’esprit à la hauteur de celui de sa majesté. »

Plus elle y pensait plus les dernières paroles du monarque lui faisaient l’effet d’une chausse trappe. Toute réponse serait un faux pas. Elle avait juste trouvé le moyen de ne pas y répondre immédiatement espérant que peut être, la reformulation qui viendrait éclaircirait l’état d’esprit dans lequel se trouvait le roi.
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeMer 18 Mai - 11:26

    Le monarque esquissa un sourire las alors que son vis-à-vis se confondait en humilité. Elle démontait ses arguments avec adresse et une pointe de finesse qui laissait sous-entendre à l’esprit royal qu’il en était peut-être plus qu’elle ne le laissait supposer. Cela le ramena plusieurs dizaines de minutes en arrière à la coupe de vin et au risque d’empoisonnement, voir plus loin encore à leur cheminement commun dans les allées du jardin.

    Inconsciemment il s’était laissé allez à apprécier cette compagnie plus que de raison. Les apparences avaient fait long feu et il serait temps maintenant de décider ce qu’il allait bien pouvoir faire de cette pauvre âme prise au milieu du tissage serré des jeux d’ombres de la cour. Bien que les parterres n’aient eu à l’heure précédente guère de visiteurs, il ne doutait guère d’avoir été scrupuleusement observé par tout un chacun et encore plus cette étrangère au palais, cette nouvelle compagne avec laquelle nombre des acteurs du pouvoir allaient à présent vouloir compter en raison de son rapport à la personne royale. Une nouvelle favorite ? Son apparence et le début de leur conversation pourrait aisément le laisser sous-entendre.

    L’aspect avait son charme, il pouvait sentir le contact agréable de l’épaule nue sous la paume de sa main, la respiration calculée qui se ressentait jusque dans les muscles contractaient de la jeune femme pour garder une apparence d’immobilité. A cet instant il éprouvait une pointe de culpabilité au souvenir de son comportement à son égard, il l’avait vilipendé à tort et il découvrait à présent qu’elle n’avait vraiment pas l’air d’une révolutionnaire aguerrie l’ayant suivi jusque dans ses appartements pour lui disputer le peu d’autorité qu’il parvenait à conserver.

    Pour autant, serait-ce un cadeau que de lui accorder un accès vers la chambrée la plus recherchée du palais ? L’homme tout empli et aveuglé de son fier orgueil masculin ne doutait pas un instant de pouvoir la contenter sur de multiples points, que ce soit en récompenses pécuniaires pour le sacrifice de son corps à la « raison d’état » ou par une position d’élégante à la cour. Elle semblait taillée pour cela et beaucoup iraient jusqu’à tuer pour s’arroger une place dans la plus noble réunion du continent, mais les remords de Thimothée l’assaillaient à présent de questions. Apprécierait-il vraiment celle qu’elle serait amenée à devenir au contact de toutes ces sangsues trop poudrées ? Son apparente docilité ne les encourageraient-elles à l’écraser pour en tirer tout ce qu’ils souhaitent ?

    Un choix cornellien s’offrait à lui, mais seules deux options semblaient vouloir trouver grâce à ses yeux. La première et la plus logique serait de la bannir de la cour, il n’aurait pas difficulté à trouver une faute imaginaire sur laquelle la sermonner, son entourage ne ferait qu’applaudir des deux mains comme autant d’animaux savants tout content de voir une rivale disparaître. Ce serait un choix de compassion, blessé son orgueil un temps pour sauver son avenir. Mais il ne pouvait nier la profonde attirance qu’elle avait su suscité en lui en quelques moments à peine. S’il parvenait pour l’instant à y résister, la partie la plus pragmatique de son esprit ne pouvait manquer de juger des ravages que cela pourrait augurer sur une personnalité plus faible que la sienne et tout ce à quoi cela lui permettrait d’accéder…

    « Madame, je ne saurais vous suivre dans cette tentative de vous diminuer à dessein. Des yeux aussi pétillants que les vôtres ne sauraient appartenir à un esprit pauvre en réflexion. »

    Sa prise sur son épaule se fit plus ferme alors qu’il achevait son tour du fauteuil, venant prendre place sur le coin de la table qui les séparait naguère, sa main quittant son épaule pour venir saisir avec douceur la délicate contrepartie de la sindarin.

    « Vous disposez d’un pouvoir tout particulier que bien de vos semblables rêveraient de posséder. Et si comme vous le dîtes, les beautés de la reine sont encore plus resplendissantes que la vôtre, je m’étonne que celle-ci n’ait pas encore pris une plus grande importance dans notre monde. »

    Il tentait d’éliminer toute la possible luxure de son ton, luttant contre son attirance pour son interlocutrice pour ne la considérer que froidement, comme un futur outil au service de son règne, mais l’utilisation même de cet outil le renvoyait aux folles idées que cette flamboyante muse semblait vouloir susurrer à son oreille par sa simple présence.

    « Et je suis disposé à nous offrir la vie qui vous paraîtrait la plus agréable si vous acceptiez de mettre ce pouvoir au service d’Eridania. Nombreux sont les ennemis qui guette notre pays dans l’ombre et votre beauté serait la magie idéale pour les extirper de cette obscurité protectrice… »
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeDim 22 Mai - 15:25

Elle se demandait de plus en plus quelle image le souverain pouvait bien avoir d’elle. Elle lui avait présenté plusieurs visages et il devait fatalement se demander à qui il avait affaire. Qui de la sujette soumise ou de la courtisane libre de ses paroles était la vraie Elië Valanatëel ? L’un n’empêchait pas l’autre et son peu d’habitude des arcanes de cour pouvait expliquer sa maladresse et ses changements de posture, mais elle devait avoir donné matière à songer au roi d’Eridania. Si elle ne sentait pas autant en danger, cela lui serait complètement égal et elle pourrait même jouer à présenter un visage différent à son interlocuteur. Ses occupations et la nécessité avait développé chez elle des compétences de comédiennes qui le lui aurait parfaitement permis. Mais aujourd’hui elle se devait d’obtenir la confiance de quelqu’un qui pouvait tenir sa vie entre ses mains et ce jeu eût été des plus dangereux.

Elle désespérait de voir poindre au détour de la conversation un indice qui lui aurait indiqué ce que le monarque pensait d’elle ou envisager de faire de sa personne, mais tandis que ses paroles posaient le roi à qui on devait le respect, ses gestes laissaient entendre qu’il n’en était pas moins homme prêt à céder à des tentations moins glorieuses que le gestion d’un pays et d’un peuple. Même si la main avait encore la fermeté du monarque elle savait reconnaître cette façon de s’attarder sur sa peau. Là encore, elle aurait bien joué à trouver le moment où il n’aurait pas pu résister au charme Sindarin, mais une entreprise de séduction en direction d’un monarque était à double tranchant. Elle pouvait vous en attirer les faveurs voire faire de vous une favorite. Cela c’était déjà vu si souvent ! Mais cela pouvait aussi être interprété comme une manœuvre commanditée de l’extérieur alors que justement la possibilité en avait été évoquée quelques minutes plus tôt. Il s’agissait donc de garder la tête sur les épaules et de laisser venir. Dans cette partie d’échec, le roi était l’attaquant et elle devait se contenter de répondre à ses manœuvres afin de ne pas tomber dans une chausse trappe qu’elle-même se serait tendue par mégarde. D’autant que si obtenir les faveurs d’un roi pouvait comporter des avantages, elle n’était pas bien certaine qu’ils surpassent tous les ennuis que cela était capable de générer aussi.

Durant une fraction de seconde, elle crut discerner une hésitation.  Serait-il arrivé au carrefour d’une décision à prendre ? Elle se tendit vers les respirations du monarque tentant de deviner ce qui l’attendait grâce aux intonations du souffle royal.

*Ne nous emballons pas ma chérie ! Tout à l’heure déjà nous avons cru arriver à un point crucial…
_ Oui mon amour restons sur nos gardes*


Elle jeta un regard vers la fenêtre. Elle pouvait y être en deux bonds, mais cette fois, l’homme était derrière elle et il lui faudrait s’employer un peu pour le mettre hors d’état de lui nuire si nécessaire. Là aussi ses chances de succès dépendraient également de l’image qu’il s’était fait d’elle. S’il la voyait comme une jeune femme inoffensive, ce serait plus aisé que s’il la voyait comme un danger potentiel.

Et puis était venu pour lui le temps de flatterie après celui de mondanité du défi et des rodomontades. Il devait avoir quelque chose derrière la tête car rien ne le forçait à se montrer si amène en ce qui concernait son invitée.

*Et là ? Feinte ? Ouverture ?
Tu le sauras bien assez tôt ma chérie !*


Elle sentit tous ses sens se tendre vers les moindres intonations les moindres inflexions de ses gestes. D’abord cette main autoritaire puis la sienne dans la dextre royale… Chaque micro évènement donnait lieu à des influx dont elle essayait de décoder le sens.

Elle baissa les yeux comme intimidée par tant de compliment à sa modeste personne. En fait il s’agissait de peser les conséquences de ce que le roi venait de formuler. Son esprit se mit à fonctionner comme le grand tout qui tisse les trames de toutes les vies qui le parcourent. Les hypothèses les plus folles côtoyaient les plus cartésiennes. Il s’agissait de donner la réponse qui conviendrait à tout le monde. En premier lieu au souverain afin de ne pas le contrarier jusqu’à faire s’évanouir la mansuétude qui semblait être la sienne pour l’heure à l’égard de la rouquine. Mais en second lieu, elle ne devait pas s’engager à la légère auprès de Thimothée Mannus. Elle tenait plus que tout à conserver sa liberté et elle gageait que se lier à un monarque ne présentait pas que des avantages de ce point de vue. Jusqu’où était-elle prête à faire des concessions  sur cet aspect de ce qui pouvait s’évérer être un contrat démoniaque dans lequel elle perdrait son âme.

*Nous avons réussi à préserver notre liberté même en tant que Ladrini, il ne faudrait pas que tout soit remis en question par une allégeance trop contraignante !
_ D’un autre côté, jouer sur les deux tableaux pourrait avoir ses avantages…
_ C’est en effet à prendre en considération, mais avançon avec circonspection…
_ Cela va sans dire ma toute belle.
_ Il serait bon d’en savoir plus sur cette proposition et d’évaluer dans quelle mesure nous pourrions nous sentir à notre aise dans ce rôle.
_ Tu veux dire petite peste dans quelle mesure la situation pourrait tourner à ton avantage ?
_ J’aime quand la Sindarine parle comme une catin !*


Elle regardait sa main dans celle du monarque comme interdite par les dernières paroles de ce dernier. Elle laissa filer quelque chose comme trois secondes interminables.

« Majesté, vous vous amusez avec votre sujette qui ne mérite pas autant de compliments et c’est déloyal de lui faire penser qu’elle pourrait avoir une quelconque utilité pour le royaume. Mais vous êtes le roi et le roi commande. Sa servante n’attend que ses ordres ainsi que d’en savoir un peu plus sur ce qui lui incombera. »

Elle sourit ne pouvant dissimuler un certain amusement.

*Laissons les flatteries de côté. Nous en savons bien assez dorénavant, mais essayons d'obtenir quelques précisions.
_ N'avons nous pas peur qu'en entrant dans cette conversation, le sort en soit jeté, jolie chérie?*


« J’ai compris l’idée générale, mon commerce m’ayant habituée à faire sortir de l’ombre bien des désirs. Cependant… »

Elle retira doucement sa main de celle du souverain.

« Je suppose qu’il ne suffira pas de mettre vos ennemis dans mon lit pour vous satisfaire à moins que sa majesté se contente de fantasmes… »

Elle aurait poursuivre par : « Un homme a besoin de plaisir plus concret et un roi de faits. Si le temps des faux semblants était révolu entre les deux protagonistes et que celui de la négociation semblait devoir prendre le dessus, elle se devait de ne pas provoquer outre mesure le roi qui la tenait encore en son pouvoir tant que les choses ne seraient pas plus avancées entre eux que ce soit du point de vue des affaires que du point de vue privé.

« D’autre part vous avez parlé d’une vie des plus agréables, n’avez-vous pas peur d’être surpris par mes exigences ? Vous savez comment sont les femmes… »

Elle se repoussa au fond du sofa. Une pose plus détendue montrait à quel point elle était aise de savoir enfin sur quel pied danser. Elle posa une main à plat sur le luxe du tissu et passa un index derrière son oreille come pour repousser une mèche rebelle imaginaire, sa coiffure n’éyant pas encore trop subi les avanies d’une trop longue journée. Le roi parlait d’un regard pétillant, il croyait sans doute pas si bien dire en cet instant.
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeSam 4 Juin - 23:16

Hespéria
Bien des questions avaient envahis l’esprit du monarque depuis le début de son entrevue avec cette étrange rose des bois, mais son contact finissait de faire taire ses interrogations. Elle n’agissait pas en révolutionnaire comme il l’avait d’abord cru et toutes ses bravades et preuves d’intelligences n’apparaissaient que comme des tentatives pour plaire à sa personne. Certes elle n’avait pas sembler partager la compréhension de l’importance du royaume et sa primauté sur le concept d’individus, mais c’était peut-être après tout beaucoup lui en demander. Peut-être avait-elle raison et peut-être s’était-il amusé à ses dépends ? Profitant d’elle d’elle et de sa position somme toute risquée d’invitée dans la chambrée royale pour lui prêter mille et une intentions qu’elle ne semblait au final guère concevoir. Si sa beauté éblouissait la pièce et son intelligence faisait luire son regard, lorsqu’il plongeait ses yeux dans ce domaine d’émeraude, il n’y trouvait pas de duperie.

Dans son absence de rouerie elle se trouvait plus sage que lui. Il lui prêtait trop de chose et se servait d’elle pour projeter tous les doutes dont il était sans cesse assailli à la cour, mais elle restait sa sujette et à ses ordres. Si le concept de royaume n’était pas transcendant pour elle, il l’était pour lui et cela suffisait puisqu’il dictait le destin de ceux qui composaient ce territoire si important. Ce territoire qui devait croître sous son règne si ses rêves ne le trompaient pas.

Mais son sourire le rappela à la réalité. Un sourire amusé, éclairant son visage d’une lumière à laquelle le monarque ne se trouvait insensible. Le remords aurait pu saisir son esprit à l’idée de livrer en pâture pareille beauté au danger, mais c’était cet appât précis qui lui permettrait de surmonter ce qui risquait de se placer sur son chemin. Si lui-même n’était pas si éclairé, peut-être même se laisserait-il abuser par pareil stratagème. Mais il ne l’était pas, bien heureusement ! Il avait vu clair en elle et pouvait se targuer de ne pas avoir céder, bien que sa main puisse montrer une certaine mauvaise volonté à quitter le giron de son interlocutrice.

« Vous vous trouvez bien trop modeste envers vous-même. Peut-être notre auguste personne est-elle suffisamment savante pour se retenir de vous amener dans ses appartements privés dès le premier regard, mais nous ne doutons pas de l’effet dont vous bénéficierez sur des individus de moindre volonté. »

Etait-elle impressionnée ? Peut-être bien. Elle semblait songeuse alors qu’elle rompait le contact physique qui les liait jusque-là. Un besoin de se retrouver éventuellement ? Il accueilli le geste à regret, mais décida de ne pas le montrer, laissant plutôt place à un sourire indulgent. La demoiselle devait être perdue. Son premier jour au palais, rencontrer le monarque, se faire offrir le plaisir d’une discussion et d’une possibilité de mettre au mieux ses avantages au service du royaume ? Il y avait de quoi faire tourner la tête, il pouvait le comprendre. Et si son commentaire sur le sport de chambre dont elle faisait commerce ne fut pas sans propulser dans l’esprit royal un ensemble de scènes fort plaisantes, sa tirade suivante lui donna l’impression d’hameçonner une prise de choix.

Avide, vénale… Voilà donc ce qui l’avait poussé à faire commerce de son corps. Il n’y avait là nulle envie de progresser dans la société, elle ne visait pas la place de favorite du roi, mais seulement l’appât du gain. Si celui ne sonnait guère patriote, le monarque devait se rappeler que sa délicieuse compagne n’était pas sujet d’Eridania en premier lieu. La reine Caledor devrait se fustiger de perdre ainsi pareils talents qu’elle aurait pu entretenir à son service. Si l’or était ce que la belle recherchait, alors il n’aurait aucun scrupule à l’utiliser en monnaie d’échange.

« Vos exigences serviront de garantie. Car le propre du train de vie est de ne pas être unique. C’est un ensemble de moyens qui continuent tout au long d’une vie. Or comment m’assurer mieux de votre loyauté et de vos efforts constants que de faire en sorte de vous faire devenir votre propre source de motivation. Une demeure dans les hauts-quartiers ? Un petit domaine dans les terres ? Nous sommes prêt à vous l’accorder si vous vous montre apte à la tâche. »
Cette position de relâchement de la part de la sindarin n’était pas sans attiser le feu de l’esprit du monarque. Voilà longtemps qu’il n’avait pas céder à ses démons. La mélancolie l’avait maintenu dans un état incapable de saisir les plaisirs auquel il se livrait alors, s’y noyant comme un alcoolique le ferait dans une boisson, par besoin, mais pas par délectation. Il ne devrait pour autant pas s’y laisser aller pour l’instant. Goûter le fruit ne ternirait pas son goût pour le prochain, mais risquer de perdre cet intérêt à l’égard de la forestière, la curiosité se trouvant un ardent tison du désir.

Aussi préféra-t-il couper court à la tentation, puisant dans ses forces restantes pour pousser sur ses cuisses et quitter le support de la table pour se retrouver debout et se diriger vers le balcon de ses appartements.

« Que savez-vous du comte de Ruyter ? »
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MessageSujet: Re: C'est une poupée qui dit...   C'est une poupée qui dit... Icon_minitimeDim 5 Juin - 11:53

La belle gardait l’apparence du calme qu’elle s’était imposé depuis le début de cette entrevue des plus dissymétriques. Heureusement le parti le plus puissant de cette conversation ignorait encore la véritable nature de son interlocutrice qui à sa décharge n’avait aucune mauvaise intention à l’égard du souverain. Elle lui avait été jetée en pâture par un intrigant à son insu et n’avait rien à gagner à une quelconque action agressive de quelque nature que ce fût. Le dit intrigant, de son côté, ne connaissait, semble-t-il, que les activités érotiques de la rouquine. Il en eût su plus, peut-être l’eût-il engagée pour une mission plus explicite qui aurait tout changé à la disposition d’Elië envers Thimothée Mannus. Malheureusement pour le comploteur, il avait ainsi froissé l’amour d’indépendance et de liberté de sa victime ne supportait pas qu’on la fasse participer contre son gré à des activités dont les tenants et les aboutissants lui échappaient. Nuire à un roi ne l’aurait sans doute pas rebutée. Le défi à lui tout seul pouvait justifier qu’elle se lance dans l’entreprise, mais le comte l’avait prise pour une vulgaire fille de joie jetable comme elles le sont toute sans doute dans son esprit comme, peut-être même, toutes les femmes. Sans doute incapable de comprendre ce qui leur arrive mais utilisables si besoin. Cette pensée suffisait à le condamner pour la rouquine, qui avait une trop haute opinion de ses activités pour pardonner le mépris dont elle s’était senti l’objet au fur et à mesure que son esprit d’analyse sans doute un peu paranoïaque, lui dessinait les intentions du perfide. Par conséquent, il suffisait que l’occasion de lui nuire se présente pour qu’elle l’exploite, même si la priorité pour l’heure était de survivre au piège dans lequel elle jouait le rôle d’appât.

Depuis quelques minutes, la belle se sentait plus détendue devant les propositions du monarque qui oscillait entre des désirs charnels et des projets plus pragmatiques concernant son règne. Une dichotomie semblait s’être opérée entre le corps du souverain et son esprit. Le premier semblait curieux d’en découvrir plus sur la plastique de son invitée. Les mains sur la peau de nacre et de soie n’en étaient que trop éloquentes à cet égard et la courtisane se demandait à quel moment elles s’aventureraient plus avant. Elle aurait pu l’y encourager, par curiosité ou test au choix, mais cela aurait pu être fort mal interprété par le mâle qui tournait autour d’elle, indécis sur la posture à garder à l’encontre de ce beau sexe. A l’opposé de la chaîne neurologique, le politicien ou le stratège semblait garder le contrôle pour s’attacher les services des talents qu’il se plaisait à deviner chez la belle que le hasard avait amenée jusque dans ses quartiers intimes. De son côté, elle attendait avec le plus grand intérêt ce que le souverain avait à lui proposer en échange afin d’évaluer dans quelle mesure elle pouvait sans crainte de perdre de sa précieuse liberté, elle pouvait accéder à la demande royale. Elle était d’ores et déjà consciente que le luxe et les positions près des puissants pouvaient très vite ressembler à une prison, une cage, dorée certes mais cage tout de même. Qu’il n’exige donc pas qu’elle habite au palais même si y avoir ses entrées pouvait se révéler utile et indispensable. Il lui était impensable de devoir pointer comme un petit soldat. L’encasernement, très peu pour elle ! Elle savait en revanche que ce qu’elle gagnerait serait accompagné de concessions. En serait-elle capable ? La réponse à cette question lui en apporterait bien d’autre sur elle-même et c’est sans doute ce qu’elle craignait le plus, se décevoir par des renoncements même minimes qui au final  vous mettent au même niveau de servilité que le plus bas des vautours de cour qui se sont mis eux-mêmes le collier de la dépendance envers leur suzerain. Dépendance de pensée, dépendance d’action, dépendance financière et de statut… Toutes ces pensées donnaient le vertige à la rouquine et torturait son esprit de frayeur bien plus lui paraissait-il que le crainte de finir emprisonnée ou exécutée qui la taraudait quelques minutes auparavant.

*Ne nous sommes pas trop avancées mon amour ?*

Si elle avait pu tenir la main de la Sindarine, elle se serait sans doute sentie moins seule au bord du gouffre dans lequel elle s’apprêtait à plonger.

*Nous n’avons pas encore dit oui ma toute belle. Nous avons encore la possibilité de décliner.
_ Quel sera le pas qui nous fera franchir le point de non-retour ?
_ Reste vigilante et tu le sauras.
_ J’espère que tu as raison ma précieuse.*


En tout cas les choses se précisaient plus vite qu’elle ne s’y attendait. Elle avait revendiqué sa position de courtisane et il la prenait aux mots. Il s’agissait de devenir la catin royale. Celle qui ferait tomber les cibles de sa majesté dans les filets de ses charmes. Et puis quoi ? Recueillir des informations ? Les rapporter au roi ? Sur le principe, elle n’était pas contre et les scrupules de la trahison ne la torturaient pas outre mesure. Ce qu’elle pouvait redouter était de faire cela de manière routinière qui la discréditerait à plusieurs niveaux. En premier lieu à ses propres yeux mais nous n’allons pas revenir là-dessus. En second lieu, une proie pourrait faire les frais de ses charmes mais elle serait sans doute bien vite repérée comme le cheval de Troie du souverain. Ce dernier argument pouv ait être un garde-fou à l’emprisonnement qu’elle redoutait tant. Pour l’heure, la prudence restait de mise et continuer à être la pauvre putain juste bonne à discuter luxure même si c’était en terme allusifs et choisi semblait propice à n’avancer que pas à pas. Un regard coquin qu’il ne lui était pas nécessaire de forcer illumina les yeux

« Au premier regard certes… »

La suspension de sa phrase était pleine de sous-entendus parmi lesquels il appartenait au roi de choisir. Entendrait-il qu’il était aussi un homme ? Qu’elle se faisait forte de le séduire lui aussi ? Qu’elle se tenait en tant qu’humble servante à sa disposition s’il changeait d’avis ? Il y avait sans doute un peu de tout cela et le monarque pouvait bien comprendre ce qu’il voulait, elle faisait confiance à son égo pour interpréter de la meilleure façon le silence qui avait fini sa phrase. De son côté elle commençait à trouver le jeu divertissant, peut-être un peu trop divertissant pour garder sa vigilance.

*Ma putain préférée devrait rester concentrée si elle ne veut pas se laisser entraîner sur un terrain qu’elle ne maîtriserait pas comme la colère d’un roi qui pourrait prendre la mouche.*

Et puis le roi ne semblait pas avoir noté la pointe d’humour ou de provocation selon comme il avait envie de l’interpréter et semblait tendue vers l’éclaircissement de sa proposition en direction de son invitée.

*Nos exigences serviront de garantie… Hum… Nous avons raisons de rester prudente.
_ Il a compris que plus nous demanderions et plus il nous attacherait à lui.
_ Au moins nous avons à quoi nous attendre.
_ A nous de bien jouer.*


Jouer ! Un mot qui pouvait la faire basculer dans les conduites les plus irrationnelles. Elle le savait mais ne pouvait pas toujours y résister. De quoi vous mettre à la torture, mais même cette torture la fascinait. Elle devait à chaque fois se prouver qu’elle pouvait l’emporter dans toutes les parties qu’elle engageait et parfois cela tournait mal et si elle avait jusqu’à présent réussi à se tirer de tous les mauvaises passes dans lesquelles son attirance pour le jeu  l’avait entraînée, elle se trouvait là dans une situation dont le péril était pour elle inédit. Cela suffisait pour l’instant à modérer ses ardeurs et son imprudence.

Elle garda le sourire mais cette fois un sourire d’admiration pour l’habileté du souverain.

« Votre majesté semble savoir bien plus de chose sur l’âme de ses sujets que moi, mais le marché me semble convenable. Permettez-moi simplement de vous livrer mes désirs au fur et à mesure qu’ils se présenteront. Je ne suis pas habituée à ce que tant de possibles s’ouvrent devant moi. Et justement puisque vous parlez de tâche, votre humble servante est moins sagace que vous ne semblez le croire.. »

Mais elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que déjà le roi se levait comme si les choses étaient entendues entre eux alors que justement elle voulait aborder le sujet des implicites qui étaient toujours sources de malentendus.. Mais après tout le propre des puissants n’était-il pas de laisser à leurs âmes damnées le soin de comprendre à demi-mot ce qu’ils attendent d’elles ? Elle le regard se diriger vers le balcon comme pour chasser une gêne ou reprendre contenance. Elle resta à sa place pour sa part ne manquant pas d’être surprise par le changement de sujet de conversation. Exit le Général Natalys et bienvenue au Comte Ruyter ! Etait-ce ce dernier qui motivait la paranoïa de Thimothée Mannus ou au contraire avait-il la confiance du monarque ? Ce qu’elle en connaissait ? Pu de chose en vérité que ne connaisse pas le commun des mortels. Elle essaya de rendre concise sa réponse qui de ce fait prenait un aspect formel qui ne lui était pas coutûmier.

« Le comte Ruyter ? Terran. La quarantaine. Votre ministre de la guerre je crois. Il passe pour riche, talentueux et colérique. Pourquoi ? Sera-t-il ma première cible ? Pour un galop d'essai, vous placez la barre haut.»

Cela n'était pour lui déplaire et c'était assez flatteur, mais elle notait que le roi ne semblait pas vouloir perdre de temps et si elle voyait juste, il allait la lancer sur un des personnages les plus puissants du royaume.
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