L'Aigle et le Corbeau

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 L'Aigle et le Corbeau

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MessageSujet: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeMar 14 Fév - 15:17


L'Aigle et le Corbeau

Ari'El . Irina

Irina reposa doucement sa brosse sur la commode et se regarda dans la glace d'une moue critique. Juniel avait brossé ses cheveux jusqu'à ce qu'ils brillent en cascades écarlates contre ses côtes, ensuite elle avait fait deux tresses jumelles partant de ses tempes et s'entrelaçant subtilement. Quelques mèches éparses encadraient son visage parfaitement calme, à peine maquillé.
Peut être avait-elle fini par s'habituer à ses rencontres diplomatiques ou peut être que les épreuves traversées depuis son ascension l'avaient endurcie. Ce qui était sûr c'est que la curiosité avait vite pris le dessus à la réception de la singulière missive venue de Cimmérium. En effet si le sceau de la cité lui était familier, l'écriture et l'auteur étaient inconnus.

Avec le temps il lui avait été donné de rencontrer nombre de gens de tous horizons, des plus modestes aux plus puissants ; pourtant c'était la première fois qu'elle interagissait avec membre du conseil depuis Ision Lorindiar, l'extravagant lord d'Aziah. Évidemment le nom de son invitée ne lui était pas entièrement étranger, le grand maître l'ayant mentionné quelques fois dans ses récits. Néanmoins la jeune femme ne s'était pas imaginée la rencontrer en personne et encore moins la recevoir en dehors de la cité céleste.
Voir un sylphide quitter son cher foyer restait exceptionnel, ce qui avait tendance à éveiller ses soupçons et lui faire craindre de mauvaises nouvelles. Enfin... l'heure n'était pas aux tragédies, déjà trop nombreuses sur les terres Isthériennes depuis les dernières années.
Distraite, elle se perdit dans ses pensées pendant plusieurs minutes. Ce fût sa servante qui la tira de sa rêverie.


« Le capitaine est dehors et il désire vous voir, ma dame. Apparemment les bannières de Cimmérium sont en vue. »
« Dites lui de les recevoir comme nous l'avons prévu. J'ai encore quelques détails à régler avant de les accueillir au château. »

Avec douceur Irina sourit à la jeune fille blonde, faisant tourner Exanimis à son doigt. Il lui faudrait juste une dizaine de minutes pour voir Aemyn, se donner courage et s'assurer que le dispositif de sécurité était bien en place. Après tout plus que l'affaire de la garde Nivérienne, c'était une affaire d'État. Tandis que la sindarine s'éclipsa pour convier son message, elle couva les vastes jardins qui s'étendaient au pied de son domaine d'un regard pensif.
Finalement la grande prêtresse se leva à regret après un dernier coup d’œil furtif, leva l'étoffe céruléenne de sa longue robe pour se faciliter la marche, et recouvrit ses épaules pâles d'un châle blanc. C'était loin de la température de Hellas mais l'après-midi était quand même plutôt fraîche en cette saison. Heureusement les soleils tenaces brillaient au dehors et réchauffaient l'air de leurs rayons.

Franchissant la porte de ses appartements, Irina dépassa les deux hommes en armure qui gardaient l'entrée et s'engouffra d'un pas décidé dans les longs couloirs du château. Comme le voulait le protocole elle avait prévu une escorte militaire afin d'accueillir la Conseillère, ce qui la laissait exposée à un dernier facteur imprévu. C'était difficile de prendre des dispositions adéquates sans savoir quelle taille faisait le comité d'accompagnement. Cela dit ce n'était rien de terriblement gênant étant donnés les ressources dont elle disposait maintenant.

Aujourd'hui l'émeraude de la bannière Nivérienne du corbeau enserrant le serpent flotterait haut aux côtés du bleu roi Cimmérien... Avant que l'Aigle Sylphide blanc et or ne vienne les rejoindre. Les gardes Eridaniens, les soldats nordiques, le peuple qui sentait quelque chose se tramait à cause du remue ménage... tout le monde était prêt à recevoir leurs invités, qu'ils soient nombreux ou non. Aussi la rouquine pressa le pas en direction de la chambre de son fils, avec la ferme intuition que d'une façon ou d'une autre sa curiosité se trouverait bientôt satisfaite. Il ne restait plus qu'à découvrir si la réalité était à la hauteur de ses attentes...

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeMer 15 Fév - 12:50

Décidément les derniers siècles passés à Castel Astria avaient eu raison de la résistance et de l’habitude à voyager qu’elle avait développées lors de ses pérégrinations de jeunesse. Heureusement les cent lieues nécessaires pour rejoindre la frontière Nord Est en suivant les racines des montagnes de Tantal avaient servie de remise en condition progressive. Elle avait subie stoïquement les remarques d’Alastor. Ce dernier ne développait jamais d’agressivité ou d’amertume envers la conseillère, mais énonçait simplement les faits. A quoi bon être le peuple le plus évolué et le plus glorieux d’Isthéria si c’était pour se ramollir en vaine activités cérébrales dans le confort de Cimmérium ? Pourquoi se replier dans les montagnes alors que le continent tout entier n’attendait que la lumière Sylphide ? Ce qui séparait les deux amis était la nature de la lumière Sylphide et la façon de la faire rayonner sur le monde. Ils le savaient tout deux depuis longtemps maintenant et elle n’en débâtait que lorsque son garde du corps la poussait dans ses retranchements, la questionnait directement sur le sujet. Elle tenait trop à son estime et son amitié pour l’affronter inutilement sur le sujet mais le respectait trop pour ne pas le laisser croire qu’elle partageait toutes ses vues lorsqu’il rompait son silence efficace de guerrier. Elle se contentait de lui sourire un peu tristement lui signifiant son amitié et le fait qu’elle pouvait comprendre ses positions même si elle ne les partageait pas toute et accessoirement qu’elle avait bon espoir de les voir évoluer.
 
Le pont sur le fleuve avait marque définitivement le début de leur aventure. Ils étaient maintenant en territoire étranger même s’ils étaient attendus et, elle l’espérait, les bienvenus dans le Duché de Nivéria. La duchesse était de l’avis de Kénian, et d’Ision Lorindiar une femme tout à fait remarquable. Elle gardait cependant une part de mystère pour la voyageuse. Tout semblait indiquer en effet qu’elle alliait humanité et implacabilité voire cynisme, qualités difficilement conciliables en une seule personne du point de vue d’Ari’El. Alors que Grimotho posait le sabot sur l’autre rive, elle avait senti l’angoisse lui nouer l’estomac, cette boule que les acteurs connaissent si bien et qui vous empêche de respirer jusqu’à ce que les trois coups aient retenti. Elle avait jeté un regard inquiet à son compagnon de route qui y avait répondu d’un hochement de tête rassurant. Elle savait dans ses instants pourquoi elle ne pouvait se passer de lui. Ils avaient choisi de voyager le plus discrètement possible malgré le peu de danger apparent de la première partie de leur mission. Evidemment leur nature de Sylphide ne pouvait passer complètement inaperçue, mais ils n’avaient pas la faste que certains de leur congénères pouvaient déployer. La dame était revêtue d’une tenue de voyage appropriée. Bottes propice à la monte et la marche lorsqu’il fallait ménager leur monture, une robes aux pans indépendants pour ne pas gêner l’assise en selle ni encore une fois la marche, le tout couvert par une longue cape de voyage à capuchon destinée à la protéger du froide de la saison, même si son peuple n’en souffrait que modérément. A son habitude, elle arborait des couleurs très claires, même si elle avait délaissé son blanc fétiche, consciente qu’il ne résisterait pas aux rigueurs du voyage et de la saison.
 
Heureusement, elle pouvait se féliciter d’avoir suivi les conseils d’Alastor et d’avoir emmené avec eux une bête supplémentaire, chargée de leur équipement soit d’un côté la tente légère pour les nuits de bivouac, et de l’autre, la petite malle de la diplomate et le sac tout militaire de son garde du corps. Il avait pris garde à bien équilibrer le bât et le tout permettait à la conseillère de ne pas s’inquiéter de son apparence ni de manquer de document ou autre accessoire auprès de ses futurs hôtes. Le tout avait été complété par une hampe qui recevrait la bannière de Cimmérium lors de leurs arrivées. Le bâton, fidèle compagnon depuis longtemps, avait été glissé dans son étui au flanc de la monture de la Sylphide, à portée de main tout comme la lance du guerrier…
 
 
Il avait fallu une petite semaine pour rejoindre Nivéria et un peu moins était nécessaire pour rejoindre la demeure de la duchesse. Pourquoi ce titre ne lui semblai-t-il pas compatible avec celui de grande prêtresse ? Elle avait vu d’autres cumul de fonction, mais elle ne savait trop pourquoi quelque il lui semblait percevoir ici un hiatus…
 
*Encore un a priori à chasser de ta cervelle de moineau !...*
 
Le territoire ne semblait pas particulièrement peuplé, mais l’activité y semblait frénétique. Les gens qu’ils croisaient semblaient tous requis à une tâche impérieuse et de fait, les villages étaient de bonne apparence, entretenus comme il se doit et de nombreuses demeures étaient partout en construction. Lors de leurs rares haltes, il était remarquable d’entendre de nombreux accents voire de dialectes différents. Les gens de tous horizons semblaient s’être donné rendez-vous ici… Autour des agglomérations les champs étaient entretenus soigneusement labourés pour accueillir les semailles du printemps. Sur les pentes des collines on reconnaissait les plantations de thé, de celui dont la conseillère était amatrice.
 
Enfin, au mi-temps du treizième jour, ils arrivèrent en vue du cœur du duché. Ils arrêtèrent de concert leurs montures en haut d’une petite éminence afin de marquer leur arrivée à destination. Sans mot dire, Alastor avait monté les couleurs de Cimmerium et ils étaient descendus vers la première rencontre du périple pour lequel ils avaient pris la route. La ville n’était pas de très grande importance. Si l’on exceptait les remparts solide même pour les yeux inavertis d’Ari’El, on n’aurait su dire qu’elle abritait le centre névralgique du territoire de Nivéria. Elle se mit à la place de son compagnon essayant d’imaginer ce qu’il pensait de l’endroit. Sans doute pas de bien… Les panaches de fumées des habitations montaient dans le ciel vif de la fin d’hiver augurant d’un certain bien être de la population.
 
Ils étaient encore à trois ou quatre jets de flèche lorsqu’une colonne de cavalier, bannière en tête sortit de la ville par la porte massive qui permettait de pénétrer la ville. Elle regarda le garde du corps qui gardait le plus grand calme malgré l’antipathie qu’elle connaissait de lui pour les autres peuples. Elle posa sa main droite sur le bras qui supportait la bannière.
 
« Merci mon ami d’être ici avec moi. »
 
Elle savait trop ce que lui coûtait de côtoyer des « inférieurs » et ne le respectait que plus pour les efforts qu’il faisait pour elle. Ils avancèrent sans hâte à la rencontre des cavaliers avant de les rejoindre et d’arrêter leurs montures face aux nouveaux arrivants qui stoppèrent leur colonne en un ensemble parfait. Celui qui semblait être le capitaine et héraut du détachement s’avança accompagné du porte-bannière. Il donna un coup de tête plutôt sec en guise de salut. Un peu raide, sans doute peu accoutumé à ces circonstances, il prononça les paroles de bienvenue rituelles.
 
« Envoyés de Cimmérium, Dame Irina Dranis, duchesse et protectrice de Nivéria, grande prêtresse de Kesha vous souhaite la bienvenue ! »
 
Elle s’était préparé depuis des semaines à ce moment pourtant elle crut perdre ses moyens au moment de répondre avant de se ressaisir et de prononcer d’une voix ferme mais bienveillante.
 
« Je remercie Dame Dranis de son accueil. Je suis la Conseillère Ari’El Miluiel et voici le seigneur Alastor et c’est un honneur pour nous d’être ici. »
 
Elle talonna doucement les flancs de Grimotho dont l’arc de son encolure lui donnait fière allure malgré les marques du voyage. Elle se porta à hauteur du capitaine qui fit volter sa monture tandis que le port bannière se positionnait à côté d’Alastor.
 
*Merci Alastor de supporter cela malgré ta fierté.*
 
Elle savait qu’il ne pouvait percevoir ses pensées que parce qu’il la connaissait sans doute mieux que personne, mais elle ne pouvait ne pas être reconnaissante de ce qu’il devait ressentir comme un déclassement. Le capitaine leva la main et la colonne s’écarta en ordre pour laisser le passage aux invités avant de se reformer derrière eux. Aussitôt le cortège se mit en route, descendit d’abord dans la vallée avant de remonter vers la cité construite légèrement en hauteur. Ils passèrent les portes et empruntèrent l’artère principale sous le regard étonnés mais accueillant des habitants. Ari’El les saluait à intervalle régulier de signes de tête et d’un sourire amène.
 
Bientôt, les habitations et les boutiques du centre-ville laissèrent place au pavé d’une grande place et au-delà, au parc au milieu duquel trônait la demeure de la duchesse, planté au sommet de la hauteur. Un portail élégant laissa pénétrer la colonne dont le tintement des sabots se métamorphosa en quittant le pavé et remonter l’allée de gravier en direction de l’escalier qui dominait le parvis du manoir.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeLun 20 Fév - 2:14







L'aigle et le corbeau



Le voyage de Cimmerium jusqu’au Duché de Nivéria dura qu’un peu plus d’une semaine. Il s’agissait ici d’une excursion qui pouvait être certainement considéré comme étant bref aux yeux de nombreux voyageurs habitués, mais pour le légionnaire chaque moment où il devait côtoyer la vermine et leur offrir un semblant de politesse le rendait presque malade. Toutefois, il pouvait au moins se réjouir à l’idée que le trajet fut sans réel soucis, car cela aurait pu rapidement compliquer les choses. Avec le temps en leur faveur malgré la saison, le trajet fut plus rapidement qu’il l’aurait cru.

Le premier jour suivant leur départ à l’aube, une douce brise s’était levée à l’Est. Les nuages qui se trouvaient dans les cieux étaient peu nombreux, ce qui encourageait le beau temps. Le second et troisième jour furent un peu plus frais et bien qu’il ne pouvait pas le ressentir lui-même leur monture elle avait été affecté par la température plus froide. Avec les longues nuits et la lueur du jour si rare, le cortège avait dû régulièrement s’arrêter et cela plus souvent que l’aurait aimé.

À mi-chemin entre Cimmerium et le Duché de Nivéria, le légionnaire continuait de consulter les cartes afin de trouver la meilleure route possible. Il ne cherchait pas nécessairement la plus rapide, mais préférablement la plus sécuritaire. Le temps requis afin d’atteindre leur destination ne fut point sa plus haute priorité depuis leur départ, préférable trouver un trajet offrant le plus se sûreté à la dame loin des murs du sanctuaire Sylphide. Cependant, la route n’était pas ce qui avait de plus inquiétant aux yeux du légionnaire. Il savait que leur arrivé était attendu au duché et sachant à quel point les autres peuples pouvaient être scrupuleux Alastor avait peu confiance en leur hospitalité. Certes, leurs hôtes savaient très bien qui allaient passer le portail, dame Ari’El avait fait tous les préparatifs nécessaires afin que cette visite diplomatique ne soit point une surprise. Toutefois, avec ces connaissances, les membres du duché pouvaient facilement tendre leur filet et attendre que les Sylphides soit à leur merci. Ces songes, Alastor ne pouvait les chasser de son esprit. Avait-il peur des peuples inférieurs ? De dire qu’il était sans crainte serait faux, car même les rats sont capables d’attaquer leur prédateur… si les autre peuplades craignaient moindrement la puissance des Sylphides, ils seraient certes capable de profiter de l’occasion.

Toutefois, ces songes ne furent point partagés directement avec la conseillère, car elle avait les siennes. Il se devait d’être fort et inébranlable… il se devait d’être prêt à toute éventualité ! C’est exactement ce qu’il faisait en songeant aux diverses possibilités.

Les jours continuèrent de passer et bientôt le duché de Nivéria s’éleva à l’horizon, la dernière ligne avant d’être sous le toit de ses méprisables mortels. Le légionnaire était une âme fière et cela était bien visible. Se tenant bien droit sur sa monture, sa longue crinière argentée était tressé afin de ne point être une distraction. Son armure, certes usé, possédait toujours fier allure, et sa lance, cette lame céleste, elle reflétait les rayons du jour. Leur bannière battait au vent, signalant qui ils étaient. Au loin Alastor pouvait apercevoir la bannière émeraude Nivérienne. Encore quelques minutes avant leur arrivé, encore quelques minutes afin d’évaluer ce qui les attendaient avant d’être à leur porté.

Les minutes passés dans les pensées passent toujours plus rapidement qu’on peut le croire et en peu de temps le cortège se trouvait aux portes. Il ne quitta que ses songes afin d’hocher la tête légèrement en guise de réplique suivant les remerciements de la conseillère. Le militaire préféra demeurer silencieux lors des échanges de politesse, ne désirant nullement ternir sa langue en employant leur dialecte. Il jeta d’abord un coup d’œil rapide sur leurs hôtes, analysant leur préparatif afin de prédire toute possibilité de danger, puis son regard se posa dame Ari’El. Il observa ses mouvements, ses réactions face à ce qui se trouvait devant elle. Il remarqua que les gardes semblaient agités, mais n’en toucha aucun mot à la conseillère, car il n’y voyait aucun péril imminent, se disant que cette agitation était probablement dû à leur arrivé. Étaient-ils intimités par la venue des Sylphides en leur cité, si on pouvait la qualifier ainsi, ou bien avaient-ils d’autre plans d’inscris dans leur agenda ? Ils devraient se sentir honorés de simplement poser leur regards sur eux alors qu’ils traversaient la cité. Alastor pouvait observer quelques curieux, mais ne reconnaissait point leur existence avec un seul regard. Regardant devant fièrement, la tête bien droite, les prunelles du légionnaire quittèrent l’horizon qu’à quelques rares occasions dans le but de mieux cerner la situation.

Leur accueil fut mieux qu’il l’aurait cru de ses barbares, il faut dire que le grand nombre de Sindarin présent avait certainement du influencer l’éthique général, car ils sont un peuple presque respectable. Descendant de sa monture d’abord. Il offrit ensuite son assistance à la conseillère. Leur hôte ne semblait point être en vue, mais se doutait qu’elle avait plus de yeux que nécessaire sur eux…


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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeMar 21 Mar - 13:40


L'Aigle et le Corbeau

Ari'El . Irina


« Je reviens te voir plus tard, c'est promis. Fais pas trop d'ennuis à Juniel, d'accord ? »

Irina posa une main taquine sur la petite tête d'Aemyn, dont elle décoiffa tendrement les cheveux sombres. Elle eut d'ailleurs toutes les peines du monde à retenir un rire lorsque ce dernier s'agita de son geste en faisant la moue, presque indigné que l'on daigne troubler sa royale crinière, comme si elle n'était pas constamment en bataille. L'enfant lui fit au revoir de la main avant de vite retourner son attention vers les petits soldats de bois avec lesquels il jouait.
D'un dernier soupir de regret la prêtresse se fit violence et quitta la pièce, combattant l'envie de céder à l'excuse de ses obligations familiales ou une des mille occupations plus agréables que son travail. Se donnant du courage en gardant à l'esprit le minois du chérubin, la jeune femme se dirigea vers le hall d'entrée d'un pas léger, et s'enquit rapidement que tout se déroulait comme prévu. Recevant confirmation de la part de son intendant, elle sentit un poids quitter ses épaules.


« Dame notre invitée est venue sans escorte, contrairement à ce que nous avons anticipé. Un seul homme est en sa compagnie. J'ignore si c'est un garde du corps, son époux, ou autre membre haut placé. »
« Je vois, merci. Voulez vous nous rejoindre pour le repas, sire Davos ? »
« Ma tendance à l'embonpoint me force à décliner votre généreuse offre, ma chère. Je vais continuer à travailler quelques heures encore, j'ai bon espoir de stabiliser le mécanisme de levée et de poussée de mon prototype avant demain. Néanmoins n'hésitez pas à me mander si le besoin se fait sentir. » Son regard s'enflamme déjà de passion à la mention de ses recherches, et le sourire sur ses lèvres lui donne l'air d'un grand-père comme tant d'autres.
« Je n'y manquerai pas, au moins pour le plaisir de votre compagnie. »
« 'Me faites pas ça, je suis arrivé à me tenir ces dernières semaines... »

Un petit rire sincère souleva la poitrine d'Irina, qui y fut d'encore quelques taquineries avant de se séparer de son intendant. Enveloppée du réconfort de sa bonne humeur, la prêtresse se dirigea enfin vers l'entrée du château, talonnée d'Isköld et Kallen, ses gardes du corps. Le premier est un enseignant fort bien habillé et aux manières impeccables, aux cheveux châtain mi-longs attachés en queue de cheval brillant sous la lumière pâle. Le deuxième est un sindarin aux cheveux clairs et à la peau halée, guerrier de peu de paroles et à la posture effacée, respirant le sérieux par tous les pores.

Isköld se tint presque à la hauteur d'Irina comme le ferait un convive ou un ami, tandis que Kallen maintint clairement l'attitude d'un soldat qui a sa mission pour seule idée en tête. En outre ils discutèrent calmement de tout et de rien en haut des marches du manoir, dans l'attente de recevoir leurs invités. Les deux porte-bannière arrivèrent en premier et se disposèrent de part et d'autre des marches, sans toutefois crier le nom des arrivants ou sonner du cor. Ce genre d'extravagances auditives n'était vraiment pas du goût de la duchesse, cela dit tout le reste du protocole fut respecté au détail et les deux sylphides furent accueillis comme il se doit en terres Nivériennes, escortés par le capitaine Leto.
Ce dernier salue Irina d'une révérence marquée par le cliquetis de son armure, avant de présenter les deux personnalités. Sur ce il s'inclina également vers eux et recula de plusieurs pas, donnant son introduction pour terminée. Irina reprit donc le flambeau de la façon respectueuse et simple qui fait sa marque de fabrique. C'est en langue sylphide avec un léger accent qu'elle s'adressa à Ari'El et Alastor, d'un ton calme et confiant.


« Soyez la bienvenue à Nivéria, dame Miluiel. Et à vous également, sire... ? »

Son regard inquisiteur se posa sur le légionnaire, dont elle attendit le nom. Après tout c'était la moindre des politesses que de savoir qui elle allait accueillir sous son toit. Sans animosité elle le regarde dans les yeux, curieuse de voir ce qui se cachait derrière ces yeux froids et fuyants.
Ils venaient à peine de se rencontrer et déjà Irina était intriguée. Mais après tout quoi de plus naturel, étant donné ce choix si singulier et réduit dans l'escorte ? Cet homme devait avoir la confiance totale et entière de la part de la conseillère, ce qui ne manquait pas d'attirer l'attention. Généralement les sylphides haut placés aimaient se déplacer avec de nombreuses personnes à leur suite, Irina l'avait constaté de près avec Ision Lorindiar et le grand maître Kenian Nelariel. Enfin... peut être dame Ari'El était du genre plus discret. Ce n'est pas elle qui irait s'en plaindre, car ce genre de folie des grandeurs avait le don de vite la gêner.

Les saluant de la tête, la rouquine s'enquit des conditions de leur voyage ainsi que de leur bien être, écoulant ainsi patiemment toutes les civilités d'usage les unes après les autres. Les invitant à entrer elle les guida à travers les portes jusque dans le hall principal, une pièce immense dont le sol de marbre blanc brillait comme un miroir. Devant eux se dressait le long escalier de pierre menant à l'étage ainsi que les portes au fond donnant sur l'arrière cour, sur les côtés les entrées menant aux ailes est et ouest. Plusieurs tableaux et portraits anciens recouvraient les murs, nombre d'objets exotiques tels que des armes de collection et des statuettes étaient exposés en remplacement des habituels trophées de chasse du style Eridanien.
Cette décoration et les nombreuses fenêtres offraient un peu de gaieté et de lumière à cet espace d'accueil, les berçant de chaleur accueillante et non de faste. C'était spacieux et soigneusement entretenu quoique volontairement modeste si l'on prenait en compte les dimensions de ce domaine seigneurial ; les seules parties véritablement luxueuses demeurant la bibliothèque et les jardins.
D'un geste de main accompagné d'un sourire Irina mena la marche vers le fond de la salle et au delà, vers le porche donnant sur les fameuses allées fleuries, l'endroit idéal pour discuter autour d'un thé et un bon repas.


« Venez donc vous désaltérer, confortablement installés à l'ombre. Faites-moi savoir s'il vous faut quoi que ce soit d'autre. Mettez vous à l'aise, surtout. »

Elle leur désigna de la main une table ronde où les couverts avaient été dressés pour quatre aussitôt le nombre de visiteurs confirmé. Une grande corbeille de lauriers roses, amarantes, arums et lys ornait le centre de la table, par ailleurs aussi couverte de toutes sortes de mets fins. Du sucré autant que du salé, des fruits, de la cuisine Eridanienne, Cimmérienne et même Sindarine. Le tout accompagné de vins rouge et blanc, d'hydromel ou de thé, selon les goûts et les envies des uns et des autres.
L'endroit lui même était protégé du vent et sauvegardé des rayons directs, illuminé par cette après midi ensoleillée qui offrait un décor intime et plaisant à leur entrevue. Kallen était le seul homme de main en vue et gardait l'accès vers le bâtiment, se tenant très droit devant les portes avec un air austère mais paisible sur le visage. Irina avait longtemps planifié ce compromis entre diplomatie et liberté, ce pourquoi tous les accès extérieurs étaient consciencieusement gardés à distance de façon à ne pas imposer la présence de tiers plus que strictement nécessaire.

Enfin elle invita les deux sylphides à prendre place, avec Ari'El à sa droite et Isköld à sa gauche. Ce dernier se présenta galamment de façon à tirer la chaise pour la conseillère, puis s'assit à sa place une fois que les dames furent installées. Irina sourit depuis son siège dos aux jardins, ce qui laissait la plus belle vue à ses hôtes.


« Je vous présente Eren Isköld, Eclari enseignant à la jeune école de Nivéria, professeur en théologie et recherches magiques, mon proche conseiller et ami. Il a étudié à Cimmérium il y a de ça quelques années, aussi il m'a paru naturel de l'inviter à rejoindre cette conversation au moins en souvenir du bon vieux temps. J'espère que vous n'y voyez pas d'inconvénients. »

Elle sourit aux présents tout en observant Juniel approcher de son air enfantin, guettant la moindre demande de la part des convives. Aussi comme pour les encourager à exprimer leurs besoins, la grande prêtresse se fit servir la boisson typiquement Nivérienne, récemment infusée et encore bouillonnante dans une grande théière en porcelaine.
L'odeur de thé vert lui chatouilla agréablement les narines alors qu'elle réchauffait ses mains autour de la tasse, son attention tournée vers Ari'El et les mots mystérieux de sa missive. Néanmoins elle contint sa curiosité, décidée à laisser sa vis-à-vis aborder le sujet quand elle le jugerait bon.


« J'espère que votre voyage s'est déroulé sans encombres depuis votre rayonnante cité. » Elle joue silencieusement avec sa cuillère, fascinée par les tourbillons dorés. Pensive, elle parle d'une voix basse. « J'espère également que son Éminence le Grand Maître se porte bien, cela fait quelques semaines depuis que j'ai eu le plaisir de lire de ses nouvelles. » Machinalement elle porte une main à son cou, où brille un collier d'argent aux entrelacs complexes, une pièce unique au style typiquement sylphide.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeDim 26 Mar - 14:21

Spoiler:
Elle prit une grande inspiration pour chasser un trac soudain. Sa tournée diplomatique commençait réellement et elle en prenait à présent conscience avec tout le poids qu’une pareille responsabilité pouvait représenter.

Les trois personnages en haut des escaliers ne laissaient que peu de doute sur leur identité. La femme ne pouvait être qu’Irina Dranis, Duchesse de Nivéria tandis que les deux hommes se partageaient les rôles de conseillers sans doute pour l’un et de militaire sans doute garde du corps pour le second dont l’attitude hiératique ne laissait que peu de doute. La femme avait tout de celles qui savent ce qu’elles veulent et qui ont déjà vécu maints événements. Elle n’avait pas l’allure lisse des Sylphide mais une beauté indéfinissable émanait d’elle. Tandis que le capitaine de l’escorte se présentait devant la Duchesse, Ari’El maintint sa posture digne en selle attendant que la maîtresse des lieux prenne la parole et indique que le voyage des ambassadeurs touchait provisoirement à sa fin. C’est alors qu’elle mit gracieusement pied à terre. Gracieusement parce que les jours de voyage lui avaient permis de reprendre l’habitude des longues journées de cavalcade et la prémunissaient maintenant des raideurs qui vous font penser que les muscles de la marche ont disparu alors que vous posez le pied au sol.

Elle adressa un sourire courtois, agréablement surprise d’entendre parler Sylphide même si elle était au courant que la femme était une amie de son peuple,  avant de répondre à l’interrogation de la noble dame en parler Eridanien afin de rendre la politesse à la maîtresse des lieux.

« Seigneur Alastor, mon garde du corps et ami depuis fort longtemps. »

Son regard franc à l’égard de leur hôtesse fut accompagné d’un geste de présentation à l’intention de son compagnon de voyage qui n’avait toujours pas desserré les dents depuis que l’escorte était venue à leur rencontre. Elle inclina le buste avec douceur en regardant le sol.

« Nous vous remercions de votre accueil Dame Dranis en espérant ne pas apporter le désordre en votre domaine. »

Elle savait que recevoir une ambassade étrangère fusse-t-elle d’un autre peuple que les Sylphide demandait une certaine organisation et un déploiement de moyens souvent sans proportion avec l’événement lui-même, raison supplémentaire pour se féliciter de n’être venue qu’en délégation réduite, elle savait de ses anciens voyages que son peuple avait la réputation de manquer « un peu » de modestie. La seule contrepartie était de donner l’impression de prendre leurs hôtes pour quantité négligeable, mais elle se faisait forte de dissiper cette impression. Or, si la Duchesse avait été froissée de quelque manière, elle n’en laissa rien paraître et se comporta en parfaite maîtresse de cérémonie et la Sylphide se détendit bien vite, répondant aux politesses d’usage d’un ton digne mais sans simagrées inutiles. Biensûr le voyage s’était bien passé et ils étaient heureux d’être arrivés et de se sentir aussi bien accueillis. En son for intérieur elle se demandait comment Alastor entendait cette conversation lui le militaire accoutumé à aller droit au but et le Sylphide peu amène à l’égard des autres peuples.

Les deux femmes n’étaient certes pas entrées dans le vif du sujet que représente le déplacement d’une ambassade en terre étrangère, mais la Dame blanche avait le pressentiment qu’elle ne pourrait qu’apprécier la Duchesse de Nivéria qui les guidait avec une classe naturelle sans prétention ni raideur. Son invitée, de son côté, ne se privait de de jeter des regards admiratifs devant l’organisation méticuleuse et le goût du manoir. Elle devait bien en convenir, ils étaient là, bien loin du style épuré que les autres peuples qualifient parfois de froid de Cimmérium, mais chaque chose était à la place qu’elle devait occuper et le tout entretenu avec soin. Comme souvent, déboucher de l’autre côté du manoir faisait un peu le même effet que passer la frontière entre deux mondes, passer du monde des apparences et de l’apparat pour entrer dans celui des goûts plus profond du propriétaire et le lumière qui les accueillit augmenta encore cette impression.
Visiblement le printemps était un peu en avance dans ces jardins et la dame blanche se laissa pénétrer des parfums des premières fleurs avant de faire ses premiers pas dans les allées en direction de la table que leur désignait Irina Dranis. Elle prit le temps d’admirer la table et le tableau qu’elle faisait dans ce cadre. Elle en fit le tour à un deux mètres de distance comme si elle cherchait à saisir le meilleur point de vue. Décidément la Duchesse avait du goût et savait recevoir elle ne put retenir son admiration.

« C’est magnifique Dame Irina !
Des lys ! J’ai une affection particulière pour ces fleurs… Les vôtres sont splendides !»


Elle délaça la fermeture de sa cape de voyage et chercha des yeux où la poser. Comme répondant à un signal une femme de chambre accourut d’on ne sait où et la débarrassa et s’éloigna avec en direction du bâtiment

« Je vois que votre table est le carrefour des cultures. Vous semblez exceller à prendre le meilleur où qu’il se trouve »

Si la Sylphide n’avait pas un besoin irrépressible de se nourrir de par sa nature, elle savait cependant goûter ce qui flattait le palais et la table de son hôtesse laissait présager des moments bien agréables. Avec la brise déjà parfumé par le végétation renaissante, lui parvenait les aromes corsés ou délicat des plats disposés à avec soin sur le plateau couvert d’une nappe tombant en drapé délicat tout autour donnant l’impression que le tout était en lévitation au-dessus du jardin.

L’ambassadrice obéit bien volontiers à l’invitation de la Duchesse adressant un sourire reconnaissant à la prévenance de celui qui serait plus tard présenté comme Isköld au risque de froisser Alastor qui s’était vu pour une fois devancé par la diligence de quelqu’un qu’il ne devait pas porter plus en son cœur que le reste des barbares qui peuplent le monde.

Elle écouta la présentation du galant homme avant de répondre en inclinant aimablement la tête sur le côté en signe conciliation.

« Enchanté Maître Isköld, vous devez être donc être un érudit des plus accomplis. »

Puis elle redirigea son regard vers la maîtresse des lieux.

« Nul inconvénient au contraire. Il est tout naturel que vos proches vous entourent. D’ailleurs vous ne cessez de nous allécher depuis notre arrivée et je serais ravie que vous me parliez de « la jeune école de Nivéria ». Encore une fois, vous semblez vous entourer des meilleures compétences et vos élèves se verront sûrement promis à un bel avenir. Je regrette simplement ne pas avoir croisé vos pas à Cimmérium. Le hasard ne fait pas toujours bien les choses. J’espère que vous aurez gardé un bon souvenir de l’accueil des Sylphides. »

Ses yeux était passé de l’un à l’autre pour accorder à chacun l’attention qu’il méritait. En fait c’était devenu une seconde nature depuis qu’elle travaillait les relations et qu’elle souhaitait le faire dans l’intérêt de chacun. Au contraire, elle devait se faire violence pour manifester la rigueur qu’exigeaient parfois des échanges plus musclés. D’aucuns la rassuraient sur ce point et la récente joute verbale qu’elle avait dû consentir pour arracher l’autorisation d’initier sa tournée en était une preuve.

Mais encouragée par Irina Dranis qui s’était faite servir sa boisson préférée, elle poussa sa tasse de quelques millimètres en jetant un coup d’œil à la servante empressée pour lui signifier qu’elle se laisserait bien tentée… Elle laissa ses yeux contempler le liquide ambré emplir la tasse de fine porcelaine translucide avant de la saisir avec délicatesse et la porter à hauteur de visage en croisant le regard de la grande prêtresse pour signifier qu’elle appréciait tout particulièrement ce moment et cette boisson.

« Notre voyage s’est déroulé aussi bien que possible merci. Quant au seigneur Kenian, il se porte fort bien. Cimmérium peut toujours compter sur lui pour prendre les meilleures décisions possibles »

Elle fixa son regard sur le bijou qui mettait en valeur la beauté de son hôte.

« Il vous transmet d’ailleurs ses salutations et tous ses vœux pour que le destin sème le meilleur sous vos pas. »

Elle approche de ses lèvres le bord de la tasse afin de laisser les arômes végétaux caresser ses narines et évaluer la chaleur du liquide avant d’en faire couler doucement une gorgée dans sa bouche et de laisser un léger sourire de contentement étirer ses commissures.

« Décidément, le thé de Nivéria n’a en rien usurpé sa réputation. »

Puis elle reprit un air plus grave tout en gardant la tasse au bout des doigts.

« Mais vous vous demandez quel peut bien être l’intérêt de cette visite. Évidemment nous pourrons évoquer tout cela dès que vous le souhaiterez, mais sachez que comme je vous l’ai écrit, c’est dans un but tout à fait pacifique. »

Elle n’était pas bien certaine que la Duchesse désire aborder d'emblée la question, mais elle se devait de lui signifier qu’elle y était toute disposée si son hôtesse le souhaitait.
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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeDim 7 Mai - 3:34







L'agle et le corbeau



V oilà que les courbettes et politesse avaient débuté, de voir un Sylphide s’incliner ainsi face à une Terrane était presqu’une insulte.  Toutefois, avalant ici sa fierté et son égo, le légionnaire demeura silencieux.  Ce dernier était conscient que tout ce jeu faisait partie du traintrain habituel venant avec le monde politique.  Bien qu’il n’apprécie guère être en présence d’une espèce inférieur, il se devait d’agir en bon soldat.  Il se comptait heureux de ne point avoir eu besoin d’adresser la parole aux vulgaires rapaces.   Il devait se montrer tout aussi diplomate, laissant son désir de leur monde retourner vers la poussière derrière lui.  

Afin d’éviter de démontrer toute intention hostile envers les autorités locale, le légionnaire dû laisser partir ses armes.  Certes, les domestiques de la maison l’avait rassuré que le tout allait être conduit à leur quartier, et que leur montures allaient recevoir les soins nécessaires après un tel voyage, mais Alastor possédait très peu confiance en eux, voir aucune.  Ils cherchaient possiblement à les rendre un peu plus vulnérables, mais si ces insolente créature connaissaient la moindre chose à propose de la culture Sylphide, à propose de la Légion blanche… c’est qu’une lame n’est point la seule arme que le légionnaire possède.

Contrairement à son désir, il se pencha légèrement, saluant les hôtes de la maison. Celui-ci évita de démontrer le moindre dédain envers ceux-ci, et le fait qu’il était presque outrer par le massacre de sa langue maternelle.  Il se serait habituellement complètement moqué de connaitre leur noms, leur titre prétentieux et sans réel mérite, pour le moment il se devait de les connaitre.  Est-ce que leur importance était capitale ? Bien sûr !  N’est-il pas important pour le lion de connaitre l’odeur de la gazelle ?  De reconnaitre grand le serpent risque d’attaquer et les manies trahissant ses intentions ?  Dame Dranis, un éclaris du nom d’Isköld, des titres, des rôles tout comme chaque pièce d’un jeu d’échec.  Certes les pièces actuels possédaient une certaine réputation, du moins c’était le cas pour la dame, car son nom avait su voyager jusqu’à Cimmerium.

Parcourant les couloirs, observant l’architecture et les habitants des lieux, notre militaire tentait de garder en mémoire les détails qu’il jugeait important.  Les portes, les fenêtres, le nombre de soldat… et bien plus.  Oh il avait senti le regard inquisiteur de la duchesse se poser sur sa personne et le soutenu même durant un moment lors de leur petite tournée des lieux.   Elle était audacieuse, et posséder une certaine force en son regard, il devait lui donner ça.  Est-ce que cela venait avec sa position sociale actuelle ?  Est-ce que le fait qu’elle se trouvait hiérarchiquement au-dessus de nombreux faisait en sorte qu’elle s’était approprié cet air?  Certes, même les insectes peuvent paraitre fière si on leur en donne l’occasion… elle aurait possiblement fait une excellent Sylphide si ce n’était de son plus flagrant défaut… Enfin, il pouvait au moins apprécié l’effort que celle-ci avait fait de les accueillir dans la langue Sylphide.  Certes, son accent, sa prononciation des syllabes étaient loin d’être parfaite, mais les intentions étaient bien présentes.  Quels étaient ses intentions ?  Charmer ses invités ?  Les faires sentir à leur aise ?  Démontre qu’elle était tout aussi sophistiquée qu’eux ?  Les mortels étaient si sournois…

Suivant les maitres de la maison, il prit place auprès de la noble dame Sylphide.  Une table avait préalablement été arrangé afin d’accueillir les invités d’honneur.  Un honneur en effet, il est non seulement rare que les Sylphides quitte leur cités, et encore plus rare que ceux-ci possède une si haute importance. La populace locale devait se sentir privilégiée, non seulement vu l’importance de leur visiteur, mais aussi du fait qu’ils aient encore le droit d’exister en ce monde.  Bref, cet opinion sur la chose est presque sans importance, car les évènements ne s’arrêtaient point afin d’ouvrir la parenthèse sur le sujet et puis les échanges actuels entre les deux dames ne possédait aucune hostilités.

Ayant pris place aux cotés de la conseillère, le légionnaire possédait une posture exemplaire. Prêtant l’oreille aux échanges entre les dames, il ne consomma rien de ce qui lui avait été présenté avant d’un peu plus évalué la situation. N’ayant aucune confiance en les mortels, il se demandait si le tout n’avait pas été empoisonné.  Cela aurait certainement été très audacieux… accepter d’accueillir un membre du conseil afin de l’assassiner, une action pouvant déclencher une guerre, mais ayant entendu le bruit courant concernant leur hôte… il savait qu’elle était capable de bien des choses.   Toutefois, après un moment d’observation, Alastor pris en sa main la tasse qui lui fut servis.  Les mouvements de l’homme étaient gracieux et précis, un mélange de son héritage et de sa profession reflétait dans sa conduite.  Il n’échangea aucune parole et préférait garder les choses ainsi le plus longtemps possible, car sa présence était que par mesure de sécurité pour la dame.

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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeMar 9 Mai - 8:26


L'Aigle et le Corbeau

Ari'El . Alastor . Irina

Adossée contre les coussins de son siège, Irina observait ses trois convives et la différence nette dans leurs comportements et expressions. C'était bien quelque chose qui ne changeait jamais en dépit des personnalités qu'elle avait pu croiser : toutes et tous avaient ces infimes singularités qui en disaient long, ces nombreux détails qui les différenciaient individuellement et en disaient plus long que n'importe quel discours. Ce qui l'intéressait dans cette rencontre ce n'était pas l'échange d'aménités et de politesses, cette vulgaire et inévitable pollution de desseins. Son intérêt était ailleurs, dans la fraîcheur rêveuse d'Ari'El et le regard limpide de mépris d'Alastor. Une myriade d'éléments volontairement passés sous silence ou recouverts de faux-semblants,... et qui avaient d'autant plus d'importance.

Acquiesçant sans un mot à ce nom totalement inconnu, Irina sourit non sans une pointe de sarcasme. Il était charmant de voir que 'sieur Alastor -fringant seigneur de lignée visiblement inconnue- avait besoin qu'on prenne la parole et fasse les présentations pour lui. À croire que c'était lui faire trop d'honneur que de daigner ouvrir la bouche. Tapotant des doigts sur la table la duchesse finit par doucement reposer son menton dans sa paume, l'air pensif. Des gens comme lui, elle en avait rencontrés plus que de raison.
Tous l'avaient prise de haut en le cachant plus ou moins bien derrière leurs grand airs ; beaucoup l'avaient critiquée ou injuriée dans le dos plus souvent qu'en face, et souvent les magnats les plus rodés y étaient allés d'une épaisse couche de condescendance. Depuis deux décennies le dédain manifeste était habituel, à tel point qu'il ne suscitait plus grande émotion chez elle si ce n'est peut-être une certaine lassitude face au jugement gratuit et un tel manque d'originalité dans les idées reçues. Non que ça l'ait arrêtée dans son ascension, remarque.

D'ailleurs il n'y avait pas trente-six façons de se débarrasser de ces gens-là, aussi il valait mieux les ignorer complètement pour en arriver aux choses sérieuses, ce concret que leurs a priori leur faisaient constamment oublier.
Souriant doucement, Irina contemple la jolie corbeille de fleurs qui déborde de vie dans un arrangement qu'elle avait personnellement choisi. S'inclinant brièvement sous les louanges, elle gratifie la conseillère de quelques explications sur la très diversifiée flore de Nivéria.


« Ces fleurs pavent nos forêts et poussent même dans les parties plus montagneuses du royaume. C'est curieux comme elles sont capables de s'endormir sous terre pendant l'hiver et néanmoins réapparaître fortes et élégantes lorsque la belle saison s'installe. »

D'ailleurs les lys étaient encore rares, la floraison n'étant réellement attendue que dans quelques mois. Là encore, il ne fallait pas s'attendre à ce que ces êtres centenaires sachent donner sa juste valeur à une beauté aussi éphémère. Il était facile pour eux de traverser les âges sans savoir la force nécessaire à résister à l'emprise du temps, sans connaître le combat des mortels poussés par le besoin de laisser une emprunte durable sur le monde.
Le sourire de la rouquine se fit secrètement amer tandis qu'elle faisait tourner l'anneau à son doigt. En dépit de ce qu'ils pensaient, elle n'était pas une énième Terrane dont la longévité avoisinait pour eux un battement de cils. En réalité son âme conjointe à celle d'Exanimis lui procurait une expérience de vie, un savoir et une existence bien supérieure à leurs vies mises bout à bout. Cela dit, contrairement à eux Irina savait se satisfaire d'un modeste plaisir personnel plutôt que de céder à ces concours enfantins d'immortels en manque de sensations fortes.


« Des invités de marque méritent le meilleur, aussi j'ai voulu vous faire profiter du fruit de mes voyages. J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à demander autre chose si cela ne convient pas à vos envies. Je ferai en sorte de vous contenter au mieux, dans la mesure de mes moyens. »

Isköld prit place après avoir salué les deux sylphides d'une galante courbette, montrant un étonnant sens de l'étiquette pour un professeur. Il était facile d'en conclure qu'il avait déjà fréquenté toutes sortes de nobles milieux, ce qui n'était pas loin de la vérité. Il posa une main sur sa poitrine et baissa le regard d'une moue amusée avant de s'asseoir face à son interlocutrice. Enfin il échangea un regard avec Irina avant de prendre les devants et poursuivre l'explication sur l'école de Nivéria, étant donné qu'il était la personne en charge.

« Vous m'honorez de bien trop d'éloges, votre Grâce. » Son sourire s'élargit à la permission tacite de poursuivre et il regarde Ari'El dans les yeux, quoiqu'il ne lui vienne pas à l'esprit une seule seconde de lui manquer de respect. Au moins savait-il se restreindre, habitué qu'il était à fréquenter les mystérieux sylphides. « La Grande Prêtresse Dranis a très tôt manifesté l'ardent désir d'assurer l'avenir Nivérien par des projets à long terme. Pour cette raison lorsque nous avons entamé les rénovations visant à redonner vie au village laissé à l'abandon, il a été décidé qu'un établissement scolaire devrait faire partie de nos priorités. »

Sa voix est douce et basse, presque paternelle en dépit de l'étincelle vivace qui brille dans ses yeux joueurs et curieux. Il prend une pause afin de se faire servir une coupe de vin, avant de continuer. « Au départ nous avons pensé récupérer un bâtiment existant, mais finalement avec l'aide et l'effort de nos artisans nous avons opté pour une construction de racine. » Il porte la coupe à ses lèvres et exhale un soupir approbateur. « Hum, parfait. » Isköld s'adresse principalement aux deux jeunes femmes, étant donné qu'Alastor ne manifeste aucun signe de vouloir s'exprimer. Néanmoins l'Eclari fait en sorte de ne pas l'exclure complètement, si tant est qu'il change d'avis.

« Nous avons inauguré le bâtiment principal l'année dernière, après un an de dur labeur. L'endroit est à l'image du reste du duché... modeste mais d'une beauté à nulle autre pareille. Je me ferai un plaisir de vous faire visiter si votre Grâce en manifeste l'envie dans les prochains jours. Ne vous forcez pas, cela dit. Le voyage a dû être fort éprouvant. » Son œil pétille d'intelligence et son approche plutôt terre-à-terre laisse bien clair qu'il n'agit pas par simple formalité.

« Oh m'en voilà soulagée. Il est vrai que cela fait maintenant longtemps que nous avons tous deux manifestés l'envie de nous revoir, seulement nos obligations mutuelles ne nous ont pas facilité les choses. »

Irina sourit avec nostalgie, s'interrogeant sur ce que pouvaient bien savoir Ari'El et Alastor sur Kenian... l'homme derrière le Grand Maître. Pas grand chose, sans doute... après tout ils n'avaient jamais été mentionné comme des amis intimes. Enfin là encore, en avait-il seulement en ses propres murs ? Sans doute pas. L'air rêveur, Irina se laisse absorber par les spirales de son thé, le regard perdu sur le lointain.

« Il y a plusieurs années j'ai été officieusement invitée à devenir une citoyenne sylphide. Malheureusement les circonstances politiques ainsi que ma santé ne l'ont point permis et j'ai dû décliner, aussi il est hautement improbable que le conseil en ait été informé. »

Irina regarda avec un brin d'espièglerie en direction d'Alastor, que cette nouvelle devait sûrement estomaquer. Elle se garda bien de s'étendre sur les détails qui de toute façon ne regardaient nul autre que les deux seuls concernés. Et dire que certaines rumeurs lui prêtaient une secrète romance avec Kenian... C'était plutôt drôle, tout bien réfléchi.

« Je ne suis pas vraiment inquiète quand aux intentions du peuple Sylphide. Il n'est point dans leurs habitudes de se mêler des conflits externes. De plus si d'aventure j'avais causé le courroux de votre peuple, je pense que je serais la première au courant de mon affront. Quoi qu'il en soit je dois m'avouer curieuse, après tout une telle initiative est une première à ma connaissance. Pourriez-vous au moins me dire ce qui vaut un changement d'approche aussi radical ? »

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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeLun 23 Oct - 10:25

Elle n’avait pas besoin de le regarder pour sentir la tension qui parcourait son ami et garde du corps. Outre le fait qu’elle le connaissait par cœur, lui et sa vision des autres peuples, de multiple signes imperceptibles trahissaient son malaise de côtoyer les races qu’il considérait comme inférieures. Il faisait tous les efforts qu’elle lui demandait et qu’il lui avait promis, mais les convictions profondes et les ressentis qui vont avec ne se dissimulaient pas si facilement à une amie. Elle espérait juste que Dame Dranis ne s’en apercevait pas ou qu’elle mettait cela sur le compte des raideurs occasionnées par un trop long voyage ou encore de la discipline militaire. Discipline qui associée à l’amitié, enfin le croyait-elle, l’empêchait de mettre en péril la mission de la conseillère.

Pour le moment, les préliminaires allaient bon train et chacun était dans sa partition, mais elle savait par le portrait qui lui en avait été dressé avant qu’elle ne quitte Cimmérium que son hôte n’était pas du genre à laisser se perdre de précieuses minutes et entrerait assez vite dans le vif du sujet si elle-même ne le faisait pas. Elle avait eu le loisir de s’adapter et d’admirer le cadre que leur avait concocté la grande prêtresse et duchesse de Nivéria, il allait bientôt être temps d’en venir aux motifs de cette rencontre qu’elle avait tant souhaitée.

Alors que son garde du corps se débattait contre ses pulsions culturelles, la conseillère savourait ce moment qui scellait la première partie d’un travail dont l’origine remontait à des décennies et pour lequel elle n’avait pas ménagé sa peine. Elle ne perdait pas de vue ni la réticence de bien des conseillers ni les mises en garde de Kénian contre une ouverture trop rapide de Cimmérium au monde ne serait-ce que par diplomatie intérieure autant qu’extérieur. Elle connaissait parfaitement les limites de son mandat et c’était bien la seule chose qui la mettrait en difficultés pensait-elle. Elle craignait fortement que ses différents hôtes n’en attendent plus que ce qu’elle pouvait apporter dans un premier temps et qu’en même temps le conseil ne lui reproche d’en avoir trop fait. Elle savait qu’elle serait sur la corde raide et que chaque mot compterait. Elle misait sur des débuts de relation et la création d’un embryon de réseau et de projets d’échanges peut être qui n’engageraient pas Cimmérium dans son essence. Revenir dans son pays avec la description de personnes de bonne volonté serait déjà une petite victoire pour elle car elle savait que ses objectifs dépassaient sans doute ce qu’elle pourrait obtenir de ses premières entrevues.

Etait-il possible que sur l’école et l’éducation il y ait une ouverture permettant au duché nivérien d’initier une coopération avec la cité céleste ? Il était encore bien trop tôt pour le dire mais elle se devait dans sa fonction et pour atteindre ses modestes objectifs de ne rien laisser au hasard ni aucune piste inexplorée si elle pouvait mener à quelque chose.

Il lui fallait juste en cet instant faire un peu abstraction de l’état d’esprit de son compagnon de voyage et garder son optimisme et son enthousiasme ouvert à toutes les possibilités c’st pourquoi elle tourna résolument toute son attention vers la Duchesse et l’Eclari. Le malheureux Alastor allait devoir se battre seul contre ses démons et en plus supporter de se voir laisser de côté par son amie. Elle espérait que les échanges qu’ils auraient certainement en privé leur permettraient de tirer au clair d’éventuels malentendus ou récriminations d’autant qu’elle comptait sur son professionnalisme pour comprendre et accepter ce qu’elle pouvait lui faire endurer de désagréable pour le bien de leur mission. Il pouvait au moins se targuer de permettre à la conseillère de se sentir en sécurité parmi ses hôtes. A aucun moment une menace quelconque ne vint lui effleurer l’esprit. D’ailleurs peut-on mener une ambassade fructueuse en soupçonnant de mauvaises intentions chez ses interlocuteurs ? Aria était certainement dotée de ce côté d’une bonne dose de confiance qui frisait sans doute du point de vue de son garde du corps l’inconscience. Mais c’était bien cet optimisme qui lui avait permis de voyager sur tout le territoire d’Isthéria ou presque et qui lui avait insufflé ses désirs d’ouverture et lui avait permis d’œuvrer toutes ces années pour en arriver à cette petite mission diplomatique en direction de « l’extérieur ».

Pour le moment, elle n’avait jamais eu à regretter cette disposition, même si elle était consciente de sans doute le devoir régulièrement à la protection du Seigneur Alastor qui se salissait volontiers les mains pour lui éviter les déconvenues. Cependant, elle ne parvenait pas à considérer les autres races et peuples comme tellement plus barbares que son propre peuple. Elle avait suffisamment côtoyé les luttes d’influences et les sentences parfois expéditives au sein même dans la cité céleste pour ne pas idéaliser son propre peuple. D’ailleurs elle n’était pas loin de penser qu’un peuple se disant supérieur se devait de montrer l’exemple dans tous les domaines et au minimum se montrer indulgent envers les autres, même si elle ne pouvait totalement échapper à sa culture et regardait parfois les autres avec un rien de paternalisme dont elle ne pouvait encore avoir conscience.

Aujourd’hui en tout cas elle ne pouvait que se féliciter d’oser braver la façon de voir traditionnelle de ses congénères car l’accueil qui leur était fait était digne du raffinement sylphide même s’il était d’un autre style. La Duchesse de Nivéria était des plus prévenantes et s’annonçait déjà comme une interlocutrice de choix. Quand-à l’érudit qui l’accompagnait, il ne pouvait que se montrer intéressant.

Elle décida d’oublier pour le moment la défiance de son garde du corps à l’égard de leurs hôtes qui te à en reparler plus tard s’il lui semblait qu’il dépassait les limites de la bien séance car après tout le malheureux, outre le mépris qu’elle lui connaissait pour les races inférieures, se devait d’assurer sa sécurité et la méfiance et l’anticipation faisaient partie de ses qualités voire de ses devoirs. Tandis qu’il veillait, elle pouvait se consacrer entièrement à l’objet de sa visite. Sa contrariété à l’égard du guerrier était largement compensée par la gratitude qu’elle avait pour son zèle et son efficacité.

Toute tendue vers sa volonté que ce premier entretient se passe pour le mieux elle ne put ignorer la position à la fois pleine de l’attention que semblaient mériter les invités de la duchesse pourtant ponctuée de petits signes d’impatience. Le regard bleuté tomba une fraction de second sur les doigts tapotant le plateau de la table. La grande prêtresse semblait signifier qu’une femme dans sa position avait autre chose à faire que de perdre son temps à des protocoles inutiles et qu’entrer dans le vif du sujet resterait la meilleure chose à faire. Cela pouvait aussi vouloir dire qu’autre chose la chagrinait mais il ne lui avait pas emblé avoir provoqué une quelconque contrariété et Alastor s’était conduite de façon civile pour le moment. Elle essaya donc de se rassurer en mettant cela sur le compte de la nervosité des premières rencontres ou sur l’impatience de son hôte à en savoir un peu plus sur le but de la mission de la conseillère.

Elle-même, commençait à trouver que les préliminaires tiraient exagérément en longueur et sentait malgré sa prudence et sa patience légendaire l’envie d’en savoir un peu plus sur les possibilités de tisser des liens même ténus avec la duchesse et son fief. Les échanges convenus sur la décoration et la flore de Nivéria commençaient à instiller en elle le malaise qui s’insinue entre deux personnes intelligentes mais qui ne savent pas comment franchir l’obstacle qui les fera entrer dans le vif du sujet. Et ce n’était absolument pas parce qu’elle méprisait les formes éphémères de la vie. Au contraire, la familiarité qu’elle avait tissé lors de ses premiers voyages avec les différents peuples et surtout leur art plein de cette vigueur et cet acharnement à mettre à profit les années qui leur étaient dévolue en ce monde lui avait fait apprécier et estimer cette qualité chez toutes les formes vie. Au minimum elle trouvait cela infiniment touchant et héroïque chez les humains de toute race. Elle avait souvent laissé vagabonder son esprit sur la façon de mener sa vie dans cette situation et avait dû avouer sa difficulté à se projeter dans une condition qui nécessitait de repousser les limites du temps jusqu’au moment où celui-ci se refermait sur vous. Comment les humains établissaient-ils alors leurs priorités d’action ? Elle avait pu constater que chacun avait les siennes, ce qui garantissait une diversité de fil de vie, parfois difficile à comprendre pour une Sylphide certaine de pouvoir achever ce qu’elle a commencé à partir du moment où le temps pour y arriver ne représentait pas un obstacle. Il faudrait qu’elle tienne compte du fait que les autres peuples n’avaient sans doute pas autant de patience qu’elle et qu’elle devrait sans doute accepter que leurs exigences se portent à des échéances ridicules pour elle.

Elle caressa de son regard compatissant les fragiles fleurs dont son hôte venait de faire l’apologie de la pugnacité.

« C’est en effet admirable et ses merveilles nous rappellent le prix de la vie et des douceurs qui nous sont accordées. Vos attentions en particulier sont des plus délicates et je ne doute pas que nous soyons comblés. »

L’arrivée du professeur allait sans doute donner une autre dynamique à cette première entrevue. Elle lui rendit son salut d’une gracieuse inclinaison de la nuque et d’un sourire bienveillant. Elle sentit presque un allié en la personne de celui qu’elle avait plus envie de nommer grand maître tant les responsabilités qui semblaient être les sienne dans le duché le mettait bien au-dessus du simple titre de professeur. Elle l’écouta attentivement expliquer la démarche de la duchesse et de ses conseillers concernant. Son regard direct, loin de l’indisposer était comme un gage de franchise en même temps que l’expression de son total investissement dans le tâche qui lui était dévolue. Quelque chose, sans doute son amour du savoir, le rapprochait de la conseillère qui ne feignait pas son intérêt pour le travail de l’érudit. Son regard voyagea de la duchesse au professeur :

« Je suis impatiente de visiter le fruit de vos efforts dès que cela vous sera gré. Suis-je indiscrète de vous demander jusqu’à quel niveau d’érudition votre établissement projette de mener ses élèves ? »

Si elle avait bien saisi ce qui était signifié entre les mots d’Isköld l’enseignement de base était la première pierre, mais le rayonnement d’un duché et la liberté de son peuple serait à la mesure des savoirs qu’il maîtriserait. Aussi la question n’était pas tout à fait innocente car s’il était des coopérations envisageables entre Cimmérium et le monde extérieur c’était bien dans les domaines de la culture en général.

Elle avait donc mis de côté son désir de profiter de l’hospitalité de la grande prêtresse pour se débarrasser de la fatigue du voyage pour éventuellement entrer par l’occasion de la visite proposée dans un domaine où sans doute elle pourrait faire des propositions contrairement à d’autres dans un premier temps comme le commerce ou l’armement. L’armement ! Sans doute la chose qu’elle haïssait le plus en ce monde !
Les amitiés entre les peuples ! Voici vers quoi elle voulait tendre, même si en creusant plus profond en elle, elle devait admettre qu’elle ne s’était pas complètement débarrassée d’un certain paternalisme condescendant à l’égard des autres races. La pensée qu’on est, quoiqu’on fasse toujours le produit de son éducation même si on a un esprit rebelle et critique la tourmentait souvent et elle s’appliquait à surveiller ses propos et ses attitudes. C’était devenu aussi devenu chez elle une force qui lui permettait se glisser à la place de ses interlocuteurs afin de mieux les comprendre. Elle attirait de ce fait des regards d’incompréhension de la part de ses collègues et congénères mais aussi lui avait valu la confiance du grand maître qui savait pouvoir compter sur sa diplomatie et son discernement qui l’empêcherait de conduire Cimmérium sur des chemins qu’elle ne voulait pas emprunter.

Ari’El haussa les sourcils d’un étonnement non feint accompagné d’un sourire admiratif. La femme qui était en face d’elle, n’était pas n’importe qui et elle se félicitait d’avoir entamer son périple diplomatique par Nivéria.

« Cela me conforte dans la haute estime que chacun doit sans doute avoir de vous. Cette offre n’est que très rarement faite. Je dois même dire que je ne connais personne en dehors de votre grâce qui en ait bénéficié. »

Elle sentit une onde de tension lui parvenir du Seigneur Alastor, à moins que ce ne soit sa trop grande connaissance de son ami qui lui ait permis d’anticiper sa désapprobation… Mais elle n’eut pas le temps d’approfondir la question car les préoccupations d’Irina Dranis permettaient enfin d’entrer dans le vif du sujet tout en réveillant les instincts de diplomates de la Sylphide qui savait d’ores et déjà que chacun de ses mots allait peser dans la suite de la conversation et sans doute de sa mission. Elle arbora un sourire de complicité polie avant de répondre à son hôtesse, veillant à ne pas tourner son regard vers son garde du corps dont elle connaissait la réprobation sur ce qui allait suivre.

« Tout ce que vous dites est exact. Cimmérium n’a jamais eu vocation à s’ingérer dans les affaires des contrées sous souveraineté étrangère. Cela ne signifie cependant pas qu’elle il y est indifférente. Certains parmi les Sylphides ont franchi nos montagnes protectrices et ont pu témoigner des changements qui ont opéré dans les différentes contrées. »

Elle passa sous silence le fait que ce genre de témoignage était rare et qu’elle en avait été l’unique porteuse devant le conseil, et qu’elle avait dû batailler durant des années pour faire avancer la cause d’une ouverture aussi minime soit-elle de Cimmérium vers le monde extérieur.

« Il est apparu au « Conseil » qu’autant du côté des autres peuples d’Isthéria que de notre côté, une méconnaissance réciproque ne pouvait être que source de malentendu et d’appauvrissement. »

Elle aurait aimé que son mandat lui permette de faire des pas plus importants en direction des autres peuples, mais elle savait qu’en la matière, elle ne gagnerait rien à brûler les étapes, même si cela pouvait contenter ses interlocuteurs. Elle n’obtiendrait que le repli de son propre peuple si on lui forçait la main en plus de sa propre révocation du conseil.

« Votre servante… »

Elle inclina modestement la tête.

« … a donc été mandatée pour visiter les dirigeants qui le souhaitent afin de reprendre contact et de définir en quelles matières, des relations pourraient être nouées. »

Elle marqua une brève pose afin de repeser le poids des mots qu’elle venait de prononcer puis poursuivit

« Evidemment, après autant de siècles de séparation et de méconnaissance, les premiers pas seront sans doute de part et d’autre ténus mais tous les grands chantiers commencent par une première pierre. »

Elle venait de signifier qu’il ne fallait pas s’attendre à de grandes ouvertures soudaines de la part des Sylphides, mais en même temps, elle se projetait dans un futur constructif. Elle ne pouvait sans doute pas faire mieux pour une première annonce et attendit dans un mélange de confiance et d’appréhension la réaction de la duchesse et de son conseiller. En même temps elle anticipait les explications que son garde du corps ne manquerait pas d’exiger en privé.
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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeMer 20 Déc - 12:56


L'Aigle et le Corbeau

Ari'El . Alastor . Irina



Après quelques minutes le manque de participation d'Alastor cessa d'être surprenant, quand bien même les quelques regards critiques dont il la mitraillait soient parfois étrangement insistants. Il était rare que les sylphides soient sincèrement amicaux envers les étrangers, mais il était au moins tout aussi inhabituel de les voir faire preuve d'hostilité. La neutralité semblait être dans leur nature et en dépit de la complexité de leurs intentions et leur spiritualité, il n'était d'ordinaire pas si difficile de s'entendre avec eux pour peu que l'on y mette du sien. Pourtant cet homme dont elle ne savait rien mettait constamment un point d'honneur à silencieusement signifier son déplaisir d'être là. Ce serait certainement agaçant, si Irina s'en préoccupait. Or ce n'était pas le cas.
La conversation continua paisiblement sur le même ton, par-dessus les effluves du thé nivérien.


« Vous serez la bienvenue plus tard dans la journée ou bien dans les prochains jours, comme vous le souhaitez. » La duchesse acquiesce en souriant poliment. Elle avait bien plus de fierté dans ce genre d'entreprises que dans les accomplissements politiques.

« La plupart des classes regroupent des élèves afin de leur apprendre à lire et écrire, l'histoire et des mathématiques. C'est l'enseignement de base minimal pour les enfants de toutes les familles, nobles ou non. Ensuite viennent les classes complémentaires pour les plus petits, afin de pousser l'éducation pour tous ceux qui n'ont pas à aider leurs parents à travailler. » Isköld se fait pensif, mais satisfait. « De cette façon ceux qui ont les moyens et le temps de se consacrer à l'école peuvent le faire à plein temps, et les moins fortunés ont tout de même la chance d'apprendre autant que possible. Les classes sont néanmoins mixtes afin de favoriser la cohésion et minimiser les différences de classe. »

Évidemment cela ne s'était pas fait sans heurt et quelques nobles scandalisés avaient décidé de continuer à payer des tuteurs privés plutôt que de laisser leurs rejetons partager les salles de classe avec des va-nu-pieds. Cependant comme dans l'ensemble il y avait très peu d'aristocrates installés à Nivéria, l'innovation avait été tout à fait gérable.

« Vous êtes libre de poser les questions qu'il vous plaira, c'est un plaisir de vous informer. » Il continue de parler, ses mains s'agitant dans une danse expressive.
« Les classes sont accessibles jusqu'à la majorité, soit seize ans. Toutefois seule une poignée de personnes poursuit ses études en vue de rejoindre les Eclaris ou rejoindre une université. La plupart arrête à l'adolescence pour joindre l'armée ou entamer une phase d'apprentissage de métier. »

« Au moins auront-ils en mains les outils nécessaires à se choisir une carrière, plutôt que d'obligatoirement marcher sur les traces de leurs parents. » Isköld complète l'explication avec bonhomie, visiblement content des conditions de son nouveau poste. Il avait toujours été du genre facile à vivre, mais rien ne le rendait plus enthousiaste que de parler de son travail. Parfois un peu trop, même. Toutefois c'était très bien en ces circonstances, Irina étant bien moins à l'aise lorsqu'il fallait sociabiliser avec des inconnus.

D'un autre côté la prêtresse était assez absorbée par ses pensées, quoi qu'il n'y ait là aucune marque d'irrespect particulier. Discuter avec des sylphides avait en réalité tendance à réveiller d'agréables souvenirs passés, qui paraissaient terriblement lointains maintenant. Un temps où elle n'était ni maman, ni grande prêtresse, ni duchesse. Seulement une femme incertaine sur son avenir.
En tant que tel elle ne manifesta aucune envie de s'épancher sur l'offre de Kenian, ses motifs ou ses détails. Cela n'aurait aucun sens étant donné que c'était désuet, de toute façon. De ce bien que la légère provocation soit un petit plaisir personnel appréciable, ce n'était pas son genre de franchir la barrière de la vantardise.

Par ailleurs l'introduction d'Ari'El concernant la diplomatie sylphide et ses subtilités avait de quoi rendre curieux. S'il est vrai que les Sylphides avaient toujours gardé une ouverture d'esprit concernant les autres peuples, il était aussi vrai qu'ils aimaient garder cette distance de sécurité qui leur offrait indépendance et objectivité. Irina ne trouvait pas cela bizarre qu'ils cherchent à s'informer sur le monde, en fait elle savait de source sûre que certains individus aimaient s'intégrer aux autres sociétés sans révéler leur identité. Par contre que le conseil dans sa globalité approuve de mesures concrètes et d'émissaires sur le terrain, ça, c'était une première. Irina eut une pensée pour Ision Lorindiar, ami et beau-frère de feu sa mentor.


« Je ne peux qu'acquiescer, effectivement. »


C'était le genre de discussion qui lui paraissait étrangement familière, le genre d'arguments qu'elle avait souvent rabâchés à des sourdes-oreilles. Aussi la rouquine confirme pour encourager son invitée à continuer, et développer plus avant ce qu'elle voulait dire par là. La chute de ce discours prônant l'ouverture lui fit hausser un sourcil. Cela n'aurait rien d'extraordinaire... si l'oratrice ne venait pas tout droit d'une cité se vantant depuis des lustres de vivre en autarcie.

« Je vois. » Se frottant le menton d'une main, Irina expire lentement. Sa première réaction est peu expressive tandis qu'elle pèse sérieusement les mots tout juste prononcés. Qu'un sylphide accepte de mettre de côté mauvaises habitudes et idées reçues était une chose. Que le conseil mandate quelqu'un pour officiellement contacter les autres dirigeants, s'en était une autre très différente. « Les mentalités ne changent pas aisément toutefois j'espère que les peuples finiront par également voir les choses dans leur globalité, afin de réaliser qu'on ne peut que s'enrichir davantage en coopérant. »

Ari'El n'aurait pas besoin de tenir de longs discours pour la convaincre des avantages d'une amélioration dans les relations internationales, elle prêcherait une convaincue. Néanmoins il y avait réalistement bien des obstacles dressés entre elles et leur réussite. Des obstacles d'isolement, d'obstination mais aussi de méfiance et d'orgueil.

« Avez-vous des idées concrètes de façons où commencer à bâtir ces fondations ? » Ses doigts s'enroulent autour de sa tasse fumante, alors que son regard se focalise entièrement sur la conseillère. Ari'El n'avait certainement pas fait tout ce chemin sans une paire de propositions...


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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeMer 20 Déc - 22:48







L'agle et le corbeau



Si le Sylphide n’avait point prononcer le moindre mot depuis un bon moment c’était afin de mieux mener la quête dans laquelle la noble dame avait su trainer celui-ci.  Il savait que chaque parole prononcée devait être calculé, car sa froideur et son hostilité envers les autres peuples pouvait potentiellement compromettre leurs efforts.  Certes, le noble légionnaire aurait préféré voir la Terranne s’incliner devant la grandeur des immortels, mais semblait-il qu’en cette ère les rats osaient parler et se donner des titres de noblesses… peut-être qu’un autre génocide leur montrerait clairement leur place en ce monde ?

Bien entendu il savait que dame Ari’El ne partageait nullement cet opinion.  Elle jugeait certainement que son animosité envers les mortelles était un peu irrationnelle, et qu’il devait tenter d’ouvrir son esprit aux diverses cultures.   Toutefois, elle savait aussi se démontrer très compréhensives envers les croyances personnelles d’Alastor, abordant que très rarement le sujet.  Son dégoût des autres peuples ne datait évidemment pas d’hier, mais son opinion d’eux ne fut pas toujours ainsi… il fut un temps où son esprit était encore jeune et innocent, où son esprit aurait surement et volontairement porter main forte dans la quête de la dame… mais son esprit à vu les âges et a changé.

Il se contenta donc de simplement demeurer stoïquement assis à écouter la discussion entre les dames.   Observant les gestes, analysant le ton de chaque mot, il mesurait les intensions de leurs hôtes.   Dans cette discussion, il demeurait neutre… tel un bon Sylphide.  Il ne s’offrait aucunement son opinion et ne faisait aucune intervention concernant les débats extérieurs.  Ils les écoutaient, parler d’idées, de connaissances et d’éducation… apprenait par le biais de la discussion en cours que la dame Dranis espérait éduquer le peuple local, un noble cause… il devait l’admettre… peut-être arriverait-elle à lui faire changer d’avis concernant les Terran ?  Serait-ce possible qu’une dame arrive à changer son esprit ? Là où les plus importantes dames dans sa vie n’ont point su connaitre succès ?  Cela était peu probable…

Leur discours semblait presqu’une routine, terminant les phrases de l’autres, le légionnaire voyait clairement que les deux êtres à qui il faisait face se connaissait depuis de nombreuses lunes.   Il était presqu’intéressant de les écouter élaborer sur leurs intentions, et il aurait certainement continuer à leur porter le plus d’attention si ce n’était pas des mots de dame Ari’El qui surent faire réagir intérieurement le légionnaire.   ‘’Votre servante…’’.  Ceci était certainement qu’une forme de politesse, une tournure de phrase, mais le tout raisonnait étrangement dans l’esprit d’Alastor.  Sur tout point de vue, dame Ari’El était supérieur à ses interlocuteurs, pourquoi donc ce choix de mots ?  

Son attention fut détournée une fois de plus avec la réaction et la réplique de la duchesse. Il écoutait sa réplique… et lui qui jusqu’à présent fut des plus silencieux prit la parole pour la première fois.  Son devoir était d’offrir main forte à la dame… peu importe le coût personnelle.

‘’Si je peux me permettre… ‘’ dit-il avec un fort accent, habitué de parler ellendë et non la langue commune ‘’ Ní lia duine ná barúil… qui si je ne me trompe pas en langue commune… Il y a autant de personnes que d'opinions.’’ Dit-il doucement et froidement ‘’Certains êtres, plus anciens… vont surement toujours se trouver à l’opposition… cependant je crois que comhairleora Ari’El et le conseil souhaite voir nos peuple prospérer d’avantage… ‘’ il retourna au silence, laissant à nouveau le plancher diplomatique à la dame.
En ce moment, son esprit se tourna momentanément vers Calixte… qui serait surement bien heureuse de voir, et de tenter d’ouvrir des portes diplomatiques… et qui moquerait certainement notre Sylphide pour sa tentative à ‘’discuter’’ avec les terrans.



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MessageSujet: Re: L'Aigle et le Corbeau   L'Aigle et le Corbeau Icon_minitimeSam 3 Mar - 8:37

Mille excuses:
Je sentais la présence hostile de mon ami mais je ne pouvais pas le lui signifier par un regard. Cela perturberait l’échange entamé avec mon hôtesse et mettrait à nu nos dissentions, dissentions que l’amitié seule pouvait permettre. Je sentais une tension m’envahir ainsi que la reconnaissance envers la duchesse de ne pas se formaliser. Je profitai d’une gorgée de thé pour demander à l’essence divine de porter un message d’apaisement au garde du corps zélé qui m’accompagnait, un sourire de confiance et de reconnaissance, un condensé de notre complicité construite depuis des éternités, une caresse sur les plaies de la guerre.

J’écoutais les explications de la duchesse et de son conseiller et je me plaisais à penser que l’image de leur éducation ressemblait assez à ma vision de ce à quoi devrait ressembler le monde. Permettre autant que possible à chacun de s’élever grâce à la connaissance, seul gage d’harmonie entre tous et chemin vers des relations apaisées entre les gens et les peuples, y avait-il un autre chemin ? Je reposai ma tasse doucement avec un sourire curieux et admiratif.

« J’admire ce que vous avez construit en matière d’éducation. N’est-ce pas un combat essentiel ? Mais cela suppose que votre peuple n’ait pas à endurer guerre et famine… »

Ma remarque était teintée de pessimisme et cela ne me ressemblait guère, mais il fallait se rendre à l’évidence, un peuple occupé à survivre n’avait pas l’esprit aux nourritures de l’esprit et c’était si naturel ! Il m’avait fallu du temps pour le comprendre, moi membre d’un peuple qui n’avait pas à se soucier de ce genre de contingences. Cela avait été une vraie leçon pour moi lorsque je l’avais compris en visitant des terres ravagées par la famine suite à des récoltes insuffisantes.

J’étais évidemment impatiente de visiter des écoles ou des classes où j’étais certaine d’apprendre des choses ne serait-ce que sur les méthode s’enseignement et les contenus abordés aux différents âges.

« Si je puis oser une question, votre duché a-t-il suffisamment d’enseignant pour cette noble tâche ou faite vous appel à du personnel extérieur ? Sont-ils formés au Duché ?»

Autant de questions qui pouvaient paraître inquisitrices mais n’étaient que le résultat de ma curiosité et de mon enthousiasme pour ce genre de projet. Je ne suis pas persuadée que j’aurais été une bonne enseignante mais cette idée ne m’aurait pas déplu. En fait j’avais auparavant une telle admiration pour mon maître que je me serais bien vue prendre sa suite et puis les choses ont changé et je me suis aperçue que le savoir pouvait lui aussi être corrompu. J’aurais même pu aborder les sujet avec les hôtes, mais cela aurait sans doute été présomptueux voire insultant, alors je m’abstins. Le visage d’ Isköld rayonnait d’enthousiasme et faisait vraiment chaud au cœur tandis que celui de la duchesse portait une gravité mélancolique sans doute due à des pensées politiques accaparantes.
Je lui sus grès d’un sourire reconnaissant de son accord avec mon premier pas vers elle. D’un autre côté, Irine Dranis semblait tiraillée entre l’espoir, le doute et la circonspection qu’une Dame de sa qualité se devait d’avoir au cours d’entretiens aussi inhabituels. En outre ses doutes sur la volonté de notre peuple à s’ouvrir vers l’extérieur étaient parfaitement fondés. J’étais bien placée pour le savoir après les batailles que j’avais dû mener au conseil pour arracher l’autorisation de de cette mission.

Soudain, et contre toute attente, il demanda à prendre la parole. Je le regardai, un peu figée, me demandant ce qui allait sortir de sa bouche. Je n’osais pas croire qu’il veuille mettre en péril ma mission, mais je ne pouvais cependant pas imaginer qu’il intercède pour elle. Me forçant à garder mon calme j’attendis avec angoisse qu’il dise ce qu’il avait à dire. Je ne sais combien de temps se passa entre le moment il se manifesta et celui où il prit effectivement la parole, mais cela ma parut une éternité même si pour notre peuple, ce mot est sujet à caution. Une éternité pendant laquelle je tentais d’anticiper son intervention et préparer ma réponse afin de réparer les dégâts qu’elle allait commettre dont parmi elle à n’en pas douter des propos insultants à l’égard de la duchesse et son peuple.
Si un ami peut vous surprendre, c’est bien ce que fit Alastor en cet instant en prenant le parti de l’ouverture que j’appelais de mes vœux contre les opinions que je lui connaissais jusque-là. Je parvins à sourire à la duchesse avant de compléter les propos de mon ami.

« Le seigneur Alastor a parfaitement résumé la situation qui ne doit pas être bien différente de celle de la plupart des territoires à gouverner où doivent exister des forces inertielles à prendre en compte si l’on veut faire triompher les volontés de progrès. Chaque succès d’un bord ou d’un autre affaiblit le second… »

Cet excès de franchise pouvait me porter préjudice ainsi qu’au succès de ma mission mais j’espérais qu’ainsi, la duchesse mesurerait ainsi la prudence qui devait être la mienne et le poids que ses réponses à Cimmérium pouvait avoir. Je savais bien au moins en partie que les autres peuples avaient toujours un peu de méfiance à l’égard du mien et honnêtement, mes derniers siècles de recherche ne pouvaient leur donner totalement tort, même si parfois on se devait de mettre de côté les griefs du passé de côté, pour passer à autre chose. La duchesse de Niveria souhaitait sans doute en savoir un peu plus sur ce que Cimmerium pouvait proposer et mon bagage en la matière était bien mince. J’étais partie un peu avec le sentiment qu’en fonction de mon interlocuteur et de ses préoccupations, la Cité Céleste et lui pourrait trouver de quoi lancer les premiers ponts ou au moins les premières passerelles entre les communautés. Et justement ne venions-nous pas de nous entretenir sur des sujets qui pouvaient réunir nos deux peuples ? Je soutins donc le regard perçant de mon hôtesse pouravancer mes premières cartes en tentant de faire abstraction de la présence d’Alastor qui jouait le rôle de garde-fou à mon enthousiasme.

« Eh bien puisque nous venons de parler d’éducation et d’enseignement. Pourrions nous envisager de lier nos deux peuples par leur truchement. Il pourrait être aisé de mettre en œuvre des échanges entre le duché de Nivéria et Cimmérium. Nos académies sont autant de ressources pour la formation de professeurs ou d’élites. Nous pourrions convenir d’accueillir un certain nombre d’étudiants de Nivéria qui pourraient côtoyer ceux de notre cité puis revenir exercer leur savoir chez vous. Nous pourrions même envisager la réciproque, si vous pensez que c’est souhaitable bien entendu. »

Si je ne me trompais pas, la duchesse avait en son temps bénéficier de l’enseignement sylphide et ne pouvait voir d’un mauvais œil une telle proposition.

« Qu’en dites-vous ? »

De son côté, Alastor maintenant silencieux, semblait faire bonne figure. Je ne me faisais pas d’illusion sur l’hostilité de ses pensées à l’égard de mes propositions, mais il ne dit pas un mot à ce sujet et honnêtement, après son intervention, somme toute salutaire je ne savais plus quoi penser de ses positions. Ce serait à éclaircir plus tard…
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