Comme au bon vieux temps

Après plusieurs jours de voyage à cheval, Thessalia était enfin arrivé à Hespéria. Cette semaine de périple solitaire lui avait permit de se reconnecter avec la nature, mais le manque de contact humain l’avait rendu fatiguée et lassée d’avoir Naxos pour seul compagnon. Ce fut alors avec enthousiasme que la jeune chasseuse passa les portes de la capitale. Ses habitants semblaient toujours profondément marqués par l’arrivée du colosse de Paramis, mais la plupart avaient repris le cour de leur vie, laissant des cicatrices qui ne s’effaceront jamais vraiment. Toutefois, Thessalia n’était pas ici pour plaindre les victimes de cet évènement. Après tant de jours à voyager sans lit confortable ou repas décent, elle était décidée à passer quelques jours dans la cité pour se reposer et prendre du bon temps. Dalma n’était plus très loin, et elle avait besoin de se changer les idées avant de découvrir ce qu'il était advenu de sa mère après 3 années de séparation.

Elle attacha son cheval à l’entrée de la ville et commença à arpenter les rues à la recherche d’un établissement où elle pourrait passer la nuit. Elle passa par la place publique, ou des musiciens jouaient pour redonner du baume au coeur aux habitants. Puis, au détour d’une ruelle, elle tomba sur une taverne dont le nom était inscrit sur une grosse pancarte en bois au dessus de la porte : « La Chope Fondue ». Le bruit des éclats de rire et de la musique se faisait entendre de l’extérieur, et Thessalia ne pu retenir son excitation.

« Ça, c’est un endroit pour moi. » se dit-elle, contente d’avoir trouvé un lieu où elle pourrait se détendre en cette fin d'après-midi.

Elle entra dans l’enseigne. Celle-ci n’était pas très grande, et avait même l’air plutôt petite compte tenue du monde à l’intérieur. En tout cas, la bonne humeur régnait dans l’établissement, et lorsque que la jeune chasseuse vit, au fond de la salle, un barde jouer de la lyre, elle ne pu s'empêcher de demander à prendre sa place. Le musicien la regarda d’un air interrogateur, mais il était quelque peu fatigué d’avoir joué toute la journée, alors il lui céda sa place. Thessalia s’installa sur la scène et joua une vieille balade que sa mère lui avait apprise quand elle était enfant. La mélodie était harmonieuse et poétique, et la jeune femme ne pu retenir un léger sourire alors que les souvenirs de son enfance lui revenaient en mémoire.

« Ho ! Ho ! Au flacon je m'en vais puiser
De quoi soulager mon cœur éprouvé.
La pluie et le vent peuvent s'acharner
Et beaucoup de lieues être à sillonner,
Sous un large tronc je vais m’allonger
Et laisser là-haut les nimbes voguer. »

Sa voix clair semblait ravir les oreilles des voyageurs et des soldats qui s’arrêtaient ici pour une chope de bière ou deux. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas joué de cette façon, devant un véritable public. Sa lyre était resté chez elle pendant toutes ces années, mais ses talents musicaux n’avaient pas disparu. Quand elle acheva la chanson, des applaudissements retentirent, puis elle quitta la scène pour s’approcher du bar et commander une bière. Elle en avait bien besoin.