Besoin de conseil ?

Je suis débordé, même pour un homme qui essais de toujours faire au mieux, sans prendre de congés ou même de pause, les journées ne faisant que vingt-quatre heures, et le travail s’amoncelle.

C'est donc avec une très grande gratitude que je reçoit l'offre de Mäje, la dame des sables, de venir m'aider en tant que conseillère. Son arrivée est un peu plus calme que sa dernière visite au palais, car je l'attend devant les marches du bâtiment. Dès que son carrosse s'arrête, je lui ouvre la porte, tandis qu'un serviteur arrive avec un marche pieds, puis, ce dernier installé, je lui tend la main afin de l'aider à descendre. La jeune femme est comme d'habitude magnifique et sa tenue ne fais que rehausser sa beauté, je l’accueille avec un grand sourire et je sens les serviteurs tout autour de moi, retenir leur souffle devant cette véritable déesse, je suis sûr que plus d'un doit m'envier en ce moment.

Mais derrière ce physique de rêve, se cache un esprit brillant et c'est lui dont j'ai besoin actuellement. Ne voulant pas revenir de suite dans mon cabinet de travail et voulant profiter du beau temps, je lui propose une balade dans les jardins royaux. Même si ceux-ci ne sont pas encore entièrement remis de l'attaque du Colosse de Paramir, de nombreuses fleurs, surtout des vivaces car c'est la saison, ont été plantés par les jardiniers et il est devenu agréable de s'y promener.

Nous voilà donc en train de marcher dans les allées en gravier, les oiseaux dans les arbres nous saluant de leurs chants mélodieux, et je sens mes muscles du dos se décontracter pour la première fois depuis bien longtemps. Ainsi plus détendu je commence donc à raconter mes problèmes à la propriétaire du Mirage:

Je vous remercie d'être venu à mon appel, j'ai grands besoin de vos conseils. Tout d'abord, j'aimerais lier des relations avec les Eryllis, mais la venue de l'Eryl c'est mal passé. Pour être complètement honnête, mal passé est un mot un peu fort, car leur bannissement a été levé et des laisser passer ont été distribué, mais aucun accord a été passé entre nos peuples, j'ai peut-être laissé passer là une occasion. Pouvez-vous m'indiquer si vous connaissez des habitants de leurs pays, prêt à reprendre le dialogue ?

Je réfléchis un peu avant de lui présenter le deuxième point:

Le second point noir vient de Tyrehnium, la cité état dirigé par le Gouverneur. Cela me désole que l'esclavage est encore cours là-bas. J'essaye en développement le commerce avec lui, lui montrer que les hommes libres travaillent aussi bien, sinon mieux que des esclaves, mais pendant ce temps, des milliers de gens souffrent, avez des connaissances parmi des marchands qui pourraient ce processus, ou encore une autre manière de procéder ?

Le troisième point est plus facile à présenter:

Je suis en train de construire un port dans le duché d'Arghanat, mais j'ai de la peine convaincre à les marins de Nox d'y venir, de plus le duc est mort sans héritier et j'espère le replacer par un marin qui pourrais ainsi inspirer confiance au membre de sa caste, avez-vous le nom d'un homme de confiance en tête.

Le quatrième point est beaucoup plus personnel:

Il existe une personne qui est très importante à mes yeux, qui est devenu Gorgoroth il y a peu, et qui souhaite redevenir humaine, avez-vous déjà entendu parler d'un miracle de ce type ?

J'arrête là ma discussion, car nous croisons Victorine, 14 ans et sa sœur Amandine, 18 ans, elles sont tout ce qui reste d'un clan célèbre de Landrinis de la ville de Tyrhénium. Elles ont accepté de venir avec moi à Hesperia et sont de redoutables marchandes, j'en profite donc pour les présenter à la Sylphide.

Après une courte absence, la sylphide était de retour dans la capitale non sans une certaine appréhension. Les travaux de son nouvel établissement avançaient bien, et elle était sommée de visiter les lieux ne serait-ce que pour s'assurer que cela correspondait à l'idée qu'elle se faisait d'un relais argyréen en pleine ville eridanienne. Et dans un même temps, et alors que ses pensées avaient fait du chemin, elle se devait de ne plus faire patienter le souverain. C'était un autre pan de sa visite: elle se devait de transmettre sa réponse, elle acceptait de redevenir conseillère de la couronne le temps de sa présence dans la cité. Après sa visite au chantier, elle fut donc invitée au palais, retrouvant une nouvelle fois l'air emplie de puissance et de force du domaine royale.

Une cohorte entière attendait son arrivée, et elle sortie une longue jambe, puis une seconde du carrosse que l'emmenait, aidé d'un marche-pied et d'une armée de suivant, et de surprise, le roi en personne qui s'était déplacé pour l'accueillir. Rien à voir avec sa première visite, et Mäje se pâma de découvrir qu'il n'avait rien à voir avec son père. En toute galanterie, elle accepta la main qu'il tendait vers elle. Elle avait choisi sa tenue à l'occasion: une longue pièce noire aux manches translucides et au corsage à bouton, surmontée d'une rose en taffetas. Ses jambes étaient à moitié couverte par une jupe de voiles fins, révélant ce qu'il y avait à révéler sans trop en montrer non plus. Après des salutations cordiales, l’immortelle accepta volontiers sa proposition de promenade, appréciant discrètement de rester à l’air libre plutôt qu’à l’intérieur des murs de marbre, quoiqu’elle aime beaucoup la matière.

Glissant derrière son dos gracile ses mains jointes, elle entama de prêter au souverain une oreille plus qu’attentive. Et avec les troubles que connaissait le continent en ce moment, elle imaginait bien qu’il aurait sûrement besoin de se confier.

C’est avec plaisir, votre altesse. Comme je vous l’expliquai dans ma missive, j’assume d’être à votre service dés que je suis sur votre territoire. Dit-elle calmement, presque surprise par le cadre idyllique et des oiseaux qui gazouillaient paisiblement.

Son premier sujet de trouble était vraisemblablement les Eryllis, dont Mäje avait une fine connaissance. Même au bout de quatre cent ans de vie, elle n’avait jamais eut l’occasion concrète de les approcher, mise à part une ou deux rencontres fortuites dont elle gardait une vive expérience. Néanmoins elle comprenait l’urgence du roi à ce sujet, et le fait qu’il lève leur ban était déjà un fait noble et exceptionnel.

Vous avez bien fait de lever le ban de ces femmes dans votre royaume, c’est déjà un pas en avant et une main tendue vers la réconciliation. Elle ne savait pas vraiment à quel point leur rencontre s’était mal passée, et ne désirait pas spéculer sans concrètes bases de travail. Néanmoins il serait de mauvaise augure de vouloir trop renouer le dialogue, et les presser d’agir de leur côté : elles ont toujours été indépendantes et solitaires. Le mieux serait d’agir en interne. Et maintenant que l’Eryl semble hors de porté, il serait sage de contacter les sommités de Noathis pour agir en votre nom. Quels sont vos relations avec le temple de Delil ?

Elle savait les croyants très bien placés dans la forêt et dans l’ordre naturel du pays, et Canopé étant hors de portée et hors d’atteinte d’un point de vue politique, les gélovigiens semblaient un émissaire tout trouvé, et fort bien placé pour jouer les pivots. Les liens qu’ils entretenaient avec les amazones avaient toujours été cordiaux, alors peut-être qu’avec leur concours, les choses avanceraient plus vite. Mais rapidement, le roi changea de sujet. Et ce deuxième sujet était particulièrement épineux. Se pinçant le menton avec ses doigts, elle avança avec prudence sur ce terrain glissant.

Epais problème, en effet. Et j’ai bien peur que pour ce point-là, ça ne soit qu’une bataille de volonté. Le régent Fanel a l’autorité légitime sur son territoire, et si la pratique de l’esclavage lui sied, et bien il n’y a rien que vous ne puissiez faire qui ne relève pas de l’affront diplomatique. Si ce n’est par la force, qui déclencherai forcément une guerre civile… Pour cette question, je crains fort qu’il faille faire preuve de courage et de volonté, car c’est par la discussion que vous parviendrez à le faire changer d’avis. Poursuivez vos entretiens et vos projets communs, et, au besoin, déléguez un émissaire qui vous représente personnellement auprès de lui et qui pourrait faire avancer ce débat en votre nom. Elle marqua une pause. Mise à part cela, je ne vois pas d’autres alternatives.

Pour ce qui était de ce troisième point, elle fit plutôt bref. C’est un beau projet. Réhaussa-t-elle. Mais malheureusement, je n’ai que peu de liens avec les marins. Ceci dit je ne saurai que vous recommander de contacter les corsaires et la marine marchande. J’imagine que la compagnie des eaux dorées se fera une joie de vous aider dans l’ouvrage.

Et l’ultime question qu’il lui soumit provoqua chez elle un sourire amusé. Le roi se serait trouvé une demoiselle pour partager sa vie ? Un évènement qui ne manquerait par de faire jaser dans toutes les cours de la nation et jusqu’aux confins du continent – à moins que l’information ne soit encore trop jeune. Mais elle resta impassible, cachant cette pétillance pour elle-même. Et aussi malheureux soit cela, elle devait réfréner les ardeurs du mortel.

Je vais devoir être claire sur votre demande que je comprends tout à fait. Pour une immortelle, pour qui il était facile de jouir de l’éternité, la course à la mortalité semblait étrange, et pourtant elle n’avait aucun mal à comprendre la requête du seigneur. C’était toujours amusant de voir à quel point certain cherchait la vie infinie comme une fièvre, quand d’autres ayant retrouvé la mobilité après le trépas ne faisait plus que courir après leur mortalité. A part une poignée d’êtres qui furent capable de ce miracle pendant une poignée de secondes, personne n’a jamais pu ramener un gorgoroth à la vie. Peut-être un objet ou un artefact lui permettrait de retrouver un semblant d’humanité, mais j’ai peur que ce genre d’objet ne coure pas les rues, ni si l’un existe. Vous devriez contacter l’église de Delil, ainsi que celle de Kron. Encore une fois, elle s’arrêta. Peut-être que les eclaris pourraient aussi vous être utiles. Elle haussa les épaules. Si les dieux existaient seulement, ce serait une question de miracle. Et sinon, une question de mort. Mais pour elle dont la mort n’était qu’un autre concept, voir un gorgoroth gracié n’était pas concevable.

Parler avec la Sylphide me fait énormément de bien, et la contempler encore plus. Cette femme est vraiment la grâce incarné et tout chez elle semble naturelle et charmant. Je me doute que ce n'est pas entièrement innée et qu'elle a suivi un entrainement de plusieurs années, mais c'est un spectacle dont je me lasserais jamais, même si je devais passer des siècles à la contempler.

Sa tenue à la fois sage et provoquant, semble, comme tout ce qu'elle portais conçu spécifiquement pour elle.

A de nombreuses reprises, captivé par son charme, j'ai dut me secouer intérieurement pour écouter ces paroles pleins de sagesse. Je comprends pourquoi mon père la voulais comme conseillère, elle possède, comme je le soupçonne déjà, une intelligence affuté, je lui réponds donc avec un petit temps de retard:

Pour répondre à votre question sur les autorité religieuse du pays sauvage, je n'ai aucune relation avec le temple de Delil, mais c'est une bonne idée, et lors de la prochaine fête religieuse, je pourrais les inviter en Eridania et ainsi nouer des liens avec eux.

C'est en effet une bonne idée et surtout une informations de toute première importance, j'ignorai complètement que les prêtres et les Erhyllis se fréquentent, ces dernières étant sensé détester les hommes. Ces femmes peuvent donc vivre en cohabitation avec l'autre sexe.

Concernant l'esclavage, je sent la Dame des Sables, coincé comme moi. Le gouverneur de la cité-état devenu indépendante est justement trop indépendant, et même si je suis prêt à rentrer en guerre tellement le sujet me tient à cœur, ce n'est pas le bonne solution car ceux qui vont le plus souffrir d'une confrontation armée, c'est justement ceux que je souhaite libérer.

Pour la marine, nous avons eu la même idée et c'est donc fier de moi que je lui indique:

Pour le port, j'ai déjà contacté quelques pirates, je ne sais pas si vous connaissez Damoiselle Samaleone, dit la Dévoreuse, une personne charmante qui m'a beaucoup aidé. Je vais suivre vos conseils et contacter cette compagnie, il ne devrait pas être compliqué de trouver le nom de leur dirigeant.

Pour le sujet le plus personnel, malheureusement, la jeune femme ne peux m'être d'aucune aide, puisque j'ai déjà explorer toutes ces pistes qu'elle a évoqué. Je sens ma dépression revenir légèrement, mais je ne peux me laisser aller au découragement, de plus, j'ai une invité, qu'allait-elle penser si je commence à me morfondre. Je réussis au prix d'un énorme effort à sourire à la jeune femme.

Je remarque alors que le soir était tombé, perdant la notion du temps lors de notre discussion. J'enlevais alors ma veste avant de la mettre sur les épaules de la Sylphide, craignant qu'elle est froid à cause de la baisse de la température, avant de lui dire d'une voix douce:

Je vous remercie pour votre précieuse aide, je parle, je parle et j'ai complètement oublié mon devoir d'hôtes, voulez-vous diner en ma compagnie ce soir ? Promis, j'arrêterais de vous ennuyez avec mes questions. Mais après le repas j'aimerais que nous parlions des Ladrinis

Je souris à nouveau, en disant cette dernière phrase, car je sais que le sujet après notre dîner va être passionnant.

C’est avec amusement qu’elle constatait du coin de l’œil le regard lourd de sens du jeune homme. Elle se languissait toujours du charme qu’elle pouvait susciter chez les vivants, hommes et femmes confondus. Lui non plus avait un charisme certain, et elle ne s’empêchait pas quelques œillades quand il regardait ailleurs. Elle appréciait les belles choses, et il avait une beauté certaine, avec ces cheveux sombres et ces yeux assurés. Avec un sourire joueur, elle laissait planer le mystère, jubilant en silence de leur petite promenade.
Elle apprécia également son ouverture d’esprit : peu était aussi sensible à ses propos dés la première discussion. Il était ouvert à recevoir les gélovigiens, et bien qu’athée comme tout les membres de son espèce, elle ne sous-estimait pas l’importance des croyants sur l’échiquier politique.

Cela serait une bonne idée, ainsi qu’une belle ouverture au dialogue. Les croyants représentent la majorité de votre population, et avoir le soutient des prêtres est vital pour le maintien de votre règne. Savoir bien s’entourer est une priorité si on vise la constance. Souffla-t-elle, ses yeux d’acier se perdant sur le ciel qui s’empourprait. Les mains dans le dos, elle écouta ses réponses parfois en retard, et ponctua de nouveau. Je n’ai jamais entendu parler de cette Dame Samaléone, à part dans des légendes ou des récits époustouflants racontés dans ma grande salle. Si elle peut promouvoir vos couleurs et que vous pouvez lui faire confiance, alors l’essentiel est de suivre votre intuition.

Quand elle avait osé parler de la jeune femme pour qui il semblait entretenir de tendres sentiments, elle l’avait doucement observé, s’étant rendu compte qu’il cachait certainement une certaine déception. Il se contint remarquablement, parvenant même à sourire bien qu’elle perçoive sa tristesse au-delà de ses lèvres étendues. La condition des mortelles était dure, et Mäje se sentait perpétuellement arrachée à la pleine compréhension de ce fait. Si lui parvenait à camoufler sa douleur, elle ne se permit pas l’hypocrisie de lui sourire en retour : elle sentait sa douleur et ne voulait pas jouer les espoirs de façade. Ce serait plus respectueux de compatir, de souffrir en silence en comprenant qu’elle n’était malheureusement pas à la hauteur de cette tâche divine, tout en partageant sa douleur.

Son roi se montra alors particulièrement galant, et même un parfait gentilhomme en recouvrant ses épaules étroites de sa veste royale, dégageant un parfum musqué et raffiné. Des manières rares qui se perdaient presque. Une perle au milieu d’un océan. Avec une révérence honorée, elle enfonça un petit peu plus ses épaules dans le vêtement. Il était vrai que le fond de l’air se faisait particulièrement frais en cette saison encore humide, et que la nuit tombait vite. Elle ne se ferait jamais à cette météo éridanienne trop capricieuse… En Argyrei, les soleils seraient encore haut.

Merci votre altesse, j’accepte avec grand plaisir votre offre. Un repas en votre compagnie serait des plus charmants et une excellente occasion de discuter. Elle étendit ses lèvres avec une élégance toute galante. Quant à vos scrupules, c’est bien un comble : je suis là pour vous épauler, il est bien normal que vous me posiez des questions.

Elle retenait déjà un éclat de rire qu’elle conserva avec des yeux rieurs. Mais derrière cet amusement se cachait en réalité une certaine curiosité. Les ladrinis était sans nul doute un sujet brûlant pour tout souverain qui se respecte, et elle n’était d’ailleurs pas si éloignée de ces questions de légalité, heureusement maintenue sous silence par le souverain. Mais elle se demanda bien quels pouvaient être les problèmes qu’il rencontrait, et quel pouvait bien être les teneurs de cette discussion-là. Nous parlerons de tout ce qu’il vous sierra, votre altesse.

Cela fait longtemps que je n'avais pas reçu une grande dame de la stature de mon invité à dîner. Je décide donc de mettre les petits plats dans les grands, et de tout faire pour l'impressionner. La première chose est de préparer ce qu'il faut et pour cela j'ai besoin d'un peu de temps, il faut que j'occupe la Sylphide mais sans passer pour un goujat en l'abandonnant, je réfléchis quelques secondes avant de trouver la réponse.

Je prends alors la parole, sûr de moi :

Dame Mäje, je dois donner certains ordres pour la préparation du dîner, en attendant, que diriez-vous de visiter la bibliothèque du palais, je suis sûr que Victorine et Amandine seront ravi de vous présenter les ouvrages rares que nous possédons ici.

Je me tourne vers les deux sœurs, la plus jeune est enthousiasmé par l'idée, alors que l'ainé me semble beaucoup moins avenante envers la Sylphide. C’est étrange de sa part, mais je n'ai de toute façon pas le temps d'approfondir la question, et les remerciant d'un signe de tête je me dirige vers les cuisines.

J'entre alors dans un univers que je connais très peu, voire pas du tout. Au cours de mon enfance dans les différentes casernes, j'avais plus pour tâche ingrate de m'occuper des chevaux, qu'éplucher les patates locales. A vrais dire, je n'y connais rien en cuisine, la seule fois où j'ai voulu faire à manger lors d'une expédition, cela a été si catastrophique que j'ai été bannis à vie de la préparation des repas.

Comme disais mon instructeur à l'armée, « on ne peut pas être bon en tout ». Souriant à cette phrase venue de mon passé, je rencontre le cuisinier en chef, et lui indique que je veux un repas fin pour ce soir, indiquant que j'ai une sylphide à dîner. Je vois ces yeux écarquiller et un sourire remonter jusqu'à ces oreilles, il doit penser avec trouvé là, un défi à sa mesure. Il faut dire qu'il n'a plus guère de challenge à relever, car faisant peu de bal ou de grandes réceptions, il doit s'ennuyer. Je lui fais donc confiance pour surpasser tout ce qu'il a fait avant.

Il faut maintenant que je fasse préparer la grande salle de réception, pour cela je demande à mon chambellan, Patrick Sern, un Yorka très âgée, de la préparer pour un repas pour deux personnes. Je lui indique que toutes les bougies doivent être allumé, un grand feu allumé et un orchestre présent.

Lui aussi a les yeux qui brillent quand il entend ma demande, je dois vraiment revoir ma vision des choses concernant les bals et autres évènements mondains, mon personnel est de toute évidence en manque que de grandes réceptions à organiser.

Pour ce soir au moins, ils vont pouvoir utiliser à plein rendement leur savoir-faire. Je décide également de me changer et je retourne précipitamment dans mes quartiers où je fais venir mon valet de pieds et mon coiffeur en leur recommandant de faire vite.

Je retourne ensuite le plus vite possible à la salle de réception, habillé et coiffé véritablement comme un roi. Il c’est en tout passé une heure, et en ce court laps de temps, des miracles ont été réalisés, la salle est tout simplement splendide avec des bougies allumées partout, la température est très agréable grâce au feu de cheminé, et les plats sur la table finement préparé, attendent d’être servis.

Pour garder le plus longtemps la surprise, je fais mander Dame Mäje par un serviteur, et je l’attends près de la table, savourant à l’avance le plaisir de manger en sa compagnie.

A sa grande surprise, le roi la laissa là, avec les deux jeunes demoiselles qu’il lui avait présenté plus tôt. Un peu penaude, la sylphide n’avait pourtant pas son mot à dire, et bien consciente de cela, elle n’appliqua aucun refus. C’était bien loin de ses habitudes de faire des vagues face aux puissants, et elle gardait à l’esprit que c’était avec les gens du plus de pouvoir que l’on pouvait en avoir le moins. Et puis, le roi avait jusqu’ici était un vrai gentleman, aussi n’allait-elle certainement pas s’offusquer à sa première échappée. Avec un sourire respectueux, elle l’observa s’éloigner, serrant sa veste contre ses épaules d’une main. L’ennui était… Les deux petites têtes blondes qui la dévisageaient. Même après quatre siècles d’existence et autant d’aventure, l’immortelle avait toujours eut du mal avec les enfants. Et c’était visiblement réciproque puisque l’aînée des demoiselles n’avait pas non plus l’air enchantée de passer du temps en sa compagnie.

Allons jeunes filles, je vous suis. Elle dut les motiver de la main car elles n’avaient pas vraiment l’air volontaire, mais se rendant compte qu’elles avaient une notable à charge, elles prirent tout de même sur elles de la guider.

En quelques minutes à travers le palais et les couloirs, elles se retrouvaient dans une grande bibliothèque chargée d’ouvrages, un haut lieu de la connaissance qui la laissa pantoise et amplie de nostalgie. Cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas mis les pieds dans la bibliothèque royale, et qu’elle n’avait pas revu ces livres qu’elle avait tant chérie. Plus que les gens, Mäje estimait les livres et la connaissance. Ils faisaient une part entière de sa jeunesse et de sa maturité, et elle voyait en leur valeur une inestimable richesse. Avec une étrange familiarité, elle passa ses doigts sur les premières couvertures à son côté, découvrant délicieusement de nouveaux noms, de nouvelles couvertures. En attrapant un, elle laissa ses yeux parcourir les pages.

Un livre détaillé sur la botanique… Guère son domaine, mais pourtant particulièrement intéressant. Elle en oublierait presque que le roi vadrouillait loin d’elle pour vaquer à d’autres préoccupations. Au fond, elle se demandait bien ce qu’il pouvait bien manigancer. Bien qu’ayant un nouveau statut de conseillère et loin d’être officielle, cela ne devait représenter que peu de chose, et elle se contenterait bien d’un repas de fortune loin des fastes et de la lumière. Son prédécesseur ne s’encombrait d’ailleurs pas de la mettre sur un piédestal, et ses allers et venues au palais étaient bien moins mise en valeur. Ses préparations attisaient donc toutes sa curiosité autant que ses anticipations, car elle comprenait bien que le roi était un homme plein de surprise.

Alors que les petites lui montrait tout rayon par rayon, elle jouait distraitement avec ses cheveux de geai pour se sortir ces pensées extravagantes de la tête, en essayant de se reconcentrer sur les ouvrages, assez heureuses de pouvoir retrouver de vieux manuscrits qu’elle n’avait pas eut le temps de terminer. Le temps filait, mine de rien, et bientôt il fit complètement noir dehors. On alluma discrètement les torches sur les murs, et au bout d’à peu près une heure – elle n’aurait été clairement en capacité de le dire- on vint frapper à la lourde porte.

C’était un serviteur qui lui demanda de le suivre, ne révélant sûrement volontairement pas leur destination. Assez soulagée de pouvoir quitter la compagnie des jeunes demoiselles, elle leur sourit le plus poliment du monde et les remercia pour leurs attentions avant de suivre le page dans les couloirs. Non pas que les petites marchandes furent de mauvaises attendantes. Mais… Les enfants restaient des enfants, et n’étaient définitivement pas compatibles avec elle. Le torse bombée et la démarche affirmée, la sylphide se mouvait comme une panthère, ondulant avec une fièvre chaleureuse dans ce décor de marbre et d’albatre, heureuse de pouvoir retrouver ces odeurs familières et des visions du passé. Et, alors qu’elle s’attendait à dîner dans un des cabinets privés du roi, elle fut à la place conduite jusqu’à la grande salle de réception, et à sa grande surprise – même très grande à ses yeux écarquillés – le roi l’attendait, avec tout un comité d’accueil.

Eh bien votre altesse, dit elle les yeux remplis d’admiration, vous savez recevoir comme il se doit. Elle ondula jusqu’à sa chaise que l’on tira pour elle, et remarqua que le roi s’était fait habillé pour l’occasion, et était éclatant de noblesse et de raffinement. Votre élégance vous fait honneur, et votre sens de l’accueil aussi. Ce dîner s’annonce merveilleusement bien. Elle sourit de ses pulpeuses lèvres sombres, regrettant un peu de ne s'être pas changée elle-même pour une tenue plus appropriée. Vous êtes charmant.

Les plats répandaient déjà une odeur délicieuse, et promettait un moment exquis. Attendant son hôte, la sylphide était d’ores et déjà honorée, et à moitié conquise. La question était maintenant de savoir ce que lui réservait cette entrevue privilégiée et ces mets des plus distingués, sous les chandelles chatoyantes et le son de la musique de l’orchestre du roi.

Bien joué, oui je pense que cette expression reflète mon état d’expression de manière très fidèle. Je suis en effet particulièrement fier de moi, et de ma petite surprise, et vois aux grands yeux que fais la Dame de sable que mon attention première, la surprendre, est réussis. Je reçois même des compliments, et je ne peux m’empêcher de rougir un peu devant tant d’éloges.

Je m’assois à mon tour et demande que l’on commence le service, je commence, comme d'habitude par gouter le vin que l’on m’a servis, un grand cru de Cimmeria, que je trouve excellent, et je fais d'abord remplir le verre de mon invité avant d’engager la conversation, en même temps que l'on nous sert les différents plats :

Dame Mäje, j'ai été élevé par mon père très sévère et occupé, ce qui fais que j'ai toujours été seul. Lorsque je suis partit en garnison à l'âge de huit ans, le seul moment de la journée qui étais supportable, c'était le repas que nous prenions tous ensemble, avec mes camarades de régiment, cela m'a permis d'endurer les entraînements et les privations. Aujourd'hui encore, ce moment privilégié qui me permet de me détendre et de mettre en pause mes obligations et autres problèmes. C’est pour cela que je tenais à vous inviter, afin que vous voyez le vrais Thimothée, enfin plutôt le Thimothée détendu, vous saviez d'ailleurs que j'ai un excellent sens de l'humour ? Mais je ne peux jamais le partager, c'est dommage...

Je me rends compte que je parle beaucoup, sans doute à cause du stress, c'est la première fois que j'invite une femme dans ces circonstances depuis la mort de Mathilde et j'essaye de l'éblouir par mon vocabulaire tout en l'amusant, mais je sens bien que j'ai du mal, je décide alors d'être franc concernant les raisons qui m'ont amené à l'inviter :

Je tenais à vous avoir à dîner car je me sens actuellement très seul, la personne à qui je tenais énormément est partit en laissant un simple mot et je n'ai aucune idée si elle va revenir un jour. Je me retrouve une nouvelle fois isolé, ne pouvant pas converser avec quiconque au palais car je dois toujours tenir mon rôle de roi.

Et voilà, je me remet de nouveau à me plaindre, si je continu comme çà, la dépression va revenir et se sera vraiment un charmant dîner pour la Sylphide. Il faut que je change de sujet et surtout que j'arrête de parler de moi. Je pose donc quelques questions à la très jolie jeune femme en face de moi :

Vous m'avez été de très bon conseil, je me demande, intelligente et belle comme vous êtes, pourquoi vous n'êtes pas devenu dirigeante dans n'importe quel pays ? Vous en avez les capacitées et je suis sûr que vos connaissances dépassent celles de n'importe qui présents dans cette salle de cent coudées. Alors pourquoi vous contentez de gérez un établissement dans le désert alors que vous pourriez faire tellement plus ?

Je m'arrête de parler, un peu effrayé par ma propre audace, mais la Dame des Sables dispose d'un tel potentiel que je comprends pourquoi elle ne l'utilise pas complètement.

Suivant l’invitation du souverain, la sylphide prit place autour de la place richement garnie. On servit d’abord au souverain un verre d’un grand cru dont elle distingua l’étiquette de loin, et reconnu immédiatement le blason d’un maître-sommelier cimmérien séculaire. Un indice sur la qualité du breuvage que l’on servait à présent à la table royale. Du coin de l’œil, elle observa le roi faire tourner le liquide dans son verre, avant d’en goûter une gorgée. Après cela il ordonna qu’on lui serve un verre également, et l’immortelle ne se fit par priée pour attraper à son tour le récipient, s’enivrant de l’odeur capiteuse de son contenu. Un parfum lourd et dense de rose et de genévrier, avec des notes de fruits rances et de poivre. Un cru d’exception, il était certain. Suivant le goût avisé du seigneur, elle porta le liquide à sa bouche, et le fit tourner quelques instants sur sa langue. Divin.

A sa grande surprise, Thimothée se lança dans un discours plein de bon sens et de souvenirs, peu joyaux d’ailleurs. Le portrait qu’il dressa de son père n’était pas des plus tendres, et n’avait malheureusement rien de surprenant. Elle se rappelait de lui comme un homme froid et austère, et il n’y avait aucun doute qu’il devait appliquer sur son fils une pression constante. Il devait voir en son rejeton l’avenir de la nation et lui appliquer une discipline de fer, assez forte pour le tordre et le déconstruire pour le rebâtir à son image - la sylphide n’était pas mécontente qu’il ait échoué dans cette entreprise. A la place d’une pâle copie du roi et d’un homme glacial et brut, il était là un vrai gentleman.

Vous me voyez ravie de rencontrer le Thimothée détendu, et de partager ce moment privilégié. Dit-elle en portant le verre à ses lèvres. Et j’espère bien pouvoir découvrir votre sens de l’humour.

Elle ignorait effectivement que le roi était un drôle de larron, connaissant bien plus son sens des affaires et du progrès que son rire. Les rumeurs qui entouraient le souverain faisaient principalement état de son passé tragique et de ses années de dépression avant son retour miraculeux sur la scène politique. Mais le roi privé était bien plus entouré de mystère. Nul doute qu’il s’agissait pour elle d’un moment d’exception que peu de personne pouvait partager, et d’une occasion unique de découvrir le souverain sous une perspective nouvelle.
Pourtant quelque chose semblait retenir le souverain, le contraindre à la parole. Une forme de nervosité qui l’empêchait d’être pleinement détendu, et qu’elle percevait comme une forme de stress. Il n’y avait pour elle aucune raison de ressentir cela, pourtant, mais elle ne pouvait pas le forcer à parler si il n’en avait pas envie. Sa langue allait pourtant se délier bien malgré elle. Et ce qu’elle entendit lui fit sincèrement de la peine. Et pourtant, Mäje n’était pas connue pour son empathie. Au contraire, le malheur d’autrui était connu pour ne pas beaucoup l’affecter, et qu’elle n’éprouvait de la compassion que si elle y trouvait de l’intérêt. Mais là, c’était différent. Le roi faisait tant d’efforts pour être un gentleman, bienveillant et courtois envers tous ses sujets, porter au mieux ses affaires que de le voir murer dans sa solitude lui piqua le cœur.

Je suis navrée d’entendre cela, votre altesse. Murmura-t-elle, posant son verre sur la table. Elle devinait que la personne en question ne devait être que la trépassée dont il était question plus tôt, et qu’ils devaient avoir eut un différent. Le peu d’information dont elle disposait ne lui permettait pas d’avoir un avis construit ou même de lui permettre de commenter quoique ce soit, aussi lui laissa-t-elle cet intimité. Vous avez beau être roi, et bien que je sois votre conseillère, vous pouvez me parler, vous savez. Dit-elle, étrangement sûre d’elle-même. Après tout, si vous le voulez bien, je peux aussi être votre amie.

Elle l’avait dit avec un certain appui, désirant sincèrement le soulager un peu. Pour en avoir côtoyer beaucoup, elle savait que la tâche de souverain était dur et amenait beaucoup plus de solitude que de liesse. Un navire de plusieurs centaines de millier d’âmes était autant un fardeau qu’une bénédiction, et que même si on ne manœuvrait que rarement seul, on l’était souvent derrière la barre. En prononçant ces mots, elle savait ne rien demander en retour. Simplement se proposer pour aider un peu le terran en ces temps dures.
Comme pour évincer la conversation, il changea brusquement de sujet, et en choisit un qui avait tout but de flatter son égo, tout en remuant un couteau dans une plaie à moitié ouverte. Sa place… Cela avait toujours était un sujet de beaucoup de discorde et beaucoup de peine. A dire vrai, elle n’en avait pas la réponse. Et elle ne se voyait pas non plus l’envergure d’une dirigeante, tout juste était-elle plus habile comme voix dans l’ombre que comme figure de proue. Répondre n’allait pas être aisé, et elle prit un air las et sérieux, en posant sa joue sur sa main, sa peau dorée dansant sous les bougies.

Pour être tout à fait honnête, je ne crois pas en avoir la volonté. J’ai épaulé de nombreux souverains dans mon existence - votre père entre autre, mais il y en eut tant d’autres que je n’arrive pas à tous les énumérer. Et pourtant il ne m’est jamais apparu judicieux de rester encrer sur tout un peuple ou de m’approprier ce pouvoir pour moi-même. Intérieurement, elle comprenait sans le dire qu’elle ne voulait pas en assumer la responsabilité, trop lâche et trop égoïste pour cela. Val’Meëza et maintenant le Mirage étaient déjà bien plus que tout ce qu’elle aurait pu prétendre diriger, et dépassaient de loin ses premières ambitions. Je réserve mon potentiel à d’autres: l’ombre me va mieux que la lumière. Ne trouvez-vous pas?

En disant cela, elle avança un sourire dépassé, moins resplendissant que tous les autres qu’elle aurait pu faire. C’était encore une jeune immortelle en quête de raisons, en quête d’ambition et de passion. Aussi se nourrissait-elle patiemment de celles des autres, en trouvant sa voie dans les chemins d’autrui. Mais le destin était joueur, et elle aussi: qui sait ce que lui réservait l’avenir? Il ne lui appartenait pas d’en décider. A la place, elle continua de boire son excellent verre de vin.

La soirée ce passe bien et je suis content de voir la Dame des Sables apprécier le vin que je lui ai fais servir. Elle me propose même de devenir mon amie, et je lui réponds avec un grand sourire:

Dame Mäje, Ce sera pour moi une joie et un grand honneur d'être votre ami, actuellement je n'ai aucune connaissance ayant votre beauté et votre intelligence, j'en serais donc flatté. Mais je ne sais pas vraiment comment me comporter en tant qu'ami, je dois tout vous dire et vous me direz toute votre vie ? Je ne sais pas grand chose de votre passé, et vous en parlez assez peu, est-ce parce que vous ne voulez pas l'évoquer ou que vous avez eu des blessures que vous voulez garder secrète ?

Je m'arrête là, car la Sylphide m'indique maintenant qu'elle souhaite rester dans l'ombre par manque de volonté. Je reste dubitatif devant son explication, la personne que j'ai en face de moi ne semble en aucune façon, manquer de volonté. Je suis interrompu dans mes réflexions, par l'arrivé du plat un cochon de lait, cuit à la broche à la perfection et accompagné d'une sauce au cidre et à l'échalote. Ce plat, en plus d'être très réussis visuellement est tout simplement divin, et c'est donc avec un soupir de contentement, après avoir fini mon assiette, que je continu la discussion avec la superbe créature en face de moi:

J'apprécie votre beauté et votre charme et pour moi, vous ne devriez pas être dans l'ombre, mais sachez que j'apprécie vos conseils, et si vous désirez y rester, je vais tout faire pour que vous y soyez le mieux possible, vous disposez déjà d'une suite et de tout les avantages d'une diplomate, mais si vous avez besoin d'autre chose, dites-le moi, c'est ce que font les amis après tout.

Je commence à bien apprécier cette discussion et le repas, surtout quand les desserts arrivent, c'est une grande nouveauté qui vient juste d'être introduit à Hesperia et j'espère que mon invité appréciera cette fameuse mousse au chocolat, dont on m'a dis le plus grand bien. Pour ma part, j'en goute un peu et je suis transporté aussi loin qu'avec la drogue de Mäje et de manière bien plus agréable, le chocolat est vraiment une invention délicieuse. Je savoure encore un peu, avant de reprendre la parole:

Restez-vous longtemps à Hesperia, et si oui, avez-vous des projets pour ce soir ? Cela fais bien longtemps que je n'ai pas dansé et j'aimerais beaucoup le faire en votre compagnie, si vous êtes disponible bien entendu.

J'espère vraiment que la propriétaire du relais Val’Meëza, acceptera, cela fais tellement longtemps que je n'ai pas valsé, depuis la mort de ma femme Mathilde qui aimait beaucoup la danse et je n'ai jamais eu l'occasion de le proposer à Ylivi. Je chasse cette dernière image de mes pensées, la jeune gorgoroth est partit, me laissant seul, donc pour ce soir seulement, je vais profiter et me détendre avec mon amie.

Voir le sourire sur le visage souverain était particulièrement rassurant, et Mäje enterra cette tristesse passagère d'une gorgée de vin. Si il était bien une chose qu'elle pouvait offrir, c'était son amitié. C'était en cela un acte totalement apolitique qu'elle dégageait de toutes ses obligations, et qu'elle dégageait aussi de sa propre personne. Elle avait toujours su séparer le professionnel du personnel, et pouvait passer de l'un à l'autre avec la plus grande aisance. Et bien que le roi semblait avoir des doutes quant à la façon de se comporter, elle n'avait pas peur qu'il trouve rapidement ses marques.

Et bien, voilà qui est scellé. A la votre, votre altesse. Elle réfléchit un instant en portant le verre à ses lèvres, sans pour autant avaler. Ou devrais-je vous appeler Thimothée? Elle savait s'avancer sur un terrain plus personnel, sans pour autant se sentir coupable. Et vous savez, il n'est pas simple de résumer quatre siècle d'une existence inconstante: j'apprécie donc de vivre dans le présent, où le passé revient par touche. Mais je serai curieuse d'en apprendre plus sur vous.

Le repas les interrompit avec vapeurs et odeurs délicieuses, et la sylphide vit s'aligner les plats devant eux comme des amants, la nourriture fumantes et luisantes ne demandant qu'à être dévorée. Elle se délecta de sa part avec lenteur et appréciation, préférant manger peu et délicatement que vite et sans savourer. Chaque goût se révéler sur sa langue curieuse, et la viande y fondait comme un morceau de beurre. La gastronomie eridanienne était réputée, et elle devait admettre que, bien qu'elle n'eut pas l'exostisme et les épices de la cuisine argyréenne, elle restait succulente.

Merci beaucoup, mon Seigneur. Dit-elle poliment, reposant dans son assiette ses couverts croisés. Pour l'instant, je ne manque de rien, mais je ne manquerai pas de vous faire savoir si il y a quoique ce soit. Dit-elle en savourant à petite cuillerée le dessert, appréciant moins le sucré que le salé. Ces goûts étaient plutôt ceux d'Äjhem, qu'elle sentait se torturer de la situation dans un coin de son être. Mais elle savait que si il se présentait à présent devant le roi, celui-ci en deviendrait vert. Je pense rester le temps qu'il faudra pour finaliser les travaux et superviser l'ouverture du Mirage. Elle avait lieu à une semaine de cela et elle ne voulait pas qu'elle soit entaché d'un accident car un employé s'en était montré indigne. Pour une telle fête, elle préférait avoir tous ses tentacules de pieuvres bien vissées autour du bateau. Quand l'établissement pourra avancer seul, je pourrais retourner en Argyrei... J'ignore encore pour combien de temps. Mais mes plans pour ce soir se résument à vous, et j'accepte votre proposition avec grand plaisir. Ce serait dommage que vos musiciens se contentent de regarder, après tout.

Elle étira ses pulpeuses lèvres noires, et présenta sa main au souverain pour qu'il mène la danse. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas dansé et cela lui procurait un grand bien de le faire au bras d'un gentleman. Après tout, c'était beaucoup de nouveauté dans ce palais, et elle espérait bien pouvoir chasser la tristesse et les mauvaises pensées de ce crâne couronné.

Je prends la main de la Dame des Sables en souriant, sa main fine parait toute petite dans la mienne et je lui dis d'une voix douce:

Puisque nous sommes amis, vous devez m'appeler Thimothée et moi, je vous appellerais Mäje.

J'emmène donc ma partenaire sur le piste de danse situé au milieu de la grande salle de bal. J'entends les musiciens accorder leurs instruments puis jouer une valse lente, sans doute pour commencer en douceur, et me rappelant mes cours appris grâce à mes tuteurs, je commence à faire tournoyer mon invité.

J'ai toujours aimé danser avec ma femme Mathilde, c'était une compagne extraordinaire qui adorais valser pendant des heures, et nous l'avons fais même pendant sa grossesse avant d'arrêter au sixième mois. C'étais d'ailleurs son seul regret à cette époque, celui d'avoir du abandonner ce plaisir. Aujourd'hui, pour la première fois depuis sa mort, je valse à nouveau puisque j'en ai envie et non par obligation lors d'une soirée mondaine, pour ne pas froisser l'étiquette, ou des nobles qui veulent à tout prix, marier leurs filles.

Je chasse ses pensées parasites de mon esprit pour me concentrer sur le moment présent, et pour répondre à la question de la Sylphide, sur mon passé, je lui réponds:

Je suis quelqu'un qui es sortit d'une longue dépression et apprends petit à petit à vivre normalement et à laisser mes peines derrière moi. Tout c'est accéléré quand j'ai rencontré une personne très spéciale qui m'a permis de tourner complètement la page. Notre folle aventure a duré trois jours et je lui ai tout donner, pardonner tout son passé, je me suis donné corps et âme à cette nouvelle relation, puis elle est partit, me laissant seul à nouveau. Je suis encore triste par cet abandon, mais je suppose que dans toute péripétie, il y a un risque qu'elle s'arrête brusquement. Bref, je continu à guérir et j'ai laissé la survie pour simplement vivre.

Je fais un grand sourire à mon amie en prononçant cette dernière phrase, je me sens bien et je prends vraiment plaisir à danser avec ma partenaire. Je ne pense plus du tout à la question des Ladrinis, emporté par la musique et ma très jolie invité, appréciant chaque seconde, serrant son corps magnifiques dans mes bras.

Je vous suis, Thimothée.

Mäje suivit le souverain sur la piste, et se laissa guider pour les prochaines secondes. En quatre siècles, l’immortelle avait eu le temps de devenir une excellente danseuse, et au fil de ses fréquentations, s’était fait une spécialité d’apprendre toutes les danses locales pour devenir une partenaire d’exception. Même outre la danse : la sylphide se voulait iconique, une exception dans tous les sens du terme.
Quand il passa la main sur sa taille, elle redressa la poitrine, ouvrit les bras et posa élégamment une main sur l’épaule masculine. On sentait dans sa guidance une touche habituée, et elle se douta qu’il devait avoir de longues heures de pratique derrière lui. Néanmoins il lui donnait l’impression de mener avec bonhommie, et une certaine joie comme une certaine aisance se dégageait de lui.

Il changeait effectivement du Thimothée un peu sévère et un peu stricte qu’elle avait rencontré la première fois. Cet ultime objet de cours ne devait être qu’une facette de sa personnalité, un avatar du pouvoir qu’il présentait au peuple et aux notables de sa cours. Un masque, en somme, pour maintenir ses émotions et ses sentiments en laisse. C’était un des aspects du pouvoir qu’elle n’appréciait guère, mais qui faisait indéniablement partie du jeu politique. Il était vital pour eux de conserver les apparences : c’était essentiel pour garder la cohésion d’un peuple autour d’un seul homme, et pour avoir des épaules solides. Néanmoins cela impliquait l’aliénation, et un détachement strict et disciplinaire. Et elle ignorait encore si Thimothée ne se perdait pas dans ce jeu.

La musique débuta, et elle suivi ses pas comme un jeu de mime. C’était un guide remarquable, et elle s’amusait beaucoup à valser avec lui. Les musiciens étaient eux-aussi excellents, et elle s’amusait beaucoup à retrouver le cadre des légendaires bals d’Hesperia et des folles soirées de la capitale, quoique dans un cadre beaucoup plus intime. Des souvenirs de ces nuits lui revenaient par rafale, et elle se surprise à être ravie de pouvoir en forger de nouveau.
C’est durant cette danse qu’il choisit de se révéler, et elle du admettre qu’elle n’en espérait pas tant. Il semblait avoir un passé douloureux, et pour ce qu’elle connaissait de son histoire tragique, cela justifiait son état et le parcours qu’il avait traversé. Celui-ci était à saluer, et elle ne manqua pas de le faire.

J’ai entendu parler de votre passé, et je salue votre parcours et votre remonté spectaculaire. Nous sommes notre propre ennemie, après tout, et vous revenez de loin malgré votre jeune âge. Elle pinça sa lèvre. Si cette jeune femme est partie, elle ne doit pas savoir ce qu’elle laisse derrière elle.

Le sujet était épineux, et elle avait l’impression de marcher sur des œufs. Une aventure passée et douloureuse, passionnée et destructrice… Elle se demandait bien qui pouvait être la fougueuse damoiselle qui avait abandonnée le roi de la première nation du monde. Et avec un passé visiblement sulfureux ou lourd d’actes… Une ladrini ? Décidément, cette affaire était entourée de mystères, et il semblait évident que cela restait douloureux pour le souverain. Mieux valait l’y laisser au risque de le replonger dans le spleen.

Se relever est source de douleurs, mais je vous prédis une longue et belle vie, remplie du bonheur que vous allez conquérir par vous-même. Dit-elle avec un sourire apaisé. Vous êtes déjà sur la bonne voie pour l’atteindre, non ? Mais, pendant que j’y pense, ne souhaitiez vous pas que nous parlions des Ladrinis ? Une recrudescence de leur activité dans votre nation, peut-être ?

Je suis satisfais de moi, ça ne m'arrive pas souvent, mais quand ça m'arrive je suis satisfais, c'est donc un cercle vertueux. Et j'aime bien ce qui est vertueux. Plus sérieusement, je craignais d'avoir perdu mes compétences de danse, n'ayant pas pratiqué depuis bien longtemps, mais finalement tout m'est revenu naturellement, ce qui explique mon état de satisfaction.

Mäje me fais même un petit compliment sur le fais qu'Ylivi ne sait pas ce qu'elle a laissé quand elle m'a quitté. Puis elle parla des Ladrinis, et je fronce immédiatement les sourcils, les ayant oublier pendant cette danse. Pourtant, je me détends vite, m'amusant trop pour songer maintenant à des choses désagréables, je lui indique donc en souriant:

Mäje, vous devez apprendre à vous détendre et à profiter de danser avec moi, c'est un honneur rare !

Mon sourire s'élargit devant ma plaisanterie, puisque c'est une des phrases que la dame des sables auraient pu prononcer à mon encontre, je continue donc sur le même ton:

De plus, à la fin de cette danse, j'ai une dernière surprise, un de mets préférés, de la glace !

Mes yeux brillent en prononçant le nom de cette sucrerie, je pense que je suis même dépendant de cette friandise. Je continu donc à danser avec elle, profitant de la chaleur de son corps, jusqu'à ce que les musiciens fatigués, fassent leurs pauses.

Je tends ensuite mon bras à la Sylphide pour la raccompagner jusqu'à la table où les deux coupes contenant le dessert viennent d'être apporté. Pendant que je mange, j'en profite pour poser une question à mon invité:

Quel votre plat préféré ? J'aimerais beaucoup demandé à mes cuisiniers de vous le préparer lors de notre prochain diner.

Ce n'est pas très subtile comme invitation, mais je me sens très détendu comme cela ne m'est pas arrivé depuis très longtemps, trop longtemps même. Je lui souris donc et fini ma glace en attendant sa réponse.

Une fois ce dernier plat terminé, je propose à la jeune femme de me suivre sur le balcon, j'y ai fais installer des braseros pour que le température reste agréable, même dehors, et les flammes rajoutent un certain cachet. Je lui montre alors la vue de la capitale, magnifique avec toutes les lumières des différents feux et surtout la grande muraille qui entoure la ville, visible de loin avec toutes les torches allumés.

Je reste quelques minutes à contempler ce spectacle, avant de finalement, devenir sérieux et répondre à la question de mon amie:

Les ladrinis ont été officiellement bannis du Royaume, et les problèmes ont effectivement baissés, mais je ne suis pas satisfais. J'ai vu ce qu'est devenu Tyrhenium, complètement gangréné par le crime, et je n'ai aucune envie de voir Hesperia ressembler à çà. C'est là que j'ai besoins de vos conseils, est-ce possible de les éradiquer complètement ? Et si oui, comment faire ?

Je regarde droit dans les yeux cette magnifique créature, sollicitant une fois de plus son intelligence. Espérant qu'elle pourra encore m'aider, aussi bien dans la gestion du royaume que dans ma vie personnelle.

A sa dernière question, la sylphide se surprit de découvrir le souverain légèrement plus tendue, et sentit la crispation dans sa main soldide jusqu’au bout de ses doigts forts. Un point sensible ou une corde raide ? Que nenni, et elle l’apprit à ses dépends. Sa remarque lui arracha un air penaud, et elle du admettre qu’il avait certainement raison. Après tout, l’énigmatique centenaire n’avait pas pouvoir habitude de pleinement se détendre, son cerveau bouillonnant toujours de milliers de pensées qui grouillaient comme des fourmies sous son visage de panthère. Expirant profondément, elle se força à se détendre, et en réponse prit les devants sur la danse, forçant d’elle-même le rythme en quelque chose de plus intime et enivré, plus rapide aussi, en s’approchant plus du souverain qui suivait excellement la cadence.

Vous avez raison, Thimothée. J’imagine pouvoir faire un effort… Dit-elle en coudant le bras et en se collant à lui, décollant juste sa nuque et sa jambe qui n’était pas porteuse pour glisser sur son genou jusqu’à son bassin, en revenant ensuite sur ses pieds avec la même grâce. Un mouvement langoureux et de la plus haute élégance d’une antique danse d’Amaryl. Si il le souhaitait, elle pourrait lui apprendre. Connaissez-vous le tango ?

Appréciant plus ce moment sportif, elle tu ses pensées studieuses jusqu’à ce que les musiciens cessent de jouer et qu’il ne resta plus de ce moment que leurs poitrines se soulevant rapidement et leurs sourires amusés. Passant son bras contre le coude souverain, elle le suivit jusqu’à regagner sa place où leur attendait deux coupes remplies de la douceur glacée. Cela faisait longtemps qu’elle n’en avait pas mangé, tellement ce plat était rare en Argyrei (souvent car les températures peu clémentes fassent s’évanouir en une flaque parfumée tout espoirs de le manger froide). Plongeant sa cuillière dedans avec un plaisir non dissimulé, elle déposa une première cuillerée sur sa langue et savoura déjà le goût délicieux de sucre et d’amande.
La demande du roi la prise de court, et elle dû s’interroger pendant plusieurs secondes, la cuillère dansant sur ses lèvres noires au rythme de son introspection…

Je dois avouer hésiter profondément entre de la seiche braisée et le sanglier aux olives… Elle sourit, savourant déjà son audace qui répondait à la subtilité à demie mesurée de Thimothée. Cela vous donnera doublement l’occasion de m’inviter de nouveau à votre table. Et, en renchérissant, elle poursuivit : Et vous, votre altesse ? Quel plat vous fait atteindre les sommets du paradis ?

Quand ils eurent finit le dessert, Thimothée la conduit jusqu’à un balcon doucement illuminé de torchère illuminant et la ville, et la vue. Maintenu à douce température, la sylphide n’a presque pas la sensation du froid, et la vision d’Hesperia la plonge pendant un temps dans la contemplation. La vue est vraiment magnifique, à couper le souffle même, et la replonge dans de très lointains souvenirs de toutes les fois où elle servit la couronne Eridanienne avant de la quitter, comme un amant capricieux vers lequel on retourne toujours. Finalement, c’est le roi lui-même qui la tire de ses pensées, et avec un brusque sérieux qui la ramène à son tour à la réalité.
Epineuse question que celle des ladrinis… Elle les connaît suffisamment pour traîter avec eux sous de nombreuses mesures, et car certaines de ses activités ne sont finalement que peu éloignées des leurs. Et de ce peu d’expérience, elle comprenait déjà qu’il s’agissait là d’un combat contre l’invisible difficile à gagner.

C’est un problème particulièrement sensible, en effet. Dit-elle, grave, consciente de la tâche folle à accomplir. Voyez cette organisation comme une hydre : coupez une tête, et deux repousseront à sa place. L’homme à sa tête est des plus mystérieux, et même noyé dans l’énigme. Et pourtant, venez-en à bout et d’autres auront déjà pris sa place. Ils sont dispersés, désolidarisés, chaotiques : seul, personne ne peut en venir à bout. Alors ne faites pas comme Thyrénium : mobilisez votre milice, votre armée, et protégez vos rues et vos institutions. En gardant une politique forte et en ferme, et en multipliant les patrouilles, vous éviterez au moins qu’ils ne prolifèrent.

En réalité, ils lui faisaient beaucoup pensé à des rats, tant dans leur attitude nocturne et dans camouflée par l’ombre, que par leur organisation. Si il ne surveillait pas sa ville, ils auraient vite fait de prendre le contrôle. Néanmoins, si il multipliait d’avantage les contrôles et les démonstrations de force, il parviendrait peut-être à les repousser hors de la ville, ce qui n’était pas pour aider ses futures affaires non plus. Mais passons : son avantage était avec les plus offrants, et elle se doutait que sa future clientèle serait sûrement parmis les riches notables d’Eridania, et plus avec les ladrinis. Cela lui inspira d’ailleurs un sursaut de réalisation.

Oh ! Et surveillez également vos connaissances et votre entourage. Je suis très mal placée pour vous donner ce conseil, mais on n’est plus jamais sûr des personnes qui nous sont proches : tout le monde a deux visages. Et je suis un bon exemple. Dans tous les sens du terme, se dit-elle, tant pour ses vapeurs que pour Äjhem qui riait secrètement au plus profond d’elle-même. Certains sont peut-être dans vos cercles les plus intimes, Thimothée.

Le tango ? Je n'avais jamais entendu parler d'une telle danse mais les sonorités étaient plaisantes à l'oreille, je réponds donc à la Sylphide:

Rien que le nom me plait, j'aimerais beaucoup apprendre cette...

Je n'arrive pas à continuer ma phrase, car la très jolie jeune femme c'est plaqué contre moi, et j'ai du mal à me contrer sur la fin de ma phrase. Heureusement, les musiciens s'arrêtent à ce moment là.

Nous nous retrouvons donc à table, ce qui donne l'occasion de calmer les battements de mon cœur, et j'apprends alors le nom des deux plats qu'elle préfère. De mon côté, après avoir longuement réfléchis, je lui réponds:

Ce sera avec plaisir que je vous inviterai à diner autant qu'il vous plaira, concernant mon plat préféré, je n'en ai pas encore, j'espère un jour le trouver.

Une fois le dessert terminé, c'est sur le balcon que nous continuons à discuter, et ses conseils sont comme d'habitude très réfléchis, et c'est donc après 'intenses réflexions suite à ses paroles que je lui réponds:

Je ferais comme vous me le suggérez et je vais demander à mes généraux de renforcer les patrouilles ainsi que la surveillance de la ville. Concernant la méfiance envers mon entourage, je n'ai qu'un seul cercle intime et il est constitué de deux personnes qui sont mes amis, c'est à dire le comte d'Odessa et vous, et j'ai entièrement confiance en ces deux personnes.

Je souris à cette dernière phrase, car je crois sincèrement que depuis le temps qu'elle vit dans les cercles du pouvoir, elle aurais pu en profiter pour mettre à mal la royauté, au lieu de cela, j'ai droit à ses conseils pour m'aider à garder le trône. Mais il commence à se faire tard, et je m'adresse à mon invité:

Dame Mäje, je fais un bien mauvais hôte à continuer à vous parlez alors que vous devez être fatigué. Voulez-vous profiter de vos appartements ici, ou bien préférez-vous que je vous raccompagne, en vous procurant un bon manteau bien chaud pour pas que vous attrapiez froid, jusqu'à votre établissement ?

Je souris, car j'ai acheté à l'ainé des deux sœurs, deux manteaux en fourrures, mais que je ne lui ai pas encore offert, je peux donc en donner un sans problème à la magnifique créature que j'ai en face de moi, mais avant cela, j'ai une dernière question à poser:

Je vais sans doute vous paraitre présomptueux, mais puisque nous sommes amis, que pensez-vous de nous tutoyer ?

Pliant les bras sur le balcon, elle écouta distraitement la réponse du souverain qui semblait emplie de bienveillance. La tournure des évènements avait de quoi la surprendre, tant tout cela était advenue de manière soudaine et étrange. Comme si le destin l’avait mené à ce jeune homme plein d’espoir, et leur avait permis de tisser des liens facilement et sans contrainte. L’immortelle ignorait encore jusqu’où cela la mènerait et comment cette amitié évoluerait, car rares étaient ceux à pouvoir prétendre être ses amis. Mäje et Äjhem avaient beaucoup de connaissances, un nombre éminent, même, mais ils n’avaient que très peu d’amis… La mortalité de cela rendant souvent douloureuse la possibilité des au revoirs. Mais Thimothée avait su passer à travers les mailles du filet, et s’était ainsi forgé une place parmi eux.

C’est une sage initiative. Dit-elle simplement, closant ainsi le sujet des ladrinis. Après tout, tant que leur tête serait en place, il n’y avait guère de possibilité de les éradiquer, tout juste de les convaincre.

La fraîcheur du soir parvint tout de même à briser les boucliers de sa peau dorée et la fit légèrement frissonner. Comme le suggérait le roi, il était peut-être temps de mettre fin à cette délicieuse entrevue. Pendant un petit instant, elle réfléchit à ce qu’il était bon de faire. L’idée d’avoir des appartements dans le palais lui plaisait beaucoup, d’abord car le cadre était somptueux et à la hauteur de sa personne, et ensuite car ça leur épargnerait à tous les deux une balade nocturne dans les ruelles sombres de la cité. Même si la présence du roi était rassurante, elle se voyait mal exposer le souverain aux yeux de tous en pleine lui et le forcer à quitter son quartier général pour ses beaux yeux.
En même temps, le Mirage avait pour l’instant la fragilité d’un château de carte dont elle était la base, et elle savait que sans elle, la mécanique ne tiendrait pas longtemps. Entre le cœur et la raison, elle ne savait que choisir, et c’est le roi qui la ramena avec une nouvelle proposition surprenante.

Faisons cela ! Dit-elle avec un certain amusement, heureuse de la tournure des évènements et de son rapprochement inattendu avec le souverain. Concernant ce soir, ce n’est pas que je veuille refuser ton hospitalité, mais il serait sûrement plus sage de retourner jusqu’à mon établissement. A ce stade, mieux vaut le surveiller en permanence…

En pensant à cela, elle se massa les tempes avec lassitude, agacée par la ferveur frénétique des terrans à faire un travail rapide mais parfois bancale, quoiqu’elle ne soit pas bien placée pour le dire. Récupérant le chemin de l’entrée de la pièce, elle se retourna brusquement une dernière fois.

Merci encore pour tout, Thimothée. C’était une excellente soirée. Elle lui tendit une main fort élégante. Mais je ne voudrai pas priver ton palais de son cerveau et te priver en même temps d’un sommeil mérité. Je peux m’en sortir seule, et quand bien même cela te ferai du mal, tu peux dépêcher quelqu’un pour me servir de guide. Un sourire étendit ses lèvres. Avec un royaume sur les épaules, le premier fatigué, ne serait-ce pas toi ?

La Dame des Sables, décide de quitter le palais pour rejoindre son établissement, et je suis triste de voir partir mon amie , heureusement, elle me fais un dernier cadeau en me tendant la main, que je baise de manière élégante, tout en la gardant quelques seconde que le permettrais le protocole, afin de lui faire comprendre à quelle point, elle m'a impressionné au cours de cette soirée.

J'en profite que la Sylphide soit toujours dans les murs de mon palais, pour faire signe à un serviteur, qui m'apporte quelques minutes après un cadeau soignesement emballé. Je l'offre de manière tout à fait céromonieuses à la jeune femme, ce magnifique manteau de fourrure, avant de lui adresse la parole :

Mäje, reçoit ce modeste présent de ma part, comme gage de ma gratitude. Tu m'as beaucoup aidé et je vais avoir besoin d'un peu de temps afin d'appliquer tous tes conseils. Une dizaine d'hommes de ma garde personnelle vont t'accompagner pour s'assurer que tu ne soient pas embêter en chemin.

Je n'ose pas compléter ma phrase, sinon j'aurais « par des hommes », mais il ne faut pas que je me montre jaloux, cette magnifique créature est déjà devenu mon amie, et c'est déjà bien plus que ce j'espérais.

Je contemple une dernière fois la dame des sables, admirant son corps parfais et remerciant une nouvelle fois la providence de l'avoir rencontré.