Quand les livres rencontrent les tasses [TERMINE]

[justfiy]Soizic se trouvait à son bureau, elle venait de faire partir les dernières personnes venues pour s’occuper du sous-sol. Cela avait été un défilement, il n’y avait jamais eu autant de personne dans la Bibliothèque que ces dernières semaines. Le ménage avait été fait et puis elle était revenue et à son retour, les travaux pour reboucher les arrivées et sorties aquatiques. C’était le Roi qui lui avait « prêté » ses employés pour lui faciliter la tâche et elle devait reconnaître qu’ils avaient été très efficaces. Au moins, elle pouvait respirer maintenant, elle n’avait plus à s’inquiéter que qui ce soit ne puisse entrer dans son sanctuaire sans qu’il n’y soit invité. Elle avait installée une grande bâche de la même couleur que le mur pour que personne si ce n’était elle et les ouvriers ne soit au courant de ce qui se cachait au-delà de salle des parchemins, quand elle aurait le temps, elle s’occuperait d’installer une porte qu’elle seule pourrait ouvrir mais là, tout de suite, il y avait plus important : engager du personnel et préparer son futur voyage pour Cimmeria. De ce fait elle était là, assise à passer en revue des fiches de personnel mais aucune ne trouvait grâce à ses yeux, personne ne semblait la satisfaire. Elle attendait de ceux qu’elle engageraient une rigueur sans pareil et un grand sens de l’autonomie mais pour l’instant, ils avaient soit l’un soit l’autre. Afin de se changer les idées et peut-être de voir les choses d’un autre point de vue, elle décida de sortir pour prendre l’air.

Il y avait peu de personne en cette période qui venait lire et depuis que les livres avaient été rangés, le personnel déjà en place se retrouvait plus facilement dans la Bibliothèque, c’est pourquoi, elle pouvait se permettre de sortir et de profiter de la journée. Après avoir flané un peu dans les rues du centre ville et avoir aidé plusieurs artisans dans leur tache (ou comment s’assurer d’un retour de faveur par la suite), Soizic décida d’aller s’installer à une table du nouveau salon de thé qui venait d’ouvrir il y avait peu, pas très loin de la place publique et dont elle avait trouvé l’enseigne en se promenant parmi les clients de son sanctuaire. Elle avait discuté avec le propriétaire tandis qu’il lisait un livre sur l’architecture et elle lui avait fourni ses services gratuitement en échange d’une table à l’écart des autres lorsqu’elle viendrait dans son établissement. C’est pourquoi, elle se trouvait dans un coin du salon de thé, une tisane aux fruits rouges devant elle, près des fenêtres où elle avait une vue sur tout ce qui pouvait se passer dans la rue.

Elle se plongea dans la lecture d’un roman à l’eau de rose et ne vit pas l’heure passée à une vitesse folle, ce fut son estomac qui la rappela à l’ordre, elle demanda une autre tasse de thé avec quelques pâtisseries, elle n’avait jamais été une grosse mangeuse mais elle était très gourmande et ne pouvait se passer de petits gâteaux et de petites brioches. Elle venait de finir de manger quand ses oreilles perçurent une voix familière dans le salon : que venait-elle faire ici ? Soizic pensait ne plus jamais la revoir, elle avait eu dans l’idée que ce serait le Roi qui ferait le messager entre les deux femmes. La dernière fois avait été plus qu’électrique et au final, elle était bien consciente que les deux partis avaient mis de l’eau dans leur vin afin de faciliter les négociations pour ne pas tout détruire, parce qu’elle était bien capable de tout détruire cette folle. On pouvait dire avec facilité, qu’elle ne portait pas la Dévoreuse dans son cœur et elle espérait à cet instant que la femme pirate ne viendrait pas la voir, qu’elle irait quelque part dans le salon voire qu’elle en ressorte aussi vite qu’elle était entrée et ce sans lui parler. Mais depuis quand Soizic avait-elle de la chance ? Alors pour parer à toute éventualité, la jeune hybride s’essuya les mains et prit rapidement son livre pour en reprendre la lecture.[/justify]

musique du salon:

Enfin elle avait trouvé l’établissement ! tout à fait charmant. Elle entra d’un pas décider.

Gérant : « Bonjour euh madame ? »

Samaléone : « Appelez-moi Sama mon bon monsieur. Je suis à la recherche d’une amie vous ne l’auriez pas vu par hasard ? Elle s’appelle Soizic . C’est la gérante de la Bibliothèque des Lumières. Je viens en mission de la plus haute importance.»

Elle tendit le laissez-passer que Thimothée lui avait remis à leurs dernières rencontres. Dès qu’il aperçut le sceau royal le tenancier indiqua du menton l’escalier qui menait à l’étage.

Samaléone était rentré dans l’établissement vêtu d’un long manteau bleu. Un foulard cacher son visage et elle avait troqué son tricorne pour un bandana accorder au ton de son manteau. Personne ne pouvait la reconnaitre.

Samaléone « Et je vais vous prendre une tasse de thé et une pâtisserie aussi »

Elle grimpa ensuite l’escalier avec sa tasse de thé et son biscuit en admirant les tableaux au passage. Puis elle s’assoit à la table de Soizic. Elles étaient toutes les deux à l’écart. Soizic lisait encore son livre.

Samaléone « Oh chaton ! Tu m’as terriblement manqué. Tu sais ce n’est pas évident de croiser des gens instruits de nos jours et surtout des gens qui ressemblent à des chats. Alors quoi de neuf à la bibliothèque ? De grand projet de rénovation ? Enfin une salle attitrée à la mer ? »
elle laissa un blanc…
« Moh, mais je te connais petite cachotière tu attends ça. »
Elle sortit une bourse.
« Elle contient 1500 dias. Je sais que je t’avais promis 2000, mais j’ai eu quelque souci. Tiens prend les, je sais que tu en feras un bon usage. Qu’est ce que tu es en train de lire ? Ah me dit pas que c’est un de ces livres à l’eau de rose dont on connait la fin avant d’avoir commencé et où l’héroïne à de la guimauve à la place du cœur ? Tu prends des cours de peinture ? On pourrait s’inscrire il y a une affiche à l’entrée ! »

Sur ce débit de parole Samaléone comme une enfant guettait la réponde de Soizic

Codage par Libella sur Graphiorum

Soizic priait pour qu’elle ait des hallucinations et que la voix qu’elle venait d’entendre ne soit pas celle de la Dévoreuse, elle voulait passer une journée paisible et ne pas se prendre la tête. Et puis que viendrait-elle faire dans un salon de thé ? Oui, voilà, cela ne pouvait pas être elle… Ou pas. Sa voix lui parvint de plus en plus près jusqu’à ce qu’une chaise soit tirée. Un débit de paroles, encore et encore lui parvint, à lui en donner un mal de tête. Pourquoi cela devait tomber sur elle Elle n’avait aucune envie de lui parler, elle voulait juste qu’on l’a laisse tranquille. Elle avait beau poser des questions, Soizic ne répondait pas, se mordait presque la langue pour s’empêcher de lui hurler à la figure de dégager ; après tout, elle avait le droit de fréquenter ce lieu ; Soizic n’avait pas son mot à dire là-dessus.

Le bruit d’une bourse tombant sur la table la fit sortir de ses pensées mais les paroles qui suivirent ne la ravirent pas le moins du monde, elle inséra un morceau de papier pour se souvenir où elle en était dans sa lecture avant de fermer le livre et de le poser sur la table devant elle. Elle fixa la femme qui s’était attablée face à elle avant de lui répondre assez froidement.

- Dame Samaléone, le plaisir de vous voir n’est pas partagé et sachez que si j’avais pu, je ne serais pas une Yorka. Être un chat n’a rien de si exaltant. Pour répondre à votre question : la Bibliothèque des Lumières s’est refait une beauté intérieure, nous l’avons fermée plusieurs jours le temps de nettoyer tout l’espace ainsi que de ranger dans les livres correctement par thématique et alphabétiquement. Il n’y a pas de salle sur la mer et personne d’autres que ceux qui ont eu accès à la salle secrète ne connaissent son existence. Ces derniers sont soumis à un contrat et n’ont donc pas le droit d’en parler avec qui que ce soit. J’espère d’ailleurs que vous avez récupéré votre squelette en bon état ; malheureusement, je n’ai pas pu m’occuper moi-même de vous les envoyer, l’odeur du sous-sol ne me réussit pas.

Soizic s’arrêta un instant pour se souvenir de ce que lui avait raconté celle qui la regardait avant de reprendre.

- Pour ce qui est de l’argent, cela ira très bien comme cela, ne vous inquiétez pas. 1500 dias est déjà une somme formidable qui servira à enrichir de livres le sanctuaire de connaissance. En ce qui concerne le livre, il s’agit bel et bien d’un livre à l’eau de rose mais l’héroïne à un coeur de pierre et bien que je pense savoir comment il va se terminer, je veux en être sûre. Et puis c’est très pratique pour se vider l’esprit que de lire un livre dans ce genre. Quant à votre dernière question, je ne prends pas de cours de peinture et ne souhaite pas en prendre, néanmoins, si le coeur vous en dit, je ne vous retiens pas, vous pouvez vous y inscrire.

Soizic continua de regarder Samaléone dans les yeux. Elle y était peut-être allée un peu fort mais elle n’appréciait pas que l’on se mêle ainsi de sa vie et puis elles n’étaient pas amies toutes les deux. Elles n’étaient que des connaissances voire moins que cela, alors pourquoi faisait-elle comme si elles se connaissaient depuis des lustres et qu’elles ne s’étaient pas vues depuis des années ? Non, définitivement, Soizic n’aimait pas cette folle furieuse. Et à bien y réfléchir, elle l’avait peut-être énervée en disant tout cela et de ce fait, l’endroit et elle-même risquait d’y passer.

Samaléone passa outre les remarques de Soizic et se figea dans un air boudeur. Elle ressemblait à une petite fille à laquelle on avait dit non pour prendre un deuxième gâteau. En parlant de sucrerie, elle coupa un morceau de son gâteau et la mâchonna en grommelant.

Samaléone : "T’aimes pas la peinture hein ? Qu’est ce que tu aimes dans la vie Chaton à part les livres. Je crois que je ne t’ai jamais vu rire ou sourire. Tu sais c’est mauvais pour le teint du visage si tu ne souris jamais ça va se voir. Regarde là au coin de tes lèvres ces pliures de non-sourire. On voit que ça… Je suis contente au moins que l’argent te plaise petite trésorière hi hi hi. Par contre pour ce qui est de la provenance j’espère que tu n’es pas trop regardante de toute façon l’ancien propriétaire était ravi de s’en séparer. JE SAIS ! Tu aimes la cuisine ? Faire des gâteaux ? Préparé du thé. Tu sais que sur mon navire je possède une collection de plus de 234 thés différents du monde entier. On pourrait aller faire une soirée thé un de ces jours ? Ou visiter un musée raaaaaah tellement de possibilité » elle se cala au fond de son siège. « Ils sont super doux ces fauteuils tu ne trouves pas ? » Elle posa sa tête sur l’accoudoir et elle la faisait rebondir dessus.

Samaléone « Boing Boing la mouette rieuse….Au fait tu as dit que tu ne voulais pas être un Yorka. Je ne sais pas trop comment ça marche. C’est une malédiction ? Un magicien fou ? Est-ce que tu peux te transformer en un adorable chat ?"

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Soizic soupira et prit une grande inspiration pour se calmer, cette femme avait le don de lui mettre les nerfs à rude épreuve et ce sans rien faire : juste la voir suffisait à rendre folle la Bibliothécaire et pourtant, elle le savait, elles n’étaient pas si différentes. Pourquoi n’arrivait-elle pas avec Samaléone ? Peut-être parce qu’elles n’avaient pas le même caractère ? Pour Soizic, le silence était un bonheur immense et les livres la comblaient. Elle était heureuse de passer ses journées entourées de livre et de gens tout aussi passionnés qu’elle. Il n’y avait rien de mieux dans ce vaste monde que la connaissance transmise au fil des siècles par les écrivains. Et pourtant, cette femme mettait les pieds dans le plat gaiement.

Elle ne l’avait jamais vu sourire ? Faux, quand elle lisait, elle avait un énorme sourire sur les lèvres. Elle remit sur le tapis le sujet de l’argent et de sa provenance avant de recommencer à chercher ce qui pouvait faire plaisir à la Bibliothécaire des Lumières. Et puis elle changea de sujet, beaucoup trop personnel. Soizic perdit le peu de couleur qu’elle avait et ses yeux fusillèrent sa compagne. Comment pouvait-elle choisir des sujets de discussion aussi sensibles ? Et puis, une petite voix dans sa tête lui fit savoir que la pauvre femme face à elle, ne pouvait pas connaître son passé, la question n’était donc pas posée par méchanceté. Elle n’avait aucune envie de faire de la méchanceté gratuite et elle semblait réellement intéressée par la réponse. Soizic ferma donc les yeux et prit plusieurs inspirations afin de se calmer.

- Pour répondre à votre question Samaléone, ce n’est ni une malédiction, ni un magicien qui m’a transformée. Je suis née comme cela. Tout Yorka a la capacité de se transformer en son essence animale : moi c’est le chat comme vous l’avez si justement remarqué. Le fait d’être une Yorka est génial, je ne le nie pas mais il est parfois difficile à supporter… Mais je suppose que c’est le lot de chaque race face aux autres. On ne peut pas plaire à tout le monde bien qu’il soit difficile de garder cela à l’esprit tous les jours. Ces oreilles ont souvent été une source de discrimination en dehors d’Elusia. De nombreux Terrans me prennent pour un monstre et ce même à Hespéria, je le sais.

Soizic baissa les yeux vers sa tasse qu’elle tenait fermement entre ses mains et passa un doigt sur le rebord comme si c’était l’objet le plus intéressant du monde. Elle venait de lui livrer quelque chose de très personnel, elle venait de s’ouvrir à cette femme et elle avait l’impression qu’elle allait se moquer d’elle. Ce ne serait pas la première à le faire mais cela faisait mal, elle avait beau faire la forte, au fond, elle était restée une petite fille qui tente de se protéger comme elle peut du monde extérieur.
La Yorka était terrorisée, elle avait lâchée une information sans vraiment y faire attention et cela risquait de se retourner contre elle. Samaléone pouvait retourner cet élément à son avantage, elle pouvait utiliser le chantage pour avoir ce qu’elle désirait.

Samaléone se figea, ses yeux s’assombrirent et elle frappa du poing l’accoudoir de son fauteuil.

Samaléone : « ALORS CA NON, moi je trouve ces oreilles adorables. Je comprends tout à fait quand tu parles de discrimination ma condition de morte vivante vient aussi avec son lot de brimade. MAIS ALORS JAMAIS JE NE LAISSERAIS QUELQU’UN SE MOQUER DE TES OREILLES. La prochaine personne que je vois faire ça finit étripée de mes mains ».

Elle se calma un instant et resta songeuse dans son fauteuil

Samaléone : « Merci de ta réponse en tout cas, je ne connais pas grand-chose des Yorka j’en ai dans mon équipage, mais ils ne sont pas très bavards ».

Du bruit se fit entendre à l’étage du dessous, des bottes et des épées sortis de leurs fourreaux. Samaléone roula des yeux.

Samaléone : « Et voilà les emmerdes…je suis désolé chaton je vais devoir écourter notre entrevue, tu sais les gens ici ne sont pas tous aussi compréhensible que toi. Et j’ai toujours des ennuis avec la milice locale à cause d’une certaine renarde ».

Elle se leva et s’approcha de la fenêtre, et regarda discrètement avant de l’ouvrir. Puis elle se retourna et salua de son chapeau.

Samaléone : Si tu veux m’accompagner pour discuter encore un peu je me ferais un plaisir de bousculer un peu ta vie de citadine en t’initiant à la course poursuite. Sinon je te souhaite une magnifique journée et je t’enverrais encore de l’argent quand je pourrais ».

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Soizic continuait de faire comme si de rien n’était, faisant glisser ses doigts sur le contour de sa tasse, le silence qui avait suivi ses propos n’avait pas duré bien longtemps et alors qu’elle était certaine que la Dévoreuse allait se faire un malin plaisir de la déstabiliser afin d’obtenir quelque chose de sa part, ce fut une tout autre situation qui se déclencha. Samaléone était entrain de péter un câble parce que ses oreilles à elle en prenaient pour leur grade dans des propos de Terrans le plus souvent. Si on lui avait dit que la mort-vivante prendrait sa défense, elle aurait dit à cette personne de consulter un médecin d’urgence et pourtant c’était bel et bien ce qui se passait.

Soizic ouvrit de grand yeux et resta bouche-bée pendant plusieurs secondes qui lui semblèrent durer une éternité, elle était choquée et encore : le terme était faible face à ce qu’elle pouvait ressentir. Elle n’arrivait pas à y croire et ce n’est que lorsque Samaléone continua plus calmement que son cerveau sembla se reconnecter au reste de son corps. La Bibliothécaire referma la bouche et cligna des paupières plusieurs fois, acquiesçant d’un mouvement de tête ce qu’elle lui disait. Ainsi, elle avait d’autres Yorka sur son navire mais ils ne parlaient pas beaucoup. Peut-être était-ce dû au fait que l’on se moque d’eux ouvertement et que pas habitude, ils préféraient ne rien dire pour ne pas déclencher de bagarre.

D’ailleurs, une d’elles allaient se déclencher dans l’établissement, elle avait entendu le bruit d’épée et les propos de la pirate le lui confirmèrent. Soizic poussa un énième soupir tandis que sa comparse se levait. Qu’avait-elle encore fait ? De quel renarde s’agissait-il ? Elle n’avait pourtant pas eu vent d’une bagarre dont elle serait la cause, mais en y réfléchissant, il n’y avait pas d’autres explications possibles. Samaléone s’était fourrée dans un pétrin suffisamment important pour que la milice intervienne dès qu’elle aie vent de sa présence dans la cité. Alors qu’elle lui parlait de course poursuite, la Yorka se leva et interpella la Dévoreuse.

- Samaléone attendez. Retrouvez-moi à la Bibliothèque des Lumières dans une quinzaine de minutes, certains livres peuvent vous être utiles.

Soizic n’attendit pas plus longtemps, elle attrapa son sac, son livre qu’elle rangea dedans ainsi que le sac de pièce de sa bienfaitrice. Elle poussa la chaise que la femme avait empruntée, rapprocha sa tasse à elle, avala la sienne qu’elle décala et se rassit à sa place. Les hommes arrivèrent et regardèrent de tout côté.

- Vous cherchez quelque chose messieurs ?
- Vous n’auriez pas vu une morte-vivante par hasard ?
- Non.
- Pourtant le patron déclare qu’elle est montée à l’étage vous voir.
- Je suis navrée messieurs mais comme vous le voyez, elle n’est pas là. Un être humain ne se cache pas si facilement mais si vous le désirez, vérifier vous-même.

Intérieurement, elle traitait de tous les noms d’oiseaux le gérant, dans quelle mouise la m’était-il ? La prochaine fois qu’il aurait besoin d’une de ces inventions, il pourra toujours courir pour qu’elle la lui fabrique. Les hommes de la milice furent bien obligés de se rendre à l’évidence que Samaléone n’était pas dans le salon de thé et ils repartirent à sa recherche dehors. Soizic attendit encore quelques minutes avant de redescendre, les tasses dans ses mains, les posant fortement sur l’espace en bois servant de comptoir.

Elle fit un sourire hypocrite avant de lancer « Passez une bonne fin de journée »et de rejoindre rapidement sa maison. En entrant dans son antre de paix, elle prit une grande inspiration et passa à la réception pour savoir où se trouvait sa comparse, on lui indiqua son bureau du doigt. Elle aurait du s’en douter, tiens. Elle monta quatre à quatre les marches et en entrant dans le bureau, tout en enlevant son manteau, elle déclara :
- Vous pouvez être certaine que demain, le gérant va m’entendre. La milice aurait put tout saccager qu’il n’aurait rien dit, j’en suis sûre. Ah… Il m’énerve…

Elle se laissa tomber sur le canapé et ferma les yeux un instant, le temps de se calmer.

Samaléone avait les pieds sur la table en marmonnant quand Soizic déboula dans le bureau

Samaléone « Oups pardon pour le bureau, ne t’inquiète pas mes bottes sont impeccable. Tu parlais de bouquin pouvant m’intéresser ? Tu sais que j’écris un livre en ce moment si tu m’aide tu seras cité dans les crédits ! »

Elle regardait Soizic avec un grand sourire comme un enfant qui avait fini de réciter une leçon. Puis elle passa à autre chose.

Samaléone « Merci en tout cas pour ton aide. Je ne sais pas ce que tu as raconté au garde mais ils n’ont pas cherché très longtemps. Ils ne sont pas très dégourdis remarque dans cette ville. Aux faites je songeais au passage sous la bibliothèque, qu’est ce que tu vas en faire ? Assécher le canal pour pouvoir investir les lieux ? »

Samaléone se leva et montra le fauteuil sur lequel elle était assis

Samaléone : « Votre siège votre miaoujesté » Elle fit ensuite mine d’étudier avec soin les rayons du bureau de Soizic en attendant une réaction.

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Soizic était toujours remontée contre le gérant du café, où était la loyauté dans ce monde ? Disparue semblait-il ? Tant pis pour lui, il venait de perdre deux clientes en même temps.
Tandis qu’elle repassait la scène dans sa tête, la voix de Samaléone la ramena sur la terre ferme. Elle s’en fichait de son bureau et elle fit un signe de la main pour montrer que ce n’était rien. Ah oui, les livres. La Yorka la regarda un instant, se demandant où elle les avait rangé.

Samaléone enchaîna sur autre chose alors que Soizic allait lui répondre. Elle lui dirait ensuite, le passage sous la bibliothèque avait été abordé, c’est d’ailleurs de cela dont la chatte voulait lui parler en priorité. Le passage ne devait pas être en bon état et elle n’avait aucune idée d’où il menait. Elle devrait voir ce qu’elle allait en faire, il faudrait aussi qu’elle nettoye la salle. Avec un peu de chance, avec l’aération qu’il y avait eu, l’odeur de renfermé ne serait peut-être plus aussi forte et elle pourrait s’en servir comme laboratoire de recherches et chambre, elle voyait déjà comment tout allait s’ajancer.

Soizic se leva et se dirigea vers l’armoire à droite de son bureau, ouvrit deux placards sur le bas du meuble et récupéra trois livres avant de venir à son bureau. Une fois assise, elle fit glisser ses livres vers le bout de son bureau.

-Voici les livres dont je vous parlais Samaléone, vous avez un livre sur les différentes races de Yorkas recensées jusqu’à aujourd’hui. Bon, d’accord, il n’est pas forcément complet, de nombreuses races ne doivent pas être notées mais cela peut vous faire une base. Le deuxième est un traité sur la vie des Yorkas et leur difficultés à s’intégrer dans une cité lambda, on fait des comparaisons avec d’autres peuples, c’est très intéressant. Pour ce qui est du dernier, c’est le récit d’une vie qui a été écrit par un Yorka mâle de type poisson.

Elle sortit ensuite une feuille et attrapa une plume qu’elle trempa dans de l’encre, commençant à écrire différentes indications, laissant des espaces qu’elle allait compléter avec les informations que lui fournirait la morte-vivante.

-En ce qui concerne le passage, il a été bouché depuis votre dernière visite mais je pensais, enfin si vous êtes d’accord, si cela vous convient et si cela vous intéresse, que je pourrais le faire déboucher et remettre en état un minimum. Vous pourriez ainsi l’emprunter pour entrer et sortir de la cité à votre convenance. Le tunnel en lui-même ne m’intéresse pas et je crains que d’autres ne le découvre de l’extérieur mais si vous m’assurer de n’en parler à personne et de faire en sorte que la sortie soit bien cachée, je suis plus que disposée à vous fournir une issue de secours à Hespéria. Alors qu’en dîtes-vous ?

Les oreilles de Soizic frémissaient, elle ferait en sorte que tout soit en ordre avant son départ, au moins la partie emmurée située dans la Bibliothèque. Elle allait la faire tomber elle-même avec une masse, elle en avait vu une dans la cave qui semblait en bon état et en théorie, rien n’avait été enlevé comme vu avec le Roi.

Samaléone feuilla les livres rapidement et se tourna vers Soizic avec un demi-sourcil interrogateur.

Samaléone : « Formidable ! Chaton on va faire quelque chose ensemble. Bon dommage pour la peinture, mais du bricolage ça peut-être aussi follement amusant »

Elle rangea les livres dans une sacoche.

Samaléone : « Je te rendrais les livres quand je reviendrais ici pour la prochaine fois bien évidemment. Et maintenant en route ! »

Elle attrapa les mains de Soizic et cavala jusque devant la porte de la pièce secrète. Il y avait un érudit qui contemplait le vitrail et Samaléone le chassa sans ménagement. Puis elle lâcha enfin les mains de Soizic.

Samaléone : « Bon on ne va pas se salir ce serait contraire à notre statue de femme »

Elle se concentra debout devant le mur et des petits tentacules se mirent à jaillir autour de la porte. Tout doucement ces curieux ouvriers commencèrent leurs travaux et décélèrent les pierres une par une pour les rangés proprement dans un coin de la pièce.

Samaléone se tourna vers Soizic : « Pratique hein »

La dernière pierre enlevée et le tas bien ajusté. Elle attendit une réaction de Soizic.

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Soizic regarda faire Samaléone en se demandant ce que cette femme avait encore prévu de faire. Perdait-elle la raison ? Voilà qui était fort possible à vrai dire. Et puis elle n’eut pas le temps de penser qu’elle l’entrainait dans la salle des archives et virait le pauvre érudit qui étudiait le vitrail au dessus du passage. Soizic lui murmura de repasser le lendemain et qu’elle lui réserverait la salle pour la journée en s’excusant pour la rudesse de sa camarade.

Elle revint au présent quand ses mains furent libérées et arrêta Samaléone, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pensait faire mais si la pirate pensait avoir à faire à un vrai mur, cela risquait de devenir compliqué. Soizic se plaça devant elle et tira un peu sur le tissu qui recouvrait l’entrée.

- Pas de besoin d’employer les grands moyens, je n’ai pas refermé la porte d’entrée, je l’ai simplement dissimulée afin que seuls sachant qu’il y a une pièce puissent y aller, les autres pensent avoir à faire à un mur.

[i]Soizic les fit passer, et une fois en bas, elle lui désigna le mur du fond d’où semblait partir une cavité sur la droite mais qui avait été bouchée. La bibliothécaire lui expliqua qu’il s’agissait de ce mur-ci qu’elle parlait en disant qu’il avait été bouché. Elle expliqua à sa comparse qu’elle n’avait aucune idée d’où menait le passage qu’elle avait emprunté la dernière fois ni sa longueur mais qu’elle était prête à le rénover, cela prendrait du temps mais à que cela ne tienne. Elle était douée dans le domaine de la construction et tout ce qu’elle faisait jusqu’à maintenant avait toujours tenu pendant des années. Il n’y avait pas de raison que cela ne soit pas le cas cette fois-ci.

- Pour ce qui est du comment procéder, je n’y ai pas encore réfléchi mais cette pièce est vaste maintenant qu’elle est vide, je pensais essayer de réutiliser les matériaux rencontrés durant le déblayage. Qu’en pensez-vous?

Samaléone : « Oh décidément chaton, tu m’étonneras toujours par ta vivacité d’esprit. J’en pense d’ailleurs que déjà tu vas arrêter de me tutoyer bougre de moule ! Dit moi tu, on Sam ou invente-moi un sobriquet ridicule comme le font les amis. »

Elle contempla ensuite le vitrail puis le passage et ses yeux se braquèrent en haut à droite de son champ de vision comme si elle était rentrée dans son crâne pour avoir une discussion avec elle-même.

Samaléone : « Chaton, tu te rappelles de la pierre des abysses, de la beauté des fresques et tout le bazar ? Même si je sais que tu as été légèrement incommodé pour apprécier tout ça je pense pouvoir sans me vanter rétablir dans toute sa splendeur ces lieux. Bien évidemment, il n’y a que moi qui occupe le tunnel souterrain, de toute façon seul un mort peut naviguer 3 jours dans un tunnel à moitié détruit avec tous les dangers qu’il contient. Mais tu pourrais faire visiter cette curiosité une fois le tout remis en état ? Qui soupçonnerait qu’un tunnel de plusieurs kilomètres de long se cache sous une attraction touristique. Et le premier curieux qui pose une question on lui dit que c’est un ancien réservoir d’eau ou je le tue. Comme disait Jim mon second, pour cacher un tentacule met là au milieu de poulpe. Qu’est-ce que tu en dis ? »

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Soizic n’en croyait pas ses oreilles, Samaléone voulait qu’elle l’a tutoie ? Impossible, même avec la meilleure des volontés, il lui était impensable de le faire. Elles n’étaient pas si proche, elle ne tutoyait que les membres de sa famille et encore, tout dépendant du lieu. En public, il n’était pas rare qu’elle les vouvoie. C’était comme une sorte de protection, un mur qu’elle dressait afin que les autres ne l’approchent pas et qu’elle n’ait pas le coeur brisé. Entre deux, elles étaient remontées et la pirate se mettait à partir en vrille. Elle ne s’arrêtait plus de parler jusqu’à ce qu’elle lui pose une question.

Soizic ne répondit rien sur l’instant et se laissa le temps de la réflexion. En attendant, elle raccompagna sa comparse jusqu’à la porte d’entrée avant de revenir dans la pièce secrète. Elle n’avait pas totalement tort, elle pouvait diviser la pièce en deux parties : une servant de chambre avec un mur et une porte fermée à clé et l’autre comme site touristique dont elle ferait payer l’entrée. Il était vrai que le passage finirait bien par être découvert à un moment donné ou à un autre. Et si quelqu’un le découvrait avant son retour de Cimmeria ?

Elle redescendit en hâte et demanda à voir tout le monde dans son bureau à la fermeture de l’établissement. Plusieurs heures plus tard, son personnel était présent et elle leur demanda de la suivre sans poser de questions, elle les emmena dans la pièce des parchemins et leur fit descendre l’escalier en tirant sur la bâche, arrivés en bas, elle leur expliqua avoir découvert la pièce il y a quelques temps sans rien préciser et ajouta qu’elle comptait faire visiter cette pièce après rénovations bien évidemment. Soizic leur demanda leur avis sur la meilleure façon de procéder, elle leur laissait le soin de définir les jours et horaires des visites ainsi que ceux se chargeant de s’en occuper. Elle partait quelques jours plus tard, elle ne pouvait pas s’en occuper tout de suite mais à son retour, il était certain que les choses allaient s’accélérer, elle aurait tout son temps pour entreprendre les travaux et les aider à mettre en place tout ce qu’il faudrait.

Ils remontèrent et après leur faisant bien comprendre que cette histoire ne devait pas être ébruitée pour le moment tant que tout n’était pas finalisée. Elle ferma la Bibliothèque des Lumières derrière eux et après avoir fermé les rideaux, elle remonta dans son bureau où elle se prépara à aller dormir.