Un pied dans le pays [Calixte]

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 Un pied dans le pays [Calixte]

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MessageSujet: Un pied dans le pays [Calixte]   Un pied dans le pays [Calixte] Icon_minitimeDim 12 Déc - 19:30

Quelle distance pouvait bien séparer l'île d'El Bahari des côtes de Pharis? A cette question, Eshyr avait trouvé la réponse: beaucoup trop. A dire vrai, il se tenait sur le pont du bâteau qui faisait la navette entre l'île et la terre ferme et observait obstinément l'horizon dans l'espoir de distinguer un bout de terre. La raison qui le poussait à quitter la demeure ascane était simple: le proche conseiller était un atome libre, à savoir un individu qui ne peut pas rester toujours au même endroit sans faire une crise de nerf. Le chef Isaril avait bien compris qu'il ne pourrait profiter de toute l'éfficacité de son conseiller, tant qu'il n'aurait pas sa petite dose de liberté, c'est pourquoi par moment, il lui laissait le plaisir de divaguer ailleurs, avec la nécessité cependant de rappliquer au triple galot en cas de besoin urgent. Jusqu'à présent, Eshyr avait toujours tenu sa promesse de revenir régulièrement auprès des siens.

En Argyrei, il avait tant à découvrir. Ce pays était vaste et n'était pas le seul à visiter. Avec le temps, le jeune homme aurait fait le tour. En attendant, on se retrouve encore à ses débuts. Bien que ses vagabondages l'aient déjà amené dans les parages, il n'avait qu'un vague souvenir de ce qu'il avait vécu avant d'entrer dans les rangs ascans, à croire qu'il était destiné à tout oublier au fur et à mesure qu'il vit les choses. Sa mémoire n'est légendaire, mais il y a tout de même des limites. Par exemple, Eshyr se rappelait parfaitement du jour où il avait rencontré Isaril, dans le moindre des détails. Il était une simple recrue, l'homme l'avait accueilli poliment comme n'importe quel autre individu, et il y avait eu les épreuves, ça par contre, impossible d'oublier ce qu'il avait enduré pour parvenir au sein du groupe.

De retour au pont du bâteau. Eshyr est accoudé au bastingage en marmonnant des mots de mécontentement dans sa barbe naissante. Il scrute les alentours et ne voit que de l'eau, de l'eau et puis encore de l'eau à perte de vue. Pourtant, c'est toujours lui qui finit par lancer le mot magique avant même que la vigie ne le fasse. Hyper réactif dans ce genre de moment, le yorka resta fixé les yeux fixés sur le point qu'il pouvait apercevoir de là où il était.


"Terre en vue! Enfin!"

Les côtes de Pharis étaient en vue, ces côtes qu'il cherchait désespérément depuis qu'il avait grimpé sur l'embarcation. Ce n'était pas un mirage, pas une illusion qu'il aurait créé par on ne sait quel moyen, pour satisfaire son impatience, il s'agissait bel et bien de la terre, en terre et en sable. Alors voilà donc les côtes du pays qu'il avait vu il y a longtemps. Aussitôt arrivé sur le petit ponton que l'ascan saluait les navigateurs avant de partir en courant vers la plage. Eshyr était du genre à vivre à deux cent pourcents, il ne voulait pas perdre une miette de ce qui lui était offert. Alors dans sa course, il ne rata pas les miettes de sable en se prenant les pieds dans ses propres pieds à vrai dire.

Le jeune homme s'effondra à terre. A peine arrivé et déjà vaincu par le nouveau pays. Son destin ne s'annonçait pas aussi rayonnant que le soleil qui le toisait dans le ciel. Peut-être que la personne qui s'approchait serait son salut? En effet, une nouvelle sorte de poisson s'échouait sur les plages de nos jours...


Dernière édition par Eshyr le Mar 14 Déc - 23:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un pied dans le pays [Calixte]   Un pied dans le pays [Calixte] Icon_minitimeDim 12 Déc - 23:03

    Un médecin se devait de se tenir à jour sur toutes les découvertes qu'il pouvait se faire sur Istheria, que cela soit dans le domaine des remèdes, des poisons et ses anti-poisons, de ces plantes... Il ne fallait pas être orgueilleux en pensant de façon obstinée que l'on connaissait dans sa globalité toute la faune de cet univers, il en restait tant à découvrir, comme toutes les créatures vivantes qui l'habitaient... Lesquelles? Et bien il existait des oiseaux de type inconnu, des insectes aux formes étranges, d'autres êtres vivants qui dépassaient l'entendement... surtout dans le milieu marin d'ailleurs. Chacune de ses créatures pouvait posséder un secret dès plus précieux, sécréter des substances qui pouvaient servir aux Terrans et autres peuples peu résistants aux maux de la vie. Cela dépassant parfois l'imagination de beaucoup, mais jamais de ceux que l'on nommait aujourd'hui les Eclaris. Hooo, on les considérait parfois comme des fous, des marginaux, des hérétiques pour les plus religieux.... Calixte se jugeait comme étant une femme de sciences ou plutôt une femme dont l'esprit était ouvert à toutes les portes, une intellectuelle en somme. C'était d'ailleurs assez étrange comme vision du monde pour une sylphide, eux qui étaient des créatures qui finalement, dépassés les désirs de beaucoup au travers de leur immortalité. Notre jeune femme voyait plutôt leur condition comme un fardeau qu'un beau présent dès dieux... si dieux existaient.

    Afin de parfaite alors ses connaissances, celle qui se faisait aussi connaître comme étant le Vicomte d'Odessa rejoignait régulièrement la maison des Erudits qui se trouvait à Amaryl. Là bas, elle partageait bien évidemment ses connaissances, lisait les nouveaux ouvrages que ses camarades écrivaient, racontait simplement les histoires qu'elle vivait et tout ce qui serait digne de leur intérêt et du savoir universel. En attendant, ce jour là, la pêche n'avait pas été bonne et guère infructueuse. Il y avait eu de nouvelles découvertes certes, mais rien qui ne concernait son domaine d'études. Le grand Dim lui avait simplement parlé d'étoiles, de constellations, de nouvelles hypothèses sur les dieux et les peuples... C'était un peu la mort dans l'âme qu'elle avait fini par partir simplement de la ville condamnée, mais elle prit toutefois le temps de passer chez quelques villageois téméraires qui habitaient les environs, ne serait-ce que pour sa conscience médicale.

    S'accordant dans la foulée un peu de temps pour elle-même, elle enfourcha son cher Magnus, ce canasson au caractère bien trempé pour rejoindre les côtes de Pharis. Simple impulsion? Non. A vrai dire, elle avait entendu dire qu'un bateau devait vers escale, ce qui signifiait que des marins ou des étrangers accosteraient sous peu avec peut-être quelques maux par-ci par là, même si il y avait toujours un médecin de bord. C'était aussi une formidable occasion d'échanger quelques mots avec un confrère non?

    Abandonnant alors son cheval sur la plage - ce dernier aimait à gambader comme bon lui semblait - Calixte s'oublia un peu, laissant ses pensées s'évaporer face au paysage idyllique qui se dessinait devant ses yeux. Les côtes de Pharis avaient des airs de paradis, un sable blanc immaculé, le bruit des vagues et son écumes s'échouant, un parfum marin dès plus vivifiant, et des roches aux formes sculptées par les tempêtes... Même le ciel paraissait de bonne humeur et clément en ce qui concernait ses températures. La seule chose qui ne pouvait être guère agréable à ce moment là, c'était sans nul doute la tenue que portaient notre doctoresse. L'avez-vous oublié? Calixte était officiellement un homme. Emprisonnée dans un costume chic, elle cachait sa poitrine dans des bandages serrés. Elle attachait ses cheveux, oubliait toute forme de coquetterie et de maquillage, un chapeau haute-forme. Ses pantalons étaient droits, un chemisier élégant et masculin, tout comme la coupe de son veston. Elle portait souvent des gants pour dissimuler la finesse de ses mains, mais pas aujourd'hui. A sa ceinture, pendait son épée, Magdalena, et dans une de ses mains, elle portait sa sacoche de médecin qui ne la quittait presque jamais, en cuir, simple et banal. Il était vrai que son physique pouvait fortement troublé qui se tenait devant elle, intriguée par cette chaleur et douceur qui s'échappait de son visage, une féminité certaine mais dans un corps d'homme... ou plutôt que l'on cherchait à convaincre comme tel. Mais sa démarche, elle avait travaillé afin de la rendre virile, ses gestes étaient ceux d'un gentleman confirmé et sa voix avait la chance ou non d'être grave et suave, mais elle troublait également. Dans tous les cas, on finissait par croire qu'elle était bien ce qu'elle disait être.... après tout, pourquoi une femme viendrait à se travestir? Et puis surtout une sylphide, eux qui étaient des créatures qui pouvaient changer...

    Qu'importait ses pensées, car elles furent alors couper par la venue ou plutôt la tombée d'un jeune homme à quelques pas d'elle-même. Altruiste et charmante, elle se conduisit comme à son habitude, tendant une main amicale vers le petit malheur.


    " J'espère que vous ne vous êtes pas fait mal jeune homme... ici le sol est un peu traître... "

    Une fois que ce dernier s'était donné la peine de se lever, Calixte ne put s'empêcher de laisser sa curiosité prendre le dessus.

    " Vous venez de faire escale avec le navire qui se trouve sur le ponton? J'espère que votre voyage s'est fait s'en encombre si tel est le cas. "

    Polis, notre docteur s'en tint qu'à une seule question.... mais sans nul doute que les autres n'allaient pas tarder...
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MessageSujet: Re: Un pied dans le pays [Calixte]   Un pied dans le pays [Calixte] Icon_minitimeMar 14 Déc - 23:33

Le pays! Comme il est bon d'y retourner après un long long séjour sur l'île. A vrai dire, depuis qu'il avait rejoint les Ascans, Eshyr n'avait plus quitté le bout de terre, trop occupé à prendre ses marques, à s'habituer à ces nouveaux camarades. Apprendre à vivre parmi eux, connaitre leurs habitudes, ce n'était pas chose aisée. Jusqu'à présent, il ne s'était fait aucun ennemi ce qui était un exploit. Avec un tel comportement, être nommé proche conseiller était un exploit, d'autant plus qu'il n'avait rien qui se rapproche de près ou de loin à un proche de dirigeant. Ses habits sont normaux, pratiques pour s'aventurer n'importe où, une veste sur un haut léger et un pantalon sombre de toile par-dessus ses bottes dans les mêmes tons. Dans une jungle, cela passe relativement inaperçu. Par contre, sur une plage dont le sable était aussi clair, et bien il était comme une tache au milieu de la vitre, une mouche posé sur un tas de farine.

Pour renforcer cette image, le jeune homme n'avait pas hésité à se vautrer lamentablement, juste après être descendu du bateau pour parcourir quelques petits mètres. Au lieu de paraitre dérangé, il préféra même profiter de la chaleur des grains sous lui comme un joyeux enfant qui allait rarement à la mer. La nature offre tant de choses à voir. Est-ce que d'ici jusqu'à ses derniers jours il pourrait tout voir? Rien qu'en voyant la taille de l'île, il y avait du boulot. Ensuite, les continents, tous les pays, le monde entier devait passer devant ses yeux, le genre de projet irréalisable sans moyen mais si doux en rêve.

Allongé là à rêvasser comme un cadavre, il ne remarqua qu'un peu tard qu'on s'adressait à lui. En fait, le yorka n'avait réagi qu'en voyant une ombre étrange qui dépassait sur la sienne. Tournant les yeux vers la personne, il tomba nez à nez sur un individu portant un chapeau. Souriant à son tour et s'arrachant à sa contemplation sans plus de tristesse, il accepta la main pour se relever. Ses habits reçurent un traitement rude pour se débarrasser de tous les petits grains traitres qui contribueraient aux démangeaisons futures, une fois qu'il aurait un tant soit peu marché.


"Ce n'est rien. Il faut bien plus qu'un petit tas de sable pour venir à bout de moi!"

Bon clairement, en regardant le visage de son interlocuteur, Eshyr ne put s'empêcher de constater une certaine beauté, en fait, des traits si fins qu'ils paraissaient irréels. Certaines personnes ont bien été gâtées par mère nature. Ce n'est pas pour autant qu'il resta fixé des heures sans trouver les mots. Ses yeux se tournèrent vers l'embarcation qui se trouvait contre le petit ponton et répondit joyeusement:

"Le seul soucis a été la longueur du voyage! Je ne supportais plus de voir la mer à perte de vue. Enfin, je suis là pour un bout de temps..."

Un ou deux jours grand maximum. Voilà le genre de temps libre qu'il aimait s'offrir. Certains préféraient s'adonner à des activités plaisantes de l'autre côté, et bien lui préférait voir du pays, ce n'est pas plus compliqué que ça. Au fond, Eshyr n'a jamais été un individu mystérieux à cerner. En quelques sortes, on peut dire que ce qui peut être considéré comme atout, et comme défaut serait qu'il est facilement cernable. Tout en lui est vrai, depuis son sourire à ses mimiques amusantes. Prenant déjà la tête d'un conspirateur, il ajoutait à voix basse, non sans cacher son amusement.

"Par contre, il se pourrait que les marins soient quelque peu agacés par mes questions à répétition. Que voulez-vous, je ne suis pas habitué à faire de longs voyages!"

Il haussa les épaules en hochant la tête d'un air désolé, les bras ouverts en signe d'impuissance.

"Vous... vous êtes un voyageur? Ou bien peut-être espériez-vous prendre le navire, je ne veux pas vous retenir inutilement!"
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MessageSujet: Re: Un pied dans le pays [Calixte]   Un pied dans le pays [Calixte] Icon_minitimeSam 1 Jan - 22:15

    La philanthropie de Calixte l'avait toujours poussé à aller vers les autres, tendre sa main pour aider et soutenir son prochain, quel qu'il soit. Terrans, Sindarins, Yorkas, Gorgoroth... elle n'avait que faire de l'origine de ses prochains, ce qui était étonnant pour une personne de son espèce. Pourquoi? Il était bien connu que les Sylphides étaient particulièrement chauvins, voire même assez hautains quand à leur capacité. Sans nul doute que leur immortalité et capacité à créer un corps leur avait donné leur goût d'être des dieux, alors qu'il n'en était rien du tout. Pauvre fou que de se croire égal à ses chimères images que sont ces entités jamais rencontrées. A vrai dire, depuis des années, elle possédait malgré elle encore quelques rancœurs envers les siens dans le refus de s'engager dans la guerre de Taulmaril. Cela remontait à des siècles maintenant certes, mais elle avait vu, elle avait prédit le carnage qui se produirait... et il lui avait rit au nez, lui comptant que cela ne les concernait pas. Les Terrans et toutes les créatures qui vivaient là bas étaient les responsables de leur sort, de leur tragédie. Ils avaient été trop avides, c'était le prix qu'ils devaient payé pour leur outrecuidance. Était-il cependant nécessaire que tant d'innocents viennent à périr?

    Souriant alors à ce petit bout d'homme qui se tenait devant elle, se redressant avec fierté d'une chute sans gravité, il y avait envers ce jeune homme là, un brin d'innocence qui la touchait indirectement. Ce regard pétillant, cette fraicheur naturelle... mais la main qui tint la sienne rappelèrent néanmoins la vigueur de celui qui se tenait devant elle.


    " Je vois cela... vous semblez bien énergique jeune homme. "

    Souriante comme à son habitude, elle se tint droite, comme si elle était figée dans le temps. Son haut de forme impeccablement tenu, son chemisier sans un pli, un veston bien tiré. A vrai dire, Calixte surprenait un peu dans ce décor sauvage car elle sortait véritablement de la grande ville ainsi vêtue. Toutefois, cela ne l'empêchait pas de partir un peu partout, elle tenait à avoir un minimum d'élégance, qu'elle soit sous l'allure d'un homme ou non.

    " Le voyage a donc été si long que cela? J'avoue que je ne sais si je possède le pied marin. Je ne suis pas un homme qui a pour habitude de partir vers l'horizon bleu. "

    Le sourire de notre médecin s'élargit lorsqu'elle entendit la petite confession de son interlocuteur. Il semblerait que ce dernier soit aussi curieux qu'elle-même. Et bien tant mieux, elle adorait poser des questions, elle se sentait mieux quand on en faisait de même avec elle... elle culpabilisait moins.

    " Ho!! Et bien, je ne suis pas vraiment un voyageur. Je suis médecin. Je possède quelques connaissances dans la ville voisine et je n'hésite pas à proposer mes services aux habitants des environs. Ils sont peu nombreux et reclus, alors ils sont toujours ravis de voir une personne de mon genre pour m'occuper un peu d'eux. C'est surtout la curiosité qui m'a poussé à venir sur cette plage, j'ai pensé que peut-être certains marins auraient besoin de me voir... mais j'oublie bien souvent qu'il y a toujours un docteur sur un bateau. "

    Notre sylphide sourit alors avec un peu de gêne. Elle avait beau être une de ses personnes dont les connaissances étaient vastes, mais lorsqu'elle s'emportait dans ses élans philanthropiques, elle en oubliait toute raison.

    " Puis-je vous poser une question? D'où venez-vous avec votre navire? "

    Ses grands yeux dorés se posèrent alors sur la silhouette athlétique de son jeune camarade avant qu'elle ne se rende compte qu'elle eut oublié de faire les présentations.

    " Ho! Suis-je sot! J'ai oublié de me présenter. Je suis le Docteur Telenna. Calixte Telenna. Enchanté. "

    Une petite révérence signe des bourgeois gentilshommes, voilà que les choses avaient été rectifiées... et dans la bonne humeur.
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