À la poursuite d'Ocarina Chantelune[pv]

[HRP: Voila le début de la quête et la suite de ceci]

Mon avis restait le même que celui de mon partenaire de quête. Esprit féminin ou pas, je préférais rester sur mes gardes en territoires inconnus. De l'intérieur, je percevais toujours ce bruit lointain de vent qui balayait tout à l'extérieur. En pleine nuit ou au petit matin, il fallait bien s'attaquer à notre périlleuse tâche. L'idée de mettre le nez dehors me donnait quelques minuscules friselis imaginaires. Mon halte si brève dans la taverne nordique prenait donc sa fin. Follen prit l'initiative de le déclarer alors que je me perdais dans une dernière fois dans le fond de mon gobelet vide. Tout en suivant les gestes de la panthère qui m'indiquait la porte, je me levai. Tous me dévisagèrent à nouveau lorsque je lui emboîtai le pas. Le portail de bois faillit bien se fermer contre mon nez au dernier instant. À l'extérieur, ma compagne regardait déjà d'un air inquiété le yorka. Ce dernier, apparemment quelque peu médusé par l'impressionnant cheval noir, fit naître chez moi une mine amusée. Le nouveau venu risquais davantage de se faire mordre de manière très antipathique s'il tentait une nouvelle approche, un second mouvement amical envers la jument.

J'inclinai nonchalamment la tête puis me retournai l'air légèrement contrarié lorsque j'entendis résonner en échos dans ma tête le mot « utiliser » . Comment pouvait-on penser que je me servais d'Akira. De surcroît, ce animal indomptable ne servirait personne et ne suivrait personne (excepté moi bien sûr) même si je lui donnerais l'ordre. Gardant mon sang-froid ainsi que mes commentaires déplaisant pour moi, je m'adressai à mon partenaire de quête.

- N'employez plus ce terme en ma présence, je vous prie. J'aime ce cheval et jamais je ne le monterais sans qu'il quémande ma présence... Ou plutôt elle.

En réponse, la bête noire émit un doux hennissement. Elle vint poser sa tête entre moi et Follen, comme pour signifier qu'elle entendait en grande partie notre conversation. J'attachai à nouveau ce qui me servait de doublure, rabattis mon capuchon sur ma tête puis entrepris de me hisser sur le dos de ma jument. Je constatai qu'il y avait suffisamment de place pour deux hommes, même en armures, ou pour une jeune femme sanguinaire qui sait. À l'intention du voleur, je fis un sourire cette fois plus sincère. Mon bras se tendit en direction de mon coéquipier qui, selon mes déductions, ne montait pas ou rarement une pareille monture.

- Akira ne vous mangera pas. Montez !

J'avais souvent tendance à la surnommer Kira, mais je préférais donner son nom complet au risque d'un regard de biais de celle-ci. Ses oreilles fines se trémoussaient, attendaient un nouveau départ. J'attendis sagement que l'homme se soit confortablement installé pour lui préciser de bien s'accrocher. Le murmure de ma destination parvint à ma jument telle la morsure du vent. Sans prévenir, le cheval parut s'envoler loin de la taverne sous l'ours bourré. Le cheval galopait à la vitesse de l'éclair dans le désert de glace. Le bruit même de ses sabots se perdait derrière chaque pas...

Dans la nuit noire, une tempête de flocons tièdes chassait l'image des buttes de glaces. Non loin, les grottes de Fellel se rapprochaient de plus en plus. Quelques secondes plus tard, nous nous trouvâmes face à l'embrasure de l'une des nombreuses entrées des énormes cavités. L'arrêt du cheval noir provoqua une sorte de pression dans l'air. Le temps continuait toujours de s'écouler. Je m'autorisai quelques secondes de répit afin de reprendre le courant normal des choses. L'endroit que nous avions cherché à localiser se trouvait juste sous notre nez. Quelques particules neigeuses fondirent sur mes cils blancs. Mes yeux se posèrent alors contre le ciel constellé. Des milliard d'étoiles s'entrecroisaient pour former une toile sur une voûte bleutée au milieu de laquelle s'élevait une somptueuse perle d'eau douce. Je restai là, le regard perché dans les cieux sans même me préoccuper du reste. Il arrivait parfois que ma nature rêveuse s'emparait de moi, me plongeait dans les plus infimes détails qui m'environnaient. Mieux vallait que les monstres restaient tapis.

Follen s'excusa d'un geste de la tête, il ne voulait pas parler du cheval comme un objet, il avait lui-même était considéré comme tel. Il fit un geste d'excuse envers la monture, puis laissa le cavalier monter sa jument après lui avoir fait un discourt fort intéressant. Il respectait sa monture, autant que Follen respectait les autres. Il fut aidé par le Ladrini à monter, il eut un peu de mal mais il le remercia lui, et sa monture de l'accepter dessus. Ils partirent ensuite au galop ce qui ne déplut pas à Follen, il aimait sentir le vent caressait sa peau, la neige volait après chaque coup de sabots. La panthère folle, fut surprise par la vitesse de la monture, malgré la charge qu'elle portait.

Mais après un plus ou moins long trajet, les grottes pointèrent à l'horizon, à moitié dissimulé par un rideau de flocon blanc. La neige était l'un des éléments les plus fascinants pour Follen, pouvant adopter plusieurs formes, avait un don pour apaiser les gens, et embellir les paysages malgré le fait qu'elle tuait tous ce qui ne pouvait se chauffer. Le voleur regardait les étoiles, mais il remarqua qu'elles étaient surtout dominées par les trois Lunes. La panthère ne se laissa pas envouter par ce paysage magnifique, il laissa le cavalier s'arrêter tout en regardant chaque grotte de sa position, surveillant les coins le plus efficacement possible depuis la monture. Il descendit sans difficulté sur le côté gauche, puis s'avança vers l'un des grottes, main sur la crosse de sa lame. La neige se déposait sur son armure, fondant en quelques secondes à cause de sa maîtrise du feu. Il se retourna vers son équipier, après n'avoir détecté aucune trace de pas ou présence puis déclara:

-Ses grottes sont grandes, mais je ne sais pas si tu pourras faire avancer ... euh Akira c'est ça ? Tout le long du trajet. Alors on fait comment ?

À mon tour, je mis pied à terre ou plutôt à glace. Mes rêveries s’égarèrent lorsqu’une voix familière monta à mes oreilles. Ma silhouette encapuchonnée vint rejoindre à pas lent celle du Yorka. Le froid m’envahissait lourdement engourdissait le croissant de ma bouche aux leurs violacées. Tant que je resterais ainsi, aucune parole ne parviendrait à franchir mes lèvres. Je portai donc machinalement l’extrémité de mes doigts contre ma joue.

Mon visage figé par le froid commença à perdre sa forme raide alors que les muscles de ma mâchoire se dénouèrent. Une chaleur réconfortante parcourra le reste de mon corps. Le glaçon sur patte reprenait du service ! Mes pieds tâtèrent la neige molle. Le terrain pouvait aisément prendre de cours ma monture et tous nous faire basculer dans je ne sais quel piège. Pour une fois, je préférais ne pas adopter le risque.

- Akira risque de se blesser si elle nous dirige dans ce dangereux casse-tête. Mieux vaut y entrer avec nos deux bonnes vieilles jambes... Ou vos quatre pattes si vous préférez.

- Nous n’avons guère le choix seulement évitez de vous perdre seul dans cette construction glaciale.

, dis-je d’un ton prévenant.

Finir seul dans les grottes était bien l’unique chose que je rebutais. Je ne craignais pas Chantelune, mais quelque chose me disait que l’aide de mon collègue allait être précieuse. Mes yeux firent la navette entre le ladrini et Kira d’un air sérieux puis je prolongeai mon chemin jusqu’à Fellel, non sans une certaine assurance. Mon cheval entrepris lui aussi de se joindre à l’équipe. Le pas léger de ce dernier résonnait en écho contre les parois glacée.
Quiconque habitait les lieux pouvait facilement détecter notre présence. En réalité, nos ombres dévoilaient à elles seules notre existence au pays des glaces. Celles-ci s’étiraient le long des murs, réfléchissaient quelques taches sombres au tournant de divers chemin.

Un grognement sourd se fit entendre au loin. Les mystères m’entouraient lentement de leurs griffes invisibles Des craquements emplis d’une connotation horrifiante accompagnaient notre route. À présent, nul ne pouvait reculer au risque de se retrouver nez à nez avec un obstacle bloquant la sortie. J’étais condamné à continuer mes recherches sur l’Ocarina.

[HRP: Désolé pour le temps d'attente. Mon post est un peu court, mais je voulais te laisser le plaisir d'introduire l'intrigue^^.]

Follen restait impassible devant les bruits stressant des grottes, les deux aventuriers devaient surement les dérangés, profanant leur territoire si spécial. Ses grottes étaient un véritable labyrinthe, l'obscurité n'y avait pourtant pas sa place, malgré le fait que le soleil se soit couché au loin, les trois lunes illuminaient les cieux et la terre sur laquelle ils marchaient. Ses grottes avaient quelque chose d'envoutant, de distrayant, et cette distraction pouvait leurs couter cher. Les yeux verts de la panthère scrutaient les parois glacées des grottes de Fellel, il n'y avait aucune imperfection, pas la moindre marque de lutte ou de piège visible. L’écho de leurs pas se perdait dans celui du vent parcourant les allées, et leurs glaçant le sang. Mais si on tendait bien l'oreille on pouvait entendre autre chose, une subtile et triste lamentation de femme. Un long frisson parcourra la nuque de la panthère folle, il caressa machinalement la lisse, et froide paroi des grottes.

Follen repensa aux paroles du ladrinni, voulait il le voir sous sa forme animale ? Ça ne serait pas le premier, mais souvent ils étaient déçus, la panthère n'utilisait pas sa forme pour un oui ou pour un non. Il fallait que le danger soit vraiment important, car il pouvait très bien gérer des situations risquées avec ses propres moyens. Ils continuèrent tout droit, et plus ils avançaient, plus les parois s'agrandissaient, les chemins devenaient moins étroit et la liberté de mouvement devenait soudainement beaucoup plus facile. Ça aurait pu réconforter n'importe qui, mais pas Follen, si les formes des grottes variaient aussi rapidement en à peine quelques mètres, c'est que cela cachait quelque chose.

Une vieille dépouille était étendue sur le sol givré des grottes, enfin la partie supérieur d'un corps était étendue, le reste ne semblaient pas être ici. La panthère s'approcha des restes du défunt, puis les fouilla, ne trouvant rien d'intéressant, mis à part une lame cassée pleine de sang. Follen se releva puis se tourna vers son équipier en déclarant simplement:

-Je ne veux pas passer pour un alarmiste, mais nous ne sommes pas seul avec Chantelune. Les esprits ne peuvent pas nous toucher directement, et encore moins saigner, ce qui m'amène à croire qu'une saloperie se balade par ici. Et qu'elle a était placée là exprès pour garder le couloir, ce qui d'un côté est positif, car quel serait l'intérêt de faire garder un endroit si ce n'est pour protéger quelque chose ?

Follen laissa retomber le silence, puis reprit sur un ton amusé:

-Après il se peut que le froid me fasse délirer dans ce cas je ne suis point de bon conseils...

Quelques grognements pouvaient se faire entendre au loin, mais aucuns bruit de pas, ou de frottements.

J e contemplai le buste meurtri d’un air incertain. La victime ne portait d’entaille nettement découpée, que des morceaux de chair sauvagement arrachés. Ici, aucun ver ne venait ronger la chair de la pauvre dépouille. D’autres créatures passeraient et se régaleraient des restes. Le corps frigorifié d’une jeune femme n’ayant pu vivre très longtemps gisait sur le sol. Ses yeux fixe montraient un effroi démesuré. Ses lèvres sèches, exsangues étaient ouvertes comme si elle s’apprêtait à crier à nouveau. La lame maculée de sang prouvait que le jeune femme avait tout de même tenté de combattre la chose qui l’avait tué. Quelques trous dans sa somptueuse cape indiquait qu’on lui avait poignardé le coeur à mainte reprises. Un triste sort lui avait été réservé et je ne souhaitais pour le moins du monde être le prochain à croiser la « créature » . Nous ne pouvions cependant reculer face à la vision abominable d’un unique macchabée. Le tout pour moi paraissait naturel. À quoi devais-je m’en tenir d’autre ? ! Seulement l’ambiance à vous glacer le sang changeait la donne.

Follen examinait de plus près le corps, cherchait autre chose de plus intéressant. Les traces du liquide d’un rouge cramoisit s’arrêtaient à quelques pas des restes. Aucun autre indice particulier ne poussait à découvrir qu’est-ce qui mangeait ou tuait aussi sauvagement les dames. Même moi j’évitais une aussi gratuite méchanceté. Le diagnostic de mon partenaire de quête en disait long sur la position fâcheuse dans laquelle nous nous trouvions.

Vers l’inconnu nous avancions, vers un éventuel affront dans les couloirs frigorifiant des grottes. Ceux-ci s’élargissaient à mesure que nous plongions davantage dans leurs piège. Un détail infiniment important mijotait dans ma pense depuis une bonne minute. Les dires du yorka m’agaçaient à quelque part de bien précis. Comment savoir qu’il existait véritablement une gardienne de l’Ocarine. Si une femme possédait réellement cette fonction, celle-ci n’était pas étoffée de suffisamment d’endurance et de talents pour vaincre chaque nouvelle menace, peu importe sa taille ou sa violence excessive ? Je déclarai alors ce qui me taraudait l’esprit au sujet de la gardienne des lieux à l’autre homme.

- Pourquoi diable ces lieux habités d’animaux sauvages devrait-il être surveillé ? Chantelune elle-même protège son artefact et peut-être d’autres sbires moins courtois. Cette jeune fille n’est peut-être qu’une pauvre âme en quête de chaleur qui s’est fait prendre dans les grottes par une monstrueuse créature...

Avant même que la panthère puisse ajouter autre chose, je crus bon d’ajouter :

- Et non, je ne suis pas l’auteur de ce massacre. Du moins cette fois...

La cadavre s’éloignait peu à peu derrière nous. Ma compagne marchait derrière comme si rien ne s’était produit. Une masse de poil blanche avançait en notre direction. Elle s’arrêta à quelques mètres à peine, une chose sanguinolente à la bouche. Un énorme ours polaire s’affairait dans un festin nuptial.. Ses dents aiguisées mordaient à pleine dents dans une bête à la peau grise. Un phoque démembré si je voyais bien. L’animal constata silencieusement notre pressens avant d’interrompre son activité. Il nous dévisagea d’emblée puis ouvrit sa gueule imposante dans un grognement infernal. Son haleine de poisson pourri me heurta le visage telle une gifle de vent. N’étant pas un grand fan de viande aquatique, je préférais presque l’odeur de la putréfaction.

Mes cheveux légèrement soulevé par le coup d’air dégoûtant retombèrent sur mon manteau. Mes traits impassibles reprirent vie puis affichèrent un sourire glacial.

- Bonjour gros nounours. Pas de phoque pour nous, t’affoles pas.

Ces bêtes impitoyables étaient généralement très territoriales et protectrices. L’ours blanc veillait sans doute à ne pas se faire voler sa nourriture. Aussi bête que cela puisse paraître, l’animal continua son repas. Il remarqua aussi d’un air affamé le grand cheval noir qui pouvait très bien devenir la suite de son gros casse-croûte.

Follen laissa alors tomber sa théorie de la manipulation mentale sur la plus puissante créature des grottes, dommage, ça aurait put être amusant ou terrifiant. Mais qu'importe son équipier avait sûrement raison, ils continuèrent leur chemin, laissant la dépouille la ou ils l'avaient trouvé. Il chercha une nouvelle fois des indices, mais en vingt! La panthère désespérait, pourquoi les quêtes dans lesquelles il se lançait étaient toujours aussi difficile. Il cru ensuite sentir l'odeur d'un imposant animal, pas le genre à longer les murs non, quelque chose de bien plus fort. Et ses doutes se confirmèrent, devant eux un ours polaire entamait son repas, déchirant sans difficultés le corps du phoque. Follen resta naturel, il regarda son équipier qui parlait à l'ours qui ne comprenait sûrement pas. Un sourire encore plus froid que la glace déchirait le visage de son équipier, il n'allait tout de même pas attaquer l'ours sans le prévenir? La panthère folle dégaina sa lame, et déclara calmement:

-Bon on ne peut pas se permettre de perdre notre temps, si la pleine Lune éclair les grottes avant que nous ayons trouvés L'ocarina nous sommes finis. Essayons de le repousser, et de ne le tuer que si il ne nous en laisse pas le choix. C'est d'accords?

Le regard de Follen avait changé, ce n'était plus le compagnon souriant pour un rien, c'était la panthère qui prenait le dessus, si on n'avait pas remarqué que ses yeux étaient ceux d'un félin avant, maintenant c'était évident. Un léger sourire se dessinait sur son visage, il n'allait pas utiliser sa forme animal juste pour un ours, bien qu'il était conscient du fait que cet animal été dangereux.

«Chante, chante, douce mais lente mélodie de mon paradis. Pendant des années elle avait chanté mais sa voix sur ces rochers n'avait cessé de résonner, douce et faible et belle ; une interminable fable qui plongea nos âmes, à nous qui entrâmes, dans un délice ineffable, un désir insatiable d'ouïr ses notables vocables. Que j'aime, j'aime le ton amène de ce cantilène qui fait de ma peine une joie si extrême. Des mois que j'entends cette voix et toujours en émoi je la perçois comme un rêve, l'haleine toujours trop brève de ce doux Éden...»

L'homme qui murmurait était un être difforme et repoussant. Son épaule droite était parfois prise d'un subit tremblement qui remuait son bras, plié à 90° au niveau du coude, quand le gauche qui pendait beaucoup plus proche du sol était pourvu de pustules dont certaines verrues gonflaient la manche cabossée. Son oeil gauche était recouvert d'un triste verre et le droit louchait légèrement vers un nez enflé de quelques boutons verts. Une barbe noire et touffue mais grasse mangeait littéralement ses lèvres et son double-menton, descendant jusqu'à son cou où elle se mêlait aux cheveux sales et rêches qui avait poussé comme de mauvaises herbes. Parfois, une langue émergeait de cette forêt et quelques filets de salives constellaient cette masse hostile mais le plus terrifiant dans cet être branlant était sa posture : ses jambes fléchies lui donnait une allure de marionnette cassée, une poupée de laquelle sortait parfois un gloussement aigu et abruti.
Un monstre, il ne l'avait pas toujours été. Certes manquait-il de cette vivacité d'esprit mais son sang était noble et grâce à ses études il parvenait à effacer l'idiotie qui le marquait tant. L'irrationnel était une part de lui-même, mais il était parvenu à se faire poète et peintre, puis marchands. Il n'était déjà plus tout à fait sain d'esprit quand il avait décidé de chercher l'inspiration en ce lieu reculé. Trois gardes l'accompagnaient lorsque pour la première fois, il entendit ce murmure d'outre-tombe ; deux gardes l'accompagnaient lorsque pour la première fois il put peindre ces catacombes ; aucun garde ne l'accompagnait plus lorsqu'il comprit avoir trouvé sa tombe. Mais il n'avait plus peur car les semaines qu'il avait passées à errer l'avaient corrompu : la seule chose qui ne comptait plus, c'étaient ces murmures.
Pendant longtemps, il avait cherché l'origine de cette tendre mélopée sans remarquer que plus encore il s'enfonçait. Aucun des nombreux monstres ne s'en étaient pris à lui - peut-être même les avait-il fait fuir ? - si bien que peu à peu, la musique devint une obsession, puis sa seule raison de vivre, sa seule raison de survivre. Lorsqu'enfin il arriva devant le tombeau d'où émanait le chant, il fut incapable d'en trouver l'entrée c'est pourquoi il décida de chasser quiconque voudrait lui ravir la chanson de sa vie ; en quelque sorte, il en était amoureux...
La seule marque de son passé était un médaillon qu'il mordillait parfois en le prenant pour un biscuit, ne sachant plus même comment l'ouvrir. Toute trace du monde extérieur avait quitté son esprit et s'il parlait encore sa langue, il n'avait d'autre contacts humains que pour prendre aux cadavres qu'ils rencontraient leurs vêtements et objets personnels, violant parfois les restes de femmes mortes qu'il trouvait pour assouvir ses pulsions. Il avait tout d'une bête sauvage même si parfois ses membres refusaient de répondre, raison pour laquelle il tombait souvent ce qui paraissait nettement au niveau de son bras replié.

En voyant les étrangers, il se réveilla de sa stupeur. Oh bien sûr, il savait se faire discret et avait compris que son apparence répugnante gagnait à être ignorée, tant et si bien qu'il se cachait sans peur ni sans courage. Un simple réflexe bestial. S'il avait fini par comprendre qu'il n'aimait pas la chère humaine, la cruauté de ces explorateurs pouvait être sans limite surtout s'ils s'en prenaient à la mélodie. Très discrètement, il suivait ainsi les étrangers au cas où ils s'approcheraient de son trésor. Néanmoins plus que jamais, la musique résonnait sur les pierres gelées qu'il caressait de son oreille. Par à-coup, son sourire niais se déformait en une expression rageuse : il était impossible de savoir quand il tomberait sur les deux hommes qu'il distinguait à peine, mais le moment arriverait inéluctablement. Il savait ses chances minces, mais peut-être qu'en attendant qu'une bête vienne l'aider...

Notre premier opposant au royaume des glaces créait un minuscule lien de fraternité entre moi et l'autre ladrini. Tous deux confrontés aux obstacles qui nous retenaient dans notre quête pour l'Ocarina Chantelune, chaque action de l'un influençait le jeu de l'autre. Cette créature polaire représentait non une difficulté imposée par la dame fantôme, mais une authentique menace des terres glacées. Les habitants du territoire contraignaient eux-mêmes chaque voyageur, sans compter les autres menaces qui guettaient d'un œil mauvais tout imprudent voyageur qui cherchait à obtenir l'artefact. Je ne sortirais décidément pas d'ici avant une longue période. Ainsi il me fallait m'allier sérieusement à cet homme si étrange par sa seconde nature dont le reflet se dessinait peu à peu. Je remarquai le changement graduel dans le regard de ce dernier... Un regard sauvage illuminait le visage de la panthère folle.

Comme à chaque fois que je prenais la route, mon tempérament asocial laissait place à un charmant démon bavard. Les rencontres, imposées ou non, de nouvelles personnes perfectionnait toujours mon art du mensonge. Une habileté qui ne me servait plus à grand chose face à une bête qui n'avait recours qu'à l'instinct.

- Inutile de tuer cette créature... Après tout elle ne traque généralement pas les humanoïdes. Cet ours est bien plus honnête que la plupart des gens que nous croisons en ville. Enfin, qui suis-je pour parler de valeurs et d'honnêteté ? Cette créature traque pour sa survie alors que je chasse mes semblables pour le plaisir... Si je peux réellement m'attacher à cette masse de terrans pour les considérer comme tel. Le camp des voleurs qui se rassemblent semble être un meilleur parti tu ne trouves pas ?

Mes mots débitaient vers une toute autre conversation qui ne concernait plus la situation actuelle. Néanmoins, je m'intéressais particulièrement à savoir quel avis partageait mon « semblable » puisque nous faisions partie de la même caste. En quelque sorte, il avait intérêt à répondre positivement s'il était bien un fidèle voleur de la guilde. Cela me donnait aussi l'occasion de mieux connaître le jeune yorka, même si une part de moi s'en contrefichait éperdument.

Un nouveau grognement, cette fois d'attaque, me fit tourner précipitamment la tête vers le monstre blanc. Il enchaîna le tout avec un long bond, non dépourvu d'une certaine agilité, puis leva sa large patte griffue en l'air. Le membre animé par la fureur du carnivore s'élança en direction de mon visage prêt à me défigurer. J'esquivai le tout avec mon propre bras et eut droit à une série d'importantes lésions. À travers la manche déchirée de mon manteau, de profondes entailles sillonnaient ma chair. Une douleur immédiate me paralysa tandis que tous les tissus de mon bras gauche se régénéraient. Une nuée de sang rosâtre perlait ma peau laiteuse. Une moue de dégoût parcourut mon visage. Haine et indifférence luttaient au plus profond de mon cœur.

Quelque chose d'inhumain et de primitif remonta à la surface de l'océan paisible qui enveloppait mon état d'esprit. Un rugissement de défiance qui n'avait rien à voir avec celui d'un animal s'échappa hors de ma gueule. L'être infâme qui guettait mon être se calma tandis que mon adversaire recourait à une forme d'impassibilité. Intérieurement, ce dernier tremblait sans doute d'effroi. Il lui fallait un courage de fer pour défendre son territoire.

La bête acceptait apparemment le défi. Elle restait figée, toujours sur ses gardes. Pendant ce temps, je jetai un regard complice à l'adresse de Follen puis décidai de lui expliquer ce que je m'apprêtais à faire.

- Je préférais ne pas y avoir tout de suite recours, mais il va bien falloir utiliser la magie !

Je me penchai vers l'avant dans une position d'offense, un sourire bien malicieux suspendu aux lèvres. Mes mains s'agitèrent facétieusement alors que le sang bouillonnait dans les veine de mes doigts. Sans plus attendre, je propulsai un éclair de chaleur sur les pattes avants qui m'avaient précédemment blessé. L'animal recula dans un élan de surprise. Assaillis d'une vague d'effroi, ses membres tremblaient telle une feuille. D'une allure presque intimidante, il entama sa course vers moi en montrant bien ses canines étincelantes. Instinctivement je canalisai mon énergie dans mes paumes et la dirigeai tel une lance vers celui-ci. Un jet de feu atteignit brutalement la gueule béante de l'ours. Ce dernier s'immobilisa aussitôt puis tenta de rugir sans aucun espoir. Aucun son ne sortit entre ses crocs aiguisées. Décimé par la peur, l'ursidé s'enfuit telle une ombre dans les parois de givre. J'observai partir l'intéressé d'un air intrigué puis tentai de me concentrer à nouveau sur ma tâche...

Follen s'apprêtait à répondre à son équipier qu'il avait tort, car les ours blancs tuaient aussi pour le plaisir, il l'avait apprit à ses dépends, et son allié aussi. Follen ne put réagir, son équipier semblait en faire une affaire personnel, il allait utiliser la magie. La panthère folle regarda droit dans les yeux l'ours, n'importe quel animal aurait comprit se regard, c'était celui de l'avertissement. Le regard qui suppliait avec sévérité, il lui disait de fuir pendant qu'il en avait encore le temps. Mais la créature n'en avait cure, elle chargea le membre de sa caste qui repoussa avec force l'animal. Follen rengaina sa lame, l'animal devait être en train de mourir ou de fuir, en voyant cette scène Follen ne put s'empêcher de se caresser la gorge, sentant la marque du collier. Follen poussa le corps du repas de l'ours en continuant son chemin, il se tourna vers son allié puis lui expliqua sa façon de penser:

-L'ours blanc et certains animaux comme les chats tuent pour le plaisir, les hommes ne sont pas les seuls créatures cruel en ce monde. Mais je partage ton avis dans le fond, certains animaux sont bien plus agréable que les humains.

Follen entendait de plus en plus clairement le voix de ChanteLune, il regarda le guerrier puis lui demanda:

-Tu penses pouvoir continuer avec ta blessure? Car Chantelune elle ne fera pas la différence entre un aventurier blessé ou non.

Il sentit alors la présence d'un être, un être qui semblait blessé, ou alors difforme en tout cas cet être n'était pas dans son état normal. L'être bondit sur la panthère qui ne tenta même pas de sortir sa lame, ils roulèrent sur le sol de glace le dément hurlait, pendant qu'il essayait d'étrangler la panthère qui le repoussa. L'envoyant valser de ses deux pieds, il se releva en brandissant sa lame sous la gorge de la créature, il n'était plus un Terran, Follen mit peut de temps à comprendre ce qu'il était. Un possédé, il faisait partit des êtres ayant succombé aux chants de Chantelune, la panthère faillit l'exécuté, puis se retenue au dernier moment. Si cette créature avait été manipulé par le chant de la femme, il devait connaitre la position de l'ocarina. Un sourire agréable et détendue éclaircit le visage de la panthère. Il ne bougea pas sa lame d'un pouce, en revanche il lui posa une seule question:

-Je sais se que tu es, je sais pourquoi tu m'as attaqué, mais le plus important, c'est que je comprends pourquoi tu l'as fais! Mais tu sais je ne toucherais pas à la mélodie, je veux justement la guérir, l'aider à être plus agréable, je cherche Chantelune. Sais-tu ou elle est ?

Follen ne voulant pas compromettre sa stratégie de manipulation, ne lança pas un regard à son équipier, espérant qu'il comprenne ce qu'il se passait.

Lorsque l'ours frappa, la moment passa ; l'être pourtant gloussa, tremblant de tout son corps comme animé par une folie insensée. Il se figea quelques temps puis brusquement il sauta. Sa prise échoua cependant que son corps décrivit un arc de cercle qui s'acheva sur la terre ferme avec brutalité, sans abandonner cependant il voulut étrangler son adversaire en hurlant un son strident. Un coup puissant lui fit lâcher le cou de sa victime, qui alors était devenu prédateur, puis l'aliéné se sentit entravé sens même remarquer la froide lame qui le caressait dangereusement. Seule la voix le fit s'immobiliser, dans l'espoir de continuer à l'écouter. Ce n'est qu'ensuite qu'il comprit que l'homme lui parlait sur un ton mielleux. De nouveau il pensa à la douce mélodie. L'homme aussi était chaleureux. Mais la musique était plus belle. Il lui faisait la promesse de la rendre meilleure. Mais la musique était déjà la plus belle. L'homme... Ou la voix...
Un mouvement saccadé lui valut une entaille superficielle quoique piquante. Ses dents craquaient de froid et ses yeux grossissait d'effroi. Même son menton tremblant était apitoyant et après tout, son être tout entier était branlant comme un poux. Son faible susurrement ne trahissait qu'un frêle sentiment : «Peur». Deux autres paroles se firent presque inaudibles, étouffées par sa gorge nouée. «Vous... Tuez ?» Lentement, mollement, il pencha la tête vers le sol cependant que roula une larme esseulée sur sa joue écarlate ; lentement, délicatement, il mordit ses lèvres plus fort qu'il n'y paraissait cependant que roulèrent des yeux esseulés vers son second bourreau.
En un mot comme en mille, il était pathétique. Peut-être pourrait-il toutefois marcher quoique dans son état - le corps brisé - , on l'imaginât mal capable de se traîner.

«Faim...»

Tandis que je restais tapis dans l'ombre, abasourdi par l’innocence familière qui se dégageait de la proposition de mon coéquipier, la créature difforme tremblota. Un souffle glacial à l'effigie de ce cirque mouvant longea les parois indestructibles des grottes. Croire que cet être aux mouvements à la fois imprévisibles et brutaux préférerait les sirupeuses paroles de la panthère résultait de la pure folie. Pourtant, celle-ci conduisait parfois ceux qui l'écoutaient vers les chemins autant périlleux que merveilleux. Un dilemme obscur s'infiltrait visiblement dans le fil saugrenu de ses pensées. L'instinct animal prit irrémédiablement le dessus. Des mots tellement simples s'échappèrent de la bouche de l'étranger qu'ils créèrent une océan indéfini de significations. Je décrivis lentement la proie qui, piégée sous la menace métallique du yorka, tentait de se délivrer lui-même du jeu de sa décision. Une traînée de perles d'un rouge saisissant ruisselèrent le long de la joue du condamné. Je fronçai les sourcils brièvement à la vue de ce volontaire supplice. La caresse envoûtante de la mélodie qui se logeait avec une inébranlable persistance vers son oreille lui fit littéralement perdre la raison. Y avait-il seulement une lueur d'espoir à l'approche de ce dévorant... Faim ?

Je redoutais de connaître un jour nouveau cet appétit qui égalait presque l'idée unique de survivre. Il allait de soi que contrairement à ce que s'imaginait Follen, l'ours polaire ne m'avait guère atteint. Même s'il cela s'était produit, jamais mon corps ne se laisserait dégénérer autant que le jeune ami qui gisait au sol, quémandant avec logique un brin de pitié. Celle-ci me dégoûtait à un point tel qu'un forme de misanthropie légère m'assaillit.

- Avale... Ce qui te mine...

Un visage dont les traits soudainement plus durs qu'à l'accoutumée se figea de marbre sur la créature lâchement écroulée contre la poudre brillante des terres gelées. Le bleu d'acier de mes prunelles alla à la rencontre d'un regard pétrifié. Je cherchai à décrocher une ombre d'appréhension dans ce dernier. Certes, la faim comme tout autre chose devenait une splendide arme de destruction. Les ravages que provoquaient certaines émotions étaient si puissants qu'ils poussaient souvent des êtres à commettre d'inestimable crimes. Cependant, s'agissait-il d'un crime que de poursuivre la source d'une souffrance physique puis psychique ? À juste titre d'abord, à des fins personnelles ensuite, je dirigeais ma victime au plus profond de la gueule béante du loup ou plutôt tentai d'y glisser d'une poigne imperceptible la mystérieuse Chantelune.

J'incitai sans grande amicalité l'homme à se lever ou du moins à ramper vers son prédateur féminin qui se dissimulait sous les pièges imminents des grottes de Fellel. Je me questionnai, faiblement en retard, de quelle manière la voix de la panthère avait failli faire succomber l'inconnu à la protection d'une tierce menace. Un coup d’œil interrogateur suffit à l'encontre du ladrini qui m'accompagnait pour demander d'ajouter à son discours de nouveaux doucereux propos.

Follen n'éprouvait pas du dégoût mais presque de la pitié, au moins cet être les prévenait de ce qui les attendait si jamais l'un d'eux se laissait tenter par la voix de Chantelune. Il murmurait par moment des mots, qui pouvaient avoir plusieurs sens se qui intrigua Follen encore plus. La panthère folle se demandait si il ne cachait tout simplement pas son jeu, non ce n'était pas possible de se laisser aller dans un tel état juste pour jouer la comédie. Il regarda la lame couler le long de sa joue, preuve qu'il pourrait sûrement l'influencer d'avantage, ou alors s'était du au fait qu'il s'était légèrement ouvert avec sa lame. Il regarda sa victime tourner sa tête pour regarder son collègue, et en profita pour l'interroger du regard, ce dernier sembla l'encourager à continuer son petit jeu. Très bien. Il toussa un peu pour attirer l'attention de la créature, puis retira la lame sans la ranger lui demandant:

-Je peux te donner à manger, mais ça ne vaudra jamais autant que la mélodie tu le sais, en revanche manger en l'écoutant doit être merveilleux tu ne crois pas? Mène nous à elle et je te donnerais ma nourriture. Bien sûre il est hors de questions d'essayer de nous tuer, vu que nous sommes des amis de Chantelune tu sais qui c'est n'est ce pas? Vient et guide nous jusqu'à elle.

Follen gardait toujours le même timbre de voix, mélodieux, doux, comme si la chose se tenant devant lui était son ami. Il entendait encore Chantelune chanter à ses oreilles, quelle poisse, ne pouvait-elle pas simplement la fermer pendant qu'ils discutaient? Non évidement ça serait bien trop facile, il reprit le son de la mélodie avec sa voix. Pendant prêt de deux minutes il reproduisait se qu'il entendait, en moins bien évidement mais ça restait juste et dans les temps. Après cette petite improvisation il recommença à parler:

-Tu vois? Nous l'entendons aussi cette mélodie, tout ce qu'on veut s'est voir sa source, voir Chantelune qui est à l'origine de cette mélodie. Vient donc nous guider à elle mon ami. Allons l'écouter ensemble.

Follen lui tendit la main ouverte signe qu'il voulait bien l'aider à se relever, il était prêt à utiliser son épée au moindre problèmes, mais ça ne se voyait pas. Il espérait que ce second essai fonctionne car si ce n'était pas le cas, il serait obliger de faire de nouveau couler le sang sur se sol gelé. La mélodie se répercutait sur les mur, tentant de briser le sang froid des aventuriers, Follen résistait le plus possible. Mais commençait à être de moins en moins patient.

L'inconnu fut bien malgré lui secoué vers trois discours disparates. Le premier le berçait de louanges adroitement pernicieuses, le second lui proposait une solution à la fois efficace et destructrice puis le dernier lui suggérait aimablement de se ranger vers un espoir de survie. Chose certaine, tant d'idées entremêlées l'embrouillaient considérablement. En contrepartie, le carillon ciselé de la panthère sembla apporter à son coeur affligé une consonance plus sereine. Je me demandai alors dans quel répertoire m'autoriserais-je à classer cette vilénie de persuasion. Depuis le début de l'expédition ou même lors de mon entretien à la taverne Sous L'ours Bourré, Follen n'avait jusque là démontré aucun signe de charisme aussi admirable. Cela tirait-il de l'hypnose ou d'une aptitude naturelle à captiver ses potentiels assaillants ? Ne me trouvais-je moi aussi pris sous cette soporifique tactique ? Impossible de me tromper, étant un fallacieux des plus expérimentés. Même les meilleurs mensongers n'outrepassaient guère les frontières de mon art.

Offrir à une créature de lui remplir la panse en échange de sa coopération alors que son existence frôlait son trépas témoignait de la pure bouffonnerie. L'ironie voulut même que moi et mon coéquipier soyons d'honorables connaissances de l'esprit qui hantait les tunnels ombrageux où le froid y faisait office de cerbère. Un poigne squelettique rata frêlement de saisir la paume généreusement tendue. Elle retomba à la hauteur des genoux fléchis du mortel qui traînait déjà sa carcasse courbée vers l’avant. Je décochai un regard d’approbation à l’autre ladrini dont la panégyrique avait porté fruit. Veillant sur nos arrières, je scrutai précautionneusement les environs en quête de détails inédits puis fermai la marche derrière les deux autres. Notre cheminement s’avéra d’un pas largement irrégulier, à mesure que l’homme déambulait en une multitude de bons inarticulés. Il s'agissait là d'un piquant croisement entre une assommante lenteur et une vitesse primitive. Peu importe le déroulement paradoxal de cette croisade, j’avais la certitude que nous avancions toujours un peu plus vers la raison initiale de cette excursion.

Les minces filets de lumière argentés qui éclairaient minutieusement notre route s’éloignaient depuis un certain temps derrière nous. La mélodie devint presque tangible de sa portée abasourdissante. Des piliers frigorifiés étaient érigés dans l’obscurité. Ils se distinguaient aussi nettement que l’éclat métallique d’une lame. Aussi, se tenaient-ils singulièrement côtes à côtes pour accueillir les visiteurs à l’entrée d’une noble structure. Mon regard d’un bleu électrique su reconnaître la disposition paradisiaque - pour qui l’absence de chaleur ne gênait point - du lieu que nous nous apprêtions à rejoindre. L’immense palais paraissait être sculpté à même un énorme glacier. Les tapisseries taillées à même le roc comptaient sur le climat hivernal pour garder leur majestueux attraits. La magnificence de l’appartement n’en restait pas moins horrifiante avec cette harmonie cyclopéenne qui vous bourdonnait constamment les oreilles.

Un grattement justifié se fit entendre à proximité. Je reconnus immédiatement le guide qui demandait sa récompense. La voix de Chantelune vibrait sensiblement et je ne doutai pas un instant que l’étranger s’arrêtait aux portes du château souterrain, au risque d’y être plus brutalement confronté. La mort le guettait d’un oeil incertain tandis qu’il attendait impatiemment son dus de la part de la panthère folle. En revanche, je laissai ce dernier se charger de rendre ou d'abandonner sa promesse. Le sort du pauvre malheureux ne m'importunait que trop peu. Il nous avait menés plus rapidement vers notre adversaire, certes. Ma gratitude envers lui se qualifia par l'indifférence...Ne point m'en préoccuper ou plutôt l'épargner d'une fin peu envisageable.

- Chantelune me semble bizarrement proche. Qui sait sur quoi nous allons tomber dans un havre aussi unique...

Un fumée blanchâtre s'échappa sitôt j'ouvrai la bouche pour exprimer cette pensée à mi-voix

Follen sentait de plus en plus le froid mordre ses joues, au fur et à mesure des pas il pouvait sentir la mort qui se riait d'eux. La panthère folle avait du rattraper plus d'une fois cette loque qu'on ne pouvait plus qualifier humaines, évitant que cette dernière ne s'étale sur le sol. Comment avait-il put survivre dans cet endroit si froid et dangereux, la mélodie était vraiment dangereuse, et Follen ne voulait pas finir comme lui rien que cette idée énervait Follen. La panthère ne profitait même pas de l'architecture sublime des grottes, trop occupait à garder un oeil sur cette chose qui le faisait tant douter. Soudainement la mélodie, se fit bien plus clair, la créature s'arrêta tendant faiblement la main vers Follen. Des pilonnes de glace formait une allée dont on ne voyait pas vraiment le bout. Follen sortit ses rations qu'il posa dans la main de l'individus, il avait tout donné. Maintenant il suffirait de juste de s'en débarrasser, espérant qu'il ne les suivent plus. Le mercenaire entendit alors son équipier murmurer derrière lui:

- Chantelune me semble bizarrement proche. Qui sait sur quoi nous allons tomber dans un havre aussi unique...

Follen ne ressentait pas la présence de Chantelune, à vraie dire il n'arrivait pas à utiliser son flaire convenablement, leur guide empestait la mort. La panthère déclara alors, sur un ton qui se voulait amicale:

-Maintenant que le contrat est terminé je pense que nous pouvons nous séparer? N'est ce pas.

Follen entendit alors le chant de Chantelune d'une façon bien trop brutale pour qu'il soit qualifier de mélodieux, non c'était un excès de tristesse, de haine, de désespoir. Qu'est ce qu'elle pouvait lui taper sur le système. Follen s'absenta sur la route de colonnes un instant , puis alors qu'il voulut voir la réaction de la créature cette dernière avait disparue. Mais ou? Follen lança un regard remplis de question à son équipier avant de lâcher en s'engageant sur la route de glace:

-Je l'entend de plus en plus fort en ce qui me concerne, il va falloir se dépêcher.

D’un pas, je dépassai la battant qui érigeait une mince frontière entre les tunnels mornes et les appartements hantés. Selon la légende, l’âme errante d'une ancienne ladrini se terrait, encore à ce jour, dans cet endroit pourtant bien reculé du peu commun peuple de la cité de Hellas. Un semblable emplacement advenait de la plus simple logique lorsque l’on considérait que le temple de Kesha se trouvait au milieu même de la ville. Quiconque s’y installant risquait de faire face à la curiosité malveillante des prêtresses de Cimmeria. Bien qu’elles semblaient assurer la sécurité à travers la société glaciale, je croyais pertinemment qu'elles complotaient régulièrement afin d’abattre les influences trop importantes d'Istheria. Un repère pour notre ordre trouverait assurément sa place dans les grottes de Fellel. L’absence de population à proximité compromettait, en revanche, la situation. La richesse découlait elle-même des habitants que les ladrinis pillaient de bonne grâce et les plus fidèles clients se trouvaient généralement à même la ville frontière.

J’enjambai le second carde de glace construit là par pure précaution, m’abaissant également afin d’éviter qu’une douloureuse commotion cérébrale me martèle le crâne. L’obscurité s’amplifia de manière à réduire la maigre visibilité que laissait les accablants tunnels. Je respirai sereinement, en proie à mes idées terrifiantes. À l’antre du palais, le doute subsistait trop fortement pour que je poursuive cette quête les bras croisés. Au lieu d’une tiède bouffée d’oxygène, ma gorge cracha un souffle ardent. Ma main s’embrasa prodigieusement, manipulant quelques lampées de flammes en une fleur de lumière. Par le fin éclat couleur maltaise qui ornait désormais la pièce, je perçus trois ombres mouvantes se dessiner au plafond ; d’abord celles de deux hommes avec une légère différence de grandeur, ensuite une plus délicate qui ne cessait de voltiger d’un bout à l’autre.

Celle qui eut plus tôt hypnotisé le pauvre larbin et avait jadis contribué à nos rangs se trouvait là. Sa douce mélopée s’épanouissait à l’intérieur de chaque parcelle de glace. Autant m’inspirait-elle au point d’en décortiquer chaque note, sa sonorité exhalait une pluie d’ardents euphémismes. Des vibrations cauchemardesques se bousculaient dans l’atmosphère. Brusquement, l’enchanteresse se prêta au silence de ses appartements, à l’affût des visiteurs inopportuns. La voix aiguë cessa de captiver les habitants des grottes de Fellel. Je fus alors confronté à la proie du vent s'immisçant discrètement au pied du passage. Les pas de mon collègue succédant devenaient presque cacophonique avec cette absence importante de bruit. La neige se comprimant sous nos pas provoquait un froissement léger. Ce chuintement pourtant si banal signalait visiblement le signe de notre intrusion dans la demeure appropriée par Chantelune.

Baignées de complicité, mes prunelles se dirigèrent vers mon confrère avec un air entendu. Aussi impénétrable que le roc, je patientai à la venue de notre ennemi.

Spoiler:

Alors que l'obscurité s'imposait à eux, que les ténèbres accueillaient les deux intrus à bras ouvert, et que le silence tombait les grottes de Fellel montrèrent leur véritable visage. Un endroit obscure, sinistre, froid et calme. Les bruits de pas étaient des fausses notes dans se silence, Chantelune avait finalement arrêté de chanter. Les yeux de la panthère rencontrèrent ceux de son équipier, allaient-ils se fermer à jamais dans les quelques minutes à venir ? La panthère n'en savait rien, elle se retourna vers les portes du palais qui se fermèrent derrière eux sans faire un bruit, soulevant juste une fine couche de neige. Dont ils furent recouvert, Une porte taillé dans la glace trônait au dessus de quelques marches à peine visible, les ombres semblaient se mouvoir autour d'eux, pourtant Follen les bravi sans peur. Chacun de ses pas résonnèrent, semblant beaucoup plus lourd au fur et à mesure des marches, il pouvait voir une faible lumière éclairer l’intérieur, éclairant un étrange autel entourait par les ténèbres.

Une fin nuage de fumé sortit de la bouche de Follen, avant qu'il n'ose finalement franchir cette porte, il ne savait pas si son équipier l'avait suivit car il était déjà trop tard pour s'en soucier. Alors que le silence dominait depuis quelques minutes qui semblaient être des heures, un horrible cris inhumain brisa le calme, arrachant un mouvement de recul au Ladrinis. La source bruit venait de l'extérieur du palais, quelques mots suivirent le cris, ainsi que les bruits d'os briser:

-La mélodie! Que lui avez vous fait? Je ne l'entends plus...

L'aventurier mit quelques temps avant de comprendre que leur guide n'était sûrement plus des leurs, un sourire nerveux se dessina sur ses lèvres, les portes se fermèrent ne laissant que les ténèbres autours d'eux. Mais comme si tout allait se terminer ici, que tout devait être révéler, que tout devait être ainsi une douce et séduisante forme blanche se forma au dessus de l'hôtel, absorbant la lumière qui disparut. La seule source de lumière était maintenant une plaisante femme à l'air triste, aux cheveux longs, tenant un ocarina dans les mains. le caressant doucement tout en regardant Follen. Se dernier ne savait que dire ou faire, il chercha Glanael du regard mais impossible de le trouver dans toute cette obscurité, il se sentait seul. Comme d'habitude, seul face à l’incompréhensible. allait-il devoir se battre pour obtenir l'ocarina? Ou allait-il le recevoir en tant que cadeau ?

Un bruit animal le sortit de sa torpeur, ainsi qu'un son lourd et sourd couplé au choc que la porte subissait. Une illusion? Ou simplement un gardien qui se manifestait?

Hrp: Court ou non ton post m'a plût! Je te laisse décider le dénouement, sauf si tu es en grosse panne d'inspiration alors j’improviserais quelque chose =)

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