LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2

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• Eryllis: 3
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• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
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• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

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- Walter cherche de Preux chevaliers.
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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2

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MessageSujet: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeLun 7 Jan - 12:43



Délil, le dieu de la vie. Il est celui versqui l'on se tourne parfois lorsque l'on est désespéré, lorsque l'on s'accroche à son existence et que l'on tient à ce que son souffle continue à être envoyé sur vous. Depuis que l'épidémie a gagné de l'ampleur, le temple a vu son activité à la hausse, et de nombreux prêcheurs viennent pour prier. Seulement, pour s'y rendre, il faut traverser les contrées qui sont sous la surveillance des Eryllis. Si les religieux ont jusque là une bonne entente avec ces dernières, cette haute fréquentation pourrait peut-être changer la donne, surtout si les lieux venaient à être souillés. Après tout, beaucoup de désespérés se rendent dans ce lieu, et ceux qui n'espèrent plus rien peuvent être dangereux...

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Personnes présentent dans ce lieu :
Irina Dranis (altruiste)
Othello Lehoia (dévoué)
Calixte Telenna (altruiste)
Jonas Mistgun (neutre, contaminé)

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But :
Les malades affluent toujours autant, Irina et Othello, vous êtes débordées, d'autant plus que la tensions augmentent. Tous désirent être soignés, mais vous n'êtes pas assez nombreux. Parallèlement, vous cherchez encore une décoction qui pourrait soulager les personnes atteintes. En étroite relation avec Veto qui est partie en expédition, vous entretenez une relation épistolaire afin de connaître son avancée dans la recherche de la plante miracle.
Ayant entendu parlé de l'afflux au temple, le Dr Telenna a décidé de vous prêter main forte et va se joindre à vous pour vous soulager un peu dans votre travail.
Jonas, tu ne sais plus trop où tu en es vis à vis de ta maladie, venir à ce temple représente l'ultime espoir qui est le tiens avant d'accepter totalement ton sort...

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Règles :
_ Vous devez poster au moins 3 messages.
_ Il n'y a pas d'ordre de postage afin de ne bloquer personne.
_ Vous avez trois semaines pour poster vos 3 messages, soit jusqu'au 28 Janvier.

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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeSam 12 Jan - 1:15

Les heures passaient et Irina n'avait pas le temps de respirer. La brève accalmie qui était survenue lorsque Mains-Lestes l'avait interpellée semblait bien loin. Les gens étaient désormais plongés dans un silence pesant, clairsemé de silences ça et là, mais surtout ce campement sentait l'affliction collective et les médicaments. Si pour beaucoup cette odeur était associée à quelque chose de macabre et de funeste, la rouquine en avait trop l'habitude pour s'en formaliser. Habituée à traiter toutes sortes de maux, elle ne semblait pas perturbée par l'état actuel des choses.
La réalité elle, était toute autre. Aussi scientifique qu'elle se veuille, elle ne pouvait ignorer la souffrance manifeste des gens qu'elle considérait comme son peuple. En fait même si les prêtresses n'étaient nullement des dirigeantes, il était normal qu'elle se sente responsable de leur sort. Après tout ce pèlerinage faisait aussi partie d'une démarche de foi, aussi désespéré que cela puisse paraître. Cependant rester en retrait n'était pas dans ses habitudes, quand bien même il était rassurant de savoir que des gens comme Veto avaient été chargés de trouver une plante rare dans le territoire Carnéa.

Déambulant parmi les tentes, la jeune femme semblait calme mais sa capuche n'était pas suffisante pour dissimuler son expression inquiète. L'idée que la survie de tous ces gens soit suspendue à la réussite -ou l'échec- de quelqu'un d'autre lui déplaisait, pour user d'un euphémisme. Elle aurait encore préféré être au cœur de l'action, de manière à se sentir incluse à cette quête. Cependant dire qu'elle était inutile serait une erreur. Les gens avaient besoin d'une figure de proue, d'un capitaine pour se bateau en train de faire naufrage. En tout cas si il n'était pas possible pour elle d'être certaine qu'ils en réchapperaient, une chose était sûre : Elle mènerait tout ce monde à bon port, ou bien elle servirait de nourriture aux poissons. En pensant aux poissons, un sourire sarcastique se dessina sur son visage. Où pouvait bien être Othello ?
Se dirigeant vers l'intérieur du temple, là où étaient les malades le plus sévèrement atteints, Irina vérifia que leur état était relativement stabilisé avant de s'attarder sur un homme qui semblait être rongé particulièrement vite. Il était blond avec une barbe grandissante et les traits creusés par la maladie. De ses mains gantées elle vérifia son pouls et sa température corporelle, avant de tenter d'en savoir plus à son sujet. Il lui avait toujours paru plus correct de savoir qui on risquait de voir partir. D'autant plus qu'il était seul et aucune famille ne lui avait demandé de ses nouvelles. Un homme seul et apparemment singulier. S'asseyant sur une couche inoccupée, la serpentine fouilla dans sa besace et commença à regrouper divers ingrédients qui serviraient à la préparation d'une potion. Écrasant des arilles de grenade dans son mortier pour en extraire le jus tandis qu'elle parlait, elle semblait détendue malgré tout.


« Comment vous sentez vous ? Puis-je connaître votre nom ? » Elle ajouta de petites feuilles de thé et d'amla afin d'épaissir légèrement sa préparation. « Montrez moi la partie atteinte s'il vous plaît. » Il n'y avait qu'eux désormais, aucun civil non contaminé n'osant mettre les pieds en cet endroit hormis bien sûr les médecins. D'un autre côté vu l'urgence de soins, il n'y avait pas trop lieu de faire preuve de timidité.

Irina regrettait de ne pas avoir plus d'aide de la part de religieux ou de n'importe quelle autre personne capable. Mais pouvait-elle les blâmer de vouloir sauver leur peau ? Baissant les yeux d'un air pensif, elle continua de travailler sur la préparation destinée à renforcer l'organisme de Jonas.
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Othello Lehoia
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeSam 12 Jan - 2:30

De sa maigre et courte existence, il n’avait jamais été offert à la sirène de contempler un spectacle aussi désolant, aussi terrifiant que celui-ci. Les malades s’amoncelaient partout, ne pouvant plus être contenus à l’intérieur, s’étalant sur les marches dans l’attente de la mort et de la pétrification. Et quand bien même la rumeur se répandait que le temple était plein, d’autres continuaient d’arriver, créant un flot continue et néfaste de corps en attente. Othello priait sans cesse, implorant en permanence la Toute-Puissante qu’elle les arrête, qu’elle leur accorde dans sa miséricorde la guérison. Mais jusqu’à ce jour, aucun de ses nombreux appels n’avaient été entendus… Il ne se passait pas une minute sans que l’on entende le grognement douloureux d’un vieillard devenant pierre, la toux déchirante d’un enfant surpris par la maladie dans sa plus belle insouciance. Les pleurs d’une femme perdant son aimé, d’un père perdant son fils, d’un frère et d’une sœur partant ensembles… Cette scène chaotique n’avait plus de sens, si elle n’en eut jamais eu. Le temple de Delil n’était désormais plus qu’un immense tombeau, une crypte à ciel ouvert où l’on venait s’échouer comme les bateaux perdus en mer.

Une ombre blanche et recouverte de voiles blancs s’engouffra rapidement dans le temple, attrapant sur son passage les mains tendues de ses doigts gantés. Depuis son arrivée au temple, Othello n’avait eut de cesse de s’occuper des malades et de suivre conseils et ordres de sa sœur, la flamboyante Irina, toujours présente entre ces murs de pierre. La tension avec les Eryllis semblait s’être apaisée. Peu de ces guerrières étaient visibles, désormais, et il n’y avait eu à ce jour aucun souci de voisinage. Même si ils étaient souffrant, les malades comprenaient qu’en ces lieux ils n’étaient pas maîtres, et avaient rapidement su se remettre à la maigre autorité qu’ils représentaient en ces lieux. La sirène glissa un rapide regard vers l’extérieur : la masse pathogène des contaminés était peu mobile. Les gens ne bougeaient que très peu, les malades n’ayant pas la force de bouger, et leurs familles non porteuses de la maladie restant à leur côté. Ce peu de mouvement était favorable, et ralentissait la contagion en ces lieux, laissant le nombre de personne non-atteintes relativement stable. Finalement, elle avait une raison de remercier le ciel. Elle n’était toujours pas contaminée…

Mais son pas s’accéléra bien vite. De nombreux patients attendaient encore des calmants, espérant apaiser leurs maux, d’autres, trop infectés, commençaient à être recouverts d’étranges rashs. Ses compétences médicales s’étaient diversifiées depuis son arrivée en ces lieux, mais elles étaient encore loin de pouvoir faire face à ce genre de situation. Si elle pouvait soutenir les croyants en leur promettant le paradis, elle ne pouvait pas apaiser la douleur terrible qu’ils devaient ressentir… Sa magie ne le permettait pas. Sa présence à l’intérieur du temple se faisait d’ailleurs de plus en plus fréquente, et la sirène tentait de maintenir un bon rythme entre les malades mourants recherchant les dernières absolutions et les atteints plus précoces pour qui elle pouvait avoir une aide médicale efficace. Mais l’état de nombre d’entre eux se dégradait rapidement, et elle devait chercher un médecin bien plus compétent qu’elle. La flamboyante fut la première personne à qui elle pensa. Et marchant au hasard des couloirs, elle finit par la trouver. Celle-ci était déjà au chevet d’un homme, semblant seul et souffrant. La yorka s’arrêta, les observant, et conclut rapidement qu’il serait préférable de ne pas les déranger…

Contrainte, elle rebroussa chemin à la recherche d’un autre de ses pairs qui pourrait lui porter assistance. Le courant d’air frais qui balayait le sol luisant du temple lui fit du bien et la poussa à activer ses recherches. La chaleur et l’humidité étouffante de la forêt avait sur elle un effet désagréable, affaiblissant cruellement le peu de magie qu’elle utilisait, l’empêchant de créer autour d’elle une couverture de froid suffisante pour la soulager. Ainsi, dès qu’elle pouvait trouver un peu de fraîcheur, elle en profitait tant qu’elle pouvait. Un malade grogna à côté d’elle, et elle s’agenouilla vers lui, espérant pouvoir l’aider. Il l’implora pour de l’eau. Détachant sa gourde de sa ceinture, elle glissa dans sa gorge quelque gorgée, l’observant avec peine souffrir à chaque mouvement, avaler du mieux qu’il pouvait, laissant glisser des gouttes le long de sa peau asséchée…

Son regard se battant dans ses mèches blanches, elle lutta contre le sentiment d’impuissance qui commençait à faire son nid dans le creux de son cœur. Les quelques médecins parmi ses sœurs qui s’étaient jointes à elles devaient être déjà bien assez occupées… Et elle avait besoin d’un médecin, vite. Au moins quelqu’un de plus compétent qu’elle… La sirène baissa les yeux, décrivant le symbole de Kesha du bout des doigts sur le front du malade. Ils avaient besoin de renfort…

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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeLun 14 Jan - 17:35

Y avait-il seulement encore quelque chose à espérer à ce moment-là ? Comme plusieurs, j’avais été mis à la porte de la cité des cavaliers. De ce que j’avais compris, Thémisto ne pouvait plus se permettre d’accueillir les réfugier de tout horizon… À moins que ce ne soit un « on-dit » que j’aurais assimilé sans m’en rendre compte durant mon voyage.

J’avais atterri dans un convoi d’une manière qui m’était sortie de la tête. On m’avait parlé d’un endroit du dernier espoir, d’un endroit où les prières seraient peut-être entendues, du dernier endroit où il pouvait se passer quelque chose s’il devait se passer, si les dieux le voulaient.

Mais qu’est-ce que j’en avais à foutre de ça ? J’allais crever, étouffé dans la pierre ! Qu’est-ce qu’on venait encore me parler de gélovigie ! Foutre dieux !

Les crises de douleurs étaient désormais accompagnées presque à chaque fois de syncopes ou plus fréquemment encore de vertiges et d’une vision troublée. La maladie avait encore gagné du terrain en trois mois, même si cela n’avait rien de comparable au début de mon infection.

Terminant les contrats que j’avais eu en cours, j’avais « tiré sur la corde plus que de raison » auraient dit certains. Pour ma part, il eut été préférable qu’il me reste encore quelques têtes à faire tomber. J’eus préféré finir poussière dans le feu de l’action plutôt que bloc de pierre immobile. Je mourais à petit feu sans que rien ni personne ne puisse y faire quoi que ce soit.

Trainé au fond d’une calèche, je n’avais même pas cherché à savoir où ceux qui m’avaient pris en pitié m’emmenaient. Il fallait croire qu’il n’avait pas été dans le comptoir médicinal à mon arrivée car de ceux-là, peu auraient jugé bon de me prendre avec eux.
Quoi que…
Même mes derniers sursauts de rage meurtrière étaient bien loin désormais. À qui le légendaire assassin de la rose, le loup des Nérozias, le chasseur noir pouvait-il encore faire du mal dans cet état ?

Assis sur le bord d’une paillasse, j’avais une jambe raide tendue devant moi. Ils m’avaient mis un manteau de pluie durant le voyage et n’avaient plus osé me l’enlever, de peur d’effrayer les autres que j’aurais pu croiser. Mais moi je savais ce qu’il y avait dessous !

Je fixais le lit d’à côté. Je savais qu’une vieille femme m’avait accompagné depuis Thémisto. C’est elle, il me semble, qui m’avait pris en pitié et m’avait fait intégrer le convoi jusqu’ici. Mais entre les crises de douleurs et les instants mal conscients, je n’avais d’elle, plus qu’une image floue et des souvenirs vagues. Ça et la désagréable vision de ce lit vide à côté de moi. Avais-je alors de la peine ? À moins que ce ne soit de la pitié… Et pas même un visage ou une voix claire et nette à raccrocher à cet étrange sentiment qui m’envahissait.

La maladie semblait s’amuser avec moi, me dévorant de biais, pourléchant mon corps comme un gamin lèche une glace. La pierre partait de mon pied et remontait mon corps en spiral, avalant ma hanche, me barrant le ventre et le haut du dos, figeant mon bras replié contre moi ; ses mâchoires hésitant inlassablement à se refermer complètement sur mon visage.

De sous cette capuche ne dépassait plus qu’une unique mèche de cheveux, la dernière de mon crâne qui ne soit pas figé. Tout le reste de mon cuir-chevelu s’était changé en pierre, les épis de ma tignasse se brisant les uns après les autres. Ma peau ne traçait plus qu’une fine rayure crasseuse entre deux berges rocailleuses. Ce mince filet de vie descendait jusqu’à mon œil droit, une moitié de pommette et le coin de ma bouche. De ma barbe, il ne restait que des vaguelettes figées et quelques poils au coin de mon menton…

Une femme s’approcha de moi. Ce devait être une prêtresse. Je reconnus la robe des dévotes de Kesha en Cimmeria. Ça me parut étrange parce que du voyage dont je me souvenais, il me restait des images de flore luxuriante et non des plaines désertiques glacées du pays nordique.

Elle prit mon pouls avec les précautions d’usage désormais. Je lui avais tendu docilement la main qui était encore vivante. Je ne répondis rien à la question sur mon bien-être et me présentai comme
« Jonas ». Pas la peine de me masquer cette fois-ci. Et puis ce n’était qu’un prénom.
Mais j’eus un moment d’hésitation lorsqu’une fois assise devant moi, elle me posa une question que l’on aurait pu juger d’un goût douteux. Je mis cette remarque sur le compte de mon vêtement et du manque de luminosité du temple dans lequel je semblais être.

Je pris une grande inspiration du coin des lèvres (incapable de la prendre ailleurs), et me relevais maladroitement. De la main gauche, je dénoué rapidement le lacet qui retenait le manteau sur mes épaules et le laissait tomber à terre, révélant tout d’un coup un corps nu de la tête à la ceinture. Écartant un bras, je fis ironiquement un tour sur moi-même et me laissais retomber sur le lit, allongé cette fois-ci. Incapable de remuer la tête, la roche enserrant ma gorge et ma nuque j’ajoutais sans la regarde,
« Jamg gauch. » , incapable d’articuler. Pour être sûr qu’elle comprenne, je faisais taper mon pied valide contre l’autre figé.

Mon souffle était calme mais peinait à passer à travers la petite ouverture que le coin de mes lèvres laissait. Étais-je de mauvaise humeur ? Non. Je n’avais rien contre cette prêtresse. Mais elle n’avait rien pour moi, je m’en doutais. À part peut-être des calmants et l’absolution de dieux auxquels je ne croyais pas…

Soudain, une crise me prit et je ne pus rien pour l’en empêcher. Mon œil se ferma et se plissa, faute de pouvoir froncer le sourcil ; le peu de lèvre qui me restait se pinça et puis elles laissèrent passer l’air comme elles purent, crachant et sifflant.
Mes mâchoires enfermées dans leur boite de pierre se resserrèrent et ma main se referma de toutes ses forces sur le bord de la paillasse. Ma jambe se secoua de soubresauts et puis, en manque d’air, mes lèvres déchirèrent leurs attaches avec la pierre et fendirent leur commissure. Le goût de mon sang entra dans ma bouche et bientôt je ne pus plus rien supporter : mon esprit abandonnant tout résistance, je m’évanouis.
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeJeu 17 Jan - 6:13

Si Irina avait questionné son patient au sujet de son nom et de son état, ce n'était pas par plaisir sadique de contempler sa souffrance. Elle n'était pas allée jusqu'à quitter sa cité natale pour simplement narguer les gens et se complaire dans une satisfaction morbide. Simplement la plupart des gens qui étaient gravement atteints par la Sarnahroa étaient seuls, et seule la déesse savait combien le facteur psychologique était important pour résister à la maladie. Tous les moyens étaient bons pour préserver des vies, et si malmener un homme de mauvaise humeur pouvait avoir un effet positif, alors elle recommencerait jusqu'à extinction de voix. Seulement voilà, ce trentenaire creusé et mal rasé était dans un état déplorable, un stade qu'on pourrait qualifier de terminal... Son corps était mal en point, et malheureusement elle ne disposait d'aucun remède efficace sous la main. La plante qu'avait découverte Veto était rare, et elle n'en avait pas une seule feuille disponible. Son expression ne trahissait pas pour autant son désarroi, pas plus qu'elle ne montrait la fatigue qui pourtant tiraillait ses muscles.

Avec un tour de main acquis par l'habitude, elle touillait sa préparation à laquelle elle avait ajouté quelques gouttes du contenu d'une fiole au liquide transparent. Mettant le temps à profit tandis que le blond, visiblement ironique, ôtait sa chemise, Irina déglutit discrètement. Cela faisait peine à voir. Son corps auparavant sûrement musclé était décharné et amaigri, en grande partie recouvert par cette substance ressemblant à de la pierre. La prêtresse baissa les yeux, déposa son mortier sur la paillasse qu'elle avait réquisitionnée, et l'aida à se recoucher. À force de faire le malin il allait gaspiller des forces qui lui seraient précieuses pour des choses plus utiles... comme lutter pour sa vie. Mais le voulait-il seulement ? Il paraissait déjà résigné, comme si il connaissait son sort. Pour cela elle ne pouvait le blâmer... Ses chances de survie étaient minces. Toutefois en tant que médecin rien n'était plus insupportable que de regarder mourir les gens sans rien pouvoir faire pour leur venir en aide.

Avec sérieux la rouquine avait parcouru le visage masculin de ses mains, comme pour tâter jusqu'où la pierre s'étendait. Le contact était étrange à travers ses gants et la sensation ne lui convenait pas, alors contre toute attente, elle les retira. Elle en avait assez de se protéger d'une chose qui tôt ou tard la rongerait aussi. Poursuivant donc son auscultation les mains nues, elle observa la façon qu'avait le marbre sombre de s'étendre en épousant la forme du corps, sans pour autant s'en détacher. C'était comme une nécrose mais avec des effets sensiblement différents. Le fait que les membres atteints ne s'effritent pas et ne tombent pas l'intriguait de plus en plus. Comment était-ce possible ?
Soupirant à en fendre l'âme, Irina s'apprêtait à donner à Jonas la mixture qu'elle venait de préparer lorsque soudainement il se mit à trembler, puis convulser. La possibilité que la maladie vienne d'atteindre les poumons l'effleura immédiatement, et intérieurement elle pria Kesha pour que ce soit autre chose. Car si tel était le cas il serait perdu et il n'y aurait rien qu'elle puisse faire. Le soutenant afin que ses tentatives de respirer ne le fassent pas tomber, Elle le soutint par les épaules pour tenter de le plaquer sur le dos, la position qui maintiendrait ses poumons le plus ouverts possibles.


« Jonas... Jonas restez avec moi ! Merde... » Le forçant à se recoucher elle le vit perdre connaissance alors que sa bouche saignait abondamment. Le recouchant doucement elle se rendit compte qu'elle ne pourrait pas lui ouvrir la gorge pour l'aider à respirer, étant donnée que celle-ci était solidifiée. Jurant comme un charretier au sujet des bourses de Sharna entre autres joyeusetés, elle déversa sa mixture dans sa bouche sans réfléchir à deux fois. Si le corps de Jonas était pétrifié de l'extérieur, il ne l'était peut être pas encore à l'intérieur. Si elle avait raison, il regagnerait quelques forces en avalant enfin quelque chose. Si elle se trompait, il aurait au moins une mort plus rapide.

« Othellooooo !!! Othello trouve ce Docteur Telenna, et vite ! Au retour amène moi des serviettes et une bassine d'eau ! »

Appelant la seule personne en qui elle ait réellement confiance pour la seconder, elle cria plusieurs fois son nom, qui résonna entre les murs de pierre. Peu lui importait que cela réveille d'autres malades... Il y avait urgence. Ignorant la sensation poisseuse provoquée par le sang contre son cou et son épaule, la serpentine posa une feuille rougeâtre sur la peau encore intacte du nérozia. C'était une forme de poison secrétée naturellement par la plante et qui servait notamment comme un antalgique puissant. En quelques secondes il devrait être assommé par la substance, ce qui elle l'espérait le soulagerait. Dans le doute, elle posa ses mains sur lui, une sur son cœur et l'autre sur sa joue. Le catalyseur sur le bracelet à son biceps se mit alors à briller vivement, tandis qu'elle transformait l'essence divine en énergie vitale qui était insufflée en lui. Avec un peu de chance elle pourrait retarder la progression de cette crise, au moins pour le moment... Mais si il ne se réveillait pas très vite, il n'y aurait plus rien qu'elle puisse faire.

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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeLun 21 Jan - 12:56

Un cri retentit dans les couloirs, aussi paniqué et furieux qu’un rugissement animal affrontant la mort, piégé par les éléments. Cet appel lui était destiné, l’appelant au hasard des couloirs sans même savoir si elle était proche ou non. Il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour savoir que cette voix appartenait à la flamboyante Irina. Le reste de cet infime temps la vit disparaitre, déjà en course dans les couloirs lui apparaissant tout à coup bien plus sombre. Qu’est-ce qui pouvait pousser la prêtresse de premier ordre à réagir d’une façon aussi vive ? Elle la côtoyait depuis peu, mais elle ne l’avait jamais entendu parler avec une telle urgence – bien que son caractère flamboyant s’y prêter. Sa pensée partie quelques minutes en arrière, devant cet homme assis à même le mur aux côtés d’Irina qui tentait de le soigner. Ce devait être cela… Si elle réagissait avec tant de vigueur, c’est qu’elle était en train de le perdre. Son pas léger s’accéléra, produisant un écho absent dans l’espace obscur qui l’entourait. Cette fois-ci, une vie était en jeux… Comme les milliers qui tapissaient ce temple, et qui attendaient eux-aussi leur instant de trépas, et les sauveurs qui pourront les écarter des griffes de Kron.

L’ombre blanche filait maintenant du plus rapidement qu’elle put, un seul objectif dans son esprit de neige : retrouver le docteur Telenna et sauver cet homme à terre. Le docteur Telenna… C’était une femme médecin, arrivée sous peu dans le temple pour leur porter assistance. Depuis ce peu de temps, Othello n’avait encore jamais eu l’occasion de la rencontrer, bien que ses capacités et sa maîtrise lui aient déjà taillé une excellente réputation sur le temple et auprès des malades. Seuls ces quelques rumeurs avaient touché les oreilles poisseuses de la yorka, qui errait à présent dans le grand hall parait de colonnes du temple à la recherche d’une lueur rouge étincelante sous le soleil tamisée de la forêt. Apparemment, la médecin aurait cette particularité étonnante d’avoir une crinière digne de la couleur du sang, un pourpre vif et vibrant digne des plus sauvages orchidées. Et, de la même façon, son physique n’aurait à priori rien à refaire, si ce n’est son parti pris d’adopter un style vestimentaire masculin. Forte de toutes ces informations, la sirène pouvait à présent sortir de son terrier froid et humide pour rejoindre le monde ouvert, l’odeur forte de sueur et d’arbres puissants lui saisissant immédiatement les narrines.

Une fois dehors, avant même de pouvoir distinguer la foule immobile, la lumière violente, bien plus calme et faible à l’intérieur, lui brûla habilement les yeux, l’empêchant de distinguer la moindre couleur ou la moindre forme pendant quelques secondes, le temps que les pupilles s’acclimatent de ce violent changement d’atmosphère. C’est ainsi qu’apparut bientôt des dizaines, des centaines de corps grognant et gémissant sur le parvis du bâtiment sacré, prenant alors des airs de fausse macabre. A présent, après les quelques temps qu’ils avaient passés en ces lieux, les pauvres malades osaient à peine se déplacer, tous paraissant comme paralysés sous le poids du maux indescriptible qu’ils transportaient, certains n’étant même plus en état de parler. Ses yeux redevenus capables se déplacèrent lentement vers le côté de l’immense entrée, découvrant le petit chemin boueux qui menait à l’arrière du temple. Un frisson douloureux lui parcourut alors tout le dos, s’immisçant du bas de son échine jusqu’à la dernière vertèbre de son cou dans une terrible vibration à l’idée de la sordide machination qui avait lieux sur ce petit pan de terre. Ce filet battu menait à l’arrière du temple – nouvellement transformé en fausse commune, ou chaque soir, profitant de l’obscurité, l’on amenait les morts – ou tout comme – pour leur dernier repos.

Secouant vivement son visage de porcelaine, la sirène braqua de nouveau son regard sur la masse immobile de squelette brisé qui s’offrait à elle, espérant pouvoir distinguer dans tous ces entremêlements le tant espérer joyaux qui pourrait porter assistance la une autre flamboyante, son nouveau mentor et le souffrant en grand danger. Descendant les grands escaliers, ses yeux commencèrent son balayage d’ébène sur la foule, cherchant ce rubis activement, ne se concentrant que sur les éclats vermillon qu’ils pourraient rencontrer. Après s’être posés sur des étoles et des tissus, des objets, toute sorte de chose, ils finirent par apercevoir au loin une lueur mouvante aussi éclatante que la pierre de sang. « Ce doit être elle… » Pensa Othello, accélérant son pas pour rejoindre la médecin, à l’ouvrage sûrement, ignorant avec peine les mains tendus et les appels lancés qui accompagnaient son chemin. Les yeux se braquaient sur elle, maculant ses pas, certains venaient même à sa rencontre, la forçant à les éconduire, un à un, ralentissant son allure sans mauvaise pensée, mais également sans savoir que dans la bâtisse de pierre un mourant attendait. Bientôt, la méticuleuse femme était à vue, à quelques mètres à peine, bientôt devant elle. Elle avait grandement accélérait ses derniers pas, provoquant un souffle rapide et incertain.

Une fois que le visage laiteux et fin une devant elle, la sirène ne réfléchit pas avant de parler, sa voix bien plus troublée et claire que d’habitude :


« - Madame, pardonnez-moi de vous déranger ainsi dans l’ouvrage. Une urgence s’est présentée au temple et requiert vos soins. »

Elle n’ajouta rien, ne sachant que dire de plus. L’urgence était présente dans ses yeux légèrement clos, implorant la soignante de la suivre pour aider le mourant, espérant qu’elle accepte de l’accompagner. Une fois sa réponse obtenue, si celle-ci s’avérait positive, elle pourrait la guider vers le havre de pierre, s’acquittant par la suite de trouver l’eau et le linge qui pourrait servir à apaiser les peines de l’homme brisé. La sirène fit tout pour soutenir son regard, persuadée que la médecin ne refuserait pas. Une femme de soin se doit d’être présente pour les souffrants… Et le docteur Telenna semblait être une médecin de la meilleure stature.
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeMar 22 Jan - 14:35

Même plongé dans les ténèbres, la douleur persistait. Elle se manifestait par des éclairs de couleur sombres et ternes parmi les ombres de mon esprit tourmenté.
Incapable de trouver la paix dans le sommeil, mon corps me laissa émerger à nouveau.

Alors, mes sens revinrent et je ressentis mon corps entier comme piqué d’un millier d’aiguilles. Les chaires à vif au contact de la pierre ne cessait de me brûler, des courbatures, voir même des crampes, prenaient régulièrement mes muscles et une sensation de lourdeur envahissait aussi bien les parties encore saines que les parties déjà pétrifiées.
Mon nez ne sentait plus rien depuis longtemps et j’entendais de moins en moins d’une oreille, l’autre devenue sourde il y avait six mois.
Ne restait que le goût et la vue qui soit en partie sauf. Le premier était d’ailleurs envahit d’une acidité qui attaquait jusqu’au fond de ma gorge.

Dans une nouvelle déglutition, j’avalais les restes de la mixture qui révéla un goût ignoble.


* Dégueulasse… *

Mon œil à demi ouvert chercha une présence à proximité et finit par trouver quelque chose qui y ressemblait. J’y voyais si mal. Ma vue était troublé par la fatigue et j’avais l’impression que du sang était tombé dans mon œil.

Dans un mouvement réflexe, je voulus lever mon bras valide mais me résignai bien vite, pris d’une violente contracture. Alors la jeune femme sembla réaliser que j’étais réveillé.
Finalement, je laissais retomber mon membre endoloris.


« À Boire… »

Raide et à bout de force, je sentais mon gosier se dessécher, à tel point que je crus que la pierre s’y infiltrait. Pourtant, ce n’était qu’une impression. Apparemment, cette lèpre n’attaquerait pas mon intérieur tant qu’une parcelle de ma peau soit visible.
Ma bouche était toujours aussi figée et je sentais un fort picotement dans la partie vivante de cette fente. Respirer par elle était définitivement un calvaire. Ma respiration par elle était sifflante et douloureux. Mes mâchoires ne pouvaient déjà plus se desserrer.


« Cassez… Ma bouche… »

Mes narines s’étaient colmatés depuis des mois et si on ne faisait rien, je finirais par ne plus pouvoir respirer du tout. Les forces me manquaient désormais. Bien que ça m’en coute de le reconnaîte, j’avais besoin d’aide.
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeJeu 24 Jan - 16:37

Une fois qu'Irina avait pu donner une série d'instructions à Othello, son esprit put au moins se concentrer sur les soins prodigués à Jonas. Rapidement elle fut obligée de lui tripler la dose de plantes analgésiques étant donnés les tremblements de douleur qui secouaient encore le corps crasseux du Nérozia. Cette Telenna ne venait toujours pas et sa frustration allait montante. Si elle avait eu la tête froide elle aurait probablement pensé que cette dernière était occupée avec d'autres patients. Seulement l'urgence n'arrangeait pas sa patience limitée, ce qui effraya les malades alentours. Ceux qui étaient en état de se déplacer furent pris d'une soudaine envie d'aller faire un tour dans les autres ailes du temple, ce qui arrangeait la prêtresse. Disposant un paravent en bois entre eux et le reste des curieux, elle revint rapidement au chevet du jeune homme.

Tout comme lui elle avait mauvaise mine, et cette fois elle ne prenait plus la peine de cacher sa fatigue grandissante et son manque de forces. Sans parler de sa tunique imbibée de sang au niveau du col et de la poitrine, à cause du sang qu'avait craché Jonas. Si elle avait encore un doute, il s'était dissipé. La contamination était désormais une simple question de temps. Essuyant quelques gouttes de sueur perlant à son front avec sa manche, la demoiselle soupira de soulagement lorsque tout doucement son patient reprit conscience. La nuit allait être longue... Et la situation déjà désespérée, ne ferait qu'empirer.
Se penchant sur lui, elle parvint à distinguer ce qu'il demandait dans un râle rauque. Prenant sa main valide, Irina cherchait à le rassurer par sa présence, même si elle doutait que cela ait un quelconque effet. Le tout était qu'il se tienne tranquille pour ne pas aggraver son cas, d'autant plus qu'elle était en train de lui insuffler de l'énergie à ses propres dépens. Et si il n'y avait pas d'espoir que son état s'améliore par ce simple fait, au moins il était possible qu'il soit stabilisé. Avec calme, la prêtresse versa de l'eau fraîche dans sa gorge en ouvrant grand sa bouche partiellement paralysée par la pierre.

Ensuite elle se rassit sur son tabouret chancelant avec un air triste, soulagée qu'il ne puisse pas le voir. Il faisait pitié à voir... et bien qu'elle ait vu de nombreuses choses dans sa vie, ce cas la touchait de près, non qu'elle soit liée personnellement à cet homme, mais tout simplement parce qu'il représentait ce qui attendait toutes les personnes dans ce temple, et même au delà. Entendant sa supplique, elle baissa les yeux et serra les dents. Casser sa bouche ? Voulait-il quitter ce monde de la façon la plus rapide ? La rouquine fronça les sourcils, dubitative.


« Je ne peux pas faire ça... »

Faisant non de la tête, elle semblait démunie, mais finalement elle réfléchit à ce qu'il avait dit. Il ne voulait pas qu'elle l'aide à se suicider. Non... Au contraire, il voulait s'accrocher à la vie, il voulait vivre, même si cela signifiait abandonner ce qu'il était actuellement. D'un autre côté cette idée à la base saugrenue ouvrait de nouvelles possibilités. Si il avait repris conscience après les convulsions, c'est que ses soins et sa potion avaient eu un certain effet, aussi relatif soit-il. Mais alors si son corps était recouvert de pierre sans être pétrifié à l'intérieur comme elle l'avait supposé, tout n'était pas perdu. Prenant la dague d'argent qu'elle avait planquée dans sa botte, Irina s'approcha de lui et choisit de s'assurer que c'était bien ce qu'il voulait, ou du moins qu'il savait ce qu'il encourait.

« Je vais essayer de briser la roche, d'accord ? Restez calme et tentez de ne pas bouger. Si ça marche vous devriez être capable de respirer à nouveau. Cela ne devrait pas faire trop mal, je vous ai traité pour chasser la douleur. Par contre il est possible que vous soyez dans un état de plénitude, ou pris d'hallucinations à cause de la drogue. Je n'ai jamais testé les effets d'une pareille dose sur personne... alors soyez prêt. »

La scène était improbable. Une prêtresse de haut rang se penchant au dessus d'un malade avec une lame, prête à l'entailler. Et dire qu'elle avait souvent accompli des autopsies illégales en secret, entre les quatre murs de son laboratoire... C'était presque ironique. L'erreur n'était pas une option et l'hésitation devait être bannie. Respirant profondément, Irina chassa les traces de peur qui pourraient l'assaillir, et posa une main sur la joue froide de Jonas. La pointe de sa dague contre la pierre, elle appuya pour tester la résistance de la matière sur sa joue. Devant s'y prendre avec force, elle craignit que la lame ne se brise. Seulement le craquement qui survint fut celui de la pierre qui s'effrite. Elle n'était pas cassée, mais elle était entamée, ce qui était encourageant.

« Je pense qu'on peut y arriver. En êtes vous vraiment sûr ? »

Elle lui reprit la main, le regardant dans les yeux tout en sachant qu'il ne la voyait peut être pas. Le peu de scrupules qu'elle avait devait s'être amoncelé pour aujourd'hui. Voyant qu'il ne lui répondait pas et surtout qu'il risquait fort de convulser à nouveau si il n'avait pas un moyen de respirer correctement, Irina prit une autre profonde inspiration et s'enveloppa de son sang-froid comme d'une couverture. Préparant des torchons et le nécessaire médical, elle improvisa une table d'opérations de fortune et se mit au travail. Il était déjà sous anesthésie, alors c'était maintenant ou jamais. Dégageant les cheveux blonds qui collaient à la figure sale de Jonas, elle commença à entamer la pierre qui enserrait sa mâchoire avec un scalpel. Le Nérozia aurait bientôt un éternel sourire figé sur le visage...
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Calixte Telenna
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeVen 1 Fév - 18:47

    Ces derniers temps, Calixte avait l'impression de passer le plus clair de son temps sur le dos de son compagnon Magnus plutôt qu'à effectuer convenablement son travail. Galoper, toujours galoper de part en part. En d'autres circonstances, cela aurait pu être agréable mais la situation était plutôt désespérée. Les malades se faisaient de plus en plus nombreux, ils n'existaient toujours aucun remède efficace... ou tout du moins, pas officiellement. Il y avait peu, des lettres pleines d'espoir circulaient parmi le corps médical, qu'il existerait peut-être une plante qui pourrait soulager un peu le mal, même si cela ne le soignait pas réellement. Mais c'était une piste, non?

    On racontait que cet espoir était né à Noathis, qu'il existait même un groupe d'individus courageux qui s'étaient lancés en quête de cette plante. Peut-être serait-il enfin possible d'y voir une fin. Mais en attendant, Calixte avait entreprit de venir en aide aux quelques prêtresses qui s'étaient rendus dans le temple de Délil. Il semblerait que beaucoup de croyants et de malades faisaient le choix d'aller là bas, en ultime recours. Et forcément, le monde s'entassait et il n'y avait pas assez de bras pour prendre soin de tout cela.

    La jeune femme avait réussi à déléguer son travail à quelques amis médecins, mais aussi des apothicaires, des herboristes ou des sages-femmes. Tous ceux qui avaient un temps soit peu de connaissances médicales étaient une main d’œuvre appréciable. Elle leur apprit les gestes à faire ou à ne pas faire. Bref, le nécessaire. De cette manière, cela lui permettait de s'échapper une nouvelle fois pour prêter main forte aux prêtresses. Chose dite, chose faite. Et ce fut dans une ruée qui n'échappa pas à l'attention des personnes présentes que le bon médecin arriva plus tard qu'il ne l'avait prévu - car rappelons-le encore, elle était un homme pour tout ceux qui la regardaient. D'une voix grave, elle s'excusa auprès de tous, tentant d'offrir un faible sourire aux pauvres regards vides qu'elle croisa.

    " Et bien... que de monde... la tâche sera aussi rude que celle de la capitale. "

    Calixte prononça ses mots pour elle-même, tentant de se motiver comme elle le pouvait. Se tournant alors vers la première personne qu'elle trouva sur son passage, le médecin se demandait par où commencer.

    " Bonjour. Je suis médecin à Hesperia. Y a-t-il quelqu'un qui gère ce campement? Je suis là pour offrir mes services et j'aimerais savoir qui sont les personnes à ausculter en priorité... bien que.. tout est prioritaire je pense... "

    Un petit soupir s'échappa de la bouche du médecin, marquant presque une sorte de défaitisme. Dans la douleur, tout le monde était au même niveau...
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeLun 11 Fév - 1:15

La douleur, rien que la douleur.

Même avec les yeux fermés, je n’arrivais pas à me concentrer sur autre chose. Une étrange sensation cotonneuse m’envahissait depuis un moment. Sans doute la potion qu’elle m’avait fait prendre. Elle rendait la souffrance supportable mais ne parvenait pas à la faire disparaître. Parfois, j’avais du mal à savoir exactement de quelle partie de mon corps elle me parvenait, mais elle était toujours là.

Soudain, un courant froid me parcourut la joue. Une fraction de seconde où j’eus l’impression qu’un mince filet d’eau ruisselait le long de mon visage. Mais très vite, toute la douleur vint se focaliser autour de ce point glacé et des paroles me résonnèrent d’un lointain réel, étouffées par l’épuisement et la drogue.
J’étais bien incapable de répondre. Avais-je compris seulement ce qu’elle disait ? Je n’en suis pas sûr. Bouger même une partie de mon corps me semblait impossible. J’avais l’impression qu’on m’avait enfermé à l’intérieur de mon corps.

Mais n’était-ce pas l’ultime étape ? Lorsque toute parcelle de ma peau aurait enfin grisé et pétrifié, lorsque mon corps ne sera plus qu’une coquille attendant la première brise pour disparaître, ne ressentirai-je pas cela alors ? Je serai plongé dans le noir, incapable de bouger, prisonnier en-dedans. Peut-être était-ce simplement le moment qui était enfin venu, après cette lente et trop longue agonie…

Mais était-ce un sentiment si étranger ?
Non.

Et je crois que c’est pour cela que je n’avais pas peur de la fin. Depuis le début de ma contamination, j’étais au courant de l’inéluctable qui m’attendait. Et je restais serein.

J’avais déjà vécu ça…
Il y a longtemps…


Écho… Je t’ai cherché si longtemps. Partout ! Tu n’étais plus là. J’étais seul. Encore une fois. Non ! J’ai toujours été seul. Je n’ai jamais su comprendre ce que je ressentais pour ma sirène. J’étais prisonnier de mes sentiments et de cette cage végétale, trop étroite pour moi.
Je l’ai abandonnée et je t’ai trouvée.
Écho… Mais je n’ai pas su profiter de cette liberté à tes côtés. J’avais brisé les branches qui me cachaient le ciel mais le remord d’avoir abandonné ma sœur me clouait au sol. Et même avec toi, je n’ai pas su profiter de la vie.
Je t’ai quittée et j’ai voulu la retrouver.
Mais j’ai échoué et lorsque j’ai voulu revenir vers toi, tu n’étais plus là. Bien fait pour moi. Oh que j’ai été stupide ! Stupide de ne pas profiter, stupide de ne pas accepter un monde qui n’était pas fait pour moi. Lorsque je te cherchais, j’avais déjà tout perdu, mais lorsque j’ai compris que je ne te retrouverai pas, je savais que je ne récupérerai rien.

Il y avait cette grotte dont tu m’avais parlé un jour. Ce n’était pas mon dernier espoir. Je savais que toi, tu n’aurais pas la bêtise de t’en approcher.
Ce que je voulais, c’était cesser de souffrir.
Et ça a marché. J’ai pleuré, je me suis endormi, je me suis abandonné à la pierre et la pierre m’a pris.
Pourquoi en suis-je sorti d’ailleurs ? J’aurais dû finir ma vie ainsi, en statue de pierre, seul avec mon désespoir et enfin disparaître d’un monde qui ne faisait que me faire souffrir et dans lequel je ne savais pas faire pour les autres mieux que lui pour moi.

Toute ma vie n’avait été que souffrance.
Pourquoi suis-je sorti de cette pierre ? Pourquoi est-ce que je vis encore ?
Il y avait… quelque chose à mon réveil…

Je ne m’en souviens plus mais c’est à cause de cette chose que j’ai continué à souffrir ; à vivre.

Qu’est-ce que c’était ?

Mais ça n’a plus d’importance désormais. La pierre m’a retrouvé et après une nouvelle vie à tuer et souffrir, rongé par les regrets, elle me veut toujours. Elle me dévore comme elle dévore mon cœur. Je ne sais pas aimer et ne sais que détruire.

J’ai un cœur de pierre depuis ma venue au monde.
Né roche, je finis roche.

Mais l’eau…
L’eau ! Elle coule à nouveau. Les filets se multiplient, ils érodent mon visage ! Je sens leurs sillages tracer un grand canyon à la surface de mon profile. Et puis soudain, la lumière m’éblouit. Je sens mon cœur taper sous ma poitrine et…
L’air…
L’air ! Elle emplit mes poumons. Mon œil grand ouvert, presque exorbité fixe le plafond alors que je sens mon torse se soulever vite et librement. Je respire !
Suis-je libre ? Non. Je sens mes mâchoires toujours figées, mes dents faisant rempart au travers de l’ouverture de ma bouche. Mais il y a une ouverture. Ma bouche est ouverte ! Que s’est-il passé ? La prêtresse m’aurait-elle écouté ?

Il m’était toujours impossible de tourner la tête et mon seul œil ne me montrait pas grand-chose sur ce qui m’entourait. Mais de ce que je voyais, j’étais seul. Et les bruits étouffés que mes oreilles pleines de poussière me laissaient entendre semblaient indistincts.

Que s’était-il passé durant mon sommeil ?
Ma main bougea et vint à ma bouche. Elle effleura, tâta, caressa, devina, perçut à peine sur la roche lisse de mon visage… Une fente avait été taillée entre mes lèvres qui n’étaient plus là. Le goût du sang se laissa enfin identifier dans ma bouche sèche et pâteuse et je compris que ma bouche n’était plus ce qu’une large crevasse meurtrie et certainement hideuse à voir.

Qu’importait ! Je voulais juste respirer et enfin c’était possible.

Mes doigts retrouvèrent la pierre à la commissure de mes lèvres, une pierre que j’avais connue nette et lisse, sans la moindre aspérité. Alors, je devinai une lézarde. La fissure serpentait sur ma joue et puis la zébrait brutalement, revenant vers mon nez pour finalement remonter droite et nette vers mon front et s’y arrêter, comme satisfaite, son œuvre pleinement accomplie.
Mes doigts s’attardèrent sur l’œil gauche et la fente qui croisait celle d’origine. Qu’en était-il sous le minéral ?

Et puis ma main revint sur le lit, le long de mon corps. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? On avait défiguré une statue qui ne tarderait plus à s’effriter toute entière pour ne plus laisser aucune trace de son passage sur cette terre. La belle affaire ! Je ne serai bientôt plus qu’une pierre brillante hors de prix, rien de plus.

Désormais, je pouvais respirer.

Mon agonie n’en serait que plus longue mais n’était-ce pas ce que je voulais ? M’accorder encore un sursis ? Je n’arrivais pas à abandonner, me laisser aller comme dans la grotte… Mon attachement aux Nerozias me retenait-il ? J’avais pourtant fait tout ce que je pouvais encore pour eux. J’avais rempli tous mes contrats avant de ne plus pouvoir rien faire.

Pourtant, je ne pouvais me résigner à les quitter. J’avais promis de les aider à atteindre leur but ultime et j’échouais… N’y avait-il donc aucun remède à cette lèpre de pierre ? Cela viendrait peut-être. J’avais encore un peu de temps devant moi : j’attendrai autant qu’on me le permettra.


« Mal… J’ai… Mal… Et soif… »

Ma voix était enrouée. Elle était déjà rocailleuse à l’accoutumé, mais alors, elle me sembla faible et rêche, d’une laideur amplifiée par l’état de mes lèvres. Elle m’étonna moi-même.

J’attendrai. J’attendrai le temps qu’il faudra, jusqu’à ce que la pierre soit la plus forte, ou jusqu’à ce qu’enfin je me relève et retourne dans ce monde de souffrances et de meurtres.
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeMar 26 Fév - 2:54

La nuit avait été longue, plongée dans une veille constante qui ne lui avait pas laissé le loisir de prendre du temps pour se reposer. Après l'intervention sur Jonas Irina avait rapidement avalé un bouillon que lui avait préparé un autre religieux. Sans se formaliser du goût immonde et délavé elle n'avait pas osé se plaindre, peut être surtout parce qu'elle n'en avait pas la force. Ensuite le reste n'avait été qu'allées et venues dans les couloir du temple, où finalement Othello avait fini par la rejoindre. Ainsi en se relayant elles donnèrent tout le possible pour soulager les malades, sachant que hélas il y avait peu d'espoir pour eux tant que Veto et son expédition ne reviendraient pas avec la fameuse plante miraculeuse.

Les heures s'écoulaient lentes et presque douloureuses pour la rouquine qui voyait ses patients s'éteindre de plus en plus, dans un état souvent léthargique qui ne présageait rien de bon. Jonas n'était pas non plus à l'abri d'une rechute, bien que son corps semble étrangement bien réagir à cette opération d'urgence. Si l'on pouvait appeler opération ce qui s'était passé en début de soirée, après tout son heure était repoussée mais il serait défiguré quand bien même il parvienne à survivre. En cela Irina n'était pas extrêmement fière, car elle vivait cela comme un échec. Et l'échec ne lui était pas tolérable. Plus le temps passait et plus sa frustration allait croissante.
Si dans la missive qu'elle avait envoyée à Veto elle s'était montrée déterminée et forte, en réalité elle était bien moins enthousiaste. Une certaine raideur se montrait petit à petit dans ses muscles, et il lui était pour l'instant impossible de dire si c'était juste de la fatigue physique ou bien si la sarnahroa commençait à la ronger également. Ce ne serait guère étonnant, au vu du contact prolongé avec les malades, sans parler de sa condition physique laissant à désirer. Se détournant avec empressement de ces pensées qu'elle ne pouvait se permettre, la prêtresse de premier ordre se releva et décida de veiller sur ceux qui dormaient. Son métier était la seule chose qui avait du sens au milieu de tout ce chaos. Elle était le capitaine d'un vaisseau en train de couler, mais quoi qu'il arrive avec ou sans ses passagers elle ne s'en irait pas.

Ses pieds la portèrent au bout d'une des ailes du temple, et bien assez tôt elle vit que Jonas avait un sommeil agité, son visage étant recouvert de plaies qui saignaient abondamment. Avec délicatesse elle prit une bassine d'eau propre et lui lava les joues, rinçant le torchon qui rougissait progressivement. Il n'y avait plus lieu de se soucier du contact alors c'est sans gants qu'elle avait dégagé les cheveux blonds et poisseux des yeux de l'assassin. Son toucher était médical mais se voulait réconfortant. Ses patients étaient un peu comme ses enfants, surtout en pareilles circonstances. Elle qui n'avait pas de famille et ne verrait probablement pas grandir l'enfant qu'elle portait se raccrochait à ce qui restait à sa façon, bien qu'elle ne vienne jamais à l'admettre.


« Je suis là, quoi qu'il arrive vous n'êtes pas seul, et je fais mon possible pour que vous viviez. Évitez de parler, sinon les plaies se rouvriront. »

Pendant qu'elle parlait, la demoiselle servit une autre coupe de potion ainsi qu'une autre feuille d'antalgique qu'elle appliqua sur la peau de Jonas. Prenant place sur un vieux tabouret de bois, la serpentine prit place à son chevet et l'aida à se redresser pour le faire boire. D'abord sa potion, puis de l'eau, jusqu'à ce qu'il en ait assez. S'hydrater restait important pour ses défenses, surtout si cela pouvait empêcher la maladie de progresser plus vite. C'était de temps dont ils avaient besoin. De temps et de beaucoup de chance. Regardant tristement sa tunique maculée du sang qu'il avait perdu plus tôt, elle soupira. Les chances pour qu'elle ne soit pas contaminée étaient minimes.

« La douleur va finir par s'estomper à nouveau et vous pourrez dormir si c'est ce que vous souhaitez. Si vous préférez rester éveillé, alors je peux rester avec vous. À moins bien sûr que vous ne vouliez rester seul. »

Son expérience en tant que médecin lui avait appris que parfois il valait mieux ne pas s'imposer, surtout que certaines personnes voyaient la mort comme une fatalité qu'il fallait affronter seul. Ne sachant rien sur cet homme, il était assez compliqué de comprendre comment il voyait les choses. Mais maintenant que la plupart dormait, et qu'elle devait garder leur sommeil la solitude l'attaquait elle aussi. Peut être que finalement c'était elle et non lui qui avait besoin de compagnie...

[Ce sera mon dernier post pour l'Acte II ^^]
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MessageSujet: Re: LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2   LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 0:09

Lorsque la prêtresse tenta de me redresser, je sentis mon tronc raide, soudé à mes hanches. Ça ne s’était pas arrangé depuis ma perte de connaissance. Mais était-ce vraiment plus grave ? Je n’en étais pas sûr. Il me semblait bien que le moment où je ne pus plus me plié datait de quelque temps déjà.

L’eau se fraya un chemin entre mes dents et jusqu’au fond de ma gorge. Ça c’était devenu plus facile. S’il ne me restait plus longtemps à vivre, je préférais périr dans la pierre que mourir de faim ou de soif.

Et puis la soigneuse s’assis à mon chevet et me laissa le choix. Ah ! J’eus un léger pouffement et lui lançais un regard mi triste, mi amusé. Dormir, j’en aurais bien tout mon soul dans peu de temps. Quant à la solitude…


« Seul… Y pensais justement. »

Je constatai encore avec ces quelques mots mon manque d’articulation, les mâchoires ainsi prisonnières. Pauvre prêtresse. Mon accent montagnard, mon patois et cet entrave ne lui permettrait sans doute pas de comprendre grand-chose de ce que je m’apprêtais à lui dire. Mais j’avais envie de parler et je ne risquais pas de me vexer vu le peu d’intérêt que je prévoyais à mes paroles.

« Ai toujours été seul… Tout seul… M’en fous maint’nant ! Ça m’ fait p’us rien. Ai p’us peur. P’u peur de rien d’ailleurs… Pas même de la mort. Tsss. Nan. Surtout pas d’ la mort… »

Mon œil s’était posé sur un point invisible devant moi et je me reperdis dans mes pensées, songeant à toutes ces années passées au sein de la rose, de ce qui avait fait de moi l’assassin que j’étais devenu. Cet homme froid et dur, l’évolution en définitive de ce jeune loup, qui n’avait juste fait qu’apprendre à ne plus pleurer. Car en définitive, j’étais toujours seul, j’étais toujours triste, j’étais toujours mal à l’aise dans ce monde… Et pourtant, toujours, je survivais, au milieu des cadavres…

Mon œil se posa sur la none et je la vis piquer lentement du nez. Son travail était si épuisant que même assis sur une chaise elle ne tenait plus.
Je vis sa main sur son ventre et cela m’intrigua. Ce geste semblait être involontaire, dû à la fatigue et me fit penser à une femme enceinte. Était-elle porteuse de vie ? Soudain, je pris conscience du sang sur sa tunique et de ses mains nues qui m’avait touché.


« Idiote… »

Cette mort m’accompagnait partout et se dispenser même sans mon aide désormais. Maintenant que j’étais condamné, elle devait se trouver au-dessus de moi, passant le temps à toucher de ses griffes mortelles ceux qui m’approchaient de trop près et attendant avec avidité que ce soit mon tour.
Mon regard se tourna vers le plafond et je souris avec ce qu’il me restait de ma bouche.


« Laisse-moi une chance… Et j’ te file entr’ les patt’s ! »

Je tiendrai le plus longtemps possible et si un remède devait enfin se révéler, je tiendrai toujours pour qu’encore je lui échappe ; qu’encore nous continuions de jouer à ce jeu macabre.

Les rayons des soleils ne tardèrent pas à filtrer à travers un rideau de fortune près de ma paillasse et je vis une ombre ailée venir se poser dans une raie de lumière et lancer un coassement strident.
Oiseau de mauvaise augure ou simple messager mal aimé ?


[Pareil pour moi je pense.]
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