_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades. _ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose". _ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.
Sujet: Re: [EVENT] Commémoration Ven 30 Juin - 16:48
Le temps s’arrêta en un souffle. Une expiration, un coup de sifflet, mais Othello en restait sourde, coincée dans une bulle hors du temps, seule avec un garde et ses mots qui revenaient inlassablement dans son esprit, des vagues sur un sable décharné. Dans une boucle infernale, elle réécoutait chaque mot. Ceux-là étaient tel des pièges dans lesquels elle était tombée : elle ne parvenait pas à s’en échapper, ni à taire la rage qui grondait à présent dans son cœur fatigué. S’en était trop. Sa main se crispait désespérément sur un pan de sa robe, aussi profondément qu’elle le pouvait, jusqu’à ce qu’elle sente ses ongles à travers le tissu s’enfoncer dans la peau de sa paume. Si elle avait eut la lance de Kron sous la main, elle aurait...
Prise de pulsions violentes, elle ne pressentit pas la vague humaine qui s’empara du temple tout entier. Une lame de fond secoua tout le peuple, le volcan en ébullition explosa avec une violence impitoyable quand les portes s’ouvrirent avec fracas. C’était inattendu, et il fallut quelques secondes de flottement pour que chacun réalise qu’enfin, la liberté était à portée de main. Que le souffle froid du dehors ne vienne chatouiller les narines, les gorges, sécher les larmes, et inspirer les cris. A cet instant, la foule s’anima comme une seule masse, un seul corps qui se rua vers l’extérieur, comme si tout s’achèverait ainsi. Dans la panique, les êtres aimés se séparaient, s’affrontaient frénétiquement pour sortir les premiers. Les plus faibles étaient chahutés, repoussés contre les murs sans scrupules par plus fort qu’eux : c’était une véritable anarchie, un chaos dégénéré. Prise de court par la cohue, la sirène se retourna mécaniquement derrière elle, sentant encore le souffle terrifiant derrière son oreille de poisson. Mais elle ne trouva rien d’autre que le visage colossale de la statue de la déesse, le garde s’était déjà évanouit dans la foule. Se rendant à l’évidence, elle finit de son mieux pour rester le plus immobile qu’elle pu et rester près de ses amis, mais elle fut tout de même transporter sur plusieurs mètres. Il ne fallut qu’une poignée de seconde pour que l’édifice se retrouve à moitié vide, et une poignée d’autre pour qu’ils ne restent plus qu’une quinzaine de personne. Et le garde avait disparu. Prise de court, la jeune femme se mit à le chercher du regard, balayant la salle encore et encore, comme si elle espérait miraculeusement qu’il réaparaisse de lui-même pour lui fournir une explication.
Mais il n’y avait plus que les blessés éparpillés dans la salle, et les corps piétinés des pauvres victimes de la marée humaine. Elle pouvait à présent contempler pleinement la portée de son œuvre, la vieille femme étalée par terre comme un gibier. Elle donnait l’impression d’être restée en tombe depuis des années, contorsionnée dans tous les sens, ses bras et ses jambes décrivant des angles impossibles. Cela faisait de la peine à voir... Doucement, elle serra un peu plus sa main sur le pan de sa robe. Et son cœur... Il était rempli de rage. Rien ne lui disait que le garde faisait partie des terroristes, mais son visage ne lui inspirait à présent que dégoût. Si elle l’avait eu en face d’elle, elle aurait sûrement pris un pieu plaisir à enfoncer dans sa poitrine la lame vengeresse. Elle échangea brièvement un regard lourd avec ses deux comparses, ne sachant que dire ou que faire. Ses oreilles bourdonnaient fiévreusement, la rendant sourde à l’extérieur, alors que l’adrénaline de la grande évasion qui coulait toujours dans ses veines soulevait sa poitrine à un rythme lourd et profond, un peu violent.
Si son visage était de marbre, elle brûlait de courir à la poursuite de son souffleur. De le retrouver dans la foule, de le faire cracher son venin. Sa respiration était profonde, coula dans sa gorge : elle pouvait le ressentir de nouveau. Le crépitement sensible de l’essence divine au bout de ses doigts. Si elle le voulait, il lui suffirait de cinq petits mots et d’un coup de flammes pour qu’ils tombent tous à ses pieds. Elle aurait fait son choix parmi les victimes, trouvant la sienne aussi vite qu’un battement de cil. Puis elle aurait levé la lame et... Ses lèvres se pincèrent douloureusement. Dans la nef, des cris commençaient à s’élever çà et là, prouvant que le sol n’était pas jonché que de cadavres. C’est ainsi que prit forme une autre pensée fertile : même morcelées et brisées, ses épaules soutenaient encore une responsabilité qui la dépassait. Au fond d’elle, et pour la communauté qu’elle venait peut-être de perdre avec ses discours forcés, elle ne pouvait pas mettre un pied dehors sans avoir tout tenté pour ceux qui étaient blessés à l’intérieur. Le combat d’idées ne dura pas, Othello se rendit trop vite à l’évidence. D’autres seraient ses mains vengeurs, d’autres étaient dehors à la poursuite des assaillants. Mais sa place était là.
En le voyant s’approcher plus tôt, elle avait remarqué que Duscisio était déjà armé. Pour Fenris, s’était différent. Elle s’avança vers le grand Loup, remarqua sa blessure dont elle ne pouvait mesurer l’ampleur, seulement qu’il saignait pas et qu’il semblait encore maître de ses mouvements. D’autres ici étaient sûrement dans un bien pire état, il comprendrait sûrement qu’elle se hâte vers eux en priorité. Mais avant cela, elle lui tendit à bout de main le petit poignard qu’elle avait récupéré sur son agresseuse.
« Ce n’est pas grand-chose, mais puisse-t-elle vous protéger. » Elle regarda stupidement ses mains, attendant qu’il récupère l’arme pour lui-même. « Je n’en aurais pas d’utilité ici de toute façon. » Et puis, à bien y réfléchir, elle se savait maintenant armée pour affronter n’importe qui, pouvoirs à l’appui. Mais le tout était de les mettre à bon usage, et dès à présent. Quand elle sentit le poids quitter sa main, elle ne pu réprimer une amère quiétude, et un vide creux. Mais c’était mieux ainsi, au moins ils avaient tous deux de quoi se défendre si ils rencontraient des poursuivants. Elle se recula un peu, s’avança dans le temple : déjà des cris, des supplices, des êtres essayant de se relever. « Il faut les aider... Je vais rester ici. » Murmura-t-elle doucement. Il n’y avait pas vraiment de négociation à entreprendre pour la détourner de ce chemin. Pour les deux hommes, elle ne savait pas ce qu’ils comptaient entreprendre, mais les portes étaient ouvertes pour eux aussi. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était n’être un fardeau pour aucun d’entre eux. Doucement, elle réprima tant bien que mal sa rancœur qui tambourinait toujours sous son crâne, l’appelant à faire saigner, à se venger, et poursuivit vers l’intérieur.
Rapidement, on constatait que les blessés s’étalaient sur deux niveaux : la salle où la sirène évoluait, et les balcons au-dessus d’eux, entourant la salle. Elle entendait des cris désespérés provenant d’eux : il fallait faire vite. Mais de trop nombreuses personnes attendaient en bas. C’était malheureux, mais elle allait devoir se concentrer sur la nef d’abord avant de pouvoir monter. Il y avait devant elle plusieurs petits groupes, mais un triste spectacle attira d’abord son attention, tout comme son instinct. Là, une jeune mère, peut-être de son âge, serrait de toutes ses forces son petit garçon dans ses br as. Elle semblait complètement abandonnée à la peur. En les voyant, Othello ressentit le petit crépitement subtil de l’essence divine danser autour d’elle, et, alors qu’elle marchait vers eux, son corps entier s’embrasa dans une vive lumière, sans même qu’elle en soit vraiment consciente. En arrivant à haute de la mère, elle déposa sa main sur son front, laissant la flamme et la chaleur happer crainte et douleur, concentrant même le flambeau dans sa paume pendant qu’elle examinait le jeune enfant. Il était pâle, et son crâne était légèrement ouvert, mais saignait abondamment. Pas une blessure qui se referme naturellement, donc... D’une main, elle attrapa le petit, rassurant la mère du regard : elle n’avait pas la sensation que parler soit nécessaire avec elle, qu’elles se comprenaient en un regard. Allongeant la petite tête sur ses genoux pliés, elle apposa sa paume à même la blessure, et la referma à l’aide de ses pouvoirs.
Cela n’avait rien à voir avec la dernière fois qu’elle en avait été dépossédée, à cause du colosse d’Hespéria. Si elle était brisée par la fatigue, elle ne le sentait pas. Au contraire, retrouver ses capacités était étrangement vivifiant. Quand le petit garçon ouvrit les yeux, elle le rendit à la sa mère, et les poussa doucement vers la sortie. En suivant la petite famille du regard, elle remarqua dans un coin un groupe de jeunes filles, sous la statut de Gréis. Aucune d’entre elles avait l’air en forme, et cela inquiéta particulièrement la soigneuse qui se précipita à leur chevet. Et qu’elle ne fut pas sa surprise en découvrant, arrivée vers elle, qu’elles étaient elles-mêmes yorkas, de la branche des lapins.
« - Que s’est-il passé ? » Demanda-t-elle simplement en arrivant à leur hauteur, et s’agenouillant à leurs côtés.
La première leur raconta rapidement qu’elles s’étaient faites bousculées pendant la cohue, et qu’elles s’étaient rabattues sur le côté. Dans la panique, deux étaient tombées, et l’une d’elle avait perdue connaissance. Acquiesçant, Othello examina de plus près leurs blessures : la première avait une profonde entaille dans la cuisse, et la seconde semblait souffrir de la tête, sûrement frappée par un fuyard. La dernière était évanouie. Mieux valait procéder par étape. D’abord, elle referma l’entaille sanguinolente comme avec le petit garçon. Cela avait le mérite d’être rapide, et efficace. La suite le serait également. Si elle posa sa main enflammée sur le front de la jeune femme pour arrêter la douleur, elle eut vite fait de déchirer un petit bout de sa jupe pour y déposer une poignée de glaçons fraîchement fabriqués, qu’elle lui recommanda de poser sur son crâne. Pour la dernière... Malheureusement, il n’y avait rien qu’elle puisse faire dans l’immédiat, à part attendre son réveil. Ensembles, elles parvinrent à la porter, et à la stabiliser sur l’épaule de son amie. Othello leur intima de quitter le temple, qui n’était peut-être pas encore sûr, et de se mettre en sécurité jusqu’à ce qu’elle se réveille. Là, elle pourrait contacter un prêtre qui les mènerait de nouveau à elle, afin qu’elle finisse ses soins.
Quand elle les vit s’échapper de la bâtisse, elle en fut soulagée. Le lieu avait, dans l’horreur de la scène, commencé à émettre une aura d’horreur, de cruauté. Comme si c’était devenu une bouche près à tous les avaler. Du bout de l’oreille, elle entendait des bruits venus de dehors, sûrement issus d’une certaine agitation. Un mouvement attira son regard : un homme, qui avait l’air d’avoir la quarantaine, se levait péniblement, essayait de tenir debout mais revenait sans cesse vers un bout de mur sur lequel il se soutenait. Alerte, la sirène ondula jusqu’à lui pour lui prêter main forte à son tour, mais à sa vue, l’homme ne réagit pas comme elle l’attendait. De son dos s’échappa soudain un craquement sinistre, osseux, qui résonna dans tout le temple comme une voix d’outre-tombe, grave et caverneuse. Elle connaissait ces craquements. Elle connaissait ces claquements glaçants, charnels, profonds... Pour les avoir entendu il y avait de cela quelques mois, à Hesperia, dans la demeure de Jézékaël. Un Llurghoyf.
Dans un réflexe animal, Othello se recula de plusieurs pas, revenue à un instinct premier de défense. L’homme était en pleine transformation : ses bras s’étendaient, se couvraient d’écailles ; Ses jambes se retournaient, et donnaient l’impression que ses genoux se brisaient brutalement pour atteindre un angle impossible et désastreux. Il fallait qu’elle arrête le processus, sinon... Je devrais affronter sa forme monstrueuse. Othello se mordit la lèvre, et serra le poing. Au point où elle en était, ce n’était qu’une chose de plus. L’essentiel était de pouvoir aider cet homme, lui redonner raison. Pour réagir comme cela, soit il avait une rage folle contre elle ou tout autre membre du clergé – ce qui pouvait être justifié – soit il était sévèrement désorienté, et qu’il s’agissait d’un simple mécanisme de défense. Sans plus vraiment réfléchir, Othello leva les deux mains, et s’avança vers lui, se laissant aller aux flammes. Peut-être que la lumière lui ferait entendre raison ? Le bougre continua de se tordre. Apparemment pas.
Dans un cri tortueux l’avertit qu’il avait passé un cap. Ce qui semblait être de longues antennes avaient poussées de son crâne ; Dans un réflexe, Othello para un bras immense, dont la main s’était changée en pointe acérée, et que le llhurgoyf avait lancé vers elle. Réfléchis... Le coup était faible, confus, peu précis. Il n’était vraisemblablement pas en l’état de se battre, alors que la sirène, forte de tant d’émotions et sous l’effet de l’adrénaline, se sentait en pleine forme. Avec cette avantage elle pourrait... Parer un autre coup. Son autre bras achevait à son tour sa transformation et fut projeté sur elle. Elle esquiva plusieurs fois, décrivant une danse martiale dans sa jupe de velours, seuls ses cheveux marquant docilement l’évolution de sa position. Il fallait qu’elle se rapproche de lui, au plus près... A chaque coup, elle faisait un pas supplémentaire. Le manque de précision du blessé jouait à son avantage, ce n’était pas compliqué de prédire où fuserait le prochain coup, et comment l’éviter. Bientôt, elle arriva à hauteur de sa tête, et dévia une dernière fois en constatant que des pattes insectifères sortaient à présent de son ventre. Seul son dos et son faciès était intact.
« Vous n’avez pas à vous protéger, je ne vous veux aucun mal. Je suis là pour vous aider. »
Brusquement, elle agrippa son visage entre ses mains diaphanes, qu’elle crispa autour de sa mâchoire, en plongeant dans ses yeux son regard océan. Celui-ci ce fit plus profond que les plus lointains abysses, et il y plongea comme on tombe dans une fausse : dans une transe doucereuse, elle le fit basculer des fonds marins jusqu’aux plus belles forêts, aux dunes d’Arghyrei où il sentit le vent passer dans ses cheveux. Son expression changea avec les secondes qui s’égrainaient, il lâcha prise. Bientôt, elle sentit sur ses épaules se poser deux mains tremblantes, et les craquements devenir plus violents, plus nombreux, jusqu’à ce que le silence revienne, entrecoupé du souffle saccadé du Llurghoyf.
« Soyez sans crainte. » Lui souffla-t-elle finalement en relâchant le sortilège. Il ferma les yeux, se laissant tomber contre le mur. Le retour de flamme s’exerça sur la jeune femme en la forme d’une violente migraine qui recouvrit tout son crâne. C’était toujours vorace en essence divine, surtout après avoir utilisé d’autres pouvoirs sans compter. Mais elle ferait avec, ce n’était pas finit. D’un geste, elle refroidit ses mains le plus qu’elle put pour les poser sur le crâne blond en face d’elle. « Vous êtes déstabilisé, vous avez dû recevoir un coup pendant le mouvement de foule. Vous avez besoin de repos. » Lui murmura-t-elle, le regard balayant déjà la salle à la recherche des prochaines victimes. Des cris venaient du balcon, suppliant pour de l’aide. « Restez ici un moment, à l’ombre, le temps que vous retrouviez vos esprits. Essayez de dormir un peu. » Il ouvrit un œil désapprobateur, sa voix était rauque et fatigué. « Vous êt’ bien mignonne, mais qui pourrait dormir à un moment pareille ?» Othello sourit, presque amusée. « Essayez tout de même. »
Quand ce fut possible, elle le hissa sur ces pieds vers un coin plus sombre, à l’abri derrière une statut, avant d’accourir vers un des passages dérobés qui menait au balcon. Un couple de personne âgé était à vue : le vieil homme appelait de tous ses poumons, sa femme avait l’air inconsciente. Othello reprit son souffle, et remonta une nouvelle fois ses manches. Son travail dans le temple n’était pas terminé.
Quelque part, elle était heureuse de pouvoir sortir un bref instant de la cohue : c’était comme une bouffée d’air frais dans une terre de chaos. [/hide]
Dernière édition par Othello Lehoia le Lun 13 Juil - 22:24, édité 1 fois
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Sujet: Re: [EVENT] Commémoration Jeu 13 Juil - 11:44
Tous ses sens en éveil, les secondes lui parurent interminables. Elle se demandait avec la crainte de l’apprenti sorcier ce qu’elle avait pu provoquer et ses yeux roulaient d’un recoin du temple à un autre tandis que ses oreilles étaient attentives à tous les bruits insolites qui pouvaient lui arriver. Comme par réflexe elle faisait passer à l’arrière-plan les sons des scènes qui se déroulaient çà et là dans le saint lieu. Elle n’avait pas de prise sur ces péripéties et devait s’en détacher. Mais que pouvaient bien être des bruits insolites dans pareilles circonstance ? Un ordre ? Un fracas d’armes ? Une explosion qui signerait leur fin à tous ?
Et puis le choc des verrous des barres de fermeture, ce son si familier la fit se tourner vers la porte. Elle savait à quoi elle devait s’attendre et devait l’anticiper. Son regard s’anima d’une lueur implacable. Il était hors de question qu’elle laisse tout simplement les choses se terminer ainsi. Elle était non loin de la porte qui allait s’ouvrir sur la liberté des otages. Elle connaissait assez bien la nature humaine pour savoir que la foule n’allait pas passer une seconde supplémentaire dans sa cage de pierre et aller se ruer au dehors sans souci de l’autre et de qui pouvait bien lui arriver. Déjà un silence stupéfait retentissait lourdement dans le sanctuaire : calme avant la tempête de la fuite éperdue qui allait s’en suivre.
Elle savait aussi qu’elle n’y pouvait rien et qu’il y aurait des cris et de la fureur, des blessés et des morts, bousculés et piétinés malgré leurs appels à l’aide. Elle savait que pour leur salut des amis piétineraient leurs amis des pères abandonneraient leur famille. Son but ne serait donc pas d’éviter la ruée attendue, mais bien de la devancer. Si elle avait une chance d’intercepter les terroristes c’était bien à ce moment. Bien sûr, ils profiteraient de la cohue pour disparaître, mais des détails pourraient les trahir. Ils avaient sans doute préparé leur plan de repli et les choses se passeraient pour eux un peu trop bien, sans l’étape de désorientation et de stupeur dont seraient frappés les otages en atteignant la lumière rassurante de l’extérieur. Par chance, sa stratégie depuis le début l’avait portée à proximité de la porte et il ne lui fut pas difficile de se trouver au premier rang de ceux qui émergèrent du temple. Quelques coups d’épaules lui permirent grâce à sa stature de Zélos de se porter sur le parvis dans les tout premiers. Elle se posta sur le côté pour ne pas se trouver dans l’entonnoir de la marée humaine qui ne manquerait pas de la rattraper et de l’empêcher d’observer ce qu’elle était venue chercher.
Elle se servit des pierres du soubassement et des excroissances que pouvaient lui procurer les sculptures pour gagner encore un petit mètre au-dessus du sol et laisser son regard porter au-dessus de la foule vociférante. Ses yeux tentaient d’isoler les individus bien trop organisés pour être honnêtes. Elle ne savait pas trop ce qu’elle cherchait, et comptait sur son expérience de traqueuse pour démasquer celui serait déjà en selle ou déjà prêt à partir sans la hâte de la peur ni la précipitation de la panique. Celui dont les gestes seraient trop assurés pour être ceux d’une victime de la prise d’otage. A ses pieds le temple continuait de vomir la foule des fidèles et elle devait faire vite pour identifier ses suspects avant que l’esplanade ne soit noire de monde et recouverte d’un grouillement indéchiffrable, parcouru de gémissement soulagés ou inquiet et de grognements rageurs.
Mais que la suspicion pouvait induire le doute. Elle se trouva fort aise d’identifier une dizaine de suspects et en même temps cela faisait bien trop pour pouvoir les arraisonner tous et en trouver tant ?! Elle se demandait si elle ne laissait pas un peu trop aller sa paranoïa développée tout au long de sa vie.
Un peu à l’écart, sur la droite, deux hommes s'apprêtaient à s'enfuir à cheval. Deux Terrans d'apparence noble dont le calme lui parut un peu suspect d’autant que l’un des deux semblait avoir attendu l’autre la bride des deux monture en main. Plus loin au bord de la route principale un couple étrange composé d’un Yorka lapin et d’une Sindarine s’entretient calmement en s’éloignant de la cohue. Le premier semble un peu rachitique, la Sindarine au contraire a l'air plus noble et athlétique, de quoi faire une parfaite assassin. Aucune panique ni aucune précipitation dans leur attitude, justement le genre de signe qu’elle recherchait…. Que dire alors de ce groupe de trois individus ? Deux hommes et une adolescente d'environ seize ans. Ils se dirigent vers une roulotte marchande et les chevaux sont déjà attelés. Quel genre de marchand aurait laissé sa force de travail souffrir l’attelage inutilement durant toute la cérémonie d’autant que les ventes auraient pu reprendre de plus belle une fois les oraisons achevées ? Et puis il y avait cet homme assez massif, les cheveux blancs, un Lhurgoyf peut être? Il a choisi comme la Zélos de s’écarter du flot principal sur le gauche du temple. Il a des yeux rouges pour une raison obscure et se trouve proche de la position de la Zélos un sac déjà à l’épaule, il semble vouloir s’éloigner par la plaine… La route serait-elle trop fréquentée et dangereuse pour lui ? Enfin, il y a ce gamin qui ne doit pas avoir plus de quatorze ans, il est habillé pauvrement mais il se comporte bizarrement.
Cela fait neuf ! Sa respiration devint plus profonde à mesure que ses yeux allaient d’un suspect à un autre et qu’elle se persuadait que son hésitation leur permettrait de prendre la poudre d’escampette. Ses narines palpitèrent devant l’impossibilité de se lancer à la poursuite de l’un ou de l’autre sur de simples soupçons et de peut-être laisser s’échapper les autres. Elle dit faire d’autres choix et trouver de l’aide semble la première chose à faire. Elle fait le tour des gens qu’elle connait ici. Ou tout du moins qu’elle connait suffisamment pour se tourner vers eux. Il y en a deux : Othello Lehoia et Brom Ode'Bahalmarche. L’une grande prêtresse guérisseuse d’un ordre avec lequel elle s’est mise en délicatesse bien qu’elle… Mais c’est une autre histoire et la Zélos n’est pas du genre à chercher des excuses et assume pleinement chacun de ses gestes devant les autres, même si elle en regrette certains en son for intérieur. Le deuxième est un ami récent. Elle n’accorde pas ce qualificatif à n’importe qui, mais la loyauté et la bienveillance du colosse lors de leurs deux aventures vécues ensemble l’a convaincue qu’il le méritait. En outre, le forgeron a évoqué à plusieurs reprises et pas plus tard que tantôt dans le temple les appuis dont il disposait. Le choix est donc vite fait. Mais là encore trop de précipitation peut nuire à ce nouveau plan. Elle s’assure en premier lieu de pouvoir décrire précisément les fugitifs et d’identifier les directions qu’ils prennent avant de se ruer à l’intérieur du temple.
Elle ne jette aucun regard aux blessés et à ceux qui s’en occupent, c’est vers le géant d’acier qu’elle dirige immédiatement ses pas, montagne aisément reconnaissable dans ce décor désolés de bancs de prière renversés et candélabres à terre et éteints, de tentures arrachées de leur support gisant comme d’immenses méduses froissées sur une plage de pierre et où ne raisonnent plus que de pauvres gémissements de douleur et de trop rares paroles de réconfort. En quelques enjambées, elle rejoint la Main de Bor sans prendre le temps des salutations d’usage. Rompue aux rapports précis et synthétiques, il ne lui faut que peu de mots et moins de temps encore pour faire le compte-rendu de ses observations et demander des forces pour prendre en chasse les suspects. Comme souvent, le colosse reste impassible jusqu’à paraître étranger aux explications mais la Zélos sait maintenant qu’il n’en est rien et bientôt sa voix résonne une langue inconnue qui a pour effet de rassembler immédiatement huit guerriers. Quatre sont facilement identifiables à leur tenue, comme prêtres de Bor et quatre autres, ne peuvent cacher leurs compétences guerrières, parmis eux, une Dawn blonde, une fine Sindarine au regard perçant et énigmatique, une guerrière Zélos qui regarde la prêtresse comme si elle était une dégénérée tant sa stature est imposante, et enfin une Yorka féline tigrée et sa ceinture à secret. La Zélos admet un sourire de satisfaction sur ses lèvres carnassières en même temps qu’elle hoche la tête d’approbation en signe de remerciement ne serait-ce que pour la confiance qui lui est ainsi manifestée. Elle se dirige vers l’entrée du temple avant de désigner les fuyards à l’abri de l’ombre du sanctuaire pour ne pas qu’un observateur extérieur n’ait l’attention attirée par ce groupe de guerriers. Le gamin semble avoir disparu et la Zélos rage avant de le retrouver enfin et de le désigner aux chasseurs. Le Lhurgoyf ne s’est encore guère éloigné tandis que la roulotte ne peut qu’attirer l’attention sur la route principale et le les deux cavaliers soulèvent assez de poussière pour attirer le regard de la Sindarine. Il ne faut qu’un regard aux huit chasseurs pour se distribuer les rôles.
« Tentez d’en garder en vie. »
Ce fut la dernière recommandation de la Zélos qui ne se faisait pas d’illusion outre mesure. Si ces fanatiques avaient préparé si bien leur opération, ils avaient aussi envisagé l’échec et sans doute de mourir pour ne pas trahir leurs complices en cas de capture. Mais on pouvait aussi avoir l’espoir d’un certain amateurisme chez eux, l’absence de code dans le sifflet qui avait donné le signal de l’ouverture des porte pouvait le laisser espérer. En outre les guerriers qu’elle venait de lancer à la poursuite des complices ne semblaient pas habitués à faire de quartiers et elle craignait fort de ne pas pouvoir interroger les assaillants.. La Dawn lui sourit comme pour confirmer ses pensées avant de se lancer en direction de la roulotte. Tandis qu’Igrim avait gardé un œil sur la fuite des supects, les prêtres d’un côté et les guerriers de l’autre avaient fait un détour par leur armurerie afin de s’équiper comme il se devait Deux des prêtres se lancèrent à a poursuite des deux nobles, non sans avoir été « emprunter » deux montures. La guerrière Zélos, accompagnée de deux prètes se donnèrent comme mission de s’occuper du Lhurgoyf tandis que le Sindarine prenait en chasse sa congénère et le Yorka lapin et que la Yorka tigrée semblait pencher pour le gamin étrange.
Une fois la chasse lancée, elle se demanda si elle n’aurait pas bien fait d’y participer, mais il y avait peut-être encore des agresseurs à identifier. Et puis, elle s’était laissé entraîner par de vieux réflexes, mais les affaires de politiques des humains ne la concernaient plus depuis la mort d’Elerina Lanetae. Des fanatiques pouvaient bien mettre en cause l’autorité et l’utilité des Gélovingiens, elle n’en avait cure. Elle ne supportait pas simplement que ses amis soient la cible de vermine quelle qu’elle fût. Brom Ode'Bahalmarche était indemne mais comment pouvait-il en être autrement et elle se contenta d’aller le retrouver en silence se postant à ses côtés scrutant l’activité à l’intérieur du temple. On ne savait jamais, laisser sortir la foule pour entamer une autre partie de leur plan pouvait être aussi une éventualité.
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Sujet: Re: [EVENT] Commémoration Ven 18 Aoû - 23:40