Lettres mortes et miettes de vérité.

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 Lettres mortes et miettes de vérité.

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Pandora Vanes
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Pandora Vanes
MessageSujet: Lettres mortes et miettes de vérité.   Lettres mortes et miettes de vérité. Icon_minitimeLun 26 Juil - 0:34


Dissimulées, partielles et éparses, des morceaux de lettres gisent, cachées et inconnues de leur destinataire. Mélangées ou disséminées, il ne reste de ces pages manuscrites à la calligraphie tantôt délicate, tantôt fébrile, que des passages sans date. Le parchemin, si il n'a pas été pas mordu par la flamme ou réduit en bouilli, montre parfois des marques d'usures mais il est bien ardu de savoir ce qui fut écrit en premier.

« Vous que les étoiles guident avec tant de sagesse, je ne saurai vers qui me tourner alors que l'obscurité semble tout engloutir et que je ne vois plus dans le ciel que la noirceur d'un chaos prêt à tout emporter. »

« Il y a dans ces notes, dans ces mots à la calligraphie si étroite et élégante, les prémices d'une tempête si intense qu'elle s'échappe des pages comme des fantômes retenus là depuis des âges millénaires. Je crains reconnaître la vérité là où je ne voudrais voir qu'affabulations ou théories abracadabrantesques. La foi qui me fut transmise par mon éducation familiale me commande de me détourner mais, vous m'avez appris que nos croyances devaient éprouvées les vérités des sciences des Hommes, se mêler aux faits et à notre intelligence au lieu de l'étouffer. Je n'écouterai pas mon coeur, ni mon nom, mais mon intellect et ma raison, car si je dois être honnête et ne point me détourner, je dois admettre que Lomion et ses prédécesseurs, mêlés à ce que je vous ai déjà détaillé sur ces personnes insensibles à la maladie, me trouble au plus haut point. »

« J'ai appris hier que vous travailliez sur les Immunisés, je souhaiterai si ardemment connaître votre avis sur eux et sur mes précédentes lettres. Je m'inquiète de votre silence, je sais que je vous en demande sans doute trop en cette période particulièrement complexe et je ne pourrais imaginer la charge qui pèse sur vos épaules mais, si Ténéis vous le permet, je serais si soulagée d'avoir un mot de vous. »

« À l'instant même où je pense avoir trouvé la parfaite alliance, la chimie tout juste suffisante à l'harmonisation des composants, ces derniers se délitent en fumées délétères ou se dégradent soudain. L'instabilité du reliquat rend le dosage périlleux. Avez-vous pu recueillir de meilleurs résultats sur vos prélèvements ? »

« Cela signifierait-il que certains d'entre nous, d'entre nous tous, soient issus de pères différents ? Les immunisés seraient-ils les enfants, descendants lointains d'un lignage plus pur, plus résistant, plus primitif peut-être, plus orginel ? Qu'est-ce que cela laisserait entendre pour les autres ? Seraient-ils des bâtards, des sang-mêlés ? Mêlés à quoi alors ? Ou faut-il imaginer que nos lignées soient totalement différentes, séparées, non pas comme deux branches d'un même arbre mais comme deux arbres ? Si ces deux arbres se ressemble, il ne court pas la même sève sous l'écorce. Peut-être suis-je finalement atteinte par la fièvre, tant cette folie ne me semble pouvoir être issue que de délires dus à la maladie. »

« Voilà la recette la plus élaborée et stable que les soignants de Deux Moulins et moi-même avons pu mettre au point. Cela demande évidemment une logistique particulièrement méticuleuse et la confection en amont des machines à refroidissement dont je vous ai joint les plans dans mon dernier courrier. Je crois cependant que nous touchons au but. Grace à l'aide et aux conseils de la Haute Prêtresse de Kesha, Dame Lehoia et du Haut Prêtre de Délil, Monsieur Balibe et à la participation de mes précieux donneurs, nous pouvons avancer sur la préparation. »

« Je ne saurai dire, même plusieurs semaines après avoir découverts les notes de Lomion que je t'ai transmise, si mes lectures me permettent de corroborer ou non, ses derniers chapitres sur l'Isthar. La langue que je maîtrise le mieux de toutes celles qu'on m'a apprise, me semble aujourd'hui pleine de mystère et il m'arrive fréquemment de m'arrêter sur certains de mes mots, m'interrogeant sur leur racine, sur leur signification profonde.. ou celle qu'elle aurait pu avoir, quelques siècles plus tôt. Quel âge à notre langue la plus commune aujourd'hui ? Je ne suis guère spécialiste et c'est sans doute candidement que je pensais l'alfari et l'ellendë plus anciennes mais, se pourrait-il que nous retrouvions des ouvrages ou des stèles dans un dialecte ancien plus proche de l'isthar et plus vieux que l'alfari ? »

« Il avait étudier des couples mixtes, issus de races différentes et leur rapport à une même maladie. Si généralement, il était assez concevable que la transmission se faisait de par la proximité de la vie commune, avec peut-être plus ou moins de résistance ou de symptôme, un certain pourcentage, bien que maigre, était épargné au sein même du couple, et ceux sans distinction de la race. Ainsi, il mis en évidence une immunité commune entre plusieurs genres. Un yorka, un terran ou un lhurgoyf, visiblement, il y avait quelque chose. De ce postulat, si nous étions si catégoriquement différent, il me semblait curieux que nous puissions partager cette capacité immunitaire si parfaitement commune, car c'était ce que pointait du doigt les travaux de Délion. Bien que son but était de créer un remède efficace, j'y ai personnellement vu un indice à mes travaux : nous aurions pu avoir un ancêtre commun. »

« Mon regard s'est porté sur le ciel, comme happé, égaré sans doute, à la recherche d'une réponse qui serait écrite là.. comme autre fois lorsque, à notre première rencontre, je cru qu'il serait aisé de comprendre leur message si message il devait y avoir. Mon incompréhension d'alors, teintée d’orgueil et d'inconscience, de suffisance aussi, n'était pas aussi effrayante et insondable qu'elle l'est aujourd'hui. Les étoiles furent mes amies, comme elles furent vos guides, sentinelles de mes nuits d'enfant mal-aimée des soleils puis refuges de mes ambitions les plus érudites et indépendantes, elles ont toujours été un réconfort.. Jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à cette nuit où, tournée vers elles, je n'ai trouvé que l'abysse qui les entour. Mon amie, ma mentor, je vous dois beaucoup de la femme que je suis devenue et je sais que vous reconnaitrez dans cet appel à l'aide tout le trouble de mon âme. »
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MessageSujet: Re: Lettres mortes et miettes de vérité.   Lettres mortes et miettes de vérité. Icon_minitimeDim 12 Sep - 12:51

Lettres mortes et miettes de vérité
Ma très chère Pandora,



Je ressens tant de peine à l’idée du long silence que je vous ai imposé. Il me tarde de partager avec vous les raisons de ce silence, mais permettez-moi de vous offrir d’abord mes excuses. Je n’ai pas été présente comme je l’aurais souhaité pour vous soutenir dans cette épreuve. Sachez que les échos de votre gestion des évènements dans votre duché ont finalement atteint Amaryl, et je dois dire que je suis particulièrement fière vos accomplissements. Vous avez été confronté à des épreuves que même ceux d’expérience peinent à gérer, et vous vous en êtes sortis avec brio. Malgré tout le travail qu’il reste à accomplir, j’espère que vous vous donnez le mérite qui vous revient.  

Les découvertes que vous mentionnez dans vos lettres ne me sont parvenues que par brides, mais sachez que j’ai pu moi-même obtenir des réponses auprès de votre caste. Je ne peux que comprendre votre désarroi face à ces découvertes qui bouscule tout ce que nous avons appris. Le doute fait toutefois partie de la foi, et je vous dirais qu’il ne faut voir en ces découvertes qu’une preuve de nos erreurs passées. Les secrets de notre monde sont aussi infinis que les étoiles dans lesquels ils sont stockés. Comment croire que nous pourrions comprendre, nous, simples mortels, toute l’étendue des connaissances de la Grande Ténéis ? Je crois que mes prédécesseurs gélovigiens ont pu mal interpréter les signaux que leur envoyaient les dieux, mal comprendre les origines de notre monde. Peut-être un jour pourrons-nous connaître la vérité sur l’origine des Dix et d’Istheria, mais en attendant, n’oublie pas que ces découvertes ne sont pas incompatibles avec la foi. Comme je l’ai lu une fois, « La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. »

La fièvre de Cendre est un fléau retors, et ses répercussions ont eu des impacts que je n’aurais pas pu imaginer. Kesha doit toutefois veiller sur moi, car je n’ai pas contracté cette éprouvante maladie. Ce n’est d’ailleurs pas la fièvre elle-même qui a eu le plus d’impact ici, mais plutôt ces troublantes découvertes que j’évoquais précédemment et que j’ai malheureusement choisi de dévoiler avec trop de légèreté aux fidèles des Connaissances. L’un de mes conseillers les plus proches, le grand-prêtre Shimith, nous a trahis en détournant et détruisant le courrier qui nous était destiné. La peur semble avoir pris le dessus sur son esprit, car il a choisi l’ignorance et la peur, détruisant les preuves de cette troublante théorie et les découvertes qu’on nous rapportait de l’extérieur. J’ignore combien de vos lettres j’ai ainsi pu rater, mais je vous assure que nous avons pris les mesures nécessaires pour éviter qu’une telle situation se reproduise. Soyez assuré que cet homme a été jugé pour ses méfaits et retiré de ses fonctions. Ses actions laissent cependant de nombreuses plaies à panser au Temple des Étoiles et parmi ma caste.

Toutes ces raisons m’amènent à vouloir retourner vers le Haut-Monastère. Ma caste a besoin de moi, et je sens que les étoiles me poussent vers la capitale. J’y pense depuis maintenant un moment, mais le temps est maintenant venu d’entamer ce voyage. J’espère que ce que nous avons découvert ici pourra apporter une lumière nouvelle aux recherches effectuées en Eridania.  

Vous pourrez bientôt compter sur mon soutien, mais, en attendant le jour béni où nous pourrons de nouveau nous serrer dans nos bras, prenez soin de vous, préserver vous du mal, et recevez, par ces mots, la bénédiction de la déesse des connaissances.  

Que Ténéis vous apporte les réponses à vos questions, et que celles-ci en fassent naître mille autres !

Phyrra Brynelis

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