Nouvelle cliente? [PV Morwen D]

Sujet: Nouvelle cliente? [PV Morwen D] Dim 31 Juil - 18:23

Un brouhaha routinier emplissait déjà la taverne en cette radieuse matinée. Derrière son comptoir, essayant une chopine, Isme observait rêveusement ses clients. après des années à écumer les pièces rigoureusement tranquilles des bibliothèques qu'elle trouvait, elle trouvait cette agitation bien agréable. Revigorante même. Sans compter la multitudes d'histoires qui arrivaient jusqu'à ses oreilles. Toutes n'étaient pas véridiques, ou bien honnêtes, mais il y avait toujours une information intéressante à grappiller à droite et à gauche. Le tout était de savoir démêler le vrai du faux, les colporteurs de rumeurs et ceux qui cherchaient désespérément à se faire mousser auprès de leurs pairs.

Cela faisait une semaine qu'elle n'avait plus été vue à son poste... Une semaine qu'elle avait disparu... Mais les habitués savaient qu'il ne fallait pas s'offusquer de ces fréquentes disparitions. Isme avait régulièrement la bougeotte. On savait qu'elle aimait les livres, les rares et anciens, ceux qui avaient survécu à la grande guerre. Dès qu'elle avait vent de l'une de ces merveilles, elle ne pouvait pas s'empêcher d'enfourcher Elrond pour aller vérifier de ses yeux l'existence de l'ouvrage. Et si elle pouvait, elle revenait avec. Elle le conservait alors précieusement le temps de le lire puis allait en faire donation à la Bibliothèque Lumineuse. Certaines mauvaises langues disaient qu'elle agissait ainsi parce qu'elle n'avait plus de place chez elle... D'autres comprenait qu'elle aimait que les gens puissent faire comme elle et s'instruire lorsque le désir se faisait sentir.

Cette fois-ci elle avait fait chou blanc. L'ouvrage s'était révélé arlésienne, belle rumeur enivrante qui n'avait fait place qu'à la déception, même si elle n'avait été que de courte durée. Bredouille, elle avait accordé une prière à Ténéis qui lui avait permis de découvrir une nouvelle route avant de retourner à ses "fausses" obligations de tenancières. Elle avait poussé la porte du Poisson Fringant avec un plaisir non feint, savourant les odeurs familières et les chants qu'elle avait finit par apprendre par coeur, aussi dépravés soient-ils... On avait accueillit sa silhouette généreuse et coutumière avec plaisir, portant un toast au retour de la propriétaire bibliophage.

Maintenant une bonne odeur de ragoût emplissait toute la taverne. C'était un indice sûr pour savoir si elle était là ou pas car elle seule possédait cette recette. Si elle était proche de Ténéis en idées et en principes, cette recette était bien la seule chose au monde qu'elle ne dévoilerait jamais... La seule chose que les clients savaient était qu'il était fait à base de sanglier et que certains faisaient le voyage de loin dans l'espoir d'en profiter. Régulièrement, Isme allait touiller un profond chaudron dont le contenu mijotait sur le coté de la cheminée de la taverne.

-Deux hydromels !!

Isme fut sortie de sa rêverie par l'une de ses serveuses. Elle s'exécuta promptement, remplissant deux chopine au tonnelet attenant au comptoir, profitant des fragrances miellés de la boisson ambrée. Puis elle les déposa sur le bois, juste devant elle, laissant son employé s'en charger. Une autre journée à la taverne du Poisson Fringant...

Un matin de Tymbé, Morwen se retrouvait seule une nouvelle fois. Elle ne comptait plus ces moments. Ça devenait une habitude et c'était mieux ainsi. La seule chose qu'elle ait faite la veille était d'un ennui qu'elle en pensa toute la nuit. L'entrée d'une nouvelle prêtresse... C'était si ennuyeux et pourtant il fallait que Morwen donna son approbation. Bien sûr qu'elle la donnait, elle la donnait toujours; de toute façon sinon la cérémonie aurait duré et duré. Non non et non ! L'ennui 5 minutes d'accord mais l'ennui d'une partie de la journée, il ne fallait pas rêver. Et pour bien gâcher sa journée, lorsqu'elle s'endormit, Morwen repensa à cette nouvelle prêtresse et à la cérémonie qui avait fait d'elle une prêtresse de Cimmeria. Cette cérémonie qu'elle avait passé à son tour. Ses rêves étaient, d'habitude, comblés d'obscurité et d'ombre. Pourquoi? Car c'est ce qu'il y avait de vrai dans la vie. Chacun a une partie sombre en soi, il faut juste la faire ressortir.

Le lendemain, une nouvelle mission d'espionnage l'attendait. En effet, elle devait se rendre à Tyrhénium et espionner. A la surprise générale de Morwen d'ailleurs. D'habitude, sa mission tourne autour d'une personne précise. Espionner une homme en question, tuer cet homme ou se jouer de lui. Mais là non. Rien. Elle devait aller dans cette ville et espionner le comportement des êtres vivants là-bas. La jeune femme ne comprit rien, ne refusa pas mais ne voulut pas, du premier coup, accepter cette mission. Morwen était une femme d'action, il lui fallait un grand besoin d'adrénaline. L'espionnage en est un. Le vrai car il y a toujours ce pincement au cœur au début qui a pour but d'éviter de se faire prendre. Morwen a perdu ce pincement maintenant; elle a toujours et fera toujours bien son travail; c'est pourquoi elle a accepté cette mission, inutile à ses yeux... Ses ordres étaient qu'elle devait envoyer des rapports au fur et à mesure par Ombril, son corbeau.

Morwen sortit donc pour sceller son cheval et prendre soin de lui avant de partir et de faire une longue route. De Cimmeria à Tyrhénium, ça faisait une longue trotte mais ça ne la gênait pas. Tant que son cheval supportait le trajet et qu'il ne se fatiguait pas plus qu'elle, tout allait bien. S'il fallait dormir car il y avait plus d'une journée de route, elle saurait se débrouiller pour faire du feu et trouver à manger. La chasse, c'était son truc. Lorsque son cheval fut enfin près, elle tourna la tête, vit une prêtresse et lui fit signe qu'elle partait. Elle monta sur son étalon noir, et commença au galop; son corbeau la suivant derrière elle. Le chemin dura de nombreuses heures et elle ne sut même pas dire si une journée s'était écoulée. Le temps avait passé vite pour elle. il n'y avait rien eut sur son chemin qui l'empêchait d'avancer alors...

Arrivée dans cette mystérieuse ville, elle s'attendait à voir des gens fous ou différents mais non. Là elle sentit vraiment la colère qui commençait à monter en elle. Pour la jolie femme, c'était une perte de temps alors qu'en ce moment même elle aurait pu avoir pour mission de tuer un homme ou de le torturer! Ce qu'elle aimait ça mais non, elle devait "espionner". Elle descendit de cheval pour le prendre par la traine et marcher à ses cotés. Elle souffla et chuchota les dents serrées :

"Tout le monde peut le faire ça."

Puis elle continua son chemin et s'arrêta devant une taverne, le Poisson Fringuant. Quel nom ridicule. Espérons qu'il n'y ait pas trop de poissons dans cette taverne sinon bonjour l'odeur. Morwen attacha son cheval dehors en lui soufflant un petit "Gentil." puis elle rentra dans cette taverne. Au premier coup d’œil, cette taverne n'était pas si mal et Morwen ne voulut pas s'installer à une table toute seule; elle préféra aller au bar. Bien que ce ne soit pas l'endroit parfait pour une pas être dérangée. Elle s'assit et commanda à boire. Elle fit signe à la serveuse et dit :

"De l'Huile de Bor, merci."

Isme était en train de ranger les dias que sa serveuse venait de lui rapporter lorsque la porte s’ouvrit sur une nouvelle cliente. Et quelle cliente ! Une sindarine comme elle mais du genre biens ombre. En la voyant la tavernière eut la subtile impression qu’elle ferait probablement la même tête si elle venait à gober une gourmandise particulièrement acide. A force de tenir ce commerce Isme avait développé une sorte de don, parfaitement inutile en dehors de ces murs, celui de déterminer le niveau de soif de ses clients. Entendez par là qu’elle avait l’œil de l’expérience, celle qui lui soufflait qu’un tel venait noyer son chagrin dans l’alcool, l’autre qui ne savait pas quoi faire d’autre et enfin celui qui venait juste s’abriter du froid ou de la nuit. Entre autre… Lorsque Morwen pénétra donc dans le Poisson Fringant sa propriétaire eut tôt fait de la détailler du regard pour voir à qui elle avait à faire. C’était aussi un moyen de se prémunir des bagarres…

Avec l’œil légèrement revêche, la poussière de la route encore accrochée à ses vêtements et une aura presque meurtrière, la prêtresse de Cimmeria fleurait bon les ennuis potentiels. La tavernière la classa dans la catégorie des « rentrés là pour se poser après un long voyage avec pour seule envie la solitude et un crâne à écraser, juste pour se passer les nerfs ». Elle pouvait se tromper, elle le savait et c’était déjà arrivé, mais elle avait apprit à déceler les indices de la mauvaise humeur qui vous poussez à répondre aux gens à coups de torgnoles plutôt que de bons mots… Sans compter qu’à force de bourlinguer à droite et à gauche son œil s’était aguerri à reconnaître ceux qui en distribuaient comme un moulin à vent ivre et ceux qui vous cueillez juste sous le menton, là où vous serez séché à coup sûr. A la façon dont cette demoiselle se déplaçait, elle avait plus à faire à une panthère rompue à l’art du combat qu’à un chaton qui virerait hystérique dès la première escarmouche. Même son ton, assez péremptoire en disait long sur son état d’esprit… Cela n’empêcha pas la sindarine de faire assaut de politesse et de chaleur humaine comme elle le faisait systématiquement…

-Le bonjour !

Méfiance donc… Mais Morwen avait eut la délicatesse, bien qu’involontaire, de venir s’installer au comptoir. Elle signifiait ainsi clairement qu’elle n’avait pas envie d’être ennuyée. C’était un bon point qui signifiait que bien qu’exaspérée, courroucée, agacée ou fatiguée, Isme ne savait pas trop encore lequel était le bon, la demoiselle n’était pas du genre à provoquer une bête bagarre pour le plaisir de se défouler. Et puis, plus prosaïquement, l’avoir au comptoir c’était l’avoir à l’œil bien plus facilement. S’emparant d’une chopine, un poil plus petite que celles réservées à la cervoise ou à l’hydromel, elle la remplit d’un liquide sombre, presque chocolat et assez épais. Une odeur forte d’alcool émana du récipient alors qu’elle le posait délicatement devant sa nouvelle cliente.

-Voilà pour vous Madame. Ca vous fera 9 dias…

La sindarine attendit patiemment devant sa cliente que cette dernière daigne la payer, tout du moins lui signifier qu’elle avait bien comprit le message… En attendant, elle passa un rapide coup de torchon sur le bois patiné par les milliers de verres qui y avaient déjà été servis. Ostensiblement, elle laissa son regard errer sur la mise de la prêtresse… Il n’était pas bien difficile de sentir qu’elle était arrivée à cheval. Au sens strict du terme... Elle n’avait la silhouette caractéristique des siens mais elle en avait les sens. Et passez plusieurs heures sur un cheval poussé au galop… Ca laissait comme un doux fumé…

-On a une écurie attenante pour votre cheval s’il a besoin de soins… Et je peux vous proposer à manger si la route a été longue. Histoire que cette alcool ne rencontre pas qu’un estomac vide…

Rien n’était pire que l’alcool seul sur les tempérament orageux. Un bon repas chaud dans un endroit accueillant faisait souvent des miracles par contre…

Une jeune femme, ce doit être la serveuse, arriva vers Morwen pour lui servir à boire. Morwen avala une gorgée de cet alcool, posa le verre sur la table; il était à moitié plein. Elle aimait prendre son temps avec ce verre. En même temps, 9 dias pour ça, valait mieux apprécier. Pas que l'argent pose un problème à la jeune elfe, au contraire, ce doit être la plus payée de l'ordre mais elle était très peu dépensière. Tout simplement car elle était très avare. Jamais elle ne s'arrêtait pour donner de l'argent à qui que ce soit ou quoique ce soit. Les seules fois qu'elle dépensait son argent, c'était pour boire, manger ou pour s'équiper. C'était ça le plus important, c'était ça la vie. Sans nourriture, il n'y a pas de vie, sans défense ni armure, il n'y a pas de vie. Du moins pas de ce monde de sauvages... Morwen tourna alors la tête plongeant son regard sur le verre d'un homme, près d'elle au bar. C'était un poltron, un bourré et ça se voyait tout de suite. Il souriait à Morwen comme si c'était un animal. Morwen grimaça alors férocement et ne revit plus cet homme au comptoir.

La jolie femme se retourna alors sur les paroles de la serveuse. Celle-ci lui demanda si elle voulait conduire son cheval dans les écuries et si elle voulait manger quelque chose pour accompagner l'alcool. Morwen tira un regard à cette serveuse comme si elle allait la tuer sur place. L'elfe n'aimait pas qu'on s'occupe d'elle et encore moins qu'on décide pour elle ce qui doit être ou pas. Alors si Morwen n'avait pas pris à manger c'est qu'elle ne voulait pas manger simplement parce qu'elle avait de la route et qu'elle n'aimait pas manger avant de partir. De plus, elle était venue ici pour boire, pas autre chose. Si pour autre chose, pour se détendre et ne pas parler car parler c'est pour les faibles, pour les idiots. Voyant que la serveuse ne se lassait pas et restait devant elle, Morwen ne voulut pas paraitre méchante mais désobligeante et dit :

"Que de politesse. Pourquoi tant de politesse pour moi? Vous fais-je rire? Ou faites vous cela à tous?"

Puis, après cette réplique menée avec un ton mesquin et agressif, Morwen prit son verre pour aller s'installer à une table non loin du comptoir mais elle pensait que personne n'allait plus la déranger et qu'elle allait pouvoir enfin trouver la paix dans son esprit sans être interrompue par une sotte de serveuse. S'installant à la table, elle vit son cheval et le contempla, le contempla si intensément que personne n'aurait pu lui enlever ce moment, ce moment si important pour Morwen. Le silence dans son esprit, le silence dans la salle... Ça ce n'était pas vrai... Il y avait un de ces bruits dans la salle, qu’est-ce qu'elle avait envie dans ce moment de se lever et de frapper, de fouetter voire tous les ivres de la pièce. Elle l'aurait fait sans problème mais elle savait qu'elle se serait faite virée alors pour 9 dias le verre, autant qu'elle le finisse avant de taper scandale.

Après avoir regarder son cheval, elle posa les yeux sur son verre et prit une autre gorgée. A cette allure là, elle en avait encore pour deux bonnes heures. En même temps, la mission qu'elle devait accomplir ne servait à rien. Franchement, observer les gens bourrés dans cette ville aussi loin de chez elle, autant s'arrêter au premier bar de Cimmeria; bien qu'ils soient très rares; et contempler les comportements des hommes. Ça aurait été la même chose. Morwen posa alors son verre contre le mur et sortit une feuille de papier avec une plume pour écrire. Elle allait marquer ses premières impressions.

"Le monde est le même partout; les hommes le sont aussi, les animaux aussi et les bars.... aussi. Que dire à part que mes premières impressions ici marquées sont le reflet d'ivrognes aux pensées salaces qui n'ont qu'un but, vous prendre dans leur filet sans pouvoir en sortir. Un monde comme un autre, des hommes comme les autres, les animaux aussi ainsi que les bars. Malgré mon dégout des politesses et des sympathies, une serveuse peut paraitre sympathique mais ne pas l'être. J'essaie de la déchiffrer au cours de mes instants passés à ses cotés."

Soudain, elle releva la tête.

Et bien, Isme avait vu juste. La petite dame était d’une sacrée mauvaise humeur, du genre à vous égorger dès le premier regard en coin. Mais, pour l’instant, elle semblait savoir se tenir et gardait un minimum de maîtrise d’elle-même pour se contenter de répliquer avec des paroles acides plutôt qu’avec de grandes baffes. Certains clients, ayant entendu l’échange, eurent quelques ricanements devant le comportement plus qu’excessif de la prêtresse. La tenancière les fit rapidement taire d’un simple regard, peu désireuse de voir la situation dégénérer. Cela ne l’empêcha pas de conserver son sourire, même si elle affrontait visiblement un mur. Ce ne serait pas Morwen qui mettrait à mal sa gentillesse ni sa bonne humeur…

-Je ne vois pas en quoi vous prêteriez à rire. Mais vous êtes ici dans une taverne qui offre certains services. Je ne fais que mon travail en vous les proposant…

Elle se garda bien de dire que manger ne lui aurait fait que du bien puisque l’alcool allait probablement accentuer encore son caractère « difficile » et que son cheval lui aurait été certainement reconnaissant de quelques bons soins après la route qu’il venait de faire. Elle espérait juste que la jeune femme irait s’en occuper plus tard, au moins pour le brosser et le débarrasser de sa sueur. Elle la laissa s’installer à une petite table non loin du comptoir. Elle avait tout intérêt à garder ses clients à l’œil, si jamais l’un d’eux la collait de trop près, elle serait bonne pour avoir la garde sur les bras.

Mais la jeune femme n’était ni omnisciente, quoi que l’on puisse penser, ni omnipotente. Si Morwen restait farouchement campée sur ses positions asociales, elle n’allait pas non plus la pousser dans ses retranchements en s’occupant d’elle. Et, de toute façon, elle avait d’autres clients qui réclamaient ses bons soins. Après un dernier regard vers elle pour s’assurer qu’elle n’avait besoin de rien, et constatant qu’elle était occupée à écrire quelque chose sur du parchemin, Isme retourna vaquer à ses occupations. Et aujourd’hui, étant là, elle était plus ou moins de cuisine.

Une cheminée trônait dans la taverne, un peu décentrée pour rester au niveau du comptoir, elle n’en restait pas moins imposante. Trois poulets étaient actuellement en train de rôtir et un chaudron était installé sur le coin, profitant d’une chaleur douce. Inutile de dire que les odeurs qui s’en dégageaient étaient appétissantes pour tout être normalement constitué. Isme continua à préparer son ragoût, se gardant bien de laisser ne serait ce qu’entrevoir les ingrédients qu’elle rajoutait parfois. Elle était à même de parler de beaucoup de choses, d’en révéler encore plus mais si elle avait bien un secret, c’était cette recette…

Pendant ce temps l’un des enfant d’une serveuse, un petit bout de 4 ans à peine qui avait l’habitude de jouer derrière le comptoir, à l’abris des jupes d’Isme, alla se planter devant la table de Morwen. Tout le monde avait l’habitude de voir la petite fille ici, chacun en prenant soin à sa manière. Quand sa tête blonde apparaissait les jurons disparaissaient. Et on évitait de lui marcher dessus… Fixant la jeune femme de ses grands yeux innocents, elle n’avait pas trop conscience du danger, espérant juste une nouvelle histoire…

-T’es qui ?

Voilà que maintenant que Morwen était tranquillement à sa table seule pouvant boire gorgée après gorgée son verre d'alcool et écrivant son compte rendu qu'une jeune fille, petite blonde vienne à sa table. Elle avait l'air innocente sous ses grands yeux. C'était tout l'inverse de Morwen lorsqu'elle était enfant. Elle paraissait sage et c'était rare chez les enfants. Mais qu'avaient-ils tous aujourd'hui? Pourquoi venir embêter une femme qui ne demande absolument rien à personne? Était-ce si compliqué que de ne pas lui adresser la parole? Morwen continua alors d'écrire ses notes ne portant pas d'attention à cette jeune fille jusqu'à ce qu'elle lui demande qui elle était. Sur c'est mots, Morwen ne savait pas quoi répondre, posa sa plume un instant et se tourna vers la petite.

Dans cette auberge, tout le monde devait se connaitre et les histoires devaient se répéter; comme d'habitude cette petite voulait surement connaitre une nouvelle histoire. Les enfants, à cet âge, sont à la recherche de nouveau contes et histoires pour rêver la nuit dans leur lit, repensant à cela tout au long de leur jeunesse. Plusieurs voyageurs avaient du passer par ici et laisser de belles marques dans l'esprit des jeunes gens. Morwen, elle même quand elle était petite, adorait écouter de nouvelles histoires "joyeuses". Malgré ça, elle était contre toutes sortes d'histoires qui ne retranscrivent pas la réalité de la vie. Oui car la vie n'est pas joyeuse, c'est l'inverse. La vie est remplie de périples qui ne méritent pas d'être racontés dans un taverne remplie d'ivrognes. La jolie femme n'allait donc pas répondre à cette petite comme elle aurait du, mais au moins elle était directe :

"BOUH ! hurla t-elle pour que la petite s'en aille."

Et la petite blonde courra derrière le comptoir pour se cacher. Morwen après ça, finit d'un coup son verre, en un gorgée. Ce qu'elle aimait ressentir cette chaleur dans sa gorge. Elle aurait pu en boire encore deux autres comme ça. Elle prit ensuite sa plume pour la ranger dans une de ses mystérieuses petites poches; prit ensuite sa lettre dans sa main et l'enroula comme un parchemin. Elle se leva ensuite de table et sortit un instant. Elle appela son ami corbeau et lui donna la lettre en lui ordonnant de la donner aux prêtresses. C'était le premier compte rendu.

Elle rentra une nouvelle fois dans la taverne pour se plaindre du dérangement. Oui, elle n'aimait pas qu'on ne sache pas ce qu'elle ressente. Elle s'approcha alors du bar pour retrouver la serveuse qui l'a servie. Elle la chercha, la chercha mais ne la vit pas du premier coup. Elle devait se remémorer son visage qu'elle n'avait pas véritablement regardé d'ailleurs. Pourquoi s'attarder sur des détails ou sur des gens qu'on ne verra plus jamais? La voyant enfin, elle prit la parole :

"Votre taverne n'est pas un lieu de tout repos."

Puis, elle repensa à l'enquête qu'elle devait faire et rendre aux prêtresses. Il lui fallait du lourd et elle n'allait pas pouvoir toujours écrire la même chose alors elle décida d'anticiper sa prochaine lettre en s'adressant toujours à la même personne d'une manière plus délicate.

"Au fait, vous connaissez bien cette ville?"

Puis elle s'accouda sur le comptoir.

L’enfant, terrorisée par Morwen, partit se cacher derrière le comptoir, se rencognant dans un coin en se recroquevillant sur elle-même. Les clients de la taverne étaient agréables d’habitude et elle n’avait jamais eut à souffrir d’une telle réaction. Ces dits clients lancèrent un regard en coin à la prêtresse, appréciant moyennement le mauvais tour qu’elle venait de faire à la petite… Mais la jeune femme avait l’air de ce qu’elle était : dangereuse, et ils savaient qu’Isme ne supportait pas la moindre bagarre dans son établissement. Ils préférèrent donc rester sages, comprenant que la femme ne ferait que provoquer des ennuis. Si elle ne semblait pas parvenir à voir l’établissement autrement que comme un lieu rempli de gens avinés, d’ivrognes notoires sans scrupules ni éducation, elle ne réalisait pas que c’était elle qui passait pour la sauvage et l’asociale du jour. Mais ces gens avaient l’habitude de croiser ce genre de personne assez régulièrement et ne se montraient pas plus offusqués que ça de ses grands airs. Ce n’était pas à eux de lui faire comprendre et si elle n’aimait pas, qu’elle parte. Ils seraient alors plus tranquilles…

Isméria fut soulagée de constater que la petite n’avait rien. Dès qu’elle avait entendue la dernière arrivée crier, elle avait eut peur qu’elle use aussi de ses poings. De quelques caresses et mots réconfortants, elle ne tarda pas à rassurer l’enfant, l’envoyant quémander une tartine de confiture en cuisine. Sa mère alla ensuite s’occuper d’elle, l’emmenant dans l’arrière cours pour qu’elle n’ait pas à recroiser la « vilaine dame ». La tenancière était aussi reconnaissante à ses habitués de ne pas avoir cherché à provoquer la voyageuse en s’en prenant à elle. Cela n’aurait pu que dégénérer…

Lorsque la sindarine revint vers elle, Isme affichait toujours son sourire, bien qu’il soit loin d’atteindre son regard. Elle avait un travail et une tâche qu’elle appréciait, elle faisait donc en sorte que tout se passe au mieux mais elle serait soulagée une fois que Morwen aurait quitté le Poisson Fringuant. Il y avait toujours une poignée de clients, même minoritaire, qu’elle n’aimait pas recevoir chez elle. Pour l’instant la prêtresse était en train de doucement, mais sûrement, se classer dans cette catégorie…

-D’un autre coté c’est une taverne Madame, pas la bibliothèque…

Sans compter que se faire accoster par une gamine n’était pas spécialement « violent » comme gêne… Prenant un torchon propre, elle entreprit d’essuyer une série de chopines qu’elle rangeait ensuite soigneusement à leur place. La demoiselle devait encore avoir besoin de quelque chose pour être ainsi revenue. Elle avait visiblement finit son verre, une serveuse l’ayant ramené dès qu’elle avait franchit le pas de la porte, avait refusé de quoi manger et n’avait pas plus que ça pris soin de sa monture… Bref, hormis pour des informations ou pour attendre quelqu’un, elle n’avait plus de raisons valables d’être là…

Chose qui se confirma avec sa question alors qu’elle se réinstallait tranquillement au comptoir. D’un autre coté, ce n’était pas comme si Ismé n’avait pas l’habitude de ce type de dialogue. Il n’était pas rare que les gens viennent à la taverne pour obtenir les dernières informations circulant sur une cité. Elle-même avait décidé de tenir ce type d’établissement pour cela… Sans cesser d’essuyer ses verres, elle se rapprocha de Moreen…

-Tout dépend de ce que vous voulez savoir exactement… Vous cherchez quelque chose ou quelqu’un en particulier ?

Ismé savait beaucoup de choses. Vraiment beaucoup. Mais elle n’allait pas se lancer sur un exposé détaillé sur la cité… Elle n’était pas certaine que la patience de la prêtresse soit suffisante pour cela…