Le début d'une nouvelle vie --- libre (Terminé)

Au coeur de la Forêt de Sphène, il existe une citée ne faisant qu'un avec la nature. Canopée, ville elfique, a vu le jour il y a des siècles et bien que le temps s'écroule inexorablement à l'encontre des mortels, ce lieux n'avait rien perdu de sa somptuosité d'antan. L'avantage quand on habite à Samach, était qu'on pouvait s'y rendre facilement et autant de fois que l'on voudrait. Il suffisait quelques jours de voyages pour rentrer dans ce lieux imposant et somptueux. Les habitants étaient amicaux et accueillants envers les gens qui respectaient le chef d'oeuvre de Délil. La sagesse empreignait chaque murs de cette citée et un certain apaisement prenait possession de votre âme quand vous marchez parmi les arbres. Mais ce qui faisait aussi la fierté de Canopée était les Cascades Vierges. Contrairement aux Cascades Nébuleuses, elles étaient d'une beauté inégalée et illuminaient plus que jamais ce lieux. Le vent courait au sujet de certains évènements étranges, des chants inconnus, des apparitions assez singulières...

C'est pourquoi, dès qu'elle avait le temps, Aliénor quittait discrètement le village des Eryllis pour rejoindre à dos de son compagnon la citée elfique. C'était aussi l'un des rares endroits qui logeait des humanoïdes dont Fenrir osait mettre la patte. Celui-ci était bien connu pour être anxieux et incontrôlable avec ces créatures marchant sur ses deux pattes arrières et qui portaient des choses sur leurs dos. A chaque fois que la jeune femme entrait dans la civilisation, il restait à l'extérieur et guettait le moment où elle ressortirait de cet enfer. Cependant, à Canopée c'était bien différent. Peut-être était-ce le fait que même avec la présence des hommes, ce lieux restait vierge et sauvage... Mais sa compagne prenait bien soin de l'éloigner des Sindarins.

Quoi qu'il en soit, Aliénor parcourait justement la citée sur le dos de Fenrir. Le soleil se cachait derrière d'imposants nuages sombres, annonciateurs d'un orage qui va bientôt éclater. De ce fait, beaucoup de personnes se sont réfugiés chez eux et il régnait un étrange silence dans les alentours. Pourtant, les deux amis continuaient leur route sans se soucier qu'ils prendront surement une bonne douche froide. Les gens oubliaient parfois que la beauté du paysage se faisait aussi sous des nuages noires et le grondement des éclairs. Canopée, n'était plus une cité resplendissante, elle devenait sombre, sauvage, primitive... N'était-ce pas quelque chose de somptueux de voir que la Nature reprenait ses droits tandis que la colère des Dieux se déchaînait dans le ciel ? Non ? Ah...

Fenrir se dirigeait vers les Cascades Vierges pour pouvoir s’abreuver. Aliénor, confortablement assise sur lui, ne l'en empêchait pas et observait le paysage d'un air rêveur. Mais elle fut soudain tiré de ses pensées par un grondement sourd. C'était Fenrir qui grognait et quand son amie suivit son regard, elle découvrit qu'une Elfe était installée contre un arbre à quelques mètres d'eux. Non loin d'elle, il y avait un cheval mais aussi un loup ou plutôt une louve - sinon Fenrir l'aurait défié - . Quoi qu'il en soit, Aliénor salua poliment l'Elfe d'un geste de tête avant de se pencher à l'oreille de son loup immense. Elle tenta de le réconforter, de le faire ignorer la présence de cette étrangère pour qu'il s’abreuve en paix. Se laissant caresser par le sens du poils, il accepta de faire un effort et se pencha sur la rivière pour se désaltérer.

Aliénor glissa du dos de son ami avant de lui caresser tendrement son flanc. Elle sortit de sa sacoche sa gourde en peau et s'agenouilla près du cours d'eau, aux côtés du loup géant. Elle récolta ainsi le breuvage frais sans faire attention à l'Elfe et à sa louve. Le silence était bien plus délectable que de simples mots jetaient en l'air.

Et dans les cieux, l'orage grondait.

[HS : Merci -^^- C'est aussi agréable de te lire =)]


Aliénor rangea sa gourde dans sa sacoche tandis que Fenrir continuait à s'abreuver. La jeune femme afficha alors un doux sourire en observant son compagnon, comme attendrie. D'un mouvement agile, elle s’assit au rebord de la rive et observa d'un air rêveur les Cascades Vierges. Ils n'étaient pas pressés, alors autant profiter de ce majestueux paysage. Le loup blanc, après s'être léché ses babines dégoulinant d'eau, en fit de même et se coucha derrière la Terranne pour lui offrir son ventre comme coussin. Alors, lâchant un soupir d'aise, Aliénor se laissa aller et alla se blottir contre lui. Les deux amis auraient été plus à l'aise si il n'y avait pas eut cette Elfe, mais ils avaient besoin de se reposer un peu avant de reprendre leur route.

Fermant les yeux un moment, l'Eryllis eut vent des paroles qui leurs étaient adressées. N'avait-on jamais dit à cette Elfe et à la louve qu'il était impoli de parler d'une personne derrière son dos ? Surtout quand cette personne détenait l'ouïe fine d'un Sindarin ? Alors un léger sourire plana sur ses lèvres, dissimulé dans l'ombre de sa capuche. Elle devait avoué qu'elle n'était pas discrète et voir qu'elle attirait toujours l'oeil l'amusait plus que cela lui vexait. Surtout que, apparemment, l'Elfe se méfiait d'elle. Sentiment qui était d'ailleurs réciproque. Quant à la louve, qui avait le surprenant don de la parole, Fenrir ne l'aurait pas laissé indifférente. C'est sûr qu'on ne croisait pas souvent des bêtes de ce gabarie. D'ailleurs, son loup avait toujours était solitaire et insensible aux femelles. C'était peut-être parce qu'il partageait sa vie avec une Terranne... Quoi qu'il en soit, il évitait par tout les moyens de rencontrer une louve, et à la pensée qu'il y en avait justement une à quelques mètres le mit mal à l'aise et Aliénor enfouit son visage dans le cou de Fenrir pour cacher son grand sourire d'amusement.

Soudain, la jeune femme sentit quelques gouttes s'écraser sur sa main. Surprise, elle leva aussitôt la tête vers les cieux, suivit de son ami. La pluie commençait à tomber, tandis que des zébrures illuminées fendirent l'air dans les immenses nuages noirs. C'était pas bon, pas bon du tout... Quelque chose lui disait que ce n'était pas qu'une simple averse. Alors, soupirant de lassitude, elle se leva et se retira à contre coeur du ventre de son ami qui lui procurait chaleur et réconfort. Elle observa un moment les Cieux, fermant par la même occasion ses yeux pour mieux déguster le contact froid de ces larmes divines sur son visage. Elle aurait put rester ainsi, mais étant raisonnable, elle savait qu'elle devait se réfugier.

- Allons bon, mon ami... Lâcha-t-elle à l'intention du loup blanc. Quelque chose me souffle que nous allons prendre une sacrée douche.

Fenrir se leva, étira ses muscles engourdis, et alla s'asseoir auprès de sa compagne. Cette dernière semblait pensive, observant ces nuages menaçant tandis que la pluie se déversait sur eux. Fenrir lui lécha le cou afin de la faire revenir sur terre. Alors, Aliénor eut un sursaut et, affichant un tendre sourire, elle lui caressa la tête, passant ses doigts sur le catalyseur bleu incrustée sur son front.

- Reprend ta forme, Fenrir... Tu vas finir par t'épuiser...

Il abdiqua et après s'être secoué, son corps se transforma pour reprendre la forme propre à sa race. Il faisait à présent la même taille qu'un loup, dépassant par la même occasion d'une tête la louve qui accompagnait l'Elfe. Aliénor caressa tendrement son ami en fixant le somptueux spectacle qui lui offrirent les Cascades Vierges. Elle semblait préoccuper.

- Nous devons trouver un abri, l'orage ne va pas tarder à éclater... Mais où ?

C'était là où tout le problème se posait. Elle pourrait aller dans une auberge, mais elle devra alors abandonner son ami, chose qu'elle se refusait catégoriquement de faire. Plutôt prendre la flotte que le laisser seul sous l'orage. La seule solution est de trouver un abri créait par Mère Nature : une grotte, un arbre dont les branches pourraient les protéger de la pluie... Ou bien, un personne bienveillante pour lui offrir un abri, elle et son loup.

- Allons-y Fenrir, nous finirons bien par trouver quelque chose en route...

Elle espérait en tout cas, où elle devra passer la nuit sous la pluie, blottie et frigorifiée contre son ami. Fixant une dernière fois les Cascades, elle fit volte face et sa vape claqua sinistrement. Son compagnon la suivit et Aliénor marcha dans une direction inconnue dont seul le destin guidera ses pas. En chemin, elle croisa le regard de cette Elfe aux yeux de fauves. L'échange se fit insistant, comme si chacune des deux femmes voulaient voir au-delà de leurs apparences et plonger dans les méandres de leurs âmes. Et un sourire se dessina sur les lèvres de l'Eryllis qui cru voir cette même méfiance se lire dans ses yeux. Peut-être qu'au fond, elles n'étaient pas si différentes. La jeune femme baissa la tête, dissimulée sous l'ombre du capuchon et continua sa route, le sourire toujours aux lèvres.

Spoiler:

Et la pluie s'abattait dans le monde des mortelles, inexorablement. Aliénor pouvait sentir les lourdes larmes divines s'écraser sur ses épaules et encombrer peu à peu sa cape qui s'engorgea d'eau. Alors ce fut comme si Mère Nature ne voulait pas laisser partir la Rôdeuse qui sentit qu'on la tirait vers le bas, comme si des mains sortaient des entrailles de la terre pour s'emparer de sa cape et entraîner la jeune femme vers les Enfers. Mais tout ceci n'était qu'illusion, hormis cette sensation d'être suivit.

Depuis qu'elle avait quittait les Cascades Vierges, elle se sentait épiée. Son ouïe, aussi fine que celle d'un Sindarin, crut percevoir des pas au loin. Mais les éléments se déchaînaient et il était impossible de savoir d'où venait ce bruit. Du vent ? De la foudre ? Du chant des arbres ? Ou le ruissellement de l'eau ? Allez savoir... Mais si son ouïe ne pouvait l'aider, Fenrir le pouvait. Depuis qu'ils s'étaient mis en route, ses oreilles se sont subitement rabattu sur son crâne et ses poils se dressèrent sur son dos. Il n’émettait aucun grognement, mais son comportement suffit à Aliénor pour confirmer ce qu'elle pensait. Fenrir avait donc sentit que des êtres les suivaient à la trace et la jeune femme ne voyait qu'une seule personne qui pouvait l'espionner : la Sindarinne. Pourquoi Diable suivait-elle l'Eryllis ? Qu'avait-elle derrière la tête ? Mais si elle voulait joué à ce petit jeu là, alors la Terranne accepta de rentrer dans la danse.

Elle adressa un sourire malicieux à son ami bipède pour lui prévenir qu'elle avait sentit le danger. Aussitôt, le loup blanc reprit une attitude normale et continua le chemin comme si de rien n'était. Pendant ce temps, Aliénor réfléchissait à un moyen pour se divertir. L'inconnue voulait la suivre ? Bien, pourquoi pas ? Une petite épreuve de pistage serait amusant pour elle... Comme pour la Sindarine... Enfin, c'était à voir. La Rôdeuse croisa le regard de son compagnon et, accompagné par un sourire mesquin, elle lui fit un clin d'oeil. Fenrir comprit aussitôt où elle voulait en venir et s'empressa de disparaître bruyamment dans la forêt, abandonnant sa compagne. Celle-ci accéléra sa marche, allant à l'opposer du chemin emprunté de son ami. C'est alors que le vent se leva, balayant avec sauvagerie ce qui était dans son chemin. Les arbres agitaient vivement leurs bras, donnant l'impression qu'à chaque moment une ombre passait dans les sous bois, et produisant un bruissement de part les caresses du vent sur leurs branchages. La pluie s'abattait dans un tintamarre assourdissant tandis que les hurlement de l'air s’élevaient dans les airs.

Les êtres qui se trouvaient alors en forêt se retrouvaient démunis de leurs sens : tout n'était qu'illusions. Les bruits, les mouvements... Et pourtant, il fallait trouver Aliénor. Celle-ci gambadait dans les bois, apparaissant dans l'horizon avant de disparaître dans l'ombre. On croit la voir un moment, mais vous vous rendez compte que ce n'était qu'un arbre qui agitait ses bras ou bien Fenrir qui courrait de toute part. Vous croyez entendre des pas, mais ce n'était que le vent qui mugissait, les feuillages qui s'agitaient, et le loup blanc hurlait, son chant se répercutant en écho. Et alors que vous percevez enfin l'Eryllis en compagnie de son loup, une vive lumière vous aveugle un instant, juste un instant, le temps aux deux silhouette de disparaître de votre vue, tandis que le bruit assourdissant du tonnerre résonne dans votre tête...

Spoiler:

Aliénor fut la première surprise en constatant que la Sindarinne ne lâchait pas aussi facilement l'affaire. Comme elle s'y attendait, elle avait mordu à l'hameçon et à présent elle usait bien des stratagèmes pour poursuivre la Rôdeuse. Mais pourquoi toutes ces ruses ? Eh bien, à dire vrai... Elle ne savait pas ! Peut-être était-ce pour passer le temps, ou bien, pour s'amuser un peu. Un drôle de jeu d'ailleurs. Cependant, c'était l'inconnue qui avait commencé, n'était-ce pas à elle qui l'avait suivit dès le début ? Mais pourquoi l'avait-elle suivit ? Était-ce par curiosité ? Ou au contraire par mal ? Peut-être était-elle là pour l'assassiner... Ou pas.

Enfin, oublions un petit moment toutes ces interrogations, Aliénor avait d'autres occupations sur le feu et la première était de savoir comment allait-elle diriger cette petite course poursuite. Elle mettait toutes en oeuvre ce dont elle avait apprit durant toutes ces années en tant que Rôdeuse, mais aussi en tant qu'Eryllis. Une ombre dans l'obscurité, une feuille parmi la végétation abondante, un soupir au milieu des zéphyrs. Faire qu'un avec la nature, se fondre avec elle, devenir comme elle... Voilà ce dont elle avait acquit de part son apprentissage et en partageant sa vie avec les Dieux Délil et Fen. Elle se mouvait comme l'ombre d'un félin, se déplaçant avec agilité et souplesse à travers les arbres imposants, silencieuse et se plongeant dans les Ténèbres avec une aise troublante. Si la Sindarinne arrivait à la suivre, c'est qu'elle était bien plus douée qu'elle l'aurait imaginé.

Cependant, après un long moment de course effrénée, la Rôdeuse sentit peu à peu ses forces faiblirent. La terre et la pluie se ralliaient et semblait conspirer contre l'Eryllis. La boue, se formant au sol, ressemblait à s'y méprendre à un piège mortelle : avalant goulûment les chevilles de la jeune femme, elle tentait de faire la Terranne sa prisonnière afin qu'elle lui reste éternellement liée. Aliénor devait alors usait bien de ses forces pour s'extraire de son étreinte mais, comme si cela ne suffisait pas, le pluie avait décidé de s'y mêler ; noyant tout ses vêtements, la jeune femme avait l'impression qu'une main invisible tentait de la tirer vers les entrailles de la terre... Autant vous dire qu'elle usait beaucoup de son énergie afin de tenir face aux éléments.

Alors, tandis qu'elle gambadait comme une biche dans les bois, elle émit un long sifflement, strident, qui alla se répercuter dans les alentours. Voilà qui n'était pas très futile de sa part ; n'allait-elle pas être ainsi repérée par sa poursuivante ? Peut-être bien, mais c'était là aussi le but recherchait. Soudain, un bruit saccadé, semblable à une bête au galop, parvint à ses oreilles. Alors, un sourire malicieuse se dessina sur ses lèvres et, s'arrêtant un instant, elle tendit le bras. Un court instant plus tard, une masse blanchâtre jaillit des ombres des arbres et vint subitement frôler le corps svelte d'Aliénor. Cette dernière referma alors ses doigts et faisant une vive poussé sur ses jambes, elle bondit hors de l'emprise de la boue avant de se coucher contre cette silhouette immaculée. Fenrir était sortit de nul part à une vitesse prestigieuse et dans un tour de main agile, l'Eryllis eut tout juste le temps de sauter sur son dos. A présent, elle partageait cette course effrénée avec son ami à quatre pattes et, sentant comme une poussée d'adrénaline, Aliénor lâcha des rires sonores et aux timbres cristallins. Il semblerait qu'elle s'amusait, comme une petite enfant. Et quelle agréable sensation que de joindre son souffle au loup blanc, sentir le sol se dérobait sous ses pattes dans un tintamarre semblable aux tambours et de soulever sa poitrine en même temps que le corps de l'animal était prit d'un spasme... Elle avait l'impression de faire qu'un avec lui.

Le course folle ne cessa qu'au moment où Fenrir se hissa jusqu'au sommet d'un rocher surplombant les Cascades Vierges. Aliénor fut alors époustouflait pas le spectacle qui se dressait sous ses yeux : une vue imprenable de Canopée plongé dans la noirceur de la nuit. Dans le ciel, l'orage faisait rage et des zébrures lumineuses jaillissaient de la voûte céleste et arrachaient durant une fraction de seconde le paysage des Ténèbres qui régnait. Voici la sauvagerie de la Nature, dans toute sa splendeur.

La Rôdeuse mit pied à terre et laissa son regard vagabonder, d'un air émerveillé, sur ce tableau des plus saisissant. Et la course poursuite alors ? Oh, elle avait assez joué pour aujourd'hui et fut satisfaite du résultat. D'ailleurs, elle ouïe les pas de sa partenaire de jeu et sans même se retourner, elle lâcha d'une voix chaude :

- Tu es plus douée et persévérante que je n'aurais imaginé, Délil ne doit plus avoir de secret pour toi... Mais dis moi...

Elle fit volte face, sa cape claquant au vent, et planta son regard dans ceux de l'étrangère :

- Pourquoi me suivais-tu ?

(HS : Ce n'est pas grave je peux comprendre j'ai eu le même problème ! Désolée de répondre si tard et en plus, avec un post aussi court.. ^^")

Dans cette course effrénée les éléments se déchaînaient, la montée des eaux provoquerait bientôt la crue de la rivière qui sortirait enfin de sa torpeur et inonderait les rives permettant ainsi la pousse de nouvelles plantes, ainsi était le cycle naturel du monde. Mais la période des pluies cesserait bientôt et laisserait place à Nivéria. Sa volonté n’avait d’égale. Les sifflements de la jeune femme la guidèrent plus aisément encore et arrivant finalement au rocher surplombant les cascades elle reprit sa respiration, essoufflée par cette course d’adresse et de vitesse. Dos à elle, ses paroles vibrèrent dans l’air.

“ Tu es plus douée et persévérante que je n'aurais imaginé, Délil ne doit plus avoir de secret pour toi... Mais dis moi... ”

Puis elle fit volte-face. Son expression restait impassible, et son regard perçant se riva alors sur la jeune femme. Elles restèrent ainsi un moment jusqu’à ce que Kira arrive enfin, et Æternum ne souhaitant pas faire davantage de chemin s’arrêta au bas de l’imposant rocher. La jeune louve tout aussi essoufflée qu’Adhénora ne dit rien et s’allongea à côté d’elle, reprenant des forces pour le retour.

“ Pourquoi me suivais-tu ? ”

Eil ne fut pas surprise de la question de l’inconnue et à présent elle en était presque certaine, cette Terran faisait partie des Eryllis. En vue de ses capacités le contraire aurait étonné. Qui plus est, c’était une femme. Le tutoiement pris alors place dans la conversation.

“ Tu ne t’en doutes même pas un peu ? J’aurai pensé que tu le savais. ”

Puis elle reprit après un court silence d’une voix ne laissant transparaître aucune émotions :

“ Si je ne me trompe, tu fais partie du clan des Eryllis. J’ai tort ? ”

Un sourire malicieux naquit sur ses lèvres et Eil la fixa derechef attendant une quelconque réaction de sa part. À l’entente du mot « Eryllis » Kira avait relevé légèrement la tête et dressé les oreilles, intéressée. Elle ne savait que trop bien ce qu’avait la jeune Sindarin derrière la tête.

La réponse ne se fit pas attendre, mais déconcerta quelque peu la Rôdeuse. Douter de quoi ? Dans les bas quartier, suivre une personne signifiait qu'on voulait soustraire quelque chose à cette dernière et ceci n'inspirait rien de bon. Mais quelque chose lui disait que ce n'était pas pour sa bourse si cette Sindarinne l'avait suivit. Se connaissait-elle ? Non, son visage ne disait rien à Aliénor... Mais alors quoi ?

Après un court silence, l'inconnue lui posa une question, pour le moins surprenante ; elle voulait que la jeune femme confirme le fait qu'elle soit dans la caste des Eryllis. Cachée dans l'ombre de son capuchon, on ne pouvait savoir la réaction qui était imprégnée dans le visage d'Aliénor, mais ce qui était sûr, c'était qu'elle fut des plus surprise. Comment pouvait-elle supposer qu'elle en était une ? Ce n'était pas écrit "Eryllis" sur son front ! Une grande partie de la population doutait de leurs existence, mais il semblerait que ça ne soit pas le cas pour la Sindarinne. Et puis, pourquoi tenait-elle tant à savoir ? Pour trouver le fameux village des Amazones ? Avait-elle de bonnes ou mauvaises intentions ?

Quoi qu'il en soit, un sourire amusée se dessina sur ses fines lèvres et, croisant ses bras, elle déclara d'une voix moqueuse et profonde :

- Mais que me vaut cette honneur d'être prise pour ces femmes légendaires ? Eh bien, non, je n'ai pas la moindre idée du pourquoi tu m'as suivi... Je croyais que tu voulais me poignarder dans le dos, me voler mon argent ou bien encore, que tu désirais satisfaire une curiosité un peu trop soutenu... Alors je te le demanderai une dernière fois : pourquoi me suivais-tu ? Et fais moi plaisir, évite les balivernes, j’exècre le mensonge...

Le timbre de sa voix n'était pas si austère comme on pourrait l'imaginer. Non, elle semblait calme, d'une voix sereine mais quelque peu moqueuse. Un petit sourire était gravé sur ses lèvres et elle semblait regarder l'inconnue avec curiosité. C'était qu'elle était face à une personne pour le moins intriguante... Et si, par le plus grand des hasards elle cherchait à rejoindre les Eryllis ? Eh bien, Aliénor préférait ne pas y penser. Elle ne pouvait pas réellement refuser car, après tout, toute personne a le droit d'une deuxième chance parmi ses soeurs.

En attendant, l'orage grondait toujours dans les cieux...

Spoiler: