Deux Emissaires dans la Nuit

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 Deux Emissaires dans la Nuit

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MessageSujet: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeMer 25 Jan - 23:23

Cela faisait maintenant deux jours qu'Irina planifiait dans l'ombre. De longues journées passées à couvrir ses arrières et à envisager tous les cas de figure, toutes les possibilités, seulement entrecoupées par son travail. Elle avait longtemps pensé à envoyer quelqu'un à sa place, mais finalement elle en était parvenue à la conclusions qu'elle ne faisait confiance à personne. Elle accordait difficilement sa confiance c'était un fait, mais là il s'agissait de davantage que cela. Les seules personnes qui étaient dignes ne possédaient pas le sang froid et le cran nécessaires pour mener à bien une telle mission, alors elle avait suivi l'adage populaire en se servant par elle même.

C'était donc il y a deux jours et deux nuits qu'un jeune messager était arrivé au temple de Kesha, alors que la nuit était déjà tombée. Il avait clamé que son message ne devait être délivré qu'à la Haute Prêtresse, cette garce d'Elerinna, pour ne pas la nommer. A partir de ce moment son destin fut scellé. Quelques unes des apprenties qui le reçurent firent appeler Irina conformément aux ordres que cette dernière leur avait donnés, et la suite se passa très vite. N'hésitant pas une seule seconde à se faire passer pour Elerinna, sa seconde accepta le message et remercia le messager qu'elle traita avec les plus grands égards. Endormant sa méfiance en l'invitant à prendre un thé pour le remercier de sa peine, elle joua de sa timidité pour lui faire comprendre que refuser l'hospitalité des prêtresses serait très mal venu. Elle n'eut guère besoin d'insister, car pieux comme il était, il se plia assez vite à ses quatre volontés. Glisser le contenu d'une de ses fioles dans sa tasse fut un jeu d'enfants, et c'est assez paisiblement que le jeune homme s'endormit pour ne plus jamais se réveiller.
Les apprenties acquises à la cause de la rouquine crurent que le messager était reparti... alors qu'il était désormais quelque part dans les antichambres de l'Ordre, un homme parmi tant d'autres à avoir péri. Personne ne le chercherait là bas, et assez vite son corps serait mis à l'écart, enterré comme n'ayant pas de famille ni proches. Dans le pire des cas Irina pourrait toujours aller le récupérer, afin que sa mort ne soit pas veine et qu'elle permette à sa science de progresser. Ce ne serait pas la première fois, pas plus que la dernière...

Se glissant dans une tenue propre en ce début de soirée, Irina avait vu la nuit tomber sur les étendues enneigées de la ville, couvrant les toits d'une autre couche de poudreuse qui ne fondait que très rarement, lors des beaux jours qui étaient encore loin. L'hiver battait son plein, et le froid était mordant même pour les natifs de Hellas. La capuche rabattue sur son visage la protégeait en partie de la brise froide qui régnait dans le temple en toutes circonstances, couvrant sa chevelure qui la rendait trop facilement identifiable. C'est donc dans sa tenue la plus chaude mais la plus modeste qu'elle prit la direction du parloir, conformément aux brèves directives convenues dans la lettre qu'elle avait intercepté. Normalement personne ne devrait se douter de quoi que ce soit, mais comme toujours elle préférait se préparer à tout.

Prenant place dans cette structure de marbre blanc sculptée d'arabesques élégants séparant la pièce en deux parties égales mais avec des points d'accès différents, Irina relisait la missive encore et encore. Le Major Millenia Rigane était quelqu'un d'important, et cette missive lui paraissait trop informelle pour être crédible. Elle n'était à priori pas très proche d'Elerinna, ce qui laissait supposer que soit elle était désespérée pour demander ainsi son aide ; soit il s'agissait ici d'un mystérieux message faisant office de pourparlers desquels elle ignorait l'enjeu. Dans un cas comme dans l'autre la situation était intéressante et pouvait lui être profitable si elle était capable de tirer son épingle du jeu.
L'opération était risquée c'était un fait, cependant cette entrevue nocturne et arrangée par paroi interposée l'arrangeait. Ainsi elle pouvait faire le plein d'informations sans éveiller les soupçons et puis qui sait, elle pourrait peut être en obtenir plus qu'elle n'espérait ? Seul le temps le dirait. Se levant pour vérifier qu'on ne verrait rien à travers la cloison de bois parsemée de petits trous qui permettaient de faciliter la communication, elle se rassit finalement et se tint tranquille et silencieuse. Ce fut alors que Raven, son compagnon de toujours vola sans un bruit pour se poser sur son épaule. L'oiseau au plumage de jais était pratiquement invisible dans la nuit, et pourtant Irina avait senti sa présence. Ils avaient leur façon bien à eux de se comprendre, même si personne d'autre ne semblait partager leur point de vue. C'est par le biais de l'esprit qu'il s'adressa à elle, montrant qu'il était lui aussi intéressé par cet entretien.


.° Il approche. °.

Un bruit de pas se fit effectivement entendre, alors avec un sourire perçant à travers les plis du tissu blanc qui couvrait sa tête, la Vipérine l'accueillit.

« Soyez le bienvenu dans la demeure de Kesha. »


Dernière édition par Irina Dranis le Mer 15 Fév - 13:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeMer 15 Fév - 8:44

Il y avait plusieurs pays à Istheria, et plusieurs dirigeants tous différents, chacun régissant ses terres de manière différente. Mais il y avait un pays particulier, un pays où le dirigeant ne dirigeait que peu de choses, un pays où l’homme le plus important n’était autre qu’une marionnette, une pauvre victime de chantage sans la moindre chance d’obtenir un jour une marge de manœuvre, car autour de lui, ses maîtres chanteurs étaient tout puissants.
Ce pays, c’était Cimméria, et les personnes qui tenaient le maire dans leurs mains, c’était les prêtresses, ces femmes que tous admiraient ou presque, que tous pensaient immaculées et noble d’âme comme d’esprit.
Bien sûr, il existait des personnes plus ou moins au fait de la situation, et ces personnes vous auraient dit qu’il fallait croire que nulle part en ces terres vous ne trouverez de gouvernement qui ne soit corrompu.
Il y avait ces initiés, et il y avait les autres, ces crédules petites gens, ceux qui croyaient encore en la parole de leurs guides.

Veto faisait parti de la deuxième catégorie, du moins l’était-il au moment de cet épisode et le serait-il encore un temps après.

Arrivé à Hellas par une journée de tempête, balloté par le trot d’un fier destrier des glaces contre le buste puissant d’un garde cimmérien qui tentait en vain de le réchauffer sous son manteau, il avait une image tout à fait idyllique de la cité unique du pays enneigé.
Tout le monde s’était toujours demandé comment il avait pu s’enfoncé à ce point dans le désert de glace sans monture et si mal équipé. On l’avait même longtemps pris pour un fou, mais la vérité était qu’il n’était pas le seul à avoir subit cet étrange destin. Nombreux étaient les habitants de Hellas à avoir échoué ici sans l’avoir vraiment voulu et à s’y être si bien habitué qu’ils n’en étaient jamais repartis.
Quoi qu’il en soit, le jeune homme qu’il était, si peu saint d’esprit qu’il put être, fut ainsi sauvé par la garde cimmérienne et apporté au temple des prêtresses de Kesha où celles-ci firent le nécessaire pour le remettre sur pied. Pour remercier ce pays, il s’engagea alors dans son armée. C’était pour lui le meilleur moyen de payer sa dette et d’économiser assez d’argent pour quitter ces terres et continuer son périple, mais voilà bien plus de cinq années qu’il se contente de suivre les ordres et s’oublie dans une routine si bien huilée qu’elle en devenait abrutissante, jusqu’au jour de cette mission. Une mission qui allait changer sa vision du pays qu’il considérait comme le sien désormais, sa vision des prêtresses qu’il pensait aussi pures que leurs paroles, sa vision de l’armée qu’il croyait dévouée à la protection de tout cimmérien.

Le maire revenait au pays. Sa visite diplomatique en Arghanat fut festive en apparence, mais très particulière pour Veto Havelle, un seconde classe bien perdu au milieu d’un chaos qu’il pensait impossible.
Lorsque l’un de ses supérieurs l’avait emmené à l’extérieur du manoir pour le charger d’une mission bien particulière et au-dessus de ses capacités, il ne s’était pas attendu à ce que sa vie soit ainsi mise en jeu et par la suite bouleversée.


*

-Vous vous rendrez demain soir au parloir des lépreux. Vous vous souvenez du code ?
-Oui, grande sœur. Il était simple.

Façon de parler. Pour les capacités intellectuelles de Veto, remplacer toutes les personnes qui auraient pu être cités par d’autres bien précises auraient dû être fastidieux mais le jeune garde se joua du cryptage avec une facilité déconcertante.

-Ne posez pas de question. Transmettez simplement ce que vous savez.
-Mais…
-J’ai compris que vous aviez perdu une bonne partie de ces informations, mais faites un effort et fournissez un maximum de détails.


Le jeune homme encapuchonné baissa la tête, déçu de son inefficacité et conscient qu’il n’aurait pas grand-chose à faire parvenir. Tous ces risques pris, cette mort frôlée,… tout ça pour rien ou presque. Mais puisque c’étaient les ordres. Millenia semblait absolument tenir à ce rapport qu’elle ne voulait pas entendre. C’était son major et il devait l’écouter, lui, un simple soldat.
La silhouette encapuchonnée de blanc disparut au coin de la ruelle et il attendit comme elle le lui avait ordonné plusieurs longues minutes avant de partir dans l’autre direction. Il arriva à la caserne quelques minutes avant le couvre-feu. Ce ne fut pas le cas de Valroïd qu’il dut aider à entrer par la fenêtre juste avant que le capitaine ne vienne constater la présence de toute la chambrée.


-Val. J’aurais besoin de sortir la nuit prochaine.
-Pourquoi faire ?
-J’ten pose des questions ?
-Silence. Il y en a qui essaye de dormir.
-T’auras bien le temps de pioncer demain durant le boulot, feignasse. Ok, Veto. Va pour cette fois. Je devais sortir moi aussi de toute façon.
-Merci.

-Chut.

Deux secondes après l’injonction de Fenri, l’aspirant Moufti passa la tête et sa chandelle à l’intérieur de la chambre, suspicieux et manifestement pas sûr d’avoir entendu les voix venir de cette chambre ou d’une autre.

*

-Rendez-vous dans quatre heures ici. Si t’es pas là, tu te démerdes pour rentrer !
-Pas de problème. À tout à l’heure.

Les lunes n’arrivaient pas à percer la couverture nuageuse menaçante qui durait depuis la veille au soir sans vouloir lâcher ses flocons. Le fait était que la chaleur de la journée, si infime qu’elle était, ne repartait pas, ou moins, durant la nuit, et que le vent était très faible. En somme, c’était une très belle nuit, très douce, très sombre.

Le temple était majestueux et imposant, grande ombre noire découpée dans la nuit bleutée. Il passa devant sans s’arrêter, contournant l’enceinte pour accéder à une petite annexe à l’opposé de l’entrée principale. On appelait ce bâtiment le parloir des lépreux parce qu’à une époque, ces pauvres contaminés vivaient reclus à l’intérieur lorsque l’épidémie avait frappé la cité et leur famille pouvaient venir leur rendre visite sans trop de risque.
Désormais, le fonctionnement était inversé : les prêtresses y tenaient une permanence régulière et les malades très contagieux pouvaient y venir se confesser en toute sécurité pour les prêtresses et les autres fidèles.

Le bâtiment était glacial et une atmosphère viciée y régnait. Était-ce une vision de l’esprit ou un fait ? La croyance populaire véhiculait tellement de fables sur ce lieu qu’il était évité de tous. On disait qu’on pouvait tomber malade rien qu’en en franchissant le seuil, voir même simplement en posant son regard sur la porte. Mais l’odeur d’alcool et d’autres produits peu agréables en narines laissait imaginer à Veto l’acharnement à désinfecter régulièrement le lieu.

Il gagna un des petits boxes servant de parloir. Mal installé sur un agenouilloir, son regard était à hauteur d’un petit carré de tissu noir tiré aux quatre coins par des clous. Il n’y avait pas de lumière pour ne pas attirer l’attention. Ce bâtiment devrait être fermé la nuit.


-Merci de me recevoir en cette heure tardive noble prêtresse. Puis-je me confesser sans crainte ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeDim 26 Fév - 17:00

Il était évident que cette rencontre improvisée allait mettre la patience et les capacités d'improvisation d'Irina à rude épreuve, ce qui pourtant ne l'avait pas dissuadée de poursuivre. Même si cela faisait partie des quelques tâches ingrates qui lui insupportaient, ce coup-ci elle était prête à faire ce sacrifice dans l'espoir de rajouter une nouvelle série d'armes dans son arsenal. La guerre contre Elerinna était déclarée depuis longtemps maintenant, et bien que cette dernière soit froide pour l'instant, l'esprit paranoïaque de la demoiselle ne pouvait s'empêcher de penser que sa rivale œuvrait également dans l'ombre pour tenter de se protéger de ses assauts à venir. Se tenant droite sur le siège de bois de son côté du parloir, elle attendait le visiteur qui finalement la rejoignit en silence. Elle ignorait si c'était par piété, par crainte ou par méfiance, mais au final le résultat était le même et cela lui convenait parfaitement.

Théoriquement personne n'était au courant de leur entrevue, puisque le courrier intercepté n'était jamais parvenu à son réel destinataire, et qu'en plus de ça Irina n'avait partagé ce secret avec personne. Pas tant que ce ne serait pas strictement nécessaire, car les choses étaient bien assez compliquées comme ça. Ses apprenties n'avaient pas à être mêlées à ses sombres combines, d'autant plus que si elle venait à être démasquée, elle risquait non seulement sa position de prêtresse de premier rang, mais aussi et surtout de subir le même sort que sa mentor, abandonnée dans le labyrinthe de Zaléra.
C'est en gardant tout cela en tête qu'elle répondit enfin à Veto, avec une voix calme et légèrement solennelle. Quitte à devoir jouer le jeu, autant s'amuser un peu...


« Je vous en prie, vous savez bien que nos portes sont toujours ouvertes. Parlez donc sans craintes, car Kesha elle-même a scellé mes lèvres closes. »

Elle prit une pause et l'espace d'un instant se prit à espérer qu'il lui soit possible de voir à quoi il ressemblait. Non que cela ait une importance capitale pour ce qui allait suivre, seulement il serait plus facile de comprendre ce qui se tramait en voyant son visage. Seulement ce serait trop facile et il était trop tôt pour tirer des plans sur la comète. « Chaque chose en son temps » se promit-elle. Cette fois-ci son impétuosité ne lui mettrait pas des bâtons dans les roues, ce n'était tout juste pas envisageable. Se forçant à ignorer l'odeur de désinfectant, la rouquine se dit que cette salle n'était pas si mal après tout. Paradoxalement et malgré ce que de nombreuses personnes jugeraient comme un manque de goût, elle ne changerait pas d'avis. Le danger et l'adrénaline étaient sa drogue, et cet endroit plus que n'importe quel autre était le symbole de la lutte des prêtresses contre la maladie et la mort. C'était le bastion de retranchement dans leur bataille incessante.

.° Un bastion, hein ? C'est une jolie formule, femme. °.
.° Oh, la ferme le piaf. °.

L'échange entre Irina et son compagnon à plumes avait de quoi en déconcerter plus d'un, alors heureusement il avait lieu par télépathie, dans un lien unique qui les unissait sans trop qu'ils sachent pourquoi. C'était comme ça depuis toujours, c'est tout. Revenant à ses moutons pour ne pas perdre pied, la jeune femme s'éclaircit la gorge, puis parla à nouveau, dans un ton bien plus cordial.

« Votre grande sœur avait l'air très inquiet à votre sujet, et m'a demandé de vous rencontrer le plus vite possible. J'ignore donc de quoi il s'agit, mais je suppose que vous pourrez pallier à cela. De quoi souffrez vous tant, jeune homme ? »
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeDim 11 Mar - 22:43

Leurs premiers échanges, bien que presque murmurés, résonnaient encore doucement dans le grand bâtiment vide. Veto se sentait mal à l’aise. Il savait qu’il agissait contre le maire qu’il était sensé servir, mais d’un autre côté, ce qu’il avait appris lui montrait bien que ce notable n’était peut-être pas tout à fait l’homme droit qu’il avait toujours imaginé. Les souvenirs qui lui restaient de cette soirée n’étaient que très fragmentaires désormais mais il avait bien compris que le maire et Tekum Seh étaient désormais liés par des affaires bien peu scrupuleuses.

Une autre raison à son mal-être était cette perte de souvenirs qu’il avait eue. Souvent, lorsqu’il cherchait à se souvenir en détail de ce qu’il avait pu espionner, un flash douloureux perçait dans son esprit, lui montrant encore le regard pénétrant du sindarin qui l’avait surpris alors.

Il revivait souvent cette soirée depuis qu’elle s’était produite, et Kesha savait comme le retour avait semblé long et l’attente une fois à Hellas aussi. Il avait hâte de se libérer de ce poids, ou au moins de le partager. Raconter ce qu’il s’était passé là-bas, mais Millenia lui avait bien fait comprendre que ce n’était pas à lui de la contacter mais à elle.
Il avait bien dû alors s’écouler une semaine depuis qu’il s’était infiltré dans le manoir d’Arghannat. Désormais, les bribes de souvenirs qui lui en restaient ne lui permettaient presque plus d’être sûr que tout ceci se soit réellement passé. C’était finalement les récentes entrevues avec une Millenia Rigane plus froide et tendue que jamais qui l’en avait à nouveau convaincu.
Mais il était sûr d’une chose, ce n’était pas le temps qui effaçait sa mémoire, ou plutôt, qui l’avait effacée. Désormais, les choses semblaient stabilisées, et il était presque sûr que le Sindarin avait usé d’un pouvoir sur lui pour lui faire oublier un maximum de chose. Le fait qu’il ait été tué avant qu’il ait terminé expliquait aussi certainement qu’il se souvienne encore de certaines choses. C’était comme si cet être avait posé des entraves psychique dans son esprit qui persistaient sans mal après sa mort.

Veto ne savait rien des affaires entre son Major et les prêtresses. Il avait simplement compris qu’elle était un contact d’une de ces femmes de foi dans l’armée et qu’elle n’était ni la seule, ni la première.
Lui n’était qu’un messager, un simple intermédiaire.
Les précautions étaient nombreuses. Millenia voulait que les informations soient remises à la prêtresse en personne et que Veto ne parle jamais de cette histoire, ni avec elle, ni avec quiconque. Elle l’avait énormément menacé d’ailleurs, sans gêne mais toujours en privé.
Elle semblait très douée pour les rendez-vous privés et secrets. Qu’ils se déroulent avec elle ou avec quelqu’un d’autres d’ailleurs. Cet endroit était décidément bien choisi : fuis de beaucoup, désert la nuit, isolé, craint par la plupart…

Quoi qu’il en soit, c’était de cette femme que l’inconnue à la voix de femme, étouffée par le bois et le tissu, disait sa grande sœur.
Veto resta silencieux un moment qui s’éternisa un peu. Il était réellement honteux. Une boule était en travers de sa gorge et elle se fit entendre lorsqu’il finit enfin par répondre.


-J’ai perdu la mémoire, ma sœur.

Il déglutit difficilement et s’agita sur ses genoux, fermant les yeux. Il avait réellement l’air d’un croyant repenti, ainsi agenouillé, la tête basse.

-Ces dernier temps, ce…

Il s’arrêta. Il parlait trop bien. De manière trop cultivée. D’une voix trop naturelle aussi. Il faillit s’éclaircir la gorge et puis toussa doucement, avant de simuler l’étouffement silencieux d’un tuberculeux. Sa gorge se mit alors à le brûler et il lui sembla que cela serait suffisant. Millenia avait été claire. Les espions étaient partout. Il devait prendre cette comédie très au sérieux.
C’est donc avec un accent plus rustique qu’à son habitude qu’il reprit, tirant sur ses cordes vocales pour une voix légèrement enroué.

-Ça fait deux s’maines que ça dure. J’ai perdu pleins d’trucs. Mais y m'en reste encore un peu là-d'dans, et j’crois bien que Kesha va pas être contente.

Il tenta de se remémorer ce qu’il savait et encore une fois, les deux yeux du sindarin le firent souffrirent. Mais qu’importait. Il livrerait ce qu’il savait.

-Y a l’père qu’a vu l’autre… Et c’est pas la dernière fois. Vont recommencés ! J’en suis sûr ! Et je sais qu’ils veulent pas que Kesha le sache… Je sais que c’est pas bien… Et ça me fait de la peine…

Le code n’était pas très compliqué lorsqu’on y était initié. Simplement, il était vaste. Tout ce faisait par métaphore mais pratiquement toutes les données se trouvaient renommés. De plus, sans le contexte initial, il serait certainement bien impossible de deviner qui pouvait bien représenter « l’autre ». C’était une personne spécifique à la mission.

Il avait joué le paysan apeuré par la déesse car c’était le rôle qu’on lui avait dit de jouer mais il trouvait la représentation du monde agricole bien ingrate. Après tout, c’était une des seules ressources du pays faisant vivre son économie… Mais il n’était pas heure à débattre des stéréotypes.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeMer 25 Avr - 1:40

« Kesha est une déesse exigeante mais pleine de sagesse, et elle encline à accorder sa miséricorde à tous ceux qui sont désireux de repentir. »

Continuant de jouer sur ce registre à la fois étrange et ambivalent, Irina ne semblait pas faire beaucoup d'efforts pour parler de la sorte. A vrai dire même si elle continuait de nager en eaux troubles, quelqu'un de l'extérieur aurait juré qu'elle était simplement en train d'écouter les doléances d'un malade venu là la nuit afin d'éviter les regards indiscrets. Et puis elle même n'en était plus sûre... Jouait-elle vraiment le jeu ou bien endossait-elle un rôle que le destin avait créé à sa mesure ? Qu'importe, car au final le résultat serait le même, et le plus rapidement serait le mieux.
Se redressant légèrement sur son inconfortable siège, Irina se jura de le faire remplacer aussi vite que possible. Ce n'était pas parce que presque personne ne l'utilisait qu'il fallait mettre un instrument de torture au sein même du temple ! Respirant profondément comme si elle était en proie à une certaine réflexion, la demoiselle écoutait attentivement, notant chaque détail avec la minutie de quelqu'un depuis longtemps versé dans l'art de l'espionnage et des intrigues. Il fallait qu'elle en sache plus pour comprendre ce qui se passait, et surtout pour ne pas compromettre sa couverture. Sentant quelque chose d'étrange dans la voix de son interlocuteur qui faisait de son mieux pour être discret et ne pas laisser de trace, elle ne fit pas de commentaire. Il était inutile de le faire se méfier davantage, car c'est justement lorsqu'il baisserait sa garde qu'elle pourrait tirer son épingle du jeu.


« Aucun de nous n'aimerait causer du chagrin à la très sainte, je le sais. Toutefois je ne connais pas votre père. Est-il malade lui aussi ? Et qu'est-ce qui va recommencer exactement ? »

Il lui paraissait peu avisé de poser beaucoup de questions en même temps, alors elle les distillait ça et là, selon les circonstances et en le mariant le mieux possible au contexte déjà bien assez complexe. Néanmoins à l'heure actuelle la jeune femme ne pouvait prendre aucune décision si ce n'est celle de faire de son mieux pour anticiper ce qui se passait et lire entre les lignes... Ce qui lui paraissait quasi impossible à l'heure actuelle, avec si peu d'éléments. La seule solution pour l'instant restait de continuer cette mise en scène ridicule autant que possible, tout en amenant cet homme à cracher le morceau sans même s'en rendre compte. Pas évident tant qu'il ne donnerait pas un peu plus de détails.
Un groupe d'oiseaux s'envola dans un bruissement d'ailes, dessinant au sol des ombres mouvantes là ou une frêle lumière entrait par la fenêtre. C'était conjointement avec leurs voix le seul son qui brisait ce silence constant et pesant régnant dans cet endroit délaissé de tous...
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeMer 16 Mai - 22:13

Veto resta coi à la réponse de sa mystérieuse interlocutrice. Que signifiait cette réponse ? Comment ça elle ne connaissait pas « le père » ? Ignorait-elle le code ? Non. C’était impossible puisqu’on le lui avait fait apprendre à lui ; le destinataire du message devait forcément être au fait de ce code. Alors, ce serait Veto qui se serait-il trompé ? Bizarre… Il ne le pensait pas…

À moins que…


C’était bien la voix d’une femme mais était-ce une prêtresse ? S’il existait ce code et ces précautions d’entretien, ça ne pouvait être anodin. Pouvait-il persister un risque qu’un espion se trouve de l’autre côté de cette paroi ? Non ! Pas dans l’enceinte du temple. Seules les prêtresses pouvaient y pénétrer… La sécurité était trop élevée. N’est-ce pas ?

Le silence continuait de peser et l’envol des oiseaux le poussa à prendre une décision, le sortant de ses réflexions. Son interlocutrice devait simplement avoir un peu de mal à se dépêtrer du code !


-Noble prêtresse, bien sûr que vous le connaissez l’père. Tout le monde le connait en ville ! Il est très important !

Il insista bien sur le mot « très ». C’était peut-être aller trop loin et donner un indice trop grand mais après tout… Il y en avait quelques uns des riches et des puissants dans cette ville, malgré la majeur partie des citoyens plus pauvres que la terre d’ici.

-Il est parti en voyage, y’a pas longtemps ! Et c’est là qu’il a vu l’autre !

Cette fois-ci, c’en était trop. Il ne devait surtout pas en dire d’avantage. Il s’était persuadé que son interlocutrice était une prêtresse (et pour lui, les prêtresses, toutes des incarnations de la pureté et de la générosité, ne pouvaient être qu’unies) ; c’était des oreilles qui trainaient parfois à la surface des murs dont il se méfiait désormais.

-Et… Où en était-il ? Et donc ils vont recommencer, que j’vous dis ! Ils vont se revoir ! Par contre, où et quand… Je l’ai oublié. Quelqu’un a dû me jeter un mauvais sort, pour sûr ! J’ai tous mes souvenirs qui se barrent ou me font la nique quand je cherche à m’en rappeler !

Finalement, cette idée de jouer un rôle et un parler qui n’était pas les siens plaisaient bien à Veto. Il avait lu plusieurs livres dans lesquels les auteurs s’amusaient à retranscrire à l’écrit les parler de certains gens du cru, qui pour le coup, l’étaient parfois particulièrement, crus.
Il s’amusait presque lorsqu’il se souvint de sa mission et qu’il n’était pas ici pour jouer.


-Y z’ont parlé de truc pas très gélovingiens... J’ai été surpris d’ailleurs par le père ! Mais c’est tout ce dont j’me souviens. C’ qu’ils ont dit, c’était mal, mais je ne sais plus pourquoi… Et ils voulaient pas que la grande Kesha le sache, pour sûr !

Veto retint un sourire. La manière de parlé des gens qu’ils croisaient chaque jour lors de ses rondes ou de ses rares permissions ne l’avait pourtant jamais amusé. Il était trop respectueux pour ça ; « trop droit » comme se plaisait à le dire Alexandre en mimant un balayeur usant de son outil de travail d’une bien étrange façon. D’où pouvait lui être venu l’idée d’une comparaison pareille ?

Il attendait, désormais tout à fait souriant, la réponse de la prêtresse inconnue. Il pouvait se permettre ce genre de manque de contenance, étant donné le contexte : il était parfaitement invisible à ses yeux et elle aux siens. Qui pouvait bien se cacher derrière cette cloison d’ailleurs ?

Soudain, l’étrange sensation d’être observé le fit perdre son air enjouer, le forçant à le troquer pour un air grave et soucieux. Après une petite hésitation, il tourna inostensiblement la tête de côté pour orienter l’ouverture de sa capuche d’avantage vers l’entrée…


Rien. Avait-il rêvé ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeDim 3 Juin - 22:11

L'amas d'informations qu'il lui était nécessaire de digérer et d'utiliser en un temps record tournoyait dans sa tête dans une spirale sans fin, s'emmêlant à ce qu'elle savait déjà pour essayer de combler les manques évidents. Dans l'absolu Irina ne s'en tirait pas trop mal dans un premier temps, en tout cas pour quelqu'un qui est immergé dans une situation dont il ne sait rien. Il n'était pas dit que cela demeure éternellement le cas, alors il lui faudrait profiter autant que possible... Avant que cet homme dont elle ignorait tout finisse par suspecter quelque chose et prendre les jambes à son cou. Soupirant pour contrôler la nervosité qui serait sa pire ennemie, la demoiselle usa de ses pouvoirs pour calmer les peurs de son interlocuteur. Tout au plus sentirait-il un certain apaisement et un bien-être accompagnant ses révélations. Plus il se confierait et mieux il se sentirait, quand bien même la prêtresse avait pris garde à ne pas à ternir son jugement ou à le faire agir contre nature. Elle ne tenait pas à ce qu'il se doute de l'intentionnalité de son acte, car si il venait à comprendre, il lui en voudrait sûrement, se méprenant sur ses intentions.

« Oh oui, je comprends. Veuillez m'excuser mais cette heure tardive est en train d'achever mon corps déjà épuisé. Bien sûr que je connais le père... Bien qu'il ne m'ait que très rarement été donné de le rencontrer en personne. »

Elle distillait ça et là des indices à son tour, bien qu'il soit extrêmement compliqué de savoir si elle jouait les imbéciles, ou bien si elle avait effectivement vu la personne dont il était question, comme indiqué. Cependant malgré les quelques déductions qu'elle avait faites entre les lignes, elle était toujours incapable de deviner qui était cette deuxième personne, celle là même qui avait probablement semé le trouble dans l'esprit de Veto. D'un autre côté, bien qu'elle ignore son identité, elle n'en était que plus curieuse et méfiante encore. Qui que soit cette personne, elle voulait tirer à elle la couverture tout en laissant les prêtresses sur le carreau. Il n'était pas question qu'elle ferme les yeux alors que le sujet les concernait de près, ce qui la rassura d'avoir suivi son instinct et pris la place de l'autre gourde.
En outre elle savait ce qu'était la folie, elle le savait même un peu trop bien. Et la manière de s'exprimer de cet homme, bien que maladroite, ne devait rien à une maladie de l'esprit. Il était confus et troublé, il n'y avait pas de doutes, mais c'était du à quelque chose d'autre, quelque chose d'extérieur qu'elle ne pouvait pas encore authentifier. Mais il y avait peut être un moyen... retors c'est vrai, mais au point où ils en étaient, cela ne ferait plus une grande différence.


« Rassurez vous mon enfant, ici aucun mal ne vous sera fait. Kesha dans sa très grande sagesse finira par savoir tout ce que les malveillants cherchent à lui dissimuler, je ne m'en fais pas pour ça. Mais d'abord laissez moi vous aider. Laissez moi m'assurer que votre maladie n'est pas due à l'emprise d'un maudit. Je ne veux pas que vous tombiez sous le contrôle d'un envoyé de Sharna. » Aussi étrange et ironique que cela puisse paraître, Irina était sérieuse et sa connaissance du surnaturel et du mystique transparaissaient dans sa voix. Certaines choses ne se simulaient pas, et ce genre là en faisait partie. « Donnez moi votre main, mon enfant. Avec la bénédiction de Kesha, j'espère vous délivrer de tous les fardeaux qui encombrent votre esprit. Que sa clairvoyance soit mienne l'espace d'un instant... Et qu'à travers mes yeux elle voie jusque dans ton âme. »

Joignant l'acte à la parole, elle ouvrit une petite trappe jusque là maintenue invisible dans un renfoncement du panneau de bois qui les séparait. Une fois encore, seule une prêtresse aurait pu connaître l'existence d'un tel subterfuge... Et encore seule une prêtresse confirmée aurait eu le courage et l'expérience pour fréquenter de tels endroits du temple. Tendant une main menue et fine à travers la paroi de bois, elle ne lui laissait rien voir de plus qu'une menotte pâle sans aucun ornement, ni bague au doigt ni bracelet au poignet. Rien de plus qu'une extrémité se mouvant avec l'aisance de l'habitude malgré la longue manche blanche de son uniforme, finement brodé comme chez toutes les anciennes de l'ordre, et toutes les hautes placées... Maintenant il n'y avait plus qu'à espérer que Veto veuille bien se montrer coopératif... Et que sur un excès de confiance le mage qui avait ensorcelé ce pauvre homme – si tant est qu'il existe vraiment – ait laissé les marques de sa magie sur lui. A priori ce genre de sortilèges laissait toujours des traces, des restes de pouvoir assez diffus mais aussi reconnaissables qu'une empreinte digitale. Et si Irina ne saurait probablement pas qui avait fait ça en le touchant, au moins elle saurait déjà si cette manipulation avait bel et bien eu lieu... Et avec quel type de procédé. Ceux qui pensaient que les prêtresses ne savaient guérir que le corps étaient bien naïfs...
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeDim 22 Juil - 20:59

Veto regarda un moment encore l’entrée qui lui avait semblé si suspecte. Mais très vite, les paroles de la prêtresses le firent se ré-intéresser à la cloison. C’était pour lui une marque de respect qu’il savait pourtant inutile : elle ne le voyait pas. Mais qu’importe. Il avait en l’ordre des prêtresses une telle déférence qu’il ne pouvait s’en empêcher.

Lentement, sa méfiance s’envolait de nouveau, comme elle était venue. Et puis, la religieuse sembla proposer de le guérir, ou du moins, de découvrir ce qui lui était arrivé.
Lorsque la troupe s’ouvrit, il eut un léger sursaut et réprima un mouvement de recul. Il n’avait jamais, depuis son arrivée, remarqué cette trappe. Bien sûr, la pénombre et l’ingéniosité du procédé expliquait cela, mais le garde, si fier de ses qualités d’observateur, se sentit légèrement vexé par cette duperie. Et puis, un léger sourire en coin vint étirer ses lèvres et il fut forcé de reconnaître la puérilité de ses pensées…

Avec une légère hésitation, il tendit sa main vers celle de la prêtresse. Il reconnaissait le tissu des hautes de l’ordre et ne pouvait se défier de si gracieux doigts. Il ne se rendait pas compte qu’en plus de son affection pour les filles de Kesha qui le mettait naturellement en confiance, son interlocutrice ne faisait que le conforter dans ce sens par un moyen qui lui échappait.

Une fraction de seconde avant d’effleurer ses doigts, encore une fois, la scène lui revint à l’esprit. Le balcon, le maire et le duc tous deux en bas en train de discuter de choses qu’il se souvenait avoir entendu sans pour autant les entendre à nouveau… Et puis la brute surgissant de nulle part à ses côtés, tentant de l’étriper… Il se revoyait échapper à la mort, une fois, deux fois, trois… Il se souvenait de ses agresseurs tombant, pas vraiment de son fait,… Et puis il se retrouva à nouveau plaqué contre le mur par la bête, et surtout il vit derrière lui les deux yeux en amande qui le dévisageait, le sondait, œuvrait dans son esprit. Il n’avait aucun moyen d’en être sûr, mais il se doutait que c’était cet homme qui lui avait volé les informations qu’il avait eu tant de mal à obtenir. Les seules notions de magie que Veto avait ne lui permettait pas de deviner comment il avait fait, mais désormais, tout ce qui était vraiment important dans cette conversation était inaccessible, effacé par cet homme du duc…

Il resta là un instant ; un moment peut-être… Sa main était dans celle de la prêtresse, sans qu’il ne sache vraiment comment cela était arrivé. Perdu dans ces souvenirs si embrouillés, il en avait perdu le fil du présent.
Le sortilège de la prêcheuse avait lentement envahi le cœur du garde qui n’avait plus qu’une envie maintenant, c’était de parler. Il fit encore néanmoins attention à utiliser le code…

« Vous savez… Je ne pensais pas que le père était comme ça… À comploter dans le dos de Kesha… Je croyais qu’il était digne… Je n’arrive toujours pas à me souvenir pourquoi il m’a déçu, ce qu’il a décidé avec l’Autre ; mais je sais que je n’ai pas aimé ça… »

Continuant de laisser sa main dans celle de la prêtresse, il regardait dans le vide, se souvenant aussi de la fille enfermée ce soir dans les appartements du duc, traitée comme un objet.

« Je n’ai aucune preuve… Et l’Autre avait l’air très bien. Tout le monde l’a trouvé très bien, j’en suis sûr. Moi aussi je l’ai trouvé beau et charmant,… Mais quelque chose en moi… Tout au fond, voyez ? Quelque chose me disait que cet homme ne serait pas mon ami… Qu’on était pas fait pour s’entendre… Et puis après j’ai vu des choses qu’il faisait… les gens qu’il employait,… »

Sa main était posé paume en l’air dans celle gracile qui s’était proposée de l’accueillir. Soudain, son pouce et son indexe se resserrèrent un peu, étreignant doucement le pouce féminin qui passait par là.


« Comment ce pays a-t-il pu s’accoquiner avec les serviteurs de Sharna ? Me suis souvent posé la question... Ces glaces sont désormais ternies d’avoir un jour côtoyé les cavaliers noirs. »

La confiance ne lui avait pas fait oublier le code, mais sa voix avait progressivement cessé de se camoufler et si l’accent ressortissait encore de temps en temps, le vocabulaire utilisé et les pensées formulées trahissaient désormais certainement trop une éducation bien plus poussée que celle d’un simple fermier lépreux.

Le silence retomba subitement sur la salle, simplement parce que Veto revint à une réflexion silencieuse plutôt qu’à une formulation à haute voix. Il ne s’était pas rendu compte de son erreur.
Son regard était maintenant posé sur le poignet gracile et détaillait rêveusement les ridules qui parcouraient la peau pâle.
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeMer 25 Juil - 5:24

Irina avait essayé de faire son jeu avec finesse et distinction, se protégeant contre les manœuvres perfides qui pourraient venir. Pourtant elle ne sentait pas ce genre d'intentions de la part de son visiteur nocturne, et Kesha seule savait à quel point elle était méfiante. Seulement dans son attitude comme dans ses paroles il n'y avait rien qui lui laissait croire qu'il était celui qui tirait les ficelles, au contraire. En fait il semblait plutôt être la marionnette au bout des fils, ce qui ne devait pas être une position enviable bien au contraire. Étant en quelques sortes elle même une ventriloque, elle était douée pour repérer ses pairs. Cet homme quant à lui semblait essayer de s'affranchir de l'influence qu'il subissait, ce qui ne pouvait se faire sans risques, il va de soi.
La prêtresse n'était pas vraiment une âme charitable, mais elle respectait la liberté humaine pardessus bien des choses. A défaut d'empathie, elle voyait là une occasion de servir ses intérêts tout en faisant une bonne action pour une fois. Cela lui changerait de toutes les autres ! Agrippant la main de Veto comme si elle savait à quel endroit celle ci se trouvait, la rouquine n'avait pas hésité. Si elle laissait trop d'espace au messager de l'autre côté, celui-ci risquait de prendre la mauvaise décision. Alors autant l'aider à faire la bonne, n'est-ce pas ? Soupirant et fermant les yeux pour faire le calme dans son esprit embrouillé, elle y fit le vide afin de se concentrer.

D'ordinaire sa tentative d'entrevoir le passé n'était vouée qu'à rester ce qu'elle était : une tentative et rien de plus, un bref flash de ce qu'avait pu vivre le soldat sans qu'elle puisse comprendre ce qui se disait ou même ce qui se passait. Seulement le fait est que ces souvenirs douloureusement emprisonnés avaient été volés de force par quelqu'un qui voulait l'empêcher de parler, qui voulait l'entraver et lui faire garder le silence. Elle n'entendit rien, assistant à quelques bribes de la scène en spectateur. Cependant ce sentiment de révolte et d'incompréhension qu'avait éprouvé Veto lui parvenait parfaitement, tout comme le vice et la satisfaction des yeux étranges qui l'obsédaient... Ceux qui était le responsable de ce qui lui était arrivé. Elle sut alors qu'elle ne l'avait jamais personnellement rencontré, et qu'elle le reconnaîtrait sans aucun doute si jamais cela se produisait. Ouvrant les yeux pour garder un contact avec la réalité, Irina voyait encore les pupilles félines du sorcier aussi distinctement que si elles la regardaient.
Prenant une inspiration, elle chassa l'appréhension et maintint la quiétude dans l'esprit du « malade », dissipant une partie de ses peurs. Si il ne craignait pas la punition de celui qui l'avait fait taire, peut être pourrait-il enfin parler ? Il lui faudrait trouver un moyen de contourner le sortilège, puisque c'était bien de ça qu'il était question. Répondant calmement à ce qui lui était dit, la jeune femme essayait de rationaliser un maximum tout en se faisant rassurante.


« Je ne pensais pas non plus. Je suis extrêmement déçue qu'il tombe aussi bas, mais mon travail n'est pas de juger le cœur des hommes... Il est d’œuvrer pour la gloire de la déesse et de préserver son nom et son honneur comme ils se doivent d'être : intacts et sans tâches. C'est pourquoi je vous aiderai tant que possible à recouvrer la mémoire. »

Sa voix s'était exprimée avec calme, se faisant rassurante c'est vrai, mais étant néanmoins tout à fait sincère. Si elle était venue ici afin de s'immiscer dans les affaires d'Elerinna, elle avait vite compris qu'il était question de bien plus que ça. Pour une fois tout ceci n'était pas juste une histoire de pot de vin à des alliés du maire qui leur mangeait dans la main... En fait c'était bien plus intéressant que cette vieille histoire qui n'avançait aucunement. Bien plus dangereux aussi... Mais cela n'avait pas d'importance à ses yeux. S'efforçant de respecter le code, elle essayait de ne pas se laisser aller à la négligence.

« Je n'ai besoin d'aucune autre preuve que ce que j'ai pu voir en vous, mon enfant. J'ai bien peur que mon premier pressentiment ne soit fondé. C'est bien un Maudit qui cause le mal qui vous ronge, et c'est également lui qui amoindrit vos capacités, faisant de vous un homme malade et en danger. »

Elle n'avait pour l'instant pas de remède miracle, et encore moins là tout de suite, sous la main alors qu'ils se trouvaient dans une zone abandonnée et déserte du temple. Toutefois il devrait lui être possible de trouver ou créer un charme qui à défaut de rendre ses souvenirs à Veto, pourrait tenir son détracteur à distance. Au moins cela l'empêcherait d'agir à distance, ce qui n'était pas rien. Par contre si le soldat tombait à nouveau entre ses griffes, ce serait une autre paire de manches...

« Vous devez être prudents, car ces hommes, ces êtres immondes ne reculeront devant rien pour vous écarter du chemin de Kesha. Ils risqueront de vous poursuivre jusque dans le cadre de votre dur labeur, écrasant vos récoltes et vos biens pour vous atteindre. J'aimerais vous protéger, mais je ne dispose pas d'un tel pouvoir. Alors au moins promettez moi que vous trouverez en moi une oreille attentive si d'aventure vous devez vous assurer de votre bien être. »

Oui, Irina craignait les moyens qui seraient employés si jamais ils arriver à briser le sceau qui entravait la mémoire du jeune homme, d'autant plus que le responsable risquait de s'en rendre compte assez vite. En fait tout dépendait d'à quel point il était puissant, ce qui était malheureusement impossible à déterminer à l'avance. D'un autre côté elle n'était pas prête à prendre tous les risques pour un inconnu, car hélas elle n'était pas assez altruiste pour ça. L'Ordre était la priorité et lui n'était qu'un instrument. Si elle arrivait à le sauver tant mieux, sinon.... Sinon il serait une victime des dégâts collatéraux. Une perte malheureuse certes,...
Réfléchissant à ce qui s'était passé, Irina essayait de trouver une brèche dans le mode opératoire de celui qui avait fait ça. Se mordillant la lèvre d'un air absent, comme à chaque fois qu'elle était plongée dans ses pensées, elle en vint à distraitement effleurer la main qu'elle tenait. Il n'y avait là aucune arrière pensée, mais son toucher était plus doux, plus personnel.


« Je suis terriblement attristée d'apprendre que les choses se passent ainsi, mais il n'y a pas vraiment quelque chose que nous puissions faire, pas cette nuit du moins. La voie de la guérison pour ce mal est lente et pénible, et de nombreux sacrifices seront nécessaires. Fuyez la source du mal autant que faire se peut, et si cela est un jour à votre portée, détruisez la. D'autres honnêtes hommes comme vous subiront le même sort si personne n'y met fin. » Son ton était un peu plus dur maintenant, même si étonnamment elle avait réussi à garder le registre de leur mascarade. « La trace de Kesha est en vous à travers moi. Elle y restera quelques jours, et empêchera votre esprit de divaguer et se perdre, faisant quelque chose contre sa volonté, cela je peux le garantir. Cependant malgré le fait que j'ai pu toucher du doigt ce qui ne va pas, je suis incapable d'aller plus loin, car une barrière puissante m'en empêche. En outre je n'ai pas encore exploré toutes les possibilités. Dites moi, homme de la terre... Est ce que lorsque vous avez vu le père, vous étiez animé par la peur ? Si tel est le cas n'ayez pas honte de l'admettre, car cet étrange sentiment pourrait bien vous rendre la liberté... »
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeMer 25 Juil - 13:05

Veto était toujours dans cet état un peu vague de torpeur. Son accent restant mais ses paroles se faisant plus traitresses, révélant sa culture sans plus de manière.

« Noble prêtresse… Je crains que vous n’ayez tord sur un point… »

Veto revit encore la fille dans les appartements du duc sortir de sa torpeur et planter elle-même la dague du garde dans le dos de celui qui l’avait ensorcelé.

« Je pense que celui qui m’a ainsi handicapé ne piétinera plus jamais aucune culture. »

Il sourit respectueusement de l’autre côté de la paroi et chercha à répondre à la dernière question. La main toujours dans la sienne, il revit rapidement son parcours dans les tréfonds du manoir du duc. Ce n’était pas de la peur, plutôt de la panique. C’était la première fois qu’il s’infiltrait chez quelqu’un, la première fois qu’il jouait les espions et qu’il risquait sa vie à chaque angle de mur.

« J’étais… »

Il arracha sa main brusquement. Une ombre avait passé. Se protégeant comme il put, sa main vint parer le coup de dague qui aurait dû lui sectionner la nuque. Un homme tout de noir vêtu s’était glissé derrière lui et ils se débattirent un moment tous deux.
Le bruit de la bagarre ne tarda pas à se faire entendre. Si les deux combattants gardaient le silence, chacun jouant de la dague avec brio, le vase et la statue jetés à terre ne furent pas si discrets.
Quelques gardes entrèrent et ne tardèrent pas à hurler des ordres que Veto ne comprit pas bien, l’esprit trop embrouillé par le combat.
Alors, l’agresseur se dégagea et fila entre les pattes des soldats. Une partie se mit à lui courir après, tandis que d’autres vinrent voir comment allait Veto. Il resta à bonne distance, connaissant la réputation de ce lieu. Cette précaution permis à l’émissaire de rabattre sa capuche et de s’enfuir à son tour ventre à terre. Personne ne devait savoir qu’il était venu ici. L’assassin devait avoir les mêmes consignes.

Il avait délivré les informations qu’il possédait quant à la rencontre du maire. Il avait tenu ses engagements. La prêtresse aurait peut-être pu lui redonner la mémoire, oui, mais le destin en a voulu autrement. Peut-être plus tard… Mais encore faudrait-il qu’ils se reconnaissent…

Ils ne savaient pas que le destin les réunirait très vite. À moins que ce ne soit cet homme...
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MessageSujet: Re: Deux Emissaires dans la Nuit   Deux Emissaires dans la Nuit Icon_minitimeDim 29 Juil - 18:48

« De tout mon cœur je l'espère. »

Avait-elle répondu placidement, sentant pourtant une certaine appréhension poindre dans un coin de son esprit. Il lui était étrange de sentir la sincérité dans sa voix, et la surprise la gagnait. Est-ce que sa folie améliorait son art d'actrice, ou bien est-ce qu'elle ressentait vraiment les choses comme elle les avait dites ? Regardant le vague, les yeux perdus dans le néant, elle ne trouva pas de réponse toute faite lorsqu'elle sonda son cœur. Ce qui est certain c'est qu'elle n'avait pas menti en disant qu'elle espérait que ce que Veto disait était vrai. Ce serait tellement plus simple si leur ennemi commun venait à être hors d'état de nuire... tellement plus simple. Seulement la vie ne l'était pas et Irina l'avait appris à la dure, car elle n'était plus animée par l'idéologie naïve du soldat depuis bien longtemps. Si il y avait une probabilité, même infime, pour que la situation empire... Alors ce serait le cas sans nul doute.

Tentant de plonger dans les souvenirs de Veto en utilisant sa peur, sa panique, comme vaisseau... la prêtresse ferma les yeux et s'immergea dans ces craintes comme on s'enveloppe d'une douce couverture. La saveur de ce stress, de l'adrénaline qu'il avait alors ressentie laissait un goût sucré sur sa langue, aussi entêtante et savoureuse qu'un bonbon au miel. Essayant de ne pas se perdre dans cette sensation qui comme toujours la grisait, la rouquine sembla absente pendant un moment, autant physiquement que mentalement. C'était comme si son corps, toujours assis très droit n'était plus qu'un cocon vide, qu'une coquille désertée définitivement.

La peur pour de la mort. La peur d'échouer. La peur de laisser des civils mourir. La peur d'être mis à découvert. Se laissant glisser sur cela, sur les émotions vives qui demeuraient en Veto malgré les lacunes de mémoire, la Serpentine parvint à apercevoir des bribes pas toujours distinctes, mais qui laissaient en elle une empreinte indélébile. Rien ne pourrait effacer ce qu'elle partageait... même si lui n'en avait pas conscience. Elle n'avait aucune idée de son nom ou de son passé, tout ce qui était à sa disposition c'était une œillade dans ses souvenirs sous un point de vue bien subjectif.
La jeune femme n'était qu'une minuscule partie de lui, voyant à travers ses yeux ce qu'il avait vécu, et ce qu'il revisitait. Il n'était pas difficile de sentir le trouble du soldat, qui malgré sa débrouillardise semblait mêlé à une histoire qui la dépassait de très loin. Se contentant d'assister en spectatrice à tout cela, la demoiselle essaya de rétracter les craintes de son hôte pour qu'il aille de l'avant, débarrassé autant que possible de ce poids qui l'empêchait d'avancer. Quelque part en lui il y avait quelque chose, une barrière à défaut d'un autre mot plus approprié, qui telle une digue, contenait la vague de souvenirs importants. Mais cela ne pouvait durer, autant parce qu'elle ne supportait pas que l'on puisse faire une telle chose à quelqu'un, que parce qu'elle avait besoin que son acolyte reprenne complètement ses moyens. Ces souvenirs étaient cruciaux pour lui, non parce qu'il en avait besoin pour vivre, mais parce que moralement ils étaient significatifs de son point de vue.

A plusieurs reprises elle tenta de puiser dans ses forces afin de briser cette maudite digue, en vain. Cela dépassait le cadre de ses compétences, car son vecteur était la peur et non la mémoire. Frustrée mais pas résignée, elle eut le sentiment que même sans son aide, il finirait par trouver un moyen de s'affranchir de ce joug. Il y avait en lui un courage capable de surmonter la peur, et c'était aussi pour cette raison qu'elle devait se retirer. Les dégâts pour l'un comme pour l'autre seraient irréversibles si jamais il luttait en la voyant comme une menace. Et puis le sceau qui avait été posé sur sa mémoire finirait par se dissiper de lui-même... Car nul homme ne peut en faire agir un autre contre ses convictions profondes. Pas avec un contact à distance du moins. Lui insufflant donc le courage qu'il méritait pour avoir voulu défendre des sans condition, ainsi que contacté les prêtresses au péril de sa vie, Irina revint jusque dans son corps.
Elle avait soudainement inspiré comme lorsqu'on retient trop longtemps sa respiration avant de venir à la surface, épuisée alors qu'elle n'avait pas bougé. Sa capuche tomba alors en arrière, découvrant son visage fin dans la pénombre. Veto avait semble-t-il retiré sa main de son propre chef, même si elle en ignorait les raisons. Des voix résonnaient encore dans sa tête, si douloureusement qu'elle sut tout de suite qu'elle ne pourrait les oublier, même si elle l'avait voulu.


« Des renseignements que seul un étranger peut récolter |...| qui parmi vos clients s'oppose aux prêtresses |...| »
« La moindre chose filtrant ne peut que retomber dans les oreilles des prêtresses et je ne serais plus qu'une preuve de votre trahison pour elles. »
« Néanmoins |...| possible de faire passer vos viandes, produits ou même... Esclaves... »

Le dernier mot lui fit écarquiller les yeux d'horreur. Elle était une scientifique et en tant que tel elle avait fait de nombreuses choses que la morale et la déontologie condamneraient, mais ça... Esclaves. Le mot faisait écho dans sa tête d'une manière insupportable. Que le maire, dont elle n'avait déjà pas une haute opinion à la base, accepte de tremper dans ce genre de choses lui donnait envie de vomir. User du pouvoir et des ruses politiques pour tirer la couverture à soi était une chose. Faire du trafic d'êtres vivants s'en était une autre. Même pour elle c'était inacceptable... Alors elle comprit mieux le trouble de Veto. La voix de Bellicio lui faisait mal jusqu'aux tripes, et cela lui fit se prendre la tête à deux mains, alors même que son « patient » s'échappa tout d'un coup, fuyant à toutes jambes. Indistinctement Irina avait entendu des bruits de lutte, qui lui parvenaient à distance, comme si ils venaient d'un monde à part. Frustrée de ne rien pouvoir faire, et malgré tout consciente qu'elle était en danger tant qu'elle ne pourrait pas réfléchir pleinement, elle se leva également et tourna le dos à ce confessionnal qui avait abrité leurs secrets. Sans un mot de plus elle s'en fut, laissant un bref murmure planer dans l'air.

« Par la grâce de Kesha nous nous retrouverons, j'en suis sûre. Elle y œuvrera... Et moi aussi. »
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