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|  Sujet: Ascension et Décadence  Mer 21 Avr - 21:34 | |
| La lune éclatante, les cieux éternels. Les ruines mortes, une ombre silencieuse.
Le voyage avait été long, depuis Hesperia. Il avait persuadé Dreak de l'envoyer vérifier de plus près l'annonce du retour de la pluie à Amaryl. C'était une aubaine pour les Eclaris, et c'était un fait que Michelangelo ne pouvait ignorer plus longtemps. Il lui fallait donc vérifier ce phénomène de ses propres yeux. Paradoxalement, le Volcan était de nouveau en activité. Les Dieux avaient peut-être décidé de jouer avec les habitants de cette terre maudite, leur octroyant un mince espoir dans le seul et unique but de le leur retirer par la suite. Car si il entrait en éruption, la pluie cesserait immédiatement. Pire, il était fort probable que la ville des Eclaris se retrouve plongée sous les ténèbres d'un nuage de cendres.
Mais dans tous les cas, le Diplomate aurait besoin des Eclaris dans les événements à venir. Il devait donc se rendre sur place.
Un autre but motivait ce voyage. Il n'en avait pas parlé à Dreak. Mais il lui fallait voir les ruines de Taulmaril. Voir... et comprendre. Le chemin qu'il empruntait nécessitait d'en appréhender les conséquences. Il avait donc demandé au cocher de s'arrêter pour la nuit aux abords de l'ancienne Cité. Ils avaient monté le campement, puis le Diplomate avait signifié son désir de se ballader de nuit, seul.
Flibustier planta plus profondément ses griffes dans l'apaule de Michelangelo. Celui-ci grimaça, et posa sa main sur le haut du crâne de l'animal, qui dépassait de la cape. Le chat le darda de ses deux billes dorées.
- Meow.
- Tiens-toi tranquille.
La voix était douce, mais catégorique.
Michelangelo détourna le visage, et plaqua sa paume contre une pierre érodée. Il se trouvait au coeur de Taulmaril. A 500 mètres, dépassant des murs fissurés et des bâtisses sans toit, une immense tour dominait tout le site. Le donjon. Mais le donjon d'un palais disparu, qui trônait au centre d'un gigantesque cratère. Un animal cria dans la nuit. Flibustier s'agita sous la cape.
Sous la main du Diplomate, la pierre s'effritait. A quoi avait-elle bien pu porter sa contribution, par le passé ? Une poutre ? Une colonne ? La manufacture, à sa base, semblait indiquer qu'elle avait servi au soutien d'un bâtiment, en tout cas. Mais désormais, elle n'était plus que l'ombre de sa fonction révolue.
* Quel genre de fureur a bien pu ravager cette Cité ? *
La gloire des dieux conduisait-elle systématiquement à la destruction des civlisations ? En l'honneur de qui les hommes devaient-ils bâtir de telles merveilles ? Au nom de quoi pouvaient-ils les réduire à néant ?
Michelangelo lacha sa pierre, et s'avança plus avant dans les ruines. Un souffle passa sur sa joue. Il sourit. Taulmaril avait été la fierté de ses bâtisseurs. Mais aussi leur tombeau. Exactement comme si le sens du monde était une danse oscillant entre l'ascension, et la décadence. L'Alpha et l'Oméga. L'être, et le néant.
Les Cavaliers de Sharna... Ces sombres individus étaient certainement la cause de la chutte de Taulmaril. L'Histoire n'avait laissé que des anecdotes... mais c'était suffisant pour ne pas pouvoir nier leur implication. Leur apaprition, et le renouvellement de leur ordre à travers les générations indiquait clairement que Sharna avait des plans les concernant.
C'était parfait. Michelangelo aussi avait une vue sur eux.
* A quoi penses-tu ? *
Michelangelo ne sursauta pas à l'entente de cette voix glaciale. Il avait passé ce stade depuis déjà plus d'un siècle. Zalarzanas était une présence naturelle, déormais. Non plus un corps étranger que son esprit voudrait éjecter.
*Je pensais... Que ce qui est arrivé à ces ruines à cause de Sharna risque fort de se perpétrer à nouveau.*
Flibustier se roula en boule sur l'épaule. Michelangelo le carressa. Il savait que chaque transmission le dérangeait, puisqu'il entendait leurs voix respectives dans son crâne. Et qu'il ne comprenait pas ce phénomène. Zalarzanas rit
* Oui... Mais après tout, l'action d'un homme n'a-t-elle pas vocation à tendre vers celle d'un Dieu ? *
* Ne me compare pas à Sharna... Semer le chaos ne me procure aucun plaisir. C'est ce qui se trouve de l'autre côté qui m'attire. *
Nouveau rire démoniaque.
* Je te laisse pour ce soir. Amuse-toi bien. *
Le chat se détendit. Le démon était parti, les voix s'étaient tues. Michelangelo s'assit sur ce qui avait autrefois été un mur. Il soupira, et contempla la tour qui coupait en deux l'astre lunaire.
Le chat miaula et fit émerger sa tête de la cape. le Diplomate le caressa doucement. Puis, d'une voix douce, empreinte d'une euphorie sourde qui ne se trahissait que sur le sourire qui dépeignait le bas de son visage, il annonça, tout bas:
- Oui, je vais bien m'amuser. |
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