Interception d'information

News & Infos

C'est ici que vous trouverez les dernières infos du moment, les utiles et moins utiles.

Temps actuel

Effectifs

• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

Lien recherché

- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

Code par MV/Shoki - Never Utopia



 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  


Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

Partagez
 

 Interception d'information

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeMar 10 Juin - 11:48

La réunion de la veille avait laissé Veto chamboulé. Il n’avait fermé l’œil de la nuit que très tard et pour se lever peu de temps après. Mais il était habitué aux nuits courtes et après un solide petit déjeuné ainsi qu’une toilette glacée, il était de nouveau frais et disponible pour sa journée de garde. Elle se fit sans grand problème ni heurt en comparaison avec sa dernière mission dans les plaines glacées en compagnie d’un Colonel du corps prétorial et son major.

Mais tout s’était plutôt bien terminé. Pour lui en tout cas. Mais passons.

Lorsque son service se termina, il gagna ses quartiers, prépara un sac, revêtit des habits de civil et quitta la caserne comme si de rien n’était. Pour ne pas attirer l’attention, son sac n’était pas imposant et il n’avait emmené que son glaive et sa dague qui pouvait passer plus ou moins inaperçus sous sa cape grise. Une légère armure de cuir sous son gilet et une écharpe grise… Il devait regagner une quelconque habitation à l’autre bout de la ville, certainement. Et il ne portait rien de plus extravagant que la majorité des habitants de Hellas dans ce pays où le vent pouvait soulever une tempête de flocon à tout moment.

Il marcha longtemps, se perdant dans les rues volontairement. Et après une bonne heure à s’assurer que personne ne le suivait, il regagna la placette de Zaléra. Elle était assez isolée, dans un cul de sac où venaient s’aboucher les rues de Thorngal et Midiar. Au centre de celle-ci, un puits avec son palan et un seau renversé et vétuste. Les maisons avec vue sur cette place semblaient inhabitées… Décidément, le Major Gardif savait ce que le mot « efficace » voulait dire.

Sans un mot, le Sergent qui n’en semblait plus un ainsi vêtu, contourna le puits et se plaça derrière, gardant ainsi une vue dégagée sur les deux rues et sur la majorité des fenêtres. Si une bonne demi-douzaine étaient brisées, il y en avait encore trois d’intactes. Certes, deux d’entre elles étaient encadrées de volets dégondés et vermoulus mais une autre semblait encore en bon état. Peut-être quelqu’un habitait-il encore dans ce taudis.

Il attendit un moment avant de se décider à laisser descendre le seau percé. Il avait jaugé le nombre de regard qui aurait pu se hasarder dans sa direction. Avec un geste qui se voulait le plus naturel possible, il fit descendre le seau dans le puits et inspecta la corde à mesure qu’elle se déroulait devant ses yeux. Elle semblait encore solide et le palan était résistant. Il branlait bien un peu mais rien de dangereux.

Finalement, le seau atteignit l’eau en bas. D’après le bruit, il avait brisé aisément la fine couche de glace qui recouvrait l’eau mais cela assez profondément. En effet, on ne voyait pas le fond du puits. Il laissa le seau se remplir et puis couler. Et avec d’habile va et vient de la corde, il détermina que le fond de l’eau était assez proche de la surface et qu’il ne valait mieux pas plonger pour gagner du temps au risque de se casser deux jambes en plus de se retrouver trempé. D’autant plus que l’entrée des grottes de Phellel n’était peut-être même pas au fond mais quelque part entre le début des ombres et la surface de cette eau sous-terraine…
Ne restait plus qu’à attendre sa comparse : il prévoyait de la faire descendre avec le seau et puis de se laisser glisser lui-même le long de la corde par la suite. Mais du coin de l’œil, il crut apercevoir un mouvement derrière la fenêtre qui lui était déjà apparu comme gênante. Curieuse commère ou ombre due à la fatigue qui l’avait finalement rattrapée ?
L’air de rien, il remonta son seau, réitérant les grincements qui avait certainement alerté cette indiscrète vigie… Mais l’avait-il seulement vue ou rêvée ?


Dernière édition par Veto Havelle le Mar 29 Juil - 8:56, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeMer 2 Juil - 21:51

Une brise sinistre s’engouffra par la porte de la boutique, qui claqua aussitôt dans son cadre d’ébène. Dans la petite serrure noircie et rouillée, la lourde clé de fer rentra avec à-coups, se heurtant contre les mécanismes tortueux qui en constituaient l’essence. Celle-ci tourna deux fois. Dans des craquements glacés, Othello recula précieusement dans la petite rue pour dévisager son commerce. Les colombages sombres qui se tordaient dans des angles droits, des rencontres calculées, soutenant un petit grenier recouvert d’une imposante toiture longue et irrégulière, presque tremblante, et qui laissait croire que toute la structure promettait de s’effondrer au moindre caprice du vent. Celui de la ville se faisait toujours froid et mordant quand les premières lueurs du soir approchaient à pas de louve, et des bourrasques furieuses s’abattaient ça et là sur la petite rue, un des multiples boyaux sans importance de la haute ville en pointe qui surplombait les plaines gelées. Ses légères bottes de cuirs passèrent lentement sur les pavés polis et froid, alors que d’un élégant mouvement de sa cape rouge comme les briques, elle pivota doucement, et commença à longer les murs. Même si elle ne connaissait pas bien sa destination, elle pouvait y arriver sans trop d’encombre.

Le chemin se dessina dans son esprit comme un traie de carbone sur un labyrinthe dessiné. La place de Zaléra se trouvait un peu en aval de sa boutique. Replaçant adroitement la cape de Bor sur ses épaules menues, elle accéléra le pas, ses yeux perdus sur la chaussée blanchie, son esprit encore troublé des évènements de la veille. Depuis le matin, peu de mots avaient franchis ses lèvres, même aux clients de sa boutique qui ne furent heureusement que très peu nombreux. Dans un silence pesant, elle avait regardait les flocons tomber dans une danse latente avant de tomber mollement. Depuis la veille, elle s’était efforcée de retrouver le bon état d’esprit. La situation mental la plus vide, la plus creuse, et la plus distante possible, ne réduisant ses pensées et ses émotions qu’à une liste méthodique. Alors que son pas ralentissait un peu, Othello la blanche n’était plus qu’un plan en mouvement. Un outil, s’apprêtant à servir son but.
Et avant de partir, la petite demoiselle de givre s’était équipée en conséquence. Sous son vêtement enchanté, la prêtresse avait troqué sa robe blanche avec un ensemble de voyageur, plus masculin, fait d’une simple chemise de lin et d’un pantalon, taillé dans différentes pièces de cuir, qui rentrait dans une paire de botte haute jusqu’au bas du genou. Pratique. Discrète. Et simple. Ce n’était peut-être pas le cas avec le méli-mélo maladroit de mèches laiteuses qui couraient dans une tresse épaisse et sauvage dans son dos, pour donner un peu plus d’ordre dans sa crinière extravagante. Mais elle n’avait pas le choix : c’était peut-être sa plus grande fierté, et pour rien au monde elle n’aurait troqué ses cheveux pour le bien être d’une mission.

Bientôt, elle arrivait sur la place. Celle-ci était déserte, délabrée, et semblait afficher une désolation triste et affligeante sur la façade des maisons. Les carreaux étaient brisés, les volets écaillés tremblaient d’une lenteur spectrale sur leurs gonds tordus. Un pont, seul, se trouvait au milieu de la place, comme un ultime gardien de ce vague souvenir oublié, le néant à qui une ville a tourné le dos pour le laisser tomber avec le temps. Cette ruine au sein d’Hellas provoqua chez la sirène une sensation de malaise qui la coupa dans sa marche quelques secondes. Ses yeux marins parcoururent avec attention les rangées de fenêtres. Une seule était épargnée des ravages du temps. Et sous les rayons vaporeux d’un soleil à moitié présent, la vitre renvoyait un lugubre reflet, une opaque lumière grise. Et pendant un instant, Othello la scruta, persuadée d’y voir quelque chose la regarder en retour… Puis quand un nuage couvrit l’astre avec plus d’insistance, elle pu constater que son imagination lui avait surement joué un tour idiot. L’appartement était vide. Baissant son curieux visage vide, elle reprit sa marche silencieusement.
Dans le silence, elle se rapprocha de la rue opposée, qui plongeait par le jeu des façades dans l’obscurité. C’était parfait. Une fois dans l’ombre, elle repéra un carreau brisé, une ouverture suffisamment large pour qu’elle puisse s’y engouffrer sans difficulté. D’un geste vif, elle sauta habilement, profitant de son gabari menu pour se faufiler dans l’habitation abandonnée, dans une pièce pillée vide de meuble et d’objet. Un coup d’œil vers le ciel. La sirène était largement en avance. Mais c’était idéale, elle pourrait protéger l’endroit jusqu’à l’arrivée du soldat cendrée. Puis ses yeux coulèrent de nouveau sur les murs lézardés et froids. Sa seule compagnie dans les minutes qui suivraient ne serait donc qu’une vieille commode et un cadavre à moitié décomposé, gelé dans la putréfaction, d’un gros rat noir. D’un geste elle ôta son manteau, s’adossa à un mur alors qu’un frisson parcourut son dos…

Le crissement macabre du puits en mouvement se fit entendre peu après. Tapie dans la maison comme un animal, Othello, abritée par un rideau d’ombre, redressa brusquement ses oreilles aqueuses. Ses yeux d’ébène se soulevèrent lentement jusqu’au puits solitaire, à sa silhouette déchirée aux contours grossiers. Là, recouvert d’une tenue aussi discrète que commune, ses cheveux diffusant un blond apaisant et doré dans la lumière défaillante, se trouvait le sergent – Hovelle, Hivelle ?... Non, Havelle… - qui s’essayait à descendre la corde, qui crissait à chaque mouvement de la poulie comme les complaintes mystérieuses d’une vieille femme aigrie. Etait-ce un appel ? De son emplacement, elle distinguait à peine ses yeux et ses traits, mais son attitude était aussi anodine que discrète. C’était sans doute un appel…

Tel un chat blanc, laissant sa cape dans le logis vide, Othello sortit par la même fenêtre noyée dans l’ombre, et reprit sa marche dans la foulée comme si celle-ci durait depuis de nombreuses minutes. Silencieusement, elle s’avança vers le soldat, ne laissant ses yeux sur lui pour laisser croire qu’elle ne l’avait nullement vu. Et finalement, elle s’arrêta à sa hauteur, comme l’aurait fait une autre citadine qui attend d’avoir un peu d’eau – même si il était peu probable qu’ils furent observé dans cet endroit désert… Sans trop savoir que faire, ni quoi dire, elle le dévisagea quelques secondes, avant de descendre ses orbites vers le puits, l’abîme noir, cet énorme gouffre qui les appelait tel une bouche ouverte.

« - Bonsoir… » Lança-t-elle finalement, aussi discret que timide, étouffé dans un bel écrin de politesse. « Heureuse de vous revoir. Même si les circonstances ne s’y prêtent guère… »

Son attitude était étrange. Aussi froide que maladroite, avec toutes les cérémonies d'une rencontre courtoise… A vrai dire, la petite sirène ne savait vraiment sur quel pied danser dans ce théâtre d’ombre. Pour la marionnette assassine qu’elle était, se retrouver avec un comparse était une chose inédite. Et incontrôlée. Et sans rien connaître ni de lui, ni de ses talents, elle ne savait si elle avait affaire à un chiot dans ses pattes, ou à un loup indépendant. Son visage s’abandonna soudain dans une neutralité désarmante, et elle fonça droit au but, avec une franchise directe et surprenante. Elle constaterait bien son niveau sur le terrain…

« - Quels sont les directives, Monsieur Havelle ? »

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeMar 29 Juil - 10:28

[HRP] Tu as parlé de retard ?^-^’[/HRP]

Le seau venait de réapparaître à la lumière. Et des pas crissaient dans la neige. Après un premier coup d’œil, Veto crut qu’un gêneur venait d’apparaître. Et puis il reconnut la disciple de sa maîtresse sous ces frusques si masculins et si peu habituels comparés à ce qu’il connaissait de l’herboriste.
Mais après tout, ils ne s’étaient pas rencontré plus de trois fois. Que savait-il réellement d’elle, si ce n’est qu’Irina avait pleine confiance en elle.


« Bonsoir, Ma Dame. Le bonheur des retrouvailles est partagé. »

Il jeta un coup d’œil à l’allée qu’elle avait emprunté pour le rejoindre. Si ses yeux ne le trompaient pas, elle sortait du bâtiment qu’il pensait habité. Elle s’adressa de nouveau à lui, laissant le couvert des mondanités pour passer aux choses sérieuses. Il eut un très léger sourire. Il éprouvait en présence de cette femme une sorte de gêne. Elle était très importante aux yeux de sa mentor et d’après Gardif, elle était aussi compétente en ce qui les attendait en bas.
Bien que ce ne serait pas sa première opération « clandestine », ce sentiment devait être proche de la humilité. Il est vrai qu’il avait déjà mené à bien quelques missions officielles de ce genre, où la discrétion et le secret étaient de mise. De plus, sa première mission à l’encontre d’une des autorités de son pays, il l’avait faite pour la grande Prêtresse en personne. Pas directement, bien sûr. Il ne l’avait jamais rencontré et ignorait même à l’époque, lorsqu’on l’avait forcé à agir, que c’était en son nom qu’il irait espionner le maire…
Toujours était-il qu’il éprouvait un certain malaise à l’égard de cette femme qui devait être plus expérimentée que lui en matière d’affaire illicite, d’après ce qu’il avait compris.

Le seau arriva jusqu’à eux. Il jeta un nouveau regard circulaire, balayant les lieux et s’attardant sur la fenêtre qui l’inquiétait tout à l’heure.


« Avant de prétendre vous dispenser des directives, j’ai cru vous voir sortir de cette bâtisse… Dois-je en conclure qu’elle est inhabitée ? »

Il parlait bas et de manière tout à fait décontracté. Un petit sourire pointait à un angle de sa bouche. Qu’elle lui demande des ordres l’amusait presque. Lui qui était si droit et si procédurier dans son univers militaire, à la tête d’un attentat… Oui, c’était presque amusant.

« Bien. Dans ce cas, je vous propose de descendre la première. Il me sera plus aisé qu’à vous, je suppose, de vous faire descendre dans ce puits par cette corde. Elle semble capable de soutenir le poids d’un homme. Vous pourrez vous appuyer sur ce seau. Je descendrai le long de la corde une fois que vous aurez découvert l’accès aux grottes. Est-ce que cela vous convient ? »

Tout en attendant la réponse, il remplit sa gourde d’un peu de l’eau qu’il venait de puiser et proposa à sa comparse d’en faire autant si elle avait un contenant elle aussi.

« Cependant, je n’ai pas de torche et ce puits semble profond. Avez-vous quelque magie qui pourrait vous faciliter les recherches ? Sinon, je sais que la structure même des grottes de Phellel fait qu’elles forment comme un jeu de miroir qui fait qu’en journée, elles sont toujours claires, même à plusieurs mètres sous la surface… Peut-être en est-il de même pour celles qui passent sous la cité. Si c’est le cas, vous devriez saisir une légère luminescence une fois à hauteur du passage, d’autant plus lorsque vous serez dans l’obscurité en contre-bas. »

Alors qu’il parlait, son regard n’était pas fuyant mais il captait rarement les prunelles de son interlocutrice, sans arrêt en train de jeter un coup d’œil au fond du puits ou dans les ruelles. Sans doute était-ce par habitude de monter la garde ou peut-être que cette femme l’impressionnait un peu trop.
D’une certaine manière, cela n’avait rien d’impressionnant. Elle était une prêtresse et il avait toujours eu un profond respect, proche de l’abnégation envers les réelles figures importantes de Hellas.
C’était cet ordre qui l’avait sauvé du froid après que la garde l’ait trouvé perdu dans le désert à son arrivée en cette terre gelée qui était désormais devenue sa patrie.
Mais ce n’était pas tout. Il émanait de cette personne quelque chose qui le troublait plus que l’expérience qu’il présentait d’elle pour ce genre de mission et plus qu’une simple aura religieuse. Quelque chose qui n’avait aucun mal à le mettre mal à l’aise et qu’il identifiait peu à peu…


« Hum… Bien. Si vous êtes prête, profitons qu’il n’y ait personne pour nous voir. Permettez-moi de vous aider. »

Il s’approcha d’elle et lui proposa une un peu sous le niveau du muret et une autre à hauteur de ses épaules, voulant l’aider à escalader le muret qui les séparait du vide.
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeMer 20 Aoû - 18:46

La corde moisie émettait un crissement douloureux, alors que la poulie qui le remontait tournait régulièrement. De ci de là, des petits nuages de poussière blanche et de givre s’en dégageait, alors que le soldat continuait de tirer. L’ombre lourde et solitaire du sot était en vue pour tous les deux – le guerrier de sable et la poupée de neige. Othello avait relevé les yeux à l’instant où il avait parlé pour lui rendre sa salutation. Elle avait cette curieuse sensation de redécouvrir sa voix à chaque fois qu’elle le recroisait, comme son visage adolescent qu’elle avait tant de mal à dater. Cela ne faisait pourtant aucun doute qu’il était plus vieux qu’elle – peut-être même de quelques années – mais elle ne pouvait pas à vue lui donner d’âge. Sa peau, cette carnation un peu doré, qui sied ces quelques mèches si blondes parmi les pavés blancs de la ville, et cette cicatrice étrange sur son front dégagé. « Qui êtes-vous, sergent Havelle, sous cet enveloppe de soldat ? » Ne cessait-elle de se répéter alors qu’enfin le baquet suspendu apparaissait à leurs yeux.
Ses yeux balayèrent la zone une nouvelle fois, passant sur toutes les maisons qui semblaient désertes. Il était habile dans ses gestes et sage de ton. Mais fuyant du regard. Le souffle froid de la ville se jetait toujours sur eux. Posant ses mains sur la pierre, Othello s’approcha du gouffre pour y contempler l’abysse, où l’obscurité régnait en maîtresse jalouse, prêtant une oreille attentive à tout ce que pourrait dire le soldat. Le doute subsistait encore. Jusqu’où allait son expérience, ses capacités ?
Un rictus agita sa lèvre quelques secondes pendant lesquelles elle plongea dans ses pensées. L’ondine avait toujours était une espionne solitaire, une rascasse des profondeurs qui voyage seule. La présence de ce poisson, aussi charpenté fut-il, ne lui rendait pas l’esprit calme. Tant qu’elle ne connaissait rien de lui, elle ne pourrait évaluer ni ses capacités sur le terrain, ni même garantir leur sécurité commune. Ou peut-être était-ce l’inverse ?... Un pic la traversa soudain. Et si il était d’ors et déjà formé à l’exercice ? Si il était en réalité bien plus talentueux qu’elle ?...

Une culpabilité brutale lui tomba sur les épaules, comme la question du jeune homme qui flotta quelques secondes avant qu’elle ne hoche la tête docilement.

« - Elle l’est… Le rez-de chaussée au moins. »

A la suite duquel elle se tourna vers le petit baquet suspendu, tanguant doucement sous la lumière blanche du soir, arborant ses bords froids et gelés. Dans un silence presque religieux, elle approuva à sa proposition. Cela était logique, après tout. Ils arboraient tous deux un gabarit différent. Et après tout, elle préférait largement se retrouver installée en équilibre dans un sot glissant dans les ténèbres que de l’assurer dans la même tâche. Elle se voyait déjà tenant la corde quelques instants entre ses doigts avant qu’il ne saute dans le vide, l’entraînant avec lui dans la foulée, et qu’elle ne se retrouve avec les jambes tendues, fermement accrochés au rebord du puit, pour l’aider à descendre – avant que les deux ne tombent brutalement dans la même fouler comme les premiers des débutants. D’un pas lent, presque spectral, elle s’approcha de l’abysse pour en jauger la profondeur et les parois luisantes, avant de se retourner vers le soldat cendré.

Sans un mot à son égard, elle se reprit à le dévisager hypnotiquement, regardant fixement ses deux iris fuyants qui voulaient surveiller le moindre recoin de la place alors qu’il remplissait sa gourde, mais sans jamais s’attarder sur ceux vides et noirs de son interlocutrice. Mais la jeune femme ne s’y attardait pas : cela devait être un réflexe militaire sûrement, ou alors une de ses habitudes que d’éviter le regard d’autrui. L’idée lui vient un instant qu’il tentait de la fuir – qu’elle balaya d’un battement de cil, un coup de main subtil sur cette poussière scintillante. Après tout, son but n’était pas de le connaître, et il n’était sûrement pas le premier à avoir évité son regard. C’était même quelque part amusant de le voir tourner des yeux, ses prunelles s’éloignant toujours un peu plus pour devenir au fur et à mesure des secondes deux billes inaccessibles.
Cependant, elle voyait passé dans ce regard distant les brumes impassibles de la discipline et du respect que l’on donne aux militaires. Ainsi qu’une forme de… distance, ou de froid. De gêne, elle n’aurait su le dire. Toujours troublée par les sentiments humains, la sirène pâle n’aurait su voir le trouble qu’il existait chez le soldat, dont elle écoutait les paroles avec la plus profonde attention.

Et finalement, d’un geste, il inclina sa stature masculine, lui présentant ses mains gantés et son appui pour l’aider à escalader le muret gelé. Encore une fois, l’idée que les rôles furent inversés lui traversa l’esprit : elle qui soutenait le soldat de ses deux mains… Oui, ridicule. Reconnaissante, elle acquiesça doucement et s’approcha de lui, déposant sur chacune des paumes un pied gracile ou une main légère pour s’élever silencieusement jusqu’au rebord de pierre, y déposant un pas stable, malgré la couche de glace. Il n’avait pas eut de mal à la soutenir, et elle pu sentir dans son mouvement ses muscles tendues. Il avait de la force et de la stature. C’était une compétence dont elle manquait et qui leur serait peut-être utile dans les boyaux de la ville… Elle murmura un respectueux merci, qui fila à travers les courants d’air frais jusqu’aux oreilles du guerrier de sable. A présent, le gouffre s’ouvrait complètement sous ses pieds, et cette vue lui sembla pendant quelques instants aussi attirante que glaçante. Plongée dans une petite transe, elle contempla le vide, où reposait, suspendu dans l’obscurité le sot vide et tremblant. La corde était encore solide, et le sot tout autant – comme tous ce qui vit et existe à Hellas, se dit-elle. L’ondine se retourna ensuite vers le soldat, puis balaya de nouveau les alentours.


« - Je n’ai malheureusement pas de torches… Mais peut-être que ceci fera l’affaire ? »

A ces mots, dans une dernière pirouette oculaire où elle s’assura que personne ne les voyait, une gerbe blanche naquit dans chacune de ses mains, devenant bientôt une belle flamme vivace enveloppant tout de ses poignets au bout de ses doigts. Le feu de Kesha, le nouveau don que la très Sainte lui avait fait il y avait de cela à peine quelques semaines, et aux effets encore… incertains pour la demoiselle qui ne la maîtrisait pas totalement. Elle savait déjà qu’il apportait apaisement, réconfort… Et qu’en sa présence, la douleur se retrouvait comme miraculeusement envolée. Ses yeux se redressèrent vers le soldat, donc le visage vibrait à présent sous la lueur blanchâtre du feu, et donc les prunelles se distinguaient distinctement dans le reflet vacillant et argenté. Il était le premier à en être témoin, et la prêtresse en était presque timide. Ses mains embrasées, elle chercha l’assurance qu’il soutenait bien la corde. Pourtant, elle doutait encore … Ses yeux noirs disparurent encore plus dans les siens, comme si elle scrutait, creusait jusqu’au fond de son âme pour savoir si elle pouvait lui faire confiance.
Mais Irina la lui avait déjà accordée.

Un soupir gelé franchit ses lèvres : cela lui suffisait… Pour l’instant. Dans un balancement vif, elle bascula, s’accrochant à la corde et tombant les pieds dans le baquet qui tangua alors sous le poids de la jeune femme, dont les inoffensives flammes brûlaient encore au contact du lien qui ne s’altérait pas. A présent installée, elle était prête à entamer la descente, les parois déjà révélés un peu par le feu. Droit comme un lys, elle s’en remit alors à la dextérité du sergent, dont le visage, éclairé par les flammes, devenait plus indatable que jamais.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeJeu 21 Aoû - 11:32

Dès qu’elle eut posé un pied sur le muret, il détourna les yeux de cette silhouette qui se hissait haut devant ses yeux. Son attention se reporta sur les bâtiments, les ruelles, les toits, les flocons sur son gant…Il n’était toujours pas à l’aise avec la gente féminine et encore moins avec cette femme qui lui rappelait celle qui le troublait tant.

Il attendait en fixant le seau mais lorsque la source de lumière apparu, il eut un petit sursaut devant cette flamme si blanche, si pure, si digne d’une prêtresse de Kesha !


« Elles… Ces flammes sont magnifiques… »

Ses yeux restèrent à fixer un instant ces ondulations sensuelles et flamboyantes. Son regard pétillait d’une lueur enfantine, de celle qui caractérise les jeunes prunelles qui découvrent une nouvelle source d’inspiration, une nouvelle fascination.

Et puis son regard se durcit subitement alors qu’il retournait à ses inlassables vérifications des alentours.


« Très bien. Ne trainons pas d’avantage. »

Il tenait fermement le manche de la manivelle lorsqu’elle descendit dans la nacelle de fortune. Le bois engainant le métal envoyant un choc sec dans les bras du soldat qui ne flancha pas.
Il jeta un dernier regard à la femme et à ses doigts agrippés à la corde. Voir les flammes lécher le chanvre sans le brûler attisait d’avantage l’intérêt qu’il avait pour ce pouvoir surprenant. Mais cette fois, plus de lueur candide dans ses prunelles, plutôt une dernière crainte qui s’évanouissait. Il fit un léger signe de tête à la prêtresse, plongeant son regard dans le sien et puis il commença à tourner la manivelle, amorçant la descente.

Les premiers instants furent quelque peu rudes. Il lui fallut une ou deux secondes pour modérer sa force et réussir à adopter une sorte de rythme de croisière. Bientôt, il ne la voyait plus par-dessus le muret et très vite, la lueur que ses flammes émettaient cessa de se refléter sur la paroi.
Il continua néanmoins à manier la manivelle, s’efforçant de ne pas changer de rythme ni de laisser paraître qu’il peinait. Derrière son écharpe, des grimaces apparaissaient régulièrement, lorsqu’il arrivait à l’une ou l’autre des extrémités des demi-cercles contradictoires qu’il effectuait. Il appréhendait chaque fois qu’il devait alterner entre retenir la traction ou freiner la poussée de la manivelle.
Et puis, il y eut ce bruit provenant d’un étage abandonné. Veto dut faire preuve d’un très grand contrôle de lui-même pour ne pas lâcher prise et tirer son épée. Au lieu de ça, il arrêta ses rotations et fixa cette fenêtre qui le préoccupait tant. Pourquoi n’était-il pas allé faire un tour dans ces bâtiments ? Pourquoi avait-il laissé le hasard gérer une telle éventualité ? Les avait-on vus ? Les avait-on entendus ? Les avait-on suivis elle ou lui ? Eux deux ? Après tout, dans ces affaires d’espionnage, il serait stupide de penser qu’un seul camp était actif.

Il se passa un petit moment avant qu’il ne bouge à nouveau, continuant la descente de son acolyte. Maintenant qu’il était d’avantage habitué au maniement de la manivelle, il redoublait d’attention pour les environs qu’il avait presque oublié de surveiller avec l’exercice intense.
Ses bras commençaient à le tirailler et peut-être que cette petite pause avait été bénéfique finalement, retardant l’échéance où il ne pourrait plus descendre d’avantage. À moins que de maintenir la charge l’avait fatigué pour rien…

Désormais, il ne devait plus être loin de la mi-distance séparant le palan de la surface de l’eau. Mais présentement, il était d’avantage obnubilé par la fenêtre intacte que par les distances.
Cette fois, il était certain d’avoir vu une forme se dérober derrière la crasse de la vitre. Une ombre furtive.
Était-ce un ennemi ? Si oui, de quel camp était-il ? Qui les surveillait ? Les partisans d’Elerinna ? Ceux de Bellicio ? Savaient-ils ce qu’ils faisaient ici ?
Ou n’était-ce qu’un pauvre habitant de ce quartier défavorisé ? Si c’était le cas, que ferait-il ? Préviendrait-il la garde ? Ils étaient dans le secteur de la Mairie. La Garde municipale ne devait pas le connaître plus qu’un autre et il n’aurait pas intérêt d’user de son grade pour tenter de les renvoyer à leur patrouille. Ce serait attirer l’attention sur lui. Non. Si on le surprenait en train de faire quelque chose de suspect ici, il n’aurait qu’une solution : prendre la fuite et abandonner sa comparse, quitte à la retrouver plus tard… Dans le meilleur des cas.

Il jeta un regard au carré de ciel que les hauts bâtiments découpaient au-dessus de lui : l’un des deux soleils était encore visible à l’Ouest. Leur cible avait rendez-vous ce soir et ne devait repasser par le sous-terrain que pendant la nuit. Il n’y avait aucun moyen de savoir combien de temps durerait l’entretien de la grande prêtresse et de ce traitreux conseiller municipal.
Ils devaient attendre dans le tunnel après la tombée de la nuit pour être sûr de ne pas manquer leur cible. Perdre trop de temps dans cette recherche du passage serait une erreur. Sa compagne était une professionnelle d’après ce qu’il avait compris. Elle ne ferait pas l’erreur de l’attendre s’ils devaient venir à être séparés. Lui ferait tout son possible pour l’aider et la rejoindre.

Il accéléra un peu la descente. Il ne devait pas la laisser seule. Il avait promis à Irina de veiller sur elle. Il fallait disparaître de cette surface dangereuse et gagner les boyaux de Phellel le plus vite possible.
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeVen 26 Sep - 20:03

Le silence. Le vide sous ses pieds. Et, la regardant droit, et glacé comme des pics, deux saphirs, plus bleues que jamais. A présent, elle ne pouvait plus s'en remettre qu'au soldat, qu'elle ne connaissait à peine. Alors elle cherchait. Elle creusait. Elle explorait ses yeux de la plus pure, de la plus crue des façons, pour y déceler la moindre faille, ou le moindre espoir de pouvoir lui accorder sa confiance. Ils restait distant, concentré... Le vide accueillait son corps suspendu. Et il lui fit un signe... Et à cet instant, elle eut l'impression de voir, dans ces prunelles protocolaires, une lueur furtive qui trahissait tout un être. De la discipline. Du courage. De la grandeur. Et surtout, la lumière de l’honnêteté. Quand il activa sa main et laissa aller la corde, la sirène avait le coeur plus léger... Et les pensées plus lourdes.

Et dans un silence religieux, comme dans une cathédrale de verre, elle chuta, laissant le soldat contrôler l'ampleur de sa descente.

Plongée dans la plus sombre des obscurités, dans une chrysalide de miroirs, s'abandonnant peu à peu aux ténèbres du gouffre, Othello plongeait, s'éloignant peu à peu du petit anneau de lumière nocturne qui trônait au dessus d'elle. Seule les bruits de crissement accompagnaient sa longue épopée. A cet instant, il n’y avait plus que la mission qui l’habitait. Son but était simple à présent. Repérer l’ouverture des tunnels qui sillonnaient sous Ciméria. La rumeur d’un réseau sous-terrain avait toujours circulé. Dans les milieux les plus sombres du temple, il en était même souvent fait référence entre les pions les plus chéris d’Elerinna. Beaucoup de ses femmes de mains y avait un accés exclusif, pour pouvoir accomplir leurs différentes besognes - de la plus sanguinaire à la plus charnelle - pour permettre à la marionnettiste de garder son pouvoir. Et même si Othello n’avait jamais eut à s’en servir, elle n’ignorait pas cette rumeur. C’était l’une des plus plausibles parmi tout ce que l’on racontait sur la ville de verre. Alors, pouvoir entrer dans ces tuyaux était presque un jeu. Défaire les voiles que la sindarine leur avait toute jeté sur les yeux. Pouvoir enfin se rendre compte de l’ampleur de ses toiles…

La descente était d’une régularité singulière. Le sifflement percent de la poulie battait la mesure, un battement froid et crispé, alors que la sirène s’aggripait fermement à la corde. Le lien était froid, et se reliefs vibraient avec la flamme de Kesha qui embrasait ses mains. Veto était éclatant de vigueur. Nul doute que l’exercice ne devait pas lui être facile. Même si la demoiselle n’était pas un gros gabarie, la tracter jusqu’au fond d’un puits ne devait pas lui être très agréable, surtout par un froid si agressif. Mais cette candeur adulte qu’il affichait sur son visage sibyllins cachait une force athlétique que la prêtresse aurait eut du mal à déceler. Il n’y avait pas de doute, pour cette étape, c’était un allié de choix.
Mais parviendraient-ils à rejoindre leur cible à temps et à lui soustraire ses précieuses information? Habituellement, Othello aurait été d’une assurance de fer quant à cela. Même d’un automatisme redoutable. Mais à cet instant, ses croyances commençaient à s’ébranler un peu…

Un crissement plus brutale que les autres se fit entendre… La corde trembla un peu.
Puis plus rien. Le silence. L'immobilité. Que se passait-il en haut? A présent, flottant énigmatiquement au dessus du vide tel un pendu aux cheveux de nuage condamnée au crépuscule, il n'y avait plus que ses flammes pour lui donner un peu d'espoir de sortir un jour. Le caléidoscope de glace lui renvoyait l'image tordue et éventrée d'une femme difforme aux oreilles monumentales aux pointes acérées comme des lames de rasoirs. Ses joues s'étaient creusées pour s'allonger dans une courbe terrifiante, et ne devenir plus que le visage de la mort, aux crins d'os et de cendre, le cou affâmé, et les yeux noirs et vides. Deux abysses noirs qui n'appellent que la fin. Et elle eut peur. Pour la première fois depuis des heures, des mois. Elle était tétanisée par la peur, par le visage que Kron lui renvoyait. D'un geste, elle aurait pu faire fondre cette glace pour retrouver la lisseur maladive des paroies. Mais cela aurait signifié la perte de ces flammes... Et pour rien au monde elle n'aurait abandonnée la seule lueur qui la rattachait à sa déesse.

Le soldat de cendre avait du rencontrer un problème. Que faisait-il? Il y avait-il quelqu’un d’autre en sa présence? Avait-il fait une mauvaise rencontre? Ses sens s’éveillaient en même temps que ses craintes. Elle devait à tout prix trouver un moyen de poursuivre sans le soutient du soldat. Les parois, la glace… Si elle abandonné ses flammes, elle pourrait sans peine la tailler de façon à descendre. Mais le soldat n’aurait-il pas de mal en haut? Fallait-il qu’elle remonte lui prêter main forte? Aucun bruit ne lui parvenait de la surface. Un silence pesant, même, était la seule chose qui se glissait dans ses oreilles, redressées au maximum. Que lui arrivait-il? Dans un souffle froid, les jubilée blanc s’éteignirent: elle était prête à réagir au moindre signe que son compagnon d’infortune puisse avoir un problème. Elle resta ainsi dans l’ombre pendant quelques instants, écoutant le silence avec la plus pure des attentions, guettant le moindre bruit venant du dehors. Mais finalement, ce ne fut que le crissement de la poulie qui lui répondit. Et la chute qui s’ouvrit à nouveau à ses pieds.

Quoiqu’il se fut passé, ce n’était plus d’actualité. L’ombre pâle n’avait pas d’yeux en surface, et aucun moyen de pouvoir connaître les faits et gestes de son acolyte des sables. Mais il avait jugé que qu’il n’y avait pas besoin d’interventions - du moins, pour l’instant. Une impression pesante lui étranglait toujours le cœur, comme si la pression qui étouffait encore le soldat en aval lui coulait le long de ce puits pour lui couler dessus, et faire de ses pieds du plombs pour l’entraîner dans sa chute. Maintenant, il avait du la mener jusqu’au milieu du tunnel… L’entrée du fameux boyau de glace ne devait plus être très loin. Ses yeux se mirent à scruter avidement les parois, tournoyant habilement autour de l’axe. Les mètres s’enchaînaient, toujours rien…
Puis soudain, comme une bouche engloutit une vague, la lumière de la flamme disparue soudainement dans un creux pour ne plus reparaître. Un courant d’air froid se dégagea de l’ouverture vétuste et étroite qui se découpait grossièrement dans la couche de givre, emportant dans une bourrasque ses crinières vers le haut, et poursuivit de lui cracher dessus pendant les secondes qui suivirent. Suffisamment haute pour laisser passer un homme sur ses genoux, le creux formait un rond, et le noir dévorant qui le bouchait prouvait qu’il s’agissait de l’entrée d’un passage. Il était là… Othello lâcha un souffle. « Désolée Veto… Vous allez devoir user vos muscles une dernière fois. »

Pourquoi une telle pensée? Elle arrivait au niveau du creux. C’était maintenant ou jamais… Dans un crépitement ultime, les flammes se laissèrent mourir brusquement. Inspirant profondément, elle profita d’être solidement agrippée pour balancer son bassin vers l’arrière, dans une courbe aérienne, liquide, pour s’évaporer alors. Ses jambes quittèrent le sot solitaire - elle ne devait pas échouer - pour s’élancer en avant. Dans un instant similaire à un battement de cil, elle disparut dans le noire de la bouche, avalée par le néant. Dans un grincement sordide, le baquet flottait maintenant vide, lentement, enveloppé à nouveau par les ténèbres.
Le bruit étouffé d’un feu qu’on allume, et la blancheur opaline se reflétait à nouveau sur les parois, mais cette fois-ci d’un véritable tunnel. Une fois l’entrée passée, le boyau se révélait bien plus haut qu’elle ne l’aurait imaginée, d’un mètre quatre-vingt, ou même quatre-vingt dix, entière recouvert d’une fine couche de givre. En avançant d’un mètre ou deux, elle distinguait que cette pellicule disparaissait doucement pour révéler de la pierre, des pavés grossièrement taillés. La sirène commença à avancer… Mais Véto était toujours en haut. Elle se retourna alors, se recroquevillant dans l’ouverture du passage, et tira une fois, discrètement sur la corde, pour lui signifier que c’était à lui de descendre.

Les flammes de la déesse illuminaient l’ombre. C’était au soldat d’affronter les ténèbres à présent…
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeLun 13 Oct - 20:54

Veto actionnait toujours la manivelle. Et il fixait toujours la fenêtre. Le ciel au-dessus de lui virerait d’une minute à l’autre au rouge du crépuscule et alors il pourrait leur rester aussi bien une heure comme toute la nuit avant que n’arrive l’occasion d’intercepter leur cible.

Son esprit ne pouvait démordre de ce risque tapis derrière cette fenêtre. Et comment ferait-il pour ressortir de ce trou une fois la mission effectuée si on les attendait à la surface ? Et combien de temps attendrait un espion du maire ou de la grande prêtresse pour aller faire son rapport ? Lorsqu’il le ferait, leur mission pourrait échouer ou se compliquer.

Soudain, il vit la corde balancer et il l’entendit crisser. Il y eut un léger choc dans ses bras et il se raidit. L’oreille tendu, il guettait le bruit d’une chute dans l’eau. Mais rien. Rien d’autre que le grincement de l’anse du saut.

Il hésita. Il voulait appeler, demander ce qui s’était passé mais il lui parut soudain évident qu’elle avait trouvé ce qu’ils cherchaient.
Veto mit le cran qui bloquait le rouleau de corde et puis se retrouva à nouveau tiraillé.
Devait-il descendre ou bien vérifier ce qu’il en était de cette maudite fenêtre ?

Il se pencha sur le rebord du puits et murmura aussi fort qu’il le jugea raisonnable :


« Je vous rejoins dans un moment. »

Comment le prendrait-elle ? Il l’abandonnait… Non ! Il couvrait leurs arrières ! Et c’était une des raisons pour lesquelles il était ici.
Il n’attendit pas de réponse et fila vers la bâtisse. Saisissant sa dague sous son manteau, il la garda à couvert et jeta un dernier regard à la fenêtre. Cette fois, il avait vu l’ombre au coin de l’encadrement. Ils étaient bien observés et maintenant il était attendu.

Il repéra une fenêtre brisé par laquelle il ne pourrait jamais passer. Mais depuis ce trou, il put constater qu’il n’y avait pas d’obstacle devant la porte à côté.
Il s’approcha de la poignée et posa sa main, prêt à tourner et à assumer le cliquetis de la serrure ou à essuyer le refus d’un verrou.
À la place, ce fut un bref mais tonitruant grincement qui résonna dans l’ombre. Il aurait dû s’en douter. Vu l’état de vétusté et d’abandon de la maison, ce panneau de bois usé ne pouvait réagir autrement face à une telle intrusion inopinée.

Alors à Sharna la discrétion ! Il poussa la porte qui craqua, crissa sur le sol. Il dut même donner quelques coups d’épaules contre le bois qui faillit se briser et il finit par entrer. De toute façon, ça ne servait plus à rien de faire dans la dentelle lorsqu’on était déjà repéré.
Il balaya rapidement le rez-de-chaussée du regard et celui-ci fut attirer par la seule chose qui dénotait dans ce décors laissé au froid, au temps et à la vermine. Un manteau d’une qualité qui tâchait presque le décor par sa différence de richesse.

Il s’approcha de l’endroit où il était posé, prudent, la dague à découvert désormais. Mais il ne trouva rien de plus que quelques pas frêles dans la poussière. Il jeta un œil par la fenêtre sans carreau et ses yeux se posèrent sur le puits. Soudain, il se rappela que sa comparse ne lui avait pas semblé vêtue très chaudement à son arrivée.
Il ramassa le tissu et chercha les escaliers. Il les trouva finalement, derrière un encadrement sans porte. Il n’était pas pisteur mais avec la couche de poussière, il était impossible de ne pas remarquer les vagues traces de pas qui s’engageaient dans cette ouverture.

Aussi discrètement que les marches grinçantes le lui permettait, il monta, doucement, la dague prête.
À l’étage, pas un bruit. Un vieux battant écaillé et troué était entrouvert au-dessus de lui. Une marche craqua plus fort que les autres et il dut se retenir au mur pour ne pas redescendre plus vite qu’il était venu.
Finalement, il arriva en haut. Il poussa doucement le dernier obstacle qui grinça nonchalamment.

Devant lui, au milieu de la pièce, un petit garçon tenait une dague serrée dans ses petites mains. La pointe était plus tremblante que menaçante.
Il n’avait plus de jambe droite et semblait bancale sur la jambe de bois qui la remplaçait. Leurs regards se croisèrent et ils se reconnurent. C’était l’enfant des rues qu’Irina lui avait présenté au temple de Delil. L’enfant aussi se souvenait de cette rencontre et il jeta un regard paniqué vers la droite.
Veto suivi son regard et leva un bras juste à temps pour voir une matraque s’abattre sur son poignet et lui faire lâcher son arme.


« Stop ! Arrête la Pie ! C’t’un pote ! Y connait Irina même ! »

Le garde s’était jeté de côté, la main sur la garde de son épée à moitié tirée. Un autre enfant était perché sur une caisse derrière la porte et semblait bien plus sûr de lui que son ami. Armé d’un bâton, il était plus menaçant que l’autre avec une lame.
Mais tous deux ne dépassaient pas la quinzaine d’années.

Après une minute à regarder les deux enfants le dévisager, tous trois plongés dans une ambiance tendues et empreinte de doute, les deux visages enfantins s’étaient complètement retrouvés une place dans les souvenirs du garde cimmérien. Il rangea son épée et se releva en massant son poignet.


« C’est donc ainsi que tu t’appelles… La Pie. Très bien. Et toi, tu es Mains-Lestes, si je ne me trompe ? »

Les deux garçons opinèrent du chef mais ne lâchèrent pas leurs armes.

« Qu’est-ce que vous faites ici ?
-Bah on survit, tiens ! T’es chez nous, monsieur le garde !
-Et vous ? Qu’est-ce que vous faites dans le puits avec la prêtresse ? »

Veto s’immobilisa. D’un côté, il avait enfin la certitude qu’il n’avait pas rêvé. D’un autre, il avait deux témoins sur les bras. Il baissa d’un ton sa voix et, s’il ne parut plus aussi décontracté, il n’était pas non plus menaçant.

« Comment sais-tu qu’elle est une prêtresse ?
-Je l’ai déjà vu devant le temple. Et avec Irina aussi.
-Et sinon ? Tu nous prends pour des jambons à essayer de noyer le poisson ? Allez ! Parle !
-Non. »

Le garde s’avança pour ramasser sa dague et les deux garçons pointèrent leurs armes en faisant un pas en avant. Ils avaient soudain sur le visage un air impérieux.

« Hou ! Mais ça m’a l’air très secret ça ! Du genre qui ne devrait pas s’ébruiter ! Et le silence, dans le coin, ça coute cher tu sais, monsieur le garde ? »

Veto s’était stoppé dans son élan, le visage tourné vers sa dague et donc vers le sol. Sa capuche terminait de cacher le sourire qui venait de naître sur ses lèvres. Il s’efforça de le faire disparaître et, une fois son sérieux repris, il agit.
D’un geste vif, il arracha le bâton de la Pie qu’il tenait un peu trop à bout de bras et il faucha la jambe de bois de Mains-Lestes qui chût au sol.


« Oh ! Du calme !
-Tu m’as accusé de te donner du bâton la dernière fois que nous nous sommes rencontré, ce me semble… Voilà la réalité qui te libère d’un mensonge. Puis-je vous faire confiance maintenant que je ne vous pense plus menteur ? »

Les deux garçons se regardèrent, l’un aidant l’autre à se relever.

« Heu…
-Ça dépend...
-Ouais ! Ça dépend de combien t’as ! »

Le sourire de Veto reparut  et se fit plus malicieux qu’il ne le fut tout à l’heure. Il lâcha le bâton et tendit le manteau.

« Un manteau de noble et une dague dont tu avais déjà estimé le prix, il me semble, la Pie, n’est-ce pas ? »

En effet. La première rencontre qui s’était faite entre l’enfant et le jeune adulte avait été chez un marchand d’armes où Veto avait sauvé les plumes à ce petit voleur en achetant son larcin.

« Et ça fera office de gage. Si vous menez à bien la mission que je vais vous confier, je vous offrirai…
-Dix Dias !
-Non ! Trente ! »

Veto ne sourit plus et s’agenouilla devant eux. Son visage était des plus sérieux. Il fixa tour à tour les deux enfants et d’une voix ferme et grave, il dit son prix.

« Deux cent Dias. C’est ma dernière offre. En récompense de votre mission et de me promesse de vous acheter des vêtements plus chauds et de la nourriture pour au moins quelques jours. Et s’il vous reste assez, j’espère que vous partagerez avec d’autres dans la même situation que vous. Vous ferez attention à ne pas vous faire remarquer et dépenserez avec parcimonie.
-Avec Parci qui ?
-Il dit qu’il faut pas tout claquer d’un coup.
-Ah ! Euh… Pourquoi ?
-Bah pour rester discret !
-Ah ! Euh…
-Bon ! On m’attend. La mission vous intéresse ou non ? »

Les deux enfants hésitèrent un instant. La Pie surtout. Et Mains-Lestes l’imitait.

« Y a un piège. Je suis sûr que tu veux autre chose.
-Ah ? Heu ! Ouais ! Ça put ton truc !
-Oui. Si j’ai à nouveau besoin de vous, je veux à nouveau pouvoir compter sur vos services. Je ne vous mettrez jamais en danger et vous paierez chaque fois que je ferai appel à vous.
-C’est tout ?
-C’est tout. »

Il y eut encore une seconde où ils se toisèrent tous les deux, La Pie et Veto, scrutant le fond du regard l’un de l’autre.

« Ok. » Lâcha le gamin alors que son compagnon se jeta sur le bout de tissu et la dague par terre dès que l’accord fut entendu.

Veto leur expliqua alors ce qu’il attendait d’eux. Ils remonteraient le seau après qu’il serait descendu. Et ils reviendraient voir si une lueur ne brillerait pas dans les ténèbres au fond toutes les heures environ, en prenant toujours bien garde qu’il n’y ait pas de témoins.


« Personne ne nous voit jamais, nous.
-Et tu ne nous as pas dit pourquoi vous descendez.
-Et c’est mieux ainsi, petit homme. Maintenant je dois y aller. La prêtresse va finir par s’inquiéter. Restez ici pour l’instant. Inutile d’attirer l’attention à trois. »

Il s’élança d’un pas rapide dans l’escalier, évita la marche dangereuse et arriva dans la ruelle plus sombre encore qu’avant. Un regard à droite, à gauche et il rejoignit le puits toujours aussi prestement. Cette fois, il faisait bien nuit et on n’entendait plus aucun bruit dans la ville alentours.
Mais voilà. Lorsqu’on se presse, on oublie le reste.

Il venait à peine de poser ses mains sur le puits qu’il entendit un pas derrière lui qui n’était pas le sien.


« T’as failli me semer, Havelle… »

Il était stupide de penser qu’un seul des partis possédait des espions, n’est-ce pas ?

Il sentit la froidure de la lame se coller à sa joue et il comprit qu’il devait se retourner.
Le tranchant s’appuya sur sa gorge et l’obligea à s’allonger sur le bord du muret. Dans l’obscurité, Veto ne pouvait voir le visage de son agresseur mais il reconnut cette voix.
Midiar… Le chef inquisiteur de l’ordre Municipal, celui qui avait torturé Veto, l’amenant presque aux portes de la mort. Midiar, celui qui était convaincu que son prisonnier travaillait pour les prêtresses alors que ce n’était pas encore le cas. Finalement, Ils se retrouvaient et encore une fois, Veto avait le dessous. Au moins, cette fois, l’antipathie était justifiée. Pour chacun des parties d’ailleurs.

Cet homme n’était pas un grand combattant, mais il avait de la force, de la vélocité et Veto avait une lame qui lui griffait déjà la joue.


« On m’a chargé de te coller au train. Tu commences à vraiment gêner, jouet du destin. Mais cette fois, ta chance a tourné. Ce soir, dans une placette sombre, il ne se passa rien parce qu’on ne retrouvera pas de corps. T’avais soif, non ? »

Veto comprit sans peine que cette enflure avait vite fait le choix d’éliminer celui qu’il devait filer. Ce serait plus rapide, moins fatiguant et plus jouissif pour lui. Après tout, ils n’avaient jamais pu s’entendre, dès leur première rencontre alors qu’ils n’étaient que simples soldats, déjà avant que l’un n’enchaine l’autre et le passe au fer rouge sans rien en tirer.

Le fidèle d’Irina fixait la masse sombre qui aurait dû être le visage de son futur meurtrier et crut bien sa dernière heure arrivée.
Mais Talum en décida autrement. La petite lune pointait déjà par-dessus le toit et l’œil de Veto fut attiré par le point noir qui passa dans son halo. Le point grossit et retomba vers eux. Une pierre !
Sacré gamins ! Ils avaient tout vu et avaient décidé d’aider leur employeur.
Mais était-ce une si bonne idée ?

La pierre percuta violemment le crâne de Midiar qui eut un soubresaut. Il entailla le cou de Veto et s’affala sur lui.
Le déséquilibre déjà prononcé que le chevalier de Dranis était forcé d’adopter s’accentua et il se rattrapa comme il put à l’homme sonné qui le poussait en arrière. Finalement, ils basculèrent tous deux dans le cercle de ténèbres, loin de Talum et de sa lumière.
Une chute qui sembla une éternité à Veto.

Derrière son dos, le blondinet sentit la corde frotter et il eut le réflexe de s’y agripper. Mais Midiar reprenait passablement ses esprits et il fit un mouvement brusque.
La douleur que Veto ressentit dans sa jambe lui sembla dérisoire grâce à la dose d’adrénaline qui circulait dans ses veines en cet instant.
Finalement, les doigts de Veto s’emmêlèrent dans la corde, puis il l’attrapa. Le chanvre lui brûla la main mais il tient bon, rajoutant la seconde, ralentissant imperceptiblement sa chute. Puis la hanse du saut faillit lui briser les poignets. Mais il tint bon. Sous le choc, il lui sembla entendre un craquement au-dessus d’eux.
Et puis il y eut l’impact de Midiar qui tombait derrière lui. Il le percuta et puis tomba dans l’eau après un son mâte qui sembla bien à Veto être celui d’une tête qui heurte un mur… Mais le cimmérien tint bon ! Même s’il sentit que la corde avait semblait descendre dix centimètres brusquement.

Il fallut une seconde à Veto pour reprendre ses esprits. Son cœur se calmant, il sentait la douleur grandir dans sa cuisse. Mais pour l’instant, il s’évertuait simplement à tenir bon.
Il pendait mollement au bout de sa corde, balançant doucement.

Au-dessus de lui, une petite voix survint.


« Monsieur ?
-Eh ! Regarde le bois ! Ça va lâcher ! »

Veto rouvrit les yeux et le hasard voulu qu’un souffle frai vienne lui fouetter le visage.
Le mouvement de balancement l’en éloignait. Et lorsqu’il s’en approcha à nouveau, il crut percevoir une très faible lueur bleutée se débattre dans les voiles noirs de l’obscurité.
*Othello.*
Il attendit le dernier moment et tendit la main vers elle. La corde céda et il sentit son coude heurter le rebord. Immédiatement, par réflexe, une gangue de glace enferma sa main et la colla contre le sol qu’elle griffait pour se retenir. L’ancrage fonctionna et il resta accrocher par cette main qu’il crut s’arracher.
Ses jambes heurtèrent le rebord et la douleur dans sa cuisse lui arracha un petit cri.

Mais le seau toucha l’eau -ou plutôt le corps de Midiar avant de rouler dedans- et bientôt, le reste suivrait.

Cependant, Veto avait trop mal pour s’en soucier. La dague de son agresseur devait s’être fichée dans sa jambe et y était vraisemblablement toujours.
Les larmes aux yeux et la gorge si serrée qu’elle en était muette, il tentait de trouver une prise à l’aide de sa deuxième main libre tout en expirant un râle de douleur à moitié paniqué. Mais la lueur lui semblait s’affirmer dans l’ombre.

Soudain, une pièce de bois percuta le mur juste à côté de lui et une autre effleura sa jambe. Cela suffit à la lacérer d’une ou deux échardes. Rien de bien grave mais elle avait surtout remué cette patte blessée : plus de doute, la dague était toujours plantée dans sa jambe et son manche venait de tressauter sur une aspérité de la paroi.


« Othello ! » murmura la voix déjà épuisée du cimmérien qui cherchait désespérément une prise dans le noir.

En haut, les deux gamins ne pouvaient entendre cette petite voix plaintive et il y eut un ou deux « Monsieur ? » ou « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » avant que Veto ne réalise qu’elles raisonnaient dans le puits en fond sonore de son malheur.
Mais pour l’instant, il cherchait à remonter car la glace lui lacéré le poignet à la manière de menottes. Douloureux souvenirs qu’ils devaient également à Midiar… La seule consolation que le Sergent trouva dans son malheur fut qu’il était encore en vie, lui, et que c’était les dernières injures que cet homme lui faisait.


Dernière édition par Veto Havelle le Mar 13 Jan - 19:05, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeSam 18 Oct - 15:02

Toujours face à face avec le tunnel mystérieux, dont l’entrée la narguait sournoisement, un sourire de glace à l’appui. Debout devant le passage, elle n’attendait plus qu’une chose. Ou plutôt quelqu’un. Seulement quelques secondes s’étaient écoulées, depuis qu’elle s’était sortie du sot qui flottaient à présent sans grande ambition, dégageant sur son passage un bruit aussi curieux que strident. Mais il était impossible qu’il n’ait pas remarqué à présent l’absence de son poids sur la corde. Il ne devrait plus tardé certainement… Le silence des courants d’air lui glaçait de plus en plus le sang. Pour qu’il n’y ait pas la moindre réaction, quelque chose devait être en train de se passer, alors que la demoiselle se retrouvait mangée dans l’ombre. Oui, quelque chose était forcément arrivée… C’était la seule solution qu’elle pouvait s’imaginer. Elle attendrait encore quelque seconde, et ensuite essaierait de remonter pour l’aider… Ou devait-elle continuer sa route seule sans essayer de se retourner ? Perplexe, de nombreuses questions se bousculaient dans sa petite tête blanche alors qu’elle passait l’ouverture du tunnel pour se tourner vers le ciel. Elle n’attendait aucune lumière, ni aucun retour. Pourtant ses yeux se rétractèrent d’inquiétude.

Finalement, dans un ton à demie effacé, à demi étouffé par le vent qui s’engouffrait dans l’immense boyau, la voix de Veto lui parvint enfin. Ses oreilles se baissèrent, et un frisson douloureux dégoulina le long de sa colonne, aussi acéré qu’un souffle brûlant. Pour qu’il décide de partir, c’est que leur sécurité commune était en danger. Son cœur s’accéléra alors, dans un élan de pression qui s’abattit sur ses petites épaules à peine couverte. Le pragmatisme militaire du jeune homme ne laissait pas de place au doute. Et elle aurait aisément pu croire à une menace minime si il n’avait pas pris la décision de partir. Il vivait dans un monde où tous ses gestes étaient motivés par une raison, et où rien ne devait être laissé au hasard. Et Othello, du haut de sa maigre discipline de prêtresse aux mains pourpres, respectaient particulièrement ça. Cette philosophie droite et docile l’avait toujours enchanté. Et Véto était taillé de cette façon. Redressant à moitié ses oreilles, elle acquiesça dans le noir, sans qu’aucun ne puisse la voir, taisant au même moment ses flammes blanches – mieux valaient économiser un peu ses forces.
A présent, elle devait prendre son mal en patience. Veto savait sans doute ce qu’il faisait. Sil prenait la peine de partir, c’est qu’il jugeait la menace – ou la présence – sérieuse, suffisamment pour laisser en suspens leur mission principale. Et au fond, devant la volonté du soldat de sable, elle ne pouvait pas réagir, ni s’opposer à cela. Un soupir franchit ses lèvres alors qu’elle se laissa tomber le long d’une paroi de glace. SI il avait jugeait l’instant dangereux, alors elle avait confiance en son jugement et se devait de l’écouter, et de l’attendre le temps qu’il fallait.

Mais le temps qu’il fallait fut plus long que prévu. Au bout d’une dizaine de minute, la demoiselle tournait déjà devant le couloir comme une lionne en cage, faisant rutiler ses omoplates dans de légers craquements de verre. Plus aucun bruit ne lui était parvenu de l’extérieur. Alors qu’elle tentait vainement d’attendre, décrivant d’étranges va-et-vient entre la bouche de glace et le début du tunnel, une sensation de paranoïa lancinante commençait à imprégner son esprit froid, la laissant troublée… Et seule. Ses flammes éteintes, elle ne pouvait plus compter que sur ses sens et son instinct pour se guider – bien que son chemin répétitif ne permettait pas d’erreur quant à son itinéraire. Au moindre bruit, elle tressaillait. Ses oreilles se dressaient brutalement contre son crâne, alors que ses yeux aveugles balayaient inutilement l’obscurité. Et le moindre souffle, fut-il issu du vent, l’attirait brusquement vers la bouche de pierre, dans l’espoir d’y entendre une nouvelle fois la voix de Veto. Que faisait-il ?! Sa salive se mit soudain à avoir un goût âcre et désagréable, qu’elle prit pour de la bile pendant quelques secondes, avant de comprendre qu’il ne s’agissait en fait que du fruit de son imagination. Combien de temps cela prendrait-il encore… Et si il était en danger ?

Quelques minutes plus tard, l’atmosphère était devenue bouillonnant, et la demoiselle, dans sa cage de givre, s’était mise à diffuser à vague régulière des nappes de froid qui venait balayer le sol, renforçant la couche déjà existante de dizaines de petits cristaux blancs. La pression avait été remplacée par une forme d’inquiétude désagréable pour le jeune soldat. Et cette sensation n’était pas commune pour la petite sirène qui s’était toujours efforcé de séparer le monde entier de ses sentiments. Peut-être était-ce là la raison pour laquelle elle n’avait jamais voulu agir avec quelqu’un. Même si elle se refuser de l’avouer, et qu’elle tentait – à défaut de se convaincre – de se bercer d’illusion, Othello était peut-être douée d’un instinct protecteur… Quelque part. Et sa volonté d’accomplir sa mission lui valait aussi d’en ressortir avec le soldat sains et saufs, et victorieux. Mais il ne revenait toujours pas… Le tunnel était béant à ses côtés, et à chaque pas dans les ténèbres, elle s’aventurait un peu plus loin. Qu’allaient-ils faire si ils manquaient leur cible ?
Dans un bruit guttural, elle déglutit bruyamment. Si dans les prochaines minutes, il ne revenait pas, elle devrait prendre en main la mission. Pour Irina.

Puis un bruit sourd retentit. Un bruit étouffé, un corps lourd, un cri que l’on retient amèrement dans les poumons pour ne pas le laissait sortir, bien que l’on le sait assourdissant. Et cette fois-ci, Othello savait que ce n’était pas une fausse alerte. Se précipitant vers l’ouverture du tunnel, manquant de peu de glisser et de s’étaler de tout son long sur la glace, pour s’attarder à nouveau au dehors. D’abord, c’est le son, d’une lourdeur infini, d’un poids qui s’écrase sur la glace, et qui plonge dans les abysses qui atteint ses oreilles, poussant ses yeux noirs qui fixaient le vide à rechercher sa source dans les ténèbres.
Mais elle ne vit rien. Pourtant, l’écho d’un souffle faible et proche retentissait doucement près d’elle. Puis un murmure… Son propre nom ? ça ne pouvait être que…

« - Veto ? » Sa voix était presque étouffée. Elle se tut de nouveau jusqu’à surprendre un deuxième soupir, baigné dans une douleur palpable. « Veto ! » Son cri étouffé trouva tout de même sa cible.

Dans le même crépitement adroit, ses mains s’illuminèrent à nouveau, et la clarté douce et calme de la flamme de Kesha illumina de nouveau la bouche grotesque du tunnel, et le visage torturé et humide du jeune homme, aux yeux bleus traversés de tempête, les lèvres tremblantes et le front crispé. Le pauvre soldat pendait difficilement dans le vide, les bras accrochés à la paroi dans une prise maladroite, et les jambes ne demandant qu’à disparaître dans le vide. « Kesha, que s’est-il passé… » Brusquement, la jeune femme s’agrippa à ses épaules froides, glissant ses mains sur ses côtes pour l’élever péniblement sur le rebord. Ses bras se contractèrent à en trembler, et, alors qu’elle tirait violemment le corps faible du jeune homme, ses dents se plantèrent dans ses lèves pour supporter ses muscles. Qu’avait-il bien pu se passer ? Les flammes pâles émanaient maintenant du jeune homme, brûlant à même sa peau sans pour autant les consumer. Et dans leur apaisant éclat, elle s’aperçut que, en contrebas, luisant froidement dans des courbes anarchiques, une lame longue était plantée dans son mollet et piquait méchamment sa chair. La demoiselle déglutit. Qu’avait-il bien pu se passer ? Dans un dernier effort, elle aida le jeune homme à se relever, et le tira une dernière fois jusqu’à ce qu’il soit en sécurité. Reprenant son souffle, elle se retourna brusquement. Si seulement Irina était là…

Il fallait faire vite. La jeune femme fit son possible pour adosser tant bien que mal l’homme de sable contre le givre, attrapant son visage fuyant entre ses mains de feu pour observer ses yeux. Tant que la flamme brûlait, la douleur serait apaisée. Kesha, dans sa grande bonté, veillait sur eux… Mais la scène restait toujours aussi anarchique dans l’esprit de la demoiselle, où les pensées fusaient plus vite que sa voix, qui tentait de bafouiller quelques paroles. Le regard du jeune homme avait perdu de son éclat, et son bleu azuréen semblait moins profond. Heureusement que la lame n’avait pas atteint de veine… Il fallait l’extraire au plus vite. Une salive amer remplit sa bouche. Si Irina était là, elle ne céderait pas à la panique, ni à ses émotions. Elle resterait droite, et royale.


« - Je vais devoir retirer le couteau, Veto. J’ai la capacité de vous soigner, mais vous risquez d’avoir mal…Tenez bon, ça ne durera pas longtemps. » Lui souffla-t-il, s’accrochant à son regard du mieux qu’elle pu.

Dans une foulée aussi soudaine que calculée, la main de la jeune femme saisit brutalement le manche du poignard, la flamme se souffla, et elle tira brusquement. Une sensation chaude humecta alors ses doigts, et une âpre odeur de fer et de sang se dispersa tout autour d’eux. Une lueur bleutée entoura alors sa main tremblante, et la jeune femme disparut dans une prière intime pendant qu’elle essayait de refermer la blessure. Elle savait sa magie de soin encore lacunaire. Et si elle parvenait à refermer les plaies, elle avait encore du mal à l’utiliser. Les yeux fermés, ignorant tout gémissements ou cris, elle attendit que sous sa paume, la sensation de chair déchirée ne soit remplacée par celle de la peau. Rapidement, la jeune femme se refroidit, laissant une professionnelle distance se créer entre eux, se laissant allée à ses sensations tactiles…
Quand elle rouvrit ses yeux, le lumière bleue de sa main s’était éteinte. Et ils étaient à nouveau plongés dans l’ombre du tunnel qui les avait avalé tous les deux. Une sensation de fatigue l’avait envahie. Mais maintenant, sous ses doigts, c’était une peau fermée – certes irrégulière – qu’elle sentit.


« - Que s’est-il passé… » Laissa-t-elle finalement échappé, dans un soupir déconstruit.

Ne sachant quoi dire de plus, la demoiselle ne dit plus rien et se muta dans un silence lourd. Dans l’ombre, s’attardant sur la silhouette adossée du jeune homme, elle dévisagea le contour de son visage, attendant un souffle, un mot de sa part. « Kesha, faite qu’il aille bien, et qu’il puisse retourner à Irina sans blessure et gagnant. »
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeMar 13 Jan - 18:58

Un esprit embrumé n’était pas une description qui convenait pour décrire l’état dans lequel se trouvait Veto après ces derniers évènements. Ses mains le brûlaient, sa jambe le faisait souffrir et tous ses muscles lui semblaient déchirés. C’étaient les seules sensations qu’il avait d’abord réussies à retrouver.
Malheureusement pour lui, ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans un tel état. À croire qu’il n’était le jouet du destin que pour amuser ce hasardeux et facétieux ange-gardien. Cette force inconstante riait peut-être de sa souffrance, comme un enfant s’amuse d’un petit animal qu’il torture avant de sauver in extremis. Mais il préférait penser que s’il était une telle chose, un simple hochet vivant pour une puissance ésotérique, celle-ci devait être candide. Ce destin ne pouvait qu’ignorer qu’il souffrait. Tout cela n’arrivait que par hasard et rien de plus… Sinon, qu’avait-il bien pu faire pour mériter cela ?

Des ombres mouvantes et bleutées d’abord, des sensations moins douloureuses ensuite et pour finir des sons… Lentement, il revint à lui. Le sang avait tapé si fort à ses tempes : les chocs, la pression, les blessures… Soudain, Veto se demanda s’il était possible de s’empoisonner aux sensations fortes. Un médecin aurait parlé d’intoxication à l’adrénaline et se serait subitement interroger sur ses chances de survies s’il avait vécu une vie semblable à celle du militaire aventureux, sans aucun doute.

Mais le jeune Havelle, bien qu’intelligent et passablement instruit, n’était ni habitué à se poser ce genre de question ni en état d’avoir du recul sur lui-même et son style de vie.

Ainsi, lorsqu’il comprit qu’on lui posait une question, il chercha ses mots un long moment mais oublia ses propres interrogations.
Et entre deux souffles épuisés, il articula à grand peine :

« Un espion… Mais il n’est plus… Tout va bien… Hâtons-nous de… »

Mais les mots ne parvinrent pas à le motiver contrairement à ce qu’il avait espéré. Son corps refusa de bouger. Et Il se contenta de déglutir et de fermer les yeux.

« Enfin… Heu… Prenons une seconde… pour nous… pour que je…»

Il fronça les sourcils, s’agaçant lui-même de son hébétement et de sa façon d’ânonner, lui qui était si fier de son éducation auprès des Sylphides. Il ne s’en vantait jamais mais il en était heureux. Il toussota et réussit à se redresser un peu et reprendre constance. Il se redressa et se racla la gorge.

« Nous allons prendre quelques minutes encore… La première lune vient d’apparaître. Nous devrions avoir encore un peu de temps. Notre cible avait rendez-vous avec Elle à la tombée de la nuit. Nous devons l’intercepter à son voyage de retour. »

Il fermait les yeux et fuyait le regard de sa protégée. C’est elle qui l’avait sauvé alors qu’il avait juré de veiller sur elle devant Irina. Avec le temps et les quelques galons qu’il avait pris, une certaine forme d’amour propre avait pris le pas sur son innocence et son humilité. Et sa droiture avait laissé place à une certaine sévérité envers les autres mais surtout envers lui-même.

Et il y eut alors un long silence et il finit par affronter son regard et il ne lâcha qu’un mot :
« Merci… » C’était un remerciement sincère mais il rompit le contact visuel rapidement et se tourna vers les mains de la demoiselle de givre.

« Vous ne semblez pas souffrir de ces flammes et elles n’ont pas enflammé la corde tout à l’heure. C’est la première fois que je vois tel pouvoir et je ne parviens pas à comprendre son utilité… Pourquoi un feu qui ne brûle pas ? N’est-ce que pour faire de la lueur ? Ou pouvez-vous décider de brûler si le cœur vous en dit ? »

Curieux, il l’avait toujours été. Les mystères du monde avaient toujours hanté ses rêves et ses courts instants d’oisiveté. Ceux de la magie lui avaient semblé longtemps inaccessibles au vu du temps qu’il avait mis à réveiller en lui le moindre pouvoir. Ainsi, il attendit et écouta ce qu’elle voulut bien lui révéler avec une avidité tempérée mais grandissante.
Et il joignit ses mains, laissant une part de son esprit qui avait repris constance se concentrer sur le premier pouvoir qui s’était manifesté en lui. Et lentement, car il prenait expressément son temps pour ne pas réduire à néant les forces qui lui revenaient petit à petit, les brûlures de ses doigts sur la corde disparurent. Et il retira les gants en laine que la friction avait éventrés. L’air dans le tunnel était glacé mais la glace était son élément et il avait avec le temps développé une tolérance à la froidure supérieure même à la moyenne Terran.

Soudain, un battement d’ailes brisa le silence et un oiseau se posa dans un mouvement gauche sur le rebord givré. Manifestement, le vol dans aussi peu d’espace n’avait pas été une mince affaire.
Veto reconnut immédiatement une pie. Celle-ci était assez petite en comparaison de ses congénères parfois observables dans la région. Celle-ci fixait le jeune homme avec une assurance exceptionnelle. Et le militaire eut un sourire en comprenant.


« Merci pour votre intervention. Je vous dois 100 dias de plus je crois ? Vous pouvez aller vous coucher quelques heures. Je ne pense pas que nous reviendrons avant un moment. Trouvez une nouvelle corde et recommencez à regarder dans le puits à la mi-nuit. D’accord ? »

La pie montra son autre profil et puis émit un croassement caractéristique avant de s’envoler maladroitement dans la cheminée de pierre.

Veto garda un moment son sourire et puis réalisa qu’il commençait enfin à reprendre possession de son corps et que son souffle s’était un peu calmé. Alors il essaya de se relever et reprit la parole pour détourner l’attention de sa protégée de ses gestes hésitant.


« Impressionnantes créatures que les yorkas, n’est-ce pas ? »

La fatigue lui avait fait oublier les détails anatomiques d’Othello qu’il avait forcément remarqués après ces rencontres répétées. Ainsi, il s’excusa immédiatement : « Veuillez me pardonner si mes propos vous offensent ! ».
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeLun 19 Jan - 20:59

Dans cette cathédrale de givre et de pierre, les soupirs qui s’échappaient de ses lèvres ressemblaient bien plus à des voiles de soie évanescents qu’à un souffle imaginaire. Dés que le jeune homme avait commencé à parler, la demoiselle avait lâché prise, et s’était elle-même laissé glisser contre la paroi lisse, un fardeau de neige qui s’évanouissait à travers la glace. Et le peu de temps où il resta étourdi lui parut une éternité. Mais mine de rien, elle préférait le savoir là, encore dans les nappes de l’engourdissement, plutôt qu’à se retrouver en proie aux regards et aux espions à la surface. Comme les fonds de l’océan, ce boyau de gré et de givre avait soudain des allures de refuge, alors qu’ils étaient mangés avidement par l’obscurité. Parfois, mieux valait les entrailles de la terre et les bras de l’eau pour trouver le repos, loin des tracas et du vacarme de la métropole. Othello goûtait ce silence tracassé avec une paix plutôt étonnante, alors qu’elle comprenait son comparse de crime encore sonné. Mais même si son esprit devait être recouvert de brume, il était éveillé, et semblait pouvoir se remettre sur pied avec quelques minutes de pause…

Quelques minutes qui furent bientôt primé d’un large renfort. Mais après tout, il n’avait pas tort. Acquiesçant silencieusement, et basculant doucement sa tête contre le mur froid, elle referma ses bras autour d’elle et laissa le temps au soldat de sable pour retrouver ses esprits encore un peu. Il devait encore être relativement tôt… Dans le puit, à quelques mètres, le rayon de la lune s’était tout légèrement désaxé, et semblait encore un peu plus évanouie dans l’ombre de la nuit. Ce ne serait pas quelques minutes passées en plus dans ce tunnel qui mettraient à mal leur mission. En pensant cela, l’hybride finit par se détendre un peu, sentant ses muscles fatigués retrouver leur mollesse habituelle.
Ainsi donc, le deuxième homme qu’elle avait vu tomber était un espion. Son corps devait reposer maintenant dans les eaux gelés du fond du puit, remonté avec lourdeur à la surface, et colorant l’eau d’un mat incarna qui avait prit le pas sur le noir des flots. Un spectacle surement ravissant pour ceux qui peuvent percevoir la beauté dans la mort d’un ennemi. Ou une autre scène de la cruauté du monde, selon le regard. Othello aurait voulu se lever pour aller vérifier par elle-même si l’autre était bien en bas, et qu’il ne présentait plus aucun danger potentiel. Tremblantes, ses petites oreilles poisseuses continuaient de s’agiter à chaque bruit d’eau ou à chaque craquement de la glace, lâchant de temps un autre un long souffle froid, à force de trop retenir sa respiration. C’était un triste évènement, mais cela montrait une chose alarmante : leur duo était bien surveillé. Ou l’étaient-ils vraiment ? Du moins, elle savait le lynx des sable découvert – sil s’était fait attaqué, peu nombreuses étaient les chances pour que ce soit pour une tout autre affaire. Mais elle, avait-il eut vent de sa présence ? Les yeux dans le vide comme deux carcasses mortes, son instinct lui soufflait sagement de rester adroitement sur leur garde.

Un souffle – un mot ? – la tira de son mutisme soudainement, quand elle découvrit deux lazurites piquantes qui la dévisageaient sommairement. Un peu troublée, elle lui rendit son regard, complètement vide de réaction, se contentant d’hocher la tête quand elle eut saisit le sens de sa parole. Même si elle ne disait rien, sa reconnaissance était la bienvenue – bien qu’elle ne la comprenne pas complètement. Ils faisaient partis d’une équipe, non ? N’était-ce pas la marche à suivre ? Discrètement, elle continua de le regarder pour déceler l’ironie, ou n’importe quel once de piquant dans sa voix. Mais il paraissait, contre tout attente, parfaitement sincère. Son visage avait même repris quelques formes, et quelques couleurs, depuis sa chute dans le gouffre. Cela la rassurait profondément. Il fallait qu’il retourne à Irina en bonne santé, c’était tout ce qui comptait pour elle avec la finalité de leur mission.

C’est quand il lui évoqua les flammes de la haute divinité qu’elle s’effaça un peu, découvrant en elle une méfiance soudaine qu’elle ne comprit pas tout de suite. Rapidement, elle abrita ses mains sous ses jambes et regarda ailleurs, comme si le sujet lui paraissait délicat. Ce qui était complètement idiot, d’ailleurs. Mais aussi pur fut-il, cette capacité était celle qu’elle gardait le plus jalousement, et que personne mis à part le soldat blond n’avait encore vu. Cette timidité était parfaitement idiote, elle en avait pleinement conscience. Mais elle avait, tout au long de sa vie et bien plus depuis qu’elle était entrée au service de l’ordre, acquis une méfiance idiote et une pudeur extrême. Parler d’elle-même ne faisait pas partie de ses sujets de conversation de prédilection. Mais soudain, ce ne fut plus sa première préoccupation… Mais les raisons de cette question. Il se pouvait que ce fut par simple curiosité ? Ses petits doigts blancs s’entremêlèrent doucement. Peut-être étaient-ils similaires sur ce point. Peut-être lui aussi était-il curieux de nature. Et après tout, Veto n’avait ni l’air agressif, ni mesquin. Simplement respectueux, sage et encore un peu absent.
Se redressant un peu, elle se décida finalement à répondre, tâchant d’être brève mais d’assouvir la curiosité de son interlocuteur. Et pour égayer son regard, et l’apaiser un peu, elle laissa une braise s’éveiller au bout de deux de ses doigts.


« - Elles ne sont pas offensives… Je crois. A vrai dire, vous êtes le premier à les voir. Je ne pense pas qu’elles puissent brûler, ou même faire autre chose qu’émettre de la lumière. J’ai simplement remarque le fait qu’elles ont une vertu apaisante… Et qu’elles suppriment la douleur… » Dit-elle doucement, les yeux rivés sur les courbes éphémères du minuscule feu blanc. « Peut-être ont-elles encore des secrets à révéler, après tout. » Conclu-t-elle finalement.

Aussitôt, elle éteinte la lumière, et retourna à l’obscurité. Ce qu’il advint dans le silence par la suite, elle ne le su pas, laissant le chevalier à ses pensées, où qu’elles furent. Le mur gelé lui recouvrait le dos, l’enveloppant d’une douce chaleur apaisante, et l’espace d’un instant, si ils n’avaient pas été dans un tunnel froid sur le point de faire chanter un homme, elle aurait pu croire être complètement ailleurs, dans les fonds marins cimmériens, enfouis sous une épaisse et froide couverture d’eau. Sa tresse était maintenant humide, et ses cheveux secs, à la douceur du sel, et à l’odeur des embruns, commençait à se couvrir d’une pâle couche de givre. Bizarrement, ses yeux s’étaient fermés, le temps que le soldat se perde dans ses pensées, le temps aussi pour elle de trouver un peu de repos après les derniers évènements.
Cette torpeur s’envola tout cas coup comme un fin voile de soi avec le bruissement d’une aile qui s’engouffrait dans le tuyau de pierre. La demoiselle se releva brusquement, se redressant sur son dos, dressée sur son bassin, le torse bombée d’un guerrier et le visage d’un serpent à l’affût. Un nouvel espion ? Un oiseau qui descend volontairement dans un puit n’est pas chose courante, surtout quand son frère d’arme d’une nuit venait d’être agressé. C’est une pie qui arriva devant elle. Sa main était déjà crispée sur sa dague qui était discrètement à sa ceinture. Elle s’était déjà remontée un peu sur chevilles, alerte comme un félin. Mais Veto s’adressa soudain à l’animal, qui s’était installé devant lui, et qui agissait comme un homme, aux mouvements pensés. Un yorka ?...

Dans un geste infime, elle se réinstalla dans la position où elle était, et laissa l’homme et l’animal discuter tranquillement jusqu’à ce que la pie prenne de nouveau son envol. Il devait certainement être un collègue, un autre soldat, se dit-elle. Un léger sourire naquit sur les petites lèvres orangées quand il soupira son énigmatique remarque. Un sourire ironique, un peu mélancolique… Mais loin d’être méfiant. C’était étrange, habituellement, l’hybride se sentait rapidement touchée par ce genre de remarque. Elle savait son peuple maltraité, et discriminé. Que certains de ses frères et sœurs étaient traités comme des esclaves, et même une sous-race par certains être immondes et égoïstes. Mais elle savait au fond d’elle que Veto n’avait rien à voir avec ces gens là. Elle ignorait tout de ce jeune homme, mis à part le fait qu’il était un jeune soldat, et qu’il servait ensembles le même objectifs, servir la même grande Dame. Mais il était sûr qu’il ne disait pas cela mal. Il était un homme bon, et gentil. Trop pour pouvoir soulever ainsi un si gros pavé dans la marre, dans le simple but de la blesser. Ses excuses empressées vinrent confirmer ses pensées.


« - Curieuses, en effet… » Soupira-t-elle, d’un ton pour une fois amusé, même un peu las.

Qui êtes-vous, curieux soldat ? Othello le dévisageait avec un intérêt mesuré, essayant de comprendre les étranges mécanismes qui pouvaient s’activer sous cette tignasse blonde. Quel était son passé ? Ses pouvoirs ? Pour la première fois depuis leur rencontre, elle se sentait soudain curieuse d’en apprendre un peu plus sur le jeune homme. Elle sentait en lui quelque chose d’instinctif, un peu comme chez eux, les yorkas, qui l’impressionnaient tant. Une certaine noblesse léonine qui chatoyait sous ses airs candides d’adolescent un peu perdu, et une détermination martiale qui irradiait de sa personne. Comme si il débordait de loyauté. Une personne de respect et de confiance, elle pouvait le sentir. Puis, sans plus de cérémonie, ses émotions s’éteignirent comme elles étaient venues, retournant à la poussière et au vide, retrouvant un visage neutre et désolée d’une petite poupée de porcelaine, à jamais figée sous un masque inexpressif. Ses épaules se baissèrent doucement, et elle retourna s’éteindre contre le mur.

« - Vous n’avez commis d’offense, ne vous en faites pas. Puis-je vous poser une question ? » Demanda-t-elle, d’un naturel froid presque déstabilisant. « - Pourquoi servez-vous notre cause, avoir choisi de servir ? Quels sont vos motivations ? »

Parmi les nombreux défauts qu’elle avait, la franchise était parmi les pires, et les plus exacerbés. Un franc parler froid, et étrange, oppressant parfois. Mais c’était au milieu de ce silence, dans cette cathédrale vide et froide, qu’elle avait choisie de lâcher sa question comme une pierre dans un étang, sorti de nulle part, comme un astre traverse le ciel. Elle n’attendait pas vraiment de réponse, même si elle en espérait une… Elle voulait savoir qui était cet homme, d’où lui venait cette noblesse et cette loyauté. Et quelle cause il servait… Tout simplement, savoir si elle pouvait avoir confiance en cet étrange soldat de sable. Blottie contre le mur, comme les bras froids d’un ami, elle se préparait aux conséquences de son honnêteté, mais elle calculer à peine son culot. Sa spontanéité d’enfant, sûrement… Au fond, elle n’attendait pas une réciproque sincérité, peut-être même rien, un simple regard haineux, et une épaule tournée. Un frisson parcourut son dos. Qui êtes vous, curieux soldat…
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeDim 8 Fév - 9:49

Veto parvint finalement sur ses jambes et se tint encore un instant à la paroi glacée, un sourire naissant sur les lèvres. Voilà ! Il retrouvait son état normal et son utilité. Et il n’y avait rien de plus beau à ses yeux !

Les paroles de la belle Yorka de glace tournaient dans son esprit. Il était très satisfait de sa réponse et aussi très étonné par ce que celles-ci révélaient. Ce n’était pas tant ce pouvoir qui piquait désormais sa curiosité, mais l’aveu qu’elle avait fait. Il était le premier à qui elle révélait de pouvoir alors qu’ils se connaissaient si peu. À lui, avec qui elle n’avait jamais partagé plus d’une poignée de minutes trois fois dans leurs vies, elle révélait un tel secret… Car c’en était un, sans aucun doute. Veto n’était pas érudit mais il était malin et il faisait très attention aux détails. D’autant plus que l’obscurité dans laquelle ils se trouvaient l’aidait à se concentrer. Et il avait remarqué le silence avant qu’elle ne commence à expliquer, les intonations et les mots qu’elle avait utilisés, la timidité avec laquelle elle avait à nouveau révélé la flamme. Elle aurait pu avoir l’air enjouée, enflammer à nouveau et d’avantage sa main pour montrer sa fierté de ce pouvoir, utiliser des mots plus marqués de gaité ou d’orgueil,…
Veto doutait que la prêtresse ne possède que ce secret. Mais que ce soit cela ou qu’elle soit simplement timide ou réservée, de toute manière, ce que voyait le militaire, c’était qu’elle s’était ouverte à lui sans grande hésitation.
Ils ne s’étaient vu que quelques fois, toujours de manière officielle. Seule leur dernière rencontre avait révélé leur plus grand point commun : ils étaient deux serviteurs de la Dame Vipérine et ils semblaient tous deux plus dévoué l’un que l’autre à leur cause.

Et en cela, Veto trouvait en Othello un écho plus que réconfortant et une pointe de jalousie qui l’amusa. Car il ne pouvait brimer cette prêtresse d’être pleine de ferveur pour sa supérieure, d’autant plus que lui l’était sans même qu’on ne le lui ait demandé en définitive.

Mais la dernière mission faite dans le désert près de Gaeaf continuait de le tarauder et il s’était promis de faire des recherches car il pressentait que les récentes révélations seraient d’une importance capitale, pour lui, comme pour la seule femme qui hantait désormais son esprit jour et nuit.

Mais elle lui posa une question à son tour et il s’immobilisa. Le sourire sur son visage se réaffirma encore un peu et il chercha dans les ténèbres, l’ombre de celle qu’il considérait déjà comme une sœur d’âme.

Il réfléchit à ses mots, recherchant ses réelles motivations premières, celles qui l’avaient poussées à mettre un genou à terre pour la première fois devant le Dame de feu.
Et puis il bascula sa tête en arrière, prenant une grande inspiration, les yeux fermés. L’air glacé de la caverne, caressant son visage, s’insinua en son corps comme une muse glaciale et mutine. Et lorsqu’il les rouvrit, son souffle dégagea un panache de buée qu’il sentit naître entre ses lèvres. Et les mots comme les images lui étaient revenus, comme d’un lointain passé.


« Je vous remercie de m'avoir confié ainsi un peu de votre personne en me parlant de ce pouvoir. Je vous rendrez donc la pareil en parlant de l'un des miens. J’ai toujours fait des rêves récurrents depuis mon enfance. Et je n’ai découvert que récemment qu’ils étaient en réalité chargés d’allégories, de métaphore et d’autres images subliminales que j’apprends pas à pas à interpréter. »

Il fit une pause, s’étonnant lui-même de cerner si bien désormais ce pouvoir qui lui avait toujours semblé si évasif auparavant.

« Ce sont en quelques sortes des visions du futur. Mon futur. Mon « destin », devrais-je même dire. Et si des détails me semblent encore très inaccessibles, je suis forcé de constaté qu’il y en a eu un qui m’a semblé évident très tôt. »

Veto hésita à décrire exactement ce qu’il voyait dans ses rêves mais très vite, il se rendit compte que ça n’avait qu’un intérêt très moyen et il se contenta de se tourner vers la jeune femme et de remettre un genou à terre puisqu’il ne l’avait pas entendu faire de mouvement pour se relever.
Ainsi, se mettant d’avantage à sa hauteur, il reprit, plus hésitant, moins précis. Mais au contraire de la prêtresse de givre, on sentait une pointe d’émerveillement de la part du garde lorsqu’il parlait de son pouvoir.


« J’ai toujours su que c’était elle… Une prêtresse encapuchonnée, à qui je me présentais les mains tâchées de sang… Victorieux… Serviable… Fier… »

Il chercha un instant à être plus clair et puis se dit qu’il devait commencer du début.

« Je ne me souviens plus de ma mère, voyez-vous… »

Chacune de ses révélations le surprenait lui-même. Pourtant, il continua car il se rendait compte qu’il éclaircissait son propre esprit en se confiant ainsi, mettant à plat tout ce qui le motivait et ce qu’il avait fait pour elle… Et ce qu’il serait prêt à faire pour elle… Pour Irina Dranis… La Dame… Sa Dame…

« J’ai grandi loin d’ici, au sud. Dans la grande cité de Cimmérium. Je n’y étais pas à ma place et j’ai fini par me laisser guider par mes rêves qui me guidèrent d’abord vers une forêt luxuriante puis très vite vers ce désert gelé. Le froid a manqué de me tuer. Et puis la garde m’a trouvé. Les prêtresses m’ont soigné et j’ai décidé de m’enrôler pour payer ma dette, amasser assez d’argent et repartir.
« Mais les rêves m’ont laissé un temps en paix et je suis tombé amoureux de cette terre de glace… »

Sans s’en rendre compte, Veto s’était rassit. Dans l’obscurité, il ne voyait pas le visage de la sœur Lehoia mais ses yeux ne le cherchaient même plus. Il s’appuyait sur son genou plié à hauteur de son visage et continuait plus pour lui-même que pour répondre à la question désormais.

« Et puis je l’ai rencontré… Elle m’a sauvé la vie alors que j’aurais dû mourir. Et les rêves commençaient tout juste à revenir à cette époque. J’ai alors compris qu’elle était liée à mon destin et je n’ai pas réfléchi d’avantage… Tout cela peut sembler fort stupide, et j’en suis bien conscient. Dame Dranis a dû me prendre pour un fou lorsque je lui ai voué allégeance, sans crier gare… Mais je sentais qu’elle était pure et digne de mon serment. En réalité, mes visions ne faisaient que me conforter dans ma décision.
« Puis elle m’a sauvé la vie encore… Et encore… Mais cette dernière, elle n’a fait qu’endiguer une épidémie… Ce n’était pas spécialement pour moi cette fois-ci ! » Il eut un petit pouffement de rire à cette phrase et reprit aussitôt.
« Et me voilà… Toujours plus servile… Toujours plus… »

Ce mot, il le retint alors. « Aimant ». Il ne pouvait pas se résigner à révéler cela. Pas à cette femme qu’il ne connaissait qu’à peine. Et il camoufla son hésitation par un nouveau pouffement :

« Toujours plus Fou… »

Alors il se releva sans peine cette fois. Il s’étira un instant, et puis soupira profondément en fixant le tunnel qui s’ouvrait face à lui. Ses yeux s’étaient habituaient à l’obscurité désormais et les trois lunes devaient être levée, éclairant les glaces à l’extérieur de la ville ou par d’autres puits. Elles laissaient désormais leurs rayons pâles jouer dans les parois par magie ou par hasard… On ne pouvait pas décemment dire qu’on y voyait à trois mètre, mais la lumière froide et bleutée se fondait dans les ténèbres, attirant le regard dans une direction plus que dans une autre. Là-bas, au bout, un angle se délimitait à peine dans un halo bleuté.
Il avait appris le trajet que Gardif lui avait confié et il savait quoi faire après ce virage.

Mais Irina Dranis était là, dans son esprit. Ses dernières remémorations l’avait imprimé dans sa rétine plus encore qu’elle ne l’était d’habitude. Il revoyait son visage parfait, sa chevelure flamboyante instigatrice de révolte, ses yeux verts pénétrant… Il la revoyait aussi portant la vie en son sein, la grossesse déformant son corps pour le rendre plus beau encore…
Irina Dranis et ses multitudes de facette hantait ses songes et ses pensées, sa conscience comme son inconscient…
La mère, l’amour, l’amante platonique… Il l’aimait mais d’une définition que l’on n’avait pas encore inventée ou qu’il ne comprenait pas lui-même. La toucher lui était impossible, la rêver ne lui évoquait que dévotion… Elle était tout ce qui lui semblait impossible d’espérer. Et il ne voulait plus qu’une chose, la servir et plus encore servir leur projet.
Elle ne cessait de répéter qu’elle ne voulait pas de lui en tant que pion, mais il ne rêver que d’être son chien de garde, de chasse et de combat. Le fidèle et inébranlable chef de sa meute personnelle, lancé aux trousses de l’ennemi.

Il reprit en fixant le couloir qu’il devinait peu à peu d’avantage.


« Si c’est de ma fidélité que vous doutez, rassurez-vous, Dame Lehoia : j’aime ce pays et je pense l’aimer plus que quiconque si ce n’est Dame Dranis. Et pour cela, j’ai fait sa cause mienne. Pour le meilleur comme pour le pire.
« Maintenant, puis-je me permettre de vous proposer une main amie pour vous aider à vous relever ? Notre homme doit déjà avoir atteint le temple à l’heure qu’il est. Et s’il venait à être éconduit, nous devrons être en place à son retour.
« Dans le pire des cas, il ne devrait nous rester bien d’avantage qu’une demi-heure. »
Veto avait repris un ton froid et procédurier. Le professionnel était de retour. Mais il se sentit obligé de se montrer plus complice, plus proche de celle avec qui il risquait sa vie ce soir. Car si c’était eux qui devait tendre un piège, la cible serait escorter. Mais le moment n’était pas encore arrivé de s’inquiéter. Et il saurait assez tôt tempérer son entrain et garder la tête froide qui le caractérisait aujourd’hui.
« Mais espérons qu’il reste au temple, apprenant un maximum de chose de la bouche perfide et divulguant lui-même ce qu’il sait. Que notre camp puisse agir de la manière la plus avertie possible au milieu de la lutte sourde de nos deux ennemis. »

Pourtant, si cette petite tirade se voulait une tentative de rapprochement et de rapprochement, il avait un peu honte de s’être confié si facilement. Néanmoins, quelque chose lui disait que cette Nymphe de glace ne serait pas femme à le trahir. Alors il ne prit pas même la peine de lui demander le silence sur cette histoire.

« Pouvez-vous voir assez clair ? J’ai l’impression qu’il fait plus clair par-delà le virage là-bas. Je ne veux pas vous faire l’insulte de vous croire inconsidérée mais si vous deviez user encore de votre flamme, prenez garde à préserver vos forces pour notre rendez-vous. Je me chargerai des gardes du corps mais on ignore quelles seront les défenses mentales que vous aurez à percer pour atteindre les informations qui nous intéressent.
« Et puis… Ce n’est pas pour me déprécier mais nous ne sommes jamais à l’abri d’un coup dur… J’espère ne pas avoir besoin de votre aide pour le capturer pourtant…
»

Il était un peu honteux d’envisager cette possibilité. Lui qui avait promis à Dame Dranis de veiller sur Sœur Lehoia, il avait imaginé qu’elle n’aurait pas à lever le petit doigt avant qu’il ne lui ai servi leur cible sur un plateau. Mais comme il disait, on ne pouvait jamais être sûr de soi à cent pour cent.
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeSam 11 Avr - 21:27

Dans ce prisme glacé, la sirène s’était réfugiée contre la paroi froide. Dans une position similaire à la sienne, quoique plus assoupi, Veto lui avait prêté une oreille attentive, qu’elle apprécia particulière. Alors, quand le jeune homme commença a parler, elle comprit qu’il n’avait pas été froissé par ses paroles, et que même, elle aurait l’honneur d’une réponse. Comme un chat, elle tendit attentivement ses oreilles vers lui, et s’abandonna à ses paroles, fermant les yeux pour ne pas en perdre une miette. Mais même si elle restait attentive, une impression de gravité transparaissait sur son visage, caché par l’obscurité.
Son faciès d’adolescent avait basculé vers l’arrière dans un geste d’abandon, et comme elle il ferma ses yeux. Il semblait perdu, et dans l’ombre il s’était évadé loin, quelque part où la sirène ne pourrait jamais le suivre. Quand sa poitrine se souleva, elle s’osa à entrouvrir le regard, pour dévisager son comparse plongé dans la fraîcheur obscure. Elle avait rarement eut l’occasion d’observer quelqu’un fuir dans ses pensées, et plonger dans son âme comme elle le faisait si souvent. Et cet instant précieux lui apparut comme magnifique. Un rituel étrange, délicat, d’une intimité sans limite, alors que de ses lèvres s’échappa un grand spectre volubile qui partit se tuer dans les sommets de la grotte.

De rêves… Ce conte commençait sous les meilleurs augures. La demoiselle, captive, silencieuse, ne pouvait que se perdre dans le début de son récit – il donnait étrangement l’impression de se perdre en lui-même comme dans un labyrinthe, et de ses premiers mots hésitants jaillissaient des vaguelettes de souvenirs, de songes sortit tout droit des abysses de sa mémoire. Elle ne s’interrogea que très peu sur ses étonnants besoins d’introspection, et cette nécessité qu’il avait de devoir se projeté autant en arrière – il ne lui avait pourtant pas semblé avoir posé une question si complexe. Mais bien vite, elle arriva à la conclusion que l’homme est ainsi fait, et ces quelques secondes d’intimité avec soi comme une autre personne, un inconnu que l’on découvre étaient nécessaires, même vitales. Othello en savait quelque chose… Pour ce que son introspection ne prenait jamais fin. Alors, ce fut en pleine compréhension du soldat qu’elle continua de l’écouter, et prit alors connaissance de son étrange pouvoir. ‘’Un pouvoir pour un pouvoir… Quelle ironie’’ pensa-t-elle tout bas, alors qu’elle réalisa qu’il lui rendait la pareille dans les confessions faites sur leurs magies propres.
Il possédait donc cette capacité étrange que d’avoir des visions. Une forme de divination… Othello resta muette. Mais elle sentit en son cœur une pointe de jalousie pour celui qu’elle accompagnait alors. Elle avait toujours attribué de tels magie à un destin divin, à des souffles rares que les dieux offraient à leur poignée d’élus. Des privilégiés, pour tout dire… Ces personnes qui détenaient les clés de leurs futurs, ils devenaient les maîtres de leurs destinés. Le monde pouvait leur appartenir. Dans l’ombre, elle dessina les contours délicats de son visage d’enfant, d’adolescent encore malhabile dans son corps athlétique. Etait-il de ces hommes-là, alors ? A posséder les clés de l’avenir ?

Silencieusement, elle l’observa alors qu’il poursuivait, doucement, plongeant toujours un peu plus vers l’infini passé. Très bientôt, elle devina qu’il ne lui parlait plus. C’était un simple prétexte pour se parler à soi-même, pour se sonder, et dire à voix haute des bribes de pensées que l’on avait tu. Ce phénomène était aussi intéressant que surprenant pour le jeune homme qui était resté très formel. Veto avait beaucoup de chose à lui apprendre, apparemment. Finalement, il lui expliqua bien plus sur lui qu’elle n’en avait demandé, et la sirène s’en sentit flattée. Elle n’avait demandé qu’une ou deux choses, et elle se retrouvait à le connaître chaque mot un peu plus. Son enfance, sa présence dans le corps armé cimmérien, sa rencontre avec la dame de flamme qui les avait envoyé dans ces boyaux de glace… Quand il parlait, c’était plus une icône qu’elle imaginait, plutôt que le mentor qu’elle représentait pour elle. Il avait une vision d’Irina qui était magnifique – complètement inédite pour la petite dame de flocon. C’était comme entendre une poésie, une déclaration passionnée pour l’objet de ses pensées… Dommage que la dite femme ne soit pas là pour l’entendre.

« Est-elle au courant ? » avait-elle envie de demander. Mais à la place, elle garda le silence, dépositaire de cette admiration sans limite qu’il éprouvait pour la grande Irina. Othello devint alors grave. Du haut de ses quelques années de vie, elle n’avait jamais cru possible d’éprouver de tels sentiments envers un autre être. Tout ce monde lui était encore vaguement étranger, et elle n’éprouvait aucun scrupule à rester de glace devant le plus grand nombre. Mais il avait quelque chose qu’elle admirait et respectait : la sincérité. Cette honnêteté candide et simple, que l’on retrouvait chez peu de gens, et qui était toujours trop rare. Ce qu’il ressentait pour la dame de feu –si elle avait saisi toute son ampleur – était impressionnant, et elle était loin de comprendre ce qui motivait une telle fougue, si ce ne fut la passion même. Oui, elle ne le comprenait pas. Mais par ses mots, il venait de gagner son respect, sa confiance et son admiration. Si elle pouvait, elle l’aurait précipité vers elle, lui aurait soufflé ses mêmes mots pour qu’il puisse être complet. Mais peut-être ne serait-ce même pas le cas…

Finalement, ils se perdirent tous les deux. Quand Othello s’aperçut qu’il ne parlait plus, elle releva les yeux et les oreilles vers le couloir, perdu dans le discours du soldat, comme dans sa propre incompréhension. Décidément, les sentiments ne sont pas – et ne seraient sûrement jamais- son affaire. Et la pesanteur du silence – quoi que loin du malaise, épaisse d’un brouillard tendre et complice proche de la fatigue satisfaisante – lui fit comprendre que ses révélations étaient bien plus intimes que ce qu’elle pouvait imaginer, et elle en comprit alors le sens. Dans l’ombre, Othello acquiesça en silence, témoin muette de son somptueux et élégant secret.
Le soldat la devançait dans les faits et les gestes, et fut debout avant qu’elle ne reprenne ses esprits. Familièrement, elle attrapa sa main. C’était étrange comme, en quelques minutes, les choses avaient évoluées dans un sens inattendu. Un lien invisible, secret et bienveillant s’était créer entre eux, un étrange entremêlas de confiance et de respect. Une forme de connaissance commune, et mutuelle. Il avait obtenu la reconnaissance de la sirène, alors que celle-ci n’avait dit un mot. Mais il lui semblait à présent inutile de s’encombrer de faux-semblant et de manière, qu’elle pouvait être l’étrange petite chose qu’elle était réellement face à lui, sans le risque d’être jugé. Se tournant vers le néant de l’obscurité, dans le creux des tunnels et des couloirs, se dessinaient l’abysse d’un passage que l’on voyait à peine, simplement éclairé par une clarté qui était, effectivement, plus importante. Heureusement, à force de murmurer dans l’ombre, ses yeux avaient déjà faits l’appoint.


« - C’est étrange, nombres de mes congénères peuvent voir sans peine dans les ténèbres. Mais Kesha n’a apparemment pas daignée me faire don de nyctalopie. » C’était une piètre démonstration de la totalité de son talent à faire des saupiquets. Passant vite sur ses confidences, elle poursuivit, alertée par ses derniers mots.

Ils n’avaient rien de maître ou de serviteur dans cette affaire. Othello devait le reconnaître : sa perception des choses était tout aussi trouble, et le soldat tenait pour elle plus de l’assistanat que du partenaire. Mais à présent qu’il lui avait été d’un grand secours en prenant pour lui les coups du dehors, elle commençait à percevoir les choses autrement, à se sentir plus proche d’un égale que d’une aide. Mais il avait visiblement une vision différente. Etait-ce parce qu’il la voyait comme inférieur ? Ou comme fragile élément qu’il fallait protéger ? Elle n’en avait aucune idée, ni l’envie de savoir le fin mot de cette histoire. Mais elle voulait à tout prix apaisait ses pensées, et appuyer la fausseté de son ressenti.


« - Vous ne me devez rien, Veto. Je ne suis pas venue ici pour vous voir vous battre et prendre les coups. Vous et moi sommes ici à même titre, et si il faut que je me lance dans la même bataille que vous, alors je le feras avec honneur. Nous sommes ici en tant qu’égaux, pour aider les desseins d’Irina. Et à ce titre, je vous respecte. »

Son honnêteté était tout aussi frappante, mais d’une façon brutale et détachée, complètement ignorante de l’impact que pouvaient avoir ses mots, bien qu’elle les ait tous pensés. Il y avait de la distance en elle, et une froideur opaline et involontaire qu’elle tirait de sa perpétuelle candeur. Sans prendre plus le temps de comprendre ce qu’elle avait dit, elle approcha alors du détour, avançant doucement vers l’embrasure du passage. Si quiconque arrivait par ce passage, ils n’auraient aucun mal à les arrêter. Leur embuscade était presque trop facile, servie sur un plateau d’argent par la configuration des lieux. Une fois approchée suffisamment près, elle se retourna vers le jeune homme.

« - Si vous souhaitez entrer dans la bataille le premier, alors il serait sage que vous soyez le plus proche du couloir. De cette façon, vous pourrez les attaquez par surprise avec la plus grande aisance. Je serais un peu en retrait. »

Dans tout son énigmatique pragmatisme, elle se tut devant le fait accomplie, s’étant magnétiquement placé derrière le soldat. Elle seule pouvait comprendre le plan qui lui parcourait la tête – et c’était les seules choses que Veto pourrait obtenir, sûrement. Elle n’en dirait pas plus, se perdant de nouveau dans le silence. Mais, même si la sirène restait nébuleuse, elle n’en ignorait pas la gravité de la situation, et savait bien que bientôt, ils se retrouveraient embrumés dans le cœur de la mission. C’était ce sérieux palpable qui l’entourait, cette intention martiale d’exécuter les ordres qu’on lui avait soufflé… Et Veto avait raison. La cible ne serait sûrement pas un mouton naïf qu’on pourrait hypnotiser sans effort. Il serait certainement entraîné… Un poids pesa alors sur sa poitrine… Veto devrait s’occuper seul des gardes, elle le savait pertinemment. Car sinon, il prenait le risque de voir s’échapper le noble sans réussir à récupérer la moindre miette d’aveux. Sinon, tout risquait de s’effondrer.
Un soupir froid s’échappa de ses lèvres, à nouveaux, immuablement, immobiles. Des pas seraient bientôt proches.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeMar 14 Avr - 2:06

Alerte pavé j'en ai peur... Désolé. Résumé à la fin.

Veto aida la jeune femme à se relever et s’immobilisa imperceptiblement lorsqu’elle le frôla en commençant à avancer dans le tunnel. Il émergeait maintenant presque tout à fait de ses réflexions et de ses pensées vagabondes et se rendit soudain compte, dans la proximité qu’ils avaient en cet instant, qu’il n’avait plus été aussi proche d’une femme depuis… La Sarnahroa.

Il revint de son côté de la galerie et posa sa main sur la glace. Maintenant qu’il n’avait plus de gant, toucher cette paroi gelée, laisser la froidure traverser le cuir de ses mains, lécher et mordre les tissus tout juste réparés de sa paume ; cette sensation qu’il trouva agréable déclencha dans son échine un frisson revigorant qui lui ramena les pieds sur terre.

Le militaire rattrapa en deux enjambées le peu d’avance qu’elle avait pris. Elle lui avait répondu une sorte de tirade farouche. Il la prit ainsi en tout cas. Il lui sembla avoir heurté son amour propre mais c’était involontaire. Il s’en voulut une seconde mais en considérant l’importance qu’elle semblait accorder à ce détail et la promptitude avec laquelle elle passait à autre chose, il préféra garder le silence, acquiescent passivement. Il préférait se concentrer sur la paroi rocheuse qui se changer en une sorte de terrier devant eux. D’où la prêtresse était, elle ne pouvait pas voir le plafond devenir moins lisse et le sol parsemé de débris.

La galerie avait dû s’effondrer il y avait de cela plusieurs années, voir même des décennies. Le givre et le verglas avait rendu le tunnel méconnaissable. Mais au final, cet amas ne semblait pas insurmontable. Ils pouvaient apercevoir de l’autre côté la faible luminosité et même un morceau de la voute de la grande galerie obscure qui serait bientôt le théâtre de leur méfait.


« Je suis tout à fait d’accord. Je vous laisse vous occuper du conseiller. Veuillez m’excuser… »

Il passa devant la jeune femme en veillant cette fois à garder les distances que la convenance impose à un homme qui se veut respectueux d’une prêtresse.
Il était heureux qu’elle le laisse passer devant. D’une part parce qu’ils ne savaient pas ce qu’il y avait de l’autre côté et qu’il préféré exposer sa tête en première plutôt que la sienne, d’autre part parce qu’il ne concevait pas ramper derrière elle.

Il défit la fibule qui maintenait sa cape de voyage et la roula en boule sous son bras choir sur le sol alors que rapidement il ôta également sa ceinture. Il en dégagea le fourreau avec son glaive et celui de sa dague pour les prendre à la main. Et puis, le cimmérien remit rapidement sa boucle de ceinturon pour s’engager dans le passage étroit. Il dut enjamber un bloc, puis deux, se pencher d’abord, ramper une seconde et enfin tirer sur ses bras pour s’extirper de ce trou.
Finalement, il se trouvait au sommet d’un tas de gravats agencé de telle manière qu’on ne distinguait pratiquement pas l’ouverture par laquelle il venait de s’extraire.


« Tout va bien. Venez. » murmura-t-il dans le conduit.

Autour, la grande galerie était en effet des plus silencieuses. Même le chant des grottes se faisait oublier ici. Les parois rayonnaient simplement de leur étrange et faible clarté froide et bleutée.

Il attendit qu’elle le rejoigne et en profita pour repérer les lieux. L’endroit était trop grand pour clore une ouverture avec le contrôle de la glace qu’il possédait comme il l’avait espérait pour couper toute retraite. Il faudrait être rapide et efficace. Il y avait un autre tas de gravats de l’autre côté, plus haut et plus large. Ceux qu’ils attendaient seraient obligés de passer sous ce monticule.

La prêtresse rejoignit Veto qui avait fait germer un plan dans son esprit. Il était risqué et gardait quelques zones d’ombre mais il avait l’habitude de devoir improviser.


« Je vais aller me placer de l’autre côté. Cet endroit vous convient ? »

Continuant de réfléchir tout en parlant, il posa sa main sur le gros bloc de glace devant eux et le remodela pour lui donner une forme plus haute et large, offrant à sa compagne un peu plus de place pour attendre et un abri plus sûr des regards. Après s’être assuré que Sœur Léhoïa était d’accord avec ce plan peut-être un peu trop simple, il sauta d’un rocher à l’autre, effaçant ses traces dans les flocons derrière son passage en activant des petits tourbillons qui laissait retomber la neige de manière naturelle.

Là-haut, de l’autre côté du large couloir, au sommet de son tas de gravats, à plus de deux mètres de haut, il chercha un trou ou un bloc pour se dissimuler encore un peu et se mit à attendre, étalant sa cape sous lui pour le préserver du froid du sol. D’où il était, il pouvait apercevoir Othello et sa chevelure argentée. Au loin, aucun bruit, aucune lumière… Veto ne percevait plus que les battements de son cœur qui s’accéléraient toujours plus, se préparant à l’attaque. Ils viendraient de sa gauche. De la droite d’Othello.
Deux ou trois gardes du corps et le notable. Peut-être quatre gardes… Le militaire réfléchissait à toute vitesse, essayant d’imaginer toutes les évolutions possibles de son prochain combat. Il fallait qu’il élimine le premier garde par surprise. En lui tombant dessus. C’était indispensable. Ensuite, il faudrait s’occuper du second le plus vite possible pour éviter d’être en infériorité numérique…

Le froid avait traversé sa fine cape de voyage devenu humide. Alors il isola son corps à l’aide de son pouvoir de glace. Il ne savait pas combien de temps il devrait tenir, aussi, il fit le minimum pour ne pas claquer des dents ou laisser son corps s’engourdir.

Veto en était à sa treizième mort virtuelle lorsque des bruits se firent enfin entendre… Il arrêta de se protéger du froid, l’adrénaline montant toujours plus faisant déjà le nécessaire.
La lumière d’une torche dansa sur le plafond au-dessus de lui. Allongé sur le dos, il la regarda approcher et sauter d’une aspérité à une autre, glissant ou rampant dans les crevasses et entre les stalactites.
Il fallait qu’il sache. Il risqua un regard par-dessus un bloc et retourna à l’abri aussitôt. Un sourire manqua de naître sur ses lèvres, ironique et réjouis à la fois. Parmi tous les scenarii qu’il avait imaginés, il avait réussi à vaincre une fois trois adversaires. Le futur assassin souriait parce que s’ils avaient été quatre pour protéger l’homme, il n’aurait pas donné chère de sa peau. Éliminer ces trois adversaires, ça lui semblait possible. Il fallait juste qu’il ne manque pas son effet de surprise.

Il dégaina sa dague et son épée et attendit encore un peu que la lueur de la flamme se rapproche. Les voix des hommes commençaient enfin à se faire entendre : deux des gardes ricanaient à l’arrière tandis que le premier ouvrait la route avec la torche. Le noble participa une seconde aux échanges des gardes, plaçant un bon mot de sa voix aux accents sonnant comme de l’or. Les deux hommes d’arme rire alors de plus belle, l’un une seconde après le premier, signe qu’il n’avait peut-être pas compris le trait d’esprit de son employeur. Mais ce qui retint réellement l’attention de Veto, ce fut la flamme qui s’arrêta de bouger sur le plafond.

Le militaire sur le haut de son monticule retint son souffle. Était-ce parce qu’il avait commencé à bouger pour s’approcher du rebord ? Avait-il fait du bruit ? S’était-il fait voir ?


« Marv’…
-Ok !
-T’as vu quelque chose ?
-Pas sûr. Restez-là. »

La flamme glissa sur la voute mais elle s’éloigna du guerrier embusqué qui commença à pester en son for intérieur. Ils avaient repéré Othello ? Comment ? Son aura ? Une trace de pas qu’il avait oubliée ? Le bloc qu’il avait modifié pour la dissimulé qui ne faisait plus aussi vrai qu’il l’aurait voulu ? Ou était-ce le garde du corps qui avait une mémoire visuelle assez poussée pour déceler une anomalie dans le décor du couloir ?

Mais bien sûr, malgré ses réflexions, Veto s’était activait. Il était maintenant prêt à bondir. Il risqua un nouveau coup d’œil et vit l’homme à la torche en train d’escalader le monticule vers la prêtresse, l’épée dégainée. Il vit la cible immobile en train de le regarder et son garde du corps derrière lui, une hache à la main. Mais où était le troisième ? Ils étaient près mais pas encore assez. De la magie ? Il allait falloir faire vite et renforcer l'effet de surprise.

Posant ses poings serrés autour de ses armes sur le sol, il se concentra du mieux qu’il put. Son esprit courut alors depuis ses bras jusque dans la glace sous lui, dans le mur, jusque dans le plafond et ce stalactite, à la recherche d’une fissure, une faille. Mais il n’en trouva pas. Alors il en fit une de force.

Lorsqu’il revint dans son corps, il sentit dans sa bouche la désagréable sensation d’avoir grincé des dents avec brutalité. Il eut un léger vertige mais le choc de la glace tombée du plafond et l’agitation qu’elle produisit le ramena sur terre.
Veto sauta de son perchoir, atterrit sur un bloc, bondit à nouveau et atterrit juste derrière le garde du corps qui s’était éloigné du lieu de l’impact à reculons, scrutant le plafond. Il ne verrait plus jamais rien car la dague de Veto atterrit dans sa nuque. Mais le garde à l’épée hurlait déjà depuis un moment. Peut-être même avant que Veto ne s’élance.


« Glenn ! Derrière toi ! Ah ! Enfoiré ! Butte-le, Marv’ ! »

L’assassin scruta partout autour de lui, cherchant ce fameux Marv’ que l’homme perché sur le monticule appelait. Il ne vit que leur cible toujours figé dans la même direction et il comprit que la prêtresse était en action.
Il se mit dos au noble. Si ces gars faisaient bien leur boulot, il ne voudrait pas mettre en danger leur employeur. Mais partout ailleurs, il n’y avait pas signe de ce « Marv’ ». Et l’autre homme sautait déjà en bas de son perchoir. Si Veto ne parvenait pas à s’occuper de Marv’ tout de suite, il faudrait se focaliser sur ce troisième homme et s’en débarrasser vite. Il avait un mauvais pressentiment, comme dans l’un de ses scenarii ou il n’avait pas réussi à tout prévoir.

Veto s’attarda une seconde sur ce type qui semblait être le chef. Peut-être celui-ci regarderait-il dans la bonne direction. Mais sitôt qu’il fut retourné pour regarder par-dessus l’épaule du conseiller municipal, il entendit le bruit caractéristique d’un crissement de pas dans la neige et celui d’un objet lourd qui tourbillonne dans l’air. Par réflexe, Veto mit son glaive en garde mais il fut balayé.

Il y eut la douleur dans les côtes, un vol de quelques centièmes de secondes puis l’impact sur le sol. Là d’où il avait décollé, leur cible qu’il avait bousculait tombait également. Ni le conseiller, ni le garde ne se relevèrent. Lui recherchait son souffle mais l’autre ? Pourquoi restait-il inerte, le visage contre le sol ? Othello l’avait-elle tué ? Étaient-ils en plein combat psychique ? Lui avait-elle volé son esprit ?
Veto n’avait aucune connaissance en matière de pouvoir agissant sur la psyché et chaque fois qu’il avait réfléchi à la question, il s’était perdu dans les frasques de son imagination.


« Comment il va ?
-Je ne sais pas. Il ne bouge plus. »

Le noble flottait à moitié dans les airs, de la neige sur le visage. Ses yeux étaient exorbitaient et ses lèvres tremblaient. Veto, lui, avait perdu ses armes qui avaient glissé plus loin. Et bouger le fit souffrir. Est-ce qu’il avait une côte fêlée ? Sa dernière mission lui en avait déjà fait voir de toutes les couleurs. Il devait encore être dans ce qu’on appelle la période de convalescence.
L’homme à la torche se tourna soudain, menaçant leur agresseur de sa lame.


« Putain de rat… Enflure ! Tu vas nous le payer ! Un contrat en or… Tiens-moi la torche.
-Karl ! Il respire !
-Ok. Emmène-le à la sortie et envoie des renforts pour ramener le corps de Glenn. Je vais finir ce salaud et je te rattrape. À nous deux mon joli ! Alors ? On attaque par derrière ? Tu vas voir. Ça c’est pour Glenn ! »

Veto roula sur le sol pour éviter le premier coup et claqua de la langue pour envoyer une onde givrante autour de lui. Mais l’homme sauta en arrière comme s’il avait senti le sort venir.

« T’as fini avec tes tours de passe-passe merdiques ? »

Veto n’eut pas le temps de réagir qu’il se prit un coup de pied dans le ventre. La douleur dans ses côtes en fut décuplée.

« Ok. Bon. Puisqu’on va quand même être payé, je vais te faire une fleur : tu me dis qui vous envoie et je te promets une mort rapide à toi et ta copine qui se planque là-haut. »

Karl envoya un nouveau coup de pied et Veto se tordit de douleur : en plein dans les côtes. La brute l’immobilisa en s’agenouillant sur lui. Sa lame pointait le visage du militaire et son genou venait l’étranglait de tout son poids.

« Karl. T’es sûr que ça va aller ?
-Vas-y Marv, j’te dis. Dès que tu seras assez loin, l’autre devrait perdre le contrôle sur M’sieur Lorgaf. Et puis de toute façon, je vais bientôt aller la dénicher. Hein ? Elle doit pas être bien farouche ta petite copine quand elle est concentrée sur ce qu’elle fait ? En plus, connaissant les défenses de M’sieur Lorgaf, elle doit être dans le même état que lui si elle cherche à rentrer dans son crâne…
-Tu veux pas que j’aille me la faire, moi ?
-On sait pas de quoi elle est capable. Je risque moins que toi. »

Karl appuyait toujours plus fort. Il maintenait d’une main celle de Veto qui n’arrivait presque plus à respirer. Dans ses yeux, Veto vit un éclat magique. Il voyait manifestement le monde sous un autre angle. Un angle qui lui avait permis de repérer Othello facilement et qui lui permettait de réagir si rapidement face à la magie. Mais cet homme ne tarda pas à perdre patience et envoya un coup de pommeau dans la tempe de Veto qui lâcha prise une seconde et sentit l’étranglement devenir plus fort encore.

« Parle ou j’te jure qu’elle va couiner ta trainée ! »

Alors Veto se mit à agiter les lèvres, gémissant des mots avec une voix si faible que l’homme dut se pencher pour entendre.

« …a… a… te faire… »

L’homme avait éloigné sa lame pour descendre son propre visage et Veto se saisit de son poignet armé. Dans une contorsion, il ramena ses jambes jusqu’à la tête de son agresseur et il l’entraina au sol. Dans sa main, il tenait toujours celle de l’homme qu’une simple clef de bras avait fait lâchée son arme. Et sous Veto, coincé dans le creux de son genou, il sentit le cou de Karl se tasser. Veto serra un peu plus sa jambe et il ne l’entendit même plus étouffer. Ses membres se contractaient simplement de moins en moins pour le repousser.

« Eh ! » appela simplement le jeune Havelle.

Il n’y avait plus âme qui vive de visible dans le couloir devant le militaire occupé à étrangler sa victime. Mais partout sur les murs et le plafond, on voyait les reflets de la torche que l’homme avait réussi à entraîner dans son invisibilité. Après l’appel de Veto, les reflets s’animèrent brusquement et le militaire interpréta cela comme un retournement du porteur.


« Enfoiré ! » grinça la voix de Marv’.
« En effet… » constata placidement celle de Veto. Elle était faible et enrouée. Il avait un œil rouge à cause du coup et d’avoir manqué d’air un peu trop longtemps. Son corps à genoux semblait prêt à tomber au sol d’un instant à l’autre, vacillant d’avant en arrière sous les spasmes de celui qu’il était en train d’étranglait sans le moindre regard ni égard.
« Lâche-le et viens te battre ! » hurla Marv’ déposant avec précipitation le corps qui réapparut par terre à côté de la torche planté dans une congère.

Pour seule réponse, Veto attrapa l’épée de Karl et sans la moindre hésitation, l’enfonça doucement dans le flanc de celui-ci, glissant la pointe entre les côtes, à travers le vêtement, perforant à coup sûr le poumon. Les spasmes redoublèrent une seconde, Veto crut même entendre un hoquet étranglé et tout cessa soudain.

Il y eut un cri de rage qui surgit de nulle part et Veto se releva, enfonçant complètement l’épée avant de la ressortir du cadavre sous lui pour attendre la charge de l’homme invisible. Il recula simplement, plaçant les deux corps des mercenaires entre lui et l’origine de la charge et le cliquetis de métal qui évoquait un fléau d’arme.
Et soudain, il leva un bras en avant et une vague de flocons se souleva du sol pour percuter la silhouette qui apparut distinctement. Marv’ fut aveuglé par ce mur blanc qu’il ne pouvait prévoir ni éviter. Il le traversa en trombe mais réussit à sauter par-dessus le corps de Karl. La réception fut laborieuse car son arme tournoyante le déstabilisa. Alors il finit par s’empêtrer dans le cadavre de Glenn. Le fléau glissa loin de lui et il grogna une seconde. Ce fut le dernier son qu’il émit : il avait atterri aux pieds de Veto qui enfonça l’épée dans le centre de la silhouette qui se dessinait désormais dans le givre et le sang de Glenn.

La lame ressortit et se replanta plusieurs fois dans ce vide compact, comme pour faire bonne mesure, jusqu’à ce que le corps inerte apparaisse parfaitement.

Trois morts. Trois combattants plutôt aguerris, peu éduqués mais compétents. Tous les trois tués par un assassin qui se tenait désormais au-dessus d’un cadavre perforé en pas moins de six endroits. Il avait remonté méthodiquement le long de la silhouette, cherchant le cœur ou les poumons, perçant dans son sillage intestins, foie et estomac…
Veto voyait son œuvre. Il voyait ce corps massacré, à moitié allongé sur celui d’un homme qu’il avait poignardé par derrière d’une lame dans la nuque. Et il voyait cette épée sur laquelle il s’appuyait en cet instant, se souvenant à qui elle appartenait : à cet homme qui avait conduit ses hommes dans ce couloir, qui les avait guidés du mieux qu’il avait pu. Ce devait être un bon chef pour que Veto parvienne à enrager Marv’ de la sorte.

Veto était Sergent à cette époque. Et il se demanda si ses hommes feraient la même bêtise que Marv’ s’il le voyait se faire mettre à mort comme on euthanasie un chien enragé.
Sans doute n’aurait-il pas cette réponse. Et sans doute que si on lui avait demandé, en cet instant, ce qu’il aurait jugé juste de faire à leur place, il n’aurait pas donné une réponse favorable à la vengeance de sa personne. Il regarda ces trois hommes, se remémorant la manière dont ils étaient mort et il incrusta dans sa mémoire leurs visage et la façon déloyale qu’il avait eu de prendre leurs vie…


Veto lâcha la lame, traina son propre corps soudain épuisé jusqu’au bas du monticule de glace, récupérant ses armes au passage. Il jeta un regard inquiet vers le haut du passage, là où était Othello. S’en sortait-elle ? Le conseiller était toujours inerte là-bas.Depuis combien de temps le combat s’était-il engagé entre eux ? Cinq ? Dix minutes ? Désormais, il ne pouvait plus rien faire.

Seulement attendre ?

Il eut envie d’aller la soutenir, voir si elle allait bien, si son visage lisse n’était pas tordu par l’effort. Mais il aurait envie de l’aider à se redresser et cela impliquait de la toucher avec ses mains pleines de sang et de honte.

Assis sur ces gravats, il laissa son regard se perdre une seconde. Le tableau qu’il avait vu plusieurs fois dans ses rêves lui revint à l’esprit. Les mains pleines de sang tendues vers les prêtresses. Il se dit que c’était finalement son destin qui se réalisait. Il tuait désormais pour Irina, pour les prêtresses, pour rétablir l’ordre… Pour la bonne cause ?

Oui. Ce devait être la bonne cause. Cet homme contre qui se battait Othello possédait des informations sur Elerinna.

Il inspira profondément, s’ébranla et claudiqua jusqu’à son propre promontoire, l’escalada tant bien que mal, y récupéra ses fourreau et sa cape et redescendit. Ses armes rangées, il les déposa près du corps du notable.


« Puisque je ne peux pas me joindre à vous, je vais faire ce que je peux d’ici. »

Veto se sentait sale et lâche. Mais il se sentait aussi mû par une nouvelle force : celle de la nécessité. Il devait agir. Il devait faire quelque chose. Et quelque chose de sale parce que c’était ce qui était le plus efficace et le plus rapide. Bien sûr, pour lui, un combat n’avait rien d’honorable lorsqu’il n’était pas fait d’homme à homme ou sur un champ de bataille, au côté de ses compagnons pour défendre une noble cause…

Il prit un peu de sa cape humide et épaisse qu’il roula en boule dans sa main et qu’il posa doucement sur le visage de l’homme.

Mais ici, il n’était plus question de combat honorable. Il était question non pas d’une noble cause mais d’une cause nécessaire. Et cela impliquait de faire des sacrifices. Irina lui avait dit un jour qu’elle n’avait rien de l’égérie de pureté au rang de laquelle il la portait, qu’elle avait déjà fait des choses plus condamnables qu’il ne pouvait l’imaginer. Eh bien voilà ! Il marchait sur ses traces… Il était devenu ce dont elle avait besoin !

Sa main n’appuyait pas complètement sur le tissu, si bien que l’air passait encore au-travers. Son but n’était pas de le tuer mais de l’affaiblir. Il savait grâce à son éducation que le corps humain a besoin d’air frai pour vivre et qu’en cas d’asphyxie, le cerveau est l’un des organes qui pâtie le plus. Élevé par un médecin sylphide, il avait grandi avec à l’esprit que la pensée émanait de cet organe. C’était le moment de tester cette théorie.

Veto ne tuerait pas cet homme. Il le pousserait jusqu’à ses limites, cherchant à brouiller son esprit et à distraire ses pensées pour qu’il cesse de se défendre face à la prêtresse qui devait chercher à explorer ses souvenirs.
À moins qu’elle ne soit en difficulté. Et dans ce cas, peut-être parviendrait-il à l’aider d’ici, peut-être même plus qu’en allant épauler un corps qu’il n’osait toucher de peur de le souiller.
Ici, il se salissait encore et au point où il en était, vus les points où il projetait d’arriver, cela n’avait plus aucune espèce d’importance pour l’homme de la Dame Dranis.

Elle ne voulait pas d’un pion ? Il serait son cavalier, sa tour ou même son fou. Il serait ce dont elle avait besoin, quelques soient les moyens à employer. Parce qu’ils combattaient pour une cause juste, parce qu’ils étaient les seuls à le faire et parce qu’il le fallait, pour le bien de Hellas et de Cimméria.

Et parce que c’était tout ce qu’il pouvait espérer pouvoir lui offrir, la seule chose qu’ils aient encore en commun et qu’ils puissent partager : le rêve d’une Cimméria purifiée, où plus jamais personne ne devait être obligé un jour de refaire ce qu’il était en train de faire.



Le notable eut un spasme et ses yeux semblaient presque sur le point de sauter de leurs orbites ou à se révulser. Veto relâcha soudain la pression, attendant de voir s’il n’était pas allé trop loin. Mais il vit l’homme continuer de respirer avec un sifflement dans la gorge.

Ça devrait suffire…

Mais Veto regarda ses mains qui tremblaient et il vit, en plus des goûtes de sang, celles qui étaient tombées de son visage et de son nez à cause du combats et celles qui l’avaient éclaboussé pendant les mises à mort ; en plus de ce sang, il y avait des gouttes translucides qui n’étaient ni de la neige fondue, ni de la sueur. C’étaient des gouttes qui continuaient de tomber de son visage sans vouloir s’arrêter…


résumé:
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeJeu 14 Mai - 14:58

Le couloir vide était simplement tapissé d’un long et vague sifflement, un hurlement lointain, avide et spectral, qui venait des galeries. Le vent s’engouffrait dans le réseau pour y crier sa peine, souffle qui revenait vers les deux espions dans une rafale pleine d’espoir. Othello avait suivi le soldat qui balaya l’endroit, prenant soin de l’éclairer sur son plan. D’une simplicité limpide, mais qui tenait néanmoins la route. La jeune femme n’éleva pas la voix mais acquiesça simplement. Il serait habile à présent d’économiser ses forces, autant que sa voix. Le bruit des boyaux de givre se répandait dans la cathédrale de leur silence… Le soldat de sable errait sur ce champs de bataille encore vierge de tout conflit, observant le lieu avec silence et concentration, sous le regard attentif de la demoiselle qui le regardait faire dans un mutisme fasciné. Après tout, c’était à lui de planifier cet aspect de la mission. Son domaine ne serait pas le monde de l’esprit, mais bien celui des corps et du sang. Il devait faire tout ce qu’il lui semblait nécessaire pour s’assurer une victoire. Soudain, devant la glace froide, il leva une main, qu’elle observa avec curiosité.

« Décidément, ça devient dure de croire à la coïncidence… » pensa-t-elle quand elle le vit remodeler l’environnement gelé avec tant d’aisance. Mais quelque part, la demoiselle pâle était rassurée qu’ils aient un pouvoir en commun, comme si les mains habiles de Kesha avaient entortillés les fils entremêlés de leur destin pour leur offrir une fibre commune. Deux être du froid pour servir la dame de feu. En le voyant la première fois, elle n’aurait imaginé que ce soldat à la blondeur des blés, à la peau sablonneuse, aux airs candides et chaleureux pourrait avoir autant d’affinité avec cette glace maternelle qui veillait sur Cimméria. Voir le souffle froid qui coulait de ses doigts provoqua en elle un long frisson qui parcouru toute sa colonne jusqu’à son talon d’Achille. C’était la première fois qu’elle voyait ce talent en œuvre chez quelqu’un d’autre. Un clin d’œil discret sans doute des aléas de la vie… Ou un autre signe que lui imposait cette mission. Il en naquit un sentiment étrange, une chaleur apaisante qui calma un peu son esprit houleux. Comme si un voile complice s’était tissé entre eux, maintenant qu’ils partageaient un point commun. Othello n’en était que plus rassurée. Quand il eut finit, elle escalada sa petite cavité murale, s’assurant d’être la plus invisible et la plus discrète possible, se fondant presque dans la glace qui recouvrait le mur.
Le soldat eut bientôt disparu, lui aussi, effaçant jusqu’à ses traces à peine visibles sur le givre au sol, un détail que seul un apprenti espion aurait à cœur de faire disparaître. D’un œil pensif, elle l’observa disparaître, retrouvant peu à peu la peau froide de l’assassin qu’elle fut, se glissant dans ce corps comme le ferait un reptile, le sang-froid, les yeux fendus, qui achève sa mue pour une nouvelle fois. Elle n’en ressortirait pas avant d’avoir finis sa mission. Recroquevillée comme une panthère s’apprête à bondir, elle balayait la glace, attentive à la moindre oscillation de lumière, écoutait attentivement le moindre bruit, abaissait ses oreilles à l’extrême, devenait vide pour percevoir la cible qui approchait inlassablement.

Bientôt. Les minutes passèrent sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. Enfermée dans un silence de glace, les échos des murs et de l’eau rampant tout autour d’eux, sur les parois, les plafonds, à attendre l’implacable arrivée. Le froid avait, d’un accord tacite avec les deux mains de l’ombre, calmé sa morsure, adoucit la brûlure douloureuse qu’il infligeait, et veillait doucement sur eux. Des craquements clairsemés continuaient de résonner ça et là. Seconde, après seconde, après seconde… Deux voix… Non, trois… Trois murmures, trois souffles. Qui naissaient, imperceptiblement, au bout de la voie. Instinctivement, ses oreilles épineuses se dressèrent, braquée, puisant dans le son les informations qu’elle recherchait, des codes secrets cachés dans les échos. Ils étaient quatre… Sa cible pour sûr, les autres devaient le garder. De là où elle était, la vision ne lui était pas encore possible. Peut-être que Veto avait un meilleur point de vue que le sien… Il devrait être le premier à agir, qu’elle puisse s’infiltrer dans l’esprit d’Olaf sans qu’il n’ait le temps de comprendre l’intrusion même. Cela la désolait, d’un certain point, de le laisser agir seul dans le monde physique… Et de le laisser encore se débrouiller sans allier. Mais si elle s’impliquait dans cette bataille, la cible risquait de leur échapper. C’était à contrecœur, mais elle devait se tenir au plan.

Ils se rapprochaient… Bientôt elle pourrait… Des voix ? Ses oreilles se redressèrent un peu plus, tant et si bien que cela devint douloureux. Ils étaient repérés ? Comment était-ce possible ? Accroupie dans sa cachette, la sirène chercha a savoir ce qui avait bien pu les trahir, la trahir peut-être, et contre qui ils en avaient. Veto avait-il bougé prématurément ? L’avait-il entendu ? Elle se mordit les lèvres dans l’attente pour s’empêcher de respirer, croqua dans la peau de sa joue jusqu’à sentir le goût âcre du fer et du sang se diffuser sur sa langue. Il ne fallait pas qu’elle bouge, pas encore. Le crissement croquant de pas dans la neige devenait de plus en plus pesant, présent jusqu’à quelques mètres, jusqu’à ce qu’elle puisse distinctement ressentir le craquement jusque dans sa moelle. Un homme approchait d’elle… Ses lèvres se fermèrent, et son souffle se coupa.
Les voix et les craquements, s’emportèrent alors. Veto était passé à l’action. Même sans que sa voix ne retentisse, celle des trois protecteurs… Non, deux. Un bruit organique et sanguin lui fit comprendre qu’un d’entre eux était déjà mort sous les coups de son compagnon. Brusquement, elle osa un regard, sa main se resserrant autour de la garde de sa dague dans un tremblement nerveux. Un homme était à terre, un autre proche du soldat non loin… Sa cible. Il fallait trouver sa cible, un simple échange de regard suffirait… Dans un arc acharné, elle balaya toute la salle, osant dégager son visage de sa cachette, essayant de faire abstraction de son allié, priant pour oublier qu’un coup s’apprêtait à lui tomber dessus, et essayant de taire sa douleur prochaine alors qu’au sol s’était déjà répandu une flaque opaque et incarnat, se mêlant au givre fondu dans une mare tiède. Une seconde, deux… Olaf risquait de s’enfuire, vite… Un papillon bleu traversa son champ de vision, puis deux… Deux yeux clairs, d’une clarté dévorante, maladive, qui s’échappait d’un visage usé et plissé, abîmé par des années de complot, emmitouflé dans un complet de velours carmin. Ils ne se regardèrent qu’une infime seconde, mais le mal fut fait…

Un souffle froid. Un soupir éphémère, le temps se ralentit pour se figer totalement. Un battement de cils blancs… Et Othello plongea, disparu dans la psyché de cet homme.
Dans une chute lourde, son corps vide retomba sur le sol givré, reposant sous sa cascade de cheveux toujours noués, une tombe blanche et opaline. Veto se battait toujours… mais sa comparse ne pourrait plus l’aider.

*  *  *

Dans un silence de mort, la jeune sirène ouvrit ses yeux dans un lieux noir et froid, ce froid qu’elle n’avait plus l’habitude de ressentir mais qui l’envahit alors jusqu’à la moelle, la faisant grelotter de tout son corps. Dans un geste instinctif, elle remonta ses mais jusqu’à ses épaules pour se tenir fermement, ne sentant aucune chaleur provenant de ses paumes ou de sa peau. L’ombre, l’obscurité absolue, le vide… Il n’y avait rien autour d’elle. Pendant plusieurs secondes, elle se retourna, erra seule dans cet espace infini sans comprendre, cherchant vainement une trace de conscience… Mais il n’y avait rien. La prêtresse de givre regarda au loin, perplexe, le visage contraint dans un rictus nerveux, ses sourcils blancs froncés doucement. Ca n’avait rien à voir avec le processus habituel. Son don revenait à de l’infiltration, pure et simple, de son propre esprit, et de ses illusions. Chaque inconscience était différente. Certains consistaient en une inlassable projection de souvenir, d’invocation d’éléments passés, d’être disparus, déformés par le temps qui passe, de choses médiocres mais qui pouvaient à elles seules représenter tout une vie. D’autre encore, plus résistant, s’était tissé un monde, un domaine où tout avait sa place, était rangé méthodiquement. Les plus forts étaient eux-mêmes présents dans leur palais… Cela était les plus tenaces.
Mais jamais elle n’avait affronté cela. Le vide. Le rien… Comme ci Olaf Bardou n’était en fait qu’une coque vide et écervelée. Sans la moindre trace de conscience ou de pensée…

Dans cet espace, le temps ne comptait plus, il était distendu, comme toute notion d’espace. Seul le mental était important, la résistance et l’intégrité. « Rappel toi de qui tu es, et d’où tu viens. Dans ce lieux, tu peux même perdre cela, oublier jusqu’à ton propre nom ». La manipulation mentale relevait presque du pouvoir maudit, pour ce que l’on pouvait même jusqu’à s’oublier soi-même. A chaque fusion, on offrait une partie de soi, le risque de ne jamais la voire revenir et de l’enterrer avec l’esprit violée des victimes. Othello s’était longuement protégée, entraînée, et pratiqué sous les ordres d’Elerinna. Combien d’esprit avait-elle forcé ?... Pourtant, à chaque fois, elle avait cette affreuse sensation de laisser derrière elle un fantôme, un spectre blanc qui habiterait à jamais ces esprits hantés.
Petit à petit, elle commença a se perdre, à marcher dans le noir en espérant trouver des traces de consciences. Ce pourrait-il que ce fut une barrière mentale ? Une projection du notable pour empêcher les intrusions ?... Une erreur de sa part ?...

Le temps n’avait plus d’importance… Pourtant elle le ressentait toujours. Pendant des minutes, elle déambula dans cet abysse d’ombre, cherchant dans le silence les frontières de cette cage d’obscurité, l’intense sensation au cœur que peut-être elle ne faisait que du surplace. Comme marcher dans de l’air… Ses yeux s’étaient accoutumés à la pénombre. Même si elle distinguait correctement son corps qui illuminait les alentours, rien d’autre n’était visible. Ses deux pupilles s’étaient arrondies, deux soucoupes noires posées sur ses yeux. Et ce froid intense, vif comme une brûlure, acide, rongé d’amertume. Mais où était-elle tombée ?... mieux valait continuer à avancer, dans l’espoir de retrouver bientôt Olaf Bardou et lui extirper ses informations. La jeune femme grelottait, et secoua son visage comme pour se sortir de la tête cette sensation étrange d’inconnu. Comme rarement, elle avait peur. Bientôt, la lassitude prendrait le pas sur l’alerte, la fatigue sur la nervosité. A ce moment là, la mission serait un échec. Et ça ne devait pas arriver : coûte que coûte, elle devait garder leur objectif en tête, pour Veto qui se battait seul, et qui mettait sa vie en jeu, et pour Irina qui attendait leur retour, son ventre rond et la fatigue sur le visage.

C’est quand elle fut complètement désorientée qu’au loin une forme vague apparut, un portail vaporeux qui semblait diffuser une douce lumière. Avait-elle marché suffisamment pour contourner la barrière ? Doucement, elle avança vers la faille, sur ses gardes, enroulant doucement ses doigts sur une longue lame courbée – une illusion, bien sûr, mais il était amusant de constater que mes dans un songe on ressentait la douleur d’une blessure, peut-être même plus que dans la réalité.
La silhouette du passage se distingua mystérieusement de l’obscurité à mesure que ses pas se rapprochait de lui. Un creux s’était ouvert dans le noir, et s’en détachait clairement, laissant ses contours curieusement vaporeux onduler dans une mystérieuse onde de fumée. Sur l’obscurité qui constituait le sol, de nombreux flocons de neige vinrent s’écraser lentement, s’échappant de la faille… Othello avait du mal à comprendre ce qu’elle voyait, cette vision qui lui faisait face. Là, devant elle, une ouverture flottant dans le vide donnait sur de larges banquises, et sur les lacs gelés qui la ramenait loin en arrière. Un souvenir éphémère du notable qu’elle aurait découvert, ou qu’il aurait mal enfoui ? La sirène s’arrêta quelques instants devant ce spectacle des plus abyssale, une paranoïa grandissante lui dévorant les entrailles brutalement, mangeant jusqu’à la dernière parcelle de sa chaire. Pendant quelques secondes elle resta immobile, parfois frôlée par un flocon. Puis, se rappelant le grand soldat, elle posa un premier pied sur le sol de glace… Puis un deuxième. Il n’y avait pas de temps à perdre. Et quelque fut la nature de ce souvenir, il devait forcément être important pour qu’Olaf Bardou le dissimule aussi bien.

Un blizzard froid balayait tout… Une tempête, même, de flocon graciles qui s’amusaient dans une course folle, se chahutant brutalement dans des danses frénétiques et mécaniques, répétant sans cesse les mêmes mouvements, comme si il n’était qu’une projection longuement travaillé qui revenait continuellement. Le hurlement du vent était assourdissant. Seule, sur ses gardes, Othello avança lentement, prête à toute éventualité, observant chaque recoin – qui lui semblait terriblement familier – à la recherche d’un bref signe de conscience ou de mémoire. Rien ne semblait se détacher, pourtant, de l’horizon assiégeait de parasites blancs. Seul une vive lumière évanescente qui délimitait le songe. Toujours aucun signe d’Olaf…. La demoiselle commença a se poser des questions. Pourquoi cela prenait autant de temps pour qu’il se manifeste, où était-il… Il aurait déjà du apparaître, au moins quelque part, surtout dans une bribe de son passé comme celui-ci. Et si il souhaitait protéger son esprit, alors il aurait déjà du commencer à se défendre contre elle, la principale source d’agression… Mais là, rien. Pas même la moindre trace d’une âme ou d’un débris de souvenir. Seule cette banquise et…

Soudain, elle la vit, finalement, longue et belle, radieuse même, se découper sur l’horizon, comme si sur son passage les flocons se détournaient. Elégante, d’une douceur irradiante de son corps élancé et délicat, recouvert d’une longue parure de soie… Ses cheveux blonds, comme les blés, s’évaporaient dans sa suite comme les rayons du soleil, ornant avec une justesse merveilleuse sa peau laiteuse et ses yeux rieur. On distinguait dans les aléas du vent une robe riche et claire, bleuté comme l’azur, comme un soir chaud au couché des trois soleils, balayant sur son passage un vent de chaleur douce et agréable. La femme avança vers les rivages dans une démarche décidée, ignorant la sirène tremblante qui la dévorait du regard, le visage souillé de larme, les mains tremblantes et la lame disparue.  
Elle n’était pas coincée dans la psyché d’Olaf Bardou. Il était coincé dans la sienne.

D’un geste désespéré, elle se précipité sur la souvenir de sa mère, qui, comme elle l’imagina, ne fit pas attention à sa présence et poursuivit le souvenir, inconsciente, impossible. Au bout de son bras, une petite fille se tenait, blanche comme la neige, un sourire d’une innocence ravageuse sur ses lèvres. Othello s’approcha timidement, un peu plus, se dévisageant elle-même, passée dans le prisme du temps qui fait grandir et murir. Ce n’était que des projections, rien de plus. Elles n’étaient pas réelles…
La première panique se mut petit à petit en haine. Cet homme jouait avec son esprit et sa tête, comme si elle n’était qu’un simple cobaye, faisant remonter un passé oublier, enterrer depuis des années sous une épaisse couche de contrôle. Alors que les deux spectres s’approchaient de l’eau pour que la petite Othello puisse jouer, la sirène créa de nouveau sa dague, alerte, protégeant son esprit des agressions. Elle surveilla le brouillard de neige. Il devait être parmi les ombres, cachés quelque part, à fouiller sa mémoire comme un touriste qui s’amuserait à découvrir les lieux.  Un joueur…

Un bruit de pas à sa gauche… La neige s’éleva brusquement du sol pour ne rien découvrir, alors que les fantômes continuaient leur jeu comme si de rien n’était. Le silence du vent revint alors, hantant le lieux. Personne à l’horizon… C’était étrange. Il devrait se manifester, il en avait largement l’occasion. Il fallait qu’elle trouve le moyen d’inverser les choses, de le chasser de son monde pour rentrer dans le sien. Pas que…
Une douleur violente pénétra sa poitrine d’où jaillit de longs jets de sang qui éclaboussèrent le blanc de la neige imaginaire. Remontant ses mains vers sa poitrine, elle lutta quelques secondes pour calmer les flots de sang continu qui coulaient de son torse, parfaitement irréaliste, mais qui l’engourdissait de seconde en seconde, la vidait de ses forces pour la conduire au sol sur cette banquise rêvé. Lentement, elle se retourna… Pour découvrir un spectacle immonde : Bardou s’était infiltré derrière elle, et tenait au bout d’un sabre le corps inanimée d’une petite yorka pâle.

Tout s’évapora. Les fragments de son souvenir partirent en morceaux, se désagrégeant en fin lambeaux de pensées qui s’évanouirent dans le néant. Othello était à nouveau envahit pas les ombres, par le noir qui l’enveloppait. Mais cette fois elle n’était plus seul dans ces limbes. Dans son complet de velours, ses yeux bleus, glacés tombés sur elle, son visage d’un certain âge trahissait un sentiment de jouissance certain, tant ses dents jaunis étaient visibles. Il souriait dans une courbe blafarde et sournoise, qui irisait sa peau jaunie d’une dizaine de rides infâmes.


«- Que me voulez-vous ? » Lui dit-il. Sa voix résonna quelques secondes dans une longue réverbération.

La jeune femme se tordit au sol dans sa douleur fantasmé. Des liens vaporeux sortirent du vide pour l’enlacer brutalement, la coinçant dans son propre esprit, l’immobilisant tout à fait. Ses yeux se braquèrent sur le noble tremblant, incapable de parler… Elle était prise au piège. Prisonnière de sa propre tête, en compagnie d’un intrus. Jamais elle n’avait connu ça… Et cela la tétaniser. Elle tenta de se libérer, ondulant comme un poisson, en vain. Cet homme était plus fort… Elle était piégé… Ses pouvoirs ne pouvaient-ils rien ? Chaque illusion qu’elle invoquait n’avait pas de sens, disparaissaient presque aussitôt. La panique était plus fort, la peur coulait dans ses veines comme un immuable poison, l’homme la dominait totalement alors qu’elle perdait pied de sa réalité, de sa conscience qui lui échappa alors, comme à tout jamais. Ce monde-là, ce terrain-là, elle ne le contrôlait pas…
Othello soupira, acceptant son sort. Si il allait manipuler son esprit, tel serait sa fin… Elle déglutit une dernière fois, prête à se retrouver transpercer et à abandonner son esprit.
Une brise chaude… Soudain, le visage de Veto lui apparut, clair comme du cristal. Ses yeux clairs s’échappait des ténèbres, alors que le sérieux martial que dépeignait son visage trahissait la jeunesse innocente qu’il dessinait. Elle le revit se battre, être propulsé par une masse d’arme avant qu’elle ne retombe dans cet abîme. Il devait toujours agir en haut… Puis ce fut le visage d’Irina, sévère aux premiers abords, mais qui pouvait se retrouver doux, auréolé d’une lumière sérieuse mais sacrée, trahit par son élégance de grande dame. Si elle s’abandonnait, elle les trahirait tous les deux… Et jamais elle ne pourrait laisser le soldat se battre seul, et revenir vers la dame de feu les mains vides. Ce n’était pas son rôle.

Brusquement, Othello devint complètement immobile, et cessa de vouloir se défaire de ses liens. Son plan était simple : attendre le bon moment pour toucher le notable, et basculer leurs places. C’était une première bataille qu’il avait remporté, mais elle excellait dans la fourberie. Et après tout, c’est bien connu. Un poisson ne se laisse jamais faire, même dans les filets. Il fallait attendre la faille. Doucement, la sirène observa sa proie, qui semblait se pâmer dans un début de monologue ridicule et des plus clichés, en lui lisant le plus de fait possible sur ce qu’il avait appris d’elle. Mais pourtant, il ne baissait pas sa garde, sa main toujours fermement braquée sur elle pour maintenir les liens qui la retenaient. « Allez… Montre moi une faiblesse… » se lamentait-elle intérieurement.

La chose ne vint pas de lui. En un éclair, Olaf commença a suffoquer, lâcha toute prise sur elle alors que son visage se déformait sans raison dans une expression de supplice. Il tomba bien vite à genoux, tentant de détâcher de sa gorge un lien inexistant. C’était sa chance. Othello se jeta sur lui, attrapant à deux mains son visage pour y plonger ses yeux de bois qui n’avaient alors plus que l’apparence et la pointe de deux pieux. D’où venait ce soudain trouble ? Elle n’en avait aucune idée, mais c’était l’occasion parfaite. Alors qu’à nouveau la sorcière se sentait possédée par les illusions, elle noya l’esprit de l’homme dans une marée de flamme alors qu’il luttait désespérément pour une bouffée d’air. Ils s’embrasèrent tous deux, et le noir les consuma totalement. Mais aucune douleur, aucune crainte… C’était fait.
Ils s’étaient évaporés jusqu’à une salle d’une richesse impériale où les dorures et le marbre n’avaient de cesse de leur renvoyer leur reflet brûlant. Othello observa tout ça du coin de l’œil. C’était ironique : il était maître dans l’infiltration mais n’avait pas pris la peine de protéger sa propre psyché. Qu’à cela ne tienne, la chose serait encore plus aisée… Grisée par un sentiment de puissance, la sirène souleva l’homme par sa nuque, ses mains s’enveloppant de serpent verts et noires aux sifflements perçants, hurlant leur menace, alors que les murs ne se dégradent et ne tombent en poussières pour ne plus révéler qu’un bois pourries et délabré. Il n’était plus que déformation de peur, et de crainte.


« - Montrez moi ce que vous savez. »

C’était un ordre plus qu’une question, et elle l’avait craché en plein dans son esprit. Il se débattait toujours pour une poignée d’aspiration. La réaction fut fulgurante. La pièce s’habilla directement d’une nouvelle parure, dans une lumière tamisée des plus suggestives et aux fournitures d’une chambre a couché. Dans un lit d’une richesse incomparable, dans le fond de la pièce, deux formes s’agitaient sans qu’elle ne puisse concrètement les distinguer. Dans un geste lourd, Othello lâcha Bardou, le laissant tomber dans un lit de reptiles qui l’enfermèrent dans leurs anneaux, avant de partir vers le fond de la pièce. Son cœur battait brutalement. Un poids rongeait son ventre. Son torse se serra, s’écrasa douloureusement. Elle savait que ce qu’elle verrait serait la clé qui leur permettrait de faire tomber la marionnettiste. Et ce qu’elle vit la glaça tant qu’elle la paralysa de stupeur.
Dans une tornade de désir, Elerinna était emmêlée avec une très jeune femme au milieu de drap de flanelle, enveloppée par des bras griffant frénétiquement et la retenant jalousement.
C’en était assez, elle se retourna brusquement vers le notable qui commençait à reprendre son souffle, mais qui avait été dépossédé de toute force. Elle le récupéra sans problème. Ce qu’elle avait vu ne devait être qu’une création lubrique de l’esprit de l’homme, mais était sans aucun doute fondé sur une vérité.


« - Ve… Verna Lux… Luxis… » Bafouilla-t-il piteusement quand elle serra à nouveau ses mains autour de sa gorge. C’était ce qu’il lui manquait. Dans un dernier au revoir, elle s’embrasa, réduisant tout ce qu’il restait de la pièce en un océan de flammes orangées, laissant Olaf Bardou et sa psyché brisée dans un sommeil psychédélique.

*  *  *

Le froid la mordit brutalement. Son visage était posé contre le sol givré, couvert de glace, et avait mouillé ses cheveux blancs qui traînaient lourdement autour d’elle comme une vaporeuse couverture. C’est alors qu’elle respira, reprit sa première bouffée d’air frais qui lui fit le même effet que la première de sa vie. Sa poitrine se souleva brutalement, et comme ça chaque fois qu’elle revenait à son corps, elle se sentit à l’aube de sa vie, née une nouvelle fois dans ce monde de sang et de fange. Son dos se tordit ultimement, soulevant tout son ventre dans une lourde articulation, avant qu’elle ne revienne tout à fait à elle, rappelée à la réalité par la clarté aveuglante de la cathédrale de glace, et le bruit lointain et étrange de sanglot. Brusquement, elle se redressa dans l’ombre de sa cachette, engourdie par ce combat mental, cherchant des yeux son comparse. Avait-il réussi ?... Titubant, s’écrasant presque contre la paroie, elle marcha dans la mare de sang qui inondé la neige, souillant sa pâleur laiteuse et opaline, comme si elle traversait un songe. Et toujours dans ce même songe, elle découvrit le jeune homme aux yeux humides, accroupi à côté du notable, entre deux sanglots. Et brusquement, elle fut submergée par un profond sentiment de soulagement de le voir encore en vie. Dans cet état second entre rêve et réalité, elle se pencha à côté de lui – tomba à moitié en réalité – pour attraper ses mains rougies, grisée par la nouvelle et les informations.

« - Nous la tenons… » Dit-elle dans un sourire à en décrocher sa mâchoire, avant d’expliquer à Veto la nature de sa vision. Ce n’est qu’alors qu’elle constata sa peine. « - Merci pour votre travail, Veto. Mais…pourquoi pleurez-vous ? » Lui demanda-t-elle doucement, serrant un peu plus ses doigts graciles autour de sa poigne, le ton étouffé d’une simplicité candide.

Pendant quelques secondes, elle hésita a essuyer innocemment les larmes de ses joues, mais c’est alors qu’elle constata le sang qui les unissait. Ils formaient quand même une belle équipe de tueurs… Mais tout cela serrait bientôt derrière eux.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitimeSam 11 Juil - 21:50

Ses doigts jouaient doucement sous son regard embué, se rétractant et se dépliant. Sous ces jointures qui blanchissaient doucement, sous ces phalanges désarticulés et craquantes, le notable écarquilla légèrement encore les yeux et son corps se raidit une seconde. Le regard de Veto se posa sur cet homme qui n’était plus à ses yeux qu’une cible et, lorsqu’il le vit à nouveau se détendre, il remarqua que la dernière lueur de conscience avait quitté cet œil torve. Le Notable semblait tout hébété et restait immobile, fixant le plafond avec une respiration courte.

Le garde cimmérien tourna légèrement la tête vers la gauche, jetant un regard par-dessus son épaule. Il vit une forme émerger de derrière la congère et il comprit que Othello aussi avait terminé sa sale besogne.
Il ne put retenir un petit hoquet qui le ramena à la contemplation de ses mains.
Il se rendit alors compte qu’elles tremblaient légèrement et encore une fois, il revit ce qu’il avait fait et ce qu’il envisageait de faire. Cela le dégoutait mais il savait que c’était la meilleure chose à faire et que donc, c’était une nécessité à laquelle il devait se résigner comme toutes les autres qui suivraient.

Il resta là, incapable de bouger, fixant cette main qui allait commettre une véritable boucherie et incapable donc de trouver le courage de se lancer dans le spectacle macabre qu’il s’apprêtait à mettre en place.

Soudain, une autre main vint se poser sur son épaule. Une main moins sale mais qui appartenait à une âme aussi souillée que la sienne.
Il eut un nouveau hoquet et après les quelques paroles qu’elle lui adressa, un sourire triste se dessina sur ses lèvres, étirant ses joues mouillées.
Et pour seule explication à sa question, il répondit :


« Ce n’est rien... J’ai tué plus que je ne m’y attendais… Mais ça n’a déjà plus d’importance. »

Il réussit enfin à s’ébranler sous le regard de la jeune fille. Son état d’esprit était tel qu’il ne remarqua même pas le sourire rarissime sur le visage de sa comparse. Tout ce qu’il voyait, c’était un corps trop vivant au sol devant lui.

Méticuleusement, retrouvant son flegme professionnel, il manipula le corps du noble, le mettant face contre terre. Il disposa ses bras et ses jambes de manière à ce que cela puisse correspondre à une chute.


« Je vais maquiller ce carnage pour qu’on pense à un accident. Vous devriez déchirer le bas de votre robe. Elle est tâchée de sang et nous n’avons pas besoin de remontrer ce genre de trace. »

Il planta sa dague dans la neige à côté d’elle et, avec une infinie douceur qu’impliquait la précision dont il voulait faire preuve, il posa le visage de l’homme face dans la neige. Il ne faudrait pas longtemps à ce corps sans esprit, prisonnier de son corps, pour s’étouffer sans rien tenter de faire.
Ensuite, Veto se releva pour aller auprès de la stalactite qu’il avait fait tomber tout à l’heure. Ce bloc de glace pointu s’était brisé en heurtant le sol mais plusieurs éclats plus ou moins important étaient encore de bonne taille au vue de la taille originelle de cette formation glaciale.
Veto en trouva un long et effilé. Il s’approcha alors du corps de Karl, celui qu’il avait perforé de sa propre épée. Avec minutie toujours, et précision, il enfonça ce grand pic de glace dans la plaie et chercha à refaire le trajet que la lame avait faite. Il alla même un peu plus loin pour bien dégrader les indices de cette blessure.
Pour ce qui était de Glenn, il alla chercher le fléau d’arme de Marv’, prit seulement une seconde devant le cadavre pour ajuster son geste et puis il abattit la lourde masse sur la nuque du cadavre. Malheureusement, l’action nécessita plusieurs coups avant que la tête ne se séparer du corps et que le déchirement des tissus et la dislocation des vertèbres effacent le passage d’une dague. Et pour finir ce tableau-ci, il plaça le plus gros morceau de glace qu’il put trouver et soulever à la place du vide qu’il avait créé entre ce buste et cette tête.

Veto fit enfin une pause dans cette horreur et garda le dos de sa main sur ses lèvres, retenant un filet de bile qui remontait dans sa gorge.
Il ferma les yeux un moment et puis reprit son maquillage de la scène du crime.

Marv’, le cadavre qu’il avait perforé à six endroits lui posait réellement problème. Enfoncer six pics à glace dans ce corps semblerait encore plus suspect que le retrouver ainsi… Il fallait noyer ces plaies dans une masse informe de tissus broyé…

Malheureusement, cet endroit était déjà trop empreint de magie et si un enquêteur venait à fouiller trop profondément, il finirait par faire appel à quelqu’un capable de retracer les sortilèges utilisés récemment. Veto n’avait jamais entendu parler d’un tracé fin de ce genre de choses, mais il imaginait que déceler des traces de magie sur des objets inanimés pourraient toujours sembler une tentative de survie, alors que de la magie à l’intérieur d’un corps ressemblait forcément à une tentative de meurtre.
Il renonça donc à utiliser la magie directement sur les tissus en les gelant.

Après une seconde à fixer le plafond, il se tourna vers Othello et lui demanda de sortir.


« Attendez-moi dans le couloir. Je vais décrocher un nouveau bloc du plafond et j’ai peur de créer un effondrement que je ne pourrais pas gérer. »

Sa voix était devenue monocorde. Il se détachait instinctivement de sa tâche, s’oubliant dans les actions immonde qu’il perpétrait.
Le metteur en scène qu’il était devenu avait repéré une fissure qui l’intéressait. Il s’approcha de la paroi et posa une main sur le mur, fermant les yeux. Son esprit remonta le long de la glace. Ses pensées survolaient des étendues blanche verticale puis flotta juste sous ce plafond de givre dont il pouvait presque déceler la structure fine. Sa volonté arriva jusqu’à la fente devenue crevasse et elle s’y engouffra, l’arpentant avec minutie toujours.
Le cryomancien prit son temps, hésitant à la manière d’allonger cette fragilité. Il était toujours sous cette voute et il ne fallait pas qu’il rompe un équilibre qu’il imaginait précaire s’il ne voulait pas devenir acteur de son théâtre macabre et non plus seulement metteur en scène...

Finalement, il se décida et dans un effort douloureux, comme ça l’était à chaque fois, il fit céder les liens que le gel avait maintenus pendant des décennies. Au moment de cette cassure, son attention revint à son corps et avec elle la libération de la tension de ses muscles. Sa tête s’était penchée durant sa concentration et en ouvrant les yeux, il sentit sa nuque craquer en passant le petit cran qui fait claquer les ligaments lorsqu’on les met sous tension.

Il fit volte-face pour réceptionner son œuvre. Un gros bloc de la taille d’un bœuf tombait du plafond et Veto eut énormément de mal à le rattraper au vol, même si ce n’était que par la pensée. Le poids de cette charge le fit tomber à genoux. Les deux bras en avant, il l’avait réceptionné de justesse. Tout autour, dans la grotte, des blocs moins importants venaient s’écraser et il dut aller se réfugier sous celui qu’il portait dans un équilibre précaire dans l’air. Si jamais la grotte ne se stabilisait pas à nouveau, il allait finir avec les quatre cadavres qu’il était en train de préparer…
Cela-dit, il y aurait peu de chance qu’on le reconnaisse.

Mais les choses se calmèrent à nouveau et il put se libérer de la charge conséquente qu’il n’aurait plus pu tenir une seconde de plus. Sans plus de cérémonie, il abattit ce large pan de plafond sur le tronc du pauvre Glenn’. Ceci avec une précision relative, il va s’en dire. C’était comme garer la roue d’une charrette tirée par un bufflon sur un Dias…

Quoi qu’il en soit, Veto qui avait récupéré ses armes et sa cape rejoignit Othello. Il savait que désormais il ne réussirait plus à affronter son regard. Elle était soudain devenue pour lui le souvenir de cette chose qu’il avait tué sans le faire exprès dans cette grotte : sa propre innocence.

Il avait posé une dernière fois sa main sur la paroi juste après s’être glisser dans l’ouverture donnant sur le petit couloir qui les ramènerait vers le puits. Une dernière fois, son esprit s’était évaporé le long du mur et de la voute de glace. Mais cette fois, plus de minutie ou de précaution. Il chercha à tout rompre sur son passage, comme un étalon cimmérien lancé au galop, il traversa les liaisons les plus fragiles qu’il croisait comme des haies trop peu denses.

Et lorsqu’il revint à lui, il se faufila de justesse dans le trou et essuya le fin filet de sang qui s’était mis à couler de son nez.

Dans la grotte, le capharnaüm fut dantesque et le petit couloir dans lequel ils avaient fui se mit à trembler, si bien que Veto entraina la prêtresse à sa suite, loin de leur crime.

Plus tard, après une attente silencieuse, La Pie descendit les voir et Veto lui dit qu’ils avaient besoin de remonter et assez vite, ils eurent une corde qui tomba du ciel. Veto monta le premier puis aida la prêtresse à en faire de même.
Les deux gamins acceptèrent d’aider Veto à trouver quelques vêtements pour remplacer ceux tâchés de sang qu’il portait désormais. Et avant de quitter le puits, Veto se souvint que la dague qu’il avait utilisée durant cette opération était celle de l’espion qui l’avait agressé et qui reposait désormais au fond de ce puits. L’arme alla rejoindre son propriétaire et la douce illusion de pouvoir tourner les soupçons sur cet ahuris de Midiar effleura l’esprit de Veto. Si jamais on découvrait le passage de la grotte jusqu’au puits et ce corps au fond, ça devrait être particulièrement efficace pour brouiller les pistes… À moins que les enquêteurs soient au courant du fait que Veto était suivi par Midiar… Mais tout cela allait trop loin. Il ne valait mieux pas y penser. L’avenir dirait ce qu’il ressortira de cette grotte effondrée ou ce qui n’en ressortirait pas.

Les deux assassins attendirent donc le retour des enfants dans la maison en ruine. Veto avait récupéré sa dague en échange des deux cent dias promis aux enfants et Othello récupéra son manteau.
Les deux pièces maîtresses d’Irina convinrent qu’Othello porterait les informations à Dame Dranis et que Veto se ferait discret un temps. Après l’élimination de l’espion qu’on avait chargé de sa surveillance, il devait éloigner les soupçons qu’on pouvait avoir sur ses liens avec Irina.

Et ainsi, les deux comparses de crime se séparèrent dans la nuit et dans la neige, sillonnant des ruelles que le léger tremblement avait à peine réveillées et où déjà les bougies aux fenêtres se mouchaient.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

MessageSujet: Re: Interception d'information   Interception d'information Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Interception d'information
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Istheria, le monde oublié :: La Communauté & ses échangesTitre :: • Corbeille :: • Les vieilles aventures-
Sauter vers:  

(c) ISTHERIA LE MONDE OUBLIE | Reproduction Interdite !