[Terminer] La bonne personne à la bonne place au bon moment?

Certes elle le sentait, son petit numéro faisait de l’effet et es hésitation du jeune homme le montraient assez, mais jusqu’à quel point ? Elle sentait bien que la mésaventure qu’il avait vécue l’avait marqué de toute évidence et elle pouvait le comprendre à pluiseurs titres. Elle-même, ne supportait pas d’être soupçonnée de quelque chose qu’elle n’avait pas commise, même si son passé était lourd de bien des actions répréhensibles. D’autre part après avoir découvert l’intégrité du personnage, rien ne devait être plus humiliant et horrifiant que d’être soupçonné d’une telle avanie. Qui d’ailleurs pouvait bien avoir répandu une telle accusation ?! Il fallait être ou mal intentionné ou bien mal connaître les valeurs de l’herboriste…

*Arrête un peu de le plaindre ! Il n’est pas mort ! Il s’en est sorti sans mal alors… Tu deviens vraiment trop sensible !
_ Je ne le plains pas je trouve que les gens sont parfois stupide et bornés…
_ Je confirme...*

Les n’allaient pas trop mal puisque le regard de Duscisio semblait vouloir dire que non, la jeune femme n’était pas stupide. Il l’avait sans doute encore un peu en estime tout de même. Ceci dit elle montrait même sans le vouloir qu’elle était idiote et sa réponse même si elle n’était  prononcée pour cela le lui fit bien comprendre.

Evidemment, les herboristes sont tenus de connaître tous les effets des plantes qu’ils manipulent. Cela tombe sous le sens, et la rouquine n’avait lancé sa remarque que comme un trait d’humour, mais l’albinos ne semblait pas l’avoir compris. Il est vrai qu’il semblait très chatouilleux sur ce point.

*Je te l’ai déjà dit : on peut rire de tout mais pas avec tout le monde…*

Elle pouvait donc trouver là une nouvelle occasion de prouver qu’elle manquait un tantinet de jugeote. Elle s’exclama en se frappant le front de sa jolie main toujours aussi innocente.

« Mais bien sûr, où avais-je la tête ! »

Elle regarda la graine disparaître dans la poche de l’apothicaire et commença à se faire une raison, les graines de Viviman ce ne serait pas pour elle, en tout cas ni aujourd’hui, ni ici…
Elle adorait convaincre, mais là cela dépassait ces espérances comme quoi prêcher le faux pour avoir le vrai, n’est pas une stratégie qui marche à tous les coups. Elle lui adressa pourtant un joli sourire compréhensif.

*Il faudrait savoir ce que tu veux ou que tu ne veux pas ! Tu ne vas…
_ Ca va j’ai compris !*

Elle devait bien l’admettre elle était maintenant vraiment contrariée et la proposition du jeune homme sonnait comme une moquerie, bien involontaire certes, mais moquerie tout de même.
Elle n’avait cure du soi-disant remède à confectionner avec cette graine ! Qu’il soit confectionné par Duscisio ou n’importe qui d’autre, mais il était dit qu’elle boirait le calice jusqu’à la lie, malgré toute la rouerie qu’elle avait mise en œuvre depuis qu’elle avait pénétré dans la boutique du vieil apothicaire.

*Sois fair play. Tu ne peux pas gagner à tous les coups…
Fais un beau sourire au monsieur et accepte. Tu n’as pas le choix…*

Et c’est ce qu’elle fit.

« Oh ! Vraiment ? Vous feriez ça pour moi ? »

Elle avait joint les mains comme pour une prière, la tête légèrement inclinée sur le côté, un sourire attendri aux lèvres.

« C’est moi qui vais avoir mauvaise conscience. Après tout le dérangement que je vous ai causé… »

Elle était sur le point de partir quelques secondes plus tôt et voici qu’elle s’approchait de nouveau du comptoir et de l’apothicaire. Elle posa ses mains sur le marbre l’air faussement outré.

« Ah ! Non ! Il ne sera pas dit que je vous aurais dérangé jusqu’au bout. Je passerai chercher le fruit de votre travail dans deux jours. Comme cela vous aurez le temps de le concocter…
Cela vous irait-il ? »

La deuxième raison, moins officielle, c’est que la demeure de la coquine n’était pas ouverte à n’importe qui. Elle officiait pour chacune de ses activités à l’extérieur et somme toute, goûtait assez sa solitude et son isolement. Il fallait plus qu’une relation d’un jour pour qu’elle y invitât quelqu’un.
Voici là une bonne question de réglée, celle de son adresse ne se posait donc plus…

*Oh ! Méchante, tu aurais pu lui ouvrir ta porte. En échange de son remède tu lui aurais offert en dépucelage gratuit…
_ Qui te dit qu’il soit puceau et ou qu’il ait envie de se déniaiser ?
_ Hummm… Mon petit doigt !...*

Elle regarda Duscisio dans les yeux malgré l’échange interne sur son expérience du sexe.

« Voulez-vous que je vous paie d’avance ?"

En effet, Duscisio n'avait pas compris que la plaisanterie sur ses connaissances en potion en était une. Prenant très souvent tout au sérieux dans la limite du raisonnable. Parler avec plaisanterie de son métier n'était pas la meilleure chose à faire non plus, bien qu'il accepte cela. Mais au vu de la situation où il se trouvait encore méfiant à cause de la demande branlante de la jeune femme sur la graine, les blagues n'était pas les bienvenues.
Faisant comme si la logique était présente, la jeune femme répondit au sérieux de l'herboriste comme si de rien n'était et paraissant la plus innocente possible.
La proposition contrariée par le refus du don de la graine en elle-même fut contré par la concoction du remède même. Ainsi, aucun risque que cette graine ne fasse du mal à qui que se soit par sa faute.

Tout ne peux pas être rose, sinon comment avant l'expérience de l'erreur pour fait encore mieux qu'avant ? Il faut tirer de ses erreurs, c'est comme cela que j'ai appris mon métier. Puis on peut être sûr d'avoir le moins de défaut possible.

Les défauts, Duscisio les connaissait plus que bien. Il en exploitait tous les jours, notamment celui de faire sa tête de mule maintenant en refusant de vendre la graine à l'état naturelle. Si elle la voulait vraiment, elle allait devoir faire appel à quelqu'un d'autre, c'était certain. Et maintenant qu'il connaît le nom commun de la plante concerner il allait éviter d'autres défauts comme celui de s'emporter soudainement pour expliquer pourquoi il ne peut la donner comme ça.
Au final elle accepta le remède avec un large sourire. Sans le savoir qu'elle n'en avait rien à faire de ce remède, mais il restait innocent et ignorant sur beaucoup de choses.
Mais un point domine ici : il ne sait pas qui est réellement Elië.
Il faut se rendre à l'évidence. Vous en connaissez beaucoup des filles de joie demandant un remède contre les maux de gorges ? Il y aurait bien une raison mais l’énoncer ici n'aurait pas sa place...
Livré ou venant la chercher, cette question vint à en venir au fait de le gêner assez comme ça pour qu'il se déplace pour le remède. Il précisa s'il devait se déplacer son adresse mais la jeune femme rétorqua rapidement.

Oui, oui. Bien que livrer à domicile fait aussi partie de mes habitudes ici à Hespéria plus facilement que dans les autres villes. Dans deux jours donc. Si vous ne passez pas, dans tout les cas, elle n'est pas perdu. Elle sera utilisée pour un autre client.

Encore une vérité, il est déjà arrivé plusieurs fois qu'il eut des commandes où la recette ne fut jamais chercher où simplement annulé pour différentes raisons. Dans ses cas-là, la ou les fioles reste stocké dans les étagères en attente d'une autre demande. Toujours utile quand l'urgence d'une personne bien pour celui-ci. Un client arrive en urgence ou simplement pressé, il prend, il paie et part. En parlant de payer, la dame demanda s'il voulait un payement en avance.

Monnaie ou nature ?... Non je plaisante. C'est pas nécessaire.

Point d'humour bien caché puisqu'il ne souriait même pas à sa propre blague lier au métier de la soi-disant débitrice. Il n'acceptait jamais un payement en avance sans que le produit ne soit fini, livrer ou remit en main propre à la boutique.

Vous me payerez les trente dias pour les deux fioles que produira la graine.

Trente dias ne semblait pas très cher pour le produit d'une plante rare, surtout quand elle allait voir le concentrer que cela allait donner, une petite fiole tenant entre le pousse et l'index mais donc l'efficacité était déjà prouver de nombreuses fois. Pas mal pour un produit qui ne sera peut-être pas utiliser...

Et oui, aucun risque que cette graine ne fasse du mal à qui que ce soit sauf à parier sur une mauvaise manipulation de l’herboriste ce qui était entre nous soit dit très improbable lorsque l’on observe l’application et l’implication de l’albinos dans ses préparations mais bon les choses étant arrivées au point de notre récit, il était plus important pour la rouquine de faire fi de son dépit pour donner le change et accepter la potion de Duscisio sous peine d’être plus que soupçonnée d’être une empoisonneuse.

Et dire que ce procédé lui était jusque-là étranger ! Parlez-lui du sang qui coule vermillon sur la peau blanche, de la lame qui incise l’artère, trouve son chemin jusqu’à arrêter l’organe palpitant, du jet de lame qui arrête en pleine action  le fil d’une vie. Mais le poison qui étouffe, qui cyanose qui ronge, fait baver et avarie les chairs quelle barbarie ! Quel manque de goût !

Elië savourait l’ironie de la situation. Il va sans dire que cette aventure ne l’inciterait pas à explorer la voie létale chimique…

Par contre, entendre son fournisseur aussi philosophe à propos des inévitables erreurs inhérentes à son métier eu pour effet de  l’étonner au plus haut point. Comment pouvait-on se faire aussi tatillon sur l’utilisation des plantes que l’on fournissait et en même temps se dire que si des vies étaient mises en danger par une potion cela servirait aux suivants ? N’y avait-il pas là une sorte d’hypocrisie de la part de l’apothicaire ? Elle s’attendait à ce qu’il prenne toute les garanties avant de fournir des fioles des onguents.
Mais c’était vrai, elle n’avait vu nulle part d’animaux qui pourraient tenir lieu et place de test aux médicaments. Ces pratiques lui étaient-elles étrangères ? Ou alors, le jeune homme n’avait-il pas encore commis ce genre d’erreur et l’expérience venant, il était de moins en moins probable qu’il en fît… Cependant son discours suggérait le contraire…

« Et vous-même, avez déploré de nombreuses erreurs ? Cela parait pourtant impensable étant donné l’application que vous y mettez et les connaissances dont vous avez hérité.»

C’était un peu un coup bas mais elle méritait bien une petite vengeance pour ses plans réduits à néant… Elle n’eut alors aucun remord de lui rappeler peut-être de bien mauvais souvenirs si Duscisio avait effectivement était à l’origine d’un décès, d’une intoxication d’une part et qu’il était maintenant seul au monde d’autre part. Et tout cela en faisant mine de reconnaître ses grandes compétences…

Et oui, Elië pouvait être cruelle… Ah ! Vous l’aviez deviné ? Cruelle, mais seulement si cela lui procurait du plaisir. Quoi, me direz-vous, un instant elle fait tout pour épargner la moindre contrariété à l’herboriste et celui d’après, elle lui pose de traitresses banderilles !

Là était encore une des complexités de la rouquine qui, certains l’auront remarqué, n’était pas toujours seule et pouvait se trouver tirailler entre deux envies, deux personnalités. Même si les invariants qui avaient fait que Elië et Elië s’étaient si bien accordées persistaient il n’en demeure pas moins qu’elles ne peuvent être complètement identiques et toujours poussées dans la même direction sauf en ce qui concerne la préservation Elië Valanatëel. La chute de l’une entraînerait à coup sûr la disparition de l’autre…
Cela personne n’en avait connaissance et ce pour deux raisons. La première étant qu’Elië n’en était consciente que partiellement. La deuxième étant qu’il faudrait très intime avec la demoiselle pour qu’elle en fasse confidence ou qu’on rendre compte. Et d’intimes d’Elië, le croirez-vous, point.

Pour revenir à l’action après cette petite explication, assez fière de sa question assassine, elle se trouva rassérénée et prête à nouveau à positiver comme à son habitude. Après tout, n’importe qui pouvait tomber malade, même les courtisanes, et ce remède servirait-il peut-être un jour…

Voici donc une raison supplémentaire pour qu’Elië vienne prendre possession de sa potion. Qu’était donc un petit saut dans cette boutique en comparaison avec sa tranquillité ? Il faudrait donc en re-confectionner une si d’aventure quelqu’un d’autre devait en avoir besoin… S’il voulait avoir du stock rien ne l’empêchait de s’en confectionner. D’ailleurs qu’est-ce qui l’en empêchait ? Ses voyages ? Ses réserves de plantes trop tenue ?

Tiens donc l’albinos peut faire preuve d’humour ?! C’était plutôt une bonne surprise et la rouquine ne bouda pas son plaisir et accueillit la galéjade avec un rire franc.

« J’ai bien compris ne vous inquiétez pas et d’ailleurs c’est cela le plus dommage… »

Quelle était donc cette lueur de gourmandise qui passa dans les yeux de la courtisane ?

« J’aurais peut-être pu vous apprendre des choses à mon tour… »

Et si l’herboriste ne faisait jamais payer qu’après ses services, il en était de même pour Elië. Leurs points communs étaient assez rares pour qu’on les souligne lorsqu’ils apparaissent…

« Trente Dias ? Très bien… »

*Très bien, très bien… Comme tu y vas. Le paiement en nature aurait été préférable…
_ Je suis bien d’accord, mais tu l’as entendu. Il n’est pas intéressé…*

« Donc dans trois jours c’est bien cela ? »

Elle réajusta sa cape et se dirigea vers la porte…

Le trait d'humour fut répondu par une phrase tentante de la jeune femme sans qu'il en soit forcément ignorant. Pour cause, prenant un peu ça comme une vérité, la jeune femme ajouta clairement quelque chose qui semblait l'intéresser par le biais propre de son métier, celle de courtisane, fille de joie ou appeler ça comme vous voulez.
Le sourire en coin, Duscisio lâchait un ricanement unique, c'était un homme après tout. Il aurait très bien pu être tenté mais il se poussa à répondre.

Navré de vous décevoir. J'ai une libido particulièrement réservée, si elle n'est  pas inexistante.

Quelle histoire avait pu t-il avoir pour posséder une libido ? Histoire d'une nuit ou d'une vie. L'un ou l'autre on pouvait dire qu'il n'était pas totalement ignorant de la chose, mais il disait la vérité quand il précisa avec l'expression utilisée. Une femme d'une nuit et l'autre d'une vie – du moins s'il pouvait la revoir encore une fois... - Duscisio n'était pas du genre à courir après les femmes pour leur voler un peu d'intimité durant une heure ou deux. L'un des moyens serait d'avaler cette potion qu'il avait donnée, mais c'était pas son genre d'utiliser des artifices pour un acte contre la volonté d'autrui.

C'est le prix de la solitude après tout.

Il haussa les épaules comme s'il ne pouvait pas faire autrement dans ses états actuels. Ne cherchant pas à prendre son pied avec la courtisane, ni a lui donner un peu de son temps pour lui en offrir, ni a lui fait envoyer de la pitié à son égard, il en resta là sur le sujet pour en donner le prix sur l'article vendu.
Trente dias.
C'était pas cher payer mais cela avait son prix quand on connaissait la valeur de l'or, et puis la plupart de ses remèdes donc les ingrédients sont rare ont plus de valeur et qui plus ai, cherchant à les rendre moins cher en ayant cette fameuse collection de plantes dans la serre de l'arrière boutique. Un prix moins cher n'était pas encore possible, il fallait prendre patience.

Dans trois jours pour être sûr en effet. Avec le peu de commande que j'ai, je la ferai sans doute en premier.

La laissant partir après avoir donné confirmation, attendant un peu qu'elle parte pour pouvoir retourner au travail. Enfin s'il n'avait pas remarqué la forme qui venait de pousser en parlant d'un sujet dont il n'avait pas l'habitude de parler... Il se retourna en toussotant dans l'arrière boutique et par le biais de ce petit truc en plus de l'énervement il se dit à lui-même comme s'il allait se répondre.

Il faut vraiment que j'apprenne à me contrôler...

L'énervement qu'il a eu envers la jeune femme, non voulu comme une pulsion soudaine qui l'avait prit, puis la forme dans son pantalon en parlant du métier de la jeune femme en quelques sortes... Duscisio était bien jeune encore pour pouvoir se contrôler totalement ainsi que les réactions de son propre corps.

Ahem... Retournant dans l'arrière boutique donc. Duscisio se remit immédiatement au travail sur la potion d'ambroisie qu'il était en train de faire. Les réserves étaient épuisées après quatre mois de vente du produit et par le bon heureux des hasards il avait déjà trouvé comment garder les mêmes effets avec autant de fruit dans le chaudron qui attendait son retour en faisant refroidir lentement son contenue, se qu'attendait Duscisio en servant la jeune femme avec qui il avait eu quand même le plaisir de parler. Son émerveillement était encourageant, c'était l'une des rares personnes a être entrée ici, si cela avait été un peu de comédie ou non – se qu'il ne sait pas – cela n'avait pas d'importance. C'était toujours agréable d'être encourager de la sorte.

Remplissant une fois de plus le bol pour en remplir les quelques fioles qu'il allait pouvoir faire, il resta à nouveau dans le calme. Ne demandant qu'une petite heure de travail si se n'était plus en comptant le nettoyage du chaudron, la journée s'acheva avec l'arrivée de la cliente pour les quatre potions d'ambroisie et donc quatre cents dias d'un seul coup, enfin, avec le service qui était rendu par la cliente, il en fit une réduction des trois quarts pour la remercier de le soutenir. Encore une preuve de générosité. L'équivalent d'un mois de salaire avec cette simple vente... La cliente se disait riche mais cela n’empêchait pas Duscisio de vouloir réduire le prix car tout de même un peu excessif...

Comme prévu, la journée suivante, il s'occupa de la potion de la courtisane, la potion de Poumon rouge. Pour une graine ? Non. Il en fit pour toutes les graines qu'il avait coupées pour ne pas les perdre inutilement, cela lui prit la matinée pour se faire. Cela ne le gênait pas bien au contraire, il en fut ravie car il pouvait après cela continuer ses expérimentation et ce pendant les trois jours qu'il avait à attendre sans compter les quelques clients qui passait pour prendre commande ou faire un achat quand les réserves le permettait.

Que faites-vous pendant 3 jours ? Vous allez travailler, vous vous occupez de la logistique familiale, vous arrivez parfois à prendre un peu de repos bien mérité… Qu’avait donc fait EliË pendant ces derniers trois jours elle avait donné libre cours à ses instincts de cigale. Point de travail d’aucune sorte, point de prévoyance, les marchands d’art par contre l’avaient vu chiner dans leur galerie et plus que chiné, puis qu’elle y avait laissé une somme rondelette et même presque inconvenante et imprudente…

Heureusement elle n’était pas une tête de linotte et n’avait pas perdu de vue son rendez-vous avec un certain apothicaire qui devait avoir fini la confection d’un remède. Remède qui ne l’intéressait pas, mais le lecteur peut reprendre la lecture de ses aventures pour comprendre elle se fait un point d’honneur à acquérir la potion à base de viviman.

Elle profitait des rayons tardifs de la saison pour sortir pour une fois sans cape, toute de blanc et vert vêtue d’une robe qui comme à l’ordinaire la mettait parfaitement en valeur avec ce je ne sais quoi de distinction qu’elle cultivait depuis toujours. Etre séduisante ne voulait pas dire aguichante ou vulgaire. Un rien, soulignait sa beauté naturelle de Sindarine.
Marcher était pour elle aujourd’hui comme danser et elle souriait à la simplicité de la vie.

Cheveux au vent elle arrivait dans la rue de l’herboristerie des lumières. Un rien occupait pourtant son esprit. Une petite chose sans importance qui allait peut être lui gâcher cette belle journée… Mais fi des soucis ! Elle serait sans doute amenée à improviser, mais qu’à cela ne tienne.

Elle poussa la porte de la boutique, accueillie par un joyeux carillon et se dirigea prestement vers le comptoir où elle attendit que le maître des lieux veuille bien faire son apparition.

Duscisio avait réussi à susciter sa sympathie, même si elle se voyait mal partager ses valeurs et ses choix de vie. Il avait ce côté incorruptible, généreux et désintéressé qu’elle ne comprenait pas mais qui lui inspirait toujours de la curiosité et un peu plus dans le cas présent, lorsque toutes ces qualités étaient réunies dans un seul personnage. Il pourrait presque devenir un objet d’étude, mais elle n’avait pas la rigueur pour cela. Elle se contentait de se laisser attendrir et ce matin la question qui lui venait était.

*A-t-il changé ?*

Question saugrenue, elle le savait. Comment pouvait-on changer en trois jours ? Mais il lui semblait si improbable de ressembler à l’albinos qu’elle se demandait dans quelle mesure ce n’était pas qu’une comédie qui ne pouvait tenir plus que l’espace d’une représentation. S’il se révélait aujourd’hui, plus… …humain, elle en serait certes déçue, mais rassurée tant elle avait eu la première fois l’impression d’être confrontée à un personnage irréel.

D’un autre côté, lui-même, si elle lui permettait de la connaître, pourrait être déstabilisé par la jeune rouquine qui semblait être son reflet dans un miroir à contraire.

Il était un homme, elle une femme, il était incolore, elle flamboyante, il était incorruptible, elle était tentatrice et prête à toutes les vilénies pour arriver à ses fins. Il était généreux, elle était egocentrique, il était attaché à la vie, elle n’en avait cure. Son métier passait avant son plaisir, elle était engagée dans une quête perpétuelle de tout ce qui était beau et bon. Il était dans la maîtrise alors qu’elle se laissait aller à ses penchants chaque fois que cela était possible.

Les seules choses peut être qu’ils avaient en commun était le plaisir du travail bien fait et la satisfaction du client ainsi que la solitude.
La question était comment le petit homme pâle le vivait. Elië pour sa part n’était jamais vraiment seule au sens traditionnel du terme. Son alter ego lui tenait le plus souvent compagnie. Duscisio pouvait-il en dire autant après avoir perdu son peuple, sa famille et se retrouver seul dans cet immense domaine ? Il n’était peut-être pas si seul, lié qu’il était à son travail…
D’ailleurs s’il traînait à se montrer c’était sans doute, qu’il était retenu par la préparation d’une potion quelconque ou l’entretien d’une plante sous une des innombrables serres…

Elle regarda autour d’elle. Rien n’avait changé. Pour un peu elle se serait presque cru chez elle après la visite qu’il avait eu la grâce de lui permettre. Elle aurait même pu le retrouver dans son propre domaine. Mais c’était assez inconvenant et elle sentait l’herboriste jaloux de son territoire. Nul ne devait y pénétrer à moins d’y être invité. Ne le lui avait-il pas dit à sa première visite ?
Elle attendit alors patiemment que l’apothicaire ait fini ce qu’il avait à faire…

Trois jours qu'il avait vus la courtisane, qu'il en avait presque oublié sa présence dans la force du travail, la seule chose qui pouvait lui remémorer un dût d'un travail déjà fait était simplement de la voir en face de lui dans la boutique. Mais installé dans l'atelier, ce dernier était simplement en train de chantonner dans son dialecte inconnu une chanson dont le thème m'échappait totalement. Même si je suis l'auteur de ses écrits, il n'est pas toujours facile de traduire se qu'il était en train de dire. Ici, les mots étaient simplement mais prononcer à une vitesse dont je n'ai pas l'habitude d'entendre. Non en fait cela n'avait pas l'air d'une chanson mais d'une récitation de plusieurs mots dans un ordre aléatoire mais dont les sons semblaient se ressembler les un les autres. En résumé, Duscisio était en train d’entraîner sa voix et ses paroles à accélérer la prononciation de ses mots dans le dialecte oublié qu'il maîtrisait. Pourquoi faire cela quand personne ne vous comprend ? Bien, justement c'est pour encore moins le comprendre. Beaucoup savent qu'il utilise ce dialecte pour sa magie et invocations aux divinités dont il avait leur force en lui. Des pouvoirs dont il devait garder la maîtrise par ses mots et gestes. Ce n'était que pour combler le silence qui régnait déjà depuis des jours et une occupation dont il avait l'habitude de générer quand il ne faisait rien qui demandait une énorme concentration.
Pour en revenir à la raison de cet exercice, la raison simple était au fait de pouvoir prononcer plus facilement et donc plus rapidement une formule pour invoquer une magie.
Pour savoir se qu'il faisait en même temps, il fallait le regarder. Cloîtré dans l'arrière boutique, ce dernier était en train de compter les stocks de plantes qu'il avait dans ses étagères, une étape importance quand il faut savoir se qu'il peut faire. Mais il n'y avait pas que les plantes, les potions aussi était répertorié dans un énorme registre dont la plume grattait de temps en temps la page du jour. Autre point qui était facile de remarquer, Duscisio était particulièrement de bonne humeur, cela sans doute au fait qu'il venait apparemment de réussir un remède assez difficile à faire.

Tient, je n'ai bientôt plus de digital pourpre...

Bien que se ne soit pas le genre de plantes qu'il utilise pour le commerce, cette plante était uniquement à usage personnel pour protéger sa peau du soleil. Elle était toxique et donc elle était transformé en pommade. Le fait qu'il en ait presque plus était gênant pour lui puisqu'il en utilisait à chaque fois qu'il sortait. Elle évitait les brûlures quand il s'exposait longtemps sa peau au soleil, le plus souvent dans ses voyages.
Le silence vint un cours instant se briser par le tintement musical de la porte s'ouvrant pour un client. À vrai dire, il ne s'y attendait pas et jusqu'à présent avait oublié par les bien fait du travail le moindre rendez-vous.

J'arrive dans une minute !

Il fallait encore qu'il compte quelques réserves avant de se rendre dans la boutique. Juste le temps de finir se qu'il avait commencé déjà dans la matinée et ainsi préparer le prochain voyage quand le temps y sera plus propice. Le myste encore un poil présent, il fallait attendre un peu. Les plantes dans la serre avaient encore besoin de lui.
Ainsi il ferma après une minute pile, comme il l'avait dit – par pur hasard – le registre dans un bruit sourd avant de le poster sur la table.
Continuant un petit peu de « chantonner » le temps d'arriver à la porte menant à la boutique, ses yeux fut légèrement écarquiller et lâcha un « ha » peu discret avant de retourner dans la boutique quelques secondes, juste le temps d'aller chercher se pourquoi la personne en question était venu. Oui, en arrivant dans la boutique il avait reconnu la personne retourna dans l'arrière boutique pour prendre le dût rechercher ici : les potions de Poumon rouge.

Bonjours, je vous avais presque oublié, mademoiselle. J'ai vos remèdes dans la main.

En effet, les deux fioles qui lui était réservé, se tenant dans la paume de sa main droite enfermer dans un petit carreau de cuir, pendant que l'autre fermait la porte. Les fioles, il en prit une entre l'index et le pouce pour lui montrer la taille minuscule des fioles, la taille d'une boucle d'oreille en forme de larmes.
Il avança derrière le comptoir en reposant les fioles dessus, et sa main par-dessus, non pas pour l'empêcher de les prendre et partir directement avec mais pour montrer le temps qu'il se remémorait se qu'il avait dit trois jours auparavant.

Donc, si je me souviens bien, je vous avais dire une trentaine de dias pour ses deux fioles, issue d'une seul graine.
Il y a une dizaine d'autres fioles que j'ai fais avec le reste si vous voulez, toujours pour trente dias toutes les deux fioles supplémentaires.

Il marqua une pause, afin de continuer la routine quand il vendait un remède.

Pour l'utilisation il y a rien de plus simple, la concoction est à boire diluer dans un fond d'eau, une seule fiole bien sur, en utiliser deux n'augmente pas les effets qui agissent presque instantanément en coulant le long de votre gorge.
Vous avez des questions particulières ?

Duscisio la regarda dans les yeux, avec un semblant de curiosité pour les yeux qui avait semblé changer l'espace d'un instant.

Elle ne put retenir un sourire amusé au son de la voix qui lui parvint de l’arrière-boutique. Ces commerçants ! Toujours les mêmes excuses et les mêmes phrases convenues pour faire attendre leurs clients… Mais elle était de bonne humeur et prête à pardonner beaucoup à son apothicaire préféré. Après tout il avait tant de choses à gérer dans son herboristerie.
Et elle-même ne gérait-elle pas l’attente dans son commerce pour faire monter le désir et la tension de ses clients ? Elle utilisait d’autre tournures et parfois autre chose moyens que de simples phrases, mais  le principe était le même…

Il lui vint alors à l’esprit que le jeune commerçant débordé pourrait engager quelqu’un pour l’aider… Quelqu’un qui ferait tout ce qui ne porte pas à conséquence s’il n’arrivait pas à faire confiance à un second…
En plus cela lui ferait de la compagnie. Bref cela ne pourrait avoir que des avantages.

Elle profita donc de ces quelques seconde d’attende pour finir d’admirer la boutique… Elle flâna d’étagère en crédence, jetant un œil sur les étiquettes, qu’elle ne comprenait évidemment pas, mais dont les symboles calligraphiés avaient un aspect très artistique chose à laquelle elle ne pouvait rester insensible…

Des pas s’approchèrent enfin et elle retourna au comptoir pour se retrouver nez à nez avec une personne qui visiblement ne l’attendait pas. Son interjection presque déçue et sa façon de tourner les talons n’étaient pas très accueillantes…

*Et bien tu as perdu de ton pouvoir de séduction dirait-on… En tout cas ce n’est pas l’impatience de te retrouver qui l’étouffe…*

Et comme si la remarque de la Sindarine à la Sylimea ne suffisait pas, il ponctuait son retour d’une autre remarque désobligeante. Après tout cela, elle n’était pas étonnée que l’albinos vive encore seul et il finirait vieux garçon, s’il ne trouvait pas le moyen de faire meilleure figure aux demoiselles qui lui rendaient visite. Il oublie ses clientes, mais pas les remèdes ! C’était tout lui et il se montrait ainsi depuis qu’il avait fait la connaissance de la coquine rouquine.

Cependant ses maladresses furent vite oubliées et les yeux de la courtisane pétillèrent de bonheur. La vue des petites fioles la ravissait. Petite fiole n’était pas le terme approprié justement, leur taille et leur délicatesse ainsi que leur forme en faisait plus des bijoux. Avait–on idée qu’un banal remède pouvait trouver un écrin plus joli ? Elle se pencha sur le comptoir pour mieux les admirer alors qu’une nouvelle fois la main de l’apothicaire les recouvrait. Décidément il cumulait les offenses ce matin. Elië commençait à assez bien cerner le personnage pour ne pas lui en vouloir, mais ne pouvait s’empêcher de noter ses maladresses minute après minute et cela commençait à faire un total appréciable…

*Et quand il va te demander de le régler, vas-tu mettre cela sur le comte d’un manque de savoir vivre ?*

Elle soupira à l’énoncé de ce qui ce matin avait l’allure d’une sentence. En effet, la petite chose, le rien, le détail qui pouvait gâcher sa journée était qu’à force de dépenser sans compter, ces derniers jours, elle était un peu gênée financièrement et les tente Dias, et bien, elle n’avait pas pu venir avec.

Alors pourquoi venir alors me direz-vous ? Vous, non. Me dirait le lecteur obtus… Les autres se souviennent de l’enjeu de cet achat : ne pas être soupçonnée d’être une empoisonneuse…
Ses talents d’improvisation allaient donc  être mis à rude épreuve. Elle laissa donc terminer ses indications aussi bien sur la transaction que sur la posologie du remède.

Elle s’émerveilla alors devant les objets posés sur le comptoir :

« Ces fioles sont tout bonnement magnifiques ! Qui pourrait imaginer que ce sont de simples flacons à médecine ? Je vais pouvoir oublier la beauté des graines qui ont servi à la préparation du remède !"

Son ton changea alors pour prendre une inflexion désolée. Elle regard alors Duscisio avec un air contrits avant de noter son hésitation en la fixant alors qu’une légère altération de la lumière confirma sa crainte.

Ses yeux venaient encore une fois de changer de couleur de façon impromptue. Depuis qu’elle avait découvert cette anomalie dans son regard de façon inopinée un jour devant son miroir elle craignait que ce détail qui n’en était pas un, ne finisse par lui porter préjudice. Lorsque l’on admet que les prunelles sont un des moyens de communications, on imagine que cette dernière doit en être altérée lorsque celle en face de qui on se tient change de couleur d’iris. Elle essayait parfois de se rassurer en se disant que cela pouvait ajouter une pointe de mystère à son personnage, mais elle préférait surtout ne pas en jouer.

Elle baissa alors la tête comme prise en faute.

«  Vous avez très bonne mémoire. C’est bien la somme convenue, mais je me dois d’être honnête avec vous : j’ai eu ces derniers jours des revers financiers qui ne me permettent pas de vous régler en espèces sonnantes et trébuchantes… »

En même temps elle avait repris en main la couleur de ses yeux et pouvait relever son regard ingénu et implorant dans le sang des prunelles albinos.

« C’est pourquoi, j’espère que nous trouverons une solution.
Je ne vous rappelle pas quelle est mon activité et je dois admettre que ces messieurs sont parfois malades et peu scrupuleux de ma santé et je me vois parfois hériter de maladies que votre remède est à même de soigner … Tout cela pour vous explique que j’ai besoin de votre médicament mais que je n’ai pas… Enfin, vous m’avez comprise… »

Pour ceux qui se dirait qu’elle avait bien préparé son discours, qu’ils se détrompent, ils viennent d’assister à une totale improvisation dictée en partie par les aléas de son regard. Cependant elle ne pouvait être assurée de la compréhension de l’herboriste dont elle avait pu mesurer la perspicacité et l’inflexibilité lorsqu’il soupçonnait que l’on veuille le berner...

En lui montrant les fioles, elle réagissait d'une manière qui semblait tout aussi exagérer que la dernière fois, se qui lui rappela sur le coup comment elle était. La discussion qu'ils avaient eut la dernière fois lui rappelait la méfiance qu'il manifestait contre elle. Mais cela ne semblait plus vraiment le cas bien au contraire, il montrait un visage radieux que l'on préfère à un visage furieux qu'elle avait déjà observé la dernière fois. Il était désolé mais ne pouvait l'exprimer que par la joie d'aujourd'hui. Elle réagissait donc sur l’apparence des fioles.

Pour cela, aller voir le souffleur de verre dont je prends régulièrement commande. C'est lui qui est responsable de la fabrication de ses fioles. Je n'ai fait que lui montrer l’apparence dont j'avais besoin et l'éventualité des graduations, il a fait le reste. Un vrai artiste.

Il était vrai qu'il ne pouvait pas tout faire lui-même, les fioles en étaient un bel exemple et pour sûr qu'il faisait également marcher son marché en lui achetant des bien matériels pour pouvoir revendre ses remèdes dans un récipient adéquat. Il choisissait donc le dessin des fioles, sans doute pour avoir la contenance tout en sachant quel remède était dans quel récipient, autre la couleur du remède. Celui de la graine était d'un rouge assez sombre, d'où provenait le nom et la couleur de la graine en elle-même une fois mélanger correctement pour en faire un remède. Mais il n'y ne semblait pas avoir que ça d'avantageux sur la contenance de ses fioles.
Il lui expliqua seulement qu'elle guérissait des maux de gorges, pas que c'était également un contre-poison pour contrer celui du Poumon rouge. Il préférait le garder pour lui pour le moment, il n'a pas eu de cas de ce genre où un empoissonné était en train de s'étouffer. Par contre, il avait toujours au moins une fiole contre les poisons dans son sac de voyage, un réflexe et une prévention dont il avait l'habitude de prendre.

Elle baissa la tête d'un air coupable d'une chose dont il ne pouvait rien. Elle n'avait plus la possibilité de payer les fioles, on pourrait croire qu'il rangerait immédiatement les fioles mais ce n'était pas le cas, il attendait patiemment qu'elle est fini de s'exprimer. Énonçant une fois de plus son métier indirectement, mais aussi celui de ses clients qui ne pensait aucunement à la santé de la fille qui se trouvait dans leur lit. Sa réaction fut immédiate, autant le visible sur son visage qui prenait part à une compréhension certaine, qu'invisible par le biais du comptoir qui cachait tout se qui se trouvait sous l'estomac. Il cachait d'une certaine manière l'invisible par sa générosité.

Comme je peux vous comprendre. Je ne suis pas votre client mais si c'était le cas, je penserais plus à votre santé qu'à se que pourquoi je vous ai payé.

Il n'en passait presque rien mais parler de ce sujet le gênait assez. Le solitaire qu'il était n'avait jamais commander une fille de joie pour le combler quelques heures. Il retira sa main des deux fioles qu'il protégeait avec, pour aller chercher son bras, le longeant de ses doigts pour en prendre sa main et l'ouvrir pour... lui mettre les deux fioles entre ses doigts ?
Fait comme cela, on ne pouvait comprendre, il ferma les doigts et lâcha sa main en lui tenant un sourire assez large pour exprimer sa bienfaisance.

Vous m'avez l'air de quelqu'un d'honnête. Je me trompe peut-être mais il a un point qui important plus que l'or dans ma mentalité. C'est la santé de ceux qui en demande de l'entretenir.

Il resta derrière son comptoir pour lui préciser la suite, après se qui semblait être le don des deux fioles. Il se retourna pour prendre un registre et une plume pour ouvrir une page et noté dans la langue commune le nom de la jeune femme, bien que seul « Elië » et son métier fut noté sans oublier le chiffre 30 à la fin de la ligne.

Prenez ses fioles, et revenez me voir quand vous avez la possibilité de me remettre les trente dias. Même si cela n'est jamais fais cela ne me pose aucun problème. J'ai guéri quelqu'un cela me suffit amplement. Tachez juste me revenir en bonne santé pour prouver que j'ai fait le bon choix.

Tel est la générosité de l'albinos. À peine croyable hein ?

C’est un fait. Tout ce qui est dans ce monde et contient un tant soit peu de beauté est cher au cœur d’Elië. Ce ne sont pas forcément des choses extraordinaires, mais par exemple comme dans la cas présent, de petits objets du quotidien dans lequel l’artisan a mis tout son savoir-faire, que ce soit le liquide rouge profond ou les fioles délicates. Elle ne pouvait pas se refaire et c’était un de ses principaux moteurs dans la vie. Il était étonnant d’ailleurs considérant ce penchant et son manque de scrupule, qu’elle ne soit pas devenue, la plus jolie des monte-en-l’air. Sans doute ce côté ne faisait-il pas assez partie d’Elië la Sindarine et de ce fait, elle se contentait de mettre en difficulté financière comme il a été expliqué plus haut.

Quant à son apparence extravertie, elle était surtout là pour parfaire le rôle qu’elle jouait pour l’herboriste. Parfois elle se sentait désolée de devoir jouer la comédie de la femme enfant un tantinet frivole et stupide pour ne pas éveiller les soupçons ou dans le cas présent pour se sortir d’une mauvaise passe dans laquelle elle s’est elle-même mise et pour ne pas faire de mal à une personne somme toute attachante si tant est que la Syliméa puisse trouver quelqu’un attachant…

Bref vous l’avez compris, il était toujours difficile de démêler ce qui était sincère ou pas dans les attitudes de la courtisane et la coexistence des deux Elië n’arrangeait rien à l’affaire…

« Un véritable artiste en effet. Mais la beauté en vient aussi de sa destination et la précision des indications que vous lui avez données. Je pense que si j’étais moi-même arrivée chez lui pour lui commander des petites fioles  en forme de larme, sans but précis, sans attente particulière, elles auraient été moins bien réussies… Elles s’accordent parfaitement avec la couleur de votre remède et je ne les en trouve que plus belle encore ? »

Quand il s’agissait d’expliquer la beauté, elle était intarissable. Peut-être que le jour où  ses activités actuelles ne lui seraient plus aussi plaisantes elle se reconvertirait en galeriste, marchande d’art…
La petite collection qu’elle et Elië avaient déjà constituée pouvait être un bon point de départ…

Il lui vint à l’esprit que ces petites babioles ne devaient pas être gratuites et devaient grever considérablement le budget de l’herboriste. Les trente Dias étaient de ce fait amplement justifiés…

Elle fut cependant rapidement ramenée à la réalité et aux explications de l’apothicaire et au fur et à mesure qu’il parlait de la posologie et qu’elle s’attendait à avoir un couplet sur les contre-indications, elle se persuadait qu’elle avait réellement besoin de ce remède et l’avait commandé pour ce qu’il était. Elle hochait la tête au fur et à mesure des informations comme une bonne élève qu’elle était toujours…

En effet, Elië était appliquée dans tout ce qu’elle apprenait ou entreprenait. Il fallait bien cela pour réussir dans ses différents domaines d’activités. Cet investissement constant dans tous les apprentissages qu’elle se décidait à suivre lui permettait de faire des progrès rapides.
Après, elle ne s’imposait jamais d’activité qui ne lui apporte plaisir et par exemple elle ne se voyait pas touiller dans des chaudrons à longueur  de journée comme le jeune albinos…

La maîtrise improvisée de son regard semblait avoir eu du bon et au moins participer à convaincre le le bon Samaritain… En effet, alors qu’elle se disait que peut-être il ne croirait rien de son discours comme il n’avait pas cru qu’elle ne veuille qu’un remède. La réaction de Duscisio fut donc assez inattendue

*Inattendue pour toi, égoïste et cynique, mais tu devrais avoir compris que le malheur d’autrui est insupportable à ce benêt.
_ Ce n’est pas très gentil de le traiter de la sorte
_ Fait ta gentille maintenant…*

Elle sourit devant tant de délicatesse et de périphrases pour éviter à chaque fois de parler ouvertement du métier de la courtisane. Il avait pourtant pu vérifier qu’elle n’en avait pas honte… C’était peut-être lui alors qui en était gêné… Gêné mais non rebuté par la présence de la fille publique. Il allait même jusqu’à lui toucher le bras, caresse d’enfant prolongée jusqu’au bout de ses doigts pour lui remettre les deux fioles.
Elle lui rendit son sourire et retint sa main pour attirer, par surprise, le jeune homme jusqu’au-dessus du comptoir et déposa sur sa joue un baiser délicat. Baiser d’une grande sœur, baiser de remerciement, baiser pour finir peu usité chez la courtisane et je défie quiconque d’y trouver une arrière-pensée lubrique.

« Vous êtes un personnage atypique et adorable et je n’oublierai jamais ce que vous venez de faire pour une inconnue. Il va sans dire que je ne suis plus depuis longtemps aussi vertueuse que vous l’êtes, mais si un jour quelqu’un comme moi peut vous venir en aide, je serai honorée que vous fassiez appel à moi… »

J’en vois qui se demande comment interpréter ces derniers mots de courtisane assassin. Pour être honnête, j’en suis moi-même désemparée et seul l’avenir me semble-t-il sera en mesure de nous révéler à quel point elle était sincère ou plongée dans la dernière des fourberies.
Elle regarda inscrire sa ligne comptable comme si le nom et les renseignements qu’il notait parlaient de quelqu’un d’autre qu’elle…

« Vous permettez ? »

Sans attendre la réponse de l’herboriste elle lui prit la plume des mains et retourna son registre afin de compléter le champ réservé aux adresses en murmurant:

« C’est là que les missives qui me sont destinées arrivent…
Mais chut!... »

Revenir en bonne santé elle y comptait bien ! En tout cas, pour la bonne santé cela ne faisait aucun doute. Pour le reste, qui pouvait savoir combien de temps la courtisane aurait à l’esprit la dette qu’elle venait de contracter ?
Elle plaça délicatement les deux fioles dans son mouchoir immaculé dans sa traditionnelle aumônière et recula vers la porte en lui soufflant un baiser déposé sur le bout de ses doigts

Telle est la générosité d’Elië.

_{[HRP] Fin un peu moisie de mon côté...}

Le geste de l'albinos était quelques choses de rare pour une personne qui travaillait autant. Pourtant, il venait simplement de faire confiance à une inconnue qu'il n'était pas sûr de revoir, et donc le paiement qui allait avec. Mais cela n'avait aucune importance pour lui. Des traits qu'il ne montrait encore pas voulait que certaines choses comme son geste se fasse naturellement. Trop de corruption se faisait pour quelques pièces d'or, ne pouvant le nier, la confiance aveugle qu'il accordait à beaucoup de personnes mais dont sa nature et un certain charisme qui lui attirait la bienveillance de beaucoup de personne, sans compter qu'il était aujourd'hui de très bonne humeur.
En allant chercher de lui-même la main de la jeune femme pour lui donner les fioles, cette dernière le retenu quelque instant par surprise pour le tirer par-dessus le comptoir et lui déposer un baiser amical sur sa joue en prodiguant ses remerciements et lui proposant ses services quand le temps lui sera favorable. Duscisio le comprenant bien entendu par son statut de femme et de courtisane.

Un jour peut-être j'aurai besoin de vous pour me changer de la solitude. Sachez que je fais tout de bonne conscience et sans attendre quoi que se soit en retour.

Il était comme ça, en notant sur son registre elle se permettait de le retourner ainsi que la plume dans sa main pour y compléter la partie concernant l'adresse. Autant de surprise qu'il eut, celui ci resta fixer sur sa page où le nom de la jeune femme y était inscrit ainsi que maintenant l'adresse qui permettrait de la retrouver pour une visite de courtoisie. L'adresse où elle recevait les missives devait rester secret. Elle avait bien l'intention de revoir un jour peut-être l'albinos quand celui ci sera moins occupé. Il souriait encore après avoir changé ses lèvres d'un « O » très prononcé d'un cadeau qu'elle lui offrait en retour.

Je tacherai de vous en envoyer une si j'ai quelques choses à vous dire où à vous demandez.

Plus par la compagnie que par le service qu'elle vendait, Duscisio semblait la respecter pour se qu'elle faisait sans trop broncher. Sa vie ne devait pas être aussi facile que la sienne et la salua gracieusement en hochant la tête la main devant le ventre en s'inclinant, après avoir reçu le baiser volant du bout de ses doigts.

Ne pouvant se contenter d’arrêter sa journée qui venait à peine de commencer, il retourna à l'arrière boutique, une bonne pensée en tête et une poussé en ceinture, se répétant qu'il devrait apprendre à se contrôler à nouveau. Retournant à la solitude de son métier mais dans la bonne humeur, l'herboriste reprit son compte de plantes et de remèdes pour pouvoir continuer son travail, pour le bien de ses clients futurs connaître ses réserves lui affirmait un service sans égal...