_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades. _ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose". _ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.
Sujet: Balance de la justice ? Ven 13 Juin - 20:10
Kalysta se releva brusquement, haletante, la peau moite de sueur, les membres restreints par ses draps. Son premier réflexe fut de se lever, continuer à fuir quelque chose qui se trouvait visiblement dans son esprit. L'effet fut bien sûr immédiat et la jeune femme s'effondra douloureusement et de tout son long sur le sol peu accueillant. Autant pour un réveil tout en délicatesse et dignité... Luttant pour se libérer, la nérozia reprit peu à peu contact avec la réalité et finit par s'immobiliser complètement, toujours par terre. Ses pupilles étaient encore largement dilatées par la peur et sa poitrine se soulevait à une fréquence laissant présager un rythme cardiaque particulièrement élevé... Ses yeux allaient à droite et à gauche, à la recherche d'une échappatoire qui n'était pas vraiment nécessaire.
La jeune femme ferma les yeux, se frottant les yeux avec ses mains comme si à force d'appuyer, elle allait parvenir à faire disparaître la terreur qui l’étreignait encore... Même si elle se forçait au calme, elle sentait que les reliquats de son cauchemar continuait à l'étreindre. Elle avait l'impression que la pièce se refermait sur elle, l'emprisonnant comme elle l'avait été dans une jarre quelque temps auparavant. La syliméa savait que ce n’était qu'un cauchemar, ou plutôt un souvenir un peu trop vivant de cette époque encore récente. De même, elle savait qu'elle était en sécurité ici, qu'elle ne risquait pas de se faire enfermer et que la fenêtre à moins d'un mètre d'elle n'était que l'une des nombreuses échappatoires qu'elle pouvait emprunter. Et pourtant... Elle se sentait aussi démunie, enfermée et terrifiée qu'elle l'était alors.
Un gémissement pathétique s'échappa de ses lèvres avant qu'elle ne succombe à la tentation. A force de se tortiller et de tirer sur les draps, elle parvint à atteindre la fenêtre à moitié à quatre pattes, l'ouvrant en grand pour laisser l'air nocturne entrer dans sa chambre. Kaly finit par se hisser sur le rebord de la fenêtre, inhalant à grandes bouffées. L'effet fut rapidement bénéfique, son rythme cardiaque commençant à s'apaiser peu à peu alors qu'elle pouvait enfin voir le ciel. Baissant la tête elle constata que ses doigts étaient blancs à force de serrer le rebord de la fenêtre et elle se força à les détendre. Au bout de quelques respirations profondes, le calme commença à s'installer à nouveau et elle se redressa vraiment pour essayer de retrouver un minimum de dignité.
Inutile de chercher à dormir de nouveau... Le jour ne tarderait pas à se lever et elle n'avait aucune envie de réitérer l'expérience. Avec un soupir, la jeune femme roula en boule ses draps avant de les jeter sur son lit sans chercher à plus les ranger. Quelques instants plus tard elle profitait de ses commodités pour se débarrasser de la sueur qui collait encore à sa peau. L'eau était froide, elle n'avait eu le temps de la chauffer ni eu l'envie de le demander, mais elle avait le mérite d'achever de la réveiller complètement. La chaire de poule qu'elle avait maintenant n'avait plus rien à voir avec les derniers relents de terreur qui imprégnaient encore sa couche. Et elle savait pourquoi elle s'était mise à rêver de son enfermement...
Dans quelque temps le procès de Vylkas allait débuter et leur histoire était bien trop proche pour que cela ne réveille pas quelque chose en elle. Des souvenirs encore trop proches de la surface par exemple... Ca et le fait qu'elle soit coincée dans cette maison. Si elle avait pu, la jeune femme aurait probablement soigneusement évité le procès, peu désireuse de revivre ce genre d'expérience, mais elle avait donné sa parole au gorgoroth. Elle serait là. Comme soutien moral. Un ricanement amer s'échappa de ses lèvres alors qu'elle entreprenait de sécher ses cheveux... Quel soutien exemplaire elle faisait ! A moitié traumatisée par ses propres démons, toujours craignant d'être découverte, terrorisée à l'idée d'être à nouveau enfermée... Mais elle serait là quand même. Probablement parce que si la situation était renversée, elle aussi apprécierait de savoir que quelqu'un ayant subit la même expérience qu'elle se trouvait dans la salle.
Aussi silencieuse que la nérozia qu'elle était, Kalysta descendit dans les parties plus communes de la maison. Elle espérait vraiment qu'elle n'avait pas crié, n'ayant aucune envie de déranger le sommeil des autres. Si elle était affublée de terreurs nocturnes et de traumatismes, ce n'était pas une raison de l'imposer aux autres. Elle résidait encore chez Irina. Les émeutes s'étaient peut-être un peu calmées mais tant que tout ne serait pas rentré dans l'ordre, elle resterait à les protéger. Et puis elle n'avait pas besoin des autres pour aller boire un coup... La plupart du temps, elle évitait soigneusement de consommer de l'alcool, avec l'historique de son hôte, elle savait à quel point la substance pouvait être dangereuse et addictive, mais, parfois, quand elle se réveillait dans cet état, elle trouvait difficile de résister au confort liquide... La jeune femme espérait juste que la prêtresse ne prendrait pas mal le fait qu'elle se serve ainsi...
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Sujet: Re: Balance de la justice ? Mar 1 Juil - 1:05
La nuit était tombée, déversant sa noirceur réconfortante sur les cieux de la capitale. Comme toujours l’opacité nocturne donnait à Irina l’impression de pouvoir s’oublier et réfléchir sans être interrompue, pour finalement la plonger dans une humeur maussade. Elle avait beau noyer ses idées noires dans le travail et mille et une tâches toujours plus prenantes, ses préoccupations finissaient toujours par inévitablement la rattraper et lui voler son sommeil. Irina avait longtemps erré dans sa chambre, regardant le monde dehors pendant d’interminables minutes qui lui avaient paru silencieusement meurtrières. Seul l’écho de son esprit, et les murmures étouffés d’Exanimis pouvaient parfois les briser, ce qui en soi ne faisait qu’en rajouter à son trouble. Alors la prêtresse avait discrètement quitté sa chambre sans vraie destination, finissant par s’asseoir dans le noir réconfortant de la salle commune.
Son cœur battait à tout rompre sans aucune raison. Ses yeux semblaient guetter les ombres immobiles qui l’entouraient, à la recherche de celle qui se mettrait soudainement à bouger pour lui planter un couteau dans le dos. Ses yeux tristes lui brûlaient, même s’ils étaient maintenant habitués à l’obscurité de la pièce. Des souvenirs confus la transportaient en arrière, lui faisaient revivre des choses qu’elle aurait préféré enfouir profondément dans les méandres de son esprit tourmenté. C’était si facile, si évident, si libérateur… Alors pourquoi en était-elle incapable ? Merde. Putain de merde. Elle expira longuement, tentant de se calmer. En vérité elle ne saurait même dire d’où venait ce trouble soudain, cette sensation pénible d’être en train de stagner dans sa vie misérable. Le doute. L’envie. L’urgence. La culpabilité. L’angoisse. Tout tournoyait dans un cyclone incontrôlable faisant rage sous son front soucieux. En des moments pareils, quand elle pouvait oublier son devoir l’espace d’un instant, elle en revenait à ses propres frasques personnelles, ce qui en général ne donnait rien de fructueux. Ensuite elle se demandait forcément si la déesse qu’elle avait servie toute sa vie pourrait lui pardonner un jour ses écarts. L’espoir de trouver la rédemption enflait alors en son sein, jusqu’au moment fatidique ou la lucidité lui rappelait qu’elle n’obtiendrait jamais de réponse. Puis venait la frustration et le chagrin, la morsure insupportable de la solitude à laquelle elle ne pouvait hélas s’arracher. Tout n’était que chimères, tout n’était que mensonges et illusions, des rêves d’un jour ou deux destinés à finir rapidement et ravir son bonheur si éphémère. Malédiction !
D’un poing rageur elle cogna l’accoudoir de son fauteuil, se penchant en avant pour se prendre la tête dans les mains. Les yeux fermés, elle fit de son possible pour se détendre, et s’adossa à son siège pour respirer un grand coup. Parfois elle se sentait comme une petite fille fragile plongée dans un monde de colosses prêts à l’écraser, comme une enfant crédule mue par ses rêves et certaine que cette ambition seule suffirait à sa réussite. Et puis il y avait une soudaine pensée pour Aemyn, cette minuscule créature aux cheveux de jais qui l’enchaînait à ses promesses passées, comme une ancre empêchant un navire de partir à la dérive. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Elle ne saurait le dire… Irina soupira, puis se raidit au tout léger bruit de pas qu’elle entendit. Posant prestement une main sur sa cuisse et la froideur de son poignard, la Vipère était prête à se défendre si besoin. Elle allait d’ailleurs se lever pour s’abriter dans l’ombre d’une grande armoire, quand elle entrevit la silhouette familière de Kalysta. Soulagement. Curiosité. Respirant lentement, elle fit redescendre son adrénaline petit à petit, avant de la surprendre avec un petit rictus amusé.
Sujet: Re: Balance de la justice ? Mar 1 Juil - 18:29
C'était dire que la nérozia était fatiguée pour que la jeune femme n'ait pas remarqué qu'Irina était déjà là. Entendre la voix juste derrière elle la fit bondir, assez littéralement, puisqu'elle se retrouva face à la prêtresse, presque prête à se jeter sur elle. Parce que la meilleure défense reste encore l'attaque et que son cauchemar était encore bien trop ancré dans son esprit. Heureusement pour l'une comme pour l'autre, la syliméa reconnut immédiatement les cheveux roux et parvint à détendre les muscles qu'elle venait juste de bander. Mais ses intentions avaient du se lire sur son visage avant qu'elle ne se détende et n'affiche une expression plus neutre. La jeune femme porta une main à sa poitrine, cherchant à calmer un cœur déjà bien malmené...
-Seigneur, faut pas me prendre par surprise comme ça...
Kaly cacha son visage derrière ses mains avant de le frotter vigoureusement, visiblement fatiguée... Irina put entendre une grande inspiration avant que son garde du corps improvisé ne reprenne sa contenance. Son dos se redressa un peu, ses épaules partirent un peu en arrière puis elle baissa ses mains pour afficher un visage certes fatigué mais pas trop hanté. La prêtresse, parce qu'elle la connaissait bien, ne manquerait pas pour autant de sentir à quel point la nuit avait été difficile pour elle...
-Un peu des deux je suppose... J'étais venue chercher une « potion » pour mieux dormir...
La jeune femme observa la pièce en fronçant légèrement les sourcils avant de repérer ce qu'elle cherchait... Sans autre forme de cérémonie, elle attrapa la bouteille qu'elle brandit plus ou moins devant elle. Le liquide à l'intérieur était assez clair et il lui était impossible de savoir ce que c'était exactement. La seule importante était que c'était suffisamment alcoolisé pour lui offrir l'espoir d'un peu de détente. Elle interrogea la prêtresse du regard, haussant un simple sourcil, tant pour savoir si elle pouvait se servir que pour lui demander si elle voulait se joindre à elle. Dénicher deux verres ne serait pas bien difficile et il était toujours plus agréable de boire à deux.
-Et toi ? Nerveuse ou insomniaque... ?
Kaly haussa brusquement ses sourcils en réalisant que ce n'était pas les seules options pour expliquer la présence d'Irina dans son salon au beau milieu de la nuit. Après tout, elle avait mis un certain temps avant de se décider à sortir de sa chambre... Temps passé à essayer de se calmer suffisamment pour pouvoir bouger sans donner l'impression qu''elle venait juste de réchapper à un génocide. Au sens propre comme au sens figuré... Il n'était vraiment pas impossible qu'elle ait crié et, donc, réveillé quelques personnes. Certes, personne n'était venu tambouriner à sa porte pour vérifier si on ne l'avait pas égorgée mais ce cas de figure n''était pas complètement impossible. La jeune femme se pinça l'arrête du nez avant de fermer les yeux, visiblement fatiguée de sa propre bêtise...
-Dis moi que je ne t'ai pas réveillée...
Car, vraiment, ce serait une magnifique cerise sur un gâteau déjà passablement indigeste. Déjà qu'elle se demandait sincèrement pourquoi Irina avait pris la peine de l'embaucher comme garde du corps alors qu'elle trouvait déjà que sa survie tenait du miracle... Dévoiler qu'elle pouvait avoir des cauchemars d'une violence rare ne pourrait qu'appuyer ses qualifications !! A quoi bon garder quelqu'un d'abîmé comme elle alors qu'elle avait toute une armée prête à la défendre à sa porte... ? Et en plus, elle était bien partie pour gagner une belle réputation d'alcoolique avec sa bouteille en main...
La nérozia œilla la bouteiller de façon suspicieuse... Etait-il vraiment prudent de se laisser ainsi aller à succomber à ces sirènes... ? Certes, elle serait beaucoup plus détendue après deux ou trois verres mais cela ne garantirait pas que ses cauchemars, ou ses souvenirs, allaient disparaître suffisamment longtemps. Et à être trop détendue elle pouvait très bien faire un mauvais pas qui la mettrait dans une position bien trop précaire à son goût. Du genre à se laisser aller à parler... Comment pouvait-elle expliquer que, sans n'avoir jamais bu jusqu'à l'oubli, elle savait d'expérience ce que cela pouvait provoquer, les bons comme les mauvais aspects...
*La peste soit des hôtes alcooliques !*
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Sujet: Re: Balance de la justice ? Ven 4 Juil - 12:41
Son but n’avait évidemment pas été de surprendre Kalysta lors de son errance nocturne, puisque d’ailleurs les habitudes de chacun ne la regardaient tant et aussi longtemps que cela ne mettait pas leur sécurité en cause. Cependant malgré la nature active de la jeune femme, il n’était pas vraiment habituel pour elle de sortir la nuit… même si Irina soupçonnait que le désir couvait secrètement en son cœur. Cela faisait des jours que la brune tournait en rond comme une lionne en cage, ses prunelles se perdant souvent au loin comme pour silencieusement déplorer sa liberté conditionnée. Néanmoins cette situation était frustrante pour tout le monde, et la prêtresse n’était pas exception. Le travail et ses recherches lui manquaient, sans parler de son fils gardé en lieu sûr par Clypsène. Rien qu’au souvenir de sa bouille ronde et rosie, Irina sentit sa poitrine se gonfler d’une boule de douleur qui rendait sa respiration lourde et difficile. Le vide que laissait son absence était parfois si vif que ça en faisait mal. Agitant la tête pour se reprendre, la rouquine déglutit, même si son regard ne manqua pas de remarquer le réflexe instinctif de Kalysta. Elle sourit légèrement, amusée.
« Désolée, je ne voulais pas t’effrayer. »
Ce tutoiement lui était toujours aussi peu naturel, mais elle faisait de son mieux pour s’adapter. Ce n’était pas tant qu’elle voit un inconvénient à la familiarité inexpliquée de Kalysta, seulement les vieilles habitudes avaient la dent dure. Soupirant longuement, la jeune femme se redressa en partie afin de se pencher en avant. Une ‘potion’, hein ? Oui, ce n’était pas vraiment une mauvaise idée. Avec un peu de chance cela embrumerait assez son esprit pour qu’il cesse enfin de s’acharner à ruminer les mêmes pensées. Ne faisant pas trop attention à l’expression encore un peu tendue de la syliméa qui scrutait la pénombre à la recherche d’une menace invisible, Irina suivit sa silhouette du regard. Toutefois elle ne posa pas d’autres questions indiscrètes au sujet de la raison de sa présence, comme on interrogerait une enfant prise en faute. Kalysta avait toujours fait preuve d’une maturité assez surprenante pour son âge, alors jusqu’à preuve du contraire il n’y avait pas de raisons de la materner. Hochant la tête, elle lui signifia qu’elle voulait bien un verre aussi.
« Insomniaque et pensive, je suppose. »
Ce n’était sans doute pas la réponse qu’attendait son interlocutrice, mais c’était la plus honnête qu’elle puisse lui donner. Une réponse bien condensée pour une thématique large et complexe, en vérité, mais qu’il valait mieux ne pas entamer sous peine d’ouvrir à nouveau la boîte de Pandore. À cette heure-ci un thé aurait évidemment été l’idéal pour calmer ses nerfs en pelote, seulement étant donnée l’heure Juniel n’était plus éveillée depuis longtemps, et Irina ne voulait pas réveiller la moitié de la maisonnée en préparant tout elle-même. Ou peut-être simplement que la perspective de boire un bon coup en compagnie d’un visage amical lui plaisait davantage. Un peu distraite, elle fut ramenée à la réalité par la question implicite de sa garde du corps.
« Non, tu ne m’as pas réveillée… Je ne me suis pas couchée, à vrai dire. » Irina pouvait sentir une étrange lueur de peur qu’elle exhalait, comme des braises à peine éteintes trahissant l’existence récente d’un feu dévorant. Inévitablement Irina fut intriguée, sans pour autant chercher à en savoir plus dans l’immédiat. Libre à Kalysta d’en parler si elle en avait envie. Néanmoins d’autres choses la rendaient toujours aussi curieuse, et il fallait bien s’occuper un peu pour tuer le temps et engager la conversation. Acceptant un verre qui lui était tendu, elle parla d’une voix basse pour ne pas déranger les dormeurs. « C’est l’approche du procès qui te met dans un tel état ? »
Sujet: Re: Balance de la justice ? Dim 13 Juil - 10:47
Kalysta haussa légèrement les épaules, accompagnant son geste d'un simple sourire... Il n'y avait pas besoin de s'excuser, ce n'était pas vraiment à cause d'Irina que la syliméa était sur les nerfs. La prêtresse n'avait certainement aucun rôle à jouer dans ses terreurs nocturnes et si quelqu'un devait s'en vouloir pour avoir ainsi sursauter, c'était elle. Après tout, elle était tout de même là pour les protéger. Qu'elle n'ait pas eu conscience de la présence de la femme était assez peu professionnel de sa part, même si elle avait l'excuse d'être chamboulée...
Visiblement ce soir n'était pas une nuit de tout repos, Irina semblant avoir elle aussi du mal à dormir. Si elle avait appris certaines choses au sujet de la prêtresse, elle était loin de complètement la connaître... Car même si elle la tutoyait, ce qui lui venait le plus naturellement, donc le plus honnêtement, elle restait ce qu'elle estimait être "une Grande Dame". Cela avait peut-être à voir avec sa position au sein de son ordre mais c'était aussi sa façon d'être... La syliméa avait souvent l'impression d'être aux côtés d'une noble, comme on pouvait parfois les décrire dans certains chants. Au sens le plus pur du terme, pas comme certaines des personnes qui finissaient dans le collimateur des nérozias... Alors elle n'osait pas poser toutes les questions qui lui brûlaient parfois la langue. Comme maintenant, pour savoir si qui pesait sur sa conscience pour qu'elle ne trouve pas ainsi le sommeil... C'était quelque chose de trop personnel à ses yeux et, si elle était prête à être une oreille attentive si Irina en avait besoin, elle estimait impropre de la pousser à parler...
-On fait la paire alors...
La jeune femme eut un rapide sourire en coin, un simple flash d'humour peut-être un peu teinté de noirceur... Elles étaient aux heures où l'on pouvait se permettre ce genre de choses. C'était l'une des rares choses positives à tirer de ce genre de rencontres nocturnes, alors que le sommeil persistait à fuir. Il se créait une certaine intimité, un climat propice à la confession. Comme si ce qui serait dit au coeur de la nuit ne serait jamais répété sous le soleil, ou utiliser contre soi pour ce que cela valait... La syliméa s'empara donc de deux verres et y versa l'alcool avant de se diriger vers Irina...
-Promis, ce n'est pas quelque chose de courant chez moi...
Elle eut un léger ricanement en pensant à son hôte... Lui n'avait jamais réussi à se relever de ses échecs et avait complètement succombé aux charmes de l'alcool... C'était toute une existence broyée par ces abus qui flottait quelque part en marge de sa mémoire. Un sinistre rappel de ce qu'elle risquait si elle se laissait aller de la même façon. Mais Kalysta avait toujours était du genre à apprendre de ses erreurs, elle savait donc ce qu'elle ne devait pas faire. Si l'incarnation des syliméas était sinistre et sanglante, elle avait au moins un solide avantage pour eux... La chance de posséder une solide expérience, selon leur hôte, et la possibilité de ne pas répéter les mêmes erreurs. Cela revenait un peu à avoir le beurre et l'argent du beurre.
La nérozia se laissa finalement tomber dans un des fauteuils. Le regard perdu dans son verre qu'elle faisait tourner entre ses doigts, elle considéra le pour et le contre... Pouvait-elle répondre franchement à la question d'Irina? Jusqu'à quel point...? Sans même boire une gorgée, elle laissa le silence s'installer entre elles, sans pour autant qu'il soit pesant et mal venu, un autre avantage de l'heure tardive. Ou indécemment matinale... La simple présence de la prêtresse suffisait en fait à calmer ses nerfs à vifs, probablement plus efficacement encore que le liquide qui semblait la fasciner...
-Je suppose que oui...
Kaly poussa un soupir avant de finalement prendre une gorgée. Du courage liquide...
-J'ai toujours eu du mal avec le genre de choses qu'a subi Vilkas. Entre un jugement qui n'était pas forcément justifié et son enfermement...
La jeune femme ne put empêcher un frisson de parcourir son dos. La situation du gorgoroth était terriblement proche de ce qu'avait vécu les siens. D'ailleurs, à bien y penser, certains avaient réagi comme lui... Sa race n'aurait probablement jamais bonne presse grâce aux agissements de l'un des tout premiers à être sorti. Si elle ne cautionnait certainement pas ses actes, elle les comprenait... Il était juste devenu fou, un enragé contre un monde qui les avait complètement laissé tomber, abandonnés à leur triste sort...
-Je suppose que je me mets un peu trop à sa place, hein?
Elle eut une sorte de ricanement dépréciatif avant de prendre une autre gorgée, laissant son regard planté au sol...
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Sujet: Re: Balance de la justice ? Mar 29 Juil - 3:56
Balance de la Justice ?
Kalysta . Irina
L'atmosphère était plus propice aux confidences entre amis, qu'aux retrouvailles entre employeur et employé... et à vrai dire ce n'était pas plus mal comme ça. Bien entendu Irina approuvait la débrouillardise et les compétences de Kalysta, qui n'avait jusque là jamais failli, bien qu'elle n'ait pas encore exploré l'ensemble de son potentiel. D'un autre côté les raisons pour lesquelles elle l'avait embauchée demeuraient obscures encore à ce jour. Au début elle s'était prise d'affection pour cette jeune femme seule et curieuse du monde, y voyant une version plus âgée et plus mesurée de son apprentie Alix. Kalysta avait aussi cette lueur émerveillée dans le regard, cette expression de gosse enchantée de découvrir le monde... Et pourtant au fond de ses yeux il y avait aussi quelque chose de plus réservé et sombre, une partie d'elle-même qui démontrait qu'elle n'était pas simplement une jeune femme enjouée et écervelée. Derrière ce minois se cachait également pas mal de maturité, et jusque là il ne lui avait pas encore été donné d'en percevoir les raisons exactes. Néanmoins en des rares occasions comme ce soir, ce côté de sa personnalité semblait refaire surface, lui donnant des airs plus sobres et plus adultes, plus touchants aussi. Dans sa fragilité il y avait de la force, la force de tomber et se relever pour affronter de nouvelles épreuves, le courage d'aller de l'avant et survivre un peu plus longtemps. Kalysta était une battante, elle aussi. C'était un trait respectable qu'Irina tenait en haute estime. Oui, tout bien réfléchi il était probable qu'elle ait décidé de garder contact avec la jeune fille pour briser le moule de sa propre solitude, parce que son instinct lui dictait qu'elle pourrait être bien plus qu'une autre lame à sa solde. Une lame fort efficace, soit dit en passant. Oui, tout bien réfléchi il était bien possible qu'elle l'ait payée pour la garder à ses côtés, tout en nourrissant secrètement l'espoir qu'elle arrive à voir au delà des apparences, au delà de la célébrité et des révérences, au delà de la position hiérarchique et de toute ces hypocrisies en série. Et dire que tout cela était partie d'une rencontre anodine, au milieu des steppes glacées du nord... Les dieux avaient décidément un drôle de sens de l'humour. Irina maudit sa propre faiblesse, et l'aisance avec laquelle elle s'attachait aux gens de la façon la plus improbable qui soit.
La rouquine accepta son verre, avec lequel elle joua de longues secondes avant de le porter doucement à ses lèvres. Le silence qui s'était installé entre deux insomniaques n'avait rien de lourd ou de pesant. C'était plutôt comme si elles communiquaient par des moyens détournés et implicites, partageant simplement un moment de quiétude ensemble. Un calme absolu qui différait de la monotonie lassante qui régnait la journée, ce qui leur offrait un parfait terrain de discussion libre et dénué des contraintes habituelles. Grimaçant au goût âcre de l'alcool fort râpant sa gorge, Irina manqua de tousser. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas bu quelque chose d'aussi fort. Notant mentalement l'agressivité du spiritueux, elle prit soin de ne pas vider son verre trop vite, sous peine de dire et faire n'importe quoi . Dans tous les cas Irina ne prit pas la parole, faut de savoir par où commencer, et déranger Kalysta en la mêlant à des histoires compliquées dont elle n'avait probablement que faire. La laissant donc prendre la parole, elle attendit que la brune ait dit ce qu'elle avait sur le cœur pour finalement intervenir tout en s'adossant un peu plus confortablement.
« Je ne suis pas connue pour être quelqu'un de particulièrement compatissant ou sensible, mais ce qui lui est arrivé ne m'enchante pas non plus. Au départ j'étais surtout agacée de tomber sur un tel cas alors que je venais simplement récupérer les affaires d'Olévus. Mais aussi détachée que je sois, je n'apprécie pas l'injustice, et cela vaut aussi pour les gorgoroth à moitié fous et à la cervelle à moitié congelée. Plus largement je ne peux pas rester les bras croisés en sachant que l'Ordre auquel j'appartiens a commis une erreur en le condamnant sans raison valable. J'ai conscience que même s'il vient à être innocenté, cela n'effacera pas ce qu'il a vécu. Seulement je ne vois pas quoi faire d'autre. Et puis si je n'interviens pas pour les cas désespérés, qui le fera ? »
Son esprit était à moitié ailleurs, même si elle avait parlé ouvertement et sincèrement de ce qu'elle pensait. En vérité Irina était quelqu'un de franc, et si elle ne s'épanchait pas sur son opinion ou son ressenti, c'était souvent parce qu'on ne les lui demandait pas. Quoi qu'il en soit elle sentait effectivement que l'implication de Kalysta avait quelque chose d'encore plus personnel, bien qu'il lui soit impossible d'en deviner plus sans informations. Il est vrai qu'au final elle n'avait pas posé plus de questions que nécessaire concernant son origine, son passé ou ses racines... Et peut être aurait-elle dû, afin de ne pas se retrouver dans cet étrange brouillard. Enfin, finalement elle soupira silencieusement, cherchant à exhaler ses préoccupations en même temps que sa respiration. Libre à Kaly de lui répondre ou de l'envoyer sur les roses, après tout.
« Il y a une autre raison qui donne lieu à temps d'implication ? »
Sujet: Re: Balance de la justice ? Sam 9 Aoû - 12:06
La jeune femme appréciait Irina... Certains pouvaient la voir froide, ou dure, et ce qu'elle avait entendu dire sur elle n'était pas toujours vraiment flatteur, mais elle voyait surtout en elle une femme forte, au caractère affirmé et qui ne se laissait pas faire. Un exemple à suivre. Et leur petite virée dans les cavernes glacées avaient mis en avant son sens de la justice. Même si le gorgoroth lui avait quelque peu forcé la main, elle avait tout de même su remettre en question le jugement de certains membres de sa caste. Elle avait su voir au-delà des apparences et avait donné à Vykas une seconde chance. La syliméa ne savait pas du tout quel serait le résultat de ce jugement, peut-être que son nouvel "ami" verrait sa condamnation confirmée par rapport à des informations qu'elle ne possédait pas... Mais offrir la possibilité de s'exprimer, de se défendre, était déjà un luxe que tout le monde ne possédait pas. Qu'Irina lui offert cela représentait beaucoup à ses yeux.
Kaly eut un léger sourire en entendant la rousse prêtresse se justifier, prenant une gorgée d'alcool et savourant la brulure le long de sa gorge. Elle eut un léger claquement de langue appréciatif avant de faire tourner ce qu'il restait de sa boisson dans son verre. Elle savait qu'elle allait ouvrir la boîte de pandore en se laissant aller ainsi. La prêtresse m'avait plus ou moins prise sous son aile, à ses yeux, sans pour autant en savoir beaucoup à son sujet. Le principal était connu, ce qu'elle était officiellement ces derniers jours. Une messagère, une jeune femme un peu naïve et tête en l'air, voir tête brûlée parfois, qui cherchait à découvrir le monde. Quelqu'un toujours à la recherche de nouvelles expériences et qui essayait d'aller au maximum de l'avant. Mais c'était bien succin... Elle n'avait strictement rien révélé de son passé, que ce soit la vérité ou un bon fantasme destiné à nourrir la curiosité de ses interlocuteurs.
C'était bien l'une des toutes premières choses sur laquelle la jeune femme s'était penchée avec sérieux. Le mensonge qui construirait son "moi" passé officiel, qui justifierait la personne qu'elle était aujourd'hui et qui répondrait à la plupart des questions tout en détournant l'attention de l'essentiel. Quelque chose de proche du vécu de son hôte afin qu'elle puisse parler "d'expérience" mais aussi relativement banal et simple pour expliquer qu'on ne commence à se rappeler d'elle que depuis peu... Une enfance normale en somme, avec des parents normaux vivants dans une ferme isolée. L'âge et la maladie qui les emporte et le désire de parcourir le monde plutôt que de reprendre l'entreprise familiale pas assez aventureuse à son goût. Rien de passionnant, rien de marquant. Cela avait parfaitement rempli son rôle auprès des nérozias qui n'avaient eu à trouver que les ruines d'une ancienne ferme là où elle disait avoir grandi. Il n'y avait personne pour venir proclamer qu'elle s'était appropriée les ruines d'un autre...
Mais là... Elle s'éloignait de cette histoire savamment étudiée, laissait un peu trop voir la vérité à la surface du personnage qu'elle jouait régulièrement. Et au coeur de la nuit, à partager ses soucis et un verre d'alcool fort avec Irina, elle avait envie de se laisser aller. Vider son sac, expliquer pourquoi elle ne comprenait que trop bien le tourment de Vykas. Maintenant... Jusqu'à quel point pouvait-elle faire confiance à la prêtresse? A quel point la voyait-elle comme une amie? Comme quelqu'un qui ne réagira pas par instinct une fois confrontée à l'existence certifiée des mythiques monstres qui se cachent habituellement sous le lit des enfants turbulents? Difficile à dire... Et, malgré l'absence de pouvoirs magiques, la rousse jeune mère n'était pas à prendre à la légère. Elle ne doutait pas un seul instant qu'elle ne faisait absolument pas le poids face à elle...
-Je n'ai pas toujours eu une jeunesse facile... Il m'est arrivée de me frotter au "jugement" de certaines personnes qui s'estimaient au-dessus de tout.
La jeune femme haussa les épaules, cherchant à minimiser l'impact de ce qu'elle avait vécu, classant son passé comme insignifiant et oublié plutôt que traumatisant. Lutter contre les préjugés était finalement bien plus commun que l'on pouvait le penser. Seules les conséquences, dans le cas de sa race, étaient bien plus grandes que pour d'autres...
-J'en ai payé le prix, comme ma famille, mais j'ai eu la chance de pouvoir tourner la page, aller de l'avant. Je connais la valeur d'une seconde chance.
Kalysta finit son verre d'une traite, grimaçant à peine alors que l'alcool brûlait sa trachée.
-Ce que tu as fait est juste mais tout le monde n'a pas le courage ou l’honnêteté de prendre les mesures nécessaires. Et en cela je t'en remercie...
Pendant une fraction de seconde, la jeune femme s'autorisa l'imprudence de planter son regard dans celui d'Irina afin de lui communiquer sa sincère gratitude et le sérieux de la situation. Puis elle détourna les yeux avant de poser son verre et de sourire légèrement...
-Et toi? Tu n'appréhendes pas le procès? Ca se passe comment dans ton ordre d'ailleurs...?
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Sujet: Re: Balance de la justice ? Jeu 14 Aoû - 2:11
Balance de la Justice ?
Kalysta . Irina
Toute cette histoire de nouveau passage en justice devant le conseil réuni des doyennes de Cimméria ne lui inspirait rien qui vaille. Oui bien entendu cela avait été ardu de leur faire accepter l'idée de réviser un jugement rendu il y a plusieurs siècles de cela, ce qui au passage nécessitait la libération -au moins provisoire- d'un énergumène qui n'avait même pas besoin d'être armé pour être dangereux. Sa rancune silencieusement engrangée dans le labyrinthe de glace était largement suffisante, et il fallait rajouter à cela qu'il n'y avait plus qu'une seule prêtresse ayant officié à l'époque de son emprisonnement, ce qui limitait les témoins. Oui enfin... à supposer que la sindarine en question possède encore toute sa tête, après quatre cent ans d'existence, dont plus de la moitié passée au temple. Irina ne tournait déjà plus très rond après vingt ans, alors qu'en est-il de quelqu'un qui avait supporté toutes ces machinations pendant dix fois plus longtemps ? C'était d'une résistance frôlant l'absurde et rien que pour cela, cette femme, qu'elle n'avait jamais rencontrée avant, avait son respect. Repensant aux issues possibles, la rouquine espérait de tout cœur qu'ils arriveraient à un arrangement qui permettrait de rendre sa liberté à Vilkas, tout en lui permettant de retrouver une partie de son humanité. Mais cette humanité n'était-elle pas déjà perdue depuis longtemps ? Parfois, quand elle repensait à ce corps décharné qui avait bien failli l'écraser au sens le plus littéral du terme, un frisson de répulsion lui vrillait l'échine. Elle ne pouvait le craindre, mais cela ne l'empêchait pas d'être appréhensive. Cet être qui avait jadis été un homme pourrait perdre le contrôle à tout instant. Il était comme une bombe à retardement dont le compte à rebours arrivait lentement à échéance. En réalité le résultat de ce procès était probablement plus important que l'ordre n'en avait conscience. Si jamais le conseil décidait que sa condamnation avait été juste, que ferait-elle au juste ? Irait-elle jusqu'à risquer son influence et sa position pour défendre un gorgoroth inconnu ? La réponse était déjà là, simple et honnête : non. Après tout bien que son histoire soit plausible, et qu'il ait prouvé par ses connaissances sur l'ordre, qu'il lui avait effectivement été lié, rien ne prouvait concrètement qu'il disait vrai.
Sa méfiance naturelle la forçait à toujours rechercher la vérité par dessus tout, au delà des apparences et des fioritures les plus confortables. Et fouiner dans un bourbier aussi complexe et vieux que celui-là n'allait pas sans conséquences. Certaines doyennes avaient vu d'un mauvais œil son intervention sortie de la déesse seule sait où, certainement de peur que l'on vienne à révéler une partie des cadavres qu'elles avaient au placard. Oh ce n'était pas le but premier de cette entreprise, mais évidemment les choses n'étaient pas simples, chaque prêtresse veillant toujours à soigneusement couvrir ses arrières. C'était une des règles de base de la survie dans une organisation aussi politiquement instable, surtout depuis la dernière passation de pouvoir. Mais tout bien réfléchi, quelque chose lui disait que c'était un ballet sanglant et incessant depuis des temps immémoriaux. Dans quelques générations il y aurait une Irina, une autre Elerinna, et le cycle continuerait... encore et encore. Du moins ce serait le cas tant que le système ne connaîtrait pas une profonde réforme, une réforme qu'elle comptait bien amorcer aussi vite que possible. Regardant le fond de son verre comme une devineresse essaie de deviner son avenir dans les restes de thé pavant sa tasse de porcelaine, la jeune femme était pensive. Avec attention, elle écoutait Kalysta peser ses mots, choisir le poids de ses silences pour enfin prendre la parole. Plutôt surprise de la voir parler à cœur ouvert de son expérience passée, elle prit garde de ne pas l'interrompre. Certes il n'y avait là aucun détail superflu, ceci dit elle n'en avait pas besoin. Avec un sourire presque carnassier, elle lui répondit sur un ton anodin.
« J'ai grandi dans la rue, et j'ai survécu seule comme j'ai pu. Il n'y avait alors pas d'autre loi que celle me permettant de survivre un autre jour. Par conséquent je me vois mal être en position de juger le passé de qui que ce soit. »
Elle ignorait si ce qu'elle disait lui était d'un quelconque réconfort, et à vrai dire elle ne cherchait pas non plus à l'émouvoir. C'est juste qu'elle partageait un peu de son expérience en rétribution de ce qu'elle avait bien voulu lui confier. Et puis d'un autre côté cela lui permettait de trouver des chaînons les reliant, des maillons ci et là qui faisaient autant de points communs renforçant leur relation. En outre, Kalysta paraissait vivre les choses avec beaucoup de philosophie, faisant preuve d'une capacité à relativiser fort impressionnante pour son âge. Ce qui de fait lui indiquait que ce n'était probablement qu'une maigre mais solide façade lui permettant de ne pas s'épancher en explications. Seulement la rouquine ne comptait pas les lui réclamer, à moins qu'elle ne soit disposée à lui en faire part. Après tout elle était médecin, pas un prêtre confesseur. D'autant plus qu'en cette nuit sombre et sans étoiles, elles étaient simplement deux femmes chassant leur insomnie, et non deux professionnelles causant boutique. Soupirant pensivement, Irina ne paraissait pas aussi optimiste ou aussi légère que son amie.
« Vous me remercierez quand et si Vilkas est tiré d'affaire. Il est encore prématuré de se réjouir, surtout que tout cela échappe totalement à mon contrôle. Et c'est d'ailleurs bien ça qui me gêne. Je n'aime pas dépendre des gens, car les gens sont faibles, fourbes et égoïstes. Ils finissent toujours par nous décevoir. Les hommes, surtout les hommes. »
La dernière phrase n'avait été qu'un murmure effacé, à moitié éteint par le verre qu'elle avait porté à ses lèvres. Parlait-elle encore de la même chose ? Probablement pas, mais Kalysta aurait tôt fait de le comprendre. C'était une gamine perspicace et pleine de potentiel, ce qui parfois était dommage dans certains cas, comme maintenant. Buvant une grande gorgée, Irina gimaça et agita la tête pour essayer de faire descendre plus rapidement le liquide brûlant. Cependant elle ne réussit qu'à exacerber la sensation désagréable et brûlante, qui finit par la faire tousser. Quelques secondes plus tard, elle reprit enfin son souffle, juste à temps pour pouvoir réfléchir à un semblant de réponse. Néanmoins organiser ses pensées était devenu bigrement sportif, les effluves de l'alcool lui donnant l'impression d'être devenue légère et éphémère comme une plume prête à décoller à la moindre brise.
« J'avoue ne pas être très rassurée. Je ne sais pas ce qu'il adviendra de Vilkas si jamais sa sentence est confirmée. Et à vrai dire, je ne sais même pas ce qu'il deviendra de lui s'il est innocenté. Comment quelqu'un comme lui pourrait s'adapter à nouveau à la vie en communauté, après ce qu'il a traversé ? Il serait encore plus dangereux pour les autres qu'il ne l'est déjà pour lui-même. Pourtant il a besoin de soutien, de surveillance. Il a besoin d'un ange gardien et d'une conscience. Pourtant toi, tu as promis de l'aider... mais jusqu'où es-tu prête à aller ? »
C'était une question directe, pointue et un peu cruelle, elle le savait. Pourtant il fallait bien en venir à ce genre de faits incontournables, car garder les pieds sur terre serait indispensable pour éviter que Vilkas ne devienne un psychopathe avéré et un futur meurtrier. Ce serait bien dommage de l'avoir sorti de son glacier pour le voir être abattu à vue par la garde d'Hespéria... Mais c'était une éventualité malheureuse qu'il lui fallait considérer si les choses venaient à mal tourner. Reposant sa tête contre le large dossier de son siège, Irina se sentait bien, quoi qu'un peu molle et paresseuse. Oublier ne ferait pas disparaître ses problèmes, mais... Dieux que ça faisait du bien de ne plus s'entendre penser, au moins un instant !
« Concernant le procès, les avis sont plutôt partagés. Une partie du conseil pense que tout homme a au moins le droit de voir son cas étudié équitablement si assez de preuves justifient un autre procès. Pour ce qui est des autres, elles se retranchent dans la certitude hypocrite d'avoir déjà fait ce qu'il fallait, enrubannées de la fausse perfection 'd'un ordre millénaire qui ne faucherait pas la vie d'un homme sur un simple caprice'. Tu parles. On a toutes déjà fait ça tant de fois, que j'en ai perdu le compte. Aucun individu vivant, qu'il soit soldat ou paysan, ne peut espérer connaître la vieillesse sans occire au moins un de ses semblables. C'est malheureusement le monde dans lequel nous vivons, et ceux qui prétendent le contraire sont soit stupides, soit aveugles. »
Sujet: Re: Balance de la justice ? Ven 19 Sep - 20:19
Définitivement, il n'y avait pas un moment durant lequel Kalysta regrettait d'avoir fait la connaissance d'Irina. Plus elle avait la chance de mieux la connaître et plus elle l'admirait... Si tout le monde pouvait avoir la même attitude juste envers le passé des gens, elle ne doutait pas que le monde aurait un peu moins de secrets. Elle-même se permettrait peut-être plus de libertés. Comme marcher à visage découvert par exemple... Malheureusement la prêtresse n'était qu'une femme seule noyée dans une multitude d'étrangers qui n'hésiteraient pas à brandir torches et fourches s'ils avaient vent de l'existence des syliméas... Pensée regrettable et ô combien vraie suite au coming out particulièrement sanglant et mal avisé d'un des leurs.
Visiblement, Irina avait elle aussi sa part de moments difficiles dans sa vie... Il n'y avait pas vraiment de compétition. Elle avait déjà vu certaines personnes échanger leurs expériences passées en essayant de faire valoir la leur comme plus important, grande ou traumatisante. Il était vraiment rare de tomber sur quelqu'un qui avait vécu exactement la même chose que soit. Et quand bien même, cela ne voulait pas dire qu'il l'avait ressenti de la même façon, ou qu'il en avait tiré les mêmes enseignements. Il suffisait de voir comment l'enfermement avait rendu certains des siens complètement fous... Certes, elle n'était elle-même pas vraiment très stable psychologiquement, la preuve en était encore ce soir, mais elle ne s'en était pas trop mal sortie en comparaison. Alors, non, il n'y avait pas de compétitions pour savoir qui avait eu les expériences les plus douloureuses ou les plus traumatisantes. Juste l'opportunité de savoir que l'autre est susceptible de comprendre...
Et elle sentait bien, comprenait, qu'Irina avait un lourd passif pour réagir ainsi par rapport aux autres. Surtout par rapport aux hommes... Mais c'était des détails qu'elle ne pouvait pas vraiment se permettre de demander. Si la prêtresse avait un jour besoin de parler, elle serait là pour écouter, mais elle ne chercherait pas à lui tirer les vers du nez. La jeune femme était loin de connaître beaucoup de choses au sujet de la rousse jeune femme, après tout elles ne s'étaient côtoyées que peu de temps et ce temps n'avait pas été passé à parler à coeurs ouverts... Et c'était en toute connaissance de chose qu'elle l'admirait.
-Tu es quelqu'un de complexe...
La jeune femme accompagna sa constatation d'un sourire qui la transforma en compliment. Etrange, certes, mais un compliment tout de même. Il aurait été tellement facile pour Irina d'user et d'abuser de ses pouvoirs, tant magiques que politiques... Elle était une grande prêtresse après tout et peu de choses devaient lui être refusées si elle les demandaient vraiment. Et si quelqu'un avait le moindre doute quant à sa position, il suffisait de voir la quantité de gens armés assignés à sa protection... C'était un excellent moyen de trahir l'importance d'une personne.
Kalysta avait conscience que son rôle n'était pas simplement celui de garde du corps... Peut-être que la rousse jeune femme avait besoin d'une dose de normalité au-delà du formalisme dans lequel elle était piégée à longueur de journée...? Personnellement, la syliméa savait qu'elle ne pourrait jamais vivre la vie d'Irina. Trop de responsabilités, déjà, et trop d'obligations, d'étiquette et de ronds de jambes. Elle aimait pouvoir prendre la route quand bon lui semblait et n'avoir à s'inquiéter que de sa carte...
-Je ne sais pas non plus comment se passera le procès. J'espère seulement que les autres prêtresses auront la même intégrité que toi... Je crois que s'il est à nouveau condamné, il faudrait éviter l'enfermement... Si on devait me forcer à nouveau à vivre comme ça, je ferai en sorte de ne pas voir le jour suivant...
La nérozia haussa légèrement les épaules comme si elle ne venait pas de parler d'un possible suicide. Elle ne pouvait qu'extrapoler pour Vilkas mais elle savait que leur vécu était proche. Et, personnellement, si on lui annonçait qu'elle devait à nouveau être enfermée... Elle n'avait aucun doute sur ce qu'elle ferait, elle ferait en sorte qu'ils n'aient rien à enfermer.
-Je ne dis pas que son adaptation ne sera pas difficile s'il s'en sort... Il a beaucoup de choses à réapprendre et il devra assumer ce qu'il est devenu, tout le monde n'accueille pas les gorgoroths à bras ouverts... Mais c'est pas pour ça qu'il ne doit pas avoir sa chance. Il a droit d'essayer de s'adapter... Il n'aura probablement jamais une vie normale mais il pourra s'en rapprocher, au moins répondre à certaines questions qu'il pouvait se poser et bouger. Je soupçonne qu'il aura une sacrée bougeotte....
Là aussi elle parlait d'expérience. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait choisi le métier de messagère une fois qu'elle avait maîtrisé son nouveau corps. Maintenant elle ne pouvait plus rester longtemps au même endroit, enfermée entre quatre murs. Le séjour qu'elle passait chez Irina était déjà en train de ronger à ses limites, il suffisait de voir l'augmentation drastique de ses cauchemars. Heureusement elle avait encore quelques atouts dans sa manche qui lui permettraient de tenir un peu plus longtemps avant de craquer complètement. Le libre accès aux toits était déjà d'une aide significative...
-Et puis s'il a besoin d'aide, ça ne me dérange pas de lui en fournir. S'il m'en demande... Je ne suis pas sure qu'on puisse me coller l'étiquette d'ange gardien ou de bonne conscience mais je serai là pour lui. Je m'y étais engagée quand on l'a sorti de la grotte, je ne vais pas reculer maintenant alors qu'il n'avait jamais eu de meilleure chance de pouvoir enfin être libre. Puis je suis toujours preneuse de compagnie quand je cours à droite et à gauche.
Quant à savoir ce à quoi elle était prête à faire... Difficile de dire hors contexte. La jeune femme s'était attachée à Vilkas, se retrouvant beaucoup dans le gorgoroth... L'assister dans sa "réhabilitation" ne la dérangeait absolument pas, s'il était aussi avide de liberté qu'elle, il ne rechignerait probablement pas à prendre la route avec elle. Cela suffirait à le maintenir éloigné des soucis et problèmes qu'il risquait de s'attirer immanquablement. Elle pourrait ainsi l'encadrer et éviter qu'il ne soit un "danger" pour les autres ou lui-même comme l'avait si délicatement formulé Irina... La syliméa pouvait difficilement dire à la prêtresse qu'elle savait qu'on pouvait très bien s'adapter suite à un long enfermement, elle n'était pas prête à citer ses sources...
Kalysta partageait son opinion quant au monde actuel. Bien qu'il y ait un mieux par rapport à sa "jeunesse", cela restait un univers où les plus gros mangeaient les plus petits... Il fallait donc être prêts à se défendre bec et ongles. Ôter une vie était souvent une question de survie, chez elle tout du moins. Le fait qu'elle le ressente et qu'elle ne jouisse pas de ces morts faisaient d'elle une personne normale et non un monstre... Elle avait entendu parler de criminels certainement plus terribles que ce qu'elle était...
-Il n'y a rien à faire pour augmenter ses chances...?
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Sujet: Re: Balance de la justice ? Dim 28 Sep - 1:27
Balance de la Justice ?
Kalysta . Irina
Irina ignorait ce que le mot 'complexe' signifiait exactement, ou quel sens il charriait entre les lèvres fines de Kalysta. Dans l'ensemble elle ne jugeait pas être une personne compliquée, bien qu'elle soit forcée de concéder sa sacrée tendance à se fourrer dans des foutoirs sans nom. C'était le cas depuis sa plus tendre enfance, c'était une constante agaçante et tenace qui ne l'avait jamais quittée, alors il était peu probable que les choses ne changent de ce côté-là. Un sourire plein de sarcasme apparut sur son visage, bref et léger, avant de s'évanouir comme s'il n'avait jamais existé. Néanmoins cette qualification n'avait pas l'air d'avoir une connotation péjorative initialement, alors il serait plutôt bête de s'offusquer.
Renversant la tête en arrière dans une position qui reflétait réflexion et abandon, la prêtresse pesait les paroles de son interlocutrice avec prudence. Même si elle n'avait pas de mauvaises intentions, on ne pouvait pas vraiment dire que ses questions aient été complètement innocentes. Il était clair que son esprit n'était pas totalement optimiste quand à l'issue du procès, surtout qu'au delà la portée légale de la procédure, Irina engageait son nom pour un mort-vivant à l'avenir plus qu'incertain. En gros si l'on prenait la métaphore d'un investissement, on pourrait dire qu'elle avait hypothéqué tous ses biens en se fondant sur les belles promesses d'un inconnu douteux. Elle avait tout engagé sans concessions, et désormais il ne lui restait plus qu'à espérer que ce dernier soit bel et bien homme de parole. Bon d'accord, elle exagérait peut-être sur le côté dramatique, mais ce n'était pas complètement stupide non plus. Le moindre faux pas sur la scène politique pouvait coûter très cher, il pouvait être la blessure fatale qui mènerait à la mort d'un animal fuyant, déjà traqué par des nuées de charognards. Et au point où elle en était, parfois il lui semblait presque entendre leurs rires moqueurs et stridents depuis les ombres. Le début de la folie ? Peut-être. De l'instinct de survie lui dictant quand se battre et quand courir ? Sans nul doute.
« Oui, j'imagine qu'il partage ton avis. Il y a bien des sorts pires que la mort. Je te promets de ne pas le laisser se faire enfermer à nouveau. Si les choses tournent mal, je prendrai la responsabilité de mettre fin à son supplice. »
Bien entendu ce serait mieux si Vilkas était amené à retrouver la liberté, et en cas de réussite Irina espérait que Kalysta prendrait le relais sur son cas. Après tout le gorgoroth serait sûrement plus paumé une fois libre que pendant les siècles d'exil dans les dédales glacés de Cimméria, et à juste titre. Il était quasiment certain qu'il aurait envie de quitter la région pendant un temps indéterminé afin de marquer un tournant dans son existence, ce qui l'amènerait à adopter la vie instable des grands voyageurs. Un style qui avait l'air de bien aller à la jeune femme constamment en mal d'aventures... ce qui lierait sans doute leurs destins au moins dans un premier temps. C'est en faisant écho à ses pensées que résonnèrent les paroles de la jeune fille, lui assurant qu'elle serait ce qui s'approchait d'une bonne conscience. Irina sourit faiblement, satisfaite et peu surprise par cette réponse. Kalysta avait toujours éveillé chez elle un bon pressentiment, avant même qu'elle n'ait l'occasion de constater sa nature tranquille et débrouillarde. Parfois en voyant la syliméa se débattre fiévreusement au quotidien pour s'en sortir, Irina avait l'impression de se revoir, plus jeune. Elle avait cette même étincelle dans le regard, cette même rage instinctive de vivre. Parfois elle l'observait, voyant ce poids indicible et cette innocence encore partiellement préservée, et la mélancolie la gagnait, violente et douloureuse. Parfois dans l'ombre d'une expression plus morose elle croyait déceler les contours d'un chagrin trop ancré et trop profond pour son âge, avant que ce dernier ne s'évanouisse en un battement de cils, trop aérien pour être tangible.
« Tu dis que tu es toujours preneuse de compagnie. Pourquoi cette solitude te pèse tant que ça ? Est-ce pour cette raison que tu as accepté de travailler pour moi ? »
Malgré les apparences, il n'y avait pas d'agressivité derrière sa question. En fait elle était curieuse d'en savoir plus sur cette jeune qui voyageait souvent à travers Isthéria sans jamais s'attarder à un endroit en particulier, ni s'attacher à aucun groupe, pour autant qu'elle sache. C'était... intriguant. Car toute fille aussi indépendante soit-elle avait une famille et des origines, qu'elle y soit attachée ou non. Le tout était de savoir pourquoi cette bougeotte étrange avait tout d'une certaine forme de fuite. Kalysta n'avait pas vraiment le profil d'une criminelle, bien qu'Irina ne doute pas qu'elle soit capable de faire le nécessaire --légal ou illégal- pour survivre. Seulement il lui paraissait presque inconcevable qu'elle n'ait eu recours à aucune aide extérieure pendant tout ce temps, pas en connaissant cette envie de sociabiliser dont elle était animée. Elle avait bien mentionné une famille en exil ou en prison, ce qui la laissait pensive. Si ces gens étaient en vie quelque part, il n'y avait nul doute qu'elle aurait fait tout son possible pour leur porter secours. Par conséquent soit ils étaient morts pendant leur captivité, soit ils était dans une situation telle que les libérer n'était pas à sa portée. Peut-être même ne savait-elle pas où ils étaient passés et ce qu'ils étaient devenus ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas les avoir cherchés ? Nombre de questions s'entrechoquaient dans sa tête, tempêtant sous son front. Irina but une autre gorgée, s'arrachant la gorge d'une telle façon que les larmes lui montèrent aux yeux. Toussotant un peu, elle pesta tout bas contre l'alcool qu'elle n'avait pas l'habitude de gérer, et soupira tandis que son cerveau mollissait petit à petit. Dans un effort pour rassembler ses pensées confuses, elle réfléchit à des options de secours. Bien entendu elle l'avait déjà fait en essayant de prendre cette situation dans tous les angles possibles, seulement ce n'était pas aussi facile. L'issue du procès serait grandement dépendante de son plaidoyer, ainsi que du poids de l'opinion publique et politique des présents.
« On peut imaginer que des méthodes restrictives puissent jouer en sa faveur... mais je ne suis pas sûre qu'il soit prêt à accepter ce genre de compromis. J'ai entendu dire qu'à Umbriel les geôliers ont conçu un nouveau types de menottes de métal capables de brider ou sceller l'essence divine des prisonniers. Cela existe depuis longtemps évidemment, seulement comme la fabrication est coûteuse, cela a toujours été réservé aux criminels particulièrement dangereux. J'ignore si c'est viable dans le cas de Vilkas, mais j'imagine qu'on peut toujours évoquer la possibilité de lui attacher un bracelet avec un système similaire, ou bien un sceau de traque permettant de suivre sa piste. Tu penses que c'est une bonne idée ? »
Sujet: Re: Balance de la justice ? Mar 14 Oct - 20:04
Le regard qu'elle lança à Irina, fort brièvement, était chargé de gratitude. Tout le monde ne pouvait pas forcément comprendre qu'il existait d'autres sorts pires que la mort et que cette dernière était parfois largement préférable. Et quand bien même, la prêtresse aurait très bien pu estimer qu'elle n'avait pas à s'engager ainsi, abandonnant le gorgoroth à son triste sort. il y avait quelque chose de rassurant dans cette décision. Probablement parce que Kalysta sentait que si jamais elle devait se retrouver dans ce cas de figure le jour où elle était découverte par des personnes à l'esprit un peu trop étriqué, elle pourrait toujours compter sur la rousse jeune femme. Savoir qu'il existait une telle porte de sortie était un luxe auquel elle ne s'était pas attendue.
-Merci...
La question d'Irina était une question piège... La solitude qu'elle s'imposait en étant quasiment constamment sur les routes était une sécurité qu'elle avait décidé de prendre dès qu'elle avait eu les moyens de pouvoir sentir les objets sous ses doigts. Être toujours en mouvement permettait d'éviter les questions sur des réactions ou des questions parfois un peu trop étranges, un comportement fuyant ou un régime alimentaire décidément trop carné. Même si elle était relativement civilisée de ce coté là... Kalysta était parvenue à élargir ses goûts même si la viande resterait à jamais son met de prédilection. Au moins ne donnait-elle pas l'impression d'être une bête sauvage assoiffée de sang comme certains pourraient le penser. Elle resterait juste à jamais un exemple désastreux d'équilibre alimentaire...
-C'est plus facile pour moi de voyager seule la plupart du temps... Mais c'est vrai que ça peut parfois peser sur le long terme. Sans compter qu'une jeune femme seule sur les routes apparaît toujours comme étant une "proie facile". Que ce soit vraiment le cas ou pas...
Cela ne répondait en rien... La syliméa s'offrit quelques instants de réflexion pour pouvoir offrir une réponse aussi sincère que possible. Pourquoi avait-elle accepté de travailler pour Irina, prenant ainsi le risque de se rapprocher de quelqu'un de suffisamment observateur pour se mettre en péril? C'était une question qui revenait régulièrement... Elle se l'était aussi posée au sujet d'Aliénor avec qui elle avait commencé à tisser certains liens d'amitié. La solitude après avoir passé des centaines d'années cloitrée dans une jarre avec toujours les mêmes personnes était une sensation d'un luxe rare. Mais le temps allant... Kaly était une créature sociable au final, plus qu'elle ne l'avait elle-même pensé... Elle avait besoin de côtoyer des gens. Surtout ceux qu'elle appréciait. Et la prêtresse faisait partie de cette catégorie. Elle avait eu envie de mieux la connaître, de voir comment était la vie à ses coté. Même si cela voulait dire jeter la prudence aux orties. Mais elle ne pouvait pas vraiment lui dire cela de cette manière...
-Peut-être en partie... Je voulais aussi mieux connaître la personne qui m'a intriguée dans ces cavernes de glace.
La jeune femme haussa légèrement les épaules, cherchant à exprimer son incapacité à mettre des mots adéquats sur ce qu'elle ressentait. C'est dans ces moments là qu'elle sentait qu'elle manquait cruellement d'expérience dans le monde extérieur, entourée de personnes normales. S elle avait véritablement l'âge de son apparence, elle ne serait probablement pas aussi peu douée dans ce domaine. Sans compter que son ancien hôte avait le développement émotionnel d'un ours insomniaque en plein hiver. Pas bien glorieux tout ça...
-Tu es le genre de femme qu'on l'on a envie de suivre aussi. Ou ressembler...
Comme tout leader né en quelque sorte. Elle ne savait pas trop comment la jeune femme pourrait prendre cet argument. Qui était un compliment normalement... La nérozia essaya de se projeter dans un futur un peu plus éloigné. Quelles étaient les possibilités pour offrir un minimum de liberté au gorgoroth...? Les menottes annihilant l'essence divine ne lui paraissaient pas une idée très agréable, surtout pour quelqu'un aussi étroitement lié à cette essence. Les effets ne seraient certainement pas les mêmes si on les appliquait à un terran par exemple... Pendant quelques instants la syliméa se demanda quelles seraient les conséquences de ce genre de menottes sur quelqu'un comme elle...
-[color=violet]Peut-être quelque chose pour pouvoir savoir où il est, oui... Mais restreindre ses pouvoirs risque d'être difficile... Etant un gorgoroth et tout ça... Je me demande si ces menottes ne le rendraient pas aussi malade que le mysthe rouge. Et puis s'il vient avec moi il doit pouvoir se défendre. Les routes ne sont pas toujours sûres./color]
Cela, bien entendu, si les autres prêtresses acceptaient de lui rendre sa liberté. Et que Vikas accepte de rester avec elle un certain temps... Elle avait déjà moins de doutes sur le dernier point. C'était vraiment le procès qui l'inquiétait. Elle craignait que la personnalité malmenée du gorgoroth ne joue contre lui et ne le présente sous un jour dangereux. Suffisamment pour pousser à une action drastique qui n'aurait rien de vraiment juste.
-J'ai peur que même si les faits ne poussent à le relâcher, son caractère ne pousse les prêtresses à la prudence. Et qu'elles cherchent à l'enfermer à nouveau pour "son propre bien".
La syliméa fronça le nez en repensant à la façon dont ils s'étaient rencontrés. Cela ne jouait pas vraiment en sa faveur...
-Il n'y a plus qu'à prier pour qu'il garde son calme...
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Sujet: Re: Balance de la justice ? Mar 18 Nov - 23:06
Balance de la Justice ?
Kalysta . Irina
Irina savait que sa question était emprunte de l'exigence d'une implication cachée, celle qui rend toutes les réponses traîtres et insidieusement révélatrices. Ce n'était sans doute pas très fair-play de sa part, d'autant plus que Kalysta s'était toujours montrée prudente et avisée dans sa façon de l'approcher. Néanmoins il fallait qu'elle sache, qu'elle connaisse un minimum d'informations qui lui permettrait au moins de tirer des conclusions basiques. Et de fait, la jeune insomniaque ne lui faisait pas l'impression d'une personne qui irait jusqu'à accepter un travail aussi risqué par simple par sympathie. Elle avait dans les yeux cette étincelle de raison qui la poussait à toujours mettre sa survie en premier, et loin de la mépriser pour cela, Irina l'admirait. Ce n'était peut-être pas valable pour le reste mais en tout cas dans ce domaine, elles étaient toutes deux faites de la même trempe. Celle qui fait ce qu'il faut même s'il faut se salir les mains, parce qu'après tout il n'y avait personne d'autre pour les remplacer. La réponse en elle-même ne tarda pas, bien qu'elle ne soit en rien satisfaisante. Kaly ne semblait pas peiner à admettre une certaine forme d'attachement envers son employeur, mais elle n'avait pas pour autant concédé de justifications. Sans doute ne les possédait-elle pas non plus. La rouquine fit tourner le liquide ambré dans son verre, l'air pensif. Sa dernière protégée avait un passé bien mystérieux. Non qu'il soit plus évident que le présent, cela dit. Oui, on peut dire qu'elle avait encore décidé de prêter du crédit à la parole d'une quasi inconnue pour la bonne et simple raison que son instinct le lui dictait. Ce n'était pas vraiment une preuve de bon sens, mais c'était plus fort qu'elle. Bercée dans cette quasi obscurité qui enveloppait chacune de leurs confidences étranges, la prêtresse soupira. Un sourire amer défigura ses traits fins lorsqu'il fut question de l'admiration inexpliquée que lui vouait la jeune femme.
Par où commencer ? Comment expliquer à Kalysta que la représentation qu'elle se faisait de sa personne et de sa position étaient sûrement faussées par l'image extérieure qui lui collait à la peau ? Rien n'était simple ou manichéen, surtout lorsqu'il était question de jauger de la nature d'un individu. Évidemment il serait sans doute injuste de l'étiqueter d'ordure finie, ne fusse que par son désir constant et invincible de faire bien son boulot. Un boulot qui -qu'elle le veuille ou non- la poussait à servir autrui pour le préserver. Seulement derrière il y avait tout le reste. Un reste spectral et lourd de ce qu'elle avait été et ne cesserait jamais d'être, au fond. Une femme décisionnaire de convictions et de foi -bonnes ou non- ce qui ne suffisait pas à en faire une personne exemplaire ou digne d'éloges. Là où d'autres cherchaient à se faire aimer à tout prix d'un peuple qu'elles méprisaient plus que la poussière sous leurs chausses à la mode, Irina s'acharnait à rester parmi cette marée humaine de visages inconnus et sales. Car cette crasse, cette bassesse si minable et si banale était son seul point de repère. C'était ce peuple ingrat et mesquin qu'elle voulait protéger à tout prix, tout en sachant qu'au final il ne lui offrirait jamais rien si ce n'est quatre planches de sapin ou un grand brasier rituel. Et de fait, elle n'en attendait rien de plus. Cette réflexion innocente et plutôt flatteuse faillit bien lui donner le vertige. À moins que ce ne soit la grande goulée d'alcool d'un peu plus tôt qui avait décidé de lui lui vriller les neurones avant l'heure. Misère. Autant elle appréciait la proximité spontanée qu'elles avaient réussi à développer, autant l'idée de voir Kalysta la prendre pour exemple lui donnait des frissons d'horreur. Il y avait bien des choses que cette petite ne savait pas, et plus le temps passait, plus Irina se disait que c'était pour le mieux. Quoi qu'il en soit elle n'avait pu s'empêcher de prendre cela avec du recul et pas mal de scepticisme, ce qui était audible à travers sa voix traînante, chargée d'amertume.
« À moins que ton projet soit de te hisser à une position prestigieuse, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Enfin je veux dire... ma vie privée est une épave complètement laissée à la dérive. Je suis mère célibataire et sans espoir d'y trouver remède, je n'ai jamais rencontré le peu de famille qu'il me reste et je n'ai pas prévu que cela change. Je ne sais pas non plus comment faire ou garder des amis. Mon seul acquis positif -si tant est qu'on peut le considérer comme tel- c'est de parvenir à transmettre mon savoir à des personnes qui ont le potentiel et démontrent un minimum de volonté. C'est tout, malheureusement. En réalité, les gens qui me côtoient se classent en trois catégories distinctes. D'une part ceux qui m'admirent pour ce que j'ai accompli et sont incapables d'aimer la femme qui se trouve derrière la figure publique. D'autre part, ceux qui m'envient, me haïssent ou me méprisent ; pour des raisons que je ne me fatiguerai pas à énumérer. Et enfin les autres, ceux à qui mon nom est inconnu ou qui se foutent royalement de le connaître. »
Peu joyeux, de fait. C'était même carrément sombre, mais ce n'en était pas moins cohérent et lucide. Il était très compliqué de ne pas se montrer dure quand les faits parlaient d'eux-mêmes et qu'en pratique le père officiel du petit Aemyn à naître était inscrit aux abonnés absents depuis des mois. Et dire qu'elle avait cru qu'étant donnée sa naïveté servile il serait un soutien moral dans cette épreuve. Quelle imbécile, vraiment. Quant aux autres, elle n'était pas assez idéaliste ou rêveuse pour se persuader qu'ils seraient là pour elle en cas de besoin. S'ils n'étaient pas là en temps normal, pourquoi iraient-ils se plonger dans un merdier sans nom, pour ses beaux yeux ? Non mais franchement. Après tout le besoin de leur présence s'était déjà fait ressentir depuis bien longtemps et à part quelques courriers timides de ses deux apprenties, son contact affectif était plus stérile que le collines désertiques d'Argyrei. Rageant et pestant encore contre le vide pathétique de sa vie privée, Irina engloutit le reste du contenu de son verre, expirant par le nez pour contenir les vapeurs qui lui calcinaient les entrailles. Au moins pendant ces quelques secondes de calvaire ardent elle ne put se concentrer sur ce qu'elle savait déjà et retournait encore dans son esprit. Dodelinant de la tête elle posa son verre sur l'accoudoir de bois et s'assit avec les talons sous ses fesses, la tête bourdonnante. Il devenait de plus en plus compliqué d'organiser ses pensées confuses, mais au fur et à mesure que la chaleur diffuse gagnait son corps, ces préoccupations lui paraissaient de plus en plus lointaines. Pourquoi n'allaient-ils pas tous pourrir dans un Enfer où Sharna s'en donnerait à corps joie de tourmenter toutes les âmes ? Pourquoi ne disparaissaient-ils pas tous, hommes, soldats, prêtresses et nobles ; dans les méandres des ombres qui guettaient ses nuits lointaines et sordides ? Si seulement Exanimis pouvait tous les engloutir pour qu'enfin elle se goinfre de silence et de paix...
La voix de Kalysta lui parvint comme un sifflement haut perché et désagréable, ce qui était davantage lié à la sensibilité aiguë qu'elle semblait développer, qu'au ton réel de la syliméa. Irina ferma les yeux comme pour se forcer à garder pied dans cette réalité douloureuse qu'elle brûlait de fuir définitivement. Pendant un long moment elle resta là sans bouger, la tête appuyée sur son canapé, immobile. Chaque petit son lointain lui parvenait en échos incontrôlés, et même un ululement parvint jusqu'à ses oreilles attentives, ce qui eut le don de la distraire jusqu'à ce qu'enfin elle se souvienne qu'elle tenait toujours une conversation. Décidément, elle ne tenait pas du tout l'alcool.
« Je t'avoue que tant qu'il ne tue ou malmène personne, je me fiche pas mal de ce qu'il deviendra. Ce serait certes malheureux que nous nous donnions tout ce mal pour qu'il crève demain, mais comme il a déjà connu ça, je suppose que le sentiment ne lui sera pas étranger. » Les sourcils froncés, elle avait bien du mal à ne pas s'embrouiller dans ses phrases. Toutefois dans le brouillard épais où elle nageait, elle se rendait bien compte que ce n'était pas très... Sympa. « Bon j'veux dire... il a pas l'air mauvais, et je ne désire sincèrement pas sa mort. Disons seulement que sur mon échelle de priorités, tu es clairement au dessus. Et puis soyons claires, même si pour une raison qui m'échappe tu compatis énormément avec ce qui lui est arrivé, tu as décidé de t'enchaîner à lui, comme un prisonnier à son boulet. Alors tu es altruiste ou juste masochiste ? » La prêtresse sourit dans une tentative de plaisanterie au goût un peu douteux, même si elle ne partait pas d'une mauvaise intention. « D'ailleurs aussi étrange que cela puisse paraître je n'ai pas vraiment pu observer les effets du myste sur des gorgoroths. Son cas n'a pas été trop difficile à gérer ? »
Dernière édition par Irina Dranis le Sam 3 Jan - 9:48, édité 1 fois
Sujet: Re: Balance de la justice ? Sam 20 Déc - 22:52
Il y avait quelque chose à propos des nuits blanches passées au coin du feu... Cela poussait souvent à l'introspection et à une certaine dose d’honnêteté. Et de communication... Comme si tout ce qui pouvait être dit ainsi resterait secret. Comme si le lendemain matin tout redeviendrait comme avant, ou presque, les potentielles révélations de la nuit passées sous un silence pudique. Ce n'était pas entièrement faux et pour peu que la compagnie soit bonne et le verre plein, il était d'autant plus facile de parler. Pour autant, Irina, comme elle, gardait certaines choses prudemment sous silence. Certaines habitudes, surtout si elles étaient liées à la survie, étaient dures à perdre et nécessitaient un effort volontaire pour ce faire. Effort que la syliméa n'était pas encore complètement prête à faire. Elle eut un léger sourire en coin, continuant à jouer avec son verre. Elle produit un léger fredonnement qui pouvait s’apparenter à une sorte de "hum-hum" qui ne voulait pas dire grand chose...
-Dans ce cas je suis dans quelle catégorie au juste...?
La jeune femme afficha un léger sourire en coin qui n'était pas pour autant froid. Son ton avait été teinté d'un léger sarcasme mais la façon dont elle regardait Irina en enlevait tout venin. C'était seulement une façon de la titiller gentiment...
-Je trouve que tu t'en es pas trop mal sortie dans ces cavernes pour te faire une amie... Et pour la garder ensuite. Puis je te rassure sur une chose, mes connaissances politiques et religieuses se trouvent dans un gouffre abyssal et je les soupçonne de s'être lancées dans des fouilles archéologiques...
Elle eut un haussement d'épaules avant de poser son verre au sol, décidant qu'il était probablement plus prudent de l'abandonner de façon définitive pour la nuit. Ce qu'elle disait était vrai... Elle avait apprécié et admiré Irina dès le début, sans pour autant comprendre pleinement à qui elle avait exactement à faire. C'était quelque chose qu'elle avait commencé à appréhender que bien plus tard, une fois revenue à la civilisation et face au procès à venir. Oui, Irina n'était pas n'importe qui, lui s'en fallait, mais le premier contact qu'elle avait eu avec elle avait été dans un environnement tel qu'elle avait eu la chance d'avoir un léger aperçu de ce qu'elle était vraiment. Loin des obligations sociales et politiques. Et ce bref aperçu lui avait plu. Et elle était persuadée de ne pas être la seule... Alix devait être dans le même cas qu'elle.
-Je vois pas ce qu'il y a de mal à être une mère célibataire. Tu es maman. Et tu as ton enfant. C'est déjà pas mal en soit, non? Quant à la famille...
La syliméa eut un geste vague de la main, un peu comme si elle reconnaissait qu'il s'agissait d'un fort vaste sujet qui pouvait engloutir le plus sage des éclaris... On ne pouvait pas vraiment dire que la famille était un sujet joyeux pour les syliméas... Quant aux parents... Quand on était destiné à tuer sa mère dès la naissance et que son père était destiné à rester une figure inconnue ou absente... Bref. Paternité et maternité chez les personnes de sa race n'était pas vraiment quelque chose de "joyeux". C'était un aspect qu'elle avait découvert au travers de son hôte et de ses voyages... Cela semblait relativement enviable de ce qu'elle avait cru comprendre. Mais aussi quelque chose qui lui serait définitivement inaccessible.
Elle observa la prêtresse alors qu'elle reprenait la parole. Visiblement, le rituel du dernier verre pour délier la langue avait aussi des effets secondaires sur elle... La jeune femme ne tiendrait probablement plus très longtemps. C'était tout aussi bien, elle devait avoir besoin de dormir passée cette heure... La nérozia eut un sourire amusé en l'entendant parler. Elle aussi commençait à sentir les effets de l'alcool, une décontraction forcée de ses muscles comme si elle les avait immergés dans un bain chaud. Le froncement de nez qu'elle associa à un clin d'oeil montra qu'elle n'avait pas mal pris la remarque d'Irina, bien au contraire...
-A moins que je ne sois une altruiste masochiste...?
Elle hocha la tête en haussant un sourcil d'un air entendu comme si elle venait d'énoncer la solution à tous les mystères du monde... Kalysta haussa à nouveau les épaules, laissant son regard inspecter la pièce à la recherche d'un élément qu'elle ne semblait pas immédiatement trouver...
-Un peu... Je crois que pour eux c'est comme si ce qui les maintenait en vie s'éteignait peu à peu... Comme si le temps et la mort finissaient par le rattraper après des années à les avoir esquivé. Le tout c'est d'éviter qu'il ne soit blessé inutilement... Ou qu'il ne s'épuise trop. Honnêtement, je pense que si il reste sous l'influence de l'un de ces nuages trop longtemps, il finira par mourir de façon "naturelle". Je préfère éviter ça...
Contrairement à la prêtresse qui se faisait plus menue dans son fauteuil, la jeune femme, elle, s'étira comme un chat content, laissant la quiétude du moment accentuer la relaxation de ses muscles.
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Sujet: Re: Balance de la justice ? Sam 3 Jan - 9:44
Balance de la Justice ?
Kalysta . Irina
Plus le temps passait et plus son esprit d'ordinaire perspicace et tranchant était pris de la mollesse oisive que procurait l'alcool. Irina s'était rarement sentie aussi légère, comme flottant dans un nuage cotonneux. C'était étrange et pas forcément désagréable, mais c'était pour le moins déroutant, si l'on garde en vue qu'elle n'avait jamais vraiment bu autant. D'ordinaire ce genre de pratiques lui répugnait justement parce qu'une personne ivre ne contrôle pas ce qu'elle fait. Oh, ce sacro-saint contrôle qui lui avait tenu à cœur toute sa vie. Cette même saloperie qu'elle était en train de piétiner à pieds joints tout simplement parce que c'était la seule évasion qui restait à l'instinct d'animal traqué qu'elle était devenue. Ça en disait sûrement long sur l'état déplorable dans lequel elle se trouvait, sur l'extrémité pathétique qu'elle avait atteint. Rien que de penser qu'une personne extérieure, Kalysta qui plus est, puisse voir ce côté loin d'être reluisant la révoltait... Ce n'était pas tant qu'elle veuille préserver son image de religieuse irréprochable, ça elle s'en foutait pas mal. En fait c'était la conscience le problème. Ou quelque chose qui s'en rapprochait. Merde, ça surchauffait là haut. Et pourtant elle n'avait pas la force de changer quoi que ce soit. Tout bien réfléchi peut-être que Kalysta s'amusait de ce qu'elle découvrait au détour de la nuit d'insomnie qu'elles partageaient. En tout cas elle semblait plus détendue également, moins sur ses gardes. Plus à l'aise malgré toutes les vacheries qu'elle débitait comme un torrent inépuisable. La maladresse se mêlait dangereusement à son manque de tact, ce qui donnait un mélange explosif... Qui désarçonnait la jeune syliméa sans nécessairement qu'elle le prenne mal. Brave petite, pensa la rouquine en laissant ses prunelles se fixer dans le noir où elle imaginait nombre de fantômes aux yeux effrayants. Dans le chaos de sa tête, elle avait du mal à faire le ménage. Trop de pensées inutiles, trop de questions existentielles sans cesse reportées pour son propre bien. Et d'ailleurs la question qui lui fut renvoyée lui paraissait légitime, même dans son état douteux.
« Je ne sais pas encore. » C'était sans doute la réponse le plus honnête d'après son point de vue. Néanmoins son ton était calme et sans prétentions. Il était clair qu'elle pensait que Kaly ferait forcément partie d'une des trois catégories, mais seul l'avenir pourrait lui montrer si elle avait tort ou non. « À vous de me le dire, non ? »
Elle rit bêtement, sachant pertinemment que la réponse qu'elle lui apporterait serait somme toute aléatoire quoi qu'il arrive. Ce qui ne faisait que rajouter du piment à cette relation déjà improbable depuis le début. D'après la description de la jeune femme, elle était pour l'instant dans la case admirateurs... mais qui sait ? Après cette discussion sans doute changerait-elle d'avis. C'était toujours le même schéma, de toute façon. Le regard d'Irina se fit triste mais elle n'en dit pas plus à ce sujet. C'était inévitable d'être blasée par la prévisibilité de ses pairs. Ses paupières se fermèrent à nouveau tandis qu'elle jouait à l'aveuglette avec son verre. Les mots de son interlocutrice résonnaient dans sa tête en multiples échos. La suggestion de se contenter de ce qu'elle avait lui paraissait aussi simple qu'incroyablement naïve. Ce n'était pas dans la nature terrane de se contenter, elle avait beau avoir essayé de se convaincre du contraire, c'était peine perdue. C'était comme tenter de se sauver du naufrage avec une petite cuillère. Une pure perte de temps. Néanmoins les sous entendus concernant leur « amitié » lui restèrent longtemps en mémoire une fois les mots éteints. Pour l'instant tout était encore très frais, mais peut-être un jour... un jour peut-être pourrait-elle oublier les guillemets. Un soupir quitta ses lèvres et elle dodelina de la tête. Bah, décidément l'alcool ne lui réussissait pas. D'ailleurs elle fut tellement surprise de la direction de ses pensées qu'elle ne put rebondir là-dessus. Qui ne dit mot consent ?
« Ça me va très bien. J'fréquente déjà trop d'politichiens, sûrement assez pour dix existences. Des bêtes assoiffées d'intrigues qui n'ont que de l'ambition dans les veines. Et à vrai dire ça fait du bien d'avoir des vrais gens, des personnes de sang et de sab... Des personnes réelles, du même monde que moi. »
Ça n'avait pas trop de sens, et c'était mieux comme ça. La nordique s'était arrêtée en pleine phrase, atterrée par ce qu'elle avait failli dire... Une référence à ce temps révolu et à toutes ces choses lumineuses et lointaines qui lui manquaient. Des chimères, de maigres promesses en l'air, futiles et sans importance. Soudainement pensive, Irina posa son verre avec un calme artificiel et se rabattit à nouveau contre le dossier de son siège. Tout tournait à une vitesse vertigineuse, et sa tête n'arrivait plus à suivre. Elle ferma les yeux un instant,se perdant quelque part entre les méandres sinueux d'un sommeil capricieux et le vide intersidéral qui se formait bruyamment entre ses deux oreilles. Quelque part la voix de Kalysta, ses plaisanteries et ses taquineries pleines de chaleur avaient tout doucement raison de sa résistance plus efficacement que n'importe quel somnifère. Les dernières choses qu'elle entendit, ce furent des remarques concernant la santé de leur glaçon protégé,... et puis... puis le noir enveloppant de la nuit la berça comme une couverture, et là, réchauffée par l'alcool et la présence d'une... d'une personne assez masochiste et altruiste pour vouloir échapper à toute catégorie, elle se laissa porter. L'espace d'un instant, elle n'était plus seule... Et c'était tout ce qui lui importait.
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Balance de la justice ?
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Sujet: Balance de la justice ? 
Ven 13 Juin - 20:10
