Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes

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 Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes

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MessageSujet: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeJeu 22 Jan - 13:40


Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Martea10
Mois de Famael.

Jadis, Umbriel était, disait-on, une cité grandiose et puissante, mais depuis longtemps, elle avait certainement perdu son âge d'or quelque part sous la boue visqueuse et la cendre de ses pavés brisés, elle l'y avait laissé et oublié. Ce n'était plus que de vieilles pierres enfoncées dans la terre, qui dégageaient une odeur de caveau, une odeur moite et minérale, sur un fond pénible de putréfaction. Les rares habitants qui traînaient leurs carcasses dans les rues pesantes de ténèbres lançaient des regards torves à leurs semblables et au milieu d'eux, identiques aux quelques milliers de fourmis au dos voûté qui s'y affairaient, cinq étrangers marchaient d'un pas résolu vers le temple de Bor.

Leur petit groupe, constitué après tout de gens fort simples que le travail acharné, les plans et les circonstances avaient réunis dans la même entreprise, cruciale pour la moitié du continent isthérien, ne tranchait pas sensiblement sur le décor hâve et les habitants déguenillés des souterrains, les Zélos à la peau sombre, aux visages rudes et fermés, les Lhurgoyfs, plus rares, mais dont la pâleur suspecte et crasse se détachait parfois secrètement de l'apparence des Terrans, qui quant à eux brassaient indistinctement dans l'indigence de la ville. Irina, ancienne gamine des rues, ci-devant Grande-Prêtresse de Cimméria, merci pour elle, avait profité d'une halte à l'auberge pour troquer ses vêtements de voyage contre une robe cérémonielle, qu'elle cachait encore sous une cape sans prétention en déambulant jusqu'au temple de Bor ; elle portait avec elle son fils, Aemyn, leur fils – rien qu'en lui-même Léogan avait encore toutes les peines du monde à s'en prétendre le père légitime, à vrai dire ça lui donnait presque autant de spasmes que de satisfaction – qu'elle n'avait pas pu se résoudre à laisser derrière elle. Le Yorka Kohana, garde du corps de la prêtresse, les suivait sous la forme d'un guépard et la jeune Alix, apprentie d'Irina, était vêtue aussi sobrement que son aînée. En ce qui concernait Léogan, enfin, il n'avait eu ni le temps ni le loisir de s'endimancher pour cette visite diplomatique hétéroclite dont il était le bizarre fer de lance, en son honorable qualité de traître qu'il exerçait sur tous les fronts, de meurtrier et de désormais criminel récidiviste. S'il avait revêtu une scintillante armure de plates ou un  pourpoint de velours garnis de boutons dorés, pensa-t-il avec amusement en marchant près d'Irina d'un pas plus nonchalant, certainement que tous ces nouveaux titres lui auraient valu reconnaissance et passe-droits, et peut-être même le luxe des armoiries de la grande confrérie des bandits politiques patentés. Mais enfin, dans la cavale et les combines, il disposait d'une garde-robe moins fournie et moins propre encore que ce dont il avait usage trois semaines plus tôt quand il était encore colonel de la garde prétoriale – et c'était signaler l'étendue du désastre. Il portait une broigne en écailles, surmontée de la tunique des nomades du désert d'Argyrei, d'un indigo qui tirait sur le noir, fermée par une ceinture, ainsi que d'un manteau d'hiver, d'un pantalon ample, de brassards en cuir et surtout de deux épées et de quelques lames cachées ça et là – et c'était d'ailleurs ce qu'il portait depuis qu'il avait réussi à mettre la main sur des protections convenables, autant dire que la tenue n'était pas de la première fraîcheur.
Quoi qu'il en soit, ils n'allaient pas rendre visite à la cour du roi d'Eridania et la prestance de leur petite équipée diplomatique n'avait sûrement d'égale que celle de leur hôte qui avait la bienveillance d'ignorer encore leur visite.

Malgré le fond étrangement espiègle et léger de son humeur depuis les récents événements – auxquels il avait pourtant eu sa part de choix abjects à faire – Léogan était loin d'être tranquille. L'armée des Lanetae, qui n'avaient pas encore franchement avalé la pilule, après le coup de l'assassinat de leur fille aînée, stationnait aux portes de Thémisto d'après ses informateurs et ceux d'Irina ; il avait d'ailleurs tenu à le constater de ses propres yeux. Aussi, depuis qu'il était sorti du sable de son désert, dont il avait encore la poussière dorée plein les bottes et les vêtements, et qu'il avait rejoint Irina à Phelgra, il avait redoublé de circonspection, d'autant que cette folle n'en démordait pas – elle tenait à garder son indépendance malgré ses nouvelles fonctions qui l'avaient propulsée sur le devant de la scène politique et donc en plein dans la ligne de mire des ennemis de l'ordre et de Cimméria. Elle avait fait faux-bond à la garde en quittant Hellas pour un long périple diplomatique, en n'emmenant avec elle que son garde du corps habituel et quelques veilleurs, qui couvraient son trajet à distance. Il en avait bien rigolé quand elle lui en avait parlé, mais il n'aurait sincèrement pas aimé être à la place du pauvre colonel de la garde prétoriale qui devait se la farcir, et à bien y réfléchir, il avait l'intime conviction qu'il n'avait pas fini de se faire des cheveux blancs avec cette tête dure de terreur diplômée.
Il ne payait pas de mine, avec sa barbe qu'il n'avait plus entretenue depuis quelques temps et ses longs cheveux en bataille – en fait il mimait assez bien la négligence, mais son regard quadrillait très étroitement les alentours, ses sens étaient en alerte, chaque bruit qui se rapprochait un tant soit peu d'une flèche qu'on encoche, d'un arc qu'on bande, ou d'une lame qu'on tire le faisait presque croire à une attaque, sa main effleurait sous les pans de ses vêtements la garde de son épée et son pas se calquait très précisément à celui d'Irina, qu'il couvrait discrètement de sa carrure avec leur fils. Il n'avait pas fait beaucoup de serments, ces derniers siècles, parce qu'il mentait tout le temps et qu'il n'en voyait donc certainement pas l'intérêt, mais quand il donnait sa parole, il le faisait sérieusement, quoi qu'il en arrivait toujours à des conséquences parfaitement incompréhensibles et que les apparences crient le contraire. Il n'en laissait pas paraître grand-chose mais il aurait mille fois préféré se faire arracher les yeux et crever par une charogne que de laisser une autre petite pute encouillonnée faire le moindre mal à Irina et Aemyn. Et peu importait qui viendrait essayer, Démégor en personne ou le patriarche de la famille Lanetae ; honnêtement, il n'en avait pas grand-chose à foutre, après tout ça ne changerait rien à la manière dont il irait lui péter la tronche.

En tout cas, quelle que soit la façon dont ils avaient réussi à passer inaperçus parmi les grouillots des souterrains et à arriver à destination en un seul morceau, ils s'arrêtèrent finalement devant les forges de Bor – qui émergeaient d'une des gueules béantes d'Umbriel dans des nuages de soufre en jetant toutes les lumières aveuglantes de leurs foyers ; on se figurait comme un cratère grondant, plein des bruits de marteaux qui tombaient contre les enclumes comme des cloches sonnantes.

Putain, pensa Léogan, avec beaucoup d'éloquence.

C'était sans doute la pierre la plus ancienne des tunnels sculptés de la ville, mais c'était aussi la mieux taillée, la plus finement ouvragée, et la plus colossale. Les murs noirs, lisses et polis, étincelaient et brillaient. Des colonnes massives, des statues immenses, s'élevaient pour supporter un premier fronton, puis un second, et un troisième, et sans doute là-haut perdue quelque part dans l'obscurité, la lourde voûte de la ville souterraine ; mais sous les escaliers taillés dans une roche d'un vert profond, quand on baissait le regard, on croyait également que le temple ne reposait sur aucune base, qu'il était là, naturellement, brut, creusé dans la pierre : des arches immenses plongeaient dans les profondeurs de la terre en crachant des flammes entre les passages et les volées de marches ininterrompues qui s'embranchaient sans fin.

Ils avaient traversé toute la ville en marchant dans une saleté repoussante et une misère extrême ; tomber tout à coup sur le temple du Forgeron, c'était comme rencontrer soudain un vieux fantôme, un fantôme colossal surgi des limbes d'un passé grand et glorieux, où encore le marteau frappait l'enclume, le ciseau clivait, le graveur écrivait, où on forgeait encore la lame, dans un effort atemporel, et où on fixait la garde, où s'accumulaient le béryl, la perle et l'opale et le métal forgé, le bouclier, la hache, l'épée et les lances quand ailleurs tout était gris et d'un froid de cendre.

Irina la première choisit de monter les escaliers qui menaient au grand parvis où déambulaient des prêtres et des fidèles et Léogan sortit de sa torpeur contemplative et stupéfaite pour la suivre d'un pas rapide. Ce n'était pas la première fois qu'il lui était donner d'admirer les Forges, ni d'y prier, loin de là, mais chaque fois le spectacle était intact et il ressentait jusqu'au fond de ses tripes que le feu qui brûlait derrière la pierre était le même que celui qui courait dans ses veines et le faisait vivre. C'était de ces endroits où pendant un instant, il était chez lui ; où on existait pour rien, sinon pour accomplir, pour un effort perpétuel et gratuit qui se poursuit jusqu'à l'épuisement complet des forces du corps et la froideur de la mort. Il rêva un instant à la franchise parfaite et à la spontanéité brute dont il souhaitait cet endroit investi, comme un gosse émerveillé, en s'offrant le luxe fugace de faire semblant que les hommes y étaient différents, et il s'avança sur le parvis du temple avec la prêtresse.
Il fallut passer plusieurs lignes de défense avant d'y entrer à proprement parler, en vérité, et présenter patte blanche à quelques hautes portes d'airain pour pénétrer un hall tiède aux dalles sombres, paisible, bercé par les battements de métal sourds et réguliers de la fourmilière sur lequel il était installé, et où quelques silhouettes priaient dans la pénombre des torches – les secrets de Bor étaient bien gardés et au fond d'Umbriel comme ailleurs, peut-être plus particulièrement au fond d'Umbriel, la méfiance régnait sans partage.

La tension qui tenait leur petit groupe aux aguets se relâcha doucement tandis qu'ils avançaient dans la salle monumentale et au bout de longues minutes de contemplation silencieuse, Léogan remarqua que la piété sincère d'Irina l'avait emportée dans une méditation profonde et il lui glissa qu'il allait s'occuper de trouver à rencontrer leur hôte.
Il la laissa sous la vigilance infaillible du guépard et sous le couvert de ses sentinelles qui s'étaient postées stratégiquement dans le hall – et approuvant silencieusement les dispositions discrètes qui étaient prises, il approcha un prêtre qui vaquait à disposer des ouvrages de métal luisant dans des niches de pierre. Il l'accosta dans l'obscurité en baissant le visage, le regard gravement fixé sur les traits forts du jeune homme.

« Je suis venu avec l’Œil de Kesha m'entretenir avec le Haut-Prêtre, s'introduit-il, à voix basse, en désignant Irina d'un signe de tête. Peut-il nous recevoir ? La Dame est en plein recueillement, mais je suis son ami, je parlerai en son nom le temps qu'elle achève sa prière.
– Je vais voir s'il peut vous rencontrer, répondit le prêtre, avec autant de précaution, mais si vous ne l'avez pas sollicité d'avance, la Main de Bor...
– Qu'il n'interrompe pas son travail, je peux patienter, coupa Léogan, qui n'avait pas envie de s'étendre sur les raisons pour lesquelles ils conchiaient aujourd'hui le protocole – ce qui ne sortait, à parler franchement, pas de ses habitudes en ce qui le concernait.
– Qui dois-je annoncer ?
– Hé bien, dites-lui... Nous avons... Chassé ensemble le colosse, il y a quelques mois. Dites-lui que je suis ce Sindarin idiot qui s'est cassé les dents en tentant un rodéo avec un Argora... marmonna Léogan en se rappelant l'épisode avec un sourire d'autodérision. Il comprendra. Je doute qu'il se souvienne de mon nom. »

C'est ça, ouais, pourvu qu'il se rappelle pas ton nom, mon grand, maintenant que la plupart des connards du continent qui veulent se faire un peu de blé le crient sur tous les toits. Te v'là célèbre, maintenant, garçon !
Il n'était pas officiellement recherché à Phelgra, mais en matière de rémunérations sonnantes et clinquantes obtenues par des moyens douteux, il n'avait aucune confiance en ses habitants – et si ce n'était pas par préjugé, c'était pour y avoir vécu et vécu de la même façon qu'eux. Il était déjà heureux de n'avoir pas un physique facilement identifiable et que cela ne facilitait pas les recherches : il n'était pas écrit sur son visage ni sur sa carrure qu'il était  Sindarin, ses oreilles pointues étaient souvent dissimulées sous la broussaille de sa tignasse et pour le reste, allez donc vous mettre sur la piste d'un type aux cheveux noirs sans distinction particulière ni relation connue qu'on n'avait quasiment jamais vu ou remarqué aux réunions officielles. Il leur faudrait bien du courage, aux chasseurs de prime.

Le prêtre, enfin, le salua, Léogan lui retourna son salut d'un geste brouillon, et il disparut dans les hauts couloirs du temple en quête de son maître.


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Jeu 3 Sep - 17:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeSam 24 Jan - 11:32

    Brom ode’Bahalmarche, forgeron et main de Bor respirait le feu et murmurait à la forge lorsque le jeune prêtre entra sans frappé, de tel mesure étant innocemment stupide lorsque le marteau résonne sans fin sur le métal qui ne daigne ployer que sous les charges répété et folles d’un marteau symbole du Dieu lui-même. Pourtant tout est précis, tout est cadencé comme un cœur qui bat dans l’effort fou et la démesure d’un instant final, d’une fraction de seconde où le plaisir et l’effort viennent se mêlé pour vivre.
    Puis, quelques instants et le cœur se calme, ralenti et respire, le métal hurle posé là dans l’eau qui bouillonne, la trempe est rude cette fois-ci, pas de glaise, on cherche la bénite, il faut la figé l’état n’était stable que cette instant dont nous avons parlé, mais, dans sa violence et ses instants difficile, le forgeron peut sentir le métal devenir, et sourire, car il ne sera plus une simple pièce, il sera une âme, et une âme se construit toujours dans la douleur.

    Quelques mots sont échanger, rapide, et le prêtre repart, traversant les couloires comme une flèche, il a déjà longuement fait attendre l’homme qui a allumé les yeux du maitre, et se petit sourire en coin, il ne sait pourquoi mais quelque chose lui dit qu’il ne doit pas le laisser seul, que le maitre ne le veut pas, pourtant plusieurs dizaines de minutes se sont déjà écoulé, pas vraiment par le trajet, qui bien que magnifique est tellement connu du prêtre qu’il s’y oublie et marche comme un fantôme au milieu des tableaux, mais simplement car on interrompt une œuvre que lorsqu’il y en a possibilité. Alors en sortant d’un couloir comme un autre qui mène sur la grande salle il soupire en reconnaissant la chose de barbe et vêtement usé. Car même après des heures d’efforts, même au milieu de l’odeur du combat entre le métal et l’homme, aux yeux de tous –non seulement aux tiens- l’envoyé de Bor à plus de charisme et de prestance que cet énergumène dont la présence pourrait étonner surtout aux coté de l’œil de la Déesse.

    D’un signe de main, et sans paroles inutiles il lui indique le chemin. Mais le lieu contrastait tellement avec la simplicité des hommes que personne ne pouvais simplement faire attention à lui. Au plafond, éclairé par des pierres étranges des scènes de la vie de Bor et de ses hérauts. Au mur des milliers de petites loges où était présenté des armures, des coupes, des épées et des bijoux qui pouvais valoir bien plus cher que la vie d’un homme dans ces rares pays où elle a pas de prix.

    Ici une épée, là un vase en fine porcelaine cuite dans les fours et le rythme connu de tous ceux qui connaissait la main commençait à vivre. Le dédale de couloir qui constituait les premiers six mois de l’apprentissage des novices qui perdrait sans compromis quiconque n’avait de guide atténuait les sons. Pourtant il n’y avait de doute, là bas, au tréfonds de CoeurVent, bien loin sous ses pieds, le métal prenait la vie que le marteau lui insufflait avec adresse. Le battement avait repris depuis que l’homme avait quitté la forge, probablement pour quelque chose sans importance car le forgerons ayant connu tant de chose se savait visiter. Soupire et murmure, battement qui résonne et échos fou d’un crie que seul la matière inerte prenant vie peu fournir, voilà ce qui remonte de ses longs escaliers, voilà ce qui parcoure l’échine des hommes qui descendes et se retrouve face à une fantastique porte probablement fabriqué pour laissé le passage à un démon ou un monstre. Entre ouverte, elle ne laisse pas l’instant de folie qui permet de se demander si il sera possible de l’ouvrir à la question, il faut quelques hommes en plus de Brom pour que ses portes daignent laisser passer le vent et les sons sans trop d’effort.

    La derrière les portes le prêtre repart attendre la Dame qui se recueille alors qu’un certain Léo est laissé dans l’immensité de cette cave. Creusé, excavé dans la roche, cherchant toujours à devenir plus grande, elle s’étend jusqu’à des dizaines d’autres portes du même acabit que la précédente qui semble se distribué sans grande prétention architectural, juste face à cette fantastique forge et ses feux rougoyant que chacun perçoit suivant son habitude et sa maitrise de ce genre de lieu. Car tout y est enchevêtré et si vous connaissez les pierres à eaux qui servent à l’aiguisé vous les trouverez, si vous chercher un bec d’enclume il sera là.
    Mais si vous ne chercher rien, alors vous ne verrez que Brom assis à cette table, sur un fauteuil tout de métal le son du marteau étant celle d’une presse et d’un soufflet perpétuellement entrainé par les eaux détourné pour servir à la forge. Le titan lui est assis à cette table, regardant une garde, ou plutôt une âme, cherchant les planchettes qui serviront à sa rotondité et choisissant déjà du coin de l’œil trois bandes de cuire … Le reste de l’arme, disparaissant sous la table, n’est pas visible aux yeux du Sindarin. Et, si le coté de Brom semble étouffé sous les objets diverse, le reste de la tablé contient juste des chaises, un nombre conséquent de tasses diverses toutes plus finement ouvragé et deux théières ainsi que divers plats de pâtisseries au miel et aux amandes qui viennent de lieux reculé que l’homme a surement visité par le passé.

    Puis le géant lève enfin les yeux vers l’homme, indique la table et fait émerger du tas de cuire et de bois un saladier qui entre ses mains ressemble à une tasse et, en prenant une gorgé, il commence ce qui reste une de ses choses favorites, parler :


    -“Tu as bien changé l’ami, et je n’ai pas de souvenir qu’a cette époque où nous nous somme croisé tu fusses au service de gens si précieux, enfin officiellement. Belle monté en grade, ceci dit je ne t’aurais pas reconnu sur les papiers qui circules, nous somme dans le fief de certain chevaliers qui ne t’aime pas tant que ça, chance que ton visage ai du mal à rappeler celui des papiers. Dommage pour toi que ce qui m’est rappeler ton nom dut un de ces dit bout de déchet sur lesquelles ont dessine mal. Rassure toi je n’ai pas assez besoin d’argent pour t’embêté avec ça, ce qui n’est probablement pas le cas de tout le monde ici.

    Comment vas-tu depuis le temps ? Et surtout, soyons directe qu’est ce qui vous fait venir ici avec une autre personne qui n’a tellement rien à faire ici que j’aurais put rater mes dernier coups de marteau si je ne l’avais pas appris après ma trempe. Sincèrement, vous êtes devenues fou à Héllas ou c’est une drogue que vous prenez en forte dose ? Parce que si le but est de me laissé pantois c’est fait, je pensais que la guerre n’aurait pas lieux tellement elle était gagner pour la cité des glaces, mais si vous joué aussi finement que cette débandade de mercenaire elle aura en fait lieu …

    Serre toi de thé et de gâteau, la théière rouge est un thé sauvage des femmes que tu connais, très fort le gout est particulier, le second est une petit merveille du duché de celle que tu sers maintenant, moins fort il permet d’apprécier tout les petits gâteaux. Serre toi et raconte moi tout ça, et ne t’embête pas, parle la bouche pleine ton visage me dit que la nourriture n’était pas ta principale préoccupation ces dernières semaines.”

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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeJeu 29 Jan - 13:51

Léogan avait un souvenir feutré et mystérieux du géant qui habitait ces forges et faisait vivre encore le fantôme de la grandeur passée d'Umbriel, en mouvant son corps immense, ses courbes incroyables dans l'effort, pour frapper le fer rouge sur l'enclume, et son imagination se plaisait déjà à composer ses muscles qui gonflaient et roulaient comme des montagnes de chair, ses épaules immenses, sa poitrine et son cou de taureau qui enflaient... Mais quand il entra dans la forge du maître, il le trouva simplement assis à son bureau, colossal comme dans sa mémoire, mais plus resplendissant chez lui, où tout prenait une dimension de cathédrale pour convenir à ses proportions fantastiques – quand parmi la troupe de bras cassés qui avaient suivi le chemin de traverse pour Elgondor, sa présence massive n'avait fait qu'accentuer tout le grotesque de leur équipée. Ici, il faisait plus de clarté, il semblait pareil à son dieu, d'une force toute-puissante.
Et quand il parla, de sa voix profonde et vibrante comme le tonnerre qui gronde au loin, ce fut avec la même affabilité joyeuse qu'autrefois, Léogan ne put s'empêcher de se sentir plein de légèreté. Il avança dans la pièce d'un pas nonchalant, les mains plongées dans les poches de son long manteau, et s'esclaffa silencieusement aux pensées perspicaces et mises cocassement en paroles par cet industrieux créateur. Quand Brom acheva, avec une invitation expresse à passer à table, le regard de Léogan fondit sur les plats et les théières, puis sur le lourd bol du géant qui savourait son breuvage d'un air de plaisir difficilement déchiffrable sur sa trogne surprenante. Son odorat de Sindarin lui donna presque le tournis – cela faisait longtemps qu'il n'avait pas senti de si fortes odeurs de nourriture d'une seule lampée d'air – et un long borborygme s'échappa de son estomac, qui convint plus vite que sa parole aux dires du forgeron.

« Haha, en effet ! s'exclama-t-il, dans un rire lumineux. Bonjour, Brom. » Il lui offrit son sourire le plus chaleureux, qui transfigura un bref instant ses traits ternes et émaciés en un visage   d'une flamboyance sereine et simple, mais il le quitta presque aussitôt pour sa mine narquoise habituelle. « Oui bonjour quand même, hein, puisque j'm'asseois sur toutes les autres politesses... »

Ce disant, il choisit sans hésiter la théière rouge, dont il ne connaissait pas le breuvage et qui lui avait aussitôt inspiré de la curiosité – Léogan était après tout quelqu'un qui faisait toujours les choses un peu vite : il apprécierait les gâteaux servis là à sa manière. Il considéra ensuite l'assemblement hétéroclite de tasses, en porcelaine, en bois, émaillées, gravées, de toutes les formes, qui racontaient des histoires, et d'un geste moins sûr, il attrapa une tasse évasée en grès recouvert d'un glacis craquelé, bleu profond, qu'il détailla avec l’œil curieux du néophyte. Tout ce raffinement le laissait à la fois admiratif et perplexe ; il ne savait qu'en penser. En tout cas, nota-t-il, en faisant aller et venir son regard entre la charpente bizarre et massive de Brom et sa vaisselle finement ouvragée, ce contraste était assez amusant à observer.
Il se servit finalement du thé des Eryllis, avec tranquillité, et prit le temps de le goûter avant de répondre à son hôte. Il fronça des sourcils. Il était bon. Très fort. Le breuvage avait beaucoup de corps, une attaque végétale, où on sentait le métal, le minéral et le cuir, une vive astringence au milieu de la bouche, puis un souvenir plus doux et sucré.
Il hocha la tête avec satisfaction pour remercier Brom et s'assit enfin sur une chaise ouvragée en chêne, sans y avoir été particulièrement invité – c'était fou, comme chaque objet ici semblait avoir été marqué par la main d'un génie créateur. Il laissa sa main caresser soigneusement les gravures fines du bois et puis, il prit la peine de répondre au géant.

« Je vais bien. Autant que faire se peut ! J'étais colonel, tu sais, la dernière fois qu'on s'est vus, seulement, il n'aurait sans doute pas été sage de le tatouer sur mon front et de le crier sur le territoire des dames de la forêt – aujourd'hui je suis plus qu'un grouillot apparemment sans foi, ni loi... Ni droit. Mais le pouvoir se fiche bien de ce qui est officiel et de ce qui ne l'est pas dans la pratique, haha ! ricana-t-il. Il y a des lois au-dessus de ça, des lois cachées, auxquelles il obéit et qui font de moi... Hm, disons quelqu'un d'utile. Et quelqu'un de dangereux. D'autant plus dangereux. Et d'autant plus en danger, par conséquent. Mais je ne peux presque compter que sur moi-même. C'est comme ça. »

Il haussa les épaules avec désinvolture et but une gorgée de thé en sortant de sa poche un avis de recherche qu'il avait glané sur un mur d'Umbriel et qui avait tenté, avec sans doute toute la bonne volonté du monde, de le représenter de faciès – il avait bien peur que sa pauvre mère en jetant un œil sur ce torchon, ne l'aurait pas reconnu et aurait même crié à l'imposteur pour défendre le bien de la famille.

« C'est le nez, expliqua-t-il, en suivant du doigt le trait osseux du sien, ils sont incapables de l'dessiner comme il faudrait, et un nez, vu qu'c'est planté au milieu de la figure, ça peut faire toute la différence comme brouiller toutes les pistes... ! »

Il fourra finalement l'avis de recherche dans une de ses poches profondes où il se froissa sévèrement, et cueillit la tasse qu'il s'était servi avec plus d'enthousiasme, tout en poursuivant ses sarcasmes dans un élan inspiré :

« Y m'ont jamais franchement aimé de toute façon, cette bande de monteurs de canassons, dit-il, en se massant distraitement l'omoplate qui gardait encore la marque de leurs flèches, qui avait mal cicatrisée de très longues années auparavant. Et puis assez d'arabesques, en toute honnêteté, je les ai jamais aimés non plus. C'est l'apocalypse au garde à vous, leur cavalerie, et pire, ils se prennent au sérieux. Si on les écoutait, on se taperait dessus en rangs d'oignons pour mériter une place quelque part, non vraiment... Ils sont pareils aux autres. »

Il fit signe que cela n'avait pas grande importance.

« Enfin bref ! J'espère que je ne t'attirerai pas d'ennui, ça m'emmerderait sincèrement. Mais j'ai pris mes précautions pour les autres et je sais pas, c'est peut-être un préjugé stupide, mais j'me suis dit que... Bor se fiche bien de notre justice, que je sois colonel ou accusé deux fois de haute-trahison, ça ne fait aucune différence pour lui... Ni pour toi. »

Il s'interrompit un instant et garda son regard fixé sur le visage frappé au burin de Brom, qu'il observa très pensivement, avant de tirer un mince sourire.

« Content de voir que tu es bien l'homme que je pensais. »

Il inclina doucement son chef pour remercier le Forgeron pour le geste d'amitié qu'il lui offrait sans rien demander en retour que des réponses naturelles aux questions qu'il se posait, comme la plupart des gens informés du continent. Il n'était pas difficile de tenir Brom en bonne estime, d'autant moins quand il déployait une tablée de victuailles devant un estomac qui criait famine.
Léogan avait bien du mal à cacher son enthousiasme, tandis qu'il couvait du regard les plats débordants de pâtisseries, et à force de les envisager comme des curiosités d'un autre monde, il finit par se souvenir qu'il y avait longtemps qu'il n'avait pas éprouvé de faim aussi monstrueuse. D'usage, il mangeait peu et se contentait de trois fois rien ; pourtant il y avait eu des jours lointains, bien avant Cimméria, où, il se le rappelait à présent, il avait eu le goût des grands festins et des joies de la nourriture. Et ce souvenir ne faisait que décupler son appétit.
Au bout d'un moment, il finit par se jeter comme le malpropre affamé qu'il était sur des gâteaux bombés à la pistache et aux amandes qu'il engloutit prestement, avant de tourner son regard sur des choses enrobées d'un sucre blanc, qui sentaient d'ici le citron et qui ne tardèrent pas à lui fondre dans la bouche. Il n'eut plus conscience de la présence pourtant massive du haut-prêtre devant lui pendant quelques minutes, où il dévora tout ce qui se présentait à sa portée comme un gosse qui prend à peine le temps de déguster, trop impatient de goûter à ce qui l'attendait encore sur la table. Il se sentit rapidement pesant, cependant – sa constitution sèche, et amaigrie ces derniers temps, supportait péniblement ce rythme effréné et les proportions prodigieuses de son repas – et il se replia sur le thé, en relevant finalement un regard reconnaissant et espiègle à son bienfaiteur de circonstance.

« Brom, mon ami, tu es un saint. » lâcha-t-il joyeusement.

Il poussa un soupir de contentement et avala une longue gorgée de thé sauvage, affalé sur sa chaise sans manière. Il s'essuya la bouche et adressa un sourire complice à son hôte.

« Mais oui, on n'est pas v'nus risquer notre peau ici spécialement pour te faire du gringue, la dame et moi. »

Il rit et acquiesça d'un signe de tête à l'invitation à parler sans tarder que le géant lui avait faite. Il était rare qu'il puisse éviter les ronds-de-jambe auxquels ce genre de rencontre était propice sans déclencher des œillades sévères, des grimaces pincées et autres réprimandes méprisantes. De toute façon, si la courtoisie débonnaire de Brom n'avait pas son égal, il ne s'était pas adressé à Léogan comme un grand homme à un criminel, il n'avait visiblement que faire des conventions qu'imposaient les rangs en société ni de l'importance que son statut lui prêtait parmi les hommes.
Léogan s'amusait aussi de penser qu'il devait y avoir quelque chose de troublant, peut-être même de dérangeant, pour l'élite mondaine, à être confronté à un homme tel que lui, qui tenait quelques distinctions de sa qualité passée de colonel, mais qui avançait désormais à visage découvert, comme n'importe quel détrousseur de chemin, quelque chose qui rappellerait à toutes ces bonnes gens ce qu'ils étaient vraiment derrière leurs masques ; et pour lui, à bien y penser, les rencontres à venir avec tout le gratin de la haute s'annonçaient très piquantes.
Il ravala le sourire sardonique que lui inspirèrent ces réflexions, avisa des fleurs de jasmin au miel avec une curiosité plus innocente et plus avide, et en choisit une, tandis qu'il se préparait à sortir le grand jeu à Brom – son grand jeu à lui, plein d'ennui et de grotesque, parce qu'il n'arrivait décidément pas à tenir un rôle tragique dans ce qu'il vivait comme une très vaste bouffonnerie.

« A Hellas, ils n'ont pas changé, entreprit-il d'abord de corriger, par souci de poser les bons griefs aux bonnes personnes. Ce sont les mêmes têtes de pioche qui passent leur existence à se foutre sur la gueule pour un oui ou pour un non, pour des désaccords politiques, des valeurs ou leurs intérêts personnels. Le temple a voulu mettre sa diva, Elerinna Lanetae, à la porte mais... Elle ne l'a pas entendu de cette oreille et elle est montée sur ses grands ch'vaux comme d'habitude. J'me suis chargé de l'en faire descendre. Elle est morte. Bon. »

Il s'appuya contre le dossier de sa chaise et haussa les épaules avec agacement. Il n'avait jusque là caché à personne qu'il était coupable de la mort d'Elerinna, et il était prêt à en répondre avec autant d'indifférence à n'importe qui – sauf peut-être à sa fille. Il chassa cette perspective difficile d'un signe de tête et fit rouler le thé doré, limpide et fumant au creux de sa tasse pour en observer la couleur à la lumière vacillante des flammes qui grondaient dans les foyers.

« Je sais pas ce qu'elle comptait faire exactement, annonça-t-il finalement, avec une amertume chargée de colère, mettre le pays à feu et à sang pour se venger ou reprendre le pouvoir par la force... Quoi qu'il en soit, elle était vouée à perdre, par stupidité ou par folie, je t'en laisse seul juge. Seulement, sa famille a tout perdu, son héritière, ses droits, ses domaines, et ces gens-là ont assez d'ego pour tout balayer sur leur passage avant de disparaître pour de bon. »

Ses lèvres se tordirent en une petite moue répugnée et agita sa main d'un mouvement sec pour manifester son dédain. Il savait assez bien quelle absurdité marquait les guerres, qu'il n'y avait rien qui vaille de se massacrer sur un champ de bataille que la vie elle-même sans doute – et c'était ce pourquoi il apportait son concours aux défenses de Cimméria – que la guerre, enfin, ce n'était que ce moment où l'avidité et l'orgueil des hommes perdaient tout à coup l'usage hypocrite des mots et montraient leur vrai visage ; brutalité bestiale, dérision absurde, violence stérile jusqu'à la destruction. Penser que les Lanetae pensaient plutôt que l'existence de leur fille et leur position sociale déchue valaient de raser des villes et de brûler des villages, et qu'ils avaient le front de dire qu'ils agissaient pour l'émancipation des races pensantes, ça satisfaisait cruellement l'intelligence cynique de Léogan presque autant que ça l’écœurait.

« J'ai quasiment plus rien à voir avec ce qui se passe là-bas, conclut-il, avec un soupir. Quasiment, c'est pas assez pour ne plus jamais y fourrer mon nez évidemment... D'après ce que je sais, jusqu'à ces derniers jours, où les cavaliers de Sharna ont apparemment décidé d'organiser le grand festival des glandus en colère à Thémisto, le général de Cimméria a dû lutter contre les escarmouches de l'armée des Lanetae qui, puisqu'elle est essentiellement constituée de mercenaires, a pu se morceler et jouer la carte de la guérilla. En plein hiver, dans le grand nord, confirma-t-il, avec un sourire froid, presque blafard de scepticisme. Oui, ils ont dû bien s'amuser. Je pourrais pas te dire ce qu'il reste de leurs effectifs, mais ils ont fini par migrer vers Phelgra et, s'il n'y a aucune certitude quant à une alliance militaire entre Démégor et eux, les Sindarins et leurs mercenaires ont trouvé asile sur leurs terres. »

Il leva la tête et fronça les sourcils d'un air soucieux, puis il renifla et s'estima satisfait du bilan qu'il venait de déblatérer presque sans discontinuer. Il se resservit une tasse de la théière rouge et fondit comme un rapace sur trois ou quatre cornets aux amandes qui exhalaient une délicieuse odeur de fleur d'oranger. Il se les enfila tranquillement, comme s'il s'occupait très méthodiquement de se faire des réserves pour les frugales semaines à venir, à la façon d'un dromadaire qui se gonfle d'eau comme une outre avant de traverser le désert ou d'un pingouin qui reconstitue ses réserves de graisse, laissant loisir à son imposant interlocuteur de réagir à tout ce qu'il avait dit jusque-là.

« Voilà, vous j-êtes j-au courant, conclut-il, avec beaucoup d'élégance, avant de déglutir. J'ai plus grand-chose à voir avec Cimméria, dieux merci, mais je suis... Très proche d'Irina Dranis. J'ui ai donné rendez-vous dans un p'tit village pas trop loin alors qu'elle courait de rencontre diplomatique en rencontre diplomatique chez des gens très j-importants, et j'ui ai dit : 'Irina, annonça-t-il soudain, avec un effort de théâtralité subit, Irina, chérie, si tu veux pas être trop dépendante de tes alliés, dans le cas où tous ces gus décideraient de vous envahir comme des malpropres, faut militariser tout l'bled illico-presto.' Le maire et l'général s'occupent déjà des infrastructures – mais l'armement, Brom, l'armement des troupes cimmériennes est désespérément arriéré, pas adapté, en tout cas, à la guerre, la vraie, ou à une rencontre de front avec les cavaliers. »

Il reprit son souffle et se tut un instant, trempant un autre biscuit dans sa deuxième tasse de thé, secouant la tête, imitant sans même y penser l'air soucieux et agacé qu'avait pris Irina quand il lui avait exposé ledit problème.

« 'Bon, bon !' qu'elle me dit, 'Qu'est-ce qu'on fait, alors ?' Qu'est-ce qu'on fait alors... ? répéta-t-il, lentement, en réfléchissant lui-même. Il faut faire produire de l'armement en masse, et pas de l'armement de peigne-cul. Y s'trouve que par chance, j'ai rencontré le maître des plus grandes forges du continent y'a quelques mois, et qu'on s'est bien entendus. »

Il glissa un sourire entendu par-dessus sa tasse de thé au-dit maître des plus grandes forges du continent et s'accorda une pause pour se rafraîchir le gosier. Quand il émergea de son breuvage, qui lui laissa en longueur des notes douces de vanille et de fruits jaunes, son air de gamin gouailleur s'était un peu évanoui sur son visage. Il dévora un autre biscuit au miel en songeant nerveusement à Irina et en mettant des miettes partout, s'essuya les mains sur son vêtement, s'épousseta et soupira profondément.
Il observa très attentivement le forgeron assis en face de lui, son large corps, noueux comme un très vieux chêne, droit et digne, et sa grande figure resplendissante de noblesse. Il inspirait tellement confiance que c'en devenait presque louche. Mais Léogan n'avait pas le temps d'écouter la voix nasillarde de sa paranoïa, à laquelle il préférait l'intonation forte et convaincante d'une intuition qui lui disait qu'il pouvait croire en cet homme-là – il passa outre.

« C'est pour ça qu'on est là. On a besoin de ton aide, Brom, et de celle de Bor. J'ai... commença-t-il, avant de froncer les sourcils. Il faut qu'elle soit en sécurité. Qu'ils soient en sécurité, corrigea-t-il, en masquant difficilement sa gêne. Enfin bref. »

Il toussota et déporta son regard sur la silhouette noire de l'immense presse à eau, à l'ombre des flammes, que seule la main massive de Brom semblait à même de mouvoir. Il resta absorbé par sa contemplation, les yeux sporadiquement aveuglés par la force des flammes qui brûlaient plus vivement un court instant dans leurs foyers larges comme des monuments, avant de se rendormir dans une tiédeur plus douce. Il faisait une chaleur infernale ici. Le cuir épais dont semblait cousue la peau tannée du grand forgeron luisait d'une fine pellicule de sueur mais il bougeait avec une aisance indifférente, tandis qu'il buvait très civilement dans sa tasse monstrueuse. Léogan ne souffrait pas non plus de la température – il était habitué aux fortes chaleurs depuis longtemps déjà – mais il fit une halte dans ses réflexions et dans son joyeux festin  pour se débarrasser de son manteau d'hiver puis il tira un peu sur les pans de sa tunique pour se ménager un peu de confort.
Après ces quelques instants de silence, les yeux noirs de Léogan se braquèrent à nouveau sur le faciès de glaise du forgeron, avant de reprendre la parole d'une voix que la longueur du discours commençait à rendre rauque :

« On ne fait pas la guerre... Avec des armes rouillées, montées à toute berzingue dans la forge la plus proche pour résister et survivre juste... un instant de plus, hésita-t-il, en se frottant la barbe à pleine main, le front plissé, pour se laisser quelques instants de réflexion. C'est plus grand que ça. C'est plus dur que ça. J'ai besoin que les soldats d'Irina portent une arme vraie, qu'ils la comprennent, qu'ils sachent quoi en faire, qu'ils aient confiance en eux grâce à elle et qu'ils aient espoir. J'ai besoin de tes forgerons et de tes maîtres d'armes, pas seulement parce qu'ils sont les meilleurs, mais parce que ce sont les plus nobles et les plus sincères. »

Le regard opaque et froid de Léogan se chargea d'orages, étincela de foudre et vrilla comme un coup de tonnerre en se levant vers Brom. Évidemment, au milieu de sa bâfrerie gargantuesque, le moins qu'on puisse dire, c'est que ça perdait un peu de son effet, mais même en engloutissant des gâteaux comme s'il n'avait pas mangé depuis trois ou quatre jours, il s'était tout à coup senti terriblement sérieux – sérieux comme un magistrat, absolument, et il avait tenu à ponctuer comme il convenait son petit discours. Il inclina la tête – pas seulement pour avaler une gorgée de thé et s'éclaircir un peu la voix : il n'avait pas l'habitude de parler aussi longtemps et d'être prolixe à ce point, surtout que que ces derniers jours, il n'avait eu l'occasion que de lâcher quelques monosyllabes à des inconnus, mais il se sentait étonnamment enthousiaste. Du moins il mit dans ce geste simple un respect rare, dénué d'ironie ; car à défaut de croire sincèrement en toutes ces valeurs chevaleresques, il était conscient que les hommes, eux, y croyaient souvent et qu'en des époques troublées comme celles-ci, où la guerre charriait des désastres putrides, des charniers inutiles et des manœuvres pernicieuses, cela pouvait faire toute la différence. Et peut-être même qu'au fond de son cœur, dans le feu d'une action audacieuse et vaillante, il parvenait à éprouver quelque chose de semblable, mais cette espèce d'action n'advenait hélas que quelques fois, par accident, et souvent... Dans un élan de stupidité époustouflant.
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeMar 10 Fév - 12:58

    Léogan Jézékael en homme perdu avait sut voir la vérité, le triomphe tout puissant, l’absolue et le plein qui peuple les choses, les plus nobles, les plus grandes forges, les plus droits, les superlatifs ne manquaient pas lors du discours de l’homme. Car c’était un discourt, une prise de parole entrecoupé de grognement, de sourire de petites phrases aussi simple qu’un amical “ne t’étouffe pas”, “J’en fais ramener d’autres si tu veux, personne ne vas te les voler”, “Moi c’est ceux là que je préfère, mais je comprends …” et toutes ces banalités qu’on peu sortir avec un sourire de vieil homme si sympathique et calme, si plein qu’on ne pourrait que regretté de ne pas le considéré noble.
    Pourtant Brom, dans toute sa grandeur ne faisait que sourire avec ce petit coin de lèvre amusé à cette avalanche de compliments qui, bien que véridique, lui sembla démesuré. Un sourire pour les plus grandes forges, un autres pour ses armes, il en avait à revendre inscrit sur ce visage étonnant creusant différentes fossettes, différentes joies. Il le laissa finir et prit la parole à son tour car dans la noblesse il y a l’écoute et le conseil, une suite, pas un amas.


    -“Je dois dire que tu m’étonne gamin, si je puis encore appeler un être de ta race gamin, vous ne faites pas votre âge et pourtant, là, à cette instant, tu semble à une petite chose perdu. Sache qu’ici n’est pas un lieu où se perdre, ici comme ailleurs tout est dangereux, perd toi dans le désert, dans les îles, mais ici c’est le monde, il n’y a pas de quasiment qui tienne surtout avec un nez aussi peu différent que celui d’un malfrat qui nous est inconnu à nous deux mais qui est quelque peu … rechercher de par ici. Les erreurs sont si vite arrivées.

    Donc si tu veux juste la protéger tu arrête tes connerie, tu la kidnappe, la met dans un coin de ton chariot, et tu dégage au pied lever. Si tu veux la protéger tu te débrouille pour qu’elle ne fasse pas l’andouille sur une ligne de front, tu donne rendez-vous au forgerons dans un autre lieux qu’au milieu des troupes ennemis, tu trouve des alliés avec une armée déjà bien entrainer et tu les pose devant ta porte avec leur sourire et leur lance, et tu ne fait pas du gringue à vieil homme chez lui en lui balançant une flopé de compliments qui sonnent trop faux.

    Donc je ne te comprends pas, et ceci même si c’est comme d’habitude la femme qui porte la culotte, et qu’elle a décidé que … Si ton seul vœux est de la protéger soit tu es plus bête qu’Elérinna, soit ce n’est pas vraiment ton but, non ton but c’est de l’aidé, de la voir vivre, et pas de la protéger. Car si j’en crois ce que je sais d’elle, elle ne vivra pas protéger, donc tu veux l’aider à vivre … Tu t’occupe des seins et du joli minois elle s’occupe de ses fesses ? Et dire que je parle d’une des femmes les plus influente au monde … Comme si ça changeait les choses.”


    Il sourit de plus belle, en vérité, malgré toutes ces choses balancer avec fougue il aimait bien le gamin, et il aimait bien l’action du couple. Certes tactiquement c’était une aberration, et une aberration comme on n’en fait jamais même pour surprendre ses adversaires, car il y a plus simple, plus sur et tout aussi surprenant. Ils apprendront de toute façon que les forges tournent à plein régime que des maitres d’armes sont partie et que l’Or est arrivé dans les coffres de Bor. Alors faire la réunion ici ou ailleurs. Mais ce qu’il aimait c’était cette volonté d’avancer dans l’adversité, et de vivre, et pas simplement de survivre. A première vue ce n’était pas vraiment la sienne, mais pour une raison inconnu, surement un grand mot tel qu’amour, la donzelle avait réussit à lui transmettre …
    Alors qu’il le laissait répondre à son agressive première partie, bien que prononcer comme à son habitude, tel un vieil homme qui tapote la tête d’un gamin qui fait les choses qui lui ont cassé un bras par le passé mais appris beaucoup, il se surprit à pensé que ce camps était beau et que, si un jour il repartait en guerre, arme en main comme par le passé, ce serait avec des hommes comme eux, vivant, chassant … Emplie.

    Il s’ébroue pour chassé cette idée, chose étonnante qu’une masse de plusieurs quintaux qui frissonne et bouge pour chassé une idée ? Certes mais après tout quel importance, dignement posé au font de son fauteuil ce n’est pas un petit frisson qui pourra briser la gangue de noblesse que Léo à lui-même posé autour du forgeron alors qu’elle existait déjà.
    Puis il reprend, car il n’est pas là pour parler politique, pas là pour des demies vérités, il est simplement Brom, grand prêtre de Bor et premier forgeron, maitre d’arme et de part ça légèrement tacticien, apte à jouer en leur faveur.


    “Maintenant passons aux choses sérieuses, j’ai des armes gamin, des centaines plus ou moins bien faites mais qui tiendrons le coup et qui sont entreposé dans ces catacombes de ce temple, j’ai même plus d’arme que vous ne pourriez en rêver car on ne forme pas des forgerons et des artisan en leur faisant faire du tricot et refondre un alliage d’arme, qui est construit en couche, est une imbécilité sans nom. Ou du moins tant que l’argent pour acheté du métal est là. Mais ce que tu me demande est impossible, des villageois, ton armé, personne n’aura une vrai arme à laquelle il pourra faire une total confiance. Certes tant que tu la tiens par le bon bout elle pourra tuer. Tant que tu la manie avec un peu de dextérité tu pourras vivre, mais je n’ai pas le temps d’équilibré même trois cents armes pour la main de leur propriétaire futur, je n’ai pas le pouvoir de refaire les gardes qui sont mal positionné par rapport au style, je n’ai pas assez d’homme pour faire des armures comme je les fais pour les hommes de la première Phalange, sur mesure pour leur style de combat.

    Donc je ne vais pas te vendre du rêve, je ne vends jamais de rêve, je vends du bon acier, de la bonne arme pour laquelle je rêve de trouver le juste propriétaire, mais je vais surtout pouvoir te vendre de l’arme d’apprenti, certes elles sont belles, elles coupent, elles tranchent, elles taillent, elles percent et tue, sinon je les massacres. Mais pour moi cette vente sera ni plus ni moins qu’une vente classique car elle ne sera pas dans mon rêve, dans mon espoir de fabrication, encré dans ma volonté. Il faut au minimum quelques jours pour faire une belle arme comme tu semble l’entendre, à moi, maitre forgerons, alors pour les apprentis, c’est un autre monde.

    Mais passons sur ces choses là, au fond, peut être même que comme les autres comme cette albinos que j’ai revu quelques temps avant que tu viennes tu n’en a cure…”


    Oui ceci était un test à peine dissimulé, juste envoyé au visage de son maigre publique avec violence, une lourde phrase qu’il fallait être aveugle et sourd pour ne pas voir, et surement n’avoir aucune sensation vue le tremblement qu’elle fait en percutant le sol, avoir perdu la notion du gout car l’air s’en trouve emplie de particules métalliques désagréable généré par cet instant de lourdeur, cette sensation désagréable de ne pas suivre ta vrai voie.

    “… Qu’est ce que tes hommes savent faires ? En quoi sont-ils bon ou même acceptable ? Car c’est là que vient la difficulté, si cette ensemble d’être qui compose ta population que tu veux armer doit affronter une vrai armé il faudra chercher là avant de venir demander à des maitres d’armes de renforcer ces traits.

    Il te faudra des piquiers, une bonne flopée de courageux, en rang serré armé de lourds lancers à poser au sol et à soutenir lors de la charge, la meilleure armure que tu peux leur offrir, ils seront ton premier rang. Tu n’aura pas le temps de leur apprendre les passes de volte et la voltige, il te faut donc un rang serré, comme ils sont serré ils vont se faire pilonné par les archées, donc des casques plats, avec la classe que ça donne personne n’osera les toucher.
    Ca serait ton corps d’armé principale parce que c’est facile à faire, résistant, et bon marché, ces gars là peuvent se soutenir les uns les autres, et une arme longue à toujours le même équilibre dans la main d’un néophyte. Puis au font on demande juste de planter l’autre avant qu’il soit à porter si il est à cheval il va être éjecté et les autres s’occupe de le finir à coup de caillasse. Et pas besoin de beaucoup de lances, les six premier rangs suffisent, après on récupère celle à terre.

    Je te parle de combat rangé parce que je ne sais pas comment est fortifié Hellas, mais sincèrement, autour de toi, tu connais combien de gens qui passent à travers la matière ? Combien de gaillards qui contrôlent la roche ? Détruire un mure est d’une simplicité dramatique, autant que passé à travers, si la fortification n’as pas d’intra, n’est pas bien renforcé, bien tenu, jours et nuit, oublie là ou ton siège sera un drame, le pouvoir des dieux est tellement fait pour la guerre que je soupçonne certain d’y mettre leur née tout le temps… Donc prévoit toujours comme si tu devras livrer principalement des batailles ranger, et pense à ta fortification comme un avantage bonus, un petit plus qui avec de la chance et des bons mages tiendra d’autant plus que les mages adverses sont mauvais. Sans mages, une fortification n’est rien.”


    Professionnel, calme, dure, c’était l’homme qu’était devenu Brom au contact de la guerre, pas de paroles en l’air, juste des fait auxquels il croyait ou qu’il avait vue par le passé. Trop de fait pour ne pas avoir ce regard dure et cette pensé brutal, des hommes mourrons car ils n’étaient pas bien préparé, bien armé, et ceci ne sera pas beau mais juste sanglant, il le sait, et il s’y est fait.
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeDim 1 Mar - 1:45

Le ton était entre eux d'une tranquillité décomplexée et pourtant les paroles que les deux hommes échangeaient dans la chaleur de la forge ne leur épargnaient rien. Chose étrange que cette conversation d'inconnus qui se parlent aussi librement que deux amis perdus de vue depuis quelques semaines à peine. Pourtant lors de cette expédition à la Vallée d'Hillem, Brom et Léogan n'avaient échangé qu'un ou deux mots peut-être – le principal s'était noué par la compréhension de leurs regards, et les conversations avaient été remises à plus tard. Mais Brom était d'un caractère naturellement affable, à première vue, et Léogan profitait de sa bonne humeur pour briller d'une sociabilité plus convenable que d'usage, quoi que non moins originale.
Il n'avait pas le tutoiement facile, d'habitude, essentiellement pour des raisons de distance, cependant Brom le forçait à la combler avec une facilité déconcertante – et il aurait été d'un hors propos bizarre de ne pas suivre le mouvement et de le vouvoyer alors que son interlocuteur négligeait le fossé qui existait effectivement entre eux avec tant d'entrain. Léogan n'était pas un naïf, il avait fort conscience que cette joyeuse amitié universelle n'était qu'une parenthèse que le temps se chargerait de balayer si demain ils ne se fréquentaient plus, mais il sentait qu'il aurait eu tort de ne pas en profiter.

Il écouta donc le géant discourir de bout en bout, et sa voix profonde se promener dans le décor dangereusement chaleureux de sa forge – qui lui ressemblait tant – tantôt solennelle, tantôt gaillarde et moqueuse, tantôt brutale, mais jamais foncièrement désobligeante. Léogan buvait son thé tout en suivant ses paroles jusque dans ses silences les plus éloquents, qui les enfermaient tous les deux dans une gangue métallique où le prêtre semblait vouloir confronter d'un regard intense son vis-à-vis, qui ne faisait que le scruter là, de ses yeux sombres et opaques comme des abysses, l'esprit aussi insaisissable que de la fumée. Léogan se trouvait presque flatté d'être mis à l'épreuve par cet homme, qui voulait certainement savoir s'il pouvait pousser plus loin que la simple conversation bon enfant, avec lui, et trouver une âme qui conviendrait à la sienne. Mais là où Léo acceptait avec entrain de palabrer joyeusement avec Brom, il ne se laisserait certainement pas cerner aussi rapidement – par réserve ou par prudence, mais surtout parce qu'il se méfiait d'autant plus des amitiés que les temps étaient troublés : il n'aimait pas particulièrement s'attacher, et quand il le faisait, c'était souvent mauvais pour sa santé.

« Je te trouve bien averti quant aux choses de l'amour, Maître Brom, n'en déplaise à certaines mauvaises langues qui te croient naturellement éloigné de ces affaires... »

Il laissa sa petite pique faire son chemin entre eux et faire mouche, peut-être, assez pour faire comprendre qu'il n'avait besoin des leçons de personne pour mener comme il l'entendait la barque de sa vie de couple. Cependant, s'il lui avait semblé nécessaire de mettre les points sur les i, Brom lui était sympathique, tant par la perspicacité de son jugement que par la bienveillance presque paternaliste qui rayonnait à travers les couches d'honnêtes sarcasmes. Aussi Léo glissa-t-il avec son sourire des bons jours :

« Tu as raison. C'est pure folie de venir ici, mais nous parlons de cette femme qui a couru après la Sarnahroa pour en trouver le remède et pour aider des malades bannis ... pendant des mois et des mois. Je me surprends parfois de penser qu'elle ait survécu à trente-deux ans de cette vie de témérité. Mais son statut de Grande Prêtresse ne la changera pas. Elle n'a peur de rien. C'est ce qu'elle est, je ne l'empêcherai pas de vivre tel qu'elle l'entend. Cette décision, nous l'assumons tous les deux, et si ça peut te rassurer, nous assumons par la même occasion la mort stupide que nous retiendra l'Histoire, si elle retient notre passage. »

Il pianota sur sa tasse avec amusement, avant de reprendre en inclinant la tête avec plus de gravité :

« Irina Dranis est une femme forte, toutefois je l'ai vue quelques fois prête à succomber à de grands moments de faiblesse. Garde-toi bien de le lui dire. Elle est humaine, et elle a besoin que... quelqu'un surveille ses arrières et lui remette la tête sur les épaules quand elle en fait trop. Je ne serais pas tranquille si ce n'était pas moi. Je... l'aide à vivre, comme tu le dis si bien. Oui. De mon côté cependant, j'ai besoin de faire ce qu'il m'est permis de faire pour qu'elle ne meure pas du jour au lendemain. Si je peux maîtriser quelque chose, je le maîtriserais. »

Son timbre avait été résolu et ses paroles, catégoriques. Ses yeux avaient la dureté de la pierre – mais d'un basalte brûlant qui dévore impitoyablement ce sur quoi il se pose. Si sa nonchalance habituelle pouvait le faire passer pour plus faible de caractère qu'Irina et faire penser qu'il se laissait mener à la baguette, c'était une tromperie d'autant plus sournoise qu'il était féroce en affaires avec la prêtresse – et qu'il était sans doute l'une des seules personnes au monde, si ce n'était la seule, à savoir lui tenir tête en toute circonstance.
Cette façon de vivre leur convenait à tous les deux pour le moment, parce qu'il n'y en avait pas de meilleure à choisir dans ces conditions. Il fallait composer avec les désirs de l'un et de l'autre et leurs obligations respectives ; ils étaient chacun d'une nature trop violemment indépendante, et il n'y avait eu que l'amour pour les forcer à devenir conciliants.

Léogan, finalement, s'en retourna au thé des Eryllis qu'il apprécia tranquillement avant de trouver à riposter à l'accusation d'excès de flatteries que Brom, trop humble peut-être, ou trop habitué au discours hypocrites et serviles, lui avait reprochés. Triste sort que celui des hommes qui ne reconnaissent plus les sympathies sincères des vulgaires politesses.

« J'suis pas un politicien, j'suis pas un courtisan, je suis même plus un militaire. Suis juste un type dont on a besoin par hasard. Alors j'ai aucun intérêt à te flatter. Ce que je dis, je le pense merde, c'est tout, prends sur toi. » le gronda-t-il à moitié, avec une dérision qu'il ne chercha pas à dissimuler.

Il le regarda d'un air faussement réprobateur, la tête jetée en arrière et le dos bien calé contre le dossier de sa chaise, et finit par s'esclaffer bêtement. Il n'était pas sérieux. Mais il se sentait à l'aise, ici, avec ce grand type large comme cinq parpaings, qui pouvait l'assommer en allongeant à peine le bras, qui ne cachait pas le danger qu'il représentait mais qui riait de bon cœur tout de même – cet entretien était d'une franchise très réjouissante.
Mais il finit par prendre sur lui-même pour retrouver un ton plus raisonnable.

« Je sais bien que tu ne pourras me fournir du sur-mesure pour chacun des trois cent mille hommes de l'armée cimmérienne, je suis pas là pour te demander l'impossible. De toute façon, ce serait du gâchis. Pour la plupart, ils n'ont jamais connu de réelle situation de combat, ce n'est pas en leur mettant l'arme parfaite entre les mains qu'ils s'en serviront avec à moitié moins de sang-froid qu'un instrument pareil ne le mériterait. »

Il s'interrompit un instant avec un air d'amertume. Il avait décelé sur le visage et dans la voix de Brom une trace de tristesse froide, un relent écœuré, qui l'avait rendu curieux et que, d'instinct, il avait partagé. Il réalisait doucement que la guerre était d'une médiocrité épouvantable. D'ici, il lui paraissait qu'il n'y avait aucune place pour le brio ou le génie, tout semblait être l'apanage de l'improvisation expéditive, du sur le tas et du système D. Il comprenait que cette perspective laisse de marbre un forgeron qui se voulait artiste et humaniste au moins autant que religieux ou artisan, mais encore, cette expression de profond désarroi sentait si fort l'expérience que le 'gamin' que Brom lui servait depuis le début de la conversation sonna tout à coup d'un bruit plus sombre et plus troublant. Léo se demanda quelques longs instants, en examinant son massif vis-à-vis, la tête penchée sur le côté avec souci, ce qu'était Brom réellement. Il ne s'était jamais vraiment posé la question : au fond de lui, il aimait les mystères – il n'avait pas grand-chose d'un savant – et quand il avait vu l'ombre chimérique de cet homme, la première fois dans la Vallée d'Hillem, il avait d'abord cru à un monstre à travers le Myste, avant de rencontrer l'homme et de rester songeur face à son étrangeté.
Si ses déductions étaient correctes, le géant ne pouvait être ni Terran, ni Yorka, et s'il était plus âgé qu'il ne l'était lui-même, ce ne pouvait être non plus un Zélos aux attributs raciaux diminués, et il n'avait pas non plus l'aura morbide d'un Gorgoroth. Puis en excluant assez facilement la possibilité qu'il soit Sylphide ou Sindarin, il ne restait plus qu'une éventualité... Qu'il se garderait bien de prononcer de vive voix jusqu'à ce que le moment soit opportun, ou jusqu'au jour où il ne tiendrait plus à la vie peut-être.

« Tu m'appelles gamin, tu te dis vieil homme, releva Léogan, les yeux pleins de pensées et fixés sur le faciès escarpé de Brom. Tu as sans doute fait la guerre autrefois, quelle que soit ta nature. Je n'ai pas vécu Taulmaril, j'en ai eu... De nombreuses visions, mais je ne l'ai pas vécu. En revanche, j'ai été mêlé à assez de carnages pour savoir que la capacité de résistance d'un esprit humain normal face à la violence est vite limitée. C'est une question de mental. Il faut que ces soldats se raccrochent à quelque chose. Ça fait un demi-millénaire que ce monde n'a pas connu la guerre. Les Cimmériens ne l'ont pas choisie, et ils ont peur. Je ne sais pas s'ils tiendront l'effort de guerre face aux Cavaliers de Sharna. Mais ce sont aussi des gens de foi. Ils ont Kesha avec eux, ils combattront Sharna, et s'ils se savent protégés par la force de Bor au combat, ils tiendront plus longtemps... Peut-être. »

Certains chefs de guerre, du temps de Taulmaril, préconisaient l'utilisation de certaines drogues quand la situation devenait intenable psychologiquement. Léogan avait lu des dizaines de mémoires de guerre dans sa jeunesse et y avait trouvé parmi les pratiques stratégiques les réflexions de certains officiers qui vantaient les mérites du gaz de Hyacin ou de la fumée d'herbes de cindine – qui redonnait de l'énergie, de l'assurance, rendait les soldats agressifs, les gardait éveillés et leur faisait oublier la fatigue – et de l'injection de toxine amoindrie d'Aranéa à pattes rouges pour calmer les crises de panique, ou plus simplement de l'alcool. Cela donnait à réfléchir, non seulement sur ce que les hommes étaient capables d'entreprendre pour faire durer les combats au-delà de la défaite, mais aussi sur la violence des chocs qu'ils avaient enduré pendant tout un siècle.
Il aurait sans doute été particulièrement maladroit, ou outrageusement provocateur, de comparer devant un Haut-Prêtre tel que Brom l'usage de la religion que Léogan aurait compté pratiquer s'il avait été lui-même chef de guerre, à celui qu'on avait fait de la drogue dans des temps reculé et qu'on en faisait certainement encore aujourd'hui – aussi se garda-t-il bien de faire aboutir son propos. De toute façon, ce n'était sans doute qu'une manière plus lucide et plus stratégique de faire ce qui avait été fait depuis que l'homme avait su prier, s'agenouiller devant un autel et tuer sous la protection de son dieu. D'autres, plus idéalistes, ou plus dévoués au culte, auraient même vu dans cette recherche de protection des divinités une façon d'anoblir une guerre et de lui conférer une inviolable légitimité. Ce n'était pas le cas de Léogan. Il était peut-être... Trop terre-à-terre pour ça.

« Les armes qui sortent de tes forges ne sont jamais des armes normales, qu'elles soient montées par des apprentis avec deux mains gauches ou par les plus grands maîtres. Elles sortent des entrailles de Bor. C'est important pour les soldats de Cimméria … question de mental. Je ne m'attends pas à ce que ce soit... Beau. Tu saisis ? Et de toute façon, je ne pense pas trouver ailleurs autant de qualité et de quantité de matériel militaire qu'ici – diable ! Encore un compliment, ne t'étouffe pas avec, ça m'f'rait mal. » ironisa-t-il en esquissant un sourire narquois au-dessus de sa tasse de thé.

Il ne lui semblait pas que c'était trop demander au temple de Bor d'accorder en concluant un contrat militariste son soutien spirituel à un pays en proie aux assauts absurdes de deux puissances étrangères. Il ne s'agissait pas non plus de partir à la conquête d'autres territoires en brandissant l'étendard de Bor – dieux merci.
Léo but quelques gorgées de thé et se laissa emporter songeusement par ses effluves de minéral, d'épice et de fruits, puis il posa sa tasse sur la table et s'accouda face au géant.

« Bon, ça t'convient, ou je dois rejoindre Monsieur Duscisio Balibe dans le rang des malheureux baltringues qui t'ont désespéré de la nature humaine ? » lança-t-il avec une légèreté et une aisance désinvolte.

Il lui sourit à nouveau avec cette spontanéité de grand gamin dont souvent on ne savait que penser et qui mettait trop vite en confiance. Non pas que ce soit calculé, mais ses connaissances avaient assez répété qu'il avait des dehors bien trop sympathiques pour un connard et un emmerdeur notoire – et que d'une manière ou d'une autre, ce ne devrait pas être permis.
Ceci étant dit, au moins convaincu en lui-même de n'être pas de la même trempe que ledit Duscisio Balibe depuis leur seconde rencontre qui n'avait pas été non plus d'une très franche camaraderie, Léogan s'apprêta à poursuivre ses explications. Il se fit un peu de place sur la table et poussa sa tasse jusqu'au nord-est – à sa droite – en considérant que ce beau glacis bleu convenait parfaitement pour symboliser la froideur d'Hellas.

« Pour la défense de la ville, reprit-il, en tapotant sur la tasse en question et en plantant un regard plus sérieux dans les yeux enfoncés et sombres de Brom, on dispose de deux gardes dont les soldats sont triés sur le volet. Cinq mille hommes en tout. Y en a une bonne moitié d'épéistes, et l'autre moitié se débrouille pas mal à l'arme longue, à l'arc ou à l'arbalète. Ce sont des gardes de formation, ils sont habitués au rixes de rue et aux escortes – leur avantage, je dirais, c'est qu'ils ont de l'expérience du terrain, avec tous ces combats de chat, ces émeutes et le bazar habituel à Hellas... »

Il passa machinalement une main dans les pans de sa tunique pour frotter les compresses qui bandaient encore ses blessures les plus récentes, mais il se reprit rapidement.

« Pour la garde territoriale, qui couvre tout le pays... Vingt-mille types hors mobilisation, ce sont des fantassins, des piquiers pour la plupart, oui, et pas mal de cavaliers parce que non seulement le pays est vaste, mais il est du reste très peu habité. On a des villages de pêcheurs sur les côtes, Hellas, et des forteresses à des emplacements stratégiques, mais l'intérieur des terres est livré à la nature. »

Il déposa trois biscuits sur la table, le compas dans l’œil, pour situer les trois forteresses principales de Cimméria par rapport à Hellas – la tasse bleue – Aggersborg dans l'intérieur des terres, Oakbrigs sur la côte et Lindholm près de la frontière ouest. Toutes des vieilles pierres qui dataient de Taulmaril, reconverties en postes avancés pour la garde territoriale qui y trouvait refuge au cours de ses longues marches. A l'heure qu'il était, le général devait avoir engagé de lourds travaux pour renforcer leurs fortifications. Léogan resta pensif quelques instants sur ces trois biscuits puis releva la tête vers Brom.

« Quand le relief n'est pas très brutalement accidenté ou couvert d'une taïga trop dense pour être traversée par des armées, ce sont des étendues désertiques de toundras où les troupes, si elles ne sont pas freinées par les congères, ne peuvent avancer qu'à découvert.
Il n'y a donc pas beaucoup de murs à défendre. Hellas se situe à l'extrême orient du territoire, sur la côte, près de la frontière eridanienne, tout à fait à l'opposé de Phelgra, dans un écrin montagneux difficilement franchissable. »
Il tapota autour de la tasse bleue avec préoccupation. « Grands dieux, tu n'aurais pas de cartes, ici ? Enfin bref, repoussa-t-il immédiatement – ça n'avait pas grande importance. En effet, je n'en attends pas beaucoup de nos fortifications, mais pas pour les raisons que tu penses. D'abord parce qu'il n'y en a pas beaucoup et que pour les atteindre, l'armée ennemie devra braver un climat et un environnement très rudes. Mais ensuite parce que s'il y a des mages pour les attaquer, il y a aussi des mages pour les défendre. Les prêtresses de Kesha et leurs hommes sont rompus dans l'art de la magie, il y aura des enchantements ardus à faire tomber. Les forces s'équilibreront, et crois-moi, les balistes et les trébuchets, s'ils parviennent jusqu'à Hellas, auront leur mot à dire malgré tout ce déploiement de force surnaturelle. »

Léogan était plus que certain de détenir l'avantage du point de vue de ce que Brom nommait « le pouvoir des dieux ». Evidemment, les Sindarins étaient eux-même d'excellents mages, mais la cité de Kesha détenait un savoir dans ce domaine presque aussi vaste que celui de Canopée et les Sindarins ne constituaient après tout qu'une minorité des forces des Lanetae. Les Cavaliers de Sharna, quant à eux, n'étaient pas réputés pour leurs talents ésotériques.

« Alors oui, il est certain que nous aurons à livrer un grand nombre de combats rangés, mais il faudra aussi batailler sur des terrains étroits et escarpés, dans les cols des montagnes, et il y aura sûrement des luttes, des embuscades et des guérillas dans les forêts. Les piquiers ne feront pas tout, j'ai besoin de troupes légères et mobiles – d'autant que les Lanetae en disposent et que je ne veux pas leur laisser cet avantage. Ils ont réussi à fuir, mais je préférerais encore que le front s'enlise quelque part au sud du pays dans une nature hostile plutôt que de les voir progresser avec leurs nouveaux alliés sur le territoire cimmérien. »

Une flamme passa dans son regard et il cilla aussitôt en prenant conscience qu'il s'emportait à la seule idée de l'invasion de ce pays, qu'il n'avait pourtant jamais considéré comme le sien. Un peu gêné, il détourna la tête un instant et remit la main sur Hellas – ou plutôt sur la tasse en glacis bleu – pour retrouver dans le thé un peu de sa contenance perdue.
Léogan lui-même avait longtemps rêvé de la guerre. Il ne l'avait jamais vraiment souhaitée, mais il avait conscience que toute l'entièreté de son talent ne pourrait se déployer que dans un vrai conflit armé. C'était comme s'il été formé pour ça toute sa vie. Ses deux oncles étaient morts à Taulmaril, les Jézékaël avait une longue tradition martiale derrière eux, et les seuls métiers appréciés comme tels aux yeux de la loi que Léogan avait lui-même exercés avaient été des professions militaires. Il s'était occupé de la protection intérieure de Cimméria pendant cinquante ans, il avait sué sang et eau et s'était presque tué au travail, et il sentait au fond de lui, sans pourtant éprouver de vraie affection pour lui, que si ce pays était écrasé par des armées ennemies, il le vivrait comme un échec personnel.

« Mais il est possible que nous ayons à craindre une attaque par la mer, reprit-il sérieusement, sans toucher un mot sur le trouble fugitif qu'il venait de traverser, avant d'esquisser un sourire caustique. Si j'en crois la propagande militaire... Cimméria dispose de la plus grande flotte d'Isthéria – sans compter les accords probables qui seront conclus avec les Marins de Noxis. Mais en face, ils ont Mavro Limani, qui n'est pas rien, et qui dispose également d'alliés parmi cette caste. En substance, il faut que j'équipe aussi les unités navales – des lances, des armes de jet, des épées courtes, des boucliers. » compta-t-il rapidement sur ses doigts, l'air un peu plus perplexe.

Il n'était pas franchement expert en matière de combat naval, ce qu'il disait n'avait que la lumière du bon sens – et il n'était pas sûr que Brom lui-même soit plus éclairé à ce sujet.

« Quatre types de combat à prévoir, donc, résuma-t-il sobrement. Mais j'aimerais aussi réfléchir du point de vue de l'ennemi. Pour le moment, ce dont on est sûr, c'est que les Lanetae sont légers, morcelés et mobiles, et que les cavaliers, s'ils se joignent à leurs forces, éprouveront des difficultés régulières à progresser avec leurs montures. Mais s'ils atteignent la toundra et le désert de glace, leurs charges seront monstrueuses – il faut l'éviter à tout prix, et si cela devait arriver... Il vaudrait mieux y être préparés. »


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Mer 11 Mar - 23:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeLun 2 Mar - 15:45


    Le vieux forgerons laisse l’homme exposé ses dires et ses devoir autant que faire ce peux et l’observa dans ses choix autant que dans ses rêves. Il était mignon son cœur plein de bonheur et d’espoir, son visage fatigué et amaigrie par la faim mais ses yeux toujours luisant de ce combat qu’il voulait mener sans en avoir l’air.  Mais après tout il n’en avait que faire de savoir à qui il voulait vendre son âme, de sa croyance envers l’existence possible d’un rêve, d’une rêve, il n’y attachait pas d’importance alors à quoi bon le regarder se débattre dans tout cela pour un semblant de face à ne pas perdre … Et si il souriait à cette instant et s’emblant prendre part à cette discussion avec joie, au fond de lui, à cette évocation, une part triste se roulait en une petite boule serrer en faisant son possible pour remonter dans la gorge noble du chevalier. A quoi bon cracher, alors il jette juste une réponse :

    -“Fait ce qu’il te plait de vie gamin, la mienne est à la forge, c’est une rude maitresse que l’art, jalouse à en mourir, je n’ai plus le temps à ses considération, alors que les gens disent ce qu’ils veulent, qu’il balance ineptie et demi vérité. Le fait est qu’avec mon visage, avec mon corps, et avec ma forge, aucune fille que je ne paye pas n’est intéresser par passé un nuit avec moi, et encore.”

    Il sourit, cette fois-ci c’est franc, plein, il a perdu ce petit amas d’écaille, cette boulle de haine et de lame qui venait raclé, c’est la vérité, et comme toutes les vérité elle lui plait bien, il l’aime bien et en est conscient, les gens s’attache au physique, et ceux qui voudrais ne pas s’y attaché n’ont pas le temps de le connaitre car la forge lui prend tout le temps qu’il lui reste, c’est un beau chevalier, magnifique, merveilleux, plein de bonheur et de grâce, mais il ne le montre qu’à sa maitresse, à sa femme, et à son dieu, une seule et même personne, l’artisanat. Puis viens le coup de la tasse, qu’il place et les biscottes, il sourit un instant le laisse faire, après tout il ira chercher une carte après, si ils en ont vraiment besoin, les cartes n’aiment pas trop la forge, ni le feu, ni même la chaleur, alors les laisser sur une table au milieu de tout ses éléments, autant s’amusé avec des biscottes et puis il avait tellement de petit gâteaux que ne pas en profité aurait été une honte. Dans un coin de l’esprit du chevalier une petite pensée lui dit que dehors il y a des gens qui meurent de faim sous le jouc des cavaliers et qu’ainsi il est presque impensable de jouer ainsi au guerrier avec la nourriture, alors qu’un autre se demande quel vas être le prochain gâteau qui servira à représenté quoi. Au fond, les gens n’ont qu’a prendre en main leur futur, si ils n’en peuvent plus d’un jouc il le remplace par un autre après une belle révolution, les hommes l’ont déjà fait tant de fois ils sont bien capable de le faire un autre … Surtout d’ailleurs si les cavaliers emmènent leur armée au combat …Cette guerre, si elle se passe comme il le pense, fera tant d’heureux, que ce serait une honte de ne pas en profité. Elle remettra en jeux l’ordre mondial actuelle, elle changera nombre de choses, juste parce que des petits gas, sur des poneys, auront choisit ou non de bouger leur postérieur d’un siège acquis par la force.Il laissa donc passé les remarques sur le gamin aberrant qu’il avait croisé et qui n’avait aucun respect ni pour l’art, ni pour le monde. Et qui pensait que tout se résolvait par magie l’utilisation de magie extensive et intensive et que les dieux devait avoir un pied dans tout et satisfaire ses petits besoin primaire de force de courage et peut être même, dit, de bijoux tient. Mais pas trop parce qu’il avait autre chose à faire, il voulait un petit quelque chose magnifique mais sans le respecter comme tel … Il gardait encore un souvenir amère de sa dernière rencontre. A ce qu’il savait il était parti se faire faire tordre un bout de métal par le premier artisan du coin sans respect, comme si il avait juste besogné une péripatéticienne au coin de la rue, lui jetant trois pièce d’or à la volé, parce que lui, il en a de l’or, il a parcourut le monde lui monsieur. Et s’il n’a rien d’un noble, au contraire de Brom, toujours dans l’opposé de notre chevalier, il en a l’attitude détestable.Il laisse donc coulé sous les flots de paroles et se concentre sur les efforts de guerres –et donc de tasse, puisque l’histoire retiendra surement qu’Hellas est une tasse et ses forteresse des biscottes … Cette guerre ne vas pas être facile les enfants !-.Il écoutât puis il prit la parole :

    -“Première erreur gamin, ta police, tes gas habituer à ce farcir des rix et des révoltes, ils sont habituer au combat de rue, à la guérilla, pas au combat ranger, pas à la guerre, jamais tu n’as un homme sur un cheval qui les charges, ou alors un, jamais il n’ont à faire front dans un terrain découvert avec une cavalerie qui leur massacre les flanc à droite et à gauche mais eux, leur travail est de rester concentrer sur le gros en face qui avance. Non ce sont des combats de chats comme tu dis, ils bougent à dix, pas par centaines … Tu t’emballe donc gamin en pensant que tu pourras en faire des régiments, fait en des tirailleurs, ils sont compétant il ne faut pas les perdre.Deuxième erreur, regarde ce feu, cette chaleur et ces petits gâteaux bourré de gras, j’ai des cartes des livres, des recueils, jamais l’un d’eux ne descend dans cette pièce, car j’aime trop manger entre deux pièces et qu’ils n’aime pas le feu …Donc pas de carte, mais dieux sais qu’une tasse est bien plus imprenable qu’Hellas, elle ne suinte pas elle.Maintenant je passe à mes questions, trois milles épées ça j’ai, dans mes stocks et sans souci, même bien plus, pour une raison inconnu les gens vénère les épées, probablement car c’est les armes des généraux, des gens dignes et fier, donc on prend une épée même si ça a une porté indigne et qu’on sait juste par quel bout la tenir. Des arcs je dois avoir aussi, par contre la plus part n’ont jamais été testé, et faudra que tes petits gas s’adapte à ce qu’ils auront, on a des facteurs d’arc ici et des pas mauvais, mais surtout de l’apprenti qui viens et veux repartir dans ses bois avec une compétence, donc tu en auras du qui marche, mais pas du beau imprimé forges de Bor. M’enfin de quoi mener un beau groupe de tirailleur pour le harcèlement, des gas mobiles, connaissant la population et les terrains, massacrant leur arrière garde et leur convoi de ravitaillement.Mais tu compte vraiment équiper à neuf tes trois cent milles guss ? Pour moi ce qu’il te faut c’est une garde bien armée, rapide, mobile, connu des gens du crue et qui connaissent les lieux, eux il faut bien les armées, eux il faut qu’ils soient carrés, bien entrainé, et vivace. C’est certain que tes confrères et sœurs sont rapide et vif, sans et avec jeux de mot, mais ils n’ont ni l’appui de la population local, ni la connaissance du terrain, si tu débrouille bien tu réduis l’armée de moitié avant même qu’elle arrive. Ils sont dans un terrain affreux, et n’y sont pas prêt, profite en.Et fait leur peur, fait des choses brutales, monstrueuse, je ne sais pas, fait leur ramasser l’index de chaque cadavre qu’ils ont l’occasion de récupéré, et font en des colliers … ils sauront que vous êtes passez là, c’est un défaut, mais ça fait peur, car vous avez assez d’assurance pour ramasser ça, et puis au pire, ces gas là ils serviront à faire monter le moral des autres.Ensuite, c’est là qu’est le drame, il faut que tu trouve dans tes troupes des gas qui pourrons faire le gros du front, ta cavalerie sert t’en pour harceler, elle n’as pas sa place directement sur ton champs de bataille, c’est des messagers, des rapides, contre celle de Shanra ça ne sert à rien et ça vas faire du sang sur la neige pour rien, c’est joli mais ce n’est pas stratégique. Et là tu me dit, mais mes flancs, parce que tu es un bon stratège, pour tes flancs je vais te montré des passes de sabres, deux gardes, six mouvements,  deux majoritaires, avec ça tu tient une cavalerie.Alors pas d’illusion, tu auras des morts, mais tu en feras autant parmi les cavaliers et les chevaux adverse et ça ils ne peuvent pas ce le permettre, donc tes épéistes, ils vont avoir des sabres, et des armures de cuire légères. Je veux qu’ils s’entrainent à sauté, tout les jours avant qu’on arrive avec les chargements, je vais te montrer le reste.”

    D’un mouvement il fait sauter le fer de ses bottes et s’étire puis bouge ses jambes, toujours en tablier, debout, il est majestueux, grand et colossal, son sourire posé là il tend le bras vers un long bout de métal légèrement tordu qui trainais par là et se met en garde, ou plutôt pose sa lame comme si elle était au fourreau, à gauche, son pied gauchement légèrement avancer ses pied positionné à 10h10 on l’entend prononcer en écho dans la cave : “Première garde”.

    Puis d’un mouvement ample et lent, pour montrer sa lame de métal froid décrit une courbe devant lui alors que son poigner revient en tête par sa droite, et si le premier passage taille dans une faible diagonale il arme son coup au dessus de sa tête et bondit. Le second tour du huit décrit par la lame explose, le coup est armé, la taille parfaitement horizontale à hauteur de tête d’un cavalier, puissant, il fait vibrer l’air et une fois au sol il se pose, la lame derrière lui, bras semi tendu caché par sa masse en une garde plus classique appelé scorpion. “Premier coup, seconde garde. Le second coup est dans l’autre sens …”

    Il montre il démontre, il feinte, il ouvre, rien ne s’arrête il repasse toujours par ses deux gardes dès qu’il change de sens mais tournoient tout le temps, il a montré les deux premiers coups, il sourit, se pose un instant et regarde le jeune sindarin.

    “Je n’y connais rien à la flotte, je peux cependant te faire des armes plus apte à cette dernière sans le moindre souci mais tu ne me fera pas monter sur un bateau … Car il coulerait bêtement. Sache que cette technique marche aussi pour des lanciers en tirailleur, tu te les espaces de quatre mètres et tu couvre une grande distance … C’est des troupes de flanc, au format tirailleur, tu fais quatre ou cinq rang et rien, aucune troupe à pied ne passera jamais … Ca ça te fixe un combat, et à moins d’archers en face, tu es en paix. Maintenant lève toit que je t’explique l’intérêt de la chose.Le premier coup est fait pour pousser, virer l’arme adverse, on la frappe avec violence le plus possible à son bout, et l’on bondi pour tuer son adversaire, cette technique n’est que sur l’attaque aucune défense n’est viable si elle ne sert à tuer derrière …”

    Il donne une arme Léo et dès qu’il l’a en main il la frappe, sur le bout, appliquant une force fantastique sur le poigner de son adversaire d’escrimeur qui, si il ne lâche pas l’arme, ne peux l’empêché de laisser ou ouverture dans laquelle la masse fantasque d’un Brom guerrier à déjà sauté, et posé son coup qu’il arrête au niveau de la tempe …

    “C’est un seul et uniquement mouvement, d’où la vitesse du coup, de plus, vue comme je l’arme, que tu ai un casque ou pas n’y change rien, si je ne saute pas assez haut je tranche le cheval, un gamin de soixante kilos applique plus d’une tonne avec un coup comme ça, et ça avec une canne d’entrainement en bois, avec une armé, c’est vite beaucoup plus.Qu’en dit tu ?”
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeDim 12 Avr - 4:09

Léogan fronça du nez en buvant une gorgée de thé mais laissa Brom aller au bout de son argument sur l'usage qu'il convenait de faire des soldats de la garde urbaine, avant de reprendre avec un sourire d'excuse.

« Je me suis mal exprimé. Je n'aurais certainement pas la stupidité d'utiliser ces gaillards-là au combat rangé... Enfin, j'espère que le général n'aura pas cette idée-là... Non, ce que je voulais dire c'est que si jamais... » Il s'arrêta un instant et sa mâchoire se crispa sensiblement. Si jamais tu occupais sa place, hein ? C'est ce que tu veux dire ? Mon pauvre ami, il aurait peut-être fallu y songer avant de précipiter toute ta carrière dans le ruisseau. « Ces gardes seront sûrement destinés à la défense de points névralgiques, poursuivit-il comme si de rien n'était, d'une voix cassée, qu'ils connaissent mieux que personne, et en particulier Hellas – à la guerre de position tout au plus. En tout cas, ils ne sont que cinq mille... La capitale ayant un accès à la mer, je suis assez réticent à l'idée de leur faire quitter ses remparts, ses forteresses côtières et ses postes avancés… A la rigueur, des tirailleurs oui, mais en réserve, si nous en sommes vraiment réduits à dégarnir la place pour fortifier nos troupes à la frontière ou dans l'intérieur du pays... Mais j'espère que nous... qu'ils n'en arriveront pas là. » corrigea-t-il finalement en haussant des sourcils d'un air vaguement réprobateur. « Tu me fais parler comme si c'était moi qui allais la mener, cette guerre... ! »

Il se laissa tomber cavalièrement au fond de son siège et rit un peu nerveusement, tandis que Brom achevait la liste de ses erreurs avec humour.

« C'est bon, t'en fais pas pour les cartes, j'écrase le coup. Et puis on s'en sort bien comme ça pour ce qu'on a à faire, pas vrai ? » fit Léo en tapotant sa très finement ouvragée tasse-Hellas, un sourire complice aux lèvres.

Et puis le géant des forges, qui tenait les promesses de la réputation de sa forge quant aux trésors d'armes sur lequel il était assis comme un vieux cracheur de feu, releva très justement qu'il ne devait pas être question d'armer à neuf toute une armée et Léogan acquiesça rapidement pour le défaire de ses inquiétudes.

« Non, non, certainement pas, je doute que les finances suivent en plus. Ils ont tous le barda de base, ce qu'il faudrait, c'est simplement l'adapter à l'ennemi... et à la guerre aussi. Le gros des troupes à Cimméria est bien entraîné, traditionnellement, mais leurs forces sont essentiellement versées dans... Le secourisme et la défense contre des peigne-culs mal armés, tu vois le genre ? » acheva-t-il d'un ton entre la négligence et la lassitude.

Il écouta la suite de son propos avec intérêt, accoudé à sa table, en se massant inconsciemment la barbe, son œil charbonneux brillant d'enthousiasme.

« Oh, des sabres ? » répéta-t-il, comme une illumination subite.

Mais bien entendu...
Et soudain, pour la première fois depuis qu'il est entré dans cette forge, il voit le colosse à la peau burinée qui s'agite, le fer de ses bottes tinte, et il s'étire. C'était une image étonnante que ce grand corps formé bizarrement qui se mettait en mouvement si souplement et se redressait vivement devant lui pour le dominer comme une montagne. Absorbé par ces pensées, Léogan secoua la tête pour se concentrer sur la démonstration tranquille de Brom qui avait choisi une sorte de tisonnier de deux fois la longueur des deux bras dépliés de Léo en guise de sabre.
Appuyé sur le dossier de son fauteuil, le Sindarin accordait au forgeron plus d'attention qu'il n'en accordait d'usage aux gens qui lui tenaient la guibolle. Cet homme, ce vieux maître d'armes sorti des abysses insondables de l'Histoire, avait couru le monde depuis des siècles déjà, il avait eu l'expérience de Taulmaril, ce qu'il disait et ce qu'il montrait lui paraissait plein de mesure, de justesse... et de secrets subtilement dissimulés.

Cependant, Léogan pouffa instinctivement lorsque l'image de Brom posant son pied immense sur le pont d'un petit voilier lui traversa l'esprit et ce trait d'humour le tira de sa méditation pour le faire bondir également sur ses pieds et attraper d'un geste vif la garde d'une rapière lourde que le forgeron lui tendait. Mais il n'eut ni le temps ni le loisir de comprendre ce qu'il voulait qu'il en fasse, car déjà le corps immense de Brom plongeait sur lui avec l'agilité d'un fauve... et la masse d'un rhinocéros en pleine charge. Dans un mouvement d'alarme instinctif, Léogan s'apprêta à plonger sous le cap de son tisonnier en profitant de leur impressionnante différence de taille mais plutôt que de le renverser dans sa course, le forgeron abattit son arme de fortune sur le bout de la rapière qui vibra avec violence dans la main de Léogan. Suprêmement surpris, celui-ci la lâcha aussitôt pour ne pas encaisser le coup dans son poignet et la lame tomba sur les dalles de l'atelier dans un grand fracas métallique.
Les yeux écarquillés de stupéfaction face à cette passe d'armes qu'il n'avait jamais vue de sa vie, il resta planté comme un piquet pendant un moment face à Brom, qui expliquait avec une précision exaltante. Son avis fut rapidement requis, toutefois, et il fallut ouvrir la bouche pour aligner quelques mots qui exprimeraient assez bien sa découverte.

« J'en dis, j'en dis... marmonna-t-il, avant de s'exclamer. C'est du pur génie ! »

Il ramassa sa rapière d'un geste vif et commença à faire les cent pas dans la forge, entre la presse à eau et les cheminées de pierres, en murmurant pour lui-même dans sa barbe :

« Leur dire de porter le coup à hauteur de cravate, un cavalier menacé, ça baisse la tête... Et puis, si ça manque son but, sans compter le cheval, on touche l'épaule et l'avant-bras, l'ennemi est mis hors de combat... »

Alors, il s'arrêta net et, le visage brillant et brûlant d'excitation, il se retourna vers son hôte.

« Il nous faudrait des lattes et des sabres courbes – quoi que davantage de sabres courbes que de lames droites, puisqu'on privilégiera la cavalerie légère et que le terrain, souvent, ne permettra pas de donner de l'élan aux charges... Ils devront être mobiles sur leurs selles, le sabre courbe ira très bien. Et puis... Entre les mains des soldats du nord, ça surprendra l'ennemi. »

L'inconvénient, bien sûr, c'était que leur donner à se battre avec une lame nouvelle, dont le maniement leur était presque inconnu culturellement, exigeait une formation urgente pour leur en faire intégrer l'usage et pour le leur faire accepter au détriment des armes de leur histoire. Les Cimmériens, austères dans leur solitude et la dureté de leur territoire, avaient développé des techniques qui leur avaient permis de survivre pendant des siècles et y étaient farouchement attachés – ce ne serait pas une mince affaire de les leur faire abandonner et de renouveler leur vieille armée, surtout que face au danger monstrueux des cavaliers, ils se scléroseraient de panique et se replieraient sur ce en quoi ils s'étaient toujours fiés et qui leur semblait illusoirement plus solide.
Quoi que Léogan n'avait plus aucune légitimité désormais pour bousculer les principes antiques de ces hommes, il prenait d'autant plus de plaisir à le faire à distance, de leur donner les moyens de se transformer et de les précipiter dans le changement sous prétexte d'une nécessité vitale. Ça avait quelque chose de jubilatoire. Il ne l'avouait à personne mais de ce côté-ci du conflit, il trouvait à la guerre le charme, le charme cruel, d'une force qui ressaisissait un corps qu'on croyait mort, qui le forçait enfin à se réinventer et à se battre. Elerinna, finalement, dans toute l'aberration de son entreprise, offrait aux Cimmériens une chance unique. Elle n'avait seulement pas compris que sa propre action de reconquête et de destruction, au-delà du déclenchement, seraient pour le monde d'une très pathétique inutilité. Il fallait quelqu'un pour saisir l'opportunité qu'elle leur avait tendu par hasard avant de mourir.
Léogan n'avait pas tardé à contacter le temple de Bor pour mettre en marche son idée. En fait, il n'avait pas attendu d'être certain qu'un accord existe entre les Cavaliers et les Lanetae pour débouler ici. Il marchait sur le fil du rasoir : forcer les Cimmériens au changement, profiter de l'urgence pour les y précipiter, c'était une chose, mais sans leur accorder un peu de temps, cette révolution se transformerait en anéantissement immédiat. C'était une opération délicate. Même un sabre pourrait faire la différence. En assassinant Elerinna, Léogan leur avait ouvert une porte. Ils avaient quelques semaines, quelques mois devant eux, avant que les troupes des Lanetae aient déserté Cimméria et trouvé refuge à Phelgra, que Démégor concède une véritable alliance guerrière et organise ses troupes pour se lancer dans le conflit. C'était assez pour suivre les enseignements des maîtres d'armes du temple de Bor.

Léogan sortit d'une poche intérieure de sa tunique un carnet en papier parcheminé qui égrena de la poussière dorée en émergeant de son vêtement, une petite plume brune et un minuscule flacon d'encre noire, et s'appuya sur la paillasse de Brom pour noter à une vitesse surnaturelle la masse d'informations qui découlait de leur discussion. Il faudrait transmettre une lettre anonyme au général pour lui proposer des lignes d'action stratégiques, par le biais d'Irina qui de toute façon signerait un pacte politique avec Brom. L'arrivage spécial d'armes le forcerait de toute façon à suivre les consignes... Les consignes d'un traître-assassin-criminel récidiviste à double casquette.
Un petit sourire venimeux s'esquissa sur ses lèvres, tandis que, sans se départir de ses notes à destination du forgeron et du général, ses yeux noirs s'auréolaient d'un éclat bleu électrique. Il nota les derniers éléments de son écriture solide et austère habituelle et releva son regard vers Brom d'un air soucieux. Les lueurs d'intelligence exacerbée par magie disparurent de ses prunelles et il poursuivit :

« Ceci dit... Pour les cavaliers je ne voudrais pas délaisser les lattes pour autant... C'est dévastateur. Si l'ennemi dispose de bonnes protections, pour infliger des blessures décisives, il nous faudrait des sabres droits. Mais je serais fou d'équiper tout le monde de deux sabres alors qu'on dispose maintenant d'une idée plus avantageuse... »

Il soupira avec ennui et passa une main moite dans ses cheveux, en contemplant évasivement la forge de Brom où pesait cette odeur granuleuse de métal et des relents capiteux de soufre, se perdant entre la taille formidable des enclumes et des marteaux dans la pénombre, celle des soufflets qui respiraient près des foyers immenses et les grands feux qui y brûlaient. Il se posta pensivement devant l'âtre, le front plissé de réflexion, les orbites noires et la figure rougie par les flammes, et au milieu de ses calculs il songea que cette fournaise dans cette cheminée colossale pouvait par caprice l'engloutir tout à coup entre ses crocs de pierre brûlante.

« Je me fais peut-être des histoires, murmura-t-il sombrement, mais il est possible que leur cavalerie ne passe ni la montagne, ni la taiga, je ne sais pas, s'ils ont des bateaux de transport et qu'ils débarquent avec sur une côte dégagée... Certainement qu'ils auront une cavalerie légère et une cavalerie de ligne, mais on connaît aussi la force de leurs cuirassiers. Ils les utiliseront en ligne et en rangs serrés pour briser nos fronts si c'est possible... Et l'effet de masse... sur nos fantassins... » Sa mâchoire se crispa durement, et il se retourna vers Brom. « Je veux bien croire que ta technique au sabre pour les fantassins, avec les tirailleurs, soit plus économique, et je l'adopterais, enfin je conseillerai aux Cimmériens qu'ils l'adoptent. Mais par mesure de prudence, il faut prévoir une cavalerie qu'on ne posterait pas uniquement sur les flancs. Naturellement, avec des pièges, des fosses et des défenses magiques de bonne ampleur, nous pourrions arrêter leur charge, mais si nous pouvions former notre propre réserve de cuirassiers... Oh, il faudra l'économiser, la réunir et ne l'employer qu'au moment fatidique... concéda-t-il dans un murmure en se rapprochant du géant, qui le dominait d'assez haut. En fait, pour cette unité de cavaliers, j'aimerais leur permettre d'utiliser les deux, un sabre courbe et un sabre droit attaché à un côté de leur selle, pour la mêlée et la charge. La latte a l'avantage d'intimider l'ennemi. La vue d'une masse de cavaliers avec leurs sabres pointés vers le terrorisera davantage qu'un même nombre de cavaliers qui agiteraient leurs sabres courbes... Tout ça, évidemment, dans l'hypothèse où nous devrions combattre de front, et je ne le souhaite pas, je ne suis pas un adepte des carnages inutiles. »

Il rouvrit rapidement son carnet et fit le compte d'un œil vif.

« Enfin, restent les archers. Je pensais spécialement aux arcs droits pour les batailles en rangées. Avec nos piquiers, il faudra que nous tenions nos positions, et donc que nous forcions l'ennemi à venir s'embrocher sur nous ou que nous le contraignions à avancer sur un terrain défavorable ou piégé au préalable. La portée des arcs droits nous donnerait cette opportunité. Avec des centaines ou des milliers d'archers, peu importe l'imprécision, on pourra faire pleuvoir des nuées de flèches sur l'adversaire, ça désorganisera considérablement les charges de leur cavalerie en blessant leurs chevaux, et je ne parle pas de ce que leurs piquiers prendront dans la tronche. J'en aurai donc besoin en quantité, conclut-il avec un signe de tête vers Brom. Après, pour les combats plus mobiles... Dans les montagnes, ils trouveront leur utilité, mais dans les forêts, c'est une autre affaire, il vaudra sans doute mieux choisir des arcs courts, plus précis et plus puissants. »

Ce chapitre-là semblait arriver à son terme. En ce qui concernait l'armement de la marine cimmérienne, ce devrait être une affaire moins épineuse. Léogan, toujours songeur, leva sa lame à hauteur de regard et la considéra quelques longs instants à la lumière rouge de l'âtre. Le tranchant aiguisée de la lame lui renvoya la noirceur opaque de ses yeux et son front se plissa tandis qu'il se rappelait dans toutes ces brillantes stratégies, ce à quoi était destinée cette arme,  ce qu'il était lui-même prêt à en faire et ce qu'il en avait déjà fait. Il coula son doigt dans la gouttière fine de cette rapière et le fit glisser doucement jusqu'à sa pointe en appréciant le grain de l'acier. Il n'avait jamais eu de goût pour les rapières qu'il avait toujours considérées comme des des instruments de parade ou des décorations de ceinture pour de petits nobles de cour qui croyaient tristement qu'ils ressembleraient à un coq en se plantant une plume dans le cul. Pour un militaire, c'était une arme d'une utilité limitée. Mais celle-ci lui inspirait de la curiosité.
En fait, ça avait l'air d'une belle saloperie... Il grinça des crocs de satisfaction et un petit rictus carnassier plissa sa bouche. Maintenant qu'il rôdait sur des routes où il n'était ni à l'abri des escopeurs en mal d'argent ou d'imbéciles qui voudraient le livrer à ses nombreux ennemis, c'était d'une arme légère dont il avait besoin, maniable, plus pratique que ces deux épées de grand officier qu'il se trimballait depuis Hellas et qui l'encombreraient plus qu'elles ne l'aideraient dans ces combats de chat qu'il ne tarderait plus à mener. C'était une rapière plus lourde que celles dont il avait déjà eue l'expérience, sa lame avait quelque chose qui la rapprochait de l'épée et promettait de pouvoir tenir le coup contre une arme lourde, de parer et de ferrailler violemment tout en gardant ce maintien particulier qui la dévouait aux esquives et à la déviation. Il pointa sèchement vers le bas et testa une garde prime en laissant son imagination divaguer, puis une botte ou deux avant d'étouffer un rire enthousiaste entre ses dents. Le panier de la rapière était grillé sur la main en trèfles, et avec ses quillons très prononcés, Léogan formait déjà l'idée de le fracasser sur la trogne d'un abruti trop entreprenant. La garde était travaillée avec une rare intelligence. Avec un peu de maîtrise, elle permettrait sans doute bon nombre de bottes tout en constituant une protection adéquate... Bien entendu, il ne pourrait pas se passer d'une arme plus solide, comme le sabre, dont la lame large serait d'un grand secours, mais cette rapière-là pourrait bien faire son affaire.

« De combien de temps t'aurais besoin pour forger un sabre courbe et un sabre droit de bonne facture, Brom... ? souffla Léogan, en relevant lentement son regard vers son hôte, avant de relever son arme qu'il couva de nouveau d'un œil brillant. Et ce genre de rapière-là ? J'en avais encore jamais vu auparavant. »
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeMar 21 Avr - 10:24

    Le chevalier forgeron c’était à nouveau assit, posé sur son lourd fauteuil qui avait accusé le coup de sa grandeur se tordant légèrement sans trop savoir pourquoi et sans être vraiment sur de pouvoir le faire une nouvelle fois, pourtant il fit et le ferait à nouveau, accueillir cette masse fantasque que jamais un homme ne devrait avoir, pourtant les volontés de Bor sont impénétrables et sa Main, son Être était de ces hommes qui dépassaient de loin tout ses standards et avaient dût forger les choses autour de lui pour vivre. La main à nouveau autour de la petite tasse qui aurait composé un broc considérable à coté de quelqu’un d’autre il écoutait les dires de son convive, qui à première vue avait repris de l’épuisement des longs jours et était même capable d’utilisé la magie.

    Comme à son habitude il l’écouta jusqu’au bout avant de répondre point par point, car Brom était un prêtre et l’écoute était une de ses grandes spécialité, un de ses devoirs, et quelque chose qui faisait admirablement bien. Mais c’est plus souvent ces réponses que son écoute qu’on retenait, peu être à cause de sa voix, ou de sa façon d’être, de son sourire ? Qu’importe au final car sa voix porte dans les cœurs :


    -“Tu sais gamin, cette technique frappe deux fois, une fois à l’arme pour la dévier ou au moins la faire volé comme je l’ai fait avec la tienne, une deuxième fois pour faire oublier le reste et le technique, mais tout ça reste dans le même mouvement, il y a peine une demi temps entre les deux, juste l’instant, ou plutôt l’intra-temps ce petit détaille qui se pose entre deux temps où l’on passe, se glisse sous la garde maintenant ouverte. Si la première fois il frappe au dessus le cavalier suivant verra sa tête partir, la fantassin suivant son visage et son casque explosé … Je frappe en tempe car si l’homme porte un casque, si il n’est pas stupide et trop porté sur le paraitre pour oublier que la guerre ne se joue pas sur ce point là, alors c’est le seul point où, en explosant, bosselant le casque avec toute la puissance déployez on est sur, même lorsqu’on est un grand gamin filiforme, de faire explosé la cervelle. Après si tu veux leur dire de viser la cravate et qu’ils ne sont pas apte à jauger et à jouer sur la surprise pour viser une tempe alors ce ne sont pas des guerriers, pas des soldats et ta vie est bien triste. Mais ce n’est pas mon affaire.
    Si ça vient du fait que tu veux mettre les sabres entre les mains de jeunes dont ce n’est pas le travail alors je comprend, mais sache qu’il seront moissonner par centaines, la seule défense de cette technique est l’attaque, la parade n’est là que pour porter une attaque et pour le concevoir il faut oublier la peur, la défense ici le tiens pas … C’est fort triste mais c’est un fait.

    Ensuite, et là c’est mon avis, on ne gagne pas une guerre sans bataille ranger, jamais, les tirailleur, les éclaireurs, tout ces hommes ne sont là que pour détruire le moral et les vivres, bruler la terre où passe vos adversaires, détruire leur chariots de ravitaillement, explosé les passes … Mais un bataillon arrivera toujours à l’endroit où il faudra se battre face à face, d’homme à homme, dignement, la seule bataille qui mérite d’être vécu, les autres sont là pour être gagner. Que tu sois colonel ou pas, que tu aime pour pas les batailles ranger, part du principe qu’il y en aura une, que la guerre est un massacre et que jamais l’homme, l’être ne saura faire autre chose que s’armé pour tuer son prochain, prendre, et bavé pour s’en donné le droit autour d’une chopine. Je m’excuse de devoir te dire ça, mais c’est ainsi. Quand au fait que tu ne sois pas colonel, que tu ne dirige pas cette affaire, crois-tu vraiment que j’ai le temps de bavasser avec quelqu’un qui ne fera que donner des suppositions ? Dame Dranis est là, on parle car elle va signer la note, et elle ne signe la note et n’est pas au débat que car elle te fait confiance, c’est un chef d’état. Tu es donc pour moi son chef des armées, sinon on ne parle pas, on ne négocie pas et je te fou dehors à grand coup de pieds dans le cul après t’avoir vendu ma pappenheimer.

    Alors, tu es chef de guerre ? Au moins pour notre discussion ? Ou on attend la dame pour continuer ? Ou je te met dehors car je doute qu’elle ai reçut une formation militaire et que je n’ai aucune envie de parler sans qu’on me renvoi la balle.”


    Il sourit de plus belle, le séant posé dans son grand siège qui fait office de trône, les feux de Bor derrière lui rappelant sa fonction, illuminant son visage d’une auréole rougeoyante et pleine de grâce bien plus que ne pourra jamais l’être un feu perdu, un de ceux qu’on éteint et qu’on rallume au besoin. Un de ceux qui son dompter. Triste feu, calcinant, rougissant à la demande sans même y mettre y âme, sans même y mettre un rêve, ou peu être est-ce les forgerons qui oublie qu’ils créent une vie ? Ce fut lui est un feu qui donne la vie et son rougeoiement n’en est que plus marqué, plus franc, plus vrai, plus feu, plus Bor.
    Il attend donc un signe de tête, un regard d’approbation, peu être un mot, avant de continué, de reprendre son monologue, il ne le laisse pas encore remettre en cause ses dires, il veux juste une réponse à sa question, et si la question peu traverser l’esprit de Léogan le visage de Brom Ode’Bahalmarche, calme, plein de volonté, figé dans ses traits que Bor a forger pour lui et pas pour les hommes, y répond.

    Mais il y a bien peu de chance qu’il mette le jeune homme dehors, après tout, même si lui ne veut pas l’admettre son rôle est ici, il est celui qui parle, celui qui connait aussi bien la guerre de part son école que le peuple du nord. Alors Brom reprend :


    “Pour tes lattes, tes lames droites, je n’aime pas ça en cavalerie, ça ce plante, ça se fixe dans la poitrine de l’ennemi et ça se perd, c’est pour ça que les sabres ont été inventé. Mais si tu en veux une lame droite, lourde, de cavalier, qui n’est même pas obliger de trancher car la seule force de la charge tue, n’importe quel forgeron t’en sort plus d’une par jour. C’est comme faire un gros tison que l’on aplatit, mettre une garde est simple, quelques coups de marteau à rouge et voilà. Quand à la garde, tu donne du cuire et de la colle à tes soldats et ils se la font eux même. Donc tu auras autant de latte que tu veux, surtout pour ta cavalerie, des grosses lattes qui font peur et qui explose, des maillets. Et si tu veux les polir … Rajoute un homme pour trois forgerons, il donnera la tête d’une vrai épée rapidement, si il n’y a pas de fil à faire tes maillet n’ont presque pas besoin d’âme … Mais aucune arme ne sort d’ici sans âme.

    Quand à moi pour faire une vrai arme, je prends normalement plusieurs jours, plusieurs semaines même, puisque je la rate. Et oui. Mais au plus cours, où l’on considère même ce que je considère comme des échecs … Un jour pour l’âme, un jour voire deux pour la forge à proprement parler, disons un, et un pour le polissage et la création de la lame.
    Au final ça fait trois jours par objets, je ne travaillerais pas pour moins car j’ai des principes, et aucun forgerons ici n’est autorisé à bâclé son travail même pour tes beaux yeux et même pour une guerre. Compte donc trois jours par objets, quand aux nombres de forgerons et de facteurs d’arcs, je n’en sais rien, plusieurs centaines de forgerons, et pour les arcs je dirais une petite cinquantaine … On doit bien être un demi millier dans le temple de prêtre et d’apprenti de Bor, si ce n’est plus, le dernier recensement que j’ai lut date d’il y a cent ans … Et on avait dépassé le millier dans le temple, maintenant, je n’ai sais rien, j’ai un secrétaire qui s’occupe de ça, je le ferais appeler quand ta reine sera sur le chemin.

    On en vient à une autre question, tes arcs, j’aime mieux les arcs à double courbure personnellement, moins lourds, plus sympa, et dépolit plus de puissance que ce que tu as besoin de tirer. Malheureusement tu as raison, ça sera des arcs droit et long pour la simple raison que c’est moins chiant et long a fabriquer, quand aux flèches, je pense qu’on va apprendre à tes gas à en fabriquer parce que sinon ta facture vas être salé on te livrera juste des pointes.

    Enfin parlons de choses sérieuse, ce que tu as entre les mains c’est une Pappenheimer, une rapière lourde, si les rapières sont la haine de la voltige, tu tape dedans ça plie, t’est obliger de viser l’homme directe tu t’expose encore plus, c’est fait pour l’estoc, tu tranche, enfin une salloperie.
    La Pappen’ à tout les avantages de la rapière sans en avoir la merde vivace qui consiste à dire que tu es obligé de viser les défauts des armures. Avec ça tu peux parer, tu peux trancher, tu peux jouer. Alors certes je te conseil de garder des gardes sous main, de glisser, de passer outre, d’éviter de t’opposer pied à pied avec une arme lourde, mais une Pappen’ est assez épaisse pour encaisser un choc, elle peut frapper comme une brute sur une armure et faire des petits bouts, elle peux faire rentrer son caste dans la cervelle de l’imbécile qui te regarde mal et reste plus légère, plus agile et apte à l’estoc ce qu’une épée est vraiment très très moyennement nous en conviendrons. Voilà donc ce que tu as entre les mains, je la conseil pour ceux qui en ont les fond en Damas cuivré pour la souplesse et le coté très esthétique de cuivre qui se couvre de bleu et passe en veinules au milieu du noire dessinant bien souvent les peurs des adversaires bien plus que des souvenir perdu. Garde à quillon plus grille sur le dessus revenant sur la main en trois ou quatre fils distincts histoire de pouvoir jouer avec et, comble de fourberie venir emprisonner des lames. Celle là n’est pas bien jolie mais c’est ce que j’avais sous la main pour te mettre en garde et à ta taille dirons nous car le reste ici est souvent … A la mienne dirons nous.

    Qu’en dit tu, tu veux t’en faire offrir une par la dame là haut ? Fait lui les yeux doux et le regard mignon je suis sur que ça passera, après tout, une arme en damas ça ne coute que plusieurs milliers de Dias, ça serait dommage de passé à coté d’une occasion pareil … Et puis un général doit avoir une arme à sa mesure. Je te garde là et on la forge à ta main si tu le veux, ce n’est que le double du prix après tout.”


    Il avait perdu un peu de son calme en parlant de l’arme, comme si il parlait de ses enfants il agitait un peu les mains, bougeait, souriait par à-coup, on voyait dans ses yeux le rêve de cette forge qu’il voulait mettre en place, oui ça serait une petite merveille, une douce et vénéré merveille, et puis il avait étudier longuement l’arme qu’il avait retrouver avec Lupen et Orchid dans les gorges, il commençait à comprendre les bases de l’enchantement … Ce serait une première, un bel effort et un futur magnifique. Il en aimait déjà l’idée. Après tout, une guerre peu attendre, une forge, c’est autre chose.
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeMar 19 Mai - 16:14

D'entre toutes les qualités du monde, le courage, l'honneur ou la noblesse, Léo préférait celles des hommes simples, la complicité dont ils étaient capables spontanément, sans calcul, politique, ni convoitise. Peu importait si leur amitié était éphémère, elle était vraie l'espace d'un moment, et il avait vraiment l'impression de rencontrer quelqu'un pour une fois, une personne réelle, en chair et en os, avec ses défauts, ses intérêts, ses illusions, ses secrets, mais sans hypocrisie ni condescendance. Brom était de ces gens-là. Il n'inspirait pas à Léogan une confiance absolue – il n'avait peut-être simplement pas assez enduré de merdes à ses côtés, ce qui était à peu près le seul moyen de gagner sa reconnaissance – mais il avait sa sympathie, et même son admiration, et ça n'arrivait pas aussi spontanément à chaque décennie.
Il l'écoutait corriger ses pronostics sans arrière-pensée, avec le sérieux d'un expert qui rencontre son pair, son égal ou son maître, et souriait tranquillement à l'idée d'excellence que le Haut-Prêtre se faisait des soldats en général, alors qu'en particulier sur un champ de bataille, toute la compétence, l'habileté, la précision du monde ne formeraient certainement plus qu'un tas d'instincts confus que seule l'expérience du combat de masse et l'apprentissage du sang-froid sauraient éclairer. Il haussa simplement les épaules, parce que la discussion serait vaine, de toute évidence, et continua de l'écouter en faisant tourner distraitement la garde de sa rapière dans sa main.
A la suite de son discours, néanmoins, Léogan fronça les sourcils soucieusement et fixa sa lame quelques instants sans un mot.

« Je n'ai pas vécu la guerre, murmura-t-il enfin, d'une voix rauque, mais crois-moi... Il n'y a pas d'heure, il n'y a pas de siècle pour apprendre la cruauté. On l'a tous au fond du ventre. Il s'agit juste d'avoir l'opportunité, les moyens et le droit – ou d'oublier qu'on n'en a pas le droit... – et ce métier leur viendra naturellement. Ils pilleront, brûleront, arracheront des dents et des mains aux cadavres, ça leur viendra. Et mes excuses, Brom, mais je ne pense pas qu'une bataille en rangée gagnera en dignité. Ce sera aussi sale que le reste. De mon point de vue, ça le sera même davantage. Tout sera caché derrière l'écran de fumée habituel de la chevalerie, des causes nobles et des raisons stupides dont on prétendra qu'elles pousseront les Cimmériens à se battre. Ce ne sont jamais que des tours de passe passe d'officiers et de politiciens. La vérité, c'est que les hommes se battront parce qu'ils n'auront pas d'autre choix. Sinon tout perdre et crever sur le bord de la route. »

Il haussa de nouveau les épaules avec un air d'indifférence pesante et se replongea dans ses pensées, avant d'en être tout à coup tiré par une des remarques hargneuses du grand forgeron qui savait trouver un équilibre perturbant entre la brutalité et la plaisanterie et qui accula soudainement Léogan au mur de son illégitimité notoire, en particulier dans ces circonstances où il fourrait encore une fois son nez dans des affaires importantes qui de toute évidence ne le concernaient que vaguement. Il eut l'air étonné de l'exigence presque coléreuse de Brom et le regarda quelques instants d'une mine sceptique.
Devenir général, ç'avait longtemps été un rêve de gosse – à cette époque où il s'était pas mal d'idées fantasques de la condition d'officier dans une armée engagée dans un conflit. Si ce n'était que le temps d'une discussion... Le jeu avait quelque chose de séduisant. C'était juste histoire de faire semblant. Il était là, il avançait des pions qui n'étaient pas les siens, mais il avait le pouvoir de le faire, alors c'était comme si... Ce vieux criminel multirécidiviste de Léo était le chef des armées cimmériennes.

« D'accord... murmura-t-il, pensivement, puis il releva la tête avec un sourire carnassier. On fait comme ça. T'as des idées qui m'bottent, vieil homme ! s'exclama-t-il avec enthousiasme, avant de prendre un air faussement conspirateur. Mettons que je suis chef de guerre. Le genre salopard sans conscience mais... Efficace. Je garantis pas de rester en fonction longtemps, par contre, niveau capital sympathie, ça sera moyen. » ricana-t-il.

Puis il écouta le point de vue Brom sur les lattes, qui avait ceci d'intéressant de proposer une alternative réaliste, à laquelle il consentit simplement d'un hochement du chef, avant de se rappuyer nonchalamment sur la table pour prendre les derniers éléments en note. Il inclina respectueusement la tête en écoutant la conclusion pieuse du forgeron, qui déclinait à demi-mot la demande qui lui avait été soumise – mais Léogan pouvait difficilement lui en vouloir. C'était au temple de Bor qu'il s'était adressé, pas au père frappart du coin de la rue, ils avaient un certain standing à tenir. Et une déontologie religieuse qui allait bien à observer. Bref, à défaut d'être parfaitement rationnel, tout ça se comprenait.

« Très bien, on f'ra comme ça, je vais pas t'demander de perdre du temps avec des armes de boucher. »

Il tendit davantage l'oreille, cependant, qui répondait directement à sa question, avec une humilité fine, qui en disait long sur le perfectionnisme passionné du grand forgeron. Outre que les statistiques qu'on pouvait tirer de ces chiffres étaient plutôt satisfaisantes – quoi qu'à relativiser étant donné le caractère très poussiéreux de ses registres de recensement – trois jours d'arrêt à Umbriel pour se faire forger une arme de qualité, c'était un arrangement assez convenable.
Léogan acquiesça de nouveau silencieusement à propos de l'archerie. Il avait lui-même beaucoup pratiqué l'arc composite à double courbure quand il avait quitté Cebrenia pour Argyrei, où les facteurs d'arcs avaient une technique et un savoir plus précis dans ce domaine, mais dans le cas des batailles rangées, les nuées de flèches des arcs longs feraient très bien leur affaire.
Et enfin, Brom en vint à la rapière, et plus que la curiosité de Léogan, il parvint à capturer totalement son attention. C'était simple, cette arme-là était parfaitement adaptée à l'idée qu'il se faisait d'un combat. Un jeu d'habileté et de technique, de force et de fourberie, où tout pouvait se dénouer d'une botte bien placée ou encore d'un coup de poing en pute en plein dans la figure. Beaucoup de place à l'imagination, à l'improvisation, et c'était là tout le secret – n'être jamais, oh, jamais, là où les autres s'attendaient à le trouver. Sauf si ça faisait partie de la stratégie, mais c'était une autre histoire.
Pour la touche de l'artiste, Léogan était très loin de s'y connaître en esthétique autant qu'il l'aurait fallu, mais malgré tout, il devait admettre qu'il était assez sensible à la beauté d'une arme – et que Brom savait vendre sa salade, à n'en pas douter. Enfin jusqu'à un certain point.

« Plusieurs mill... » Il s'étouffa tout à coup et s'interrompit dans une violente quinte de toux. Mais Brom continuait, avec sa faconde ordinaire, et comme toujours avec ces sortes de longues tartines assurées et étourdissantes, Léo se fit emporter par la déferlante de discours et ne put que dévisager ce moulin à paroles de Haut-Prêtre d'un regard écarquillé, tandis qu'il poursuivait son laïus. Il venait de se faire piéger. Il avait accepté de jouer à son jeu, et maintenant ça lui retombait bêtement sur le coin de la figure dans un petit bruit piteux. C'étaient ses fantasmes de chef de guerre qui venaient de se péter la tronche du sixième étage, qui étaient redescendus sur le plancher des vaches et qui se rappelaient tout à coup qu'ils vivaient sans un kopeck depuis un bon mois déjà. « Mais attends tout ça c'est pour de f... » tenta-t-il de le couper. Mais évidemment c'était inutile, et bientôt Brom parlait de lui forger la rapière à sa main – dieux, il n'avait jamais eu d'arme forgée à sa main, c'était du pur délire – pour le double du prix initial – deux fois plusieurs milliers de dias, ça faisait... Et même sans parler de ses finances vagabondes, il était déjà payé une misère quand il était colonel à Hellas, ça n'aurait pas été envisageable ! Enfin, cependant, l'immense bavard cessa d'agiter ses grandes paluches d'ours et son regard flamboyant se figea sur Léo qui lui-même était paralysé depuis quelques instants déjà. Devant l'expectative du forgeron, qui avait l'air d'avoir rajeuni de deux ou trois siècles, le Sindarin battit des cils de surprise et tout à coup, éclata d'un rire rauque mais amusé. « Le moins qu'on puisse dire c'est qu'tu conduis bien ta charrette l'ami. Mais nan non non non non, j't'en prie, n'en parle pas à la dame. Pas tout de suite. C'est mon affaire, j'tiens pas à m'faire entretenir. Je veux dire me barder aux frais de la princesse, ça m'f'rait doucement rire, mais pas aux siens. J'ai... besoin d'y réfléchir... » Il marcha de long en large sur une dizaine de pas, les bras croisés dans le dos, s'arrêta et lança un regard appuyé sur les enclumes colossales de la forge, la mine presque torturée, avant de secouer la tête d'exaspération. « Pas l'cœur près du portefeuille, ça porte malheur. » marmonna-t-il, avant de se retourner vers le géant. « Mais du blé, j'en aurai. Autant que tu voudras. Seulement j'pourrai pas t'abouler la carle dans l'heure, entendons-nous bien. Tu pourras retenir la marchandise si j'paie ton ardoise en retard, même que j'allongerai le tir si c'est pas dans tes habitudes de faire à crédit. Enfin c'est sûrement pas dans tes habitudes. J'ai pas la tête de tes clients habituels d'ailleurs, poussons pas l'illusion trop loin. Pourquoi tu m'proposes ça à moi ? » demanda-t-il enfin, l'air passablement désarçonné.
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeLun 1 Juin - 2:07


Des marteaux comme des cloches sonnantes

Léogan . Brom . Irina

Irina leva les yeux vers la pâle lueur des torches qui éclairaient le hall de prière, la conscience égarée dans une dimension spirituelle où il n'y avait qu'elle et sa foi pour les dieux, dont le monde doutait tous les jours un peu plus. Depuis à peu près vingt minutes elle était agenouillée seule, à même les dalles sombres du temple de Bor qui brillaient d'un éclat mat, plus proche du métal que de la pierre. C'était la première période d'introspection rituelle qu'elle s'accordait depuis de longues semaines, et c'est avec soulagement qu'elle retrouvait le silence. Les mains posées dans son giron, sagement repliées et immobiles, la jeune femme était restée les yeux clos, avant de les tourner vers le petit autel qui se dressait aux pieds d'une grande statue de bronze. L'encens y brûlait encore, déversant de subtiles vapeurs rappelant le fruit des entrailles des forges sacrées. La statue quant à elle, lui suscita autant d'admiration que lors de sa première visite, il y a de ça des années.

L'homme à la stature impressionnante se tenait fièrement sur ses appuis, menton levé et regard fier, la main posée sur la tête d'un enfant qui s'accrochait à sa jambe. Armé de ses principaux attributs, le marteau et le bouclier, il avait l'expression à la fois dure et bienveillante d'un Dieu protecteur. Cette œuvre des entrailles du temple était connue comme Bor de l'Égide -par opposition à Bor Créateur, saint patron des artisans et des guerriers- une des diverses facettes du dieu forgeron, populaire pour accorder ses faveurs aux plus démunis. C'était la statue la plus souvent priée par le petit peuple Phelgran et les familles de tout le continent, qui voyaient en lui et Aléa les gardiens de leurs foyers.
La prêtresse fixa ensuite le petit enfant au lourdes boucles d'airain, l'expression figée quelque part entre la frayeur et l'espoir, dont les grands yeux tournés vers le haut reflétaient la confiance. Elle pria afin que Bor et les autres dieux accordent bonne fortune et félicité à son fils, se souciant peu de ne pas les mériter également. Dans l'immédiat, au sein de cette guerre absurde qui emportait tout sur son passage, au milieu des jeux de puissance qui déchiraient la région, Aemyn et son compagnon étaient tout ce qui lui restait. Avec ou sans l'aval du panthéon Irina pourrait bien se défendre toute seule, d'une façon ou d'une autre elle trouverait un moyen... et cela lui était bien égal de devoir nager à contre-courant ou œuvrer pour le restant de ses jours de façon à mériter la rédemption.

Un soupir se perdit dans la salle vide, si ce n'est pour une paire de fidèles qui priaient de leur côté sans même la regarder. Ainsi découverte de l'épais tissu de sa cape, tête nue, elle apparaissait comme une femme banale habillée d'une robe simple plissée par endroits, résultat du long voyage qui l'avait amenée jusqu'à Umbriel. Ses cheveux étaient teints en noir et ondulaient libres sur ses épaules frêles, ses yeux verts brillant en un visible contraste avec sa peau pâle. Une jeune mère comme tant d'autres, une femme sans histoires venue prier au temple de Bor. Du moins c'est ce qu'elle faisait croire aux gens autour d'elle et ce qu'elle aurait voulu être, de tout cœur.
Avec solennité elle déposa une petite bouteille de spiritueux sur l'autel, consacrant son offrande avec des gestes spontanés en réalité si précis qu'ils témoignaient d'une routine répétée des milliers de fois. Elle s'inclina alors à deux reprises et psalmodia une prière vieille de plusieurs siècles, avant de finir par se lever lentement. Son temps de prière était un des rares moments où elle se sentait épanouie, son fardeau allégé par le sentiment de paix que lui transmettait cette communion. Aussi c'est avec une relative bonne humeur qu'elle retourna à ses obligations, ignorant le regard appuyé d'un prêtre qui avait apparemment attendu qu'elle ait terminé depuis quelques temps. Une expression grave et presque sceptique animait ses traits légèrement creusés, comme s'il cherchait à voir au delà des apparences sans histoire de cette pieuse inconnue. En retour la demoiselle lui fit face sans rougir, soutenant le contact visuel avec humilité, sans pour autant se laisser impressionner.

Le religieux devait certainement nourrir quelques soupçons à l'encontre d'une anonyme habilitée à rencontrer la main de Bor en personne, le tout dans sa forge personnelle. Néanmoins bien que cela le démange sûrement, il ne posa pas de la moindre question inconvenante et se contenta de la mener dans une petite salle contiguë où attendaient Koha et Alix. Ils se levèrent d'ailleurs à son arrivée, et le Yorka qui lui servait de garde du corps se leva 'pour faire un tour et se dégourdir les jambes', ce qui lui permettrait de surveiller les environs de ses sens aiguisés de félin. Irina acquiesça sobrement en sa direction, le laissant prendre l'air puisqu'il n'y avait pas grand danger sous la coupole du Dieu Inventeur. Et avec qui serait-elle plus sûre qu'avec le maître des lieux ? Échangeant quelques mots avec son apprentie, la prêtresse sentit un précieux brin d'insouciance couver au fond de ses muscles d'ordinaire tendus de nervosité. Elle qui passait son temps à régler sa vie comme une horloge, à cadencer ses journées par un mécanisme bien huilé de rigueur et de prudence, se découvrait un plaisir presque coupable à n'avoir rien d'urgent à gérer, autre que sa propre discrétion.

D'une mine amusée elle regarda la bouille curieuse de son fils, qui ne tarda pas à s'agiter en la voyant entrer dans la pièce. Ses yeux ronds du petit garçon suivirent la silhouette maternelle sans la quitter. S'appuyant d'une main sur l'épaule de l'adolescente qui le portait, il poussa sur ses jambes pour gagner en hauteur et tendre les bras vers sa mère, qui l'enlaça avec une certaine satisfaction mal déguisée et un petit rire. Le bébé se blottit immédiatement contre sa nuque qu'il entoura avec maladresse, ne semblant pas vraiment dérangé par la noirceur de ses cheveux. Un peu méfiant au début il avait fini par s'y faire, finalement rassuré par la voix familière et surtout l'odeur inimitable de plantes médicinales et d'agrumes.

« Viens par là, bonhomme. » Elle sourit et le serra possessivement, un peu trop fort, ce qui le fit émettre une plainte de 'prince grognon', comme elle se plaisait à le surnommer. Si petit et déjà un embryon de sale caractère, comme ses parents. Un tempérament fort qui faisait les délices des très rares personnes qui le côtoyaient. Et malgré cela il ne bougea pas d'un seul centimètre, ce qui gorgeait Irina de quelques éclats de bonheur, épars et scintillants, de minuscules diamants précieux, qu'elle entassait secrètement au fond de sa poitrine.

Sur quelques mots elle se décida enfin à laisser Alix seule, afin qu'elle puisse à son tour se reccueillir et rendre les honneurs à Bor, en toute quiétude. De son côté Irina avait fait une estimation approximative du temps qu'elle accorderait à Léogan afin qu'il discute avec leur hôte, de choses d'hommes, soit sûrement des meilleures lames et des trente-six mille façons qui existaient de trucider un homme de la façon la plus nette qui soit. Et si en d'autres circonstances elle aurait bien pris part à cette conversation portant le combat au rang d'une forme d'art, elle restait curieuse de voir la tête que tirait son amant face aux nouveautés alléchantes que les forges avaient à lui proposer. Depuis des jours déjà il lui parlait des vertus subtiles de l'acier qui prenait vie entre les mains du Géant, alors elle n'osait imaginer l'expression euphorique de gosse perdu dans un magasin de jouets qu'il devait arborer en ce moment. Et puis si elle pouvait lui faire plaisir en même temps qu'ils s'occupaient de boucler les préparations aux défenses du pays, ce ne serait pas de refus. Mais encore faudrait-il qu'elle parvienne à identifier quelque chose qui lui plaise sans qu'il s'encombre d'un refus poli visant à ne pas lui faire dépenser son argent, ce qui arriverait sans nul doute, elle en mettrait sa main à couper.

« Nous pouvons y aller, maintenant. » La serpentine se tourna vers le prêtre qui l'avait accompagnée et le suivit à travers les dédales de pierre qui l'amenaient jusqu'au centre de cette fournaise fourmillante, là où les visiteurs n'avaient d'ordinaire pas le droit de mettre les pieds. Foulant les dalles sans un bruit, elle effleura la petite tête brune d'un baiser et entraperçut enfin leur destination au fond d'un couloir qui se déroulait en un long escalier. Des frises travaillées embellissaient les murs de roche, ce qui lui donnait la sensation impressionnante de plonger dans un monde souterrain à part entière. Ce fut à ce moment-là, grandement distraite par les merveilles gravées dans la pierre, qu'elle discerna les contours d'une énorme porte par-dessus l'épaule du quarantenaire qui la guidait. Ce dernier frappa alors trois coups secs dans le métal et fit un pas de côté pour l'inviter à passer le battant entrouvert, ce qui à défaut de l'intimider lui fit l'impression de s'inviter là où elle ne devrait pas. Elle s'imagina un instant quelqu'un débouler dans son laboratoire, et fut parcourut d'un frisson d'horreur. Non, certains lieux n'étaient pas faits pour être fréquentés par autrui. Elle toussota, faisant sursauter Aemyn qui brailla tout bas.
Avec une timidité certaine elle passa son visage de l'autre côté, hésitant à entrer sans y avoir été formellement invitée. C'est donc à l'exclamation de Brom qu'elle se permit d'aller de l'avant, brûlant de savoir de quoi les présents avaient pu papoter pendant son absence. Saluant néanmoins la main de Bor comme il se devait, elle s'en tint à un signe de tête poli. De toute façon avec un bébé dans les bras il n'était pas vraiment question de se plier en une révérence, il le comprendrait sûrement. Et puis à vrai dire Brom n'avait pas l'air de ces haut-prêtres pompeux comme des noblaillons. Louée soit la déesse.


« Bonjour Haut-Prêtre, merci de m'accueillir en votre demeure. J'espère que mon cher... époux ne vous a pas causé trop de soucis. » Elle posa une main sur l'épaule de Léo, qui se trouvait dos à l'entrée, et sourit sincèrement. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle trouvait la situation fort amusante, bien qu'il puisse être difficile de deviner pourquoi. Sans doute parce que ce rassemblement au fond très banal relevait de l'exceptionnel pour eux, deux bourreaux de travail prisonniers de leurs occupations. Alors se retrouver en famille... -elle s'interrompit en pensant à ce mot si étrange, qu'elle découvrait pour la première fois de sa vie- c'était ce qu'elle avait vécu de plus positif depuis des années, en dépit de l'imminence de la guerre.
D'ailleurs elle cala Aemyn un peu mieux contre sa poitrine, ce qui finit par attirer l'attention de l'enfant, qui se tourna vers la salle singulière où ils étaient entrés. Très intrigué par la taille colossale de Brom il resta interdit à le regarder, étudiant ses sourcils broussailleux et sa carrure de colosse inamovible. Craintif il se dissimula derrière le rideau noir des cheveux de sa mère, épiant farouchement ce que disaient les adultes. Mais enfin alors qu'il se détourna du forgeron, il vit Léogan sur sa chaise, figé de surprise, un gâteau aux amandes suspendu à la main qui planait immobile. Gaillard il se saisit alors de la friandise et tapota le haut de crâne du militaire.

« Lé... wo. Hattavir ! » Il l’interpella en sindarin, l'appelant chaleureusement 'papa' comme si c'était la chose la plus normale qui soit.... plongeant ses deux parents dans la surprise coupable de deux jeunes fugueurs délinquants pris en faute. Car ce qui ici n'était qu'innocence infantile était l'interdit rêvé qu'ils ne pouvaient se permettre ailleurs.
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeMer 10 Juin - 9:04

    Le chevalier sourit doucement au petit d’homme qui lui a fait la conversation jusqu’à maintenant, c’est un homme bien au final, un de ces êtres droit et qui est capable de respect, un de ces êtres qui est juste emporté dans sa vie et qui si il massacre la vie des autres n’est dans cette position que par non choix, un vieux relant de souvenir lui dit que cet homme à pourtant tout d’un chasseur comme le dirait un vieil ami, mais à quoi bon chercher uniquement ces chasseurs, il a quitté cet homme et la vie qu’il proposait pour forger la sienne.
    Forger, forger contre vent et marré, taillé et décrire dans les parois d’un pot qu’est la vie les étapes une à une d’une vie qui tourne si vite que voir le grand tout n’est possible qu’au moment où elle s’arrête, et c’est trop tard, à cet instant vous êtes mort et on conserve votre pot si il est beau pour l’Histoire, ou on le jette dans un coin … On le regarde avec admiration ou avec haine, il sourit de plus belle, elle venait d’entré, juste à temps au final, Léo venant de finir sa phrase sur un point qu’elle ne devait pas entendre …

    Ha toutes ces choses qu’il ne faut pas entendre, tout ces histoires tortueuse, c’est encore une histoire politique qui rompt avec la franchise classique de la Main de Bor, il n’aime toujours pas cette politique, qu’elle fusse de couple ou de pays, de famille ou de loi, pour lui le monde devrait avancer le front haut, ça vous fait des ennemis mais ce que le vent y est frais et bon !


    -“Bonjour ou bonsoir grande dame, je n’ai aucune idée du temps dans ces lieux cloitré du monde. Et puis comme vous le voyez je mange quand je le veux et que votre mari ne vide pas ma table de son appétit digne d’un Zélos. Vous devriez le nourrir, un homme faible est un homme triste, le nourrir est toujours très important, quoi que vous vouliez en faire après.
    Et puis il est très intéressant, vous avez nommé un grand général pour venir discuter avec moi, il est précis, sait ce qu’il veut, et fait des magnifique cartes stratégique en pate d’amande.
    Enfin, c’est un homme qui sait reconnaître les belles armes et la finesse de tel ou tel objet pour ses désires ou celui de ses soldats, et à mon plus grand bonheur j’ai réussit à allumé quelque chose d’enfantin dans son regard.

    Mais malheureusement je crains que le temps des badinages ne soit plus ou du moins pas encore, nous pourrons nous attelez à parler de votre mari comme si il n’était pas là quand nous aurons mis au claire cette transaction et si j’ai bien comprit l’affaire les points politiques sont avec vous …”


    Sans laissez à qui que ce fusse le temps de répondre vraiment il sorti une feuille de parchemin d’un tiroir caché sous la table ainsi qu’une liasse de compte à laquelle il se référa tout en débitant nombre de chiffres allant de “Donc quelques cuire, pour les arcs il nous en faut …” et à première vue, quand les mathématique n’étaient pas une agression systématique des tympans se fermant donc systématiquement, la note montait vite dans les sommes.
    Mais après tout qui demande de fournir une armée en arme neuve sans y mettre le prix. Il sorti une première note de frais écrite dans une encre bleu qu’il tandis à la demoiselle avant de s’atteler une seconde puis une troisième tout en lui transmettant dans un regard qu’il avait encore des choses à dire.

    Puis quand la quatrième, bien différente des autres vint se posé devant elle il expliqua.


    “Votre général et moi somme tombé d’accord sur les armes qu’il vous faut et la quantité approximatives. La première note est ce que nous avons décidé, c’est le prix moyen que je vous propose, enfin moyen, comme vous le voyez ce n’est pas juste quelques milliers de Dias mais vous me demandez d’armé une armé.La seconde note est là si vos finances sont courtes, c’est juste ce qu’il vous faut, pas de réserve, pas de tête de flèche, peu d’armure, je limite votre possibilité de chevalier … Enfin toute ces choses classique que l’on fait, en considérant que les lances sont juste légèrement plus efficace que les fourches et coute plus cher …Enfin la troisième est là car je la propose toujours, elle vaut trois faux la seconde à quelques milliers de Dias près, mais nous n’en somme plus là, cependant dans ce cas là j’envoie des forgerons chez vous pour s’occuper des armes et des ajustements sur place, je vous fournit en flèche et je vous donne des réserve véritable au cas où la guerre s’allonge et que vous êtes bloqué, au final j’augmente mon nombre d’artisan je fait rentré du monde, je forme et je vous laisse le temps de la guerre des hommes compétant … Voir je viens moi-même pour certains point de la quatrième note.

    Celle-ci est particulière, nous n’en avons pas vraiment parlé mais elle est importante à mes yeux. Il est important d’avoir des symboles, et si vos généraux ne sont pas finement armé et armure, si vous ne sortez pas une troupe d’élite du lot vous aller diminuer le moral de vos troupes et vous allez limiter sa volonté de se dépassé, de vouloir se couvrir de gloire pour qu’eux aussi ils aient ce genre de chose et rentre couvert de plus que des médailles et des galons, mais avec de vrais armes. Je vous fais un prix, et les armures comme les armes ne seront pas aussi belle que celle de la première Phalange d’Arghanat que je forge moi-même, ni même magique, mais elles seront faites sur mesure, en fonction des gens, pour un homme je vous demande 8 000 Dias, cela comprend l’armure, trois armes, le gambison et même les vêtements d’armures ; la jaque, les bottes, et le tabar si vous préféré. A vous de voir si vous le voulez et en combien d’exemplaire. Je doute d’avoir le temps de faire mieux donc vous demandez plus serait honteux.
    Enfin je dois pouvoir faire quelques chose pour un homme ou deux …

    Mais prenez du thé, celui-ci est le votre, l’autre je vous laisse le reconnaitre, posé vous, manger quelque chose, je ne pas l’habitude d’avoir des enfants ici et j’avoue que je sais peu sur ces parasites, mais on doit pouvoir lui trouver du lait frais, chèvre ou vache si vous le souhaitez, et la plus part des petits gâteaux sont assez mous. Si vous préféré de la viande, elle devrait arriver bientôt … Enfin je le crois. Ho et je dois avoir une flasque de poire, juste magnifique.

    Dernier point qui fâche, je ne m’occupe dans aucune des notes de la livraison, pour une raison simple, faire sortir les armes n’est pas dans ma capacité, mon réseaux direct est limité, je vous conseil de prendre contacte avec une pègre pour tout ça, ils sont spécialiste du passage de choses aux frontière, je suis neutre, les chevaliers ne pourrons pas grand-chose contre moi, mais si ils s’allient à votre ennemi ces convoi ne seront pas à moi et je ne vous fourni aucune assurance. Je vous vend des articles et des service je n’ai aucun de mes hommes qui sait mener un convoi en ligne ennemi en cas de guerre.”


    Fouillant dans le tiroir invisible il sort une petite flasque en fer blanc, qui dans des mains classique apparait comme étant une gourde rempli d’une liqueur de poire sentant autant la douceur du fruit complété à celle du caramel fait dans le cuivre, que la force du bienfait de l’été couplé avec celle de l’alcool qui garde une place prépondérante dans cette eau de vie.

    Puis il s’assoie et regarde la demoiselle autant que son maitre cartographe en pate d’amande. Il a le sourire facile mais ne sait pas trop comment se positionné face la petite chose qui gesticule et fait des bruits bizarres dans les bras de sa mère. En rendant son regard à Léo on voit bien dans son sourire qu’il n’a pas parlé de quoi que ce fusse vis-à-vis de l’arme, mais qu’il a donné toute les clefs à sa femme pour le comprendre d’elle-même, au final à quoi bon être un vieux forgerons si ce n’est pour s’amusé un peu de temps à autre ? Il s’adosse en attendant qu’elle étudie tout cela, il est ce noble chevalier calme et souriant que certain apprécie.


Note :


Dernière édition par Brom Ode'Bahalmarche le Mer 10 Juin - 11:14, édité 1 fois (Raison : Oublié un point)
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeMar 16 Juin - 1:56

Quand Irina passa le pas de la porte, les bras serrés autour du petit Aemyn, qui se cachait dans le voile sombre de ses cheveux, Léogan sursauta presque en se laissant tomber sur une chaise, écartant dans le même mouvement la rapière lourde qu'il dégagea furtivement sur un coin de la table. Saisissant un gâteau au hasard dans le garde-manger de Brom, il croisa les jambes et appuya nonchalamment son bras sur le dossier de sa chaise, tandis que les deux religieux se saluaient avec un respect sincère.
Il sourit avec enthousiasme à la désormais brune qui hésitait visiblement à avancer au milieu de cette forge imposante. Malgré la réserve un peu gênée qui se lisait sur les traits d'Irina, il y avait jusqu'au bord de ses yeux verts des éclats rutilants de joie qu'il y avait rarement vu et qui allumait un brasier difficilement maîtrisable au fond de son ventre. Il l'observa quelques instants, rêveusement, le regard plein de mots secrets, tout en tentant de s'habituer à la noirceur de suie de sa chevelure d'ordinaire rousse, qui faisait ressortir la pâleur douce de ses traits. Elle s'approcha enfin, les sourcils plissés d'une malice à laquelle il répondit d'une moue faussement méfiante, et elle poursuivit à l'égard de Brom en posant une main délicate, mais ferme, sur l'épaule de son... « époux ». Léogan, suprêmement surpris, tout à coup général et ci-devant homme marié et père de famille, sursauta et s'exclama subitement :

« Votre... ? Hein ? » Il la scruta sans comprendre, les yeux ronds, puis, devant le rire qu'elle retenait derrière ses lèvres rouges et pulpeuses d'enfant victorieuse, il prit un air plus crâneur et changea d'appui pour croiser ses jambes, balançant sa chaise d'avant en arrière. « ...ha oui ! Mais tout à fait ! »

Cependant, il s'esclaffa un peu tout seul, les yeux perdus vers Irina, sans savoir comment interpréter la chaleur bizarre qui montait dans sa poitrine, couplée à la réticence naturelle de son esprit qui se cabrait rien qu'à s'imaginer être attaché à quelqu'un par des liens sacrés et indépassables. Quoi qu'il n'y avait pas si longtemps, il avait été question d'être attaché à elle par d'autres liens... Qu'il n'aurait peut-être pas reniés une fois mis en condition. Enfin.
Peut-être.

La petite voix audacieuse de son fils résonna tout à coup dans la chaleur de la forge, comme un pépiement de petit oiseau, et le gâteau qu'il tenait voilà un instant dans sa main décolla subitement pour se trouver en la possession impérieuse d'Aemyn qui, de son autre main, commença à jouer avec les cheveux de son père à sa portée.

« Hé ben, l'affreux, te gêne pas. » commenta Léo en s'appuyant sur le dossier de son siège pour se relever, et au passage glisser une main entre les longs cheveux sombres d'Irina et la refermer doucement sur sa nuque.

Il affligea le nez de leur fils d'une pichenette inoffensive et aussitôt, Aemyn recula de surprise. Il se frotta le nez en émettant un crachouillis d'oiseau en colère et fusilla son paternel d'un regard vert assassin, que lui destinait plus habituellement Irina. Il serra dans sa petite main deux des doigts de son père et planta dedans ses quatre incisives, en le fixant d'une mine entre la circonspection et la vengeance satisfaite. Léo grimaça d'embarras, plus que de douleur, et tenta de retirer sa main de la bouche du garçon, qui n'en démordait pas – au sens propre, même – sans lui faire de mal, mais il ne trouva pas d'autre alternative que de libérer la nuque d'Irina et de venir chatouiller le gamin.

« Sache, lionceau, commença-t-il avec un sourire carnassier, que personne ne peut défier ton père. »

Et il l'attaqua dans les côtes et sur le ventre sans pitié. Aemyn éclata immédiatement de rire, d'un rire en cascades, comme des grosses perles rondes qui pleuvent et rebondissent dans un bocal, et il relâcha la deuxième main de son père, qui se précipita en renfort dans la manœuvre. Entre ses larmes, le garçon tenta de repousser les assauts de ces grandes mains tatouées d'arabesques, sans franc succès, jusqu'à laisser tomber le gâteau qu'il avait subtilisé et qui s'écrasa par terre. Quand il fut à bout de souffle, Léo le laissa se reposer entre les bras de sa mère et lui ébouriffa ses cheveux noirs de jais, en choisissant sur la table un gâteau aux amandes suffisamment mou pour que le petit y fasse ses dents. Aemyn poussa un petit miaulement de contentement et planta ses dents dans la pâte sucrée en salivant dessus et en faisant distraitement rouler ses yeux, ronds comme des billes, dans la forge gigantesque.

Alors, Brom reprit la parole et tous l'écoutèrent avec surprise saluer Irina – Aemyn était absorbé par ses mains formidables, pleines de nœuds de muscles, de cales, qui faisaient rouler leur chair en se froissant l'une contre l'autre, et Léo resta comme deux ronds de flan devant le forgeron, qui discourait d'une longue traite sur l'appétit d'ours de son hôte (lequel sentit tout à coup qu'entre Irina et Brom, il se ferait tirer dans les pattes de tous les côtés), et puis tout à coup, ce fut une avalanche imprévue et très singulière de compliments qui déferla sur lui et lui cloua définitivement le bec. Il sourit avec gêne, en passant une main dans ses cheveux, jusqu'à la crisper dans sa nuque. Quand Brom évoqua son attrait pour « les belles armes et la finesse de tel ou tel objet pour ses désirs ou celui de ses soldats », la ruse fit grimacer Léogan, dont le regard fuit délibérément celui d'Irina pour glisser, très fugace, sur la rapière qu'il avait posée sur un coin de la table.

« Euh. ...merci je suppose... ? » finit-il par dire, en levant un sourcil amusé vers Brom.

Tandis que Brom mettait finalement le nez dans ses papiers pour commencer à parler finances, Léo se désintéressa presque par automatisme de ce qu'il disait pour regarder Aemyn mâchonner son gâteau à la pâte d'amande. Le reste ne concernait plus vraiment le général-pas-vraiment-général qu'il incarnait ce jour-là. Il croisa les bras sur ses genoux, envahi par un sentiment subit d'absurdité. Il avait fait son office, ce pour quoi il était utile, et il s'était tu. Il ne savait plus franchement ce qu'il était, ou ce qu'il était devenu, depuis... Depuis quoi, de toute façon ? Il avait Irina, il avait Aemyn, et puis... C'était comme si, le temps passant, tout était devenu banal autour de lui, tout ce qu'il avait aimé, tout, et qu'aujourd'hui, il n'était plus capable que d'aimer... Deux ou trois choses. Sa famille. La décharge d'adrénaline au cœur du danger, le combat, un peu de musique, des espoirs à caresser le soir en rêvant. Trois ou quatre personnes. Le reste n'avait plus aucun sens.

« Hatta. »

Aemyn scrutait le gâteau qu'il tenait et faisait rouler entre ses mains avec intérêt. Quand on était tout petit, un rien paraissait exceptionnel. Et puis on grandissait. Et le monde rétrécissait. Ou bien peut-être qu'il était toujours le même... Mais qu'il devenait juste... Moins attrayant.

« Hattavir ! s'exclama le petit garçon avec impatience, sortant brusquement Léo d'une torpeur dans laquelle il se reprocha aussitôt d'être tombé.
– Oui, pardon, Aemyn, qu'est-ce qu'il y a ?
– Gâto, dit-il en lui tendant le biscuit à moitié rongé, avec beaucoup de sérieux.
– Mmh, merci, fit Léo, en acceptant prudemment le cadeau dégoulinant, entre deux doigts.
– Denada. » répondit Aemyn, l'esprit large.

Le petit s'empara d'une cuillère sur la table, qu'il examina curieusement, la frimousse couverte de pâte d'amande. Léogan le regarda faire en souriant et profita que son fils soit distrait pour cacher, l'air de rien, le gâteau couvert de bave derrière une rangée de tasses. C'était que le môme était bien capable de le seriner s'il le voyait faire.
Léogan s'étonnait chaque jour davantage de l'intelligence et du caractère affirmé d'Aemyn, qui n'avait pourtant qu'une dizaine de mois, tout au plus, et avec qui il pouvait presque bâtir une discussion normale – ou avec qui il s'imaginait bâtir des discussions normales, ce qui était sans doute très différent. Mais il préférait se dire que cette façon que le garçon avait de regarder le visage taillé au burin de Brom et ses grandes mains d'artisan, couvait une intelligence insoupçonnable – que le moindre de ses mots avait une signification précise, que tout ce qu'il faisait voulait dire quelque chose. Un gosse, c'est un monde d'émerveillement.

« Paluches. » lança-t-il avec un regard éloquent à son père, tandis que Brom avait l'air d'achever sa tirade de financier – dieux merci – au profit d'un discours plus léger sur la nourriture qu'il mettait à leur disposition. « Youka, Paluche ! » s'écria néanmoins Aemyn à l'adresse de Brom, pour conclure ce chapitre, ce qui semblait signifier : « Très intéressant, Haut-Prêtre ! » même si, vraisemblablement, Aemyn n'avait en l'occurrence pas saisi un mot de la conversation.

La mention de la viande traversa l'esprit de Léogan et réveilla au passage son estomac – qui avait beau être Sindarin, comme le reste de sa personne, mais qui ne se satisfaisait pas encore d'un repas de biscuits, ou même de salade diverse et variée. Quand le forgeron dégaina sa « flasque » – entendez gourde – de liqueur de poire, une lueur s'alluma dans les yeux noirs de son invité.

« Ha ! s'exclama-t-il en se frottant les mains. Ça c'est une riche idée. »

Puis il se tourna vers Irina, l'air un peu plus rayonnant, et il la contempla quelques instants, un sourire au coin des lèvres, avec un quelque chose d'espiègle dans le pli de sa moustache. Son visage fin de femme enfant se peignait de couleurs inhabituelles et épanouies, qu'il ne se lassait pas de redécouvrir. Le feu des forges rougissait un peu sa crinière, et lui rappela agréablement sa rousseur naturelle, qu'il retrouverait bientôt... dans un moment d'intimité.
Il lui tira simplement une chaise par le dossier et l'invita d'une voix douce :

« Asseyez-vous et mangez un peu, je vais m'occuper de lui. On n'aura pas l'occasion de profiter d'autres buffets à volonté avant un moment. »

Il tendit les bras vers le garçon en s'asseyant à son tour sur sa propre chaise et en repliant une jambe sous lui.

« Allez, viens faire un tour par ici, fils, dit-il, en recevant le petit qui remuait, partagé entre l'envie de rester dans le nid chaud des bras de sa mère et la tentation de trouver ceux de Léo.
– Liiiv ! cria brusquement Aemyn (ce qui signifiait probablement : « Quelqu'un veut bien me débarrasser le nez de cette bouillie plâtreuse ? »)
– Oui, j'en fais mon affaire, t'agite pas. »

Il tira un mouchoir de sa poche et commença à lui débarbouiller le museau, qu'il fronçait en fermant les yeux et en grommelant. Une fois sa tâche accomplie, il cala le gamin contre lui, il proposa une tasse de thé de Nivéria à Irina, en suspendant la théière au-dessus de sa tasse, puis se resservit lui-même, avant de tirer vers lui la gourde de liqueur que Brom leur proposait. Aemyn regarda avec méfiance ce nouvel objet, presque aussi gros que lui, que son père manipulait, et quand il l'ouvrit et que le parfum fruité, mais alcoolisé, s'en dégagea puissamment, il sourit de satisfaction et le petit eut un mouvement de recul. Inspiré par le chatoiement de notes chaudes et sucrées de la liqueur de poire, enveloppé d'un voile de caramel et de vanille, Léo se mordit la lèvre, tenté d'en verser une lampée – une seule – dans son thé et de goûter ce que ça pourrait donner...

« Non, non, non et non ! cria soudain Aemyn d'une petite voix flûtée.
– Quoi, c'est pas criminel ! Qu'est-ce que ça coûte ? rétorqua son père, le goulot de la gourde suspendu au-dessus de sa tasse.
– Yerk ! » rétorqua le petit garçon, en fronçant le nez dans une moue qui rappelait les airs d'impatience d'Irina, sans doute pour signifier en toute honnêteté que l'odeur ne convenait pas à son odorat fragile. Il éternua un coup pour ponctuer. Puis il se tourna vers sa mère d'un air outré et l'appela avec exigence comme pour mettre un terme aux bêtises de son père.

Mais Brom reprit la parole de sa voix caverneuse qui fascinait Aemyn, et Léogan profita de ce qu'il détourne le regard et écoute le grand homme, la tête penchée sur le côté, pour diluer quelques gouttes d'alcool dans son thé, qu'il mélangea tranquillement, plus attentif, désormais à ce qui était en train de se dire sur les garanties et les assurances de la livraison.

« Oh je pense que nous ne serons pas contrariants sur ce point, dit-il, en se tournant néanmoins vers Irina, d'un air interrogateur. Du moins, il n'y a pas de raison de l'être, vous prenez assez de risques en concluant cet accord avec Cimméria, et en outre ce que vous évoquez n'est pas un vrai problème... J'ai une très vieille amie à Ridolbar qui, si je la recontacte, sera ravie d'escroquer les cavaliers à leur nez et à leur barbe, comme nous avions coutume de le faire autrefois. Rashell Samarcande. Son nom doit vous parler, elle a succédé à Kodran à la tête de Ridolbar. Elle a entre ses mains les rênes de la plupart des pègres qui circulent dans ce pays... Et une connaissance très précise des Tunnels des Mépris qui courent sous les pieds des Phelgrans et débouchent même par hasard... Au-delà de leurs frontières. Ça reste à voir avec elle, mais ses hommes pourront convoyer discrètement la marchandise dans les galeries, d'Umbriel à Ridolbar – et probablement de Ridolbar à Argyrei. J'ai des planques dans les criques sur la côte, que je remettrai à neuf pour l'occasion et où on pourra stocker tout ça. Et... Enfin je connais quelqu'un d'autre, quelqu'un qui est comme un frère pour moi et en qui j'ai une confiance absolue... Qui pourra jouer de ses relations pour que certains Marins de Noxis acheminent les armes jusqu'au fort d'Oakbrigs ou jusqu'à Hellas. » conclut-il, avec une pensée pour Fenris, qui vaquait également à ses affaires, dans le même périmètre. Il sourit évasivement, mais reprit un air rigoureux et poursuivit méthodiquement : « C'est une première route, et si jamais on nous la coupe, Rashell saura les faire transporter jusqu'à Tyrhénium par d'autres galeries, et de Tyrhénium jusqu'à Hellas, il suffit de passer par le défilé d'Aggersborg. A ce moment-là, Irina, vous pourrez mettre à contribution les pègres cimmériennes... Si vous n'avez pas donné l'ordre de les éradiquer, et si vous avez pris contact avec les Va'arda, comme je vous l'ai conseillé... La dernière fois. »

Quelques souvenirs, d'une froideur insoutenable, remontèrent entre eux. Il croisa le regard perçant de la prêtresse et baissa rapidement le sien dans sa tasse alcoolisée, dont il but une gorgée pour faire passer le malaise dérangeant qui l'envahissait.
Il fronça les sourcils. Le mélange était particulier. Si son palais n'avait pas été aussi Sindarin que son estomac, il lui aurait sans doute trouvé trop de goûts disparates et inidentifiables, mais ce n'était pas le cas, et il trouva au breuvage une complexité intéressante. Il secoua la tête et s'éclaircit la voix avant de replanter son regard luisant sur Irina. Il était quelque peu étrange de mettre à son service à elle ses talents de maffieux passé professionnel dans l'art de ne pas payer de mine et de refaire tourner les engrenages tortueux de son intelligence pour l'aider dans ses projets politiques, alors que trois ou quatre semaines auparavant, à peine, cette intelligence-là d'officier magouilleur n'avait bénéficié qu'aux plans de son ennemie jurée.

« Mais la route maritime est plus sûre à mon sens que la route des montagnes, et la marchandise vous parviendra plus facilement – et plus rapidement – par la mer. Bon, même si j'imagine qu'avec la saison froide... Hé bien, il faudra mettre au turbin les navires brise-glace, mais vous serez confrontés à autant et sans doute plus d'inconvénients par les montagnes. »

Il inclina la tête et lui offrit son sourire le plus rusé.

« Qu'est-ce que vous en pensez... chérie ? A moins que vous ne vouliez tirer profit du vieux serpent aveugle qui vous tourne autour depuis quelques mois déjà ?
– Kum. » traduisit Aemyn, en baissant son petit visage d'un air conspirateur.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeVen 10 Juil - 23:35



Des marteaux comme des cloches sonnantes

Brom . Léogan . Irina

Depuis sa naissance, Irina avait visité le temple de Bor à plusieurs reprises en tant que pélerine, et pourtant jamais elle n’avait rencontré son visage le plus emblématique. Et justement, le faciès de Brom était à l’image des lieux : comme les forges en activité permanente, cette surface rocailleuse sur laquelle le temps n’avait que peu d’emprise était dotée d’une étrange expressivité. Sa mine et ses mimiques lui rappelaient les cimmériens travaillant la terre ou un de ces anciens pleins d’histoires à raconter. Il paraissait plutôt accessible et humble, même s’il était évident qu’un feu couvait sous son épaisse carapace. Il avait l’air d’un homme comme un autre, et aux yeux d’Irina c’était une bonne chose. En réalité il aurait été aisé de le confondre avec monsieur tout le monde s’il n’avait pas un gabarit aussi atypique, légitimement intimidant pour plus d’un. En outre s’il était à moitié aussi franc qu’il était ronchon -selon les rumeurs qui circulaient- il serait facile de l’apprécier, à condition peut-être de partager sa façon de penser.
De son côté, Irina n’avait pas eu l’occasion de se faire une opinion définitive. Le caractère fort de la Main de Bor n’était un secret pour personne, mais elle n’était pas vraiment bien placée pour émettre des critiques sur le sujet. C’était assez tentant de parier que Brom était plus conciliant et moins insupportable, ne fusse que parce qu’il s’abritait dans la chaleur de ses fournaises et n’avait pas à gérer les états d’âme qu’il pouvait causer. À vrai dire il était de notoriété publique que la patience de la nouvelle grande prêtresse de Kesha laissait à désirer, et pour une fois ce n’étaient pas juste des racontars. Enfin, au moins ne faisait-elle pas semblant d’apprécier le défilé de personnes qu’elle était censée soigner, tout en ignorant leur bêtise et leur opportunisme.


« Hm, il a perdu pas mal de poids depuis son dernier voyage. À croire que la chaleur du foyer et la promesse de bons repas était moins attirante que le charme des paysages étrangers. » Elle haussa les épaules avec une relative indifférence, sans se désarmer de son sourire, sans manquer cette occasion d’envoyer un message entre les lignes. « Et puis il n’est pas nécessaire de porter les galons pour être compétent. C’est pour cette raison et non parce que nous sommes liés que je lui ai demandé de m’accompagner. »

Elle n’avait pas besoin de se justifier, mais elle n’avait pas non plus besoin de mentir ou taire ces faits. Ses mots pourraient paraître brutaux ou être mépris pour de l’instrumentalisation déguisée, seulement Léogan avait conscience de ce qu’ils signifiaient, et c’était tout ce qui lui importait. Avec la guerre et les derniers changements il lui fallait suivre le vieil adage cimmérien, ‘il ne faut pas mélanger amis et cognac’. Il était important de faire la part des choses et donc de séparer sa relation des intérêts du pays. Léogan était un militaire chevronné et un stratège à la compétence indéniable, il serait donc plutôt idiot de ne pas profiter de ses conseils, surtout dans ce domaine qu’elle maîtrisait peu, et où il devenait risqué de faire confiance à des tiers. Il était secondaire que cela revienne à s’allier à un homme qui pour l’heure était vu comme un traître, après tout ce n’était clairement pas la pire entorse qui puisse être faite dans le but de protéger le nord.
D’autre part Irina n’était pas étonnée que discuter d’armes et de planification de guerre ait pu susciter un intérêt ponctuel chez son compagnon, militaire de carrière. C’était prévisible, et elle le connaissait suffisamment bien pour savoir que peu de choses étaient suffisantes à le faire sourire ainsi. Quoi de plus normal que de nourrir une certaine passion pour les armes et la stratégie quand on avait passé plus de la moitié de sa vie à se battre, que ce soit par envie ou par nécessité ? Il était sûrement plus surprenant de constater qu’Irina avait aussi une curiosité certaine pour les œuvres de Bor, en dépit de son statut de prêtresse. Pourtant ce n’en était pas moins vrai. Ses connaissances étaient limitées sur un champ de bataille, mais elles restaient conséquentes sur la meilleure façon d’utiliser les poignards et le fouet, ainsi que sur la façon optimale de les allier aux poisons. Son esprit vagabonda un instant à l’idée de demander conseil sur quelques détails, tourbillonna en direction des détails qui avaient été évoqués de façon à indirectement la rendre curieuse, avant de se recentrer brutalement sur le vrai motif de leur visite.

Irina pondéra demander à quel point les tractations avaient abouti en son absence, mais Brom ne lui en laissa pas le temps et attaqua presque immédiatement les choses sérieuses. Ses yeux voguèrent prudemment entre les hommes présents, entre les comptes méticuleusement récités par le géant et les gestes taquins du sindarin, qui cachait son côté papa gâteau derrière des airs provocateurs. La prêtresse sourit et malgré elle son attention oscilla entre la voix monocorde du forgeron et la main distrayante qui était noyée dans la base de sa nuque. Elle se pencha néanmoins en avant, Aemyn calé sur ses côtes, afin de se forcer à suivre ces calculs aussi ennuyeux que nécessaires.
Cependant il devenait difficile de faire les deux en même temps, aussi Irina finit par confier le petit à son père, dans un piaillement de contentement rebelle. Ainsi ils pourraient continuer leur petite bataille préférée sans faire éclater la fragile bulle de concentration dont elle peinait à s’entourer. Bien entendu il était naturel de fuir les responsabilités et se pencher sur les réactions enjouées et revanchardes d’Aemyn ; seulement en ces livres de comptes se trouvait l’assurance de leur avenir et cette seule pensée la ramenait aussitôt sur terre.

La maintenant brune ébaucha un merci timide à son hôte. Le thé était une bénédiction à cette session de mathématiques qui allait inévitablement s’achever sur une terrible migraine. Penchée sur les différentes offres de Brom, elle ponctua le tout de quelques commentaires et de plusieurs questions pragmatiques, recherchant la certitude d’avoir saisi toutes les nuances des accords possibles. Dépouillée de sa mine détendue elle prit place à côté de la main de Bor, sourcils froncés dans une de ces expressions graves qui la caractérisait bien mieux que le rôle de mère de famille. Ses doigts parcoururent les lignes et les colonnes de chiffres, comparant les coûts aux finances qu’elle savait pouvoir mobiliser. Les formules alternatives plus avantageuses lui firent évidemment de l’œil, seulement elle n’était pas certaine de pouvoir trouver les moyens de les payer pour l’instant.

Peut-être que ce serait jouable si Nivéria, Arghanat et Canopée investissaient un pourcentage tel qu’il était prévu. Elle s’assurerait que tous tiennent parole afin de rendre possible cet avantage indéniable… cela faisait partie de son boulot. Mais avant cela il lui fallait prendre une décision, et elle devrait être rapide. Une gorgée de thé à la menthe d’origine inconnue lui aéra l’esprit de ses bienfaits. Irina fit la liste mentale des options à sa portée, jaugeant à nouveau chacune d’entre elles.
Son intendant sire Davos était un ingénieur mécanique de génie, il serait ravi de pouvoir récupérer les pièces des engins de siège abandonnés par l’armée Lanetae en déroute, et éventuellement de les réhabiliter à l’avantage de Cimméria. Il pourrait aussi l’aider à cimenter une solution de secours, comblant le manque d’artisans qualifiés par une collaboration Eclari et l’aide de quelques contacts impatients de mettre en pratique le fruit de leurs recherches militaires. De plus il n’était pas improbable que les chevaliers d’Oris soient intéressés par cette chance unique de reprendre enfin un semblant de crédibilité en tant que puissance, se hissant tel un phœnix renaissant de ses cendres pour écraser les pulsions belliqueuses des Cavaliers.


« Malheureusement notre peuple a souffert de ce siège et nos efforts ont dû être concentrés sur l’aide aux villages de la côte, ce qui limite nos possibilités dans l’immédiat. Nous nous en tiendrons donc à la première proposition et ajusterons le tir en fonction des événements futurs, que j’espère favorables. J’ai bon espoir de trouver moi-même d’autres artisans confirmés qui formeront nos soldats à manier correctement votre équipement. Sachez néanmoins que je n’hésiterai pas à réviser mon choix si jamais c’est possible, donc il n’est pas totalement exclu que d’ici quelques temps certains de vos frères doivent voyager vers le nord. » Elle haussa les épaules un peu à regret. « J’ai donc peur de ne pouvoir m’offrir le plaisir de votre compagnie et de vos conseils avisés, Haut-Prêtre. »

Du coin de l’œil elle repéra la mine curieuse de Léo, qui se demandait sûrement d’où elle comptait sortir l’argent nécessaire à se payer des forgerons de Bor. Néanmoins Irina ne se démonta pas et vola un biscuit qu’elle grignota sans grande conviction, ses yeux verts surveillant de temps à autre ce qu’il faisait avec le bébé. Notant qu’Aemyn était subjugué par Brom et sa voix posée et profonde, elle revint à ses moutons, intérieurement horrifiée du prix exorbitant des armures faites sur mesure.
Elle ne doutait pas un instant des prouesses miraculeuses du temple mais bien que ces armes et armures d’apparat soient magnifiques et durables, il n’était pas question d’en passer la commande. Cimméria avait besoin d’une armée correctement équipée et fonctionnelle, pas de robes métalliques haute couture qui bien que solides, restaient de l’ordre du luxe superflu quand on avait une patrie à défendre. Il s’agissait de défendre les frontières, pas de parader comme des coqs.

Irina sourit avec sarcasme, sans pouvoir s’en empêcher. Tout le monde ne s’appelait pas Duc de Seh, sa Grandeur le fils de Fen, politicien à la finesse sans égale et accessoirement magicien capable de faire germer sur les terres cultivables des gorges autant de sacs de dias que de betteraves. Il n’y avait finalement que lui pour faire passer la gestion d’un duché prestigieux pour un jeu d’enfants. Que lui pour profiter des failles du système en passant par moult recours illégaux profitables, le tout juste sous le nez d’un Timothée trop occupé à jouer aux suzerains honorables. Or pour les autres, les gens normaux et les peigne-culs de tout bord, l’ordre de priorités n’était pas le même. Irina n’avait que trente-deux ans, mais il s’avérait que c’était assez pour comprendre que brandir la richesse en étendard n’avait jamais nourri ou contenté les gens dans la rue, ni motivé quiconque. Cela marchait peut-être à Phelgra où le peuple ne jurait que par la violence et les démonstrations de force, où à Eridania où la noblesse avait tout le loisir de s’épanouir pleinement. Mais à Cimméria, c’était une autre paire de manches.

À Cimméria les gens avaient des considérations plus basiques et certainement plus honnêtes. La survie passait avant les apparences, et si elle était la première à penser qu’il fallait un guide et une direction au peuple, une source d’espoir et un symbole, elle était certaine qu’il fallait savoir les choisir. Au fond Irina espérait que l’ordre de Kesha saurait rester la réponse principale, à condition de savoir s’adapter, changer en mieux, réunir les fidèles et devenir le rempart contre les cataclysmes qui secouaient le monde. À ce titre la guerre serait l’épreuve de feu qui dicterait la suite, elle en était persuadée. Restait à savoir si Irina serait à la hauteur.
Quoi qu’il en soit, laisser le peuple contempler la somptuosité de deux ou trois officiers dont l’équipement pourrait nourrir le quartier du temple pendant six mois ne susciterait pas l’admiration. Cela provoquerait un tollé tout ce qu’il y a de plus légitime. Les nordiques en avaient eu assez de ces gens qui ne se préoccupaient que de leur gloire personnelle et du le faste de leurs idéologies pompeuses, débordantes de fanfreluches. Elerinna les avait vaccinés pour au moins quinze générations, cela ne se reproduirait plus. Irina prit une longue inspiration, rassemblant à grande peine le calme nécessaire à répondre objectivement. Son ton fut calme malgré tout car il n’avait pas lieu d’en vouloir à Brom d’essayer de vendre.

« Nous sommes dépendants du bon déroulement de la guerre, de la loyauté de nos alliés et de plein d’autres variables étrangères à ma volonté. Il serait donc complètement fou de ma part d’investir sans compter, alors que je ne pourrai peut-être pas tenir mes engagements. Je suis sûre que vous comprenez. » Elle soupira de lassitude, le regardant dans les yeux sans la moindre crainte. « Plus tard peut-être, si les finances de l’État le permettent. Pour l’heure je ne peux que rêver de loin à toutes ces belles choses en vitrine, aspirant au jour prospère où je pourrais me les offrir. » Ou en ce cas, les offrir aux vétérans d’une guerre qui elle l’espérait, ne serait jamais qu’un siège ridicule mis en route par un esprit dérangé et déconnecté de la réalité.

Irina joua pensivement avec Exanimis à son doigt, le faisant tourner sans y penser. Léogan avait heureusement pris le relais pour rassurer Brom quant à leurs méthodes de livraison, ce qui lui enlevait une épine du pied. Ce n’est pas qu’elle n’y ait pas réfléchi, en fait Irina avait déjà fait jouer de vieilles connaissances pour créer une porte de sortie à ces armes qu’ils allaient importer depuis le territoire des Cavaliers. D’un autre côté il était certain que Léo n’aurait pas proposé de faire intervenir une « vieille amie » s’il n’était pas sûr de son coup. Ou presque. En fait peut-être qu’Irina préférait se dire que tout cela était un risque calculé plutôt qu’un tir aveugle. Ce qui n’était pas pire que de s’imaginer comment il avait bien pu rencontrer cette femme, désormais devenue maire de Ridolbar. Dommage qu’il s’en dise proche, oui… parce qu’Irina n’était pas du genre à croire aux coïncidences, surtout lorsqu’elles étaient aussi grosses. Son demi-sourire se fit rictus menaçant.
Léogan chercha bien à capter son regard, mais il n’eut qu’une froideur indifférente pour toute réponse. Elle ne se tourna pas vers lui, ni ne lui répondit directement. Ils régleraient leurs comptes plus tard.


« Les Va’arda ont décidé de coopérer jusqu’à nouvel ordre. Nous pouvons donc recourir à eux en cas de besoin. Ils sont un peu… spéciaux mais au moins je saisis leur mode de pensée. Il n’est pas dans leur intérêt de nous tourner le dos, et ils le savent. » Ils faisaient partie de ces milieux peu scrupuleux qu’elle avait fréquentés dans sa jeunesse, rien d’inconnu donc. Irina joua avec la cuillère dans sa tasse, qu’elle vida progressivement tout en regardant le sindarin en biais. Il était culotté de balancer des énormités et puis de chercher à se faire pardonner avec des surnoms pseudo affectueux. Elle lui sourit enfin, même si dans ses yeux couvaient des nuages dangereux qui tôt ou tard se mueraient en tempête.
« Je laisserai le serpent en dehors de ça, cela vaut mieux. Il ne m’est pas indispensable et je ferai en sorte que les choses restent en état. » Ce n’était pas faute de ne pas avoir constamment essayé de devenir un mal nécessaire, remarque. Son allié et ‘frère’ était un prédateur rôdé, habitué aux danses meurtrières qui accompagnaient la lutte pour le pouvoir. Ce qu’il connaissait moins bien, cela dit, c’était ce que cela faisait d’avoir quelqu’un qui ose lui tenir tête, quelqu’un qui puisse lui résister sans forcément devoir emprunter la route de la confrontation. Un égal qui représente un défi capable de le sortir de sa torpeur de centenaire. Mais qu’importe. Bien qu’elle ne le sous-estime pas elle n’en avait pas peur… Alors que la réciproque n’était pas forcément exacte. Irina dodelina de la tête et termina sa boisson.

« Concernant les modalités de paiement, je vous ferai parvenir la somme convenue en versements réguliers, cela attirera moins l’attention. Une arrivée hebdomadaire, tantôt avec vos livraisons de minerais, tantôt avec l’arrivée des offrandes publiques qui viennent de Mavro Limani. Dans les chariots de métal, parmi les paniers de catalyseurs. Un de mes intermédiaires vous enverra un courrier trois jours avant chaque versement, afin que vous puissiez vous organiser. Qu’en dites-vous ? »



Note:
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeVen 17 Juil - 15:14

    Brom regarda un instant Léo jouer avec la petite chose sans vraiment en comprendre ni les tenant, ni les aboutissant, ni le semblant d’intérêt que les gens pouvait y porté. Qui si le chevalier avait un cœur noble et une âme blanche et belle il était d’une vague insensibilité à ce genre de chose et ne comprenait ou ne percevait en aucun cas le coté mignon et craquant des jeunes humains, ce qui avait pour dont de rapidement transformé la chose en jeux étonnant à ses yeux. Et si il avait une vague conscience que dans des temps anciens il avait eut lui aussi un père et une mère aimante qui lui avait permit de ce construire, les choses s’arrêtait là, le petit d’homme était donc à ses yeux un touche à tout dangereux qui ne cherche qu’a mettre fin à ses propres jours surtout dans une forge aussi bien fourni et brulante que celle de Bor.

    Il reporta donc rapidement son attention sur la prêtresse qui était là pour les détailles restant et l’écoutant jusqu’à ce qu’elle ait finit sa tirade même si parfois il se permettait de répondre à ses questions par des réponses toutes aussi concises, le but était d’arrivé à un accord, et sa franchise ne laissait rien au hasard, jamais il n’essaya de se vendre outre mesure, de faire valoir tel ou tel rajout au contrat plus qu’il n’était, il n’était pas là pour commercer mais là pour vendre une vérité.

    Puis il interrompit son calme, sans un mot, sans prévenir et alors même qu’Irina n’avait pas encore reprit sur les actions de Léo il détendit son bras immense et d’un mouvement de main, contrôlant au possible sa force tout en jouant en grande partie sur la vitesse pour effleuré le haut du crâne de ce père aimant. La taloche devait à peine l’avoir fait bouger, il ne voulait pas risquer de toucher au gamin qui avait amorcé une traduction de ce que disait son père. Car même si il en méritait une aussi il avait trop peur de lui fendre le crane sans même le vouloir, ces petites choses, en plus de chercher eux même à mourir, sont d’une fragilité déconcertantes aux yeux d’un colosse comme Brom.


    “Il est strictement interdit de parler du Duc de Seh en ces termes sous mon toit. Si je me fiche de ce que vous pensez de lui il n’en reste pas moins que ceci doit être fait avec le même respect que celui qu’il vous porte.”

    Puis le forgeron se dérida aussi vite qu’il avait réagit, comme un vieux grand père qu’on aurait énervé mais qui savait que tout ceci ne servirait à rien, il avait juste dit ce qu’il avait à dire, sur un ton ferme sans être violant, pourtant on sentait facilement le respect qui vibrait dans ce dernier, et le fait qu’il le considérait bien plus que comme un simple client. Bien qu’il ne lui fasse pas de remise qu’il n’aurait fait à quelqu’un d’autre pour autant.

    Il laissa donc Irina finir, comme si rien ne s’était passé avant de prendre à son tour, cette fois, la parole :


    “Je ne doute pas de vos intension et je vous comprends, vous avez bien fait d’envoyer ce jeune être discuté avec moi, mais vous feriez mieux de lui mettre des galons sur les épaules car si vous le savez, et d’autres aussi, compétant la masse n’en seront conscient, et n’accepterons ses ordres, que quand il aura ses petits dessins ridicules. C’est malheureusement comme ça que marche l’armée, qu’on le veuille ou non. Mais je m’immisce dans des affaires d’état alors oublier ceci ce n’est pas mon travail, et revenons donc à nos noirs moutons de mon travail.

    Votre moyen de livraison de l’argent, comme celui d’envoi des colis me vas pour le mieux, tant que l’argent arrivera les colis partirons à temps, il n’y a aucune raison pour qu’il en soit autrement. Et vous êtes tout à fait libre de révisé le contrat à tout moment, mais je serais aussi libre de ne pas le signé si les choses changes. Il est possible que dans quelques mois je ne puisse plus venir vous rejoindre ou je ne puisse envoyer des artisans chez vous, rien n’est moins sur. Cependant si c’est dans mon pouvoir il n’y a plus de raison que je ne le fasse point.
    Ce n’est donc pas une quelconque mise au pied du mure je veux juste que vous soyez consciente des problèmes qui pourrait se mettre en travers du chemin d’une telle révision de contrat.

    Mais je n’ai pas grand-chose de plus à débattre, le reste est de votre choix, je pourrais probablement vous vendre le fait que des armes sur mesure feront la différence entre la vie et la mort de vos généraux sur le champs de bataille, qu’un général mort n’est jamais remplaçable, ni pour sa famille ni pour son commandement, et que l’idée de recevoir plus qu’un bout de papier comme promotion peu changer la face d’une guerre. Mais vous le savez et vous connaissez plus votre peuple que je ne le connaîtrais jamais, je connais les armes, la guerre et le combat, pas les gens, ni les hommes ni même les enfants qui eut ont plutôt tendance à me mettre mal à l’aise. C’est bien trop fragile pour être ici à mes yeux, une sorte de porcelaine étonnante qui essaye toute seule de se jeter par terre.

    Il n’est donc pas de question, votre choix, tant qu’il est pesé est le bon. Il ne manque plus qu’à être signer et vous serrez libre de ce fardeaux, et si vous êtes les bien venu pour dormir ici, je doute que ce soit une bonne idée que vous ne le fassiez en temps que chef du territoire qui risque de devenir l’ennemie de celui-ci, si je ne mets pas de garde à votre porte c’est un risque hasardeux, si j’en mets vous serrez repéré rapidement…

    Je crains donc de ne pas pouvoir vous garder à diné, ou quelque chose comme ça, j’ai toujours du mal avec les heures lorsque je suis enfermé ici, malgré que j’aimerais discuter longuement avec vous, surtout de choses diverses comme de religion car si vous n’êtes grande prêtresse officielle vous êtes très impliquer dans le culte de Keysha et votre avis sur le futur de la caste m’intéresse. Mais risque de crée une fort longue discussion.”


    Il sourit en se posant sur sa chaise, il attend que la dame ai signé le contrat pour le paraphé à son tour avant de le ranger dans un coffret. Les choses pouvaient être scellées.


Hrp:
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeVen 24 Juil - 19:11

Léogan hocha la tête en appréciant silencieusement les paroles d'Irina qui, dans ses rapports avec le maître de la Plume du Serpent et bien nommé fils de Fen, faisait toujours preuve d'une prudence remarquable, quand elle n'avançait pas ses pions avec son audace ordinaire. Alors qu'il se faisait la réflexion d'être plutôt bien tombé, pour pouvoir parler de ses relations avec les grandes pègres phelgranes sans déclencher un scandale dans leur petite assemblée, il fut brutalement interrompu par la main de Brom qu'il vit s'abattre à moitié trop tard sur le sommet de son crâne. Il ouvrit de grands yeux interloqués et rentra la tête entre les épaules par réflexe, n'échappant toutefois pas à la mandale qui aurait pu être monumentale du géant des forges. A peine sonné, mais abasourdi par ce geste qu'il n'attendait pas, il resta coi quelques secondes en écoutant le sermon austère du Forgeron. Aemyn, sur ses genoux, ne pipa mot. Il s'était crispé dans les vêtements de son père et s'accrochait à sa manche en considérant le grand homme avec une crainte farouche, qui, une fois l'émotion passée, lui fronça le visage et arracha un cri mécontent de ses petits poumons :

« Paluche ! »

Léo échangea un regard surpris avec Irina, puis les grognements inintelligibles de la petite bestiole qui se débattait à présent entre ses bras lui rappelèrent de se recomposer une contenance. Il éclata d'un rire tranquille en se frottant vigoureusement le crâne et haussa un sourcil à l'égard du Haut-Prêtre. Il avait dû toucher un point sensible, pour qu'il perde aussi instantanément son sens de l'humour.

« Hé ! Dites grand-père ! Si on peut même plus rigoler ! Saint Tekum, tiens... s'esclaffa-t-il encore. Pff. Que les dieux m'pardonnent. »

Il secoua la tête avec un amusement légèrement désabusé. Ce n'avait été qu'une plaisanterie sans animosité. Il avait toujours ri de tout et de n'importe qui, et il ne commencerait pas à faire figure sérieuse devant le très prodigue et galant duc de Seh. On lui en avait souvent brossé le portrait d'un paladin monté sur cheval blanc, défenseur des bonnes causes et des petites gens, et il n'y avait jamais porté grande attention, mais depuis qu'il était au courant de la nature réelle de son commerce, il fallait bien avouer que cette représentation qu'on en avait prenait un tour... comique. Pour ceux qui trouvaient à en rire.
Quoi qu'il en soit, la réaction très vive de Brom indiquait qu'il figurait soit parmi ses grands admirateurs, soit parmi ses amis les plus zélés. Au point d'en assommer les gens qui venaient à faire des traits d'esprit à son propos, cette dévotion frisait néanmoins le fanatisme.
Malgré sa soudaine saute d'humeur, Brom, cependant, n'avait pas l'air de lui en tenir rigueur plus longtemps et il avait retrouvé son calme olympien de vieux sage, sur son trône de l'autre côté de la table.

En revanche, si le petit jeu des deux religieux avait réussi à arracher quelques sourires à Léogan, cette façon de le couvrir d'éloges à la troisième personne où il peinait à se reconnaître  - ainsi que les reproches qu'il croyait percevoir entre les lignes – commençaient à lui taper doucement sur les nerfs. Mais il ne disait rien. N'en déplaisent aux apparences, Léogan était capable de se taire très longtemps sur ce qui le déplaisait, ou du moins, de ne pas s'en mêler et de prétendre l'indifférence, même lorsque cela le concernait de près. Il les laissa causer encore un peu, avec leurs sempiternelles remarques sur son poids, sur l'ingratitude d'un homme qui passe sa vie sur les routes, et cette troisième personne dont ils se servaient à toutes les sauces, avec un sourire fin, comme on parle d'un gosse qui joue aux billes pendant que les adultes discutent. Finalement, ce fut lorsqu'ils affirmèrent en concert les raisons qui l'avaient mené, lui, dans ce temple, pour décider de l'avenir de ce monde, qu'il se braqua brutalement.

« Peut-être, murmura Léogan avec un sourire désagréable, qu'il ne trouve pas tout à fait son compte à collectionner des galons sur ses épaules. » Il leva la tête vers Brom d'abord, puis Irina, les yeux brillants et le visage fermé. Son regard se planta finalement sur le visage d'Irina, plus sévèrement que d'usage. « Vous savez très bien pourquoi je suis ici au fond. Si nous n'étions pas liés, je serais ailleurs. Cessez de vous illusionner ou d'aligner des mots qui plaisent à vos principes, reprit-il à l'attention également de Brom. Je peux vous aider, je le ferai, mais ne pensez plus un seul instant que je suis un soldat. Je n'en suis pas un. » Je ne suis plus en cage. Ses traits se durcirent mais il se retint d'en dire davantage. Il avait assez donné à l'armée, sans jamais avoir choisi ce chemin-ci de lui-même. Qu'en savaient-ils, au juste ? Que prétendaient-ils savoir quelle place il était supposé occuper à ce moment ou dans un jour prochain ? Il était ici parce qu'il le voulait bien. S'il n'avait pas parlé de Brom à Irina, s'il n'avait pas rencontré fortuitement le Forgeron dans la forêt de Noathis, rien n'aurait été possible. S'il n'avait pas aimé Irina, croyait-elle qu'il ne lui aurait pas ri au nez quand elle lui aurait demandé de l'accompagner jusqu'ici ?  Rien ne se serait passé. Ce n'était pas une question d'intérêts nationaux, jamais.
Il ravala sa salive lentement, conscient qu'il commençait à s'emporter un peu trop en lui-même, et prit une profonde inspiration en se recalant dans son siège. Aemyn le regardait de ses grands yeux clairs, vert anis, cerclés d'un vert plus foncé, sans un mot. Embarrassé, son père desserra son étreinte, que l'énervement avait rendue plus rude, et le petit garçon vint tapoter ses doigts de sa petite main. Léogan poussa un soupir en baissant la tête vers sa tasse de thé et il la remua doucement. Au fond, il savait bien qu'Irina et Brom n'étaient pas de mauvaise intention à son égard. Le sujet abordé était seulement trop sensible à son endroit pour le moment. Ils n'y pouvaient rien. Relevant la tête vers Irina d'abord pour s'excuser du regard, puis vers Brom, il tenta un sourire en coin et dit à voix basse : « Mais je vous remercie... Tous les deux. De l'estime que vous me portez. » Il sourit avec plus de bienveillance. « Passons à autre chose si vous le voulez bien. »

Il but quelques gorgées de thé en écoutant la suite des conseils du vieux forgeron, sans les relever toutefois, car ces dernières déterminations n'étaient plus de son ressort. Il lui accordait volontiers qu'en guerre, un officier était difficilement remplaçable et qu'une bonne armure pouvait sauver un pays de la capitulation, mais il savait assez bien l'état des finances de Cimméria pour comprendre que ces considérations étaient hors de portée pour Irina.
Il nota également la mine un peu méfiante dont le Forgeron couvait Aemyn et s'en amusa sous cape. Il était même plus intimidé que le môme lui-même, qui jouait d'un air concentré avec des miettes de gâteaux qui traînaient sur la table – c'était un spectacle plutôt cocasse à observer. Toutefois, alors qu'Irina apposait sa signature sur les documents, Léo sentit qu'il était bientôt temps de lever l'ancre. De son bras libre, il avait attrapé son cafetan et le secouait pour le débarrasser des fines particules métalliques qui s'y étaient accrochées, et qui volaient avec le sable qui incrustait encore le tissu, dans une nuée de poussière.

« Tu es un hôte remarquable, Brom, mais nous n'en abuserons pas, répondit Léo d'un ton léger. Nous nous arrêterons dans un relais à la surface, non loin d'Umbriel, en nous faisant passer... Pour des gens qu'on aurait pas grand intérêt à voler ou à égorger dans leur sommeil. Ne t'en préoccupe pas. La douceur de la nuit de la Grande Prêtresse, c'est mon affaire et je m'y connais. » Il sourit d'un air provoquant de prétention, adressant une œillade agaçante à Irina. Et puis il reprit, sans se presser : « Vous discuterez un autre jour – et bon sang, surtout quand je ne serais pas là, sans quoi je risquerais de me décrocher la mâchoire à force de bâillements. Il faut que nous soyons au relais avant que la nuit ne tombe. »

Là-dessus, il se leva, et Aemyn poussa un miaulement de désarroi en quittant les miettes dont il s'amusait depuis quelques minutes. Léogan n'y prêta pas attention. Il faisait seulement un signe discret de la main à Brom, les yeux pétillants de malice et de complicité, et lança au passage :

« Quant à nous, nous nous reverrons bientôt. Je tenterai quelque chose, et on pourra faire quelques essais – ha, nom d'un chien ! » Le bras pris par Aemyn qui gigotait en cherchant à grimper sur son épaule, il venait de faire glisser la rapière de la table en y cherchant ses gants, et l'épée était tombée sur les dalles de la forge dans un bruit retentissant. Le visage décomposé par sa propre maladresse, il ploya précipitamment les genoux pour la ramasser, et la reposa de l'endroit où elle était tombée d'un geste fébrile, avant de croiser avec embarras le regard profond de Brom. « Enfin bref, c'est entendu. »
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeVen 14 Aoû - 19:41


Des marteaux comme des cloches sonnantes

Brom . Léogan . Irina

La réaction du haut-prêtre de Bor eut de quoi la surprendre, ne fusse que dans la rapidité impulsive de son geste. C’était de fait plutôt étonnant qu’une telle personnalité aille jusqu’à prendre offense pour des mots aussi simples, et jusqu’à preuve du contraire, aussi vrais. Irina sourit malgré elle, amusée par ce lien qu’elle découvrait bien plus vaste que le simple accord commercial entre hommes d’affaire. Néanmoins le côté disproportionné de la chose n’échappa à son esprit que la rigueur scientifique rendait imperméable à certains excès de bons sentiments. Si elle ne souhaitait pas entrer inutilement en conflit pour si peu, elle n’en pensait pas moins. Et puis si le religieux était agacé par quelques plaisanteries sans conséquence, elle était très curieuse de connaître ses impressions sur les mille et une rumeurs pas toujours flatteuses qui circulaient sur messire le duc de Seh. Probablement devrait-il se reconvertir pour défendre l’honneur de son ami, sertissant à coup de marteau le respect de sa vision dans les têtes des impromptus galopins et autres atroces médisants. Enfin là encore, peut-être sous-estimait-elle la grandeur charismatique et inépuisable de son allié à sang froid...

D’un soupir la jeune femme en revint à ses moutons, soit aux comptes mentaux de la trésorerie de Cimméria, aux investissements qu’ils pourraient faire dans les différents cas de figure et surtout à ceux auxquels ils ne pourraient échapper. Avec patience et attention elle écouta les commentaires de son vis-à-vis, même si elle doutait qu’ils puissent partager une même opinion sur la meilleure façon de gérer une armée. Et cela tombait bien, car ils n’avaient ni l’un ni l’autre la formation idéale pour se prononcer sur le sujet. Quoi qu’il en soit Irina était plutôt ouverte aux remarques extérieures, pour peu qu’on n’essaie pas de lui forcer la main de façon détournée, ce qu’elle savait ne pas être le cas.
De plus le géant n’avait pas foncièrement tort, c’est juste qu’il lui manquait un bon nombre d’éléments nécessaires à voir le tableau en entier, ce à quoi elle s’était déjà attendue. Léogan était un homme recherché pour haute trahison, en plus d’autres infractions diverses plus ou moins graves. D’un autre côté en dépit des quelques circonstances atténuantes qui n’excusaient pas ses bourdes, ses crimes avaient eu des conséquences bien plus complexes que la plupart ne voulait le croire. Pour l’heure il était donc totalement impossible et inapproprié de le promouvoir à une position aussi élevée, même si elle détenait effectivement les moyens d’en faire une réalité. Déjà il lui faudrait un certain temps afin de solidifier les bases de son propre poste. Chasser les alliés militaires et sympathisants diplomatiques de feu sa rivale serait un processus de sevrage qui prendrait des mois, au bas mot. D’autre part pour convaincre les plus sceptiques il lui faudrait des actions concrètes plutôt que des théories de la relativité et des métaphores sur les théorèmes de politique moderne. Et encore, c’était sans mentionner les imprévus de cette guerre stupide.

« Je comprends parfaitement la nature de vos avertissements, maître Brom. » Même si les raisons de sa venue n’étaient pas les plus heureuses, Irina était sincèrement satisfaite de le rencontrer. Il avait tout d’un homme intéressant et terre-à-terre, arpentant les lignes de conduite que le temps avait figé, ce qui n’était pas toujours un mal, au contraire. Lorsque Brom compara les enfants et plus largement les mortels à de la porcelaine fragile, Irina sourit à nouveau, dégageant une mèche noire de ses yeux.
« Les alliages les plus épais ne sont pas toujours les plus résistants, n’est-ce pas ? De la même façon une épée n’est pas plus coupante juste parce qu’elle est plus longue que la normale.
Les êtres les plus fragiles en apparence sont obligés de faire plus avec moins de ressources, je suis sûre que vous en avez déjà été témoin. »

Ses yeux se posèrent sur ses propres mains, fines et blanches comme celles d’une dame, pour peu qu’on ignore les cicatrices dans ses paumes et les callosités au bout de ses doigts. Des mains qui avaient déjà pris plus de vies qu’elles n’en sauveraient jamais, qui malgré leur douceur étaient taillées pour prendre et non pour donner. L’ombre d’un regret passa sur son visage, mais disparut rapidement suite aux exclamations d’Aemyn.
Pensive, elle s’amusa des interactions entre père et fils, et ne put s’empêcher de remarquer à quel point ils avaient un profil semblable. Les mêmes cheveux corbeau et la même verve entêtée quand ils n’avaient pas ce qu’ils voulaient. Le petit avait hérité du gabarit chétif et fin de ses parents. Il était taillé dans le roseau plutôt que dans l’acier : il ployait peut-être mais ne romprait pas... Elle s’en assurerait, quel qu’en soit le prix.

Avec lenteur elle reposa sa tasse et croisa les mains sur ses genoux. Elle sentait bien l’orage qui pointait sous le front de Léogan, encore trop sensible sur le sujet de son avenir. Une nouvelle fois il préférait tempêter plutôt que de réfléchir à ce qu’elle voulait dire, aussi elle se garda bien de lui répondre et envenimer ce qui n’était qu’une simple interprétation. La religieuse soupira d’exaspération et ignora l’agressivité gratuite qui pointait envers ses principes, que le sindarin ne cesserait jamais d’attaquer dans l’espoir de lui arracher un semblant de riposte instinctive.
Néanmoins bien qu’elle ait réussi à se garder de toute réponse, ces mots l’agacèrent au plus haut point. Il voulait qu’elle respecte ses choix, qui au final avaient tout du sentimental et rien du rationnel, alors pourquoi était-ce si difficile à accepter qu’elle puisse fonctionner autrement ? C’était gonflé après ce qu’elle traversé par sa faute. L’amertume se dissimulait derrière le calme de ses traits tirés. Comme pour se détourner de ces affaires privées qui étaient sans rapport avec leur visite, Irina apposa sa signature sur les documents, qu’elle rendit à Brom avant d’en récupérer un exemplaire, qu’elle fit disparaître en un clin d’oeil lorsque les deux hommes furent distraits.


« Je serais ravie de m’entretenir avec vous une fois que les choses seront revenues à la normale. Si les dieux le permettent je reviendrai vous rendre visite, et nous aurons tout le loisir de discuter de tout ce qui reste en suspens jusque-là. Peut-être notre ami commun, le duc de Seh nous fera-t-il l’honneur de sa compagnie en cette occasion, que j’espère plus proche qu’on ne le pense. » Elle sourit et s’inclina légèrement à son encontre. Ainsi sur quelques recommandations de dernière minute et des salutations, elle se leva.

« Je vous remercie infiniment pour l’accueil et le repas, mais nous allons vous laisser. Je ne voudrais pas que ma présence vous attire des ennuis, vous... » Sa phrase ne connut jamais de suite, car son attention fut attirée par le bruit métallique de l’arme que Léo avait fait tomber. Et si Irina s’apprêtait à continuer là où elle s’était arrêtée, l’expression d’enfant pris en flagrant délit d’engloutissement de biscuits avant le dîner lui fit hausser un sourcil. Il ‘tenterait quelque chose’, et ‘ferait des essais’... Ah tiens, c’était donc ce joujou là qui lui avait fait de l’œil ? Une rapière ? Rapidement elle zieuta l’arme finement ouvragée, et admira son contour élégant juste avant que cette dernière ne soit remise à sa place. Faisant mine de pas accorder d’attention à l’incident, elle ouvrit la lourde porte et laissa le sindarin sortir en premier avec le bébé dans les bras. Le prêtre qui l’avait guidée apparut comme par magie depuis l’autre bout du couloir, invitant les visiteurs à le suivre pour retrouver la surface. Mais alors que Léogan discutait encore joyeusement avec Aemyn, content que sa manoeuvre n’ait pas été percée à jour, Irina perdit deux petites minutes de plus. Deux minutes qui seraient suffisantes.

« C’est sur cette lame qu’il a jeté son dévolu ? » Brom acquiesça pour confirmer, avec ce qu’elle suspectait être un sourire de satisfaction. Irina sourit, soulevant l’arme pour en juger l’équilibre parfait et les courbes subtiles qui enrobaient la main directrice. C’était si magnifique jusque dans les moindres détails qu’elle comprit immédiatement pourquoi son compagnon s’était laissé tenter. Et à vrai dire si elle avait disposé de plus de temps peut-être aurait-elle fait une folie aussi. La jeune femme reposa prudemment la création et s’inclina à nouveau. Le bruit des forges couvrait leurs voix, aussi le secret était sauf. « Dans ce cas faites une note à part, à mon nom. Je vous la paierai en deux fois, en même temps que les premières livraisons. J’enverrai également deux bouteilles de la meilleure liqueur Cimmérienne en guise de remerciement. Ce n’est pas n’importe qui peut supporter cet énergumène... » Sur ces mots elle fit demi-tour et pressa le pas, anticipant déjà l’heure où elle pourrait prêter à nouveau ses hommages au dieu des Profondeurs.
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MessageSujet: Re: Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes   Et les marteaux tombèrent comme des cloches sonnantes Icon_minitimeMer 2 Sep - 8:18

    Brom sourit à ces deux hôtes qui commence à se retiré, tous savent bien que c’est la meilleur chose à faire, au final pour tout un chacun, mais il le regrette, la seule chose qu’il ne regrette point c’est le départ de l’énergumène fragile, la miniature qui essaye de se faire comprendre par des borborygmes que seules des parents sont capable d’interprété en vous disant que c’est cela dont il parle avec tant d’intelligence. Même si au final le chevalier forgeron en doute toujours, tout au fond de son être, et malgré toute la sagesse de Bor, mais après tout, être parent, vue ce qu’on endure, doit bien apporté en compensation un pouvoir ou un autre, la vie n’est elle pas bien faite de la main des dieux eux même ?

    Alors que les deux sont en train de se lever il répond à Irina avec douceur, tout en laissant trainer la réponse à son ami dans le même élan :


    “Cela me ferait le plus grand plaisir, bien que la forge soit presque aussi dangereuse pour lui que pour votre enfant depuis qu’il a perdu la vie il y a des vie de cela. Mais la vie est ainsi faite, on ne choisit pas qui l’ont croise, on ne choisit pas qui fait de vous ce que vous êtes, tout ce que vous pouvez faire c’est avancer avec eux, changer de chemin, ou vous battre, si ils ne vous plaisent point, et les respecter pour ce qu’ils ont fait. J’essaye de garder ce bout de crédo dans un part de mon esprit, mais je doit être un peu fatigué aussi, il semblerait que cela fait quelques nuits que je ne n’ai pas prise d’après le dernier prêtre à être passé par là … Mais je doute aussi qu’on puisse se moquer de n’importe qui en ma présence, après tout, il faut bien être particulier pour être un être respecter, vous ne me direz pas le contraire duchesse.

    En tout cas je vous souhaite bonne route, et comme on dit dans les contrées de l’est, que votre rêve devienne monde et que le vent guide vos souhaits. Cette guerre sera dure, comme toutes avant elle, mais elle est généré par une nation qui en veut une nouvelle depuis que Shanra à mis pied ici. Elle devra donc se soldé dans le sang, et vous connaissez les forces et les faiblesses de ce dernier, alors il est entre vos mains.”


    Puis il laisse Léo sortir en attendant qu’elle daigne reprendre la parole, il a entendu de nombreuses choses sur elle et il serait étonné qu’elle ne laisse pas des dernières instructions avec tout les sous entendu qu’il a laissé. Mais surtout avec ce qu’il sait d’elle.
    Alors il s’incline bien bas, et répond avec douceur, une douceur digne de celle qui hante ses yeux à elle lorsqu’elle évoque son rodeur.


    “Renvoyez le moi, je lui forgerais de quoi survivre, une arme qui ne le trahira jamais, une arme à sa main, tailler et équilibré pour lui, un prolongement de son être et, si je ne m’abuse sur mes compétences, un prolongement de son âme et donc de son pouvoir. Dame Dranis, je ferais quelque chose qui je l’espère vous le gardera en vie, car vous savez comme moi qu’on ne parle pas seulement d’un cadeau, mais d’une vie, un vrai don à la hauteur de votre soutient pour lui, je l’espère, ou du moins je ferais mon possible pour qu’il le soit.
    Par contre, faite le venir avec de la liqueur, car si vous pensez qu’il est dure à supporter vous n’avez rien entendu sur moi dans une forge. Il y a une bonne raison pour le fait que je n’ai jamais eut d’apprenti plus de deux mois, avec une moyenne qui se compte en jours …”


    Il sourit et la laisse partir. Il attendra le retour de son ami.

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