_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades. _ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose". _ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.
Les quelques jours qui séparaient le Temple de Soulen à Gaeaf eurent le don de mettre mon corps et mon esprit à rude épreuve. Bien que le mois de Tiria débuta durant ce trajet, la saison chaude ne se faisait pas encore sentir, et bien qu'emmitouflée dans mon lourd manteau de cuir velours rouge doublé d'une courte fourrure blanche, le vent cinglant venait s'engouffrer sous ma large capuche pour me geler jusqu'à l'os. Seuls les mouvements des muscles puissants de Sjenomb galopant le long de la plaine givrée, m'apportaient quelques chaleurs. Mon étalon d'ombre fut mon seul compagnon lors de ce court voyage où nous longions le lac gelé afin de ne pas perdre de vue notre destination. Le paysage était toujours aussi beau et hypnotisant qu'au temple de Soulen, mais la solitude commençait à me peser. Bien que je ne sois pas de nature loquace, la présence de mes pairs me réconfortait grandement. Nous chevauchions donc quasiment sans discontinuer tant que les soleils étaient levés. Le vent amenait les effluves salés de la mer charrier nos narines et remuait la fine poudreuse sous les sabots de mon cheval à la robe aussi noire qu'une nuit sans lune. Nous ne nous reposions que lorsque l'obscurité rendait le cheminement incertain voir dangereux. Les prêtres, et l'aimable Haute-Prètresse de Soulen, avaient fourni de quoi nous nourrir pour le voyage, de la viande séchée pour moi et du foin pour Sjenomb. Je restais à dessiner les environs et à observer le va-et-vient des vagues à l'horizon jusqu'à ce que la fatigue ne me terrasse. Je me blottissais contre mon cheval à la recherche d'un peu de chaleur, n'ayant pas pu faire du feu faute de bois sec.
Si ce n'était la grosse frayeur que nous suscita la rencontre avec un leweira solitaire et le large détour que nous dûmes faire afin de contourner un troupeau de bufflon, le parcours ne posa pas vraiment de difficultés. Nous évitions aisément les crevasses et les escarpements camouflés par la neiges ou tout du moins nous y fîmes bien plus attention une fois que je me retrouvai allongée dans la neige à cause d'une stupide erreur d’inattention. Cependant, il est heureux qu'il n'y ait pas eu de problèmes plus sérieux.
Le cinquième soir fut marqué par l'espoir, car notre objectif apparut à l'horizon. Et malgré l'envie grandissante de me lancer à corps perdu sur le chemin de Gaeaf, de m'éviter une nouvelle nuit dehors, de rejoindre la civilisation et la chaleur d'un abri. Je ne souvenais même plus de la sensation de ne pas se prendre sans cesse un vent glacé au visage. Je ne rêvais plus que d'un lit, un vrai, et un repas chaud, je commençais à en avoir assez de la viande séchée. Et bien que le trajet ne paraissait pas aussi long que ça, pour moi c'était déjà beaucoup, je n'avais pas du tout l'habitude de partir en long voyage, et surtout toute seule. Mais la prudence voulait que nous attendions le lendemain pour repartir.
Lorsqu'en nous arrivions en ville, les soleils n'étaient pas encore trop haut dans le ciel et le vent fort chahutait la neige alentour rendant l'atmosphère déjà maussade encore plus morose. Le village rustique aux maisons de pierre n'était pas très engageant mais je m'y engouffrai avec optimisme et me dirigeai vers ce qui semblait être la taverne, il y avait peu de chance de se tromper, étant donné le peu de bâtisses que comptaient le village. Peut-être étais-le un peu trop habituée aux grandes villes, mais le manque de vie de ce village me laissait perplexe et un brin mal à l'aise. Alors que je me faisais servir par l'aubergiste, je m'enquis de la situation du commerce maritime du coin, et surtout si des bateaux en partance pour Hellas accepterait de me prendre à leur bord. Mon but étant de rejoindre le convoi qui m'avait accompagner de Tyhrénium au temple de Soulen, à Hellas, et le seul moyen était sans nul doute, la voie maritime. J’eus la joie de pouvoir me laver et enfiler ma deuxième tenue de voyage composé d'un pantalon de cuir rouge sombre, avec bottes assorties et d'une chemise claire qui bien que lâche, était resserrée dans le dos afin de marquer la taille et la cambrure des reins.
Je n'avais jamais pris le bateau auparavant, et ma visite au domaine du Dieu des Mers m'avait laissée émerveillée et rêveuse devant la grandeur et la majesté de cette étendue indomptable. Ma curiosité me poussant à franchir le pas.
Je pris le chemin des quais où devaient attendre quelques navires, selon les dires du tavernier. Le port était bien le seul endroit du village qui manifestait un tant soit peu de vie et d'activité. Les premiers capitaines à qui je demandai de me transporter me répondirent par la négative. Non, nous ne prenons pas de personnes à bord, que des marchandises. Non, nous ne prenons pas les cheveux sur le bateau. Effectivement, je n'avais pas pensé à cet difficulté là, même si j'étais relativement sure qu'il saurait se tenir, il était difficile de rassurer quelqu'un d'autre. J'avais même eu une proposition déplacée à laquelle je ne cherchais même pas à répondre, des marins en voyage depuis longtemps, en manque de présence féminine, je ne pouvais pas leurs en vouloir. En attendant, mon problème n'était pas réglé. J'attendis encore un moment l'arrivée du bateau salvateur mais le froid commençait à m'engourdir l'esprit autant que le corps.
Je décidai d'attendre à l'auberge, le gérant m'avait fait comprendre que les marins passaient presque nécessairement par chez lui avant de repartir. Autant attendre au chaud. J'avais espéré un moment rencontrer un marin que j'avais croisé au temple de Soulen. Un colosse borgne et blond, un homme imposant difficile à oublier. Fenrir, ou Fenris ou prénom de ce genre, son surnom était facile à retenir pour une adepte de Fen telle que moi. Cependant, j'ignorais totalement s'il était déjà parti ou s'il était ne serait-ce qu'arrivé. En bref, je ne pouvais pas compter uniquement sur ma chance de tomber sur lui. D'autant que la chance ne semblait pas vraiment de mon coté ces jours-ci.
J'attendis encore une bonne heure en dessinant l'intérieur de l'auberge et ces quelques clients, qu'un nouvel équipage ne fasse son apparition. Les matelots ne pouvaient visiblement pas m'aider mais avaient apparemment du temps à perdre car ils restèrent jouer au dés avec moi. J'avais l'impression que je n'avais pas joué depuis des temps immémoriaux, et même si c'était un peu exagéré, mon humeur s'améliora nettement grâce à cela. Cela dit, je ne devais pas perdre de vue mon objectif, il était un peu trop facile pour moi de me perdre dans le jeu, d'en oublier le temps qui passe. Je me forcé donc à relevé la tête à chaque mouvements au cas où la personne pouvant répondre à mes attentes passerait le pas de la porte.
Je jouai machinalement avec ma griffe qui pendait au bout d'une chaîne en or blanc pendant que mes camarades lançaient les dés et buvait leurs verres à une vitesse effarante. J'écoutais avec attention l'histoire alambiquée mais au combien passionnante de l'un d'eux. Les marins semblaient très doués pour captiver l'auditoire même les autres étaient suspendus à ces lèvres bien qu'ils soit pourtant tous sensés déjà la connaître.
- C'était le long des cotes cimmériennes, on avait dépassé Oakbrigs depuis un ou deux jours. La tempête si vites qu'on eu a peine le temps de se mettre à nos postes. Quand soudain, surgit des eaux, un monstre gigantesque, à deux têtes, des dents aussi grandes qu'un zélos. C'est alors que j'eus l'idée de génie qui nous sauva tous ! ...
Invité Invité
Sujet: Re: Un Vent de Perdition Lun 15 Juin - 20:52
Invité Invité
Sujet: Re: Un Vent de Perdition Lun 6 Juil - 16:44
HRP:
Encore désolée du temps d'attente :)
Tout à l'écoute du marin bavard, je ne me rendis pas tout de suite compte de l'arrivé du nouveau venu. Je dois bien avouer que ma vigilance était largement à revoir mais à ma décharge, l'histoire tournait presque au rocambolesque, attisant ma curiosité de spectatrice. Évidemment, ce qu'il racontait était hautement improbable mais c'était bien ce à quoi je m'attendais. La réalité apportait son lots de malheurs et ce n'était généralement pas très agréable ni à entendre, ni à raconter. Il serait bien dommage de démoraliser ces gens venus boire un coup pour se changer les idées. Les sombres événements ayant frappés cet endroit devait être encore bien trop frais dans leurs esprits. Les anecdotes farfelus avaient le don de détendre l'atmosphère.
Je reportai mon attention sur le blond colosse qui venait de s’asseoir à notre table. Il répondait tout à fait à mon souvenir, qui ne datait pas de très longtemps je veux bien l'accorder. Le long manteau et chapeau de cuir, la clope au bec et sourire engageant. Sa peau tannée par le soleil témoignait du temps qu'il avait passé au grand air. Je ne pouvais que me réjouir, la chance commençais enfin à tourner en ma faveur, tout du moins j'osais l’espérer. Après tous ces lancés de dès foireux, j'avais du attirer la pitié de Dame Fortune pour qu'elle mette cet homme que j'avais rencontré peu de temps avant sur mon chemin.
- Et les sirènes prisonnières de la glace au pied d’Oakbrigs, tu les as vraiment vues ? T’es sûr que le rhum ne t’a pas fait halluciner, où que tes sourcils d’ours ne t’ont pas obscurci la vue ?
Je ne pus que sourire devant la mine totalement indigné du conteur. Le pauvre n'avait pas l'air d'apprécier la concurrence. Il faut bien admettre que le pays des neiges était on ne peut plus propice aux mythes et légendes. C'était bien une des raisons de pour lesquelles les artistes de tout bords s’enthousiasmaient pour ces plaines givrées et étendues tumultueuses. Les esprits fertiles y avaient tôt fait de donner vie à leur chimères favorites. Peut-être était-ce une marque de naïveté ou étais-je trop inspirée pas les peintures abstraites d'où se ressentaient la magie, mais j'avais bien envie de croire à ces légendes, que le monde de l’imaginaire puisse parfois se fondre avec la réalité.
- Moi j’en ai déjà vue une vraie, de sirène. Et c’est une des créatures les plus belles qu’il m’ait été donné de voir.
L'étincelle dans son œil solitaire faisait écho à son sourire à cette évocation. J'étais curieuse d'entendre cette histoire. Encore un cœur dérobé par l'immensité glacée de l'océan ? Emporté par une de ces créatures fantasmagoriques dont les rumeurs accordaient de nombreuses facultés, dont leur fabuleuse beauté. La beauté. La suite de la conversation m'intéressait beaucoup moins, d'autant plus lorsqu'il s'agit de beauté féminine, je crois ne pas être munie de ce qu'il faut pour écouter ça. Je finis mon verre d'une traite afin d'avoir l'excuse de quitter la table pour aller m'en refaire servir un. Je n'avais clairement pas envie d'entendre ce que les hommes avaient à dire. Étant tout à fait consciente de ne faire partie d'aucune de leur catégories, je ne tenais pas vraiment à me miner le moral pour une conversation aussi triviale. Quand je revins avec mon verre de nouveau plein, la discussion portait sur une femme en particulier, Elerinna Lanetae. Bien évidemment, j'avais entendu parler de ces histoires, mes clients étaient de vrais bavards en matière de potins politiques. Cela dit, je n'étais pas suffisamment au courant pour en dire quoi que se soit. De toute évidence, l'avis des personnes autours de cette table, voire de toute l'auberge, avaient un avis bien tranché sur la question.
J'acceptai volontiers la cigarette que Fenris me tendit pendant que j'écoutais ce joli monde converser de sujets légers et sans réel importance.
- Je vois que vous avez fait bon voyage depuis la demeure de Soulen, ça fait plaisir de vous revoir en forme. Alors dites-moi, avez-vous finalement trouvé quelqu’un pour vous amener à la capitale ?
Un éclat métallique à son poignet attira mon attention lorsqu'il enleva son chapeau, cependant la longue manche de son manteau ne me permit pas d'en voir plus. Ses long cheveux blond presque blancs me donnaient à penser que j'avais peut-être affaire à un compatriote pourtant sa peau halé étant loin du standard lhurgoyf.
- Le plaisir est tout partagé. Malheureusement, non. Il semblerait que Soulen n'ait pas répondu à ma prière jusqu'ici, je commençais presque à désespérer.
Un des hommes m'interpella par mon nom pour jouer, mon tour était arrivé. J'avoue ne pas avoir vraiment suivi l'avancement de la partie, cela dit, à l'expression perdue des autres participants, je ne devais pas être la seule. Comme je pensais bien que nous avions perdu le compte des points depuis un moment. Je lançai quand même les trois dés. Le résultat fut à l'image des précédents, soit consternant. Pas de combinaison et les tirs suivants ne furent pas meilleurs. Je soupirai avant de me retourner vers le marin borgne avec un pale sourire.
- Comme vous pouvez le voir, je n'ai pas beaucoup de chance aujourd'hui... Et vous, dîtes moi. Depuis combien de temps êtes-vous là ?
L'échange de politesses étaient un passage inévitable, bien que ce ne soit pas ma tasse de thé, je n'ai jamais été très douée pour tourner autour du pot, ou plutôt je n'y voyait pas tellement d’intérêt. Je décidai d'entrer dans le vif du sujet, ne perdant pas de vue l'essentiel de mon problème. Mon visage exprimant ma lassitude devant cette désolante constatation, laissa place à mon sourire des plus sincère, je ne pouvais dissimuler l'espoir qui pointait dans ma voix quand je continuai. La perspective de pouvoir repartir bientôt m'enthousiasmait plus que je ne le pensais, le voyage en bateau n'était pas ce que je trouvais de plus rassurant, mais pour rattraper la caravane à Hellas, il s'agissait de l'unique solution, d'autant que j'avais toute confiance en ceux qui avait fait de l'océan leur terrain favoris.
- D'ailleurs, le voyage à Hellas dont vous m'aviez parlé, est-il toujours prévu ? J’espérais assez pouvoir en profiter, j'ai de quoi payer bien entendu.
Invité Invité
Sujet: Re: Un Vent de Perdition Ven 17 Juil - 2:38
Invité Invité
Sujet: Re: Un Vent de Perdition Lun 17 Aoû - 22:09
- Soulen semble sourd aux prières de tous ses fidèles dernièrement.
C'était le moins qu'on puisse dire. Et il semblait évidant que ses adeptes se soient détournés de lui, lors de mon séjour en son temple, il y avait finalement bien peu de pèlerins. Les événements récents démontraient que le dieu des océans se désintéressait d'eux, laissant ses créatures abyssales propager la peur et la destruction sur les côtes. Ou bien au contraire, le maître des mers déversait sa colère sur nous, ses lieutenants étant l'instrument de sa fureur. Aucune de ces options n'était très réjouissante. Je ne m'étais pas rendue compte de la situation avant d'arriver à Gaeaf, en sécurité au milieu des terres, les histoires qui nous parvenaient n'avaient pas l'envergure de la réalité, seul la vue de la ville ravagée se relevant à peine me faisait la comprendre. Finalement, il n'était pas si étonnant qu'il y ait si peu de navires au port, et repenser à ces bouleversements ne me rassurait absolument pas, l'idée que je repoussais autant que je le pouvais de mon esprit, de me perdre au milieu d'un domaine indomptable laissé au bon vouloir de créatures menaçantes au possible ne m'aidait pas. Cela dit, ce n'était pas comme si j'avais réellement le choix, prendre la mer semblait ma seule option, en espérant que Soulen veille sur nous en remerciement de service rendu à son élue. Après tout, avec toute la malchance qui s'est abattue sur les cotes cimmériennes, il ne devait plus rester que de la chance.
Je tirai une latte sur la cigarette généreusement offerte par Fenris, tout en continuant de jouer. Je fus surprise par la saveur inattendue du tabac, inattendue mais pas désagréable, le parfum épicé, et je crus déceler une pointe d'agrume, cependant je n'étais pas une experte en la matière, remplaçait le goût habituel. J'irais même jusqu'à dire que j'appréciais, et si je fumais plus souvent je me tournerais sûrement vers ce type de cigarette, cependant la fumée s'élevant des tiges brûlant ne me suivait que dans les soirées alcoolisées de Tyrhénium. Je suivis le signe de tête du marin blond me désignant un des joueurs, en faisant un peu plus attention, je remarquai enfin ce que voulait me montrer Fenris. La tricherie du jeune homme à lunette paraissait presque flagrante à présent. Comment ne l'avais-je pas vu plus tôt ? Je me consolai en me disant que les autres n'y avaient pas fait plus attention que moi. Je ne pus cacher ma déception, j'aimais les dès parce qu'il s'agissait de hasard pur, tricher à ce type de jeu me frustrais. Tricher aux cartes, pourquoi pas, j'étais la première à le faire quand il y avait de l'argent en jeu, mais pas aux dès, j'étais contre pour le principe, au delà du fait de se faire soulager de quelques dias. Dans le cas présent, il n'y avait pas grand chose sur la table, ce n'est pas pour autant qu'on devrait laisser passer ça. Je réfléchis à ce que je pourrais faire de cette information tout en écoutant les paroles du borgne à l’œil bien plus affûté et observateur que les nôtres qui en avions deux. J'étais plutôt curieuse de savoir comment il l'avait perdu mais c'était sûrement un peu trop personnel.
- Cela fait… moins de deux jours, je crois. Comme prévu me voilà à Gaeaf après avoir prêté mes hommages à Soulen. Je travaille sur un navire commercial Cimmérien, le Carmenis. Nous attendons le retour des pêcheurs pour procéder au chargement de vivres qui doivent être acheminés vers la capitale. Les conditions climatiques ne sont pas les meilleures pour le moment, et puis les bateaux ont pris du retard suite aux mesures préventives de l’armée, ce qui fait que notre départ est prévu pour demain à l’aube, au plus tôt. Même avec toute la bonne volonté du monde je doute qu’il soit possible de partir aujourd’hui, donc j’espère que vous n’êtes pas pressée. Si cela vous tente, que vous n’avez pas le mal de mer et que vous supportez l’odeur de poisson, alors je suppose que c’est l’occasion en or que vous attendiez.
Bien qu'un peu déçue de ne pouvoir partir que le lendemain, je devais admettre que ça ne me mettrais pas en retard pour autant. Le convoi que je comptais rejoindre avait plusieurs jours d'avance que le bateau devrait me faire rattraper. Même en appareillant seulement demain, j'avais une petite chance d'arriver avant lui à la capitale cimmérienne. Je ne pus retenir un léger rire à cet exposé oh combien avantageux de Gaeaf, avant de répondre le sourire au lèvre.
- Le moins qu'on puisse dire c'est que vous savez vendre la ville. Vous donnez vraiment envie d'y rester.
- Ce sera toujours plus sûr que d’essayer de traverser le désert de glace sans escorte.
- C'est certain. Je crois avoir suffisamment patauger dans la neige durant mon voyage à Gaeaf pour un moment et je m'ennuierais beaucoup trop toute seule.
J'esquivai volontairement l'évocation d'éventuelles mauvaises rencontres d'un sourire en coin. Du danger il y en avait partout, chaque option comportait leur lot de risques, qu'on soit escorter ou non finalement. Leweiras ou garagos dans les interminables étendues blanches ou léviathan et autres joyeusetés inconnues dissimulés sous les vagues tumultueuses. Je préférais ne pas y penser alors que la situation commençais enfin à avancer, mieux valait rester optimiste.
- Serait-ce indiscret de demander ce qui vous amène à Hellas ?
- En fait, je compte rejoindre un convoi de marchands, ils ont louer les services d'un groupe de mercenaires pour les protéger et ils avaient gracieusement accepté que je les accompagne de Tyrhénium au Temple, en passant par Thémisto. Passer par Hellas est un grand détour pour rentrer mais étant donné la situation... tendue avec Phelgra, il ne serait pas raisonnable de refaire le chemin inverse.
Et si je pouvais trouver une nouvelle pièce pour ma collection, je n'aurai pas tout perdu à faire ce détour. Ce voyage est loin d'être rentable,
- Normalement le trajet s’élève à cinquante dias, mais je pense pouvoir négocier à quarante, peut-être trente-cinq si le capitaine s’est levé du bon pied. Ça vous semble raisonnable ?
- Croisons les doigts que votre capitaine soit de bonne humeur alors. Excusez moi, je vais réserver une chambre.
Un des joueurs m'interpella une nouvelle fois alors que je me levai de ma chaise, je lui enjoins de continuer sans moi, arguant que je n'avais plus d'argent à perdre. Ce qui me donna une idée. Je me retournai sur notre ami le tricheur, la tête penchée sur le coté je plongeai mon regard dans le sien avec un sourire énigmatique aux lèvres. Il se retrouva soudain très distrait et agité, cela dit, être ainsi sous le feu d'un regard que certains dépeindraient comme démoniaque ne devait sans doute pas être très confortable. En m'asseyant sur le bord de la table à coté de lui, je me penchai pour lui murmurer à l'oreille sans me départir de mon sourire. Je ne perdis pas mon temps en argumentation, l'image de ce qui se passerait si ses comparses apprenaient ses entourloupes s'imposa à son esprit, et étonnement, le fit m’obéir sans problème. Il me rendit mon argent et une partie des bénéfices aussi discrètement que possible. Je lui laissai le reste, après tout il avait travailler pour l'obtenir, enfin travailler est un bien gros mot... Ce n'était certes pas très honnête et je n'en étais pas très fière mais sa punition aurait pu être bien pire. Passant à coté de Fenris, je tendis la part des bénéfices sur la table devant lui avec un clin d’œil.
- Il vous le doit bien. Vous ne l'avez dit qu'à moi.
Je reparti en direction du comptoir afin de payer ma chambre, faisant tomber la cendre de ma cigarette dans le premier cendrier venu avant de suivre le gérant. Je déposai mes affaires au pied de d'une petite table où reposait une bougie et une large coupe d'eau clair. Je redescendis ensuite retrouver l'agitation du rez-de chaussé. Je posai mon manteau sur le dossier de ma chaise, étant vouée à passer la soirée ici, autant se mettre à l'aise, d'autant qu'il ne faisait pas si froid, la clientèle enthousiaste réchauffant l'atmosphère de l'auberge. Me retournant vers le marin borgne, je ne pus m'empêcher de penser au voyage de demain et au fait que que la météo n'était pas des plus favorables, ainsi que la population abyssale. D'autant que ses paroles un brin pessimistes me laissaient à penser qu'il avait peut-être lui-même vécu une situation aussi désastreuse que ce qui s'était produit à Gaeaf. Je tentai de camoufler mon trouble en buvant une gorgée de mon verre.
- Depuis combien de temps arpentez-vous les mers ? Avec ce qui se passe ces derniers temps, vous avez du voir de nombreuses choses.
Invité Invité
Sujet: Re: Un Vent de Perdition Dim 30 Aoû - 10:35