Event - Magie, Poison et Méthode

Aujourd’hui n’était pas une bonne journée. Aujourd’hui n’était plus une bonne journée.

Vélénor avait commencé sa journée comme tous les début de semaine. Il s’était réveillé dans un bordel où il avait passé du bon temps, et tôt dans la matinée, alors que le soleil n’était pas encore devinable à l’horizon il s’était retourné dans ses quartier au Manoir Cavalerie où il a fait venir un serviteur et lui a fait part de ses demandes pour un déjeuner, qu’il prendrait dans son bureau. Il s’installait rapidement à son office et s'appelle à sa tâche, à la lumière de bougies alors que l’astre solaire commençait doucement à éclairer la capitale Phelgranne. Rapport sur l'avancée des soins et des recherches sur le Drys, rapport de patrouilles et d’escarmouches contres des bandits, une ou deux missives pour le prévenir de ce qui se passait à l’étranger et surtout ce qu’il attendait le plus, deux lettres venant d’Eclaris. Une correspondance qu’il tenait avec d’autres médecins et chercheurs à Canopé. Consciencieux dans son travail le Zélos commençait ses lectures par les rapports de ses cavaliers puis ceux sur le reste de la Chaîne Blanche. Mais alors qu’il commençait à attaquer les quelques papiers sur les infos à l’étranger, on vint frapper à sa porte.

Ce fut à cet instant que la journée se gâta. Son bon ami Jerry Covello venait d’être retrouvé mort chez lui. Etrangement Vélénor resta calme sur le moment. Il demanda un instant, se lava rapidement, mis son armure emblématique de sa caste et son grade parmi les cavaliers rouges, prit son arme et rejoignit la salle de commandement ou Kreen lui donna sa tâche. Enquêter. Et retrouver son amante disparue et principale suspecte. Il avait acquiescé et était parti avec plusieurs de ses hommes. La maison Covello était un petit manoir à l'entrée de la ville haute de Themisto. L’endroit était ombragé, en retrait de la rue centrale, on y accédait par une rue secondaire entre deux maisons plus impressionnantes. Un second passage dans le dos de la bâtisse permettait de rejoindre une autres rue, plus modeste encore. Deux Cavaliers surveillaient chaque rue et un cinquième surveillait l’entrée de la maison. Vélénor n’entrait qu’avec deux hommes qui restèrent à sur place laissant leur supérieur avancer.

L’endroit était propre. Pas de trace de lutte, pas de vol. Les objets précieux mais lourds ou encombrant étaient toujours là, la table était mise, l’âtre fumait encore même si aucune braise n’était visible. Vélénor prit une longue inspiration, puis soupira longuement. Autant pour se calmer que pour prouver son énervement. “ Répartissez vous le sous-sol et le dernier étage, ne touchez à rien, et prévenez moi si vous trouvez quoi que ce soit d’utile. “ Il avançait d’encore quelques pas. ” Je m’occupe du rez-de chaussé et du premier étage. “ Les cavaliers ne dirent pas un mot mais se mirent en mouvement. Rapidement, le Zélos fut seul. Il prit une seconde pour regarder le portrait de Jerry sur le mur et changea de pièce, pour un salon, plus petit, plus intime. C’était ici, que longuement les deux hommes avaient parlé et construit le Chaine Blanche avec d’autres. La pièce était comme l’entrée et la salle à manger. Intact et bien entretenu. Il n’y avait pas de domestique qui logeaient ici, mais deux qui y travaillaient. C’était eux qui avaient découvert le corps. Apparemment. Vélénor ne les avait pas encore vues. Il le ferait juste après. Il changea rapidement de niveau et monta à l’étage, vers les chambres et entra dans celle de son ami. Il était toujours là. Allongé face contre terre, baignant dans une mare de sang.

Approchant du corps sans vie du Cavalier, Vélénor se rendit rapidement compte en se penchant sur le cadavre qu’il n’y avait pas eu de coup porté contre Jerry. Sa gorge était intacte, pas de lacérations, ni de marques de strangulation. La cause du décès était sans doute magique. Autant de sang, et par autant d'orifices. Ce n’avait rien de naturel, mais le cavalier demanderait quand même l’avis d’un expert empoisonneur. Du sang séché s’était épandu par les oreilles, le nez, la bouche et les yeux de l’ancien guerrier et à l'odeur et l’état de ses vêtements, pas seulement du sang avait été déversé. Vélénor grogna. La mort était quelque chose à laquelle tout serviteur de Sharna était préparé. Mais chaque guerrier portant le Rouge souhaitait mourir au combat, l’arme à la main, pas dans son sang et sa merde au milieu de sa chambre. Il se releva et fit le tour de la chambre. Le lit était défait et l’on remarquait facilement que deux personnes s’y étaient allongées. Le cavalier était mort dos à son lit, face à la porte. Le bras tendu vers le porte semblait indiquer qu’il avait rampé pour sortir de sa chambre, mais vélénor savait très bien que Jerry gardait l’une de ses deux armes à droite de sa porte. Une seconde lame, plus courte, se trouvait normalement cachée dans l’encadrement du lit, mais elle était manquante. Il avait essayé de prendre son arme pour se défendre.

Vélénor fit le tour de la pièce, scrutant le lit, le sol, le tapis, à la recherche d’indices ou d’explications à ce qu’y avait bien pu se passer. De ce qu’il pouvait comprendre maintenant, c’est que Jerry était au lit avec son amante, une Sindarin que Vélénor avait déjà vue une ou deux fois mais qu’il ne connaissait pas, et que la partie de jambe en l’air a tourné court a un moment. Jerry a d’abord essayé de prendre son arme sous son lit, mais elle n’y était plus. Le matelas était décalé sur la gauche, et bien que le cavalier était un homme vigoureux, il n’aurait pas pu bouger un matelas de cette taille a son âge pendant l’acte. Se rendant compte que son arme lui manquait et dans la panique, il a tenté de prendre celle le long de la porte mais il n'en eu pas le temps. Il était à terre deux pas hors du lit et n'avait pas eu le temps ou la force de ramper sur plus de cinquante centimètres. Quant à la Sindarine… Les choses devenaient plus complexes. Vélénor pouvait deviner qu’elle était nue lorsque ça s’est passé et qu’elle se trouvait debout de l’autre côté du lit. Dos au mur, le plus loin possible du Cavalier. Soit, elle n’avait pas une confiance absolue en sa magie ou son poison, soit elle ne voulait prendre aucun risque. Dans le premier cas, sa magie n’était pas toute puissante, ou prenait du temps, ce qui était une bonne chose en cas de confrontation. Dans le deuxième cas, ça lui donnait un indice sur le caractère de la Sindarine. Plus qu'à découvrir lequel des deux cas est le bon…

Il descendait les escaliers en direction de la pièce centrale de la maison. Il grognait des choses pour lui-même dans sa barbe alors qu’un de ses hommes l’attendait plus bas. “ Fais venir les serviteurs, je leur parlerais dans le salon. “ Pas de réponse, simplement un geste pour confirmer l’ordre. Vélénor continua de descendre les marches une à une jusqu’au rez-de-chaussée et tourna à gauche vers le salon. Il entra dans la pièce et se mit à en faire le tour. Deux fois. Il s'immobilisa devant un petit meuble dans lequel, il le savait bien, se trouvait différentes liqueurs et plusieurs gobelets de métal. Il ouvrit les portes du placard et s'accroupit devant, sortant, débouchant et reniflant chacune des bouteilles. Rien. Comme pour la chambre, il y avait bien une carafe d’eau mais c’était juste de l’eau. Rien de bien méchant. Il grognait. La théorie du poison commençait à tomber à l’eau. Même si c’était encore trop tôt pour le dire. Il préférerait vraiment que la Sindarine soit la coupable et qu’elle ait usé de magie sur Jerry et qu’il puisse le prouver. De ce fait, il n’aurait pas à toucher au corps de son ami pour découvrir ce qui lui était arrivé. Il n’aurait pas non plus à écrire une lettre à la Commandante pour lui demander son aval pour procéder ainsi. Il était un cavalier sous ses ordres et de ce fait, elle devait donner son accord pour pouvoir ouvrir et opérer un de ses anciens soldats. Il laissa les bouteilles sur le sol et se redressa pour refaire un tour de la pièce.

Le cavalier qu’il avait envoyé chercher les serviteurs revint avec deux Terrans. Ils étaient les deux serviteurs du bâtiment et couchaient dans une petite bâtisse juste à côté du manoir. Vélénor les connaissait bien. Avant même qu’il n’ouvre la bouche, la vieille dame avança vers lui. “ C’est elle mon seigneur ! Il ne peut y avoir qu’elle ! C’es… “ Elle ne finit pas. Vélénor avait levé la main. “ Je ne vous accuse de rien. J’ai besoin de savoir ce que vous savez. Ce que vous avez vu et entendu. J’aurai également besoin de savoir si vous avez un dessin, un portrait ou quoique ce soit qui la représente ? Si c’est le cas, donnez le au Seigneur Kassad il le fera porter à des scribes pour faire des avis de recherche. “ Il rabaissa sa main et se posa simplement sur un fauteuil, laissant les deux Terrans faire le tri dans leurs pensées.