Audience avec son Altesse [TERMINE]

Soizic était rentrée à Hespéria depuis quelques jours, elle était partie depuis longtemps et était plus qu’heureuse de se retrouver de nouveau chez elle, dans sa Bibliothèque. Elle se trouvait à l’étage et regardait ce qu’il se passait à l’intérieur de son antre avec un plaisir non dissimulé. Le lendemain était prévu le ménage de l’établissement (ménage réalisé toutes les deux semaines) afin de garder proprele lieu, tout le monde serait là, ils pourraient donc faire un point sur le sous-sol. Elle ne pourrait pas tout faire toute seule et surtout, elle ne pouvait pas payer tous les travaux de sa seule poche, il allait lui falloir une subvention. Le Roi pourrait peut-être l’aider à remettre en état, à tout sortir, à créer une pièce à part afin d’en faire sa chambre. Enfin bref, pour l’instant, elle n’en était pas là. Elle avait inscrit le nom de l’ouvrage ainsi que son auteur et sa localisation dans la liste des livres présents. Elle avait veillé à voir où en était le rendu des livres empruntés et pour l’instant, tout le monde jouait le jeu. Aucun livre ne manquait à l’appel hormis ceux dument empruntés et ceux qu’elle avait fournis à Samaléone (mais ceux-là lui appartenait à elle, donc ce n’était pas la même chose).

Quand elle ferma le lieu de savoir, ce soir-là, elle tira les rideaux et alla se coucher directement, le lendemain allait être une dure et longue journée pour tout le monde. Avant l’aube, la yorka s’attela à ouvrir en grand les rideaux et à les attacher avant d’ouvrir la porte de service pour le personnel, l’entrée principale restant fermée aujourd’hui, un parchemin accroché dessus depuis plusieurs jours pour prévenir de la fermeture. Elle rassembla tout le matériel qu’il leur faudrait et prit un plumeau et des pièces de tissus afin de s’occuper de l’étage pour la pièce des ouvrages anciens. La pièce était rangée convenablement et il était bien plus facile de s’y retrouver mais aussi de faire le ménage. Une échelle avait été rangée dans la pièce pour ne pas avoir à faire des allers-retours. L’aurore pointait son nez quand ses collègues arrivèrent les uns après les autres, elle leur fit signe depuis la balustrade de l’étage et tout le monde commença à se mettre au travail, une terrane monta l’aider et toutes deux se mirent à sortir les ouvrages de leur emplacement le temps que l’autre nettoie l’espace avant de les réinstaller à leur place, jonglant entre sortie, nettoyage et remise en place.

Quand les étagères furent terminées, elles passèrent à la table puis au sol avant de s’occuper de la balustrade ainsi que de l’escalier. Une fois en bas, elle aidèrent les autres en nettoyant les diverses fenêtres. À la fin de la journée, tandis que tout le monde buvait une tasse de thé que l’un des bibliothécaire avait amené avec lui, ils en profitèrent pour faire le point sur la mission qu’elle leur avait confié avant son voyage à Cimmeria. On lui tendit alors plusieurs parchemins sur lequel était noté les jours de visite, les horaires ainsi que le nom des guides. Une fois par semaine avec une session le matin et une l’après-midi et ce chaque semaine, le personnel tournant à tour de rôle afin de continuer d’assurer le service dans le reste de l’établissement mais aussi de conjuguer avec les emplois du temps de chacun. Sur un autre parchemin avait été fait une affiche à accrocher à l’extérieur de la Biblothèque des Lumières pour prévenir les autres des visites.

Il leur restait donc à définir un prix pour la visite ainsi qu’à préparer des feuilles pour réserver une place de visite afin de le faire en petit groupe, elle s’occuperait de faire cela quelques jours plus tard. En réfléchissant au matériel qu’il leur faudrait, elle en était venue au fait qu’il faudrait deux lampes à huile pour faire descendre le groupe avec plus de sécurité, des réserves d’huile de ce fait, qu’il faudrait payer des ouvriers pour les travaux du sous-sol ainsi qu’un artisan pour deux portes sur mesure et ce en attendant que la pirate ne revienne et qu’elles voyent toutes deux comment faire pour que les lumières murales ne restent allumées. Elle expliqua donc que le lendemain, elle se rendrait au Palais pour voir si il était possible d’avoir un peu de soutien financier pour aider à la mise en place de leur projet.

Le lendemain, après ouverture des rideaux et des portes, elle s’emmitouffla dans son manteau avec son écharpe et ses gants et capuche sur la tête, elle se dirigea vers le Palai. Comme tout le monde, elle emprunta une des artères pour y parvenir et malgré l’heure matinale, il y avait déjà du monde, la journée allait être longue, elle le savait parfaitement. Le soleil était levé quand elle finit par arriver devant les remparts du château, elle fit voir aux soldats qu’elle ne possédait pas d’arme et se dépécha d’entrer dans la cour qui était plongée dans l’obscurité de l’édifice, elle ressera les pans de son manteau et alla faire la queue de nouveau. De nombreuses heures s’écoulèrent de nouveau avant qu’elle ne parvienne à la table située au fon de la couloir. Après avoir remplie les indications nécessaires, on la dirigea vers une entrée. Arrivée dans une pièce, elle fut arrêtée par des gardes et un homme de bonne naissance au vu de ses vêtements. La Bibliothécaire les laissa vérifier qu’elle ne possédait pas la moindre arme pouvant blesser sa Majesté et répondit aux longues questions de l’intendant du Palais. Toujours les mêmes questions et les mêmes réponses, elle désirait une entrevue avec le Roi ou avec l’un de ses ministres afin de parler d’un petit souci avec la Bibliothèque des Lumières. Encore et toujours pendant environ une demi-heure ou une heure. Personne ne devait savoir ce qui se cachait sous l’établissement, elle laissa filtrer l’information pécunière pour un projet de restauration afin d’attirer du monde dans la bibliothèque et voyant qu’elle ne dirait rien de plus, il accepta finalement de la laisser passer ou tout du moins après qu’un homme lui ai parlé à l’oreille.

Elle rammassa ses affaires et suivit la direction de l’antichambre qu’on lui indiqua. Elle s’assit et attendit son tour, plusieurs personnes se trouvaient assise, des hommes pour la plupart. Elle fit une rapide révérence pour les saluer et s’installa sur un siège, attendant que les heures passent. Heureusement, elle avait prit un ouvrage avec elle.

「 Audience avec sa majesté 」

Les minutes n’eurent pas le temps de se succéder aux heures avant que la porte de l’antichambre ne s’ouvre pour révéler un homme entre deux âge, engoncé dans un pourpoint richement brodé et porteur d’un épais parchemin entre les mains. Les têtes des présents se tournèrent rapidement vers l’homme, suspendus à ses lèvres, attentifs au nom qui serait prononcé, celui dont l’attente parviendrait enfin à son terme et profiterait d’une audience avec sa majesté, un moment attendu pour dévoiler ses projets et attentes de la couronne.

Cependant, le nom prononcé fut de la dernière arrivée. Sans attendre de savoir si l’intéressée s’était montrée réceptive, l’homme prononcé de nouveau son d’un ton sonore, comme une confirmation avant de tourner les talons, attendant qu’on lui rejoigne pour ferme les portes de l’antichambre de la salle d’audience privée.

Les audiences se déroulaient normalement dans la salle du trône, devant l’aréopage de ministres et de nobles de la cour où chacun devait se présenter ainsi que son projet en phrase claires et précises, soumis à la patience relative de la noble et aux persiflages qui composaient leur quotidien, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui le monarque se trouvait làs de ce petit jeu et avait renvoyé la cour à d’autres jeux ou manigances en un lieu loin de son regard où ils pourraient conspiraient tout leur soul sans qu’il n’ait à le supporter.

Un couloir succéda rapidement à l’antichambre, court et épais, il semblait une seconde fortification dans celle déjà fort présente du palais, gardée par quatre individus en armures complètes. On ne voyait d’eux ni peau ni souffle, le seul signe de vie qui les distinguaient d’ornements muraux étant le léger mouvement de heaume qu’ils produisaient pour conserver l’invitée dans leur champ de vision.

Passant la véritable herse de suspicion que formait l’étrange assemblée de ces quatre guerriers immobiles, le serviteur atteignit la dernière porte que la jeune femme aurait à traversé avant la fin de son entretien, donnant sur un vaste bureau s’ouvrant en partie sur les jardins et les dévastations causées par le colosse que le seigneur de ce château avait souhaité retarder.

Assis, dans l’ombre d’un rideau diaphane lui occultant la vue d’une partie de l’extérieur, se tenait le monarque amaigri, les traits tirés et les yeux rendus caverneux par son sommeil troublait, tandis que son regard s’épuisait à déchiffrer l’écriture minuscule retranscrite sur un épais parchemin.

Levant une main, il se contenta tout d’abord d’un signe pour inviter la yorka à prendre place devant lui, consultant encore de longues minutes le contenu de sa lecture avant de finalement lever les yeux vers elle.

~ Votre nom risque rapidement de faire le tour du palais pour cet ordre de passage et pas forcément pour le mieux. Lui confia-t-il avec un demi-sourire ironique, cet élan d’humour semblant sonner faux sur la joue émaciée du souverain.

Soizic avait à peine commencer à lire son livre que la porte de l’antichambre s’ouvrit, la demoiselle ne faisait pas attention, persuadée que l’un des hommes serait appelé quelle ne fut pas sa surprise lorsque ce fut son nom à elle qui fut appelée. Elle se releva rapidement, fourrant son livre dans son sac, récupérant son manteau et passant devant toutes les personnes dont elle sentait le regard mauvais se poser sur elle. Elle se dépêcha de rejoindre l’homme et le suivit à la trace, voyant qu’il ne prenait pas le chemin qu’il aurait du suivre pour se présenter devant le Roi et sa Cour, un sentiment de soulagement la gagna quelque peu, si elle se trouvait en tête à tête, la situation serait bien plus facile pour elle. Après être passée par un couloir et des gardes, elle se trouva finalement dans un bureau, les portes se refermant derrière elle. Du coin de l’oeil, elle vit le monarque lever une main pour lui faire signe de s’approcher. La bibliothécaire s’approcha donc du bureau, se baissant dans une révérence gracieuse, c’est d’ailleurs dans cette position que le roi la découvrit en relevant le visage de sa lecture pour lui adresser des paroles moqueuses. La Yorka, baissa le regard, fixant le sol toujours dans sa position de révérence, murmura plus pour elle-même que pour lui :

- Majesté, puisque vous vous en doutez, pourquoi m’avoir fait passer aussi tôt ? Hein ? Cela ne vous gêne peut-être pas mais je n’ai réellement envie que mon nom fasse l’objet de rumeurs dans cette cité…

Soizic soupira lourdement après cela, avec un peu de chance il ne l’avait pas entendue malgré tout, elle aurait du prendre le temps de la réflexion avant de parler, elle en était consciente mais voilà, cet homme l’irritait. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu et elle aurait aimé que cela ne continue mais elle avait besoin de lui… Elle avait besoin de ce roi qui lui tapait sur les nerfs.

Elle l’étudia à la dérobée et se rendit compte que son visage était fatigué, il avait les traits tirés, encore plus que d’habitude et le teint pâle. Soizic baissa le regard et reprit la parole sur un ton bien plus calme et plus doux comme si elle avait à faire à un enfant récalcitrant.

- Majesté, je vous remercie de me recevoir vous-même, il me sera plus facile d’expliquer ma raison en ces lieux en Votre présence qu’en celles de vos ministres. Vous avez sans doute fort à faire et je ne désire pas vous imposer ma présence plus que de raisonnable. Je n’irais donc pas par quatre chemins pour vous expliquer ce qui m’amène… J’aimerais recevoir une aide financière de Votre part pour la rénovation du sous-sol de la Bibliothèque des Lumières… J’ai envisagé, après en avoir discuté avec mes collègues faire visiter le sous-sol de l’établissement moyennant quelques pièces en échange… J’ai dailleurs discuté avec Samaléone afin de rendre les lumières des murs perpétuels, nous devons en reparler à notre prochaine rencontre mais en attendant, il est nécesaire de faire quelques travaux. Malheureusement, à moi toute seule, je n’ai pas les moyens suffisants pour payer tous les frais, bien sûr j’en paierais une partie ou tout du moins je paierais autant que je peux mais encore une fois, à moi seule, je ne pourrais pas m’occuper de tout. Je pense sincèrement que la visite du sous-sol permettra de faire venir plus de monde dans la cité et ainsi d’en faire une encore plus grande puissance que ce qu’elle n’est déjà. Imaginez la renommée que nous pourrions avoir auprès des autres cités, de plus les étudiants de l’Université pourrait venir étudier les murs et en parler autour d’eux en rentrant chez eux… Bien évidement, je ne parlerais pas du passage qui a été scellé.

Soizic avait relevé le regard au fur et à mesure de sa demande, imaginant les retombées de tout cela. Ce qui l’inquiétait le plus était réellemnt ce passage, après tout, ils étaient trois au courant mais aucun d’eux n’en parlerait, cela serait bien trop dangereux. Pour ce qui était du scellement, le roi n’en saurait rien, elle avait fait une promesse à Samaléone et comptait bien s’y tenir, elles referaient vivre ce passage et puis qu’y sait, un jour, peut-être la cité en aurait-elle besoin pour faire fuir le peuple. Et si… Non, chaque chose en son temps, elle lui parlerait de cela une prochaine fois parce qu’elle était sûre d’une chose, elle recroiserait de nouveau la route de Thimothée Mannus.

「 Audience avec sa majesté 」

Le regard du monarque redécouvrit la yorka comme pour la première fois alors qu’il l’observait en plein exercice de l’étiquette eridanienne, un bel exemple que même les roturiers pouvaient incorporer les règles complexes de la présentation dans les milieux les plus élégants de la société.

Une bonne image qu’elle brisa presque aussitôt en marmonnant pour elle, trop bas pour être saisie par l’oreille du roi, mais le ton laissait peu de doute sur le contenu du message, elle n’avait pas apprécié quelque chose. Or, si l’absence de flagornerie pouvait par moment se montrer rafraichissant à la cour, le sourcil royal ne put que se relever de surprise au regard des circonstances. D’aucuns supposeraient qu’un contrôle supplémentaire de soi était à encourager lors d’une doléance, mais le peuple ne pouvait pas tout apprendre en une fois après tout…

Un lourd soupir, une nouvelle rupture du protocole, résonna entre eux avant que la yorka ne prenne la parole d’elle-même sans y être invité. Délivrant en une unique et longue tirade les raisons qui la poussaient à hanter les couloirs du palais royal en cette froide journée.

- Majesté, je vous remercie de me recevoir vous-même, il me sera plus facile d’expliquer ma raison en ces lieux en Votre présence qu’en celles de vos ministres. Vous avez sans doute fort à faire et je ne désire pas vous imposer ma présence plus que de raisonnable. Je n’irais donc pas par quatre chemins pour vous expliquer ce qui m’amène… J’aimerais recevoir une aide financière de Votre part pour la rénovation du sous-sol de la Bibliothèque des Lumières… J’ai envisagé, après en avoir discuté avec mes collègues faire visiter le sous-sol de l’établissement moyennant quelques pièces en échange… J’ai d’ailleurs discuté avec Samaléone afin de rendre les lumières des murs perpétuels, nous devons en reparler à notre prochaine rencontre mais en attendant, il est nécessaire de faire quelques travaux. Malheureusement, à moi toute seule, je n’ai pas les moyens suffisants pour payer tous les frais, bien sûr j’en paierais une partie ou tout du moins je paierais autant que je peux mais encore une fois, à moi seule, je ne pourrais pas m’occuper de tout. Je pense sincèrement que la visite du sous-sol permettra de faire venir plus de monde dans la cité et ainsi d’en faire une encore plus grande puissance que ce qu’elle n’est déjà. Imaginez la renommée que nous pourrions avoir auprès des autres cités, de plus les étudiants de l’Université pourrait venir étudier les murs et en parler autour d’eux en rentrant chez eux… Bien évidemment, je ne parlerais pas du passage qui a été scellé.

Le monarque dressa un nouveau sourcil alors que les évènements de la découverte du passage en question se rappelaient difficilement à son souvenir. La pirate décédée, qu’il avait sottement fait convoyé à ses frais dans la moitié du royaume, les promesses qu’il avait faites… A ce souvenir, il se donnait l’impression d’avoir été une autre personne à ce moment donné et que cela s’était prolongé longtemps…

Plusieurs problèmes et questions fusèrent rapidement dans son esprit, submergeant ses pensées avec la vivacité que leur conférait la fatigue tout en disparaissant aussitôt qu’il souhaitait les saisir. Ses souvenirs des évènements étaient flous, fugaces et un résumé pourrait bien servir tout à la fois à recontextualiser la demande et lui offrir un certain temps de réflexion alors que son esprit évacuer lentement les grilles de dépenses du royaume et l’effondrement de leur trésorerie dans l’effort de reconstruction de la ville.

~ Mademoiselle Soizic, nous vous prierions de bien vouloir nous faire le récit des évènements qui avaient bien pu nous mener ainsi à la découverte de cet étrange passage, le temps hélas agit sur certains épisodes mineurs de notre histoire et tend à brouiller les faits.

Marquant une pause tout en levant une main pour encourager la yorka à une légère attente avant de nouveau prendre la parole sans autorisation.

~ Mais également de ce qui devrait nous encourager à rediriger une partie des fonds nécessaires à la reconstruction de la ville vers un établissement qui tient encore parfaitement debout…

Soizic attendit patiemment que le Roi ne lui réponde mais au moment où il commença à lui parler, ce fut comme si elle ne reconnaissait pas l’homme qu’elle avait en face d’elle. Quelle idée lui était venue de vouloir lui demander de l’aide… Et puis cette prestance, il n’avait plus rien à voir avec le Thimothée Mannus qu’elle connaissait… Et s’il n’était pas Thimothée Mannus à moins que ce ne soit l’inverse qui se soit produit. Et si l’homme qu’elle avait rencontré n’était pas en réalité le Roi d’Eridania ? Et si quelqu’un avait usurpé son identité pendant une période de temps, cela expliquerait de nombreuses choses, malgré tout, elle n’en était pas sûre, la seule solution était de lui poser la question directement. Mais au moment où elle allait lui répondre, il leva la main pour la faire taire et rajouter quelque chose. Une douche froide, elle venait de se prendre une douche froide en une seule phrase… Il n’y avait pas à douter, elle n’avait pas à faire au même homme, quelqu’un avait pris son identité. Et de ce fait, elle réalisait pleinement qu’elle avait été bien naïve de croire qu’il l’aiderait… Mais puisqu’il n’avait jamais été là ou alors qu’il avait été sous contrôle, elle ne pouvait pas lui reprocher grand-chose. Malgré tout, elle se sentait dégoûtée, elle avait envie de partir tout de suite et de vomir tout ce que contenait son corps.

- Majesté, cela fait plusieurs mois que ces évéments ont eu lieu, ma mémoire tout comme la vôtre est un peu embrouillée, néanmoins je vais essayé d’éclairer les parts d’ombre… Il y a donc environ trois ou quatre mois, vous êtes venus à la Bibliothèque des Lumières accompagné de la pirate dénommée Samaléone afin de l’aider dans ses recherches de reliques sous-marine. Elle avait dans un livre ou sur un parchemin une phrase énigmatique qui laissait penser que la relique se trouvait dans le lieu de savoir. Nous avons découvert que la salle des parchemins cachait un escalier en colimaçon descendant dans un sous-sol s’étendant sur toute la longueur et la largeur de l’établissement. Les murs étaient décorés de dessins qui produisaient une pâle lumière mais suffisante pour distinguer au milieu, un gigantesque squelette d’animal marin. Il a été convenu que vous fassiez sortir le squelette par partie pour la lui donner et vous avez fait sceller un passage souterrain menant à on ne sait où.

La bibliothécaire fit une pause dans son récit, c’était tout ce dont elle se souvenait, pour savoir comment ils en étaient arrivés là, elle n’en avait pas la moindre idée et de ce qui s’était passé ensuite non plus puisqu’elle s’était évanouie. Maintenant il fallait tenter de lui expliquer pourquoi il devait lui prêter des fonds, il était vrai que dit comme cela, il n’avait pas tort, la ville n’était pas encore reconstruite entièrement et si toute la trésorerie avait été investie dans cela, comme il semblait le laisser penser, elle n’était pas dans une galère sans nom.

- Votre Majesté, je pensais -peut-être à tort- que si la Bibliothèque pouvait présenter son sous-sol, cela attirerait plus de personne en ville, de ce fait, ces personnes dépenseraient de l’argent pour manger, dormir, cela pourrait faire repartir l’économie de la cité, et si le peuple a plus d’argent, vous pourriez en demander plus dans des taxes, ce qui permettrait aux caisses de l’État de se remplir un peu pour continuer à la reconstruction de la cité.

Voilà elle l’avait dit. Son ton était dur, peut-être encore une fois était-elle trop naïve, elle n’avait aucune garantie sur le fait que cela fonctionnerait. Elle n’avait pas de preuve prouvant que des personnes viendraient visiter les lieux, si cela se trouvait, l’idée ne séduirait personne. Et dans ce cas, il valait mieux utiliser l’argent dont on disposait dans des choses concrètes, elle en avait conscience mais elle voulait à tout prix revoir l’endroit une fois dépouillé de tout ce qui gênait. Au fond, elle ne demandait que la construction de deux murs et l’enlèvement des gravas qui gênaient, le reste, elle pourrait se débrouiller seule pour le sortir où s’en servir autrement, elle n’était pas une Eclari pour rien, par contre, elle n’était pas douée pour la politique, elle préférait la construction, cela avait toujours été ainsi et cela le serait toujours. Elle ajouta néanmoins afin de vérifier sa pensée...

- Se pourrait-il Majesté que quelqu’un ait usurpé Votre identité pendant quelques mois car vous étiez souffrant ou que l’on ait usé de magie sur Votre Personne dans le but de vous descréditer auprès du peuple d’Eridania, des autres peuples voire même des autres castes?

「 Audience avec sa majesté 」

La jeune femme débuta rapidement un récit concis des évènements s’étant déroulés dans la bibliothèque, rappelant des flash de souvenir à sa mémoire.

- Majesté, cela fait plusieurs mois que ces événements ont eu lieu, ma mémoire tout comme la vôtre est un peu embrouillée, néanmoins je vais essayé d’éclairer les parts d’ombre… Il y a donc environ trois ou quatre mois, vous êtes venus à la Bibliothèque des Lumières accompagné de la pirate dénommée Samaléone afin de l’aider dans ses recherches de reliques sous-marine. Elle avait dans un livre ou sur un parchemin une phrase énigmatique qui laissait penser que la relique se trouvait dans le lieu de savoir. Nous avons découvert que la salle des parchemins cachait un escalier en colimaçon descendant dans un sous-sol s’étendant sur toute la longueur et la largeur de l’établissement. Les murs étaient décorés de dessins qui produisaient une pâle lumière mais suffisante pour distinguer au milieu, un gigantesque squelette d’animal marin. Il a été convenu que vous fassiez sortir le squelette par partie pour la lui donner et vous avez fait sceller un passage souterrain menant à on ne sait où.

Marquant une pause, la bibliothécaire aux oreilles de chat sembla réunir ses esprits et son courage, tandis que la pirate trépassée se rappelait au souvenir du monarque, provoquant de nouveau en lui cet étrange sentiment mêlant curiosité et répulsion pour ce qui ne devrait pouvoir tenir debout ou parler. Mais bien rapidement ses songes revinrent brutalement à la réalité alors que le récit devenait argumentaire et le passé cédait la place au futur.

- Votre Majesté, je pensais -peut-être à tort- que si la Bibliothèque pouvait présenter son sous-sol, cela attirerait plus de personnes en ville, de ce fait, ces personnes dépenseraient de l’argent pour manger, dormir, cela pourrait faire repartir l’économie de la cité, et si le peuple a plus d’argent, vous pourriez en demander plus dans des taxes, ce qui permettrait aux caisses de l’État de se remplir un peu pour continuer à la reconstruction de la cité.

Poussant un long soupir, la royale figure s’en vint reposer l’espace d’un instant sur sa main. Son coude posé sur le bureau s’affermit pour supporter l’ensemble. Ainsi le monarque se tint, quelques instants, cherchant en lui la patience d’achever la journée sans renvoyer un seul quémandeur à bout de patience. Il ne put pour autant chercher bien longtemps que déjà la jeune femme reprenait, sans attendre de réponse, abordant un sujet bien différent.

- Se pourrait-il Majesté que quelqu’un ait usurpé Votre identité pendant quelques mois car vous étiez souffrant ou que l’on ait usé de magie sur Votre Personne dans le but de vous descréditer auprès du peuple d’Eridania, des autres peuples voire même des autres castes?

Haussant un royal sourcil, le monarque se redressa de surprise avant de s’enfoncer dans son fauteuil, harassé par son propre geste. Joignant doucement les mains sur son giron, il cherchait à se contrôler physiquement, ne laissait place possible à aucun débordement pour que cette illusion s’étende à son esprit.

Il pouvait bien entendu comprendre la question, aussi innocente et cruelle soit-elle, que lui adressait la jeune yorka. Lui-même semblait sortir d’un étrange rêve, mais il ne pouvait le laisser dire, il ne le pouvait sans laisser échapper la minuscule qui provoquerait à terme l’avalanche qui détruirait la royauté.

~ Pour ces mots, nous pourrions ne jamais vous laisser sortir de l’enceinte de notre palais. Les dernières nouvelles parvenant de vous au monde extérieur auraient alors été celles de votre entrée en notre domaine…

Enfoncé dans son fauteuil, il adressait un regard caverneux à la jeune femme devant lui, ne cherchant ni à la foudroyer de celui-ci ni à l’impressionner par son autorité, mais simplement à exposer un fait, froid, cruel, presque clinique. L’étiquette était brisé, une réponse s’imposait.

~ Cependant, il ne serait pas bon que notre royaume perde ses forces vives. Votre punition sera donc autre…

Dans son mouvement douloureux, le monarque se redressa à moitié pour prendre de nouveau appui sur son bureau, ignorant le cri de souffrance de son dos engourdi par une position trop longtemps tenue.

Debout, voûté en avant, sa voix se fit plus claire, profitant de l’espace libéré pour ses poumons.

~ La bibliothèque des lumières sera donc saisie par la couronne. Pour votre insolence vous en perdez par la présente la propriété... Cependant… Nous reconnaissons votre talent de gestionnaire à défaut de vos talents de diplomates et vous serez donc maintenue à sa direction.

Marquant une longue pause, il préféra maintenir sa position en attendant la réponse de la jeune femme, profitant pour une fois de sa haute stature.

À peine avait-elle fini de parler que Soizic se rendit elle-même compte qu’elle n’aurait jamais dû lui poser cette question, elle était encore une fois en dehors du protocole, mais il lui fallait être sûre et si quelqu’un avait usurpé son identité et savait pour le passage souterrain, que se passerait-il ? Si la personne était mauvaise, elle pourrait utiliser cette information dans un but non louable comme l’invasion secrète de la cité. Pouvait-elle prendre ce risque et ne rien dire ? Non, ce n’était pas son genre. Elle était libre de pensée et de choix, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds et agissait toujours selon son âme et conscience.

Elle le savait, elle était fichue mais tant pis, si jamais elle devait mourir, elle aurait fait ce qui était juste, peut-être aurait-elle pu y mettre plus de forme, plus de diplomatie, amener la chose autrement, oui, cela lui traversa l’esprit pendant les quelques secondes de pose où Thimothée Mannus changea de position, mais elle laissa ces pensées de côté pour se prendre une seconde douche froide.

Elle le fixait comme il la fixait, sa queue plaquée contre son corps et ses oreilles aux aguets. Elle ne savait pas pourquoi mais ce qu’il s’apprêtait à lui dire n’allait pas lui plaire, elle en était certaine. Voilà, la sentence était tombée et au moment même où les mots du monarque résonnèrent dans son esprit, elle crispa les poings. Elle continuait de le fixer mais c’est comme si elle ne le voyait plus. Soizic était à des années lumières du bureau dans lequel ils se trouvaient, elle était incapable de parler tant la chose l’horrifiait. Qui était-elle ? Tout le monde la connaissait comme la Propriétaire de la Bibliothèque, tout le monde. Tous ceux qui avaient franchi les portes et même d’autres qui n’étaient jamais venus à Hespéria comme la demoiselle de Cimmerium. Tout cela était un cauchemar, c’était obligé et pourtant la dure réalité la frappa quand elle repassa la dernière phrase que venait de lui dire le Roi d’Eridania.

Ainsi, on la privait de son titre même si elle en gardait la gestion ? Plusieurs solutions se superposèrent dans son esprit, mais elle n’était pas en mesure d’écouter sa conscience, ses poings s’étaient serrés encore plus, laissant la marque de ses ongles dans les paumes de ses mains, des larmes roulaient à présent sur ses joues sans qu’elle ne puisse les contenir. Il la spoliait de ce bien si durement acquis presque un an auparavant ? Sa queue battait fiévreusement de chaque côté de son corps, ses oreilles étaient plaquées en arrière et ses yeux lançaient des éclairs, elle le détestait, non c’était bien plus que ça, c’était un sentiment beaucoup plus fort, bien plus fort que la haine, il n’y avait pas de mot pour décrire ce qu’elle ressentait.

- Vous êtes ignoble votre Ma-jes-té. Retirez-moi tout ce que vous voudrez, je m’en moque, je suis en droit de savoir si oui ou non une personne malintentionnée a eu accès à des informations confidentielles dans la Bibliothèque qui était sous ma responsabilité ! Maintenant, faites ce que vous voulez, de toute façon je ne sais pas pourquoi je suis venue vous trouver. Quand on déteste une personne du plus profond de son âme, on ne peut pas s’attendre à ce que les choses changent…

Soizic essuya ses larmes de colère et tourna les talons, tant pis pour la Bibliothèque, tant pis pour le sous-sol, le personnel se débrouillait déjà avant qu’elle n’arrive et s’était occupé de tout durant son dernier voyage, ils pourraient faire sans elle. Le roi de pacotille lui retirait son titre et par cela lui déclarait la guerre, elle allait se faire une joie de lui renvoyer la pareille. Elle finirait en geôle peut-être ou même pire pendue voire démembrée sur la place publique ou encore noyée ou que sais-je. Malgré tout, elle était prête à aller au bout de son idée, pour cela, la première chose à faire était de rentrer dans ce qui était - pour le moment – son chez elle.

De ce fait, la bibliothécaire commença à partir, mais juste avant d’ouvrir la porte, elle se retourna une dernière fois vers l’homme qui lui faisait face.

– Même si je n’appréciais pas l’homme qui était venu me voir à la Bibliothèque, je pouvais reconnaître qu’il était amical, or là, tout ce que je vois c’est un homme que le temps à rattraper et sur qui pèse bien plus que le poids d’un royaume. Il vous faudra trouver quelqu’un d’autre comme gestionnaire, je ne compte pas rester dans cette cité longtemps. Je vais récupérer mes maigres affaires chez moi, dire au revoir à mes collègues et partir sans faire d’histoire ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas Yorka à supplier un homme quel qu’en soi le sujet. De toute façon je n’ai jamais eu mon mot à dire face à sa Grandeur le Roi Thimothée Mannus.

「 Audience avec sa majesté 」

La yorka se hérissa à l’écoute des mots du souverains, carrant les épaules et ramenant les bras contre elle, elle semblait littéralement bouillir de colère, une colère mal maîtrisée, un comportement volcanique. Ses mots brisèrent une nouvelle fois l’étiquette, à la sombre lassitude du monarque.

- Vous êtes ignoble votre Ma-jes-té. Retirez-moi tout ce que vous voudrez, je m’en moque, je suis en droit de savoir si oui ou non une personne malintentionnée a eu accès à des informations confidentielles dans la Bibliothèque qui était sous ma responsabilité ! Maintenant, faites ce que vous voulez, de toute façon je ne sais pas pourquoi je suis venue vous trouver. Quand on déteste une personne du plus profond de son âme, on ne peut pas s’attendre à ce que les choses changent…

Thimothée resta un long moment sans voix alors que la jeune femme qui lui faisait face semblait lutter pour reprendre le contrôle d’elle-même. Sa colère provoquant l’apparition de larmes rageuses, elle les essuya avec hargne avant de lui tourner le dos, marquant le point d’arrêt de la patience royale.

La pièce s’assombrissait lentement sous le regard du souverain alors que le songe se mêlait à la réalité, la jeune femme cessait rapidement d’être elle-même pour devenir un caillou, une petite pierre dévalant une pente, une chose infime, à laquelle on ne prêterait pas attention si elle n’était pas l’avertissement d’un danger, d’un sol instable. Si son peuple pouvait se permettre de lui parler ainsi, d’outrepasser les règles de la conduite et de lui tourner le dos ouvertement, sans conséquences, alors cela ne ferait que donner le signal de la curée aux loups. Les prédateurs se précipiteraient, sentant la faiblesse, la poigne royale se desserrant autour du pouvoir. Certains tenteront de faire élire un nouveau, sapant le pouvoir de sa lignée, d’autres, plus ambitieux, tenteront de changer de dynastie et d’amener une tête plus forte et plus encline à les écouter sous la couronne…

Dans l’ombre de la pièce, il pouvait déjà presque voir les yeux luisants des prédateurs nocturnes, zyeutant son trône, le royaume, prêts à provoquer une guerre civile et de nombreuses morts dans l’espoir de s’accaparer le symbole régalien.

Puis tout cessa, la pièce retrouvait sa luminosité, les gens réapparaissaient, la chose n’avait pas durée. Avait-elle seulement réellement eu lieu ? La Yorka se tenait à la porte, mains sur la poignet, obstacle à moitié franchit, tournait vers lui elle semblait l’accuser une nouvelle de son regard sombre, des larmes perlant toujours au coin des yeux.

Thimothée prit un instant pour comprendre que c’est l’emploi de son nom qui l’avait ainsi éloigné de ses songes, du souvenir des avertissements nocturnes, mais le parallèle se faisait toujours présent à son esprit. La jeune femme, la bibliothécaire, le caillou… Il serait aisé de la faire disparaître… Si le caillou restait en place, alors l’avalanche ne suivrait pas et la stabilité serait maintenue…

~ Gardes !

La porte entrouverte laissa passer son ordre qui se répercuta dans le couloir, sans force, mais avec une réponse immédiate. L’espace ceint de pierre s’emplit aussitôt du tressaillement métallique des armures des hommes du Dernier Cercle.

Il serait aisé de la faire disparaître… Un ordre et elle ne serait plus un problème, un squelette oublié, un détail oublié de son règne…

Sa bouche s’entrouvrit, prête à énoncer l’ordre mortel.

Mais était-ce véritablement ce qu’il souhaitait léguer à la postérité ? Le règne despotique d’un homme ayant refusé de reconstruire son palais avant, mais capable d’exécuter une jeune femme pour une insulte dont elle ne comprenait pas la portée ?

Comment lui en vouloir ? Son statut la plaçait bien loin des enjeux de l’état, on la privait de son bien sans comprendre sa faute…

~ Saisissez-vous d’elle… Vous…

Faible, sa voix marque un nouveau temps d’arrêt alors les différentes facettes de son esprit se disputaient le droit de mettre en œuvre la suite des évènements.

~ Vous l’escorterez jusqu’à la bibliothèque afin de récupérer ses affaires. Pour punition de ses paroles nous la bannissons de notre domaine. Que jamais elle ne reparaisse en les murs de notre cité si elle ne souhaite voir sa tête rouler…

Serrant le poing contre le bureau, le monarque s’installa de nouveau dans son fauteuil. En la laissant ainsi partir, il prenait un risque, la pitié peut être une errer mortelle pour un souverain, mais la mansuétude peut également porter de bien surprenants fruits…

Elle aurait mieux fait de se taire et de partir sans se retourner, faire comme si de rien était et demander la sortie aux gardes à l’extérieur de la pièce. Il aurait été plus logique pour sa survie de disparaître en se transformant et en parcourant le Palais sous sa forme animale et une fois dehors, de se dépêcher de rejoindre la Bibliothèque pour fuir le plus loin possible. Là, elle savait parfaitement qu’elle encourait la mort, la manière dont elle venait de s’adresser au Roi n’était pas l’étiquette même si elle ne l’avait pas tutoyé, il y avait un fossé qui les séparait et en tant que plébéienne, elle n’avait pas le droit de donner son avis. Et pourtant c’est ce qu’elle avait fait, et ce, plusieurs fois. Elle était pourtant d’un naturel froid et distant et savait garder son sang froid, mais là, elle n’était pas capable d’expliquer pourquoi elle s’était ainsi laissée emporter ni pourquoi elle continuait de le regarder. Pourquoi ne partait-elle pas avant qu’il ne réagisse ? Pourquoi ne sortait-elle pas de cette pièce avant qu’il n’appelle sa garde et qu’elle se fasse arrêter ? Pourquoi ? C’était la question qui tournait en boucle dans son esprit. Pourquoi le monde était-il contre elle ? Pourquoi rien n’allait dans son sens ? Elle n’en savait rien et ne trouvait pas de réponse à ses questions.

Et ce qui devait arriver arriva : il appela sa garde qui entra aussitôt, repoussant par la même occasion la Yorka de la sortie. Elle se trouvait entourée par les soldats, elle avait conscience qu’elle signait son arrêt de mort. Elle était résignée et elle attendait la sentence, regardant le mur à sa droite, refusant jusqu’au bout de supplier cet homme qui avait tout pouvoir sur son peuple. Mais voilà, pour elle, la seule personne en dehors d’elle-même qui avait le droit de vie ou mort sur son corps était la Reine actuelle des Yorkas.

Elle ferma les yeux un instant quand elle l’entendit dire « Saisissez-vous d’elle ? » avant de les rouvrir, surprise, de ne pas entendre la suite de sa phrase. Il semblait hésiter sur le sort de cette pauvre malheureuse, Soizic, se surprit à imaginer un sort pire que la mort : et si… non il ne pouvait tout de même pas choisir de lui réserver ce sort… pourtant, les paroles de l’individu Yorka d’il y a quelques jours lui revenait en mémoire : elle pouvait devenir esclave et risquait de mourir mais surtout, elle risquait de devoir subir tous les caprices de ses… maîtres…

Soizic fut soulagée, quand elle entendit les paroles du souverain, il la bannissait de la cité mais parlait aussi du domaine, voulait-il dire qu’elle ne pourrait plus jamais mettre les pieds sur le territoire d’Eridania ? Elle ne pouvait pour l’instant rien n’y faire ni dire quoique ce soit, elle accueillait la nouvelle avec calme et sérénité. Il fallait qu’elle trouve où aller et à bien y réfléchir, elle avait plusieurs idées, elle avait des choses à faire, mais elle pourrait s’en occuper plus tard. Pour le moment, elle allait obéir aux ordres et quitter le domaine, elle irait dans un premier temps du côté d’Amaryl, elle savait que des confrères s’y trouvaient, elle pourrait ainsi leur rendre visite.

Les gardes l’escortèrent donc jusqu’à la Bibliothèque où elle prit le temps d’expliquer la situation aux membres présents, s’excusant de les mettre dans l’embarras. Elle monta ensuite à l’étage et alla récupérer son sac de voyage ainsi que les quelques robes qu’elle avait avant de venir dans la cité. En redescendant, elle passa à l’écurie, récupérer sa jument et suivit docilement les gardes. Ils la conduisirent jusqu’aux limites du domaine royal et lui rappelèrent l’ordre du roi : si elle ne voulait pas mourir, elle ne devait plus jamais remettre un pied dans tout le domaine royal et encore moins dans la cité d’Hespéria où elle serait tout de suite arrêtée.