| | Phyrra, Héritière des Connaissances | |
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|| Informations || Fonction: Pouvoirs, spécialités & Don: Relations & Contacts: :: Héritière de Ténéis :: Phyrra | Sujet: Phyrra, Héritière des Connaissances Mar 13 Oct - 12:55 | |
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Dernière édition par Phyrra le Mer 3 Fév - 1:53, édité 10 fois |
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|| Informations || Fonction: Pouvoirs, spécialités & Don: Relations & Contacts: :: Infante de Kesha :: Othello Lehoia | Sujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances Mar 13 Oct - 20:20 | |
| Re-Bienvenue parmi nous! Bien sûr, je n'ai plus rien à t'apprendre.
Je vois que ta fiche est déjà bien avancée ! J'ai hâte de connaître l'histoire de la Dame. Si tu as besoin de quoique ce soit n'hésite pas, bon courage pour la rédaction ! |
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|| Informations || Fonction: Pouvoirs, spécialités & Don: Relations & Contacts: :: Héritière de Ténéis :: Phyrra | Sujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances Ven 29 Jan - 13:06 | |
| SUITE Passionné par les découvertes que je faisais sur l’Ancien Monde, je n’eus pas conscience de la foi qui grandissait en moi. J’ai eu 280 ans le jour où j’ai remis les pieds au Haut-Monastère pour la première fois depuis mon départ de Canopée. Je ne sais pas ce qui m’y poussa, ce jour-là. Il était tel que dans mes vieux souvenirs, ses immenses vitraux dessinant des symboles lumineux sur le plancher immaculé. De nombreux fidèles circulaient lentement, et des prêtres et prêtresses prêchaient ici et là, abordant fièrement le symbole de leur dieu ou des Gélovigiens. L’endroit était majestueux, d’une prestance surnaturelle. Je me sentais étrangement à ma place dans ce lieu de culte, sans doute le plus impressionnant d’Istheria, quoi que je puisse dire du fabuleux Temple de Ténéis. Les coutumes, les prières, chaque petit geste associé aux lieux de culte, tout me revenait. Alors que certaines des traditions gélovigiennes me semblaient maintenant absurdes, d’autres, au contraire, me firent me rendre compte de la richesse de la religion et de son lien si important avec l’histoire. Ce jour-là, je décidai de m’inscrire à nouveau à Ectalion, mais cette fois, comme étudiante en théologie. Ce domaine me permit de mettre à l’épreuve tout ce que je connaissais de notre monde, et je rendis certains professeurs fous à force de mettre à l’épreuve ce qu’il nous enseignait. Sceptique, je posai mille et une questions pour différencier la réalité du mythe et découvrir que parfois, les deux ne faisaient qu’un. Je questionnai les experts de plusieurs domaines pour mettre à l’épreuve mes croyances, et je fus vite aidé d’autres éclaris souhaitant eux aussi éclaircir la question Pendant les vingt années qui suivirent, je travaillais à l’aide de mes coauteurs, cherchant à démystifier la religion. Travailler sur la religion à travers les âges me permit de découvrir des secrets enfouis très loin dans les souvenirs de nos terres, de véritables témoignages de la tangibilité des dieux qui disait-on, à l’époque, visitaient les peuples d’Istheria. Je m’appuyai sur les écrits d’Eucléis le Savant ainsi que divers autres grands historiens, découvrant avec toujours autant de bonheur de nouveaux secrets, éclaircissant autant de mystère que j’en découvrais. Pour la première fois, je fis un pèlerinage religieux, et je visitai les Grands Temples des Dix. Si je profitais de la richesse historique et religieuse de ces lieux, je m’y rendis aussi pour prier, car mes recherches m’avaient convaincu que mon maître avait raison : les dieux existaient. Ils n’étaient simplement pas là ou on les cherchait. Si d’un côté, c’est ma thèse et mon lien avec mes amis éclaris qui me donna l’idée du voyage, c’est toutefois un sentiment profond d’avoir échoué, dans la vie. J’avais fait des études extraordinaires, travaillé sur une infinité de sujets passionnants, découvert une foule de choses si longtemps restées enfouies. Pourtant, avec la foi s’imposèrent à moi de profonds regrets. Ma famille, mon peuple, ma patrie, qu’étais-je vraiment sans eux ? Les politiques évoluaient doucement, et Viwien semblait sur certains sujets bien différente de son père, bien qu’elle ne lui eût pas encore succédé à cette époque. J’avais un profond besoin de remettre de l’équilibre dans ma vie, la prochaine chose qui se dressait sur mon chemin, c’était Canopée. RETOUR À CANOPÉE Cela sonne sans doute un peu comme une condamnation, et je crois effectivement que c’est ce que je croyais, au départ. La désertion n’était pas le plus grave des crimes, mais il s’agissait d’une faute extrêmement grave pour un peuple comme les sindarins, et je m’attendais à devoir payer ma dette envers la cité si j’y étais de nouveau admise. Après avoir visité tant de lieux et rendu hommage à huit des dix dieux, il vint le temps de me rendre au temple de Fen. Le temple de ma mère. Il me fallut beaucoup de courage pour y retourner, ce temple dans lequel j’avais grandi, et mon voyage fut agrémenté de plusieurs détours que je pris sciemment pour retarder le moment fatidique. Cela ne fut pas très difficile puisque, provenant du grand temple de Kesha, j’avais choisi un chemin difficile à travers les marais brumeux. Pourtant, inévitablement, je finis par reconnaître les lieux. Ce gros chêne, cet orme, là-bas, ce parterre de fleurs qui, malgré les décennies, était toujours au même endroit. La forêt s’ouvrait devant moi, et avec elle, une myriade de souvenirs parfaits, tel que mon pouvoir les rappelait à mon esprit. Tout était différent, les arbres plus gros, les herbes plus hautes, et pourtant, tout cela se substituaient à la perfection à mes souvenirs, éveillant en moi un subtil mélange de nostalgie, d’appréhension et de paix. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour rencontrer un premier prêtre. Celui-ci, visiblement yorka, ne me connaissait évidemment pas, et c’est sans savoir qui j’étais qu’il me conduisit au temple. Rapidement cependant, un sindarin apparut sur notre route. Puis un deuxième. Tous deux se mirent à chuchoter, et rapidement, je fus entouré de ceux que j’avais autrefois connus. Si la plupart de ceux-ci n’osèrent pas m’approcher, l’un d’eux fit exception. Cela faisait cinquante longues années que je n’avais pas remis les pieds dans cette forêt, mais lorsque mon frère me vit, il me reconnut. Et il me serra dans ses bras, sans un mot. Wyrenth. Il ne me posa pas de questions, ne me reprocha rien, ne voulut pas savoir ou j’étais tout ce temps. Avec la sincérité qui le caractérise, il me demanda comment j’allais, si j’étais heureuse, et si je revenais parmi eux pour de bon. Vêtu de la toge de prêtre de son dieu, il me témoigna, avec la réserve qui était la sienne, sa joie de me revoir, et me proposa rapidement de me conduire à notre mère. Malgré mon appréhension, j’étais soulagé par cet accueil et j’acceptai son offre. À la vue du temple, mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j’eus peur de perdre connaissance. Le temple était tel que dans mes souvenirs, fidèle au dieu de la faune, et bien que certaines petites choses eussent changé à la suite des réparations qui s’étaient avéré nécessaires, j’avais l’impression de revenir chez moi, et les souvenirs de mon éducation religieuse me revint comme un tsunami. Gorgé d’émotion, c’est avec une boule dans l’estomac que j’entrai dans le Grand Temple. À l’intérieur, Wyrenth interpella ma mère par son titre. Celle-ci était accompagnée d’un jeune couple de terrans qui étaient visiblement en visite ici, vu leurs habits de voyage. Elle ne me vit pas immédiatement. Pourtant, lorsqu’elle leva les yeux vers mon frère, reconnaissant sa sombre silhouette, elle demeura figée un instant, et elle se mit à me détailler. J’avais soigneusement choisi mes habits, voulant refléter qui j’étais aujourd’hui, mais je n’avais pas la chance de porter un tissu sindarin, et j’étais vêtu avec une qualité certes excellente, mais qui ne valait pas la qualité des tissus de mon peuple. J’avais gardé mes cheveux simples et blancs, tels qu’ils étaient au naturel, tel que ma mère les avait toujours préférés. Rapidement, les yeux de ma mère s’embrumèrent, au même moment où je sentis les larmes coulées sur mes joues. Elle délaissa le jeune couple sans un mot et ceux-ci, visiblement sensible au soudain changement d’atmosphère de la pièce, se retirèrent sans un mot. Wyrenth avait fait de même et me laissa seule avec notre mère qui, comme mon frère, me serra longuement dans ses bras sans un mot. Nous prîmes un moment pour nous retrouver, mère et fille, à simplement nous contempler et à nous remettre de nos émotions. Puis, la question vint, celle que j’avais crainte et attendue à la fois, alors que ma mère me demanda pourquoi j’étais partie. Expliquer les raisons d’un départ que je n’avais pas prémédité me fut difficile. Je tenais cette femme en si haute estime, et j’avais si peur que mon histoire ne la déçoive ! Pourtant, je ne perçus aucun jugement dans ses yeux alors que je racontais mon histoire, et ce, bien que je ne parlasse pas de la nature de ma relation avec Izomik. Pleine de bienveillance, elle me parla de notre famille, de Canopée, des changements qui s’opéraient. De mon côté, je lui parlai de mes études, je lui parlai du monde, des terrans, sylphides et zélos que j’avais rencontrés à travers le monde, de mon histoire avec la religion, de Nestor, ce yorka qui m’avait tant appris. Je tentais de tout lui dire, de partager avec elle tout ce bonheur que j’avais connu loin d’ici. Pour la première fois depuis des décennies, je m’ouvris sur ma souffrance et ma peine d’être loin des miens, d’elle, de ma famille. Je lui parlai de mes remords et de mes regrets, de mes douleurs et mes peines, et je retrouvai ma mère, celle à qui je ressemblais tant en vieillissant. Je voulus rester pendant des jours, pourtant, il fallut inévitablement penser à l’avenir. Le temple de Delil. Canopée. Je quittai ma mère et mon frère avec la promesse de revenir, et je fis la route vers le temple du dieu de la flore et de la vie, de nouveau seule, mais le cœur différent. Plus léger. C’est avec respect que je saluai ceux que je rencontrais à proximité du temple. Auprès du haut-prêtre en poste, je rendis hommage au dieu de mon peuple. Puis, finalement, je fis route vers Canopée. La cité forestière était si proche que j’en ressentais les vibrations jusqu’au tréfonds de mon âme, et malgré ma paix intérieure, c’est avec appréhension que je me présentai devant le conseil pour admettre ma désertion et attendre mon châtiment. Au conseil, je ne cachai rien de mes sentiments pour Izomik, de la relation que nous avions entretenue, du long deuil qui avait suivi. On m’informa du sort de Sélénar, le meurtrier de mon amour, qui croupissait aujourd’hui et pour le restant de sa vie dans les prisons de la cité, son droit aux honneurs posthumes retiré. On m’informa également de la cérémonie à laquelle avait eu droit ma moitié et de l’endroit où il reposait maintenant. N’étant pas sindarin, il n’avait pas eu droit à l’honneur d’avoir son nom sur un tronc immortel, mais pour sa loyauté, il avait tout de même été inhumé auprès du peuple qu’il avait servi jusqu’à la mort. Finalement, la sentence tomba. Pour ma désertion, j’étais condamné à effectuer des travaux d’intérêts généraux sous la tutelle d’un membre du conseil des dix. Pendant cinquante ans, durée de ma désertion et donc de ma sentence, je ne pourrai quitter les limites de la ville et je devrai continuellement me référer au Sage des Dix, qui avait accepté cette charge, pour toute action. C’est ainsi qu’en l’an 1150, je redevins un membre de la cité des feuilles. Elmar fut un tuteur sévère, mais juste, qui eut la patience de m’enseigner ce que j’avais oublié. Religieux jusqu’au bout des oreilles, il fut surpris de ma foi profonde qui s’exprimait si différemment de la sienne, et après quelques années, c’est avec bonheur que nous échangions sur nos différents points de vue. Il devint davantage qu’un tuteur, il fut un mentor, un ami, un confident. Il m’intégra à la vie sindarine, me laissant le suivre dans ses importantes fonctions et comprendre le fondement de nos lois et de notre société. Mon nom fut rapidement reconnu dans les plus hautes sphères de Canopée, mon esprit vif et ma langue bien pendue étant difficilement oubliables. Si certains de mes anciens amis ne me pardonnèrent pas ma désertion, la plupart finirent par accepter mes choix passés et respecter ma décision de revenir malgré la peine qui m’attendait ici. C’est humblement que j’accomplis les tâches que l’ont me confiait, faisant de mon mieux pour accomplir ce que l’on attendait de moi. Dans mes temps libres, je fêtais, dansais et chantais avec les miens, ou j’étudiais dans la grande bibliothèque de notre université. Après un certain nombre d’années, on accepta même que j’étudie à Palantil, notamment les sciences élémentaires, mais aussi l’histoire des sindarins et la théologie des dieux les plus importants de la région, Delil et Fen. Je renouai avec mon père, avec mon frère Thanil, sa charmante femme et leur surprenante petite fille... Mon frère Malon, toutefois, ne me pardonna pas aussi facilement. Membre des puissants astars, protecteur royal, il m’en voulut énormément pour mon acte de désertion. Aujourd’hui, nous avons une relation cordiale, mais sans plus. C’est durant ces années que je perdis ma mère. Âgée de huit-cent-vingt-trois ans, elle avait vécu une vie difficile, mais bien remplie, traversant avec succès la Grande Guerre de Taulmaril sans jamais perdre de vue sa foi pour Fen. Elle avait été une grande créatrice, et nombre de ses œuvres décoraient demeures et bâtiments importants de Canopée. Elle était d’une sensibilité incroyable, et malgré sa sévérité, elle avait toujours fait preuve d’une douceur et d’un amour profond pour son prochain. Sa mort fut suivie d’une cérémonie grandiose pendant laquelle je prononçai un hommage qui fit vibrer les cœurs. Ce triste évènement nous rapprocha, mes frères et moi, et notre relation n’en fut que plus solide par la suite. Perdre ma mère laissa un vide incroyable dans mon cœur, et je regrettai de ne pas avoir passé davantage de temps avec elle. Cet évènement eut pour conséquence de me plonger dans une crise existentielle qui me fit remettre ma vie en question. Qui étais-je vraiment ? Alors que j’arrivais presque au milieu de ma vie, avais-je vraiment accompli tout ce que je souhaitais? Étais-je en voie de le faire ? La vie s’arrête inévitablement un jour, et malgré leur longévité, les sindarins n’y échappent pas. Mes frères devenaient de plus en plus vieux, mon père était de moins en moins autonome, et cela me faisait réaliser toute la fragilité de la vie. À cette époque, je passai énormément de temps à méditer et prier, cherchant les réponses au fond de mon cœur et dans les profondeurs de ma foi. Je me rendis souvent sur la sépulture d’Izomik, lui confiant mes doutes. C’est-ce qui fut mon salut, la raison de mes choix actuels. Lorsque je fus amené devant le conseil pour me libérer de ma sentence, cinquante ans jour pour jour après que j’eus réintégré la vie sindarine, j’avais acquis une réputation enviable. À la base, les Brynelis avaient un statut assez élevé dans notre société, même si nous n’étions pas membres de la haute noblesse. Avec mon père et mes frères dans l’infanterie et ma mère étant haute-prêtresse, notre nom était bien connu. En plus, j’avais étudié à Palantil, développant des liens avec d’éminents professeurs, j’appelais par leur prénom la plupart des membres du conseil et l’on venait souvent me demander des conseils de tout genre grâce à mes connaissances et mon statut d’éclaris. Mon énergie était communicative, et l’on m’appréciait également pour ma joie de vivre. Avec Viwien, devenue reine à la mort de son père, elle-même en démarche pour réintégrer la vie sindarine, je nouai un lien plus profond que je l’aurais espéré. Nous retrouvant dans une situation bien différente, mais aussi bien semblable puisque nous avions tous deux passé de nombreuses années hors de la cité forestière, nous nous trouvâmes de nombreux points communs, et je la compte aujourd’hui parmi mes amies les plus chères. Enfin libéré de ma peine, je me remis à l’entrainement militaire, même si je n’eus jamais l’intention de rejoindre à nouveau l’infanterie. Cependant, le plus gros de mon temps était consacré à l’étude. Lire avec mon pouvoir de mémoire activé était particulièrement fastidieux, mais j’y arrivais maintenant presque sans y penser. Cela me permettait de retenir une foule d’informations pertinentes et de ne jamais avoir à relire un livre deux fois. Chaque fois que j’activais mon pouvoir, j’avais cette drôle d’impression que Ténéis regardait par mes yeux, comme si elle m’épaulait, bienveillante. PRÊTRESSE DE TÉNÉIS Avec le temps, j’eus l’impression que la déesse m’invitait à changer de voie. J’étais heureuse parmi les sindarins, mais quelque chose manquait inévitablement à ma vie. J’étais toujours éclaris, mais ainsi loin des autres membres de ma caste, je me sentais de moins en moins en phase avec ceux-ci. Je me sentais, malgré la fin de ma peine, prisonnière des limites de la cité et je cherchais un moyen de me libérer. J’avais envie de partager ma foi et ma vision de la religion, j’avais envie de montrer à tous ceux qui croyaient que le culte des dix n’était que contemplation et prière pieuse qu’il était possible de faire autrement, sans que tout cela ne soit ennuyeux. C’est ainsi que l’idée germa dans mon esprit, et que je présentai à nouveau devant le conseil cinq ans après ma libération pour demander une permission : partir étudier à l’école religieuse du haut-monastère pour devenir prêtresse de Ténéis. Pour appuyer ma demande, je promis de revenir à Canopée pour prêcher les enseignements de la déesse après mes études et de fonder une église pour ma divinité aux abords de la ville. Prisant l’éducation et les connaissances, l’idée d’avoir une église de Ténéis aux abords de la ville plut à la reine, mais aussi au conseil qui, trouvant ma demande pertinente, accéda à ma demande. C’est ainsi que, marchant sur les traces de ma mère, je me retrouvai de nouveau au haut-monastère, rapidement accepté dans le programme d’étude désiré. Pendant les soixante-cinq années qui suivirent, mon rôle de prêtresse devint ma principale occupation. Comme promis, je fondai l’église de Ténéis à Canopée et aidé d’autres collègues gélovigiens, nous travaillâmes à étendre l’influence de la déesse des étoiles sur la cité forestière. Au cours de ces années, j’accomplis plusieurs pèlerinages religieux et beaucoup de visites au haut-monastère. Rapidement, mon influence s’élargit. Dotées d’un grand charisme, mes homélies étaient convaincantes et ramenaient beaucoup de fidèles. Mon nom fut rapidement connu parmi tous les sindarins et mon influence grandit parmi les gélovigiens, d’abord auprès des prêtres de ma déesse, puis auprès de ma haute-prêtresse et finalement auprès des gélovigiens des autres dieux. Mes cérémonies attirèrent de plus en plus de gens, et même les fidèles des autres peuples d’Istheria se mirent à se déplacer jusqu’à Canopée pour assister à mes messes. Lorsqu’Amaryl sortie de sa quarantaine, je fis partie de ceux qui travaillèrent à sa reconstruction, et certaines de mes idées furent retenues lors de la rénovation du Temple de Ténéis par les éclaris, à une époque où les liens des gélovigiens avec la caste des savants étaient encore bons. Lorsqu’en 1269, la Haute-Prêtresse de ma déesse mourut, je fus pressenti, ainsi que quelques autres, pour passer sous le regard de la déesse des étoiles et subir son jugement. Par mon pouvoir de mémorisation, j’avais déjà alors acquis le titre d’Héritière des Connaissances, mais d’autres avaient comme moi été bénis par la déesse. Pourtant, c’est avec confiance que je m’avançai devant les autres Haut-Prêtres. Je ne ressentais alors aucune nervosité, aucune peur. Je n’avais jamais eu l’intention de devenir haute-prêtresse, mais ma présence ici me semblait comme une évidence. Je savais, il n’y avait pas d’autres mots pour décrire ce que je ressentais alors. Prétention ou simple confiance, on ne vit pas la différence, car c’est sans surprise que la lumière de la déesse m’illumina. Alors que je lui rendais grâce, mon pouvoir activé pour garder en mémoire chaque seconde de cette cérémonie destinée à glorifier sa présence, sa lumière m’illumina, et plus que jamais, je sentis que son aura m’entourait, bienveillante. Les étoiles, symbole de ses infinies connaissances, semblèrent m’accueillir et, rapidement, on me déclara choisi. À la suite de l’intense cérémonie qui me consacra Haute-Prêtresse, je quittai officiellement mon temple, à Canopée, pour rejoindre le Grand Temple de Ténéis à Amaryl, ou je retrouvai une population grandissante. Menée par les éclaris, la grande cité d’Argyrei était un endroit d’érudition exceptionnel. En tant que Haute-Prêtresse des connaissances, je travaillai et je travaille encore d’arrache-pied pour allier connaissance et foi et convaincre les athées de l’existence des dieux, sans pour autant dénigrer leurs propres théories... si celles-ci s’avéraient intelligemment pensées. Les premières années pendant lesquelles je me consacrais à servir la déesse comme cheffe du culte furent relativement tranquilles. Le culte de Ténéis étant par essence semblable aux valeurs que prônaient les éclaris, c’est avec bonheur que je renouai avec d’anciens camarades et que je m’en fis de nouveau parmi cette caste. Je n’avais certes plus tous les avantages qui y étaient liés, et le symbole des gélovigiens avait certes remplacé celui des éclaris dans mon sceau personnel, mais je demeurais en très bon terme avec la plupart d’entre eux. Parmi les gélovigiens du temple, cependant, ma présence ne fut pas aussi bien accueillie. Je fus au départ pourtant très bien reçu, mais il était évident que personne ici n’aurait voulu voir l’ancienne prêtresse remplacée, et ce, malgré sa mort. De plus, mes méthodes différaient radicalement de celles de l’ancienne représentante de Ténéis. Douce, calme, indulgente, elle avait été une main accueillante pour tous ceux qui se trouvaient à la dérive et avait aidé beaucoup de gens. Représentant les valeurs des gélovigiens, celle-ci était convaincue de l’influence de notre déesse sur le monde et, malgré son érudition, elle était demeurée très fermée aux enseignements des éclaris qui avaient depuis longtemps prouvé que les soleils et les étoiles n’étaient pas magiques. Plus terre à terre, avec un caractère bien trempé et attribuant la majorité des évènements de notre monde à la nature plutôt qu’aux dix dieux, mon arrivée fut un grand bouleversement pour ces fragiles prêtres qui ne s’étaient jamais remis en question. Forte de mes connaissances, ayant des années de remises en questions derrière moi, aucun des prêtres ne réussit à ébranler mes convictions les plus profondes. Je les invitais pourtant à essayer, à me prouver que ma vision de notre grande Ténéis était mauvaise, mais aucun d’eux ne parvint à trouver une faille dans ma foi. Pour moi, Ténéis était un symbole, une entité, certes extrêmement puissante, mais qui comme nous, la plupart du temps, était soumise aux lois naturelles de notre monde. Si les étoiles représentaient ses connaissances, c’était pour témoigner de sa grande érudition. Cet être supérieur qui influençait nos destinées existait bien, mais elle n’avait pas le pouvoir de créer notre monde, tel que me l’avait autrefois enseigné mon mentor, Nestor. Pour différencier les messages que nous envoyait la déesse, il fallait connaître ces lois et ainsi, nous pourrions différencier les actions de la nature elle-même des messages de Ténéis. Ainsi, lorsque les étoiles se tordirent devant mes yeux une nouvelle fois, je ne fus pas dupe. Les étoiles ne pouvaient bouger ainsi, jamais. Je connaissais toutefois le phénomène pour l’avoir déjà vécu. La déesse m’avait nommé pour que je puisse mener notre culte vers la bonne direction, j’en étais convaincu. L’époque où notre culte nous voilait la face était terminée. Nous regarderions maintenant la réalité en face. Il faut dire que la paix régnait alors sur Istheria, une paix que je croyais alors durable, inébranlable, certaine qu’Istheria ne répéterait pas ses erreurs passées. Malgré tout ce que je savais de la Grande Guerre de Taulmaril, je ne vis pas arriver les tumultes qui se dessinaient alors que le nouveau siècle approchait. Je ne vis pas les tensions, la peur, l’inquiétude, ou plutôt, je n’en pressentis nullement les répercussions, alors que la confiance des uns envers les autres s’égrainait lentement, mais sûrement, prémisse des premiers bouleversements qui finirent par tous nous atteindre. Les ladrinis étaient de plus en plus nombreux et influents, et en Argyrei, ceux qui savaient écouter entendaient les rumeurs de la rose noire. C’est ainsi que lorsque Ténéis m’envoya l’un de ses rares messages par les étoiles, ses symboles, je ne pus que prendre la menace dont elle me parlait au sérieux. Cependant, si j’y préparais mon temple et prévint les autres gélovigiens de ma vision, bien peu furent sur leur garde, et pourtant, l’avenir allait donné raison au chaos qui m’avait été annoncé. Ce qu’on nomma plus tard le Grand Tournant finit par tous nous affecter, inévitablement. LE GRAND TOURNANT Les évènements qui survirent à partir de ce grand tournant changèrent la face du monde, et j’eus de la difficulté à trouver quel était mon rôle dans ces évènements. Je ne fus pourtant pas particulièrement inquiète lorsque les nouvelles rapportèrent le meurtre d’un cavalier de Sharna dans les terres des Eryllis, peut-être parce que je ne portais pas les protecteurs de Phelgra dans mon cœur. Si les rumeurs rapportèrent d’abord qu’il avait été tué par les femmes de la forêt, la cruauté du meurtre amena les gens à croire qu’un monstre avait commis ce crime. Différencier les rumeurs de la vérité était quelque chose de commun en histoire, et étrangement, avec les informations que je recueillais, j’avais moi aussi l’impression que quelque chose d’autre avait orchestré tout ça. C’est alors que le maire d’Hesperia fut assassiné, suivi de celui de Ridolbar. Deux hommes qui s’avérèrent, après enquête, totalement corrompus. Tout cela était-il lié ? Si un gorgoroth fut arrêté, j’eus toutefois l’impression que ce n’était pas le fin mot de cette histoire. Le roi Thimothée condamna Torenheim et déclara les eryllis ennemies du peuple, et je ne pus que grincer des dents. Que pouvais-je faire, alors que j’étais si loin des miens, si loin de ces femmes auxquelles les sindarins étaient alliés depuis si longtemps ? J’étais pourtant certaine de leur innocence, mais mon influence ne suffit pas à changer les choses. Ainsi, malgré tout, telle fut dictée la loi d’Eridania. Les malheurs des cités plus au nord n’affectèrent que peu les grandes étendues désertiques d’Argyrei. Il fallut attendre l’arrivée dévastatrice de la Sarnahroa pour intéresser le pays des érudits à ce qui se déroulait ailleurs dans notre monde. La maladie de pierre nous affecta tout autant que les autres pays. Ce fut une période particulièrement trouble, alors que les gélovigiens et les éclaris s’entredéchirèrent, leur opinion différant trop. D’un côté, des gélovigiens, majoritairement convaincus du caractère divin de cette maladie, déclarèrent que les atteints subissaient un châtiment divin, et que seuls les plus pieux y survivraient. Mes connaissances médicales et mon esprit logique prenant le pas sur ma foi, je m’élevai contre cette ligne de pensée aux côtés des éclaris. Cependant, malgré mon influence auprès de ma caste, je ne pus changer le traitement des malades. Le Temple de Ténéis ne fut toutefois pas un lieu où on laissa mourir impunément les atteints. Je perdis pourtant des fidèles qui, n’acceptant pas mes décisions, repartirent vers le Haut-Monastère, mais j’en gagnai d’autres qui, comme moi, pensaient que cette maladie devait être combattue. Lorsque l’antidote extrait de la panacée à cinq pétales fut trouvé, je fis partie de ceux qui administrèrent le traitement. Malgré ce remède, les tensions entre les éclaris et les gélovigiens ne dérougirent pas, au contraire. Le mal était fait, l’opinion générale des gélovigiens et des éclaris ternis par ces violences, mes propres relations avec ma caste actuelle et mon ancienne fragilisées. Si je ressentais au fond de mes tripes que tous ces bouleversements n’étaient que le début, jamais je n’aurais cru que ce serait aussi déroutant. Mais les Colosses resurgirent, puissantes et intemporelles créatures, choquant les populations. Les histoires racontaient bien peu de choses à leurs sujets, et pourtant, je cherchais sans relâche des réponses dans notre passé. Contes et légendes étaient cependant plus près de ce qui se déroulait actuellement que les livres d’histoire. J’en avais pourtant l’habitude, et je ne laissai pas tomber ces recherches pour autant, bien qu’elles fussent plutôt infructueuses, voire frustrantes. Bien peu de choses étaient écrites sur ces créatures, et ce qu’on en savait correspondait plus ou moins à ce qui se déroulait en ce moment, ni plus, ni moins. Ceux qui avaient écrit à leur sujet avaient, comme nous, été réduits à analyser ce qui se passait sans connaître les origines de ces créatures, leur but, leurs motivations. Ainsi, ils inventaient beaucoup, et le tout était fastidieux. Écrit effacé, à moitié brûlé, souvent dans les langues anciennes et difficiles à déchiffrer, ces longs mois furent exténuants. La sarnahroa, puis le myste rouge, rien n’était écrit à leur sujet, hormis quelques textes isolés et anecdotiques, rien qui ne pourrait témoigner d’une ancienne épidémie. J’étais dans les ruines de Lokram lorsque le colosse d’El Bahari se réveilla, cherchant inlassablement des réponses dans les rares pages qui avaient survécu à Neicic, le volcan. Autrement, mon rôle fut celui d’une érudite dans ce combat, car Amaryl fut épargné par les combats. Cependant, avec la disparition du colosse d’El Bahari apparut une menace beaucoup moins surnaturelle, mais non moins dangereuse. Comme beaucoup des miens, je sous-estimai d’abord les agissements de la fille Lannatae, surtout parce que je me trouvai bien loin de Cimmeria et de ses prêtresses. Toutefois, je choisis de rejoindre Canopée le plus rapidement qu’il m’était donné de le faire lorsque je sus que les sindarins étaient impliqués, ne pouvant supporter d’être loin des miens durant cette période trouble. Je supportai ma reine et amie, la conseillant de mon mieux selon mes valeurs et celles de mon peuple. Ayant à cœur la protection des sindarins, j’appuyai la décision de notre reine de d’abord ne pas prendre part à ce conflit. La trahison des Lannatae fut toutefois un coup dur. Je connaissais certains des soldats qui trahirent la reine et j’éprouvai une colère immense envers leurs agissements égoïstes. Non seulement ils désobéirent aux ordres, mais ils s’allièrent à nos ennemis héréditaires, les cruels cavaliers de Sharna. Aux côtés de la reine, j’approuvai l’implication de nos armées, même si, comme elle, je ne m’en réjouissais pas. Cette guerre éclair fut lourde en pertes et en bouleversements. Même si cela solidifia certaines alliances, il fut difficile de se réjouir de ce tragique évènement qui n’aurait jamais dû avoir lieu. C’est alors qu’Elmar, Sage des Dix du conseil de Canopée, se déclara trop vieux et prit la décision d’abandonner son rôle au sein du cercle. Ainsi commença une longue sélection de candidats dont les noms étaient soumis par les membres du cercle et la royauté. Sans que je ne puisse savoir qui m’avait conseillé, mais me doutant que mon ancien tuteur avait appuyé ma candidature, je fus désigné, malgré que je n’habitasse plus la ville, comme candidate pour lui succéder. Ma réputation, mes agissements en tant que prêtresse de Canopée, mon élévation comme haute-prêtresse, le soutien que j’avais procuré durant la récente guerre furent les raisons pour lesquelles on me désigna. Les candidats furent soumis au vote populaire et je fus choisi pour ce rôle important. Cela me couvrait d’honneur, mais était également lourd en responsabilité. Cependant, après mes récents échecs, j’étais heureuse de gagner en influence. J’avais cette impression de voir venir les évènements malheureux, et Viwien me parlait souvent de cette impression constante de malheur imminent qu’elle ressentait. J’espérais pouvoir changer les choses en ayant une voix plus forte et officielle auprès d’elle. Épargner mon peuple de ces malheurs. Les colosses firent encore beaucoup de dommages, mais prise par mes obligations, je ne pus m’y intéresser que superficiellement. Je dus même manquer la cérémonie des Dix, qui avait été avancé pour donner espoir aux fidèles. J’y avais envoyé l’une de mes prêtresses les plus dévouées, ses pouvoirs lumineux et son érudition en faisant une remplaçante parfaite. Cependant, la rose noire frappa, comme elle avait frappé quelque temps plus tôt, et je regrettai longtemps de ne pas avoir été présente pour remettre à sa place ces meurtriers. Certes, les gélovigiens n’étaient pas des anges, et plusieurs avaient des torts à se reprocher, moi la première. Je n’étais d’ailleurs pas d’accord avec les agissements de tous les prêtres et Haut-Prêtre, et cela est encore vrai aujourd’hui. Cependant, malgré tous nos défauts, nous faisons de notre mieux. Les nérozias sont victimes de leurs idéaux comme nous sommes victimes des nôtres, ni plus ni moins coupables que les gélovigiens qui avaient laissé mourir leurs fidèles de la Sarnahroa. Toutefois, peu importait ce que moi, j’en pensais, étant donné que je n’y étais pas. Cet acte donna un autre coup dur à ma caste, alors que la confiance du peuple envers les religieux, déjà bien amoché, s’effilochait de plus en plus. Beaucoup de ceux qui s’étaient déplacés pour cette cérémonie étaient de ceux qui doutaient, qui avaient peur, et cet évènement amplifia ces tristes sentiments. J’en ressentis les vibrations jusqu’à Amaryl, et beaucoup se déplacèrent vers mon temple pour tenter d’avoir des réponses, des réponses que je ne possédais pourtant pas plus qu’eux. ***** Gexon 1305
La convergence s’annonçait, et une tonne de préparatifs s’enclenchèrent dès que l’évènement fut confirmé par les meilleurs astronomes d’Amaryl. Rapidement, une frénésie s’empara du grand temple. Recevoir un tel cadeau de la part de notre déesse après les évènements difficiles que nous avions vécus semblait si incroyable ! Bientôt, les astres allaient s’aligner. Pour les gélovigiens, cela signifiait sans aucun doute que la déesse des étoiles souhaitait nous offrir ce spectacle. Mon regard vacillait quant à moi entre le point de vue religieux et celui des éclaris, pour qui ce phénomène résultait du mouvement naturel des étoiles. Je voyais la plupart des enseignements des gélovigiens comme des métaphores, et c’est ainsi que je les représentais à mes fidèles. Cependant, je ne pouvais nier l’importance de l’évènement pour notre temple, et que ce phénomène soit l’œuvre ou non de la grande Ténéis, je n’avais aucun doute sur l’influence de cet évènement sur nous tous, car les évènements célestes avaient souvent ce drôle de pouvoir de changer les choses, ici-bas. C’était le genre d’évènement durant lesquels les dieux s’exprimaient, comme si le voile entre leur dimension et la nôtre se fragilisait. C’est le genre d’évènement durant lesquels se produisaient des miracles. Ces choses inexplicables par la science. La preuve de l’existence des Dix.
Si le Grand Temple était plus lumineux que jamais, c’est la ville entière qui avait été décorée pour souligner l’évènement. Les éclaris, dirigeant la ville, étaient tout aussi enthousiastes à propos de cet évènement que nous ne pourrions jamais plus revoir de notre vivant. Avec les annonces qui avaient été envoyées aux quatre coins d’Istheria, des gens de partout affluaient à Amaryl, là où se trouvaient les meilleurs observatoires. J’avais d’ailleurs dû sélectionner ceux qui pourraient y assister du haut du Temple de Ténéis, cet étage entièrement entouré de verre qui permettait de voir le ciel comme nulle part ailleurs. La nuit, la hauteur de l’endroit permettait d’échapper aux lumières de la ville et d’être éclairé uniquement par les milliers d’étoiles qui illuminaient le ciel. C’était un endroit majestueux, empreint d’une ambiance solennelle malgré l’atmosphère festive qui y régnait alors. La fébrilité était palpable, même si l’inquiétude se mêlait à celle-ci. Il faut dire que les derniers jours avaient été perturbants. Cela avait commencé par ce froid étrange, puis la neige avait suivi. Les gens s’étaient barricadés chez eux, cherchant de la chaleur, et beaucoup se retrouvèrent au Temple de Ténéis pour profiter des feux qui étaient habituellement allumés seulement la nuit. Après plusieurs jours de stupeur, c’est cette fois un mal étrange qui nous assaillit tous. Les éclaris comme le temple de Ténéis furent envahis de gens cherchant des réponses ou simplement un remède. Moi-même totalement déboussolé par mes sens qui s’affolaient, j’eus du mal à me concentrer sur autre chose, par exemple sur une éventuelle explication.
Pourtant, tout cela sembla se calmer soudainement et, enfin, la Grande Convergence s’annonça. Cet évènement cosmique d’une grande puissante, couplé aux déboussolements qu’elle avait vraisemblablement provoqués, augmenta le taux de pèlerin de manière astronomique. Tous ceux qui se croyaient en mesure d’atteindre Amaryl avant le coucher du soleil s’y précipitèrent, et je fus incroyablement occupé toute la journée, navigant entre les différents groupes qui requéraient mon attention. J’avais bien peu de temps pour réfléchir, mais toutefois bien assez pour ressentir une sourde angoisse au fond de mes tripes. Si les derniers jours avaient été si chaotiques, que nous réservait donc ce déploiement de puissance qui se préparait vraisemblablement par l’alignement de nos astres ? Cependant, l’heure fatidique approcha sans que j’aie le temps de m’attarder sur la question. Quelques minutes avant l’heure voulue, je me présentai sur le balcon de mon temple pour parler à la foule.
– Aujourd’hui, clamais-je fortement, calmant les conversations.
Rapidement, le brouhaha diminua, et lorsque je repris la parole, les derniers chuchotements se turent.
– Aujourd’hui, un évènement comme vous n’en reverrez jamais dans votre vie nous est offert. Par cet évènement, le ciel lui-même rend grâce à la grande Ténéis. Gloire à la déesse !
Une clameur s’éleva de la foule surexcitée, et j’attendis, le sourire aux lèvres, que celle-ci se calme.
– Le froid et la neige d’abord, puis cet étrange mal qui nous a tous atteints, lançais-je gravement, laissant quelques secondes de silence avant de reprendre. Cependant, nous sommes ici aujourd’hui, tous debout devant l’adversité, le regard rivé vers l’avenir. Mère des étoiles, dis-je en m’adressant au ciel, tu nous as donné la force de traverser ces épreuves insolites. Grâce à ta force, nous sommes ici aujourd’hui, prêts à ce spectacle. Aujourd’hui, les astres s’aligneront. Aujourd’hui, nous observerons la Convergence. Que la déesse des étoiles bénisse ce moment.
Je dirigeai mon regard vers le coucher de soleils qui descendait lentement dans le ciel, et la foule suivit mon regard en retenant son souffle. Les astres s’alignèrent comme dans un puzzle parfait, s’emboitant les uns dans les autres dans un spectacle grandiose. La foule, bouche bée, était silencieuse, et je récitai silencieusement des prières à Ténéis, les yeux rivés sur l’évènement, ma mémoire divine activée pour ne jamais rien en oublier. Au moment où l’alignement fut presque parfait, je clignai des yeux et je me retrouvai de manière soudaine, sans que je comprenne pourquoi, au sein d’une forêt, bien loin des étendues désertiques entourant Amaryl. Rapidement, je tentai de savoir où j’étais. Si la densité de la forêt me rappelait les forêts vierges de Noathis, les espèces me laissaient croire que me retrouvais plutôt en Cebrenia. Où pouvais-je bien être ? Comment avais-je pu être téléporté ainsi sur une si grande distance, sachant que les sorts de téléportations ne fonctionnent habituellement que sur une courte distance ? Était-ce la convergence qui avait provoqué cela? Avant que je puisse prendre le temps d’y réfléchir davantage, un jeune garçon me fonça dessus, s’écrasant sur mes jambes. Celui-ci, couvert de boue, semblait dans un état de panique extrême, et c’est un regard empreint de terreur qu’il posa sur moi. Tout de suite, mes soucis s’effacèrent et je me penchai vers lui, soucieuse.
Il avait une chevelure d’un blanc immaculé sous la saleté qui les recouvrait, et ses yeux étaient aussi dorés que les miens. Sa peau, toutefois, contrastait fortement avec la mienne, car elle était d’un blanc pur. Un enfant. Un lhurgyof. Tout de suite, le visage d’Izomik s’imposa à mon esprit, et je sus que peu importe de quoi avait peur l’enfant, je l’en protégerais. Cependant, mon regard calme ne suffit pas à le rassurer. Dans un terranien étrange, qui m’étais toutefois compréhensible malgré de curieuses tournures de phrases, il m’assura qu’on allait le rattraper. Tentant de comprendre de quoi il parlait, de quoi pouvait avoir peur un si jeune enfant, j’insistai dans sa langue pour en savoir plus. C’est à ce moment que je remarquai l’étrangeté de son accoutrement. J’étais vêtu de tissus blancs d’une grande qualité, et bien qu’habillé légèrement, je me considérais comme bien vêtu. Toutefois, en comparaison des vêtements de l’enfant, qui était pourtant de toute évidence plutôt pauvre, mes propres affaires ressemblaient à des guenilles. Après avoir longuement insisté, il me confia péniblement que sa mère avait été tuée, et qu’ils feraient de même avec lui. Après tout, il était un lhurgyof, et son espère avait toujours été chassé. Cela piqua ma curiosité, car les lhurgyofs vivaient généralement paisiblement. Les choses se mirent rapidement en place dans ma tête. Ce changement de lieu, ces propos étranges, ces vêtements d’une qualité supérieure...
Soudain, j’entendis un groupe approcher, et rapidement, ils émergèrent d’entre les arbres. Dans mes bras, le garçon s’affola. Tous étaient lourdement armés, certains portant des arcs, les autres abordant des engins tubuleux visiblement faits de métal qu’ils agitaient de manière suffisamment menaçante pour que je comprenne qu’il s’agissait d’armes. Cela confirma ma théorie. Par je ne sais quel miracle, j’étais dans le futur, et celui-ci n’avait rien de réjouissant. Discrètement, je sortis le coutelas que j’avais toujours sur moi lors d’évènements publics et j’activai mon pouvoir capillaire, faisant discrètement pousser mes cheveux pour m’en servir au besoin. Au même moment, celui qui semblait être le chef de la bande me somma de leur rendre le garçon. Je le repoussai toutefois derrière moi, captant suffisamment longtemps son regard pour qu’il puisse brièvement lire sur mes lèvres. « Fuis! » lui criais-je silencieusement, alors que je me retournais pour faire face aux hommes. Aussitôt qu’ils virent l’enfant détaller, ils attaquèrent. Le plus rapidement possible, je ramenais mes cheveux en avant et les solidifia le plus possible. Si les flèches ne purent traverser ce mur, les boulets lancés par ces étranges mécanismes cylindriques passèrent au travers comme dans du beurre. Ainsi, comprenant le danger auquel j’étais confronté, je lançai quelques mèches de cheveux en avant, désarmant ceux qui ne tenaient pas assez fermement leurs armes. L’adrénaline me galvanisant, je pirouettai, assommant l’un de mes assaillants d’un coup de pied bien placé pendant que ma lame fauchait les jambes d’un deuxième. Derrière mon crâne, mes cheveux me protégeaient dans une danse répétée inlassablement, mue par ma volonté. Ils s’entortillèrent aux chevilles de mes ennemis et un autre fut blessé lorsque j’envoyais ma lame à l’autre extrémité du combat pour le mettre hors d’état de nuire alors qu’il s’apprêtait à tirer de son arme.
On dit qu’un soldat sindarin vaut cinq terrans. Ici, j’étais face à dix d’entre eux. À moins que ce dernier soit plutôt un gorgoroth ? Peu importait, car je n’avais pas le temps de me poser la question. Le combat était inégal et je ne pouvais relâcher mon attention. Je remarquai toutefois que le lhurgyof avait pu s’enfuir, et je m’assurai de garder ce groupe occupé le plus longtemps possible, espérant offrir une avance suffisante au garçon. Lorsque le dernier de mes ennemis fut au sol, plusieurs blessures me recouvraient, mais heureusement, tout était superficiel. Pourtant, je me sentis soudainement lourde, si lourde, et ma respiration, plutôt que de se calmer suite à la fureur du combat devint plus bruyante. Je fermai les yeux une seconde... et lorsque j’ouvris de nouveau les yeux, je me retrouvai au temple de ma déesse, là où je m’étais trouvé une heure, non, une minute auparavant. Autour de moi, beaucoup avaient des positions inappropriées, comme s’ils s’étaient eux aussi retrouvés dans d’étranges situations. Dans le ciel, la convergence avait pris fin, et les astres reprenaient déjà leur course de manière indépendante. Questionnant le prêtre à mes côtés tout en camouflant l’arme ensanglantée que je tenais toujours à la main, j’eus la confirmation qu’il venait lui aussi de passer une heure bien étrange, même si ce qu’il me confia n’avait rien à voir avec ce que j’avais moi-même vécu.
Il me fallut un moment pour me ressaisir et pour cesser de m’inquiéter du lhurgyof que j’avais tenté d’aider et qui, en réalité, n’était probablement même pas né dans cette réalité qui était la mienne. Au moment où je retrouvai mes esprits, des murmures commencèrent à enfler dans la foule ébahie et je ne mis que quelques secondes à comprendre ce qui s’était passé. Autour de moi, les murmures étaient parlant, et je réalisai que si j’avais voyagé dans le futur, chacune des personnes présentes à Amaryl avait eu aussi subi un voyage dans le temps. J’appris plus tard que le phénomène avait eu lieu à l’échelle d’Istheria, et que chacun, d’une manière ou d’une autre, avait vécu quelque chose d’unique. Sachant qu’on attendrait des explications de ma part, je me relevai et demanda l’attention de la foule. Je n’avais pas d’explication à leur offrir, mais je me devais de reprendre le contrôle de la situation.
– Chers fidèles, proclamais-je. Il semble que la Convergence nous ait offert un nouveau cadeau. Est-ce la grande Ténéis qui nous a fait ainsi voyager, nous offrant un aperçu de son infini mémoire ? Est-ce un avertissement ? Soyez certain que nous chercherons la signification de cet évènement. Que tous ceux qui le souhaitent viennent déposer au temple témoignage de cet étrange voyage. Je vous invite à prier, mes amis, car Ténéis daignera peut-être ainsi de nous guider pour comprendre les raisons de cet évènement. ***** À la suite de la Convergence, j’envoyai oiseaux et messagers aux quatre coins d’Istheria pour prévenir de ce qui s’était déroulé. Je reçus au moment où mes messages atteignaient leur destinataire une foule de renseignements confirmant la tenue de l’évènement partout sur nos terres. Je recueillis des témoignages, rendant des comptes à ma reine, Viwien, qui avait eu cette même initiative. Cependant, ces recherches furent freinées lorsqu’un nouveau mal émergea sur nos terres. Un mal inconnu, autant dans son origine que dans le traitement. Une fièvre. La Fièvre des Cendres. Déesse de la connaissance Dont les étoiles sont récipiendaire Partage avec nous, pauvres mortels Un peu de ton insondable savoir
Protège-nous de l’ignorance Et ouvre nos esprits sans expérience Donne-nous la force de réfléchir Et protège-nous des verdicts hâtifs.
Ténéis, mémoire des Dix Offre-nous réponses à nos questions Et décharge ton infini fardeau Pour qu’ainsi la sagesse nous transcende - Résumé de l'histoire:
RÉSUMÉ DE L’HISTOIRE
850 : Naissance, éducation sindarine
950 (100 ans) : Formation militaire et intégration de la légion des Ehtyars (infanterie). Tombe amoureuse d’Izomik, un lhurgyof faisant partie de l’armée sindarine. Entretiens avec lui une relation secrète.
1100 (250 ans) : Mort d’Izomik, perd la foi, quitte l’Armée et Canopée. Pendant dix ans, étudiera la médecine pour trouver un moyen de vaincre la mort.
1110 (260 ans) : Rencontre son mentor, Nestor Indaki, un yorka éléphant. Cesse ses recherches sur la mort, rejoint les éclaris à l’invitation de son maître. Celui-ci meurt, et Phyrra continue de voyager et d’étudier. Lentement, elle retrouve la foi, et met constamment celle-ci à l’épreuve. Elle y trouve une foi différente de celle de son enfance, mais non moins importante.
1150 (300 ans) : Retourne à Canopée, retrouve sa famille, subit une condamnation pour son départ : 50 ans de mentorat auprès du sage des dix du conseil et des travaux publics. Avec le temps, retrouve prestige et influence dans la cité forestière.
1205 (355 ans) : Rejoins l’Église de Ténéis, deviens prêtresse et fonde son église aux abords de Canopée avec la bénédiction de la reine Viwien.
1250 (400 ans) : sortie d’Amaryl de quarantaine. Phyrra aide à sa remise en place et aux travaux au Grand Temple de Ténéis
1270 (420 ans) : Devient Haute-Prêtresse de Ténéis, s’installe à Amaryl et lie des liens avec les éclaris.
1305 (455 ans) : Suite à la trahison des Lannatae et à la guerre qui suivit, élection dans le cercle des sages de Canopée en tant que Sage des Dix.
Dernière édition par Phyrra le Mer 3 Fév - 13:08, édité 1 fois |
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|| Informations || Fonction: Pouvoirs, spécialités & Don: Relations & Contacts: :: Héritière de Ténéis :: Phyrra | Sujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances Mer 3 Fév - 1:58 | |
| Coucou !
Après une absence plus longue que prévu et de longues heures de travail, je peux finalement déclarer cette présentation terminé :D
J'espère que cette immense histoire ne vous découragera pas trop ^^' |
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|| Informations || Fonction: Pouvoirs, spécialités & Don: Relations & Contacts: :: Infante de Kesha :: Othello Lehoia | Sujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances Mer 3 Fév - 22:03 | |
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Bonsoir, et (re) bienvenue parmi nous! Elle se sera faite désirée, mais quelle fiche! Phyrra est un très beau personnage et j'ai hâte de pouvoir la croiser. On ne va pas te faire attendre plus longtemps: Fiche validée!Tu vas connais la chanson: Tu vas pouvoir dès à présent te rendre dans la " GESTION DES AFFAIRES " afin d'ouvrir ton compte en banque, ton journal, ton inventaire et proposer ton évolution dans le comptoir à pouvoir. Tu pourras également faire une demande de rang personnalisé JUSTE ICI. Une fois tout cela accompli, il te faudra renseigner tes pouvoirs et leur déclinaison dans le "comptoir des pouvoirs" ICI afin que cela serve de bibliothèque et que l'on puisse donner des limites bien précises à chacun de nos pouvoirs (tu pourras rp même si nous n'avons pas validé ton compte-rendu). De belles aventures à Phyrra, et à bientôt!
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