Virevoltante, l'Étoile Muette

News & Infos

C'est ici que vous trouverez les dernières infos du moment, les utiles et moins utiles.

Temps actuel

Effectifs

• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

Lien recherché

- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

Code par MV/Shoki - Never Utopia



 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  


-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Virevoltante, l'Étoile Muette

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
:: L'Étoile Muette ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Virevoltante
:: L'Étoile Muette ::
Virevoltante
MessageSujet: Virevoltante, l'Étoile Muette   Virevoltante, l'Étoile Muette Icon_minitimeMer 12 Avr - 20:12



Virevoltante
« Aux portes de la liberté, on dépose les armes. »




IDENTITE : Sekhmet Nebu
SURNOM : « Virevoltante », plus rarement « Tournesol »
AGE : 28 ans | SEXE : féminin
PEUPLE :  Terrans
CASTE : Gélovigiens de Gréis
METIER :  prêtresse de Gréis, danseuse et musicienne






DON : agilité développée, grande adaptabilité

SPECIALITES :
Quiétude – capacité à conserver son calme et sa sérénité
Transe – capacité permettant d’accroître sa magie, de la renforcer

POUVOIRS :
Le Chant de la Sirène ★☆☆☆☆☆ – autrefois, Sekhmet détenait un pouvoir terrible. Aussi sublime qu’effroyable, son chant envoûtait quiconque avait la malchance de l’ouïr, éveillant en chacun le désir inarrêtable d’en atteindre la source… Sans que quiconque ne sache jamais à quel but. Cette folie se nourrissait des passions, des souvenirs les plus intenses et les plus enfouis, pour pousser les malheureux à s’entre-tuer dans la plus grande sauvagerie, si bien qu’aucune victime de Sekhmet ne put jamais satisfaire l’envie ardente qui anima ses derniers instants. Hélas. Il ne lui reste plus que les miettes de cette furieuse magie. La Sirène s’est tue, et les visions apparaissent en silence. On pourrait presque comparer le reliquat de ce pouvoir à une forme abstraite et capiteuse de télépathie, car ce que Virevoltante projette dans l’esprit de ses interlocuteurs est plus imagé que des mots. Elle ne parvient pas à formuler des phrases, ni à manifester une réelle voix. Il s’agit plutôt d’un mélange d’hallucinations, de sentiments, de combinaisons de lettres et de sons… Les débris laissés par une tornade à jamais évanouie.

Le Vol de l’Hirondelle ★★★★★☆ – Virevoltante est capable de minimiser l’effet de la gravité sur son corps pour devenir légère comme une plume. Elle use de ce pouvoir dans de rares démonstrations de voltige et d’acrobatie, ainsi que lorsqu’elle doit fuir tout personnage mal intentionné. C’est une faculté qu’elle a mis du temps à maîtriser mais depuis un an, elle fait des progrès remarquables.

Les Doigts de l’Effrit ★★★☆☆☆ – nul besoin d’allumettes pour Virevoltante qui peut rendre incandescente la pulpe de ses doigts. Cela suffit largement à mettre le feu à une mèche de bougie, voire à un petit tas de brindilles. Cette capacité a également une fonction esthétique lors de ses spectacles, car avec quelques efforts supplémentaires, elle peut émettre de petites flammèches et ainsi tracer des traits lumineux dans les airs.




Virevoltante possède un kukri qu’elle a acheté avec sa roulotte. Elle sait très bien s’en servir puisqu’en tant que fille de Cavalier, elle a longtemps eu un instructeur maître d’armes. Cela dit, elle n’y prend aucun plaisir et essaye toujours d’en user l’aspect dissuasif avant d’en user le tranchant. Elle ne porte aucune armure.



Virevoltante voyage dans une élégante roulotte qu’elle aime décorer et redécorer selon ses humeurs. Elle est étroite mais elle peut y dormir confortablement et y entrepose des livres, ses instruments de musique, et plusieurs petits coffrets. Talentueuse mélomane, elle joue de la mandoline, de la lyre, du violon et du tambourin. Elle transporte également plusieurs types de flûte mais maîtrise beaucoup moins les instruments à vent.




Un tourbillon d’or et de nacre fait son apparition sur scène, sonnant et tintant et clinquant dans sa danse sémillante. Il émet des notes métalliques et cristallines qui s’élèvent dans les airs, dessine des arabesques lumineuses clairsemées de scintillements.
La musique ralentit, alors son tournoiement fait de même, et lorsqu’il s’évanouit, c’est une silhouette mince et menue qui le remplace. Les tissus virides qui ceignent sa poitrine et ondulent entre ses jambes flattent sa peau cuivrée. Comme amoureux d’elle, les soleils font luire les milliers de perles, de pierres et de fils d’or qui s’accrochent à ses oreilles et à son nez, embrassent ses épaules, passent autour de son cou, de ses poignets, de ses chevilles, sur ses hanches et en travers de son ventre. On dirait la statue ambrée d’une déesse sur laquelle on aurait laissé en offrande le trésor d’un pirate.
Soulignés d’un épais trait de charbon, ses immenses yeux de biche ont la chaleur d’un feu de joie pétillant d’étincelles. Tout comme son menton, son nez est mince et pointu, et ensemble, ils lui dessinent un profil effilé. Les traits de son visage sont mis en valeur par quelques notes sombres : ses épais sourcils noirs, de petits grains de beauté, et ses lèvres en cœur peintes de grenat.
Sous sa coiffe de voiles et de bijoux étincelants, on aperçoit des mèches de cheveux d’un brun foncé, et une longue tresse ondulante dans son dos. Elle tend la jambe et met ses pieds en pointe, alors ses mocassins se posent sans un bruit sur l’estrade et elle chaloupe, serpentine et silencieuse, vers les musiciens qui l’accompagnent. Un sourire clos et charmeur s’envole vers la foule, rictus malicieux, intrigant, derrière lequel semble se cacher une fontaine de secrets.
Lorsqu’elle s’adresse à vous, elle le fait en signant et en murmurant quelques mots. Ses chuchotements sont ponctués de légers sifflements et de grésillements curieux, comme les sons que produirait un passereau.
D’une élégance naturelle sous les joyaux et les dorures, elle évoque une actrice touchante qui incarnerait un peu trop aisément son personnage fantasque. Virevoltante dégage l’aura hypnotique de celle qu’on aimerait suivre jusqu’au bout du monde, jusqu’à son dernier souffle, avec l’humble espoir de baigner à jamais dans la quiétude de son sillage.



Souvent, les plus superficiels se trompent à croire que parce qu’elle parle très peu, Virevoltante n’a rien à raconter. La réalité est celle d’une artiste sensible et rêveuse qui ne cessera jamais d’écrire des histoires dans sa tête et des poèmes sur ses carnets. Elle est hantée par le désir fougueux d’exprimer ses sentiments et ses pensées de toutes les manières possibles, et de donner vie à son imaginaire à travers toute son âme. La danse et la musique sont un exutoire vital, la voix d’une jeune femme qui a besoin de hurler.
Elle extériorise l’enjouement qui l’anime lorsqu’elle foule un terrain nouveau et songe à tout ce qu’elle a à découvrir. Elle délivre son chagrin sur la tombe de son adolescence quand la douceur de ce passé éteint se rappelle à elle. Elle fait éclater sa colère face à ceux qui lui font du tort, la blessent, l’entravent, la méprisent ou la lèsent. Elle manifeste sa peur dans l’ombre froide que ses plus profondes cicatrices jettent tout autour d’elle lors des nuits désastreuses. Elle exhale tout, tout ce qu’elle vit.
Et à l’image de ses danses enfiévrantes, ses humeurs sont à vous donner le tournis. Virevoltante est de nature lunatique. Si on dit d’elle qu’elle est solaire et que sa joie de vivre est communicative, ce serait bien mal la connaître que de croire son allégresse immuable. On remarque aisément lorsqu’elle est en colère, car ses manières deviennent glaciales et, puisqu’elle doit souvent s’exprimer au travers de ses mains, la violence n’est pas toujours son dernier recours. De la même manière, il faudrait être aveugle pour ne pas reconnaître ses moments de tristesse, quand ses traits se rembrunissent et qu’elle prend la fuite devant une quelconque présence humaine. Parfois, elle aime que la foule se rapproche, la couvre de flatteries et d’invitations. Parfois, elle abhorre qu’une seule paire d’yeux soit sur elle et s’empresse de se volatiliser.
Certains jours, elle n’aura que faire de son apparence et sortira échevelée, insensible au regard d’autrui, indifférente à son propre reflet. D’autres, elle cajolera sa flamme séductrice, recherchera l’intimité caressante et fera le don de se dévoiler. S’il a de la chance, un indigent la verra se précipiter à son chevet. S’il n’en a pas, elle passera son chemin comme si elle ne l’avait guère remarqué. Et puis de temps à autres, les vices qui lui coulent dans les veines viendront assombrir ses desseins, alors cette fille de Cavalier se prêtera à la manipulation et au mensonge, abusera un peu de son charisme et profitera des plus faibles d’esprit.
Son comportement changeant trouble ses fréquentations qui en viennent souvent à se demander si elle est une amie ou une simple connaissance, car à l’observer, on ne saurait dire ce qu’elle pense de ceux qui l’entourent. Il n’y a pas de vérité absolue : elle est simplement versatile. Toujours à tournoyer – à grands cliquetis, car elle ne supporte pas le silence.





PRENOM : Bastet
RACE : felis catus
SEXE : masculin
POUVOIR : aucun
DESCRIPTION : Bastet est un chat ordinaire au pelage entièrement noir et aux yeux verts. Il vit principalement au Temple et part parfois en voyage avec sa maîtresse, mais il sait également faire sa vie sans elle. Sans être des plus câlins, il est une présence réconfortante pour la prêtresse, et de toute évidence, la réciproque est vraie aussi.




PRENOM : Maat
SEXE : féminin
DESCRIPTION : Maat est une jeune mule bien brave. Elle tire la roulotte de Sekhmet depuis deux ans et la prêtresse prend grand soin d’elle. Jamais elle ne négligerait ce tendre compagnon de voyage.






La première fois que Volke posa le regard sur Sekhmet, fille du Seigneur Ra Nebu, il le détourna immédiatement car il était en train de fuir deux concurrents et que ses oreilles s’étaient remises à bourdonner. De toute manière, il ne pouvait rien faire pour empêcher le chant cruel de la jeune femme : c’était formellement interdit par les règles du tournoi. D’une esquive souple, il s’évapora de nouveau dans les ombres – juste le temps que ses poursuivants se retournent l’un contre l’autre – puis il réapparut. Sa main glissa vers la garde d’une dague qu’un Cavalier Noir s’était planté dans le cou : il l’en retira d’un geste sec avant de faire un tour sur lui-même.

Les sangs se mêlaient en un océan pourpre bordé par le sable de l’arène, évoquant une plage barbare qu’un seul homme pouvait encore parcourir. Il s’avança vers le centre de l’enceinte. Sur les balcons et les gradins, on se découvrait les oreilles, et la foule se levait en battant furieusement des mains. Volke leva alors les yeux sur la Sirène et vit qu’elle avait baissé le front, un sourire humble sur ses lèvres closes. Il était sauf. Il pouvait mettre fin à son usage de la magie et défiger ses tympans. Son ouïe lui revint.

Seigneur Nebu avait les bras grands ouverts lorsqu’il descendit le féliciter, et son rictus de profonde satisfaction menaçait de rouvrir les cicatrices qui lui pourfendaient les traits.

« – Très impressionnant, mon garçon. Tu peux être fier. Tu fais désormais partie de ma maison et portes le nom de Nebu. Je suis homme de parole ; tu seras sous ma protection tant que tu resteras invaincu. »

Cela n’avait rien d’honorifique, en réalité. Volke venait de rejoindre la garde rapprochée de la famille du seigneur ; Serket, son épouse qui passait ses journées dans les archives du Manoir Cavaleri, et Sekhmet, sa fille, cette enfant sage qui ne faisait que chanter, danser, lire et ne causer aucun problème. Le confort dont il bénéficiait désormais était plaisant car il n’avait plus à fuir les autorités ou les mercenaires qu’il s’était mis à dos – mais bientôt, il songea qu’il se lasserait vite de cette vie. Après tout, aucune commodité ni aucune dévotion ne pouvait retenir ce spectre sans passé, sans attaches, sans même de visage. Son apparence donnait d’ailleurs des frissons à sa maîtresse : elle détestait les six fentes de son masque et l’implication qu’il avait autant d’yeux. Elle refusait de le laisser l’escorter, le surnommait « l’insecte », et priait régulièrement son époux de le bannir.

Sekhmet, elle, ne semblait pas importunée par la sombre et curieuse aura de ce personnage qui se couvrait le corps de suie et ne parlait presque jamais. Elle le laissait rôder à proximité de sa chambre et obéissait sans crainte à ses directives lorsqu’il la guidait en dehors des pièges ; on tenta si souvent d’enlever la Sirène, l’enfant divine du Seigneur Nebu, que Volke s’habitua à devoir la raccompagner à vive allure à peu près tous les soirs de nouvelles lunes. Pour autant, elle ne chercha jamais à déceler les secrets de son garde du corps. Elle ne chercha jamais à le démasquer. Elle ne lui demanda jamais d’où il venait, ni de quoi il se cachait. Elle ne lui demanda jamais rien, sauf comment il se portait, tous les matins.

Sekhmet avait une vingtaine d’années. Elle était de nature douce et tranquille, ne parlait jamais fort, ne se mettait jamais en colère. Un miracle. À sa place, bien des jeunes femmes seraient devenues arrogantes et capricieuses, des enfants pourries gâtées aux tocades incessantes et à la soif inextinguible de récompenses. Car Sekhmet était vénérée ; par son père, avant tout, mais aussi, d’une étrange façon, par la ville entière. Elle était devenue un emblème, une artiste célèbre. Son chant magique était la promesse d’un spectacle fascinant, il intriguait les plus braves guerriers qui se bousculaient pour avoir le droit de l’affronter. Il rendait fou lorsqu’on l’entendait, mais aussi lorsqu’on ne l’entendait pas, car la frustration de ne pas connaître ce son, de ne pas pouvoir apprécier ses irrésistibles refrains hypnotiques, poussait un grand nombre à se laisser mourir.

La Sirène créait le carnage. En son nom, on bataillait avec toute la rage du monde, on poursuivait la gloire jusque dans la mort, on semait la dévastation dans les arènes, on s’adonnait aux pratiques les plus sauvages, les plus primales, pour être le dernier debout. Certains s’entraînaient pendant des années avant de se lancer dans les tournois, cherchant à devenir les combattants les plus résistants qu’Istheria n’ait jamais connus.

Elle était source d’inspiration.

Alors dans son intimité, depuis le balcon de sa chambre où il montait la garde, dans les coulisses où il patientait avec elle, il avait parfois du mal à croire ce qu’il voyait. Son imperturbable affabilité, sa modeste discrétion, son indulgence – étaient-elles réelles ? Les taquineries bienveillantes qu’elle lui adressait quelques fois, sa vivacité d’esprit, alimentée par les centaines de livres qu’elle semblait ingurgiter quotidiennement – les hallucinait-il ? Comment cette jeune femme qu’on couvrait de présents n’était-elle pas encore elle-même devenue une statue d’or ? Comment, malgré les louanges dans lesquelles elle baignait depuis son adolescence, n’avait-elle pas déjà mué en ange ? Et était-ce vraiment là celle qui avait semé le chaos dans cette arène, arraché toute raison aux plus solides soldats de la région, et poussé des hommes fiers à se jeter dans les bras d’une mort bestiale jusqu’à ce qu’il puisse se tenir au milieu de leurs cadavres anonymes, lui, seul survivant à cette folle mêlée ?

Volke finit par se soumettre, lui aussi. Leur liaison était colorée, parfois simple soirée autour d’un panier de fruit, parfois heures fougueuses attisées par l’interdit. Elle aimait lui lire ses poèmes favoris, il aimait la serrer très fort dans ses bras et la mordiller jusqu’à ce qu’elle se mette à pépier. Rien ne l’apaisait plus que de veiller sur elle la nuit, une main dans ses cheveux.

Mais parce que les Dieux sont des créatures cruelles, leur idylle ne fêta jamais son premier anniversaire. Le jaloux et carriériste Xon Rin, un des six autres protégés de Ra, mit à jour leur secret et s’empressa de le rapporter à son maître. Incapable d’en vouloir à sa fille qu’il croyait naïve et facilement manipulable, Ra ne lui fit aucun reproche – en revanche, il jura devant tous ses aïeux qu’il écartèlerait lui-même celui qui avait osé la souiller. Mais Volke était introuvable. Comme lors des tournois, comme il avait fait tout au long de son existence, le fantôme s’était volatilisé sans laisser la moindre trace.

Quelques mois passèrent, et une atmosphère pesante envahit la demeure des Nebu. À la manière d’une maladie à l’œuvre longue, la mélancolie s’insinua d’individu en individu dans les vies ternes du domaine. Bientôt, Ra sombra dans un ennui abyssal. Combattant émérite à la férocité de renom, il souffrait de n’avoir jamais connu qu’une Phelgra en paix. Il déplorait la médiocrité des bandits et rebelles qui ne constituaient pour l’armée que du menu fretin, la tristesse d’un statu quo politique paresseux, le futur sans gloire et sans conquête d’une nation endormie. Comment, avec une telle passivité gouvernementale, pourrait-il un jour faire de sa fille une arme de destruction massive ? Il rêvait de la voir dévaster les champs de bataille de sa voix implacable, il rêvait de contempler le chaos dans les lignes adverses, de se délecter des fratricides sauvages et de se jeter dans cette anarchie sanglante pour faire rougir Sharna. Frustré et aigri, il entreprit d’organiser des tournois d’une toute autre nature.

Un soir, alors que Sekhmet s’attendait à voir les mêmes champions orgueilleux pénétrer le cercle de sable, elle sentit son cœur sombrer dans ses entrailles. Les silhouettes qui firent leur entrée étaient chétives, courbées, tremblantes et démunies. Il ne s’agissait pas de gladiateurs assoiffés de défis, maîtres de leur destin, mais d’esclaves et de prisonniers. Des innocents, incapables de se battre les uns contre les autres, incapables de résister à une quelconque magie, et incapables de refuser de monter dans cette arène pour fuir sa mélopée meurtrière. Sekhmet tourna un visage catastrophé vers son père.

« – Je ne chanterai pas pour un tel auditoire. »

Et Ra n’aima plus jamais sa fille comme il le fit autrefois.

Elle refusait désormais de chanter. Il avait besoin d’une violence brute et misérable, d’un spectacle plus cru encore, plus viscéral que ce que des gladiateurs entraînés pouvaient lui offrir. Il lui fallait la hargne désespérée des faibles, la rage chaotique des éperdus – et elle refusait d’apaiser sa soif. Bientôt, la colère de Ra rappela en lui ses instincts de conquérant, et alors qu’il avait toujours perçu sa fille comme un joyau intouchable, il leva finalement la main sur elle. Ses coups et ses punitions la plongeaient dans l’inconscience et la honte. Il l’emmena en mission avec elle et la força magiquement à exercer son pouvoir sur les ennemis des Cavaliers. Il la menaça d’exécuter sa mère ou Yeraveth, la gouvernante qui l’avait élevée et avait désormais elle-même quatre enfants. Elle finit par chanter quelques fois, lorsqu’il l’avait poussée à bout, lorsque l’horreur avait bu toute sa volonté jusqu’à la dernière goutte et qu’elle n'était plus qu’une coquille vide, parfaite pour donner de l’écho à sa voix.

Le courroux de Ra était insidieux et le tourmentait bien plus qu’une simple humeur. Parfois, rongé par de tendres souvenirs, par la fierté qui avait fut un temps gonflé son cœur chaque fois que Sekhmet exerçait son art, il se laissait tomber à genoux devant elle et la suppliait, les yeux pleins de larmes, de le pardonner. Il lui arrivait de lui promettre de céder à ses demandes, de ne plus organiser que des tournois destinés aux volontaires, comme avant.

Et puis il oubliait ses mots dès que le soleil se levait.

Courageusement, Sekhmet endura les menaces de son plus fervent gardien. Elle endura ses chantages, ses trahisons et sa rage, sans jamais oublier que de toute son existence, personne ne l’avait adorée avec plus de dévotion, et personne ne l’avait protégée des dangers de ce monde avec plus d’ardeur. Elle laissa la réduire à néant, car c’était sa façon à lui d’exprimer son amour.

Et au fond, elle espérait ne jamais avoir à découvrir de quoi il était capable pour la garder auprès de lui. Jusqu’où il irait pour s’assurer qu’elle ne s’envole pas.

À la saison de Langdum 1302, Sekhmet se fit fracasser le bras et Yeraveth crever les yeux. Un matin, Ra descendit dans les rues de la ville pour emporter de force une quinzaine de civils qu’il ramena sur son domaine et aligna sous le balcon de la jeune femme.

« – Sekhmet, ma fille, contemple ces individus. Ils ne sont ni esclaves ni criminels ; ce sont les pères, les mères, les fils et les filles, les frères et sœurs et les amants de dizaines de familles. Ce sont des citoyens libres et valeureux. Et chaque fois que tu désobéiras à mes ordres, j’en exécuterai un. Si tu survis à ta culpabilité, tu succomberas à la haine de la ville. »

Ainsi mourut l’espoir. Il était trop tard pour empêcher qu’on lui arrache ses œillères, trop tard pour trouver une nouvelle cachette, loin du Ra sans cœur qui s’était dévoilé à elle. Plus aucun rêve d’amour paternel ne bercerait ses songes. Plus aucun doute sur ce qu’il adviendrait du monde si elle le quittait ne retiendrait ses pas. Enfin, elle souhaita disparaître.

Sans personne à faire chanter, son père libèrerait ses bouc-émissaires, elle en était persuadée. Alors Sekhmet s’enfuit. La nuit glaciale sembla lui sourire et l’envelopper, elle crut entendre le vent lui murmurer la promesse d’une liberté éternelle. Prête à s’effacer, à ne devenir plus qu’un souvenir sur les terres phelgrannes alors qu’elle renaissait de l’autre côté de la frontière, la Sirène se sentit pousser des ailes. L’espace d’un instant, elle effleura l’euphorie, dépossédée de son passé et de son nom, nue devant un destin qui ne demandait qu’à être réécrit.

Mais les hommes du Seigneur Nebu ne pouvaient pas être semés, pas même par la Sirène à laquelle ils savaient résister. Leurs armes aiguisées eurent tôt fait de se dresser en travers de sa fugue, et celle-ci prit fin dans les oubliettes du manoir familial, au fond d’une cellule que seuls les pires ennemis de Ra avaient fréquentée.

Au crépuscule du mois de Cobel, au cœur d’une nuit fraîche, on sonna l’alerte au domaine Nebu. Ra surgit de son demi-sommeil comme il l’aurait fait si la guerre venait d’être déclarée, et il courut chercher sa fille. Usant d’un artefact, il garantit sa longue et profonde inconscience en l’assommant sur le champ, puis il entreprit d’affronter ses assaillants, aussi fous eussent-ils été pour oser s’en prendre à sa puissante lignée. Hélas, lui et sa garde furent bientôt dépassés par la troupe de mercenaires qui avaient pénétré la forteresse. Sekhmet sur l’épaule, il s’engouffra dans un des nombreux tunnels qui creusaient la terre sous son châtelet, pressé de s’échapper à travers le labyrinthe qui permettait aux Nebu de quitter et rejoindre leurs terres dans le plus grand secret.

Les attaquants s’engagèrent à ses trousses, mais il aurait fallu connaître ces passages par cœur pour ne pas s’y perdre.

Il aurait fallu les connaître comme celui qui les menait.

Le fantôme n’eut aucun mal à suivre la trace de Ra. Il parvint même à le piéger en le poussant dans une impasse ; une salle close, haute de plafond et cernée d’escaliers. Une arène sous-terraine.

Ra fit volte-face. Sekhmet glissa le long de son bras colossal, et il la laissa choir comme un sac de grains sur le sol avant de s’armer de ses haches. De ses yeux sombres, il sembla maudire la silhouette noire qui lui faisait face.

« – Jamais plus tu ne t’approcheras de ma fille. »

Une voltige vertigineuse s’engagea entre les deux guerriers. Volke avait toujours été un combattant aérien, souple et rapide comme un félin, et malgré sa carrure de géant, la précision et les réflexes de Ra étaient infaillibles. Ils s’affrontèrent longuement, peu économes de leur essence divine et tous deux animés d’une grande fureur. Plusieurs fois, ils s’éloignèrent l’un de l’autre et s’examinèrent en se tournant autour, prêts à prendre le temps de regagner des forces. De toute évidence, il s’agissait là d’un duel à mort ; aucune autre issue n’était envisageable.

Aussi doué qu’était Volke pour ne pas se faire prendre, la valeur des deux ennemis atteignit bientôt le nombre de leurs années, car alors que Ra commençait tout juste à grimacer sous les tiraillements de ses plaies, le spectre perdait en souffle et en contrôle de soi. Furtif, fulgurant, il avait trouvé sa force contre les adversaires lents et lourds qui ne le voyaient pas venir leur trancher la jugulaire. Il n’avait jamais eu besoin d’être endurant.

Une course puis quelques bonds, et il se retrouva de nouveau dans le dos de Ra, à quelques instants de pouvoir lui planter une lame au niveau des cervicales. Il ne lui fallait plus que lever le bras, ajuster l’angle de son poignet…

Le Cavalier lui fit soudainement face, et il le saisit par la mâchoire. Il fulminait. Ses yeux semblaient brûler d’un feu infernal, son visage entier avait tourné au pourpre alors qu’il soufflait à la manière d’un buffle sur le masque de son ancien protégé. Il venait de lui planter la pointe d’une hache dans l’estomac.

Usant d’une magie colossale, il projeta Volke contre les escaliers, plus de trente pieds plus loin, accompagnant le vol du fantôme d’une énergie destructrice. Un grondement digne du tonnerre retentit tout autour d’eux alors que des fissures immenses se creusaient dans la pierre, plongeant l’arène dans un nuage de poussière et de gravas. Le fracas de la roche et le poids des particules qui envahirent l’espace arrachèrent Sekhmet à son sommeil.

À travers le brouillard, elle ne parvint qu’à distinguer la silhouette inerte de Volke, petite masse noire écroulée entre deux gros blocs de granit. Elle pouvait apercevoir une tache blanche, là où il y aurait dû avoir un visage. Et puis, qui d’autre se serait retrouvé dans ces souterrains ?

Elle se rua auprès de lui. Elle vit qu’il avait le ventre ouvert et du sang lui coulait des lèvres. S’il avait encore un pouls, elle ne parvint pas à le sentir – et les grognements de son père, cette immense silhouette qui commençait à se détacher de l’écran de poussière, lui interdirent de chercher plus loin. Elle se leva, tenta d’avancer, trébucha de faiblesse, avança encore un peu à quatre pattes.

Puis elle ferma les yeux. Calma son souffle. Se focalisa sur son diaphragme. Et elle se mit à chanter.

Les sons gutturaux que produisait Ra se muèrent aussitôt en un long rugissement, puis il sembla tomber à genoux, frapper le sol de ses poings, mordre l’air devant lui, se relever péniblement en se tirant sur les cheveux, grogner de plus belle, et se jeter vers sa fille. Elle n’ouvrit pas les yeux pour autant. À quoi bon ?

Elle n’avait jamais su ce que ses victimes souhaitaient vraiment. Pourquoi voulaient-elles tant l’atteindre, elle ? Qu’espéraient-elles pouvoir lui faire, une fois que tous les autres concurrents auraient péri ? Elle savait simplement que ce n’était pas beau. Ce n’était pas de l’amour.

L’espace d’un instant, elle songea qu’il serait consolant d’enfin le découvrir.

Une main se posa sur sa bouche, puis une autre sur sa gorge. Une chaleur humide surgit dans son dos alors que Volke l’enlaçait, passant ses bras sous les siens, pressant son ventre ensanglanté contre elle. Sa mélodie se brisa en un gémissement sourd, une série de croches feutrées et maladroites qu’elle voulait puissantes mais ne firent que s’assommer contre la paume du spectre. Elle crut qu’il lui enfonçait un millier d’aiguilles dans le cou, ou qu’il lui faisait avaler une ronce. Elle sentit ses muscles se contracter sous son menton, une douleur innommable lui déchirer la trachée. La sensation de se faire lacérer la voix lui arracha de lourdes larmes qui dégringolèrent aussitôt sur ses joues alors qu’elle tentait de hurler sans émettre aucun son. Le corps de Volke tressaillait derrière elle, et quand un murmure parvint à ses oreilles voilées par l’angoisse, elle comprit qu’il était secoué de sanglots.

« – Pardonne-moi, lui souffla-t-il la voix tremblante. »

De ses doigts imprégnés de magie, il compressa le larynx de Sekhmet et serra ses cordes vocales, transformant les cris qu’elle essayait d’émettre en hoquets d’épouvante. Elle agrippa ses mains comme elle se serait raccrochée à la vie, tenta de tirer dessus sans aucune force, elle s’étouffa sur son silence, sa vue s’embua jusqu’à ce qu’elle devienne aveugle. Elle sentit Volke resserrer son étreinte, passer le bras sous sa poitrine pour mieux l’embrasser, et elle sentit ses pleurs sur sa peau. Son corps entier s’embrasa, consommé par les flammes cruelles de leur chagrin. Sous les coups incessants de la peur, sous les assauts de sa colère et de son impuissance, elle se sentit devenir folle.

La Sirène avait émis sa dernière note. Son chant fatal avait pris fin, à tout jamais.

Mais la rage de Ra ne fut pas apaisée.

Volke allongea Sekhmet de la même manière qu’on allonge un défunt, et rampa vers la mort. Son seul but était de disparaître là où elle ne pourrait plus se jeter devant lui. Là où elle ne subirait pas les coups de son père. Lorsqu’elle releva la tête, elle vit Ra saisir un corps immobile par la cape et l’expulser de l’autre côté de l’arène pour mieux se ruer dessus, les lames au clair. Elle demeura au sol, porta ses poings à ses yeux, et hurla de détresse.

Silencieusement.

***

Il y songea, mais n’en trouva pas la force. Malgré la colère, malgré le mutisme, Sekhmet restait sa fille, alors il lui laissa la vie sauve. Il tenta bien de la faire guérir mais rien n’y fit ; son appareil vocal semblait avoir été endommagé de manière permanente, car elle ne pourrait plus jamais émettre un son au-delà du murmure. Ainsi le voulut Sharna. Défait, le cœur plein de remords et le corps plein de rancœur, il ne lui adressait plus la parole. Que peut-on bien raconter à son plus grand échec ? Et puis les Lanetae engagèrent les Cavaliers dans leur croisade contre Cimmeria, et il mourut à la guerre, fou de joie.

Sekhmet quitta enfin Phelgra, laissant à sa mère le soin de représenter la famille Nebu dans sa ville natale. À Elusia, elle intégra le temple de Gréis, ce Dieu à l’âme d’artiste qui lui permettrait de vivre de ce qu’elle prenait encore quelque plaisir à faire.

Elle devint Virevoltante, sublime danseuse et musicienne, prêtresse nomade et bohème dont on ne rate jamais le spectacle lors des fêtes en l’honneur du Dieu enfant. Elle ne porte plus de chaînes et ne sert plus quiconque. Elle est un ange muet. Elle ne fait que passer.




PSEUDO : Archie
AGE : * 1995
COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM?: d'puis le temps...
VIE ET MORT SUR PERSONNAGE: lol 8) (non, laissez-la tranquille)
AUTRE CHOSE? : déso, ça me démangeait




Virevoltante, l'Étoile Muette Signa218

avatar by Mohamed Saad
signature by Alberto Mielgo

MPs à Kreen
Revenir en haut Aller en bas
::  Infante de Kesha ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Virevoltante, l'Étoile Muette   Virevoltante, l'Étoile Muette Icon_minitimeJeu 13 Avr - 14:06


Chère Virevoltante,

Même si tu connais maintenant le forum par coeur, et qu'il n'y a plus besoin de te guider aux quatre coins de celui-ci, permets moi tout de même de te rappeler les usages de bienvenu, ahah!

Cela va sans dire:


Fiche validée!

Tu vas pouvoir dès à présent te rendre dans la " GESTION DES AFFAIRES " afin d'ouvrir ton compte en banque, ton journal, et ton inventaire.

Tu pourras également faire une demande de rang personnalisé JUSTE ICI.

Pour ton avatar, tu peux "réserver" une image particulière dans notre bottin ICI.

Finalement n'oublies pas d'activer ta fiche de personnage depuis ton profil et de renseigner les informations demandées!

J'ai vraiment hâte de lire - et peut-être croiser un jour - notre hypnotique danseuse! 

Revenir en haut Aller en bas
 
Virevoltante, l'Étoile Muette
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Istheria, le monde oublié :: Gestion des PersonnagesTitre :: • Création de votre Personnage :: • Inscription & Présentation :: • Présentations validées :: • Les Terrans-
Sauter vers:  

(c) ISTHERIA LE MONDE OUBLIE | Reproduction Interdite !