We'll wake up together

Lily avait accepté sa proposition. Elle avait été d'accord et même encline à ce qu'il l'accompagne dans ses pérégrinations. Elle se sentait seule, ce n'était pas toujours facile et avoir près d'elle quelqu'un qu'elle estimait lui avait remonté le moral.
Avant de quitter Thyberium, il était allé acheter tout le matériel nécessaire pour voyager et bivouaquer dans de bonnes conditions et il fit affuter sa lame.

Cocoon était résilient et pugnace. Lily était recroquevillée contre lui sous un châle en laine qui les entourait tous les deux et il les avait recouvert d'une gigantesque cape imperméable. De l'extérieur, on ne la voyait même plus. La pluie battante ruisselait sur le visage du Lhurgoyf qui dirigeait prudemment sa monture. En effet, la route était boueuse, le cheval capricieux et il se dit qu'il allait devoir les arrêter à un moment.

- Comment tu te sens ? Tu es mouillée ?

Il avait chaud à outrance pour sa part et hésitait à se départir des vêtements qui couvraient son torse. Lily serait à même sa peau moite et après réflexion, il se dit que ce n'était pas la meilleure idée qu'il avait eu. Droit sur sa monture, il attendait que celle-ci montre des signes de fatigue pour donner le signal qu'ils camperaient là pour la nuit. Le problème était que les pluies similaires aux moussons étaient difficile à gérer. L'herbe, la terre, tout était mou et peu praticable pour dormir. Il leur faudrait un lieu un peu surélevé et sur de la caillasse.

Comme si les dieux avaient entendu ses réflexions, la ferme où ils devaient s'arrêter pour les prochains jours était à l'horizon. Ils y seraient avant la tombée de la nuit.
L'endroit était très peu entretenu et personne ne vint les accueillir si ce n'était une enfant d'à peine huit ans. Il avait un sourire jovial et la figure sale. Cocoon ôta la cape mouillée et le drap de laine. Il descendit du cheval qui piaffait, puis fit descendre la belle prêtresse, lui laissant le soin de faire la conversation. Ils se trouvaient sous le haut-vent de la grange, ce qui leur permis d'être à l'abris des intempéries.  

- Entre la première, je vais m'occuper du cheval.

Il fallait qu'il l'essuie un maximum, le fasse manger, boire et lui trouve un endroit où dormir. Cocoon resta presque quarante minutes à l'extérieur et personne n'arriva. Il trouva les écuries vides et les étables très peu peuplées. C'était étrange, peut-être ces gens vivaient-ils de la vente de leurs cultures et récoltes ? En sortant pour se rendre vers la maison, il fit un peu le tour du propriétaire. Bien, il y avait des pâturages, mais aucun champ alors à moins qu'ils allaient labourer ailleurs sinon... ces agriculteurs n'étaient en fait que métayers. Mais avec si peu de bêtes... ?!

Le géant baissa la tête pour passer la porte et il suivit les voix. La famille était bien à l'intérieur. Ils avaient l'air particulièrement éreintés.

- Ils sont malades ? demanda-t-il.

Le garçon leur dit qu'ils étaient fatigués et qu'en plus, avec la pluie, le fait de ne pas pouvoir travailler les rendait maussades. Ce n'était rien de le dire ! Ils avaient le teint grisâtre et la mine défaite. Leurs gestes étaient lents et peu réfléchit.

On lui indiqua la chambre où poser les affaires qu'il portait dans un grand baluchon. La pièce était froide, tout au bout du couloir et de l'humidité se faisait sentir. Il allait falloir faire un feu et prendre certaines dispositions.
Cocoon trouvait l'atmosphère lourde et pesante. Il n'étala que les par-dessus trempés mais ne déballa pas le sac d'affaires; Quelque chose lui faisait dire qu'ils n'allaient pas rester longtemps ici...

Proche de minuit, ils étaient tous les deux dans la chambre. Le bac d'eau était chaud et, grâce à un paravent qui la dissimulait totalement depuis le lit, elle pouvait profiter du luxe de prendre un bain avant de venir sous les draps.

- Les gens que tu vas voir sont toujours... dans cet état ? murmura-t-il en s'approchant d'elle. Je ne suis pas tranquille de dormir ici. J'ai verrouillé la porte.

Et bien sûr, il se tenait du côté du lit qui était le plus proche de l'entrée de la chambre. Son arme étaient quasiment à ses côtés, et il pouvait, dans un geste vif, se lever avec le pommeau dans la main. En fonction de ce que la prêtresse lui dirait, ils se passeraient de fermer l'oeil cette nuit...

Cocoon n'avait dormi que d'un oeil. Malgré les volets fermés et la porte verrouillée, il s'attendait à ce qu'un accident arrive à tout instant, mais ce ne fut pas le cas. Et puis, non habitué aux bruits quotidiens de cette maison, chaque craquement le faisait soupirer. Alors quand le matin arriva, ils n'eurent aucun mal, ni l'un ni l'autre, à se mettre sur pied. Avant de se séparer mener l'enquête, le Lhurgoyf donna un conseil à Lily : ne mange rien et ne bois rien qui provient d'ici. Si la famille avait été empoisonnée ou autre, il valait mieux limiter les dégâts. L'estomac tapissé de pain et de lard séché, Cocoon quitta l'intérieur de la grande masure. Il alla voir son cheval qu'il trouva nerveux. Il s'occupa de lui, lui parla, lui flatta l'encolure, le brossa et lui nettoya les pattes maintenant que la boue avait séchée. C'était une bête facile sur laquelle exercer son contrôle des émotions et, étrangement, l'étalon fut réceptif.

- Là, là... murmura-t-il.

Il laissa l'enclot entrebâillé pour être sûr qu'il puisse partir si ça tournait au vinaigre, qu'un incendie se déclarait, ou que savait-il.

Cocoon décida de passer à proximité des fenêtres pour voir les endroits où il n'y avait personne. Il entra par une porte arrière sans se faire repérer et fouilla les meubles alentours. La veille il avait aperçu des traces sur les murs, les mêmes que lorsqu'on enlevait des cadres, là depuis des années. Où étaient passés ces objets ?
Lorsque Lily dit au gamin de s'installer qu'elle revenait, le démon fit volte-face et ressortit. C'était étrange... quelque chose n'allait pas. Les autels de la divinité Aléa étaient vides, poussiéreux et n'avaient plus beaucoup de sens.

Il chercha tout d'abord un sous-sol, ou une cave, mais l'entrée ne devait pas être à l'extérieur et la pluie n'aidait pas ses recherches. Il y avait bien un puits, mais pas sûr qu'il rallie les sous-sols. Alors il retourna dans l'énorme grange où il y avait l'étable, l'écurie et le hangar. Les bêtes n'étaient pas apeurées plus que ça et, au contraire, il avait même l'air de les déranger. Son cheval s'était bien calmé et il soupçonnait qu'il dormait. Il n'avait même pas cherché à partir.

La partie principale où les outils et certains engins manuels agricoles étaient rangés, possédait une sous-pente assez large. On pouvait y stocker du foin ou des denrées que l'on voulait épargner du sol boueux ou des rats avides. L'échelle qu'il trouva avait un peu de poussière mais ça ne le choqua pas. Une fois en haut, il pouvait se tenir debout sous le grand toit pointu. Ils avaient vu large, tant mieux !

Cela devait servir de grenier ou du moins de débarras à la famille. Il y avait quelques malles avec des affaires peu usées, de bonnes factures, des colifichets ça et là dont certains qu'il reconnu du culte de Kesha, ainsi que des jouets, des dessins, et autres souvenirs. Il n'y avait aucune raison pour que les tenues de fêtes soient exposées aux intempéries, tout juste protégées dans un coffre, tout comme il n'avait jamais des gens sans le sous, mettre au rebus les dessins de leurs enfants et les portraits fait par des artistes.
En feuilletant tout cela, il remarqua que la famille de quatre n'avait rien à voir avec ce qu'il avait eu sous les yeux la veille. Des personnes joviales, en bonne santé, pleine d'énergie. Seul le garçon, celui les ayant accueillit, avait une mine plus creusée malgré son sourire. Sous de grands draps il y avait de vieilles commodes et des chaises. Il en ouvrit chaque tiroir, chaque interstice, pour récolter des indices supplémentaires.

Il vit des parchemins qui avaient l'air d'être des... notes de médecins locaux. Cocoon n'arrivait pas à lire et pire, il ne comprenait rien à tout ce charabia. Roulant les vélins, il les mis à l'abris dans un étui à sa ceinture, puis continua son enquête. Il fallut qu'il soit malin, qu'il déplace de lourdes armoires en chêne pour fini par tomber sur quelque chose de bien mieux. Un magnifique tapis bleu et beige, un peu sale et vieillot était correctement posé sur le sol, bien à plat, comme invitant à s'asseoir. Le démon l'attrapa et tirant sur ses bras, il le fit décoller du sol. Essoufflé de ce déménagement, il resta interdit de ce qu'il voyait juste là, sur le plancher. Malgré la pluie il y avait assez de lumière dans les ouvertures pour reconnaitre un rituel impie. Le contournant, il du se baisser à cause du toit pentu. Le drap noir qu'il ôta de ce qui lui paraissait être un guéridon, révéla un autel où des cheveux, du sang et des écritures saccadées sur un rouleau, trônaient. Il y avait des marques de pas dans la poussière et une utilisation récente du meuble noir.

Et ce qui le marqua le plus fut les deux symboles en métal, à moitié fondu, qu'il trouva en posture blasphématoire. Kesha et Aléa n'étaient plus, elles avaient été bafouées dans tout ce qu'elles représentaient et quelque chose d'autre avait prit le luxe de venir vivre ici.

A midi, Cocoon revint comme si de rien n'était.

- Lily ? héla-t-il Je vais nourrir Intisar, tu m'accompagne ?

Pour sa part, il partit chercher le sac où il y avait ses vivres. Il l'avait laissé dans une position lui confirmant que personne n'y avait touché. Parfait.

Une fois à l'étable, il laissa Lily se servir dans les rations, alors qu'il changea le foin du cheval.

- Y a un problème avec le gamin. Regarde là, dans le boursicot.

L'endroit où il m'y les symboles des déesse qu'il avait récupéré.

- Tu m'as dit que les autels à Aléa étaient délaissés. Je pense savoir pourquoi, en parti. Je n'ai pas trouvé ce qu'ils ont cherché à faire, mais ils prient une autre entité qui, visiblement, ne cohabite pas avec les dieux de notre panthéon. Et son autel est là-haut. Tu n'es pas obligée d'y aller.

Cocoon n'avait pas parlé très fort. Il s'était même rapproché d'elle au fur et à mesure qu'il avançait dans son discours.

- Tu as pu voir les parents ? Ils sont où ? J'ai vu personne dans les champs.

Il espérait que la prêtresse ait un peu plus d'information à lui communiquer pour croiser les données et savoir.

- Ah. Tiens.

Cocoon sortit les vélins du tube et les lui tendit. C'était son champ d'expertise, pas le sien après tout.

Le guerrier n'était pas encore assit. Il ramenait un peu de paille, cherchait dans ses rations, déblayait l'endroit où ils étaient en bref; autant d'occupations qui lui permettait de se dire que cette grande n'était pas si mal s'ils devaient dormir une nuit supplémentaire dans le coin.

Lily avait la voix qui tremblait. Les mots ne voulaient pas sortir ou alors ils s'entrechoquaient, certaines syllabes étaient absentes et il ne fallut pas bien plus pour voir qu'elle paniquait. Fébrile, elle se replia sur elle-même avant de partir dans une logorrhée qui se conclut sur l'invocation d'un démon. C'est à dire une entité parasite et maléfique, qui prenait possession des être vivants pour les corrompre et semer le chaos tout autour d'eux.

Peu importait que le gosse aurait du mourir, que les parents étaient cadavériques dans leur lit ou même que la maison puisse s'effondrer, là ce qu'il lui importait c'était l'état de choc dans lequel la prêtresse était en train de plonger. En une enjambée il fut sur elle. Il était hors de question de la perdre maintenant.

- Lily ! Par Sharna... respire !

Cocoon l'attrapa pour la lever, de manière à la prendre contre lui. Plusieurs fois elle avait demandé son contact depuis qu'ils se connaissaient et notamment après la chasse. Il s'éloigna de la grange, dans un angle mort des fenêtres de la maison, pour partir dans un champ en friche. La pluie battante les gifla, la terre était très meuble et l'air était frais.

- Je te protègerai, n'aie pas peur. Respire. Sans toi, ces gens sont morts, nous sommes leur dernier espoir. Il faut renvoyer le démon en tuant définitivement son enveloppe corporelle.

Ils furent vite trempés mais le Lhurgoyf ne fit demi-tour que bien longtemps après. Il voulait qu'elle sente l'eau, le vent, qu'elle entende le tonnerre et qu'ils s'éloignent de cet endroit maudit le temps qu'elle reprenne sa consistance. Du nerf fille de Kesha, du nerf !

De retour sous le toit de la grange ouverte, il la fit boire et manger. De la maison venait un bruit sourd suivis de fracassements. Les vitres avaient explosé ? Il était en train de tout saccager ? Qu'à cela ne tienne. Ca n'ébranla pas Cocoon.  

- Je vais détruire l'autel. T'as des... trucs bénis par Kesha que je pourrai balancer sur le sol ?

Rapidement, il monta dans ce grenier avec deux outils fermiers. Il défit l'espèce de cercle d'invocation en marchant dessus, mettant des coups de pieds dans le sable noir et en dispersant généreusement ce que lui avait donné Lily. Après quoi, il donna des coups de marteau sur le burin jusqu'à fendre l'autel en deux, puis en plusieurs morceaux. Un hurlement comme jamais ils n'entendirent, résonna dans le ranch entier. Intisar se réveilla en piaffant et les bêtes qui restaient de part et d'autres s'étaient toutes agglutinées entre elles. Cela dû avoir un effet terrible sur la prêtresse mais le pire devait être sur lui. Il sentit son pouls s'accélérer, la menace grandir et les mêmes symptômes d'une transformation, arrivés. Il fallait qu'il agisse rapidement sinon Lily fuirait pour de bon. Et c'était hors de question.

L'effet psychologique qui se produisait sous sa peau était semblable à des bestioles grouillants un peu partout indiquant qu'l n'avait que peu de temps. Le Lhurgoyf descendit de là en sautant directement et saisit la jeune femme. Son regard était plus dense, plus sauvage et il sentait sa voix changer. La profondeur du timbre, mêlé au bruit intempestif de la pluie, rendait l'ambiance définitivement alarmante.

- Lily. Transforme-toi et va te cacher après le champ.

Par sécurité, il la lâcha et se recula rapidement. Il avait l'entrée de la maison bien en vue. Il passa nerveusement la main dans ses cheveux. Ce n'était pas bon. Pas bon du tout. Surtout si elle le voyait.
L'espèce de sensation de vers traçant sous sa peau s'atténua. La seconde phase arrivait, il fallait qu'elle parte. Il sentit ses jambes pulser et ses articulations craquer. Les traits de son visage n'étaient plus animés par de la protection, de l'adrénaline, de la colère et tout autre sentiment excessif. Ils y avait dans chaque sillage, chaque ridule et marque une bestialité primitive effrayante. Frénétiquement, il enleva alors son haut qu'il jeta par terre avant de hurler sur Lily :

- DÉGAGE ! MAINTENANT !

Comme un coup de poing qui la réveilla d'une catatonie évidente, il la vit réduire alors qu'il commençait à défaire les boutons de son pantalon. La suivant du regard, il fut soulager de la voir disparaître et ne retint plus rien de tout ce qu'il comprimait. L'esprit sortit de la maison à ce moment là, dans sa forme la plus démoniaque et Cocoon lui montra la sienne, monstrueuse. Il adorait cette sensation de changement, se voir grossir, grandir, accepter sa forme originelle avec sa vision en noir et blanc et complètement différente de d'habitude. Une fois son don en route, il ne voyait plus le monde de la même manière et d'autres sens prenaient la relève. L'avantage de cette forme était que, dorénavant, il percevait l'entité très nettement.

La transformation s'acheva et le cri qu'il poussa fit froid dans le dos.

Un combat titanesque s'engagea. Chaque camp essuya des blessures, mais Cocoon, en plus d'être un guerrier, avait tout son instinct Lhurgoyf pour l'aider à détruire le parasite.
Le duel dura très longtemps. On entendait des grognements, des cris gutturaux, des exclamations plaintives, des marques de domination et, enfin, le hurlement de victoire.

Il l'avait réduit en charpie, pendant la bataille il avait réussit à le démembrer en partie et il s'était rendu compte, à postériori, que la destruction de l'autel l'avait grandement affaibli.

Cocoon resta éveillé pendant la transformation retour et fit un effort sur humain pour remettre son pantalon, avant de s'évanouir. La pluie avait cessé. C'était terminé, elle pouvait revenir si elle n'était pas partie à jamais.

Quand il ouvrit les yeux, il distingua très nettement l'absence de la chappe de plomb qui envahissait les lieux. Sa vue était brouillée mais il reconnu le feu ainsi que sa petite voix alarmée. Elle l'avait soigné, une nouvelle fois. Difficilement, il s'assit en poussant un grognement d'effort. La renarde courrait dans tous les sens avant de terminer dans la maison.

Le Lhurgoyf porta une main sur son front, comme pour rassembler ses esprits, contenir le mal qui arrivait. Il ferma les yeux, se concentra pour se rappeler les dernières images du carnage puis il se réappropria tout ses sens. La carcasse éventrée à côté de lui fit naître dans son esprit une brève image. C'était une morsure et ça venait de lui. Son regard décortiqua l'entièreté de l'ancien démon et l'ama de putréfaction que c'était devenu.
Cocoon sauta sur ses pieds pour se mettre debout. Dos à la porte d'entrée du domaine, ses épaules tressautaient et ses doigts se fermèrent en des poings énormes. De sa bouche il y eut un sourire, un ricanement et le tout se transforma en rire dément qui ne dura que quelques secondes. Il était audible, fort et il ne chercha pas à le cacher.

- J'ai gagné, fils de pute.

Il le lui avait dit mais l'entité n'avait pas voulu le croire. Ou peut-être ne l'avait-elle pas compris. Dommage, maintenant elle était morte.

Le guerrier ferma les boutons de son pantalon, remit sa chemise de voyage noire et ses bottes. Il secoua chaque vêtement pour dégager la boue et les traces de salissure. Un petit rire discret mais particulièrement inquiétant s'échappait de ses lèvres de temps en temps, comme un reliquat de l'éclat fait plus tôt.

Il récupéra alors son épée, mit le feu au cadavre dégoutant et chercha Intisar qui, comme il l'avait prédit, s'était enfui. En se retournant, il vit Lily, toute dégingandée, décoiffée, terreuse elle aussi, sur le seuil de la porte. Les nuages s'en allaient au fur et à mesure que les minutes avançaient, pleurant ailleurs sur les plaines. Bénie par Kesha, la renarde fut éclairé du premier rayon de soleil qui perça le ciel après l'orage. Elle avait du charme quand elle était dépeignée et il était vrai que cette robe... Tel un chef de guerre revenu victorieux d'une grande chasse, il aurait volontiers sailli sa femme -ou sa favorite- pour prouver sa puissance et sa domination sur tous les domaines. Ca lui aurait permis de relâcher toute l'adrénaline et la testostérone générées en plus de passer un excellent moment.

Mais le tableau n'avait, ici, rien à voir.

Près d'elle, il voulu la toucher, lui parler, mais l'état de son corps et son visage le firent tiquer.

- Lily... ?

Il ne l'avait jamais vu comme ça. Il n'avait jamais envisagé qu'elle soit comme ça. L'immédiat était de la gérer pour ne pas qu'elle se blesse, pour ne pas qu'elle se perde et qu'alors elle ne lui revienne plus jamais.

Plusieurs fois Cocoon ne comprit pas l'attitude de Lily. Il était bon chasseur, il connaissait les proies en général et quand un animal changeait drastiquement d'attitude, c'était qu'il y avait un problème. Depuis le départ de la ferme -où il avait perçu la peur dans le regard de la Yorka- il sentait Lily tendue. Elle ne parlait pas, elle ne se reposait pas et dès qu'elle parlait ou s'exécutait, c'était brusque, rapide, presque confus. Elle tint absolument à l'ausculter et il ne s'y opposa pas très longtemps cependant, il perdu momentanément la confiance qu'il avait en elle. Il ne se sentait nullement en danger en revanche il sur que elle, elle l'était.

- Hé Lil...
- Lily... ? la coupa-t-elle.

Elle attrapa les gourdes, se leva, puis s'enfuit, laissant le démon interdit. Non vraiment, ça n'allait pas.

Il mit presque une minute à réaliser qu'elle était partie et il mit presque autant de temps à se décider de la suivre. A travers l'orée de la forêt, il courut à ses trousses. Dans un premier temps, il trouva les gourdes, vides et fermées et alors qu'il tenta de tracer une piste, il l'entendit crier. Elle hurlait des mots, des phrases, sans queue ni tête. S'il avait été près d'elle a ce moment là, pour son bien, il l'aurait assommé immédiatement mais il manqua à son devoir de garde du corps. Tiquant là-dessus, il mit cette information de côté et fila vers l'origine du bruit.

Lily pleurait en bégayant, à terre, complètement recroquevillée sur elle-même. Elle s'était blessée et accusait un choc. Cocoon l'enjamba et prit le temps de la regarder, de toute sa hauteur

- Ma faute… A cause de moi…

Elle était fragile, vulnérable, terriblement à sa merci. Il se vit, pendant un instant, tirer sur ses vêtements pour les déchirer. Il s'imagina ce corps sublime révélé à ses seuls yeux, et le sien, puissant, le posséder. Il l'imagina grelotter, s'agripper à lui, gémir et le feu gagna son torse pour descendre doucement sans son bassin.
C'était une excellente idée.
Il se baissa et sans ménagement arracha l'espèce de manche qui retombait sur son bras. Entendre le tissu craquer lui donna faim et il se lécha les lèvres. Au moment moment, il l'entendit couiner et ses sanglots ne se calmèrent pas. Et si c'était lui la cause de tout cela ?

Dans sa tête, une dualité s'installa. Il avait commencé, il voulait finir. Mais par ailleurs, des images de son visage rayonnant lui revinrent. J’ai du mal à te voir autrement que comme un héros.
Sa poitrine fut transpercée par une dague. Il lâcha totalement la jeune femme et tout ce qu'il tenait et laissa ses bras revenir le long de son corps.

- Le plus simple serait que je te laisse là.

Elle était en catatonie, les yeux fermés, tremblante. Elle ne l'entendait pas. Il souffla, grogna, puis l'attrapa. Sur le chemin retour, il ramassa les affaires qu'elle avait abandonnées.

Il était bien minuit passé et le feu brûlait toujours. Cocoon était adossé à un tronc d'arbre, dormant tranquillement. Il avait placé Lily contre lui, sa tête approximativement contre son épaule et une grande couverture les enveloppant. Le mouvement sur sa peau brûlante et les gémissements lui firent immédiatement ouvrir les yeux. Il avait essayé de la soigner, mais il était piètre médecin. Il l'observa un moment pour savoir si elle allait repartir en crise de panique ou non. Elle glissa quand elle bougea mais ses bras en garde-fou la retinrent.

- Où tu vas comme ça, beauté ?

Ses grands yeux bleus étaient beaucoup plus calmes même s'il lu de l'incompréhension.

- Tu es en sécurité.

Il la laissa reprendre ses esprits, évoluer à son rythme. Elle regarda sa manche à recoudre.

- Tu t'es accrochée en courant dans le bois.

En réalité il aurait du dire quelque chose comme tu as évité le pire. Moi. mais ce n'était vraiment pas nécessaire.

Oh Lily, même endormie tu es si jolie...

Le démon l'observa longtemps. Il détailla le moindre de ses gestes tout en la laissant agir à sa guise. Lily s'était calmée. Les bruits de la nature accompagnaient son réveil difficile et lent. Le petit feu éclairait la peau diaphane de cette belle créature, la faisant presque briller au gré des flammes. D'après ses dires, ses souvenirs étaient flous, voir inexistants.

- Oui. Les soins et le voyage t'ont épuisé.

Il éluda tout le passage ou elle se tétanisa, ou elle courut ainsi que celui où elle pleura. Elle n'avait pas peur de lui, pas une seule seconde et, quelque part, ça lui procura satisfaction. Alors quand elle se logea au creux de son grand torse, il referma ses mains sur elle pour la tenir et, surtout, la protéger. Cocoon n'avait absolument rien saisi du moment de torpeur qu'elle vécu, seule avec elle-même. Les gars qui avaient eu un comportement similaire et qu'il connut, par le passé, avaient été assommés bien avant qu'ils n'entrent en déraison comme elle. Sauf qu'ici, Cocoon n'avait pas été vigilant. En voilà un piètre garde du corps.

Le Lhurgoyf n'avait pas envie qu'elle bouge de là. Il la voulait près de lui encore quelques temps. Son contact, sa peau, sa respiration... tout l'apaisait. Il était calme, tranquille et presque anormalement serein.

- Dors Lily, dors.

Son visage était marqué par une grande fatigue physique mais également nerveuse. Pendant de longue minutes, il la sentit frôler sa peau par endroit alors qu'il baissa sa tête pour la fourrer dans ses cheveux. Son odeur était différente, plus acide, preuve qu'elle sortait d'une maladie. Pourtant, il l'aimait. Ses lèvres s'imprégnaient de la textures de ses grands filins roux et de la fourrure flamboyante de ses oreilles. Il l'imagina un instant plus sauvage doté des yeux du renard ainsi que de ses dents. Ca lui donnait un côté indomptable et il ne savait pas s'il était conquit ou non. Mais son esprit se recentra quand elle lui parla. La prêtresse murmurait d'une voix douce et fluette. Lui se surprit à entamer un geste répétitif sur son dos, identique à une caresse, pendant que son conscient divaguait.

- J'ai plein d'endroits où j'aimerai t'emmener.

Sa voix grave était un peu plus rocailleuse lorsqu'il chuchotait directement à son oreille. Ses syllabes étaient plus rondes et son timbre chaud, à l'image de la couleur de sa peau.

Ses bras s'ouvrirent totalement en la sentant s'agiter. La jolie fleur posa ses mains sur son torse dont il contracta les muscles lorsqu'elle s'y appuya dessus. Redressée, face à lui, la couverture tomba au sol et il respira à nouveau. Son corps bouillant rencontra enfin le vent frais.
Sous ses yeux, entre le feu et la lune, le corps de la Yorka se dessinait franchement dans la noirceur du paysage. De ses yeux, le démon décrivit exactement ses courbes -celles visibles et celles vêtues- son visage, ses gestes et ses réactions. Il sentit sa peau se raffermir, sa poitrine se durcir lorsque la bise vint la cueillir. Ses cheveux voletaient de manière hasardeuse, mais toujours dans le même sens. Et puis l'océan de ses yeux se posa sur lui. Immédiatement, une vague de quiétude l'envahie.
Comment avait-il pu se passer d'elle pendant tout ce temps ?
Avait-il vraiment voulu la dévorer tout à l'heure ?
Il était son héros, elle était sa déesse. Il voulait devenir son champion, pas son némésis.

Le regard du Lhurgoyf était intéressé par ce qu'il voyait. Il n'y avait rien d'inquiétant ou de négatif cependant, il était juste comme statufié par sa simple présence. Et elle détenait le pouvoir d'actionner la goupille qui allumerait le brasier de ses sens.

Lily se pencha vers lui, le toucha différemment de d'habitude, lui parla avec un ton et des mots séducteurs et le regarda avec une lueur qu'il n'avait jamais perçu chez elle auparavant.
Il attrapa sa taille pour ne pas qu'elle tombe si elle perdait équilibre; mais il la laissa s'approcher de plus en plus. Elle était en train de jouer avec la détente, appuyant sans force dessus, comme pour constater la résistance d'un lien en l'éprouvant lentement. Et puis elle posa ses lèvres sur les siennes. Il n'eut pas le temps de fermer les yeux, ni même de cligner des paupières. Le contact d'un papillon, voilà ce que ça lui fit. Sauf qu'ici, l'animal était un renard et il avait envie de recommencer. Plusieurs fois.

Oh bien sûr, s'il avait été un gentilhomme il lui aurait dit qu'elle était déboussolée, encore fatiguée, voir même inconsciente. Il l'aurait faite boire et manger, il lui aurait parlé pour la divertir et l'aurait accompagné. Mais Cocoon n'était pas médecin et encore moins un gentilhomme. Il n'accordait le respect qu'à ceux qui lui en donnaient et ne se fiait qu'aux actes des gens, non à leurs paroles. Mais Lily elle, elle avait tout son respect car elle avait beaucoup œuvré. Elle n'avait rien à lui prouver.

Ses mains s'en allèrent de sa taille pour que ça ne soit qu'un bras qui vint l'enserrer. Il la rapprocha de lui. Sa main libre s'ouvrit pour accueillir une partie du cou et de la mâchoire de la plus belle des filles de Kesha.

- Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques, Lily...

Son murmure avait tout de la menace bien que l'intention n'était pas celle-ci. En effet, c'était un simple avertissement car il était certain qu'elle ne se doutait de rien. Il ne lui laissa pas le temps de lui répondre et la ramena vers lui, pour emprisonner sa bouche de la sienne.
Cocoon désirait ça depuis tellement de temps. Son corps entiers appelait à la posséder et le déni dont il avait fait preuve éclata complètement pour lui révéler toute sa vraie nature.

Quand ils se séparèrent, un bruit guttural sortit d'entre ses lèvres. Ce n'était rien d'autre qu'une traduction de la satisfaction qu'il éprouvait.

Son bras se déplia, son corps se redressa et il saisit la cuisse de Lily. Sa peau, sa chair, la torsion qui s'opérait sous ses doigts auraient pu le rendre fou. En une fraction de seconde, Cocoon la renversa sur la couverture étalée au sol. Elle se retrouva allongée sous lui, alors qu'il la recouvrait de tout son corps. Il enroula ses jambes aux siennes, avant d'envahir sa taille et son buste. Sa tête plongea près de sa clavicule alors que de ses doigts, il tira sur le tissu pour mettre le haut de sa poitrine à nu. Ses baisers étaient voraces, durs sur cette chair si tendre. Cependant, il remonta sa tête et dit, le ton emprunt des prémices de l'excitation sauvage :

- Laisse-moi faire et ton corps, en plus de ta vie, m'appartiendront définitivement. Repousse moi et j'essayerai de me contenter de ça.

Il planta son regard dans le sien, resserrant son étau.

- Réfléchis bien beauté parce que je ne reviendrai pas en arrière.

Il était aisé de savoir ce dont il avait envie. Cocoon restait un homme accompagné d'une sublime femme avait qui il avait lié un lien unique. Et depuis qu'il l'avait revu, elle avait un effet incontrôlable sur lui.

Cocoon sentit ses doigts fins dans son dos, son corps frêle contre le sien, la douceur de sa peau et lorsqu'il la regarda, il comprit pourquoi c'était une fille de Kesha. Cette fille était bénie par le divin.

Les yeux du démon ne se concentraient pas sur son visage lorsqu'elle balbutiait. Faible, il céda à la tentation de ses formes dont il embrassa les rondeurs qu'il avait dénudé un instant auparavant. Il la savourait comme on croquerait à pleines dents dans une pomme. Elle soufflait, appréhendant mal ce nouveau contact, lui confiant qu'on ne l'avait jamais touché de cette façon et sous entendant qu'elle lui donnait ce qu'aucun autre avait pris.

Cette simple phrase stoppa net l'ancien esclave. Dans son esprit, bien des images revinrent, dont celles de femmes se vantant qu'elles était vierges de tout homme alors qu'elles en avaient au moins connu cent. La petite main fraîche et fébrile de la prêtresse le fit lever les yeux vers elle un instant. Et si il la tuait sans le vouloir ? Il se rappela de l'heureuse élue qui avait été sa première tentative. Elle en mourut, ne supportant pas la transformation monstrueuse qui le saisit sans qu'il ne puisse rien faire.
Mais ici, Lily était d'une sincérité cristalline. Et de toute façon elle devait très mal mentir.

Il posa sa tête sur sa poitrine, serrant la belle dans ses bras. Il ne pouvait rien promettre, mais il essayera de ne pas la tuer. Cocoon avait rencontré d'autres femmes, il s'était habitué à leur corps ainsi qu'aux réactions du sien. Il avait appris à se connaître en premier lieu, notamment concernant l'intensité de ses gestes. Le Lhurgoyf n'avait jamais cherché à peupler son lit. Si il plaisait à des filles et qu'elles avaient assez de courage pour venir le lui murmurer, alors il ne s'y opposait pas. Et si certaines fantasmaient sur la taille de ses bras, c'était à leurs risques et périls.

La renarde était venue, comme les autres, alors qu'il était resté immobile. Contrairement à toutes les autres, ils avaient un lien. Ils avaient construit quelque chose qui rendit la situation totalement différente. L'air autour d'eux était chargé d'un sentiment différent que Cocoon était bien incapable d'identifier. L'affection faisait battre leur cœur et l'intention qu'il mettait inconsciemment dans chaque caresse virile avait pour but l'allégresse de sa partenaire.

Il apprenait encore à se connaître.

Le brasier qui s'agita dans son ventre était beaucoup plus chaud et vif, son instinct brut était plus imprégné encore et ses yeux avaient l'étincelle qu'il fallait, contrairement aux autres fois.

- J'ai faim. Il remonta dans son cou De toi.

Lily lui avait donné l'autorisation de la faire changer de visage. Il entendait ses couinements, il aimait quand elle le touchait, il sentait son souffle et la trouvait un peu agitée. Il voulait rugir, que toute la lande sache qu'elle lui appartenait enfin.

Il était impossible qu'il passe un mauvais moment.

La nuit était plus qu'entamée. N'ayant pas bougé, il embrassa ses épaules, sa nuque, une partie du haut de son dos et parfois ses cheveux. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas ressentit ça, qu'il n'avait pas atteint ce point là de satisfaction.

Lily... si petite et fragile...

Il se leva d'un bond en soupirant d'aise. Sans la laisser faire quoi que ce soit, il attrapa la lanière d'un sac avant de la retourner pour la porter dans ses bras.

- La rivière.

Sa voix n'était qu'une note basse et monocorde, comme si sa gorge était contrite ou censurée. Il y avait toujours cet effet de roulis dans son timbre, comme des rochers qui glisseraient en roulant sur le flanc d'une montagne.

Il les emmena près du court d'eau doté d'un faible courant. Bien qu'ils ne pouvaient pas bien la voir, l'eau était cristalline et Cocoon y entra dedans via une petite berge, Lily toujours dans ses bras. C'était incompréhensible. Pourquoi n'arrivait-il pas à la lâcher ?

- Lave-toi. Ou je le fais.

Juste à s'imaginer ses petites mains glisser sur son torse avec du savon ou les siennes, pétrir sa chair avec de la mousse, exalta son instinct. Il se sentit parfaitement satisfait avec cette image et attendit que Lily soit prête pour doucement la faire descendre dans l'eau fraîche. La nuit avait bien avancée et le manque de soleil n'aidait pas à réchauffer les éléments.  Le sac sur le côté, dans l'herbe, recueillait tout ce qu'il fallait pour repartir de là entièrement propre.

Et même quand elle était enfin dans l'eau, à se mouvoir pour attraper le nécessaire de brillance, Cocoon ne pu s'empêcher de crocheter sa taille d'un bras pour la faire venir sans effort contre lui. Il respira ses cheveux en grognant, embrassant sa peau, chatouilla son cou au passage.
Et le rire qu'il entendit fut le plus précieux des trésors.

L'aura qui entourait Lily était différente de toutes celles qu'il avait pu observer chez elle. Portée par la joie et l'euphorie elle était hypnotisante. La Yorka était solaire, tout le contraire du démon et, au fond de lui, il ne pouvait empêcher la remontée amère que lui procurait la pensée du moment où elle découvrirait qui il était vraiment. Elle fuirait, comme tout le monde d'à peu près sain d'esprit.

En attendant, elle était d'humeur joueuse. Si elle n'avait pas lutté contre lui lorsqu'il l'avait emmené jusqu'à la rivière, elle avait fini par se rapprocher autant qu'elle pu au point de venir le caresser avec les mains pleines de mousse. Ses massages lents sur son dos tendu lui firent du bien. Cocoon se baissa, prenant en partit appuie sur la rive, pour qu'elle puisse procéder à son aise. Lily fit le tour du colosse, lavant son torse méticuleusement. Il ne cessait de la regarder, le visage sérieux parfois menaçant lorsqu'il était concentré, sans baisser la tête. D'aucun aurait pu croire qu'il la toisait en permanence.

- Alors reste avec moi et je te protègerai. dit-il d'une voix profonde, concerné par le futur proche de la prêtresse.

Il aimait plus que tout qu'elle lui dise qu'il était fort, qu'il avait de la puissance et qu'elle lui laissait comprendre qu'il était imbattable. Quand il l'avait attrapé, elle n'avait pas pu s'enfuir, comme toutes les autres fois où il s'appropriait son corps. Mais c'était d'une autre manière... jusqu'à maintenant.

Le banc de poissons donnait à cet atmosphère une étincelle de féérie, telle une pause dans leur vie de pèlerins. Et quand il la regarda elle, il ne put s'empêcher de la trouver si belle qu'elle pouvait en être éphémère. Des souvenirs vifs de leurs ébats lui revirent en tête brièvement. Il se rappelait son visage, ses cris de plaisir, la douceur de sa peau et la fermeté de ses chairs. Dos à la nuit il ne la quittait pas des yeux, complètement stoïque, le bassin pulsant encore d'excitation.  

La petite fleur blanche vint tout contre lui pour l'enlacer naïvement mais avec beaucoup de sincérité. Ses bras ne faisaient pas le tour du géant mais il capta l'intensité de son geste. Alors il posa une main sur sa tête mouillée avant d'émettre un grognement. Si ce n'était que de lui, il lui ferait poser ses mains sur la berge et...
Cocoon prit une grande inspiration et releva d'une main le visage de cette douce femme. Il porta à ses lèvres un baiser dur avant de terminer de se laver, la bouche silencieuse mais l'esprit rempli de sons.

Près du feu, Intisar dormait à poings fermés. Ils avaient lavé et étendu leurs vêtements et un coin où dormir les attendait. Cocoon s'allongea dans un soupir de soulagement, comme après une dure journée de travail. Lily, fluette et fraîche, arriva quelques minutes plus tard. Le Lhurgoyf, les mains derrière la tête, la laissa venir. C'était satisfaisant de la sentir s'installer contre lui, caresser son corps et respirer son air. Ils sentaient tous les deux le propre en plus de cela.

- Au comté de Beon, la femme d'un chef est enceinte de leur deuxième enfant. Elle a failli mourir lors de son premier accouchement. Est-ce qu'on pourrait faire un détour pour que tu ailles l'aider ?

Il comprendrait si ce n'était pas sur son chemin mais, vraiment, il aurait apprécié rejoindre ce clan qu'il n'avait pas vu depuis plus d'un an.

- Et on ne risquera pas de croiser des possesseurs d'âme.

C'était une promesse. Car dorénavant, plus personnes ne toucherait Lily.