Umbre [Lhurgoyf]

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Effectifs

• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

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- Walter cherche de Preux chevaliers.
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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Umbre [Lhurgoyf]

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeDim 25 Sep - 3:11


PRÉSENTATION
Umbre



Umbre [Lhurgoyf]  123092Ismaelassassin

    NOM: Salyrann
    PRÉNOM: Anakiel
    SURNOMS: Umbre Octalius (identité d'emprunt), Marche-Mort (pseudonyme oublié), l'Homme Sombre.
    SEXE: Masculin
    ÂGE: Inconnu, approximativement six siècles.
    PEUPLE: Lhurgoyf
    CASTE: Civil
    MÉTIERS: Assassin, espion, stratège, rôdeur & spadassin (escrimeur, duelliste itinérant). Peut également s'improviser voleur et matassin (acrobate, équilibriste). À savoir que la contrebande ne lui est pas non plus inconnue. Philosophe, peintre et écrivain à ses heures ; il est l'auteur d'une flopé d'opuscules secrets sur les intrigues d'Isthéria et les nombreuses guildes qui y ont évolué au cours des derniers siècles...
    Le dernier, intitulé : Aliquam Orci est l'un de ses recueils les plus complet. Lui, et beaucoup d'autres disparurent au cours des dernières décennies de la biographie d'Anakiel. La majorité de ses toiles ont, quant à elles, été vendues à travers l'Eridania et la Cimmeria.

    ARMES PRINCIPALES:

    La Griffe de Sharna : L’un des nombreux mystères de Phelgra…on le dit ancien, et certaines langues tendent à murmurer des histoires de mort et d’effrois qui auraient bercé les sillages de son passé, à la géhenne des premières guildes de Phlgra. Nul ne sait d’où il provient, mais le cimeterre n’en reste pas moins sombrement attirant, tant dans son fini qu’à travers sa beauté. Une fine lame aux couleurs du crépuscule, ornée de gravures argentées et agrémentées de bas-reliefs en obsidienne. Légèrement lustrée, elle miroite au soleil d’une faible lueur argenté et donne l’impression qu'un voile de poussière sombre semble éternellement figé sous sa surface translucide. Le pommeau est strié d'or et la garde, stylisée en d’étroits entrelacs, court jusqu’aux quillons de manière à constituer une épine torsadée aux reliefs harmonieux. Les quillons évoquent une paire de têtes jumelles en forme de dragon, assez recourbées pour offrir une bonne prise à l’escrimeur et l’ensemble est d’un doré parfait.

    Spoiler:

    Paire de manchons piégés : Un subtile mélange d'astuce artistique et d'ingénierie ni plus ni moins, Anakiel en porte un à chaque avant-bras. Ces manchons illustrent parfaitement l'art du faux-semblant et de la duperie de par leur apparence inerte...qui dissimule en réalité un redoutable mécanisme. Une lame d'environ vingt centimètres se cache sous le fermoir en lanière de cuire, juste au-dessus du poignet. Il suffira d'un habile tour de main d'Anakiel pour l'activer grâce à un système de rouage miniaturisé. Ces armes peuvent êtres utilisées de deux manières : lors d'un meurtre discret, en pleine rue, où plus directement pour épauler ses talents de bretteur au cours d'un combat rapproché.

    Spoiler:


    AUTRES POSSESSIONS:

    - Une amulette en mytrile sertie d’un saphir, ce dernier est opalescent et scintille d’une clarté anormalement dense, même pour une pierre précieuse. Subtile touche artistique, un fondu de plaques stylisées forme un entrelacs triangulaire autour de la gemme. Le bijou est monté sur une lanière de cuire paré de quelque discrets ornements qu’Anakiel porte autours du cou, sous ses vêtements. La pierre n’est en réalité rien moins qu’un catalyseur.

    Spoiler:

    - Une chevalière en argent, glissée sur son annulaire gauche. De fins motifs y sont gravés et elle est sertie d’un Exas en forme de prisme. Le bijou est une relique qu’il a gardé en souvenir de son ancien groupuscule : Les Jamaillan.

    - Une dague aux allures de reliques. Anakiel l'a trouvé au cours de ses voyages, dans les ruines de Lokram. Elle est sertie d'un rubis et son design est assez archaïque. L'assassin la garde dans un fourreau, dissimulé à l'intérieur de sa tunique.

    Spoiler:

    - Deux renforcement en acier insérés dans le cuire de ses manchons. Ils permettent de bloquer un coup porté avec une dague ou une épée. Ne protège pas efficacement face à une arme de plus haute envergure (Hache, lance, etc...)

    - Une bourse garnie de perles de verre, elles contiennent une étrange mixture couleur de sphaigne...
    Il s'agit en réalité de petites billes à fumigène. Inoffensives, elles permettent de créer un épais écran de fumée occultant à la vue de quiconque leur utilisateur qui les déclenche en les jetant au sol.

    - Croche-matassin : Fixé sur l'un des manchons d'Anakiel cet équipement rétractable arbore les mêmes caractéristique que pour les lames, à la différences qu'il ne s'agit pas d'une arme à proprement parler. Utile pour l'escalade, l'assassin peut s'en servir dans diverse situation : agripper une prise hors de porter ou se laisser glisser en tyrolienne le long d'une corde par exemple.

    Spoiler:

    - Une petite arbalète de paume "lance-grappin" : Son assemblage un peu particulier ne lui permet pas de décocher de carreaux, seulement un projectile à quatre crochets relié par une cordelette de chanvre. Un petit système de poulie à ressort lestés permet de l'enrouler mécaniquement. Ce dernier est fixé au ceinturon d'Anakiel.

    Spoiler:

    DON:

    Transformation monstrueuse : Rares sont ceux qui peuvent se targuer de l’avoir vu, de toute façon, ils ne sont plus là pour l’affirmer. Les fois où Anakiel en a fait usage se comptent sur les doigts d'une main.

    Spoiler:

    POUVOIRS:

    Cœur de l'oubli : Permet de se saisir d'un fragment d'âme...
    Anakiel pour cela plonge sa main dans le corps de la personne de son choix au niveau de son cœur et en retire une arme, généralement une épée. Le fait de prendre une arme et sans douleur. Chaque personne étant unique, chaque lame est singulière et possède à elle seule une capacité qui lui est propre. Par exemple une personne au caractère sombre et enflammé peut permettre d'utiliser une épée de feu noir. La lame a donc une capacité spécifique liée à la personne dont elle est issue.. Si l’arme est détruite, la personne qui l’a fournit meurt en générale (cela n’est valable qu’envers les PNJ), seul les esprits forts y survivent.

    Note : L'épée, une fois retirée ne conservera son aspect matériel qu'une quinzaine de minutes, après quoi elle disparait et le fragement d'âme retourne dans son réceptacle d'origine.

    Spoiler:

    Soleil d’ébène : Hormis Anakiel, une seule autre personne sur Isthéria possède cette même capacité : Sirion. Mais bien que le don eussent été héréditaire, sa manière de l’utiliser diverge en tous points du style de son demi-frère. L’assassin peut faire apparaître des nuées de flammes aux reflets d’obsidienne. En général, ces dernières sont employées sous forme de déflagrations ou de brasiers pures, servant d’avantage à détruire qu’à protéger. Créer des incendies étant l’une de ses spécialités lorsque le corps à corps n’est plus une solution et que la situation exige une forme de moyens plus…radicaux. Anakiel peut également s’entourer de langues de feu pour dissuader un adversaire, ou, dans le même style, faire courir de minces flammèches sombres sur le fil de ses lames dans le but d’en accroître l’efficacité. Cette capacité est celle de son panel qu'il maîtrise le mieux, à savoir qu’elle ne peut fonctionner sans avoir, au préalable, développé le coeur de l’oubli.

    Spoiler:

    Armure du crépuscule : Il s’agit du pouvoir le plus puissant d’Anakiel. À travers lui, le Lhurgoyf peut puiser dans la clarté émise par les rayons de la lune qu’il va stocker à travers son enveloppe, son corps faisant lui-même office de catalyseur si l’ont puis dire. Par la suite, il façonne et malaxe cette essence pour créer un voile spectral, nimbé d’une faible couleur cordiérite, presque noire. Ce dernier prend généralement la forme d’un colosse humanoïde à l’aspect infernal qui va englober totalement la silhouette de l’assassin. L’armure est sensée le protéger des attaques physiques comme magiques durant une période limité en temps (vingt minutes de nuit, dix minutes de jour). Un pouvoir efficace mais pas insolvable : plus l’armure subira de dommages, plus cette dernière oscillera et se fissurera (à la manière d’une glace sur laquelle on aurait porté des coups depuis trop longtemps), jusqu’à éclater comme du verre brisée. Ce dont atteint son paroxysme à partir des douze coups de minuits, à l’inverse, son efficacité est relativement faible à mi-journée (le voile se brisera beaucoup plus facilement), lorsque l’essence divine puisée durant la nuit commence à se tarir. De plus le pouvoir est gourmand en énergie et met à rude épreuve la concentration de son détenteur qui voit son âme s’effriter et dépérir au fil de ses usages.
    Chose étrange, l'utilisation continue de cette acuité a modifiée de manière irrévocable la couleur, blanche d'origine, de sa chevelure par une profonde teinte d'un noir lustré, donnant lieu à de nombreuses controverses parmi les autres représentants de sa race.

    Spoiler:


    SPÉCIALITÉS:

    - Excellence spécifique en arme [Toute arme de paume à lame longue : épée, cimeterre, sabre, glaive, etc...]
    - Grande agilité

    PHYSIQUE:

    Anakiel est un homme séduisant à l’aspect magnétique. Large d'épaules, et de grande taille, il possède un doux visage taillé en lame de couteaux, un nez délicat, légèrement busqué et des sourcilles naturellement effilés…son apparence sort toute fois de l’ordinaire. L'adonis aurait pû paraître parfaitement normal n’eussent été l’extrême blancheur de sa peau et le fait que ses yeux, dont les profondeurs abyssales témoignant d’un curieux mélange d'ambre purpurine et d'argent, semblent légèrement iridescents. Ses cheveux couleurs minuits sont farouchement répartis autour de son visage harmonieux, mais sans féminité aucune, accentuant très fortement son côté « ange des ténèbres »…en passant la main dans ses mèches effilées, on peut également y ressentir une vigueur et une souplesse inhabituelle...

    D’une opulence changeante mais toujours ténébreuses, Anakiel a vue défiler de nombreuses gardes robes au cours des siècles de son existence…du style tantôt sobre, tantôt mondain, jusqu’au purement guerrier. Actuellement son habillage se constitue de vêtements principalement sombres et élégants. Sa tenue n’est pas emprunte d’une complexité trop forte mais vise toute fois à mettre en valeur les courbes puissantes de son corps svelte mais à la musculature sculpté par des décennies d'entraînements, toute fois, il arrive qu'Any' soit tout aussi bien capable de se parer d’un accoutrement bien plus passe-partout lorsqu’il décide de se mêler à la foule. Dans ce cas, il s’agit d’un genre beaucoup plus strège mais toujours capable de souligner discrètement son physique élégant.

    D’une posture calme et mystérieuse, Anakiel est l’incarnation pure de la beauté mâle au charme farouche.

    PERSONNALITÉ:

    Sombre, mais prompte au paradoxe, la personnalité d'Anakiel est une énigme. Bien qu'elle illustre à la perfection le reflet d'un passé houleux et remplie de peine, elle représente également la pénombre qui se cache au plus profond de chacun de nous, et qui tend à se développer lorsqu'elle n'est pas alimenté par la clarté, aussi infime soit-t-elle, d'un vague instant de joie ou de douceur. Arraché très tôt à l'amour de sa mère, Anakiel fut, dès son plus jeune âge, confronté à la violence des rues et au caractère inexorable du termes : survie. N'ayant guère le choix, l'enfant développa rapidement un caractère autodidacte et égoïste...l'individualisme étant le seul moyen qu'il eut trouvé pour s'extraire de la bourbe sociale et évoluer à travers les lois impitoyables de Ridolbar. Avec le temps, la haine et la misanthropie ponctuèrent rapidement ces deux autres adjectifs...
    La haine envers son père, dont le manque d'affection indélébile à son égard s'était soldé par une poignée de main avec le riche marchand dont il allait devenir l'esclave, la rancoeur envers sa mère qui s'était détournée de lui lorsqu'il croisait ses yeux embués de larmes pour la dernière fois, et enfin le dégoût amer pour un monde qui, il allait l'apprendre, se révèlerait triste et impitoyable. Voilà ce qui berça l'enfance d'Anakiel.

    En grandissant, la haine se mua en colère froide et lui servit de moteur pour embrasser l'avenir sombre qui s'offrait à lui.
    À savoir qu'Anakiel est également un esprit libre, qui ne manifeste de loyauté envers personne. Avec le temps, son égoïsme l'a également poussé à internaliser ses objectifs. Son ambition se fondant principalement sur l'amélioration personnelle, car Anakiel est quelqu'un qui recherche la perfection du corps, des armes et de l'image, non mû par le désir de la mettre au service d'une cause plus grande, mais de l'utiliser pour sa survie. Il tente de surnager au-dessus de la boue et de la fange afin de respirer librement.

    Noble il ne l'est pas, et ses qualités peuvent dans la plupart des cas s’apparenter à bon nombre de défauts…mais jamais une faiblesse. Son affection envers la solitude l’aura, très tôt, poussé à accroître son autonomie et sa motivation à persévérer dans le domaine du crime. En ce qui le concerne, le désire d’asseoir sa réputation le cède au besoin impérieux d’être le meilleur de sa profession. Quel avantage ce fut toujours sur ses adversaires. La fierté étant une considération secondaire…le Lurghoyf en a d’ailleurs fait les frais par le passé. Bien sûr, Anakiel aspire toujours à l’excellence, tout simplement parce qu'elle lui offre un but dans une vie qui ne lui apporte quasiment aucune joie. Car dans un univers tel que le sien, cette philosophie ne s’applique qu'aux meilleurs. Après tout ne dit-t-on pas qu’une main qui tremble ne frappera jamais juste… ?

    Mais une main peut également guérir et sauver, et en dépit de la noirceur de son âme, Anakiel en fera l'expérience tôt ou tard. Il a peut-être jeté son coeur dans les abîmes de la fatalité, mais aux plus profond de ses ténèbres, il existe une chandelle, aussi faible soit-t-elle, capable d'embraser l'obscurité...

    Note : Le personnage est parfois prompt au cynisme et à l'insolence, mais en dépit de cela il reste relativement terre-à-terre. Excellent stratège, Anakiel est également quelqu'un de très charismatique.


    HISTOIRE:

    Prélude

    Citation :
    « Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement. »

    Thimérion Calisham

    "Que vois-tu ?"

    La réalité se dissolvait peu à peu sous les esquisses de son univers...
    Xarianne n'y fit pas attention. Son esprit n'était que partiellement présent, l'autre partie quant à elle, continuait d'arpenter les lignes indistinctes d'évènements embrumés, et qui ne prendraient leurs essors que dans un avenir vieux de plusieurs siècles.
    Accoudé sur les moulures ouvragées d'une table d'obsidienne, Zarathos laissait courir ses doigts, ganté de noir, avec une impatience non feinte sur les entrelacs d'argent qui en paraient les bords. Derrière lui, Zaradiel, son frère jumeau, se contentait d'observer la scène, adossé contre l'une des nombreuses fresques murales qui agrémentait la grande salle de leur manoir d'Umbriel, il gardait les bras croisés sur sa cuirasse d'or noir et un léger sourire moqueur filtrait au coin de ses lèvres charnues. Zarathos lui lança une oeillade appuyée, lui signifiant clairement qu'il comprenait son ressentiment envers cette prophétesse et ces divinations, et qu'il ne l'approuvait pas.

    Zaradiel avait toujours été le plus matérialiste des deux...
    ...peut-être était-ce la raison qui l'avait poussée à embrasser une carrière politique, allant jusqu'à s'emparer des reines d'une guilde d'assassin sur Umbriel quelques années après sa fondation. Lui, avait toujours couvé une part de mystère concernant Isthéria et ses arpèges. Lorsqu'ils avaient tous deux abandonné leur poste respectif de généraux dans les armés de Phelgra, il s'était détourné des armes pour embrasser un univers non moins corruptible mais tout aussi aguichant. Certains y voyaient là une preuve pieuse de dévouement envers Sharna, mais lui n'y concevait que les avantages conférencier que pouvait lui apporter son poste de Voix Bénie parmi les âmes qu'il avait pu rallier à lui, peu de temps après l'érigation de Thémisto et de son temple.
    Le pouvoir voilà ce qui l'intéressait...


    *...et la dévotion charnelles d'une poignée de ses jeunes fidèle en l'échange de quelque pièces dorées.*

    Songea-t-il un éclat, lubrique et déplacé, scintillant dans les abysses de ses prunelles d'ambre.
    Nerveusement, il chassa une longue mèche couleur ébène de son fin minois et reporta son attention sur la prophétesse.


    "Alors vieille femme, que vois-tu ?"

    "La domination, pour toi et ton frère..."

    Le visage de Zarathos s'éclaira.

    "...la mainmise sur des richesses inaboutie...je vois les échos évanescents d'acclamation fugace, le règne long et mordoré de Zarathos et Zaradiel. Mais je vois également couler les rivière de sang qu'il entraînera et les échos de souffrance innommable qui en résultera.
    Et puis je vois enfin son arrivé..."


    Un spasme d'épuisement la fit tressaillir et la vieille femme s'affala en avant.
    Le beau Lhurgoyf la redressa d'une main puissante.


    "Son arrivée...? ...quelle arrivée ? Parle."

    "...Marche-Mort..."

    "Marche-Mort ?"

    "Méfie-toi de lui Zarathos, car son avènement symbolisera la chute de vos richesses et la naissance d'un mal nécessaire."

    "Allons Zarathos tue-là et met fin à cette comédie.", soupira Zaradiel, agacé. "Tu sais bien à quel point ce genre de calembredaines me..."

    Son frère l'arrêta d'une main et se pencha d'avantage sur la sorcière, leurs visages se touchant presque.

    "Dis m'en plus sur ce Marche-Mort."

    Les paupières closes, la vieille femme inspira lentement et se releva.
    Lorsqu'elle les rouvrit, ses yeux de prusse semblaient perdus au loin et irradiaient d'un éclat de chaleur incandescente.


    "De ton propre sang germeront de nombreuses graines que tu n'auras pas couvé. L'une d'elle fleurira dans l'ombre et viendra un jour pour consumer le règne de Zarathos et Zaradiel. Marche-Mort, Zarathos. Méfie-toi de lui, car de sa main tu périras."

    --------------------

    Umbre [Lhurgoyf]  682543UmbreIsthria

    Citation :
    « Sombre et obsolète, l'avenir est un tombeau sans rémanence à travers lequel germes les graines de la perdition, étirant leur radicelles jusqu'aux confins de l'infini pour tenter d'atteindre un soleil qui jamais ne les éclairera. Privé de clarté, c'est dans les ténèbres qu'elles se morfondent, attendant la grande nuit pour se libérer du terreau insidieux de l'infortune... »

    Anakiel Salyrann, « Aliquam Orci »

    -------------------

    Chapitre I : Une jeunesse corrompue

    Spoiler:

    Les chariots craquaient malgré leur immobilité, leurs flancs de bois heurtés par les vents de poussière. Deux chevaux hennirent, l'un se cabra autant que le permettait le lourd harnais. Le charretier, un homme mince et vigoureux aux traits durs et anguleux, qui rappelait au garçon son père, abattit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire son fouet sur l'animal terrifié.
    Oui, exactement comme son père...
    Le gros négociant en épices, assis dans un chariot le dévisagea longuement. Ses yeux aux paupières lourdes semblaient l'inviter au sommeil, aussi hypnotiques que les arabesques d'un serpent. Il y avait quelque chose, il le savait, une sorte de magie dans ce regard, un moyen de contrôle grâce auquel cet être bestial, pitoyable et débraillé, avait su prendre la tête du groupe rassemblé pour le convoi saisonnier en partance pour Ridolbar. Les autres s'en remettaient à cet individu, il s'en rendait bien compte, bien qu'il ne soit qu'un jeune homme qui se désintéressait de presque tout du monde et de la hiérarchie de la classe des marchands.

    Mais celui-ci était le patron, à coup sûr, et le garçon rougit, flatté que le meneur d'une si grande troupe passe du temps avec lui et sa mère. Cette fierté se mua en incrédulité, yeux écarquillés et mâchoires relâchée, lorsque le gros inconnu tendit des pièces...des pièces d'or ! Le jeune Lurghoyf avait entendu parler de ces pièces d'or mais n'en n'avait jamais vu aucune. Une fois, il avait aperçu des pièces d'argent, qu'un inconnu avait remises à son père, Logar, avant de passer avec sa mère derrière le rideau.
    Mais de l'or, jamais. Sa mère tenait de l'or !
    Quelle excitation, même si elle fut de courte durée. Sa mère, Shanali, le saisit par l'épaule d'un geste brusque et le poussa dans les bras du gros homme qui attendait. Il se tortilla pour échapper à son emprise. il essaya de se libérer de l'étreinte moite, ne serait-ce que pour obtenir des réponses de la part de sa mère.
    Mais lorsqu'il réussit enfin à se tourner vers elle, elle avait déjà tourné le dos et s'en allait...

    Il cria son nom. Il la supplia. Il lui demanda ce que tout cela signifiait...


    "Où vas tu ? ...pourquoi suis-je encore ici ? ...pourquoi est-ce qu'il me tient ? ...mamaaan !"

    Elle se retourna une seule fois l'espace d'un bref instant. Juste le temps pour lui de voir une dernière fois ses yeux, tristes et creux, baignés de larmes.

    --------------------

    Ridolbar...
    Le berceau de la corruption. Un empire de pénombre citadine où la compassion s'était dissipée depuis bien longtemps sous les strates naissantes d'un mal qui en gangrenait les fondations depuis des temps immémoriaux. Aux yeux d'Anakiel cet univers ne fut guère différent de son existence passée à travers les rues miséreuses des bas-fond de Thémisto. L'homme qui l'avait acheté était un riche marchand dont les origines se perdaient quelque part, dans les tréfonds de Mavro Livani. Un être froid, aux ambitions limitées, malgré les richesses extérieures qui paraient ses atouts. Les premiers mois furent mouvementés et le garçon passa le plus clair de son temps confiné avec d'autres esclaves à accomplir des tâches qui, pour la plus part, se passaient à l'ombre de la légalité...
    Une routine dans un univers aussi crépusculaire.
    La prostitution, le vol et l'assassinat devinrent monnaies courantes. Tout comme la haine qui, fugacement, prenait lentement naissance dans les abîmes de son coeur souillé. Une haine alimentée par le fouet de son maître et des cauchemars qui en résultaient la nuit. Ces mêmes nuits où il rêvait parfois de ce qui lui avait été ravis et dont les échos, tantôt doux tantôt tristes, se répercutaient sans discontinuer...
    Son foyer...sa maison...Shanali.

    C'était un vieux baraquement de pierre et d'argile dans un océan de bicoques identiques. Comme ses voisines elle possédait un auvent, installé dans la direction d'où soufflait la brise froide des plaines de Phelgra. Elle n'avait pas de cloisons. Un unique rideau élimé délimitait la partie qui faisait office de chambre, où son père et sa mère, Shanali et Logar, où Shanali et quelqu'un qui avait payé Logar, dormaient. Lui n'avait droit qu'au sol de la pièce principale. Une fois, pour échapper aux nombreux cafards, il avait sommeillé sur la table, mais Logar l'y avait trouvé et l'avait battu durement pour ce manquement aux règles.
    La plupart des sévices se confondaient dans la brume du passé, mais Anakiel se souvenait avec précision de cette fois-là où, plus saoûl qu'à l'accoutumée, Logar s'était acharné sur son dos et ses fesses avec une vieille planche pourrie. Elle avait laissé des échardes dans son échine. Les plaies ainsi causées s'étaient infecté et une sorte de pus blanc et verdâtre s'en était écoulé, des jours durant.
    Shanali avait pansé ses blessures au moyen d'un tissu humide. Il ne l'avait pas oublié. Elle lui avait frotté doucement le dos, avec amour, et même si elle l'avait quelque peu réprimandé, ses mots avaient été empreints de tendresse.

    Était-ce la dernière fois que Shanali l'avait traité avec douceur...? Était-ce le dernier souvenir tendre qu'il garderait de sa mère...?
    La femme qui, quelque mois plus tard, l'avait vendu au négociant pouvait difficilement être la même personne. Elle avait même changé physiquement quand arriva ce jour funeste chez le marchand. Le teint pâle qui caractérisait tous représentants de sa race était devenu cireux, et des veinules ambres étaient apparues au coin de son visage. Elle s'était tassée et elle avait maigri, incapable d'articuler une phrase d'un seul trait.
    Son coeur se convulsa à l'évocation de cette journée-là et repassa à la hâte à Logar et Phélidros, l'idiot édenté, au visage plus proche de la créature que du Lhurgoyf lui-même, qui profitait d'avantage de l'auvent de Logar que de Logar lui-même.

    Phélidros ressurgissait dans sa mémoire par une suite de tableaux...
    Phélidros qui le regardait d’un air mauvais, qui se penchait vers lui, qui cherchait à l'atteindre. Même ses mots lui revenaient par des expressions qu'Anakiel avaient entendues bien trop souvent.

    "Je suis le frangin de ton paternel."..."Apelle-moi oncle Pheli' ."..."Je peux te faire passer du bon temps, mon garçon."

    L'esprit d'Anakiel se ferma à ces images...ces mots...encore plus fortement qu'aux derniers souvenirs qu'il avait de sa mère.
    Au moins, Logar lui avait épargné certaines choses, comme le pourchasser inlassablement à travers les ruelles jusqu'à ce qu'il ne sente plus ses jambes. S'allonger auprès de lui alors qu'il essayait de dormir. Tenter de l'embrasser ou de le toucher. Logar ne faisait pas vraiment cas de lui, si ce n'est pour lui administrer une correction de plus ou déverser sur lui des flots d'insultes et de jurons.
    Il se disait simplement qu'il avait été une grande déception pour son père...
    Comment expliquer sinon le courroux que ce dernier déchaînait contre lui ? Logar était mal à l'aise devant le frêle Anakiel...il se sentait honteux et en colère d'avoir à subvenir aux besoins du garçon, même si tout ce qu'il lui donnait était la croûte rassise de son pain ou les restes de son repas.
    Même sa mère s'était détournée de lui, avait accepté l'or...

    Les bras flasques du gros négociant ne lui avaient procuré ni chaleur ni réconfort.

    Ces souvenirs-là resteraient ancrés à jamais dans son esprit...
    ...et c'est avec des cendres à la place du coeur que le gamin réalisa que même à travers cette vie, personne, personne à part Shanali ne lui avait jamais offert quoique ce soit. Shanali qui l'avait abandonné à son destin.
    À présent, il ne lui restait plus que la haine, et le ver froid de la colère qui grandissait dans les abîmes de son être.
    Et puis un jour, il décida que plus personne ne ferait de lui une victime.

    Ce jour-là, le gros marchand fut retrouvé poignardé dans ses appartements.
    De ces esclaves, un seul avait disparu...
    ...Anakiel Salyrann.

    Ce fut son premier meurtre de sang-froid.

    Les années passèrent et l'enfant devint adolescent, survivant dans les ruelles sombres de Ridolbar en compagnie d'autres garçons, eux aussi abandonné à leur sort. Des compagnons d'infortunes le jour...des rivaux potentiel le lendemain. Il n'était pas rare de voir l'un de ces morveux étalé dans le sang au coin d'une ruelle à l'aube. C'est également durant cette période qu'Anakiel développa un don inné dans l'art du combat de rue et de l'assassinat. Très vite sa renommé monta en flèches et plusieurs groupuscules le remarquèrent. Des bandes soudées aux relations toutes fois instables qui s'étendaient bien au-delà de Ridolbar. Le nom divergeait à cette époque, mais des siècles plus tard ils se firent connaître sous le pseudonyme de Jamaillan. C'est auprès d'eux que le tout jeune Anakiel Salyrann fit ses premières armes. Il écrasa ses adversaires, les un après les autres, puis défit l'un des hommes de main envoyé par Kadran Gordéo, dit : Le Boucher, l'une des figures emblématiques de la cité dans le domaine du crime.
    Anakiel avait tué la brute, puis son laideron de maître.
    L'habileté de l'exécution lui avait attiré les faveurs de Thimérion Calisham, un Gorgoroth au origines obscure qui occupait jadis la place de maître au sein de ces groupuscules.
    Du jour au lendemain le jeune Lhurgoyf devint le lieutenant de l'une des guildes les plus puissantes de Ridolbar sinon de Phelgra elle-même...

    Il avait quatorze ans.


Dernière édition par Umbre le Dim 1 Juil - 21:49, édité 185 fois
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeDim 25 Sep - 3:14

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Umbre [Lhurgoyf]  611868Anakiell4r02

Citation :
« Ladrini…une poignée de lettres couchées sur du papier, un simple jeu de métrique prononcé par de nombreuses lèvres selon des émotions convergentes. Ce nom-là, beaucoup le craignent, certains l’admirent tandis que d’autres y demeurent totalement indifférents. J’appartiens à cette troisième catégorie de personne, car en dépit de la puissance que ces trois syllabes inspirent, elles ne sont rien moins qu’une suite de ïambes issues des extravagances d’un fou avide de pouvoir.
Jusqu’à ce qu’un autre despote mégalo ne décide d’en changer le nom.
Il en fût ainsi depuis des temps immémoriaux... »


Anakiel Salyrann, « Aliquam Orci »

Chapitre II : La genèse des Ladrinis

    Spoiler:

    À travers les couloirs enténébrés du manoir Calisham il n'y avait nul soleil. La seule clarté provenait des braseros qui chatoyaient le long des allées rectilignes, projetant sur les murs et les sculptures d'étranges dégradés vermillons qui contrastaient avec l'aspect lugubre des lieux. Pourtant l'endroit était de toute beauté, avec ses moulures d'onyx et ses tapisseries étincelantes.
    Au milieu de cette pénombre, un bel homme à l'air glacial s'avançait sur un océan de marbre.
    Sa mince crinière fuligineuse ondoyait comme une cascade d'obsidienne à chacun de ses pas, et son visage avait la pâleur de la mort. Fin et harmonieux, il tranchait parfaitement avec le charme exotique qui était le sien. Un menton volontaire, des lèvres pleines et un regard farouche...et intense. Ses prunelles étaient d'un jaune liquide et flamboyaient comme de l'or en fusion, et il y avait...quelque chose dans ces yeux là qui intimait au silence et au respect. Quelque chose d'à la fois raffiné et terrifiant, comme si un prédateur était tapis derrière un rideau de soie, et attendait avec une patience infini l'instant propice pour vous sauter à la gorge. Des siècles d'entraînement rigoureux avaient sculpté son corps fin mais athlétique, et à chaque mouvement, sa musculature jouait sous le mélange d'armoweave et de soie qu'arboraient ses vêtements sombres et élégants. Sa démarche était celle d'un guerrier chevronné et il avait l'assurance d'un empereur.

    L'homme n'en n'était pas vraiment un en fait. Du moins pas un de ces mortels à l'enveloppe fragile et éphémère.
    C'était un Lhurgoyf...
    ...et un tueur sans états d'âmes.


    "..."

    Sa main ganté de cuire jouant avec le pommeaux de la Griffe de Sharna, sa dernière acquisition, l'Adonis demeurait imperturbable, ses prunelles d'or sombrement braquée vers l'embrasure de la grande porte, à moitié ouverte, au fond du couloir. Des éclat de voix s'y échappait, et Anakiel laissa un imperceptible sourire étirer ses lèvres pâles. Un sourire froid, sans joie particulière hormis une vaste lassitude. On était en train de se disputer...
    ...comme à l'accoutumer.


    *Enfin...plus pour longtemps.*

    Songea-t-il en se remémorant les dernière paroles de Thimérion deux heures plus tôt. "Tous les membres influent de la guilde ont été réunis pour une réunion un peu particulière...si leur appui m'ont jadis apporté une certaine utilité dans les affaires de Ridolbar, leurs prérogatives n'ont désormais d'égales que les vicissitudes enfantines apportées par leur conflits naissants. Des disputes qui pourraient bien nous mener à la perte. Tu me représenteras au Conseil...je veux que tu leur apporte une récompense un peu particulière. Le genre de récompense que tu sais si bien faire passer..."

    Des paroles lourdes de sens...
    ...si seulement Thimérion savait.
    S'inclinant devant son mentor, il lui avait saisi la main, s'était subitement rapproché...et l'avait embroché avec sa propre lame. Aspirant son âme, et crevant le mince nuage de vie que cette carcasse rachitique avait refusé de rendre durant tant d'années.
    Comme quoi...les Gorgoroths aussi pouvaient mourir. Une seconde fois.


    "Et qu'en est-t-il de votre récompense à vous...?"

    Avait demandé l'assassin en retournant la lame dans la plaie.
    Thimérion l'avait regardé, hagard...puis emplie d'effrois, le temps de prendre pleinement conscience de la trahison de son disciple, avant de s'affaisser sur le sol froid, laissant une tache de sang noir inonder son pourpoint de soie Cimmeriane pour se répandre en flaque sur le marbre mordoré de son palais.


    "...faites de doux rêves, Mentor. Puisse la grande nuit vous porter conseille."

    Lui avait murmuré Anakiel tandis que ses yeux se fermaient pour la dernière fois et qu'une nuée de flammes d'un noir occulte* (Cf pouvoirs d'Umbre) achevaient de consumer son corps...
    Ce soir la guilde allait connaître un nouvel essort.
    Un essor fugace.


    --------------------

    "Vous n'êtes qu'un traître !"

    La salle du Conseil était en effervescence...
    Elastul Raurym l'un des cinq Seigneurs Brigands de la cité se tortillait avec anxiété sur son siège tandis qu'à ses côtés deux de ses comparses en venaient presque au main pour une histoire de pactes brisés et de joyaux volés. Un peu plus loin, Hirst Karradon maître receleur et arnaqueur de renom, prenait plaisir au spectacle tandis qu'au devant de la scène Shulan Orobrath le plus fidèle des espions de Thimerion, et officièlement son second au Conseil lorsque ce dernier n'était pas présent tripotait le lien de cuivre qui retenait ses cheveux relevés à l'arrière de sa tête. Son regard ne cessait d'aller à la scène d'esclandre qui se déroulait derrière lui, aux vastes portes entrouvertes derrière le siège destiné à Thimérion. Pour lui il n'y avait qu'une seule chose qui importait...la récompense édictées par le Maître d'Intrigues et les promesses de pouvoir qui en résulterait...
    Les battants pivotèrent lentement sur eux-mêmes, et une grande silhouette vêtue d'une cape, mince mais aux larges épaules et au visages ombré par un lourd capuchon d'armorweave noire, était debout sur le pas de la porte...sur son flanc rutilait La Griffe de Sharna véritable perle au pouvoir, et l'un des biens les plus précieux de Thimérion Calisham...
    ...personne ne reconnu l'homme encagoulé.

    Shulan Orobrath devança les autres dans la course aux salutations.


    "Bienvenu seigneur Calisham !" dit-il, manquant d'emmêler ses jambes dans sa précipitation à serrer la main de l'homme qu'il croyait être le chef de guilde. "Je tiens à être le premier à..."

    "Très bien. Vous serez donc le premier."

    Murmura la silhouette encapuchonné en faisant un geste du poignet, actionnant le petit mécanisme qui se dissimulait si bien sous le cuir souple de ses manchons piégés. Une lame de vingt centimètres émergea de sous sa paume levée.
    La silhouette repoussa son capuchon, révélant un fin minois couleur de lune encadré de mèches sauvages, plus noires que la nuits. Son regard ambré miroitait implacablement, comme deux perles de braises chaudes.
    Shulan rentra la tête dans les épaules et recula d'un pas en reconnaissant le visage de son homologue. L'une des terreurs vivantes les plus redoutées de Ridolbar.

    Il eut le temps d'hoqueter...


    "Mais...mais...vous êtes Anakiel Salyrann !"

    Puis un jet d'acier rutilant s'enfonça dans sa gorge, lui tranchant la jugulaire avec une effroyable précision. L'homme mourut dans un gargouillis de sang.

    "La ressemblance...", répondit l'intéressé, "...est trompeuse."

    --------------------

    La nuit qui tombait sur le coeur de la cité gagnait Phelgra toute entière....
    Quelque part dans les ténèbres d'une ruelle, une autre silhouette se profilait sur les pavés, à l'aurée du batiment. Une silhouette vaporeuse et fantomatique...
    Elle était vêtue d'une lourde robe d'un bleu nocturne et une capuche de toile floutée lui mangeait en partie le visage. Seuls ses yeux, brillants d'une lueur de glace, émergeait de la semi-pénombre, et la partie supérieure de son minois disparaissait sous la surface gravelé d'un masque en forme de tête de mort. Lentement, l'homme s'avança jusqu'à l'entré et s'arrêta juste devant les portes massives...

    Un rictus malsain lui apparut au coin des lèvres.
    La partie ne faisait que commencer...


    --------------------

    Dans la plus grande salle du manoir Calisham, il y avait des cris, des larmes, et des appels à la pitié...
    ...mais rien de tout cela n'avait d'importance.
    Jarkheld le Noir, Archiduc de Ridolbar rampait comme un animal pris au piège dans un magma de bras, de jambes et de têtes coupées, gémissant...implorant, lorsqu'une lame lui sectionna le cou. Faisant rouler sa tête au loin.
    Sharlotta Vesper, favorites parmi les putains de Thimérion, leva les yeux, ses mains jointes en signe de supplication tandis que ses joues pâles ruisselaient de larmes.


    "Il nous avait promis une récompense...", hoqueta-t-elle. "Une m...m...magnifique récompense."

    "Je suis votre récompense", rétorqua l'Adonis, aussi chaleureux que du granite. "Ne suis-je pas magnifique ?"

    "Pitié !" Grinça-t-elle entre deux sanglots. "Je vous en prie !"

    La Griffe de Sharna lui entra dans le crâne, lui perforant le cerveau, et son corps bascula en arrière. D'un revers négligent du poignet, Anakiel trancha l'os et la tête se fendit en deux dans un bruit écoeurant.
    On entendit plus alors, qu'un bruit de pas précipités. Elastul Rauryn, et les quelque survivants au carnage détalaient dans le couloir.


    "..."

    Calmement, l'assassin repoussa le cadavre sur le côté et avança vers les portes encore battantes.
    Il n'était pas pressé de les poursuivre...
    La situation était, selon le terme consacré, sans issues.


    --------------------

    Les battants crissèrent doucement sur eux-mêmes lorsque l'ombre déverrouilla de l'extérieur toutes les protections de la bâtisse. Un corps ensanglanté gisait sur le marbre noir du dallage, serti d'obsidienne. Le garde avait la bouche tordue et une expression de profonde stupeur était marquée sur ses traits.
    Sans même y prêter attention, l'inconnu le contourna, laissant sa lourde robe flotter au grés de la brise glaciale qui s'engouffrait à travers l'arche des portes désormais grandes ouvertes. Continuant sa marche tranquille, l'homme leva haut la main et claqua des doigts.
    Aussitôt toutes les torches s'éteignirent, et derrière, dans les coins sombre de la ruelle, il y eut du mouvement...

    D'autres silhouette émergèrent des ténèbres.

    En haut, dans le donjon, les hurlements de terreur et les appel au secours persistaient...


    --------------------

    Quand il sortit de la salle du Conseil, Anakiel Salyrann ne laissait pas un être en vie derrière lui...
    Négligent, sans prendre de précaution, il suivait les escaliers qui montaient en colimaçon jusqu'au donjon, traçant une ligne sombre, parsemée d'éclats de métal rougeoyant, dans les parois de grès avec la pointe de son cimeterre.
    La porte était verrouillée.
    Une si piètre barrière aurait été une insulte pour sa lame. Sa main gantée de noir se crispa et un geyser de flammes sombres consuma le bois d'ébène aux moulures artistiques. La porte explosa dans un nuage de cendres...
    ...l'assassin l'enjamba.
    La salle était lambrissée de tapisseries. Au-delà, à travers les alcôves ogivées qui donnaient sur la grande nuit, la cité scintillait de mille feux, telle une perle de quartz dans un océan d'atrabile.
    Erol Gosolith scribe et grand orateur de Thimérion recula maladroitement, et trébucha sur un fauteuil. Il tomba à terre, agité de spasmes comme un asticot dans une poêle à frire, essayant de ramper vers la fenêtre. Anakiel l'attrapa par le cuire de sa ceinture et le tira en arrière.


    "Arrêtez ! Ca suffit ! Nous nous rendons, vous comprenez ? Vous ne pouvez pas nous tuer comme ça..."

    "Ah non, vraiment ?", fit l'Adonis avec un sourire.

    "Nous sommes désarmés ! Nous nous rendons ! Pitié...Pitié Thimérion n'aurait jamais toléré cela !"

    "Qu'en savez-vous ?"

    Des flammes d'or scintillaient dans ses yeux rubescents.

    "Les dernières décennies durant, vous n'avez trouvez mieux que de vous embourber dans des dissensions futiles et égoïste. Meurtrissant à petit feu votre guilde au lieux d'en assurer la pérennité. À présent vous en payez le prix..."

    "C'est aussi votre guilde !", clama l'orateur au comble du désespoir.

    Un sourire lasse se mua sur les lèvres d'Anakiel, "...ça n'a jamais été qu'un moyen de survit.", et sans un mot, il s'avança vers le petit homme transi d'épouvante, et lui fit avaler un demi-mèttre d'acier trempé. Après quoi, il enjamba son cadavre et s'approcha d'Hirst Karradon, qui griffait en vain le sol marbré pour échapper au tueur. Sa grosse bedaine traînant misérablement sur le sol froid.
    Anakiel eut une moue de mépris à l'évocation du souvenir que la carcasse du receleur lui faisait remonter à la surface, lorsque deux siècles auparavant il entrait au service du gros négociant en tant qu'esclave. Ses larges mains sur son corps d'enfant, ses sourires à la fois mielleux et prédateurs, ses raclés et ses humiliations...
    Le receleur évoquait en lui ce même vieux sentiment de dégoût qu'il avait éprouvé il y a longtemps.
    L'homme se recroquevilla sur lui-même à l'approche du Lhurgoyf, les bras levés devant lui dans un geste de supplications.


    "Je vous en prie, je vous donnerai tout ! Tout ce que vous voulez !"

    La Griffe trancha deux fois, et les bras de Karradon tombèrent bientôt suivit de sa tête.

    "Merci."

    L'assassin se tourna vers le dernier chef vivant du groupuscule.
    Elastul Rauryn, Maître Brigand de la cité, tremblait de tous ses membres dans un recoin, des larmes de terreur coulant sur ses joues tavelées de chaume.


    "Je...je ne comprend pas.", gémit-t-il. "Le seigneur Thimérion a toujours promis...il a toujours promis qu'il nous laisserait en paix."

    La Griffe se leva.

    "Vous avez mal comprit. Il avait promis qu'on vous laisserait en pièces."

    --------------------

    Lorsque la silhouette traversa les décombres de la porte, le tableau macabre était parachevé depuis longtemps...
    ...les tables, les étagères et les fauteuils avaient été renversées. De somptueuses tapisseries aux origines exotiques gisaient là, déchirées, au milieu des cadavres éparpillés qui maculaient la pièce tandis que les débris de plusieurs manuscrits, probablement anciens, virevoltaient tristement au-dessus du sol. Le corps d'Elastul Rauryn était recouvert des restes de la petite bibliothèque qu'il avait entraîné dans sa chute, et les pages de vélin, somptueusement ouvragées des quelque oeuvre écrites de la main d'auteurs morts depuis longtemps commençait à éponger le sang qui maculait sa gorge et ses entrailles déversées à côté de lui.
    Et au-delà de ce spectacle de destruction, accoudée au rebord de la grande fenêtre qui donnait sur les ténèbres de Ridolbar, la silhouette élégante d'Anakiel Salyrann demeurait impassible.


    "Tu en as mis du temps..."

    Déclara sèchement l'assassin. Le tont avait été détaché, toutefois le nouveau venu y décela une pointe de sarcasme.

    "Je ne tenais pas à perturber ton petit baroud d'honneur. J'apprécie le travail bien fait et dans ce genre de cas de figure la durée n'est nullement une entrave aux circonstances lorsque l'on en connaît déjà l'issue finale."

    Rétorqua l'inconnu, un sourire prédateur au coin des lèvres.
    Anakiel sourit à son tour, mais non de plaisir anticipé, à la différence de son interlocuteur. Il y avait de l'amertume dans son regard, un soupçon de mépris et une sorte d'amusement teinté d'ironie. Il se détourna et observa avec une indolence polaire le visage de l'homme qui lui faisait face. Un homme qu'il ne connaissait que trop bien.
    Jamaillys était le fils d'un noble, légataire de Thémisto. Issu d'un milieu aisé, les membres de sa familles avaient rejoint la guilde de Thimérion bien avant sa naissance. Novice à l'époque, il avait commencé au bas de l'échelle, en même temps qu'Anakiel, durant les grandes guerres qui sévissaient en Isthéria. Les deux Lhurgoyf se connaissaient depuis plusieurs décennies déjà et avaient évolué ensemble à travers le monde impitoyable des guildes de Ridolbar. Avec le temps, un lien s'était créé entre eux, et bien qu'on ne puisse appeler cela de l'amitié, Anakiel et Jamaillys avaient finit par s'éprouver mutuellement. Pourtant, de nombreuses divergences les opposaient. Anakiel était un homme d'action, un esprit libre qui, malgré les apparences, ne manifestait de loyauté envers personne. Si son charisme était véritable, ses ambitions ne se limitaient qu'à un seul et unique objectif, l'assiduité...et une soif de notoriété qui n'était entraîné que par son désire de survie. Avec le temps cette constance avait vu naître en lui un caractère impitoyable et calculateur...
    ...c'était également elle qui était à l'origine de son égoïsme, et du dégoût pure et simple que lui inspirait son univers. Jamaillys était différent. les intrigues et leur lot de trahison, d'alliance masquées, de mystère et de méfiance étaient sa raison d'être...les arpèges sur lesquelles il s'était accordé avec l'aisance créative d'un chansonnier ambitieux. C'était lui qui, dans son esprit machiavélique, avait orchestré la mort de Thimérion et la fin de son assemblé...c'était également lui qui avait préparé le terrain et mis en place les élément nécessaire au changement qu'allaient subir les guildes de Ridolbar, Thémisto, Umbriel et toutes les autres cités qui s'étendaient bien au-delà de Phelgra...et enfin c'était également lui qui avait jeté son dévolu sur Anakiel pour lui servir de catalyseur. Son masque en forme de tête de mort dissimula en partie la satisfaction admirative qu'il éprouvait.


    "Nul regret pour tes anciens compagnons ?", demanda le thaumaturge sur le ton de la conversation.

    Anakiel haussa les sourcilles. "Pourquoi en éprouverais-je ?"

    "Ah tu me blesses..." répondit Jamaillys, un sourire mielleux au coin des lèvres. "Dis-moi mon amis, si je regarde à l'intérieur de ton torse, trouverai-je un grand vide là où devrait se situer ton coeur ?"

    Le regard que lui décocha le bel incube fut assez révélateur.

    "Préviens-moi si cela arrive...", dit-t-il en allant ôter la Griffe de Sharna, encore plantée dans l'un des corps. "...je risquerais d'arracher le coeur de Jamaillys pour le remplacer."

    "Il est bien trop gros pour les gens de ton espèce." Il eut un petit rire. "...enfin tu te doute que je ne suis pas venu jusqu'ici uniquement pour constater la finesse d'un travail bien fait..."

    "Exact, c'est pourquoi j'attend que tu en viennes aux faits."

    Jamaillys s'inclina bassement, dans une parodie de révérence.

    "Tes exigences ?"

    "Ridolbar, rien de plus."

    "Ma fois, tu me peines, j'aurais espéré d'avantage de ta part." Il soupira. "Enfin, qu'attendre d'autre de la part d'Anakiel Salyrann, l'Homme aux mille remparts aha ha."

    L'Adonis ne releva pas la pique et au contraire, laissa un sourire poindre lentement sur son visage d'opaline.
    Son regard en revanche avait tout du prédateur à l'affût d'une proie potentielle.
    Un détail qui fut loin d'échapper à Jamaillys.


    "Bien bien, je te l'accorde mais voyons, tu aurais pu avoir bien plus."

    "C'est amplement suffisant." Rétorqua le tueur en se détournant. Il traversa la salle et enjamba gracieusement les corps jusqu'à gagner l'embrasure de la porte calcinée. "...au faite, tu as un nom pour ce charmant groupuscule ? Je doute que les "Vestige de la guilde de feu Thimérion Calisham" soit sincèrement approprié."

    Il y eut un bref silence et...

    "Jamaillan..." murmura Jamaillys en soupirant pensivement. "Jamaillan sera parfait."

    Le sorcier leva les yeux vers Anakiel...
    ...et ne rencontra que le vide d'une porte brisée.
    L'assassin était parti.


    --------------------

    L'essort de Jamaillys outrepassa toutes ses espérances.
    Au cours des décennies qui suivirent, la guilde gagna en influence jusqu'à s'étendre bien au-delà des frontières de Phelgra. Tacticien dans l'âme, le thaumaturge s'entoura d'une foule cosmopolite ; des postes de meneur furent érigés dans les capitales de chaque royaumes et une hiérarchie complexe se développa à travers les nombreuses toiles tissé par la fantaisie de ces têtes de proue. Ridolbar quant à elle, connue un essor différent. Sous l'égide d'Anakiel, les partisans de Jamaillys commencèrent à épurer les autres groupuscules, eux-aussi établis depuis des siècles dans cette fourmilière aux milles dangers qu'était devenu le siège de l'organisme. D'abord bénins, les conflits s'intensifièrent jusqu'à se changer en véritables soulèvements, et en l'espace de quelque mois, la cité devint l'un des foyers les plus dangereux du royaume noir. Cette guerre de faction dura presque vingt ans, et non sans grandes surprises, ce fut les Ladrinis qui en sortirent vainqueurs.
    La victoire eut cependant un prix...
    Affaiblie, Ridolbar ne parvint pas à se relever totalement. Et durant les décennies qui suivirent, s'amoindrit peu à peu de son commerce, de son pouvoir...et de ses mystères.
    Mais plus personne ne s'en souciait.
    Car Jamaillys avait jeté son dévolu sur une autre cité...
    ...Umbriel.

    En l'espace d'un siècle, les richesses des Jamaillan migrèrent jusqu'à la ville souterraine, et la soif de pouvoir de leur dirigeant alla en crescendo. Son avidité également.
    En parallèle, Anakiel se fit de moins en moins présent, et de plus en plus distant. Certains prétendirent à une conspiration, un complot issu d'une jalousie naissante à l'égard de Jamaillys et de son cercle, d'autres y voyèrent-là une marque de d'insubordination ou d'avidité...
    ...aucun n'interpréta les actes d'Anakiel à la justesse de leurs aphorismes.
    Des aphorismes qui remontaient jusqu'à Thémisto et se perdaient dans les limbes qu'il conservait de son passé perdu et de souvenirs vieux de plusieurs siècles qu'il ne parvenait pas à éclipser.

    Se méprenant sur les intentions de son partenaire, Jamaillys prit peur et se rendit lui-même jusqu'à Ridolbar, à la tête d'un groupe formé à l'accomplissement d'un seul et unique objectif : abattre le renégat.
    L'histoire et ses détails se perd à ce moment-là, mais il y a une chose que l'on sut néanmoins...
    La dépouille de Jamaillys fut retrouvée peu de temps après dans, les Tunnels du Mépris, laissant le poste de chef de guilde vacant...
    ...et Anakiel s'évapora mystérieusement dans la nature.


Dernière édition par Umbre le Sam 30 Juin - 15:14, édité 82 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeDim 18 Mar - 21:28

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Umbre [Lhurgoyf]  909006Anakielisthria04

Citation :
« Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin... »

Anakiel Salyrann, « Aliquam Orci »

Chapitre III : Héritage

    Spoiler:

    La cité éveillait en lui des souvenirs impérissables...

    *Certes elle était différente...*

    Songea l'assassin tandis qu'il se profilait le long des quartiers miteux qui quadrillait la périphérie de Thémisto. Il avait quitté la haute-ville et ses tours d'obsidiennes depuis bien longtemps, suivant les scissures embrumées de ruelles qu'il avait déjà arpentées par le passé, durant une époque qui n'était plus la sienne.
    Thémisto l'angoissante...Thémisto la Grande Noire, la merveilleuse, la venimeuse, l'intrigante...
    ...il existait de nombreux termes pour la désigner. Mais pour Anakiel, cette perle sombre n'était rien de tout cela.
    Thémisto était la cité de son enfance. Un lieu maudit, et dont il s'était juré de ne plus revenir des siècles auparavant.
    Mais désormais bien des choses avaient changé...
    ...les allées fourmillaient d'étrangers magnifiques, apportant leurs lots de mystère dans cette métropole hétéroclite. Plus vaste que dans ses souvenirs, Thémisto charriait des reflets de richesses nouvelles malgré la pauvreté omniprésente qui régnait dans les basses classes. Si certains lieux étaient resté les mêmes, tel le Manoir Cavaleri lugubre et oppressant, ou le Temple dédiés à Sharna où des prêtre corrompus rongeaient les maigres richesse des miséreux pour des indulgences qui ne se concrétiseraient jamais, d'autres avaient subi des extensions. Les quartiers résidentiels s'étendaient désormais bien au-delà de leurs anciennes limites, à l'auré du Cimetières des Condamnés, et les avenues marchandes comptaient de nombreuses échoppes accouplées à une myriade de bâtiments.


    *...mais son coeur, lui, n'avait en rien changé.*

    La mine sombre, le Lhurgoyf parcourait les ruelles d'un pas résolu et se dirigea tout droit vers une venelle poussiéreuse qui descendait dans les ténèbres de la ville. Son visage, habituellement confiant et assuré, affichait quelque chose d'étrange. Il avait pâli, prenant une teinte crayeuse et une glace antarctique avait remplacé le brasier liquide qui chatoyait habituellement dans ses yeux rogues. Graduellement, l'assassin ralenti l'allure jusqu'à s'arrêter complètement au milieu de la ruelle. Ses iris froides restaient rivées sur une cabane en contrebas, une construction de bois et d'argile, sur la façade de laquelle pendait l'ossature d'un store depuis longtemps pourri. En dessous, un fauteuil en osier délabré était appuyé contre la masure, à côté de l'entrée principale.
    Il s'agissait de la maison de ses souvenirs...
    ...la maison de son enfance.


    Anakiel ferma les yeux et inspira lentement...canalisant le flot d'émotions contradictoires qui irradiait au fond de lui.
    Lorsqu'il les rouvrit un éclat étrange miroitait au fond de ses prunelles, et un masque de résolution implacable avait redessiné ses traits fins mais satinés. Il approcha de la masure, jetant parfois quelque regard en coin à chaque fois qu'il percevait du mouvement. La rue était loin d'être déserte...
    Ils étaient nombreux, assis dans l'ombre des bâtiments, et tous regardaient le curieux étrangers encapuchonné, et ses vêtement de toile sombre à la couture délicate, une arme de grande valeur à la ceinture.
    Manifestement il n'était pas de la région, et l'appréhension qu'Anakiel lisait sur les visages des personnes qu'il croisait ainsi qu'une sensation de dégoût pur lui rappelèrent des souvenirs.
    L'assassin avait vu ces mêmes regards à Ridolbar lorsqu'il était entré au service de Thimérion Calisham des siècles plus tôt.
    Les va-nu-pieds de Thémisto le prenaient pour un mercenaire, envoyé vraisemblablement par un créancier prospère pour collecter une dette ou régler un compte.

    L'assassin les écarta de ses pensées, se disant simplement que, s'ils se décidaient à charger, il les laisserait tous pour mort dans la poussière...avant de prendre conscience que jamais ces hommes ne trouveraient le courage de l'attaquer. ce n'était pas dans leur nature...
    Tel une ombre, il s'engouffra dans l'âtre du cabanon.


    La pièce était calme et froide, aucune bougie ne brûlait à l'intérieur et la cabane était vide, mais un morceau de pain rassis sur la table ainsi qu'une couverture déchirée jetée en boule dans un coin indiquèrent à Anakiel la présence récente d'un individu.
    Quelqu'un demeurait dans cette maison qui avait été la sienne. Sa mère ? Était-ce possible ? Pouvait-t-elle encore vivre dans ce lieu où elle avait habité avec Logar, son époux ?
    L'odeur lui permit d'écarter cette hypothèse, car la personne qui vivait ici ne se souciait nullement d'hygiène. Anakiel ne vit pas de pot de chambre, mais n'eut aucune utilité à sentir qu'un tel accessoire aurait été utile. Ce n'était pas le souvenir qu'il gardait de sa mère. Même si elle était sans le sou, elle avait toujours mis un point d'honneur à rester propre et à faire en sorte que la maison le soit aussi. La pensée lui vint que les siècles avaient pu venir à bout de ce dernier reste de fierté. L'Adonis grimaça et espéra qu'il ne s'agissait pas de la maison de Shanali.
    Mais si c'était le cas, alors elle devait être morte.
    Il savait qu'elle n'aurait pas pu partir...

    Quittant l'âtre, il se fondit dans l'obscurité jusqu'à un recoin où il s'adossa, les yeux rivés sur l'entrée...
    Des heures passèrent, mais l'assassin resta vigilant. Il ne sursauta pas ni ne fit le moindre mouvement lorsque la porte finit par s'ouvrir.
    Un Lhurgoyf au teint cireux pénétra dans la pièce en traînant les pieds. Petit et voûté, il lui fallut une dizaine de pas, tant ceux-ci étaient minuscules, pour atteindre la table qui se trouvait trois mètres plus loin.
    Anakiel entendit le bruit d'un silex que l'on frottait sur de l'acier, puis une lueur de vie éclaira l'unique bougie, offrant au tueur une perception claire du visage de l'inconnu. Un mince faciès, presque décharné et un crâne chauve stridulé de fines veinules verdâtres. Sa barbe d'argent n'était guère soignée et il plissait continuellement les yeux, ce qui rendait son menton proéminent et sa pilosité encore plus marquée.
    De sa main sale et tremblante, il tira une petite bourse dont il parvint à vider le contenu sur la table sans cesser de se parler à lui-même. L'homme commença à rire doucement et les yeux d'Anakiel s'agrandirent lentement...
    ...le son lui était familier.
    Il se leva sans bruit et s'approcha de la table...

    Phélidros n'avait toujours pas remarqué sa présence.
    L'assassin aplatit avec force sa main sur les pièces éparpillées.


    "Qu'est-ce que c'est !?", demanda la créature rachitique qui recula en se tournant vers Anakiel.
    Ce regard féroce...l'odeur de son souffle...
    Il n'y avait plus aucun doute.


    "Qui es-tu ?"

    Un sourire engageant se mua sur les lèvres pâles du tueur.

    "Allons oncle Phéli'. On ne reconnaît plus son neveu ?"

    --------------------

    "Soit maudit, Phélidros.", déclara le grand Lhurgoyf lorsqu'il pénétra dans la masure une heure plus tard. "...si c'est pour te ch*er dessus, alors reste dehors."

    Une chandelle à la main, il se dirigea droit vers la table...
    ...mais s'arrêta net lorsque la porte se referma sur lui, manifestement mue par quelqu'un qui se trouvait derrière lorsqu'il était entré.
    Logar s'avança d'un pas et se retourna.


    "Tu n'es pas Phélidros", déclara-t-il en avisant Anakiel.

    Ce dernier observa l'homme pendant quelque instants et reconnu avec certitude Logar Salyrann.
    L'homme qui avait transformé les première année de sa vie en enfer et l'avait conduit sur ce sentier nébuleux qui l'amènerait un jour à devenir un assassin, un chef de guilde, un parjure, un renégat...
    ...et un fugitif.
    Aujourd'hui, il venait combler la brèche.
    Sans un mot, Anakiel passa devant lui et se dirigea vers l'angle le plus renfoncé de la petite pièce.
    Logar le suivit et, de sa chandelle, illumina cette partie de la salle. Phelidros y gisait, face contre terre. Une petite mare de sang s'étendant progressivement autour de son ventre meurtri.
    Le grand Lhurgoyf recula, une expression de rage et de peur peinte sur le visage, mais s'il prévoyait de bondir sur l'intrus, la longue lame rutilante pointée dans sa direction sembla l'en dissuader et calmer ses ardeurs.


    "Qui es-tu ?", demanda-t-il dans un souffle.

    "Quelqu'un qui vient régler un compte.", répondit l'assassin du tac-au-tac.

    "Tu as tué Phélidros."

    "Il n'est probablement pas encore mort. Les blessures au ventre prennent un peu de temps."

    Logar bredouilla quelque chose, comme s'il était incapable de trouver les mots.

    "Tu sais ce qu'il m'a fait.", affirma Anakiel.

    L'autre commença à secouer la tête, avant de réussir à demander.


    "À toi ? Mais qui es-tu ?"

    L'assassin esquissa un pâle sourire.

    "Je vois que la loyauté familiale n'est pas ton fort. Non que cela soit pour me surprendre."

    "Familiale ?", marmona Logar. Il écarquilla les yeux lorsqu'il posa de nouveau la question. "Qui es-tu ?"

    "Tu le sais."

    "Je suis fatigué de tes petits jeux.", riposta l'homme qui se mit en mouvement comme s'il avait l'intention de partir. Mais la Griffe scintilla, sa pointe venant se planter sous son menton pour l'empêcher de bouger. d'un léger mouvement du poignet, Anakiel le força à regagner la table, puis s'avança encore, tourna la lame et poussa Logar vers une chaise sur laquelle il prit place.

    "Des mots que j'ai déjà entendu...", rétorqua le bel incube en tirant l'autre siège vers lui pour s'asseoir près de la porte. "...suivit généralement d'un allé-retour dont tu en avais le secret. J'aurais presque envie d'en faire autant maintenant."

    Logar sembla avoir du mal à respirer.

    "Anakiel ?", murmura-t-il dans un souffle.

    "Ai-je tellement changé, père ?"

    Après un moment qui lui fut nécessaire pour reprendre son souffle, Logar sembla finalement parvenir à se ressaisir.

    "Que fais-tu ici ?", par-dessus la table, il jeta un coup d'oeil au cimeterre ouvragé et aux vêtement soignés de l'assassin. "Tu t'es échappé de cet endroit. Pourquoi y revenir ?"

    "Échappé ? J'ai été vendu en esclavage."

    Son protagoniste grogna et détourna le regard.

    "Cela t'amuse ?"

    "Non...ça ne me fait rien. Ce n'était pas ma décision et peu m'importait."

    "Cher père aimant.", répondit Anakiel d'un ton cassant. À sa grande surprise, l'autre se moqua de lui et il s'en sentit offensé. "Même Phélidros n'a pas fait preuve d'autant de cran.", la référence au blessé agonisant sembla calmer Logar.

    "Qu'est-ce que tu veux ?"

    "Je veux savoir ce qui est arrivé à ma mère", répondit Anakiel. "Est-t-elle vivante ?"

    L'expression moqueuse de Logar lui donna la réponse à sa question sans qu'aucun mot ne soit nécessaire.

    "Tu es allé à Ridolbar pas vrai ?"

    L'assassin acquiesça.

    "Je suis certain que tu n'avais pas encore atteint ta destination au moment où Shanali est morte.", rétorqua l'homme, maussade. "...elle se laissait mourir et refusait de s'alimenter. Quand bien-même si les nôtres jouissent d'une longévité infinie, toi comme moi savons qu'il existe certain facteur...hmm naturels à la survie."

    Les pensées d'Anakiel se bousculèrent dans son esprit. Il tenta de se rappeler la dernière fois où ils s'étaient vus et perçut la fragilité de sa mère sous un jour complètement différent.

    "Cette putain me faisait pitié en réalité.", déclara Logar, et dès que le mot sorti de sa bouche, le tueur s'élança sur lui à une vitesse ahurissante pour le frapper violemment au visage.
    Silencieux, Anakiel retomba sur sa chaise et Logar le regarda d'un air mauvais en crachant du sang.


    "Elle n'avait pas le choix...(touss)...elle s'est rendu au temple de Sharna pour obtenir une indulgence", il eut un sourire méprisant. "...ils la connaissaient bien là-bas tu sais. Seulement, elle n'avait pas assez d'argent pour sauver vos vies misérables, à toi et à elle. Alors elle t'a vendu. Ils ont pris la somme qu'elle avait perçue...
    ...puis elle est morte. Cela m'étonnerait qu'ils aient fait quelque chose pour empêcher que ça arrive."

    Logar se tue et Anakiel resta un long moment sans bouger, à digérer ces surprenantes informations...non sans chercher des raisons pour les rejeter.

    "As-tu trouvé ce que tu cherchais, l'assassin ?", s'enquit le grand Lhurgoyf.

    "Elle m'as vendu ?", l'interrogea le tueur.

    "Je viens de te le dire."

    "Et mon cher père a tout fait pour me protéger."

    "Ton cher père ?", s'étonna Logar. "Et tu sais qui c'est ?"

    Le visage d'Anakiel se crispa fortement.

    "Tu me crois assez stupide pour être ton père ?", demanda l'autre en éclatant de rire. "Je ne suis pas ton père. Si je l'étais, les branlées que tu as prises t'auraient mis un peu plus de plomb dans le crâne !"

    "Tu mens."

    "Shanali t'attendait quand je l'ai rencontré. Elle était enceinte après s'être vendu comme putain à ces prêtres. De même que toutes les filles. Peut-être que tu étais trop jeune pour savoir la vérité, mais la plupart des morveux qui courent ces rues sont nés de la semence des suppôts de Sharna.", il demeura silencieux quelques instants, le temps que ses paroles fassent leur petit effet. "Je lui ai juste offert un endroit où vivre, en échange de quoi elle m'a donné un peu de plaisir. Par contre il y a une chose que je sais à son sujet, c'est qu'elle n'en n'était pas à son premiers époux avant moi...ni même avant ces prêtres."

    Le regard enfiévré, Anakiel ne pipa mot. Se contentant d'observer Logar de ses yeux de braises.
    Une froide menace commençait à couver à l'intérieur.


    "...et encore moins à son premier enfant. Sirion qu'il s'appelait, le petit Sirion. Elle m'a assez cassé les pieds avec durant les premières nuits qu'elle passait à brailler ici. Sa famille a été massacrée durant la Grande Guerre, et son enfant, arraché. Alors elle a voulu trouver asile au temple, mais...", il eut un petit rire. "...je pense que tu as déjà entendu parler de ces fidèles à Sharna et de leurs moeurs un peu particuliers. Ils se sont amusé avec elle ; lui ont volé les maigres bien qu'elle possédait, l'ont engrossé...et lorsqu'il n'y eut plus rien à en tirer, l'ont rejeter dans les bas-fonds de Thémisto. Je ne connais rien de cette période, où alors juste un nom...
    ...Zarathos."

    Mais Anakiel l'entendait à peine. Il repensait aux évènements de sa jeunesse, lorsque des hommes venaient et payaient le grand Lhurgoyf pour accéder au lit de Shanali. L'assassin ferma les yeux, espérant presque que Logar se saisisse de cet instant de vulnérabilité. Si ce dernier s'était avancé et lui avait pris son arme, il n'aurait rien fait pour l'en empêcher et aurait accueilli comme un soulagement la lame s'enfonçant dans son coeur.
    Mais l'homme ne bougeait pas et continuait à rire...
    ...jusqu'à ce qu'Anakiel ne rouvre les yeux et lui adresse un regard éloquent.

    L'autre déglutit, manifestement mal à l'aise.

    Le tueur se leva et rengaina son cimeterre. Il s'approcha de Logar pour le dominer de toute sa stature.


    "Lève-toi."

    Le grand Lhurgoyf le regarda d'un air de défi.

    "Qu'est-ce que tu veux."

    Le poing d'Anakiel s'écrasa sur son visage.

    "Lève-toi."

    Le nez en sang, l'autre obéit, un bras levé en signe de protection devant son visage.

    "Qu'est-ce que tu veux ? Je t'ai tout dit, je ne suis pas ton père !"

    De sa main gauche, l'assassin attrapa le poignet que Logar avait avancé devant lui, et d'un mouvement rudimentaire le lui retourna dans le dos.

    "Mais ça ne t'as pas empêcher de faire de moi ton souffre douleur.", déclara Anakiel.

    "Tu le méritais.", répondit Logar dans un souffle. Il tenta de lever son autre bras pour se défendre, Mais la main libre d'Anakiel s'abattit, frappant une nouvelle fois son visage, déjà en sang. "La...la vie est rude.", protesta l'homme, des trémolos dans la voix. "Tu avais besoin de t'endurcir. D'apprendre !"

    "Répète encore une fois que ma mère était une putain", lui murmura doucement l'Adonis tandis qu'une lame secrète émergeait de l'un de ses manchons, juste sous son poignet.
    L'autre parut terrorisé.


    "Qu'est ce que tu veux que je te dise !? Elle a fait ce qu'il fallait pour survivre ! C'est notre lot à tous. Je ne lui jette pas la pierre, je ne l'ai jamais fait. Je l'ai accueillie quand personne ne voulait d'elle."

    "Pour ton profit."

    "Ne...non ! Tu ne peux pas me rendre responsable de la façon dont va le monde."

    "Je peux te rendre responsable de chaque coup qui m'a été porté.", répondit calmement Anakiel en enfonçant lentement sa lame entre les omoplates de sa victime. "Je peux te rendre responsable d'avoir laissé cette ordure...", du menton il désigna Phélidros. "...s'approcher de moi. Lui-aussi te payait pour cela ? Un peu d'argent pour avoir ton gamin, Logar ?"

    Haletant sous l'effet de la douleur, Logar secoua violemment la tête.

    "Non, jamais..."

    Le genou d'Anakiel s'abattit sur sa nuque, l'envoyant face contre terre. Sa lame piégée étincelante sous son poignet, l'assassin s'approcha de l'homme gémissant...
    ...et secoua la tête avec dégoût.


    "Tu ne vaux même pas la peine d'être tué..."

    Crachant et suant, Logar parvient, tant bien que mal à se traîner dans un coin de la pièce. Son dos le faisait souffrir, et des piques de douleur engourdissaient son visage tuméfié.
    La crainte se lisait sur son visage lorsqu'il se retourna pour demander grâce, Il leva la main dans une vaine supplique...
    ...et constata qu'il était seul.

    Devant-lui, la porte battait doucement au gré du vent qui s'engouffrait à travers elles.


    --------------------

    Spoiler:

    Une brise glacée se profilait entre les stèles friables qui pourrissaient sur le sol stérile du Cimetière des Condamnés, charriant avec elle des odeurs âcres et nauséabondes qui prenaient leurs essors sur les amas de terres, fraîchement retournés, aux pieds des tombes. Anakiel n'y faisait pas attention, l'esprit encore embrumé par les révélations qui lui avait été faites quelque jours plus tôt. Pour la première fois depuis des siècles, il se sentait réellement troublé. Il n'y avait pas de mots pour décrire le flots mitigé d'émotions vives qui le traversaient en cet instant. Le rationalisme des paroles de Logar l'avait frappé comme un coup de poing en plein visage...

    *Non, plus qu'un coup de poing...*

    Une bourrasque...un ouragan qui dispersait une fois de plus les fragments qu'il avait conservé de son passé misérable. Et malgré tout, il essuyait froidement l'averse. L'existence de ce Sirion lui importait peu. Si le destin et la logique l'auraient voulus avide de retrouver ce demi-frère que les caprices du temps lui avait subtilisé avant même ses premiers pleures sur Isthéria alors celui qui en concevait les lignes risquerait d'être déçu. La haine se passait de ce genre de priorité. Et son ressentiment s'en faisait amèrement sentir lorsque ses pensées vibrionnèrent vers le centre de la cité...et le temple obscure qui y avait été érigé il y a longtemps.
    Un bruissement de cape froissé, sur sa droite, le tira de sa noire torpeur...


    "Tu ne trouveras pas de noms sur ces pierres.", murmura la silhouette sombre tandis que l'assassin traînait sur les lieux.

    Anakiel se retourna et remarqua le religieux, en toge d'ébène qui le lorgnait. La vue du médaillon frappé à l'emblême de Sharna sur sa poitrine suscita en lui des envies de meurtre inassouvies.
    L'autre adopta une posture défensive en avisant l'éclat, sombre et acéré qui scintillait dans le regard de l'assassin.


    "Ce n'est pas souvent qu'un homme de ta qualité se rend ici.", dit-t-il méfiant.

    Silencieux, Anakiel se contentait de l'observer avec froideur.
    L'homme se racla la gorge, visiblement incommodé par l'attitude inhabituelle de son protagoniste.


    "...ce que je veux dire, c'est que ces misérables créatures n'ont pas beaucoup de visiteurs. La plupart sont anonymes, sans familles, sans amis...", il conclut ses propos par un ricanement condescendant, qui disparut rapidement devant l'air méprisant d'Anakiel.

    "Pourtant, tu écrits leurs patronymes sur tes rouleaux lorsqu'ils te donnent leurs pièces. Es-tu ici pour prier pour eux ? Pour effectuer les indulgences qu'ils t'ont acheté au temple."

    Le prêtre s'éclaircit la voix.

    "Je suis le dévot Telarius."

    "Tu te méprend si tu crois que cela m'intéresse."

    "Je suis un prêtre de Sharna.", déclara l'homme, indigné.

    "Tu n'es qu'un charlatan qui vend de faux espoirs.", ses yeux se plissèrent et un sourire acide ourla ses lèvres. "À l'image de ton Dieu et de sa doctrine n'est-ce pas ?"

    Telarius se ressaisit et lissa sa toge.

    "Attention à ce que tu dis...", l'avertit-t-il, s'enquérant du nom d'Anakiel par son expression et l'inflexion de sa voix.
    L'assassin, silencieux, ne cilla pas. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour éviter de bondir à la gorge du prêtre et d'étrangler cet imbécile avec ce médaillon qui lui saillait si bien.


    *Ainsi, nous verrons comment Sharna, dans sa grande miséricorde, récompense ses prosélytes.*

    Songea-t-il, dégoulinant de sarcasme...
    Et puis il se rappela qu'il était désireux d'éviter toute action imprudente. Le religieux, un jeune Terran, n'aurait pu être impliqué avec sa mère de quelque manière que ce soit.


    "Comme je l'ai dit, je suis le dévot Télarius.", répéta l'homme qui semblait reprendre de l'assurance devant l'absence de réaction de son interlocuteur. "Un scribe des plus apprécié par le Grand Doyen, Zarathos, la propre Voix Bénie elle-même." Anakiel tiqua à l'évocation du nom. "Modère tes propos à mon égard sinon il t'en cuira. Nous dirigeons la maison du Protecteur, nous sommes la force et le pouvoir de Thémisto...", il continuait à pérorer, mais l'assassin l'écoutait à peine, car ce nom : Zarathos, avait été cité par Logar durant sa visite impromptue.
    Zarathos...
    Cette personne avait été lié à Shanali par le passé.


    "Quel âge a-t-il ?", demanda l'incube en interrompant l'imbécile.

    "Quoi ? Qui ?"

    "Le Doyen, cette Voix Bénie."

    "Zarathos ?"

    "Quel âge a-t-il ?"

    "Je...je ne sais pas exactement, c'est un Lhurgoyf."

    La réponse était unanime...
    Anakiel acquiesça tandis qu'il se rappelait un prélat passionné...un prodige oratoire...une voix bénie qui avait souvent prononcé d'ardentes homélies depuis le balcon du temple. Il se souvint d'avoir assisté à certaines d'entre elles aux côtés de sa mère qui avait les yeux brillants et le coeur léger.


    "Son influence, de quand date-t-elle ?"

    "Je l'ignore, depuis le début je crois. Pourquoi ? As-tu entendu parler de lui ?"

    Mais comme si l'homme d'Église n'eut plus aucune espèce d'importance, l'Adonis fit volte-face et s'en alla.

    "Tu as vécu ici ?", lui cria Telarius tandis qu'il s'éloignait. "Comment s'appelait-t-elle ?", demanda le prêtre, intuitif.
    Le Lhurgoyf s'arrêta et se retourna vers lui.


    "La femme que tu cherches ici.", expliqua le religieux. "C'est bien une femme n'est-ce pas ? Quel était son nom ?"

    "Elle n'avait pas de nom.", murmura l'assassin. "Pas un nom dont tu te souviendrais. Tu n'as qu'à chercher autour de toi. Regarde tous les patronymes, car ils sont gravés sur chaque pierres tombales."

    --------------------

    Durant l'année qui suivit, il y eut une étrange agitation au temple de Sharna...
    Des prêtres furent retrouvés assassiné dans les bas-fond de Thémisto et une rumeur naquit sur la naissance d'un fléau invisible au visage encapuchonné. L'appuie des cavalier de Sharna fut sollicité pour retrouver le tueur que l'on affubla du pseudonyme de Marche-Mort. La traque se révéla inaboutie, mais le plus surprenant fut les changements constatés parmi les membre du cercle de Zarathos, la Voix Bénie. En proie a une inquiétude inhabituelle, le Doyen fit renforcer la sécurité du temple et mit en place une cellule privée chargée d'arrêter l'assassin dont les procédés émoustillèrent la curiosité d'une toute autre organisation que l'on savait omniprésente sur Isthéria...

    ...un groupuscule qu'Anakiel ne conaissait que trop bien.

    Les Jamaillan ne tardèrent pas à affluer, sillonnant les quartiers de Thémisto en quête de leur Némésis. Le jeu du chat et de la sourie dura longtemps.
    Jusqu'au jour où le cadavre de Zarathos fut retrouvé suspendu devant les portes du temple.
    Une semaine plus tard, le masque tomba et l'on révéla l'identité du tueur ; Anakiel Salyrann.
    Lorsque Zaradiel, le frère jumeau de Zarathos, et l'intendant d'Umbriel (Cf Prologue) appris la nouvelle, un autre jeu débuta, et l'Adonis comprit qu'il avait mis le doigts dans un engrenage impossible à déliter. Un seul choix s'offrait à lui.
    Il quitta Thémisto pour Umbriel, laissant dans son sillage une piste sanglante qui attisa les ardeurs de son ancienne guilde.


Dernière édition par Umbre le Sam 30 Juin - 15:31, édité 21 fois
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeJeu 22 Mar - 20:48

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Umbre [Lhurgoyf]  Scaled.php?server=846&filename=anakielisthriasombre

Citation :
« Nous faisons des projets comme si nous allions vivre éternellement. Nous pensons que nos efforts peuvent rivaliser avec les montagnes, mais nous ne faisons que nous mentir à nous-même. Nous ne valons rien et ce monde ne changera guère. »

Anakiel Salyrann, « Ombres et poussières »


Chapitre IV : Le héros dans l'ombre

Spoiler:

    Jamais aucune étoile n'embellissait de son mystérieux scintillement poétique cet univers...et les chauds rayons porteurs de vie du soleil n'y parvenaient pas davantage.
    Nous étions à Umbriel, le domaine mortuaire, situé à des kilomètres sous la surface grouillante des plaines de Phelgra. Là où, à des époques révolues, se trouvait une caverne déserte emplie de stalactites et stalagmites aux formes grossières se dressait la cité profane. Malgré son aspect rudimentaire, la ville affichait une perfection formelle où pas un caillou n'avait été laissé à l'état naturel.
    Et pourtant, cette impression d'ordre et de maîtrise n'était qu'une façade perfide, une tromperie masquant le chaos et la perversité qui imprégnait le coeur de ses habitants.
    Zaradiel n'y faisait pas exception...

    Au fil des siècles il avait observé cette cité qu'était Umbriel...il avait étudié, progressé et tué entre ses murs. Il l'avait dompté...façonnée.
    Nulle part, dans les abîmes de ces souterrains, il n'avait rencontré d'hommes dignes d'être son égal. Une âme prête à tuer au nom du destin, suffisamment doué pour saisir ce qui lui revenait de droit et défier la mort du regard.
    Il frissonna. La mort. Cesser d'être. C'était une pensée terrifiante. Les Terrans ne pouvaient pas comprendre la véritable crainte de la mortalité. Ils vivaient en permanence dans la perspective de la mort. Ils admettaient son inéluctabilité. Quelques courtes saisons, et ils s'en allaient. Pire encore...ils goûtaient la mort au cours de leurs quelque battements de coeur d'existence. Chaque année qui passait leur apportaient de nouvelles rides et la lente érosion de leurs forces. Leur peau s'affaissait, leurs os se désagrégeaient, jusqu'à ce que, édentés et séniles, ils s'effondrent dans la tombe. Rares étaient ceux capables de comprendre les peurs des immortels.

    Une nouvelle quinte de toux le prit et, cette fois, il cracha du sang.
    Sa somptueuse robe de brocart pourpre était maculée de rouge et la terreur pure se lisait dans ses yeux ambres. Au prix d'un effort douloureux, il parvint à se retourner sur le dos, plongeant son regard dans les iris brûlantes de son assassin. Il était grand et beau. Ses yeux, si similaires aux siens, chatoyaient dans les ténèbres et un rictus méprisant plissait ses lèvres dans une ligne cruelle.
    Zaradiel eut l'impression de contempler son propre reflet. Ou presque...
    Aucune joie, aucun plaisir malsain ne se lisait dans ces yeux-là. Seulement de la colère...mais pas la colère bouillonnante, extravagante d'un homme aveuglé. Non...celle-ci était plus froide, contrôlée et terrifiante.
    Le seigneur d'Umbriel leva une main suppliante en direction de l'homme...

    Toute sa vie il avait craint ce moment. Cette instant fugace où la réalité des paroles de Xarianne, maudite soit-t-elle, prenaient tout leur essort,
    "De ton propre sang germeront de nombreuses graines que tu n'auras pas couvé. L'une d'elle fleurira dans l'ombre et viendra un jour pour consumer le règne de Zarathos et Zaradiel. Marche-Mort, Zarathos. Méfie-toi de lui, car de sa main tu périras."
    Son frère y avait accordé une attention particulière...presque obsessive. Durant prêt de quatre cents ans, il avait surveillé ses arrières, loué les services d'hommes important jusqu'à s'exiler lui-même des intrigues d'Umbriel. S'enfermant dans une prison de craintes à travers les murs rassurant d'une existence monacale, fondé sur la stabilité d'un monde qui ne pourrait lui causer la moindre perte. Car Sharna était adulé, ici, dans le royaume de Phelgra.
    L'imbécile...
    ...désormais il reposerait pour toujours entre les stèles pourrissantes du Cimetière des Condamnées.

    Il était mort de la main de son propre fils.

    Zaradiel s'était juré de ne pas succomber aux mêmes faiblesses que Zarathos. Les paroles de la voyante l'avaient frappé assurément, mais son côté pragmatique avait très vite repris le dessus. Il s'était taillé un chemin à travers l'enfer perpétuel des intrigues d'Umbriel et avait fondé son ascension sur des rivières de sang et des nuages de peurs. À l'apogée de son pouvoir il ne craignait plus rien, ni personne.
    Et puis son frère avait été tué, et Marche-Mort était arrivé...
    La nouvelle était venue de Thémisto, et les vers de la peur s'étaient insinués jusqu'à lui.
    Il ne voulait pas finir comme Zarathos !
    Il avait pactisé avec les Ladrinis, s'était allié aux Cavaliers de Sharna...avait recruté des mercenaires dans tout Phelgra pour retrouver le tueur.
    Mais Anakiel avait été insaisissable.


    "Pi...tié.", parvint-t-il à articuler tandis que l'Adonis le saisissait par les cheveux et lui tirait la tête en arrière.
    "Pi...tié", des larmes de désespoir perlèrent sur ses joues pâles tandis que l'assassin glissait son arme sous sa jugulaire.

    "Je ne laisse jamais d'ennemis dans mon sillage." lui murmura Anakiel, son visage presque collé au sien. La lame mordit doucement dans la chaire de son cou et Zaradiel écarquilla les yeux.
    Il eut le temps de ressentir toute sa souffrance.

    Son âme s'évapora à travers le trou béant qui crevassait sa gorge...


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    Umbriel connût de nombreux changements durant l'année qui succéda à la mort de son Geôlier. La lutte pour le pouvoir fit rage, et de nombreuses factions s'affrontèrent quant à savoir qui s'assiérait gagnerait le plus de pouvoir dans la cité souterraine.
    Marche-Mort disparut durant cette même période.
    Ceux qui tentèrent de suivre sa trace furent nombreux, certains désireux d'en tirer profit, d'autres, par soif de notoriété ou pour assouvir leurs égaux tordus, et d'autres encore par pur désire de vengeance.
    Deux décennie plus tard, le royaume de Phelgra était lambrissé de rumeurs....une théorie voulut qu'un groupe de mercenaire parvint, à la suite d'une traque saisonnière, à recouvrer la piste d'Anakiel dans les souterrains de Ridolbar. L'assassin passa de peu entre les mailles du filet, et bientôt ce fut une véritable armée de chasseurs qui s'abattit sur la cité...
    ...jusqu'à ce qu'un jour, trois des meilleurs pisteurs ne reviennent, avec une tête pourrissante enveloppée dans de la toile et un cimeterre finement ouvragé.
    Le crâne dépecé et l'épée furent amenés à la capitale et exhibés au Temple de Sharna sur le mémorial dédié à Zarathos, la Voix Bénie.
    En pleine Nivéria, trois ans plus tard, le cimeterre fut volé. Durant la même période, un homme en possession de la Griffe et vêtu de haillons fut aperçus à Mavro Livani en train d'embarquer dans l'un des nombreux navires en partance pour le nord. Tandis qu'au coeur de Thémisto, à plusieurs centaines de kilomètres de là, une pousse de bruyère tressée s'agitait sur une pierre tombale vieillie par le temps. L'inscription avait été à moitié effacée, et seules quelques lettres au style baroque y subsistaient...

    SHAN LI SALYR ...


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    Le temps passa et les saisons s'enchaînèrent comme une traînée de poudre...
    Une mystérieuse agitation sévissait à Hespéria et de grands changements arrivèrent. Le monde se soulevait contre la monarchie. Le petit peuple avait soif de liberté.
    Le roi fut assassiné et le reste de sa lignée reléguée au rang de symbole, allégorie vieillissante d'un pouvoir obsolète.
    Une nouvelle constitution vit le jour. Et l'engrenage se répéta dans les autres royaumes.

    Un peu partout dans l'Isthéria, des rois tombaient...


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Spoiler:

    Ils avaient déjà commencé à torturer le jeune Terran quand l'étranger sortit de l'ombre entre les rocs.

    "Vous m'avez volé mon cheval.", dit-t-il tranquillement.

    Les cinq hommes sursautèrent et se retournèrent.
    Derrière eux, le garçon s'affaissa dans les cordes qui le retenaient. Il leva la tête pour regarder le nouveau venu malgré ses yeux gonflés. L'homme était grand et large d'épaule, emmitouflé dans une cape de cuir noir.


    "Où est mon cheval ?", Demanda-t-il.

    "Va savoir, un cheval est un cheval et son propriétaire est celui qui le monte.", répondit le chef du groupe.

    Lorsque l'étranger avait parlé pour la première fois, il avait été saisi de frayeur, persuadé qu'il allait se retrouver face à une bande d'hommes armés jusqu'aux dents. Mais il avait beau scruter à travers les landes montagnardes qui se dessinaient dans le crépuscule, il était évident que l'inconnu demeurait seul. Le Terran n'avait pas vraiment joué le jeu...il serrait les dents pour résister à la douleur et refusait de les injurier ou même de supplier. Celui-ci en revanche, n'allait pas tarder à pousser une chansonnette de souffrance toute la nuit.

    "Amenez-moi mon cheval...", fit l'homme, une note d'ennui dans sa voix sombre.

    "Attrapez-le !", ordonna le meneur.

    Des épées sifflèrent dans les airs et les cinq hommes passèrent à l'attaque.
    Rapidement, l'inconnu glissa sous la garde de ses deux adversaires les plus proches et, d'un geste gracile, plongea ses mains dans leur poitrine. Horrifiés, ils le virent en extirper deux sabres jumeaux (Cf pouvoirs d’Anakiel).
    Enfin pas tout à fait....
    Tous deux avaient la couleur de la nuit, mais le premier était enveloppé de flammes indigos tandis que l'autre irradiait une brise glacée au reflets vaporeux. Sans crier gare, il retourna les lames contre ses assaillants...le premier eut la gorge tranché tandis que le deuxième sentit la glace mordre dans son estomac. Il tomba à genoux, tentant d'épancher le sang qui s'échappait à gros bouillons de son ventre meurtri.

    Plantant ses armes dans le sol, le nouveau venu détacha la lanière qui retenait sa cape et le lourd capuchon qui dissimulait ses traits. Elle glissa sur le sol, dévoilant un mince visage aux lignes harmonieuses, parsemé d'une longue crinière d'obsidienne.
    Ses yeux étaient froids comme la mort.


    "Allez chercher le cheval .", ordonna-t-il.

    Ceux qui restaient hésitèrent et regardèrent leur chef l'air perdu.
    Moins d'une seconde plus tard, les lames jumelles fendirent les airs en sifflants et les deux hommes tombèrent sans bruit, proprement empalés.
    À présent l'autre était seul.


    "Tu peux prendre le cheval.", dit-t-il en se mordant la lèvre.

    L'Adonis secoua la tête.

    "C'est trop tard maintenant...", dit-t-il doucement.

    Le brigand fit volte-face et se mit à courir vers les steppes, mais il ressentit un coup sec dans son dos, ce qui lui fit perdre l'équilibre. Son visage heurta le sol. Il lutta pour se relever...
    Il se demanda si l'étranger lui avait lancé un caillou. Ses forces l'abandonnèrent et il retomba lourdement...
    ...le sable était doux comme un lit de plumes.
    Ses jambes furent agitées d'un soubresaut.

    Le nouveau venu ramassa sa cape et nettoya la saleté dans les plis avant de la rattacher sur ses épaules. Puis il récupéra le poignard encore fiché dans le dos de sa victime et l'essuya sur les vêtements du mort. D'un claquement de doigts, il fit disparaître les deux épées qui saillaient encore de la poitrine des cadavres...se débarrassant au passage du blessé en lui brisant la nuque. Et puis, sans même jeter un coup d'oeil derrière lui, il se dirigea vers les chevaux.


    "Attendez !", appela le garçon. "Libérez-moi. S'il vous plaît !!"

    Le bel incube se retourna.

    "Pourquoi ?"

    Le ton de la question semblait tellement anodin que le Terran se retrouva momentanément incapable d'y répondre.

    "Je vais mourir si vous me laissez ici.", finit-t-il par dire.

    "Ce n'est pas une raison suffisante.", rétorqua l'homme en haussant les épaules...

    Il marcha jusqu'aux chevaux où il trouva le sien. Les sacoches étaient toujours dessus, intactes. Satisfait, il libéra sa monture et repartit dans la clairière.
    Derrière lui, une longe plainte retenti, et lentement, il ralenti l'allure...
    ...puis jura entre ses dents.
    Laissant le cheval là où il était, il retourna sur ses pas et coupa les liens du malheureux. Le jeune homme tituba et lui tomba dans les bras...le visage de l'assassin se crispa lorsqu'il le rattrappa.
    Il détestait les contactes humains.

    Il était salement amoché, et sa poitrine avait été tailladée à plusieurs reprises...par endroits, la chair ne tenait plus que par une mince lanière de peau. Son gilet était maculé de sang. L'Adonis fit rouler le jeune homme sur le dos et arracha ce qui restait de son vêtement. Puis, il alla jusqu'à son cheval prendre une flasque de cuir, l'ouvrit, et versa de l'eau sur les plaies. Le Terran se tortilla mais ne broncha pas.
    Lentement, l'assassin replaça délicatement tous les morceaux de peau, de façon experte.


    "Reste tranquille un moment.", lui ordonna-t-il.

    Après avoir allumé un feu, il fouilla dans l'une de ses sacoches et en sortit du fil et une aiguille.
    Doucement, il pinça les plaies entre ses doigts fins et lui recousit la peau.
    Respirant lentement, le Terran regarda l'inconnu s'affairer à la tache. Ses yeux étaient plissés par la concentration mais le garçon pu néanmoins discerner qu'ils étaient de couleur sable avec des reflets ors.
    Et l'espace de quelques secondes, il entrevit une infime partie des émotions qui miroitaient derrière la glace et l'acier.

    Son regard était si triste...
    Il ferma les yeux et s'endormit.


    Quand il eut finit sa tache, l'incube épongea le front du jeune homme et s'adossa contre une pierre, les yeux fixés dans le feu.
    Il se rappela pourquoi il était ici...

    Peu de temps après la mort de Zaradiel, on l'avait traqué dans tout Phelgra.
    Pendant un temps, il avait trouvé refuge dans les souterrains de Ridolbar, là où il avait caché le corps de Jamaillys deux siècles plus tôt.
    Il avait vécu comme un va nu-pied pendant prêt d'une décennies jusqu'à ce qu'un espion de Thémisto ne recouvre sa trace. En l'espace d'une semaine, les mercenaires avaient afflué, arpentant les Tunnels du Mépris comme de la vermine sur un morceau de pain rassit. Le Lhurgoyf avait laissé ses instincts de tueurs reprendre le dessus pendant un temps jusqu'à ce qu'un jour une idée ne lui traverse l'esprit.
    Quatre hommes lui étaient tombés dessus...
    L'un d'eux lui ressemblait presque comme deux gouttes d'eau. Il l'avait abattu promptement et avait réussi à soudoyer les autres pour maquiller sa propre mort. Il leur avait confié son épée et la tête de leur compagnon en leur jurant une fin atroce si ne serait-ce qu'un murmure sur ce qui venait de se passer n’était répendu.
    Bien sûr il ne s'agissait-là que d'un mensonge.
    Le secret était trop lourd...

    Il avait attendu que la tête et l'arme soient remis au Temple de Sharna pour retrouver les trois comparses. Insensible à leurs suppliques, il les avait tué proprement et s'en était retourné à Thémisto pour récupérer la Griffe de Sharna.
    Après quoi, il avait marché jusqu'à Mavro Livani et avait quitté Phelgra pour ne jamais y revenir...laissant derrière lui les souvenirs de sa vie passé et tout ce qui le rattachait encore à Anakiel Salyrann.
    Ou presque...
    Pendant un temps il avait arpenté les terres d'Isthéria sur quasiment toute leur superficie. Il avait débarqué en Cimmeria et s'était rendu jusqu'à Hellas, la cité des Glaces. De là, il avait longé les Gorges de Paramis pour aboutir aux Cascades Nébuleuses, en Noathis.
    Il avait été subjugué par le spectacle...
    Et puis au fil du temps il avait découvert d'autres merveilles. la Vallée d'Hilem au crépuscule...La Forêt de Sphène...Canopée, la cité Sindarin, et enfin les ruines de Taulmaril, scintillantes sous un fugace levé de soleil. Enfin il était arrivé en Eridania jusqu'à Tyrhénium...
    ...c'était là que les ennuies avait commencé.
    Quelqu'un l'avait reconnu.
    Il s'appelait Eldicar Manushan et avait été l'un des premier lieutenants de Jamaillys. C'était lui qui avait succédé au Thaumaturge après sa mort.

    Eldicar lui avait offert un marché...
    À l'époque, les dissensions entre le petit peuple et la haute noblesse faisaient déjà rages dans les abîmes du royaume. Le roi avait assoupli certaines lois et tenté d'organiser des pourparler avec son peuple mais toutes ses tentatives avaient été vouées à l'échec...démantelées dans l'ombre par les manoeuvres des Ladrinis qui alimentaient la haine et semaient la discordes au seins des bonnes gens.
    Les objectifs d'Anakiel relevaient de la folies...
    ...infiltrer le palais d'Hespéria et tuer le roi.

    Tuer le roi...

    L'instinct d'Anakiel lui avait hurlé de refuser le contrat, mais il ne l'avait pas écouté.
    Eldicar lui avait offert une avance de vingt-quatre mille pièces d'or et, en signe de sa bonne foi, avait fait déposer la somme sous un nom fictif chez l'un des plus grands banquiers de Tyrhénium. Anakiel avait rempli le contrat avec son talent habituel.
    Le souvenir de cet instant le consuma de honte...

    S'il se considérait déjà comme un être abject durant sa prime jeunesse, à l'époque où il avait arpenté les bas-quartiers de Ridolbar sous la coupe de Thimérion Calisham, il se savait malgré tout emprunt d'une certaine moralité. Les personnes qu'il assassinait étaient toutes des crapules, des égoïstes, des profiteurs, des menteurs, des tyrans ou des corrompus.
    Mais jamais des innocents.
    Respectivement, le roi d’Eridania était un homme de pouvoir...
    ...et il avait vu beaucoup trop d'hommes de cet acabit au sein de sa longue existence.
    Des hommes qui prenaient ce qu'ils prétendaient être légitimement à eux. Plus ils se croyaient puissants, plus ils se voyaient divins. Leur gloire et leur titre devenaient une sorte d'immortalité.
    Et c'était dans cette logique qu'ils agissaient selon le moindre de leurs propres intérêts...le moindre de leurs plus petits désires. Au mépris des conséquences qui en résulteraient.
    Et pourtant...

    Anakiel ferma les yeux et s'étira, s'efforçant de revenir au présent, mais le visage de sa victime revenait le hanter encore et encore...un visage plein de bonté...des yeux doux, un beau sourire. Il s'était baissé pour cueillir une fleur quand la lame de l'assassin lui avait transpercé le dos.
    Une grimace affreuse déforma soudain ses traits graciles, et le tueur enfouis son visage dans ses mains...l'unique refuge qu'Anakiel Salyrann ait jamais connu.
    Il frappa le vide devant lui comme pour chasser les images.
    Penser à autre chose...autre chose.
    Après le meurtre, il s'était échappé vers l'ouest et avait voyagé vers Tyrhénium, en direction de la promesse d'or faite par Eldicar. En chemin, il avait rencontré un marchand qui venait de la cité, et au cours d'une conversation, ce dernier lui avait appris la mort du banquier le plus influent de Tyrhénium. Il avait été assassiné chez lui par deux hommes qui s'étaient enfuis avec une fortune en or et en gemmes.
    À ce moment précis, Anakiel sut qu'il avait été trahit, mais une sorte d'instinct...comme une compulsion intérieur...l'avait fait continuer sa route. Il était arrivé au manoir d'Eldicar et avait escaladé le bâtiment jusqu'à la chambre du chef de guilde. Ses yeux s'étaient ouverts d'un seul coup lorsqu'une lame lui avait piqué la gorge.


    "Tu n'aurais pas pu venir à une heure plus convenable...", lui avait-t-il dit d'un ton mielleux.
    La dague s'était enfoncée de quelques centimètres et l'homme avait grimacé.


    "Je vois que tu as appris pour l'argent...j'espère que tu ne crois pas que c'est moi."

    "Vraiment...?", avait murmuré Anakiel, un sourire glacé au coin des lèvres.

    "On peut discuter ?"

    "Oui, de vingt-quatre mille pièces d'or."

    "Mais bien sûr."

    Soudain, Eldicar s'était dévissé et d'un coup fulgurant, avait réussit à repousser le Lhurgoyf.
    La porte s'était grande ouverte et un garçon, un arc à la main, flèche encochée, avait fait irruption dans la pièce. Le tueur avait jailli et la Griffe de Sharna avait tranché l'arc en deux, terminant sa course dans le torse de l'adolescent qui s'était effondré en gémissant.
    Anakiel avait couru jusqu'à la porte, enjambant le cadavre.


    "Tu mourras pour ça !", avait hurlé Eldicar. "Tu m'entends, tu mourras !!"

    Des sanglots avaient raisonné derrière l'incube qui dévalait déjà l'escalier principal.
    Et il comprit que le garçon n'était autre que le propre fils d'Eldicar Manushan...

    Deux mois plus tard, le tueur contournait Phelgra par voie maritime et débarquait sur les berges d'Argyrei, le royaume stérile.
    Durant son exile, il avait pu mesurer toute l'énormité de son acte en apprenant ce qui était advenu quelques années après la mort du souverain.
    La chute du roi avait déchaîné un ouragan inexorable...et au fil du temps, les autres pays avaient suivit l'exemple de l'Eridania,

    La monarchie avait disparu...

    Le Terran se réveilla en grognant.
    La douleur de la raclée qu'il avait prise lui sauta dessus tel un chien sauvage. Il s'assit et grimaça quand les sutures sur sa poitrine se resserrèrent. Son gilet avait disparu et il y avait derrière lui des vêtements apparemment prit aux morts, car le gilet du dessus était couvert de sang coagulé.


    "Où est mon gilet ?" demanda le garçon à la silhouette solitaire qui se découpait devant les flammes.

    "Hors d'usage...", déclara Anakiel. "Tu peux prendre les vêtements posés à côté de toi."

    "Que...pas question que je mette ça."

    "Tu pourras t'en procurer d'autre dans n'importe quelle ville ou village.", l'assassin s'approcha du jeune homme et s'assit à côté de lui. "J'ai passé deux heures à recoudre ton petit corps, Terran. Cela me ferait plaisir que tu y mettes un peu du tien."

    "Je vais me trouver d'autres vêtements."

    "Je te fais confiance. Et maintenant, je dois partir. Si tu veux chevaucher avec moi, tu es le bienvenu."

    "Je ne vous crois pas."

    Anakiel haussa les épaules et se leva.

    "Dans ce cas, adieu."

    "Attendez !", cria le garçon en se forçant à se redresser. "Je ne voulais pas avoir l'air ingrat. Je vous remercie sincèrement pour votre aide. C'est juste que si je voyageais avec vous, je risquerais de vous encombrer."

    "C'est très gentil de ta part. Enfin c'est toi qui vois."

    L'assassin marcha jusqu'à sa monture, resserra les sangles de sa selle et grimpa dessus, repoussant sa cape derrière lui.

    "Je me nomme Lysaer Aslevjal", lui lança le Terran.

    L'Adonis se pencha sur sa selle.

    "Et moi Anakiel Salyrann." Le jeune homme tressaillit comme s'il avait été foudroyé. "Je vois que tu as entendu parler de moi."

    "Je n'ai rien entendu de bon."

    "Alors tu n'as entendu que la stricte vérité. Adieu."

    "Je...attendez. Où allez vous."

    Anakiel tira sur ses rennes.

    "Par ci...par là. Pourquoi cette question ?"

    "J'habite Shelsan, un village à environ trente kilomètres d'ici."

    "Et donc...?"

    "Cela me ferait plaisir que vous m'y accompagnez."

    Le bel incube laissa poindre un sourire amer sur la pâleur de ses traits.

    "Et tu pense qu'on y accueil les assassins à bras ouvert là-bas ?"

    "Moi, au moins, j'ai des amis...c'est plus qu'Anakiel le tueur ne peut prétendre. Beaucoup de gens paieraient pour pouvoir cracher sur votre tombe."

    "C'est toujours rassurant de se sentir apprécier.", déclara le Lhurgoyf. "Et maintenant, Lysaer, si tu souhaites me voir t'accompagner enfile ces habits en vitesse."

    Le Terran s'agenouilla à côté des vêtements et saisit un gilet de cuir...mais dès que ses doigts l'effleurèrent, il eut un mouvement de recul et toute couleur quitta son visage.

    "Tes blessures te font mal ?"

    L'autre secoua la tête, et lorsqu'il leva les yeux, Anakiel fut surpris d'y trouver des larmes.
    Cela choqua l'assassin, car il avait vu cet homme se faire torturer sans broncher.
    Et voilà qu'il pleurait tel un enfant, alors que rien ne le tourmentait...
    Lysaer prit une bonne inspiration.


    "Je ne peux pas mettre ces vêtements."

    "Il n'y a pourtant pas de vermine, et j'ai nettoyé le gros du sang."

    "Oui, mais ils sont porteurs de souvenirs, Anakiel...d'affreux souvenirs...viols, meurtres, atrocités indescriptibles. Je suis souillé de les avoir touchés...je ne peux pas les mettre."

    "Tu serais donc un mystique ?"

    "En quelque sorte...c'est une des facettes de mon pouvoir."

    Lysaer se rassit sur la couverture et se mit à frissonner malgré le soleil du petit matin.
    L'Adonis soupira, agacé, et retourna à son cheval.
    Il tira une chemise de lin de sa sacoche.


    "Ce vêtement-là est propre...mais les souvenirs qu'il porte n'en seront pas moins douloureux pour toi.", dit-il en lui tendant la chemise.

    Avec hésitation, le jeune homme approcha sa main de l'habit. Il toucha le tissu et ne ressentit pas le mal...seulement une vague d'émotion et de souffrance qui transcendait toute angoisse. Il ferma les yeux et essaya de se calmer. Puis il releva la tête et sourit tristement.

    "Merci Anakiel. je peux porter ceux-là."

    Leur yeux se croisèrent et l'assassin eut un rictus narquois.

    "Et maintenant...? Je présume que tu connais tous mes secrets, n'est-ce pas ?"

    "Non...je ne connais que votre souffrance."

    "...toute souffrance est relative.", rétorqua Anakiel en s'éloignant.

    --------------------

    Shelsan tenait plus du hameau isolé que du village à proprement parler. Petite communauté d'une trentaine d'habitants, les maisons en limon étaient réparties le long des berges d'une oasis, au centre d'une cuvette entre deux montagnes. Des colonnes de dattiers poussaient, ça et là, autour du plan d'eau, et du sable fin sillonnait les bocages du paysage lunaire. Malgré l'austérité qui s’en découlait, l'ensemble demeurait magnifique. Si l’on omettait leur proximité avec Phelgra, ces lieux étaient empreints d'une paix qu'Anakiel n'avait que rarement connue. Les jours s'allongèrent, et la visite du Lhurgoyf se changea en point d'ancrage. L'amitié qu'il noua avec Lysaer également...
    ...la seule pour ainsi dire.
    Les relations avec les autochtones se révélant peu amènes, Anakiel décida de construire sur une colline, à l'écart du hameau.
    Après dix ans, il finit par se sédentariser...ne gardant que peu de contactes avec le monde extérieur hormis Lysaer et les négociants de passages qui venaient commercer avec lui. C'est durant cette période qu'il se découvrit un certain talent dans l'art du dessin, du conte...et de la peinture qu'il pouvaient marchander avec les caravanes outre-Argyrei circulant dans la région. Très vites, les parchemins s'entassèrent dans la masure et le capharnaüm fit, à maintes reprises, pester Lysaer durant ses nombreuses visites...

    ...les années s'écoulèrent comme une traînée de poudre et Anakiel pu oublier son ancienne vie durant un certain temps.
    Ou presque...

    Lysaer s'éteignit en l'an -244, à l'âge de soixante-douze ans.
    L'Adonis, quant à lui, n'avait pas pris une ride.
    Un revers amer pour l'immortalité...
    La mort du Terran acheva d'en faire un solitaire aux yeux des villageois. Le temps passa encore et le Lurghoyf devint malgré tout une figure pittoresque. On affubla sa marginalité par de nombreux sobriquets,...l'Homme Sombre en fût sans doute le plus populaire.

    Et puis un jour, une caravane de marchands arriva, et avec elle, des nouvelles du monde extérieur.
    Ainsi ne fût-t-il pas surpris d'apprendre que Tyrhénium avait franchit un nouveau seuil dans la course à la modernité qui dissociait les grandes cité cosmopolites. La métropole s'était changée en mégalopole et attirait désormais une véritable foule venue des quatre coins d'Isthéria.
    Un autre écho ne passa pas inaperçu à travers le brouhaha incessant de quolibets amenés par les nomades.
    La mort d'Eldicar Manushan, le premier maire d'Hespéria.
    Sa notoriété était montée en flèches après la destitution de la famille royale, et ses objectifs communs avec la faune contemporaine de Tyrhénium avaient galvanisé le peuple Eridanien...
    ...pendant un certain temps.

    Un jour son fils avait été assassiné, et depuis lors, tout était allé de travers...
    Eldicar était devenu égoïste et cruel...et il avait fait passer ses désires personnels avant les priorités du royaume. Obsédé par la traque de l'homme qui lui avait volé son bien le plus précieux.
    Peu d'informations avaient été divulgué à son sujet si ce n'était qu'il avait fait perdre la tête à Eldicar Manushan.
    Le maire avait été destitué de ses fonctions, et, un an plus tard, avait incendié sa propre demeure.
    L'homme n'y avait pas survécut...

    Anakiel songea qu'on avait sans doute dû l'y aider.
    C’était comme ça que les choses se produisaient dans les hautes sphères d'un monde tel que Tyrhénium...
    ...mais pareils détails ne dépendraient plus de son ressort de toute manières.

    Ainsi irait la vie pour les deux cent prochaines années à venir.
    Du moins le croyait-t-il…

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Dernière édition par Umbre le Sam 30 Juin - 15:33, édité 75 fois
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Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeMer 20 Juin - 15:51

Spoiler:

    Niallad gravissait la sente de la colline en titubant.
    Le soleil scintillait, haut dans le ciel, immense disque d'or baignant les Colonnes d'Ebreus de son ample crinière chatoyante. Le sable était brûlant sous ses pieds nus et les larmes ne cessaient de couler sur ses petites joues halées. En contrebas, les hurlements raisonnaient toujours dans le village et l'on pouvait encore entendre le tintement des armes accompagnant les rires des mercenaires.
    Pourtant, il avait tenté d'avertir ses parents de leur arrivé...il avait essayé de leur dire.
    Mais son père n'avait rien voulu entendre et s'était encore une fois mis en colère contre lui.
    Parfois il faisait des rêves la nuit...dans certains, il flottait au-dessus de son corps et s'amusait à arpenter la maison endormie. Dans d'autres, il pouvait s'élever haut dans le ciel et voyager entre les plaines d'Argyrei. Mais ce qu'il adorait par-dessus tout, c'était voler jusqu'à la maison éloignée, au-dessus de la colline, et observer l'Homme Sombre dans ses jardins.
    Parfois il parlait à sa mère de ses escapade nocturne. Au début, elle avait été effrayée, mais quand Niallad lui avait raconté ce qu'il ressentait lorsqu'il vivotait parmi les nuages qui ondulaient dans le ciel, elle s'était radoucie.


    "Il y a un homme triste qui peint des images.", lui avait-t-il dit un jour. " Il est assis tout seul tout le temps. Je l’ai regardé peindre un tableau. C’était presque magique. Il a trempé son pinceau dans de la peinture noire et l’a étalé sur la toile carrée. Puis il a trempé un pinceau dans de la peinture blanche et a mélangé du bleu avec. Il a appuyé par petites touches sur l’image, et tous les pâtés noirs sont devenus des montagnes avec de la neige au sommet. Il est très habile."

    "Pourquoi dis-tu qu’il est triste.", s’était enquise sa mère. "S’il peut peindre comme cela, il devrait être heureux."

    "Il n’est pas heureux.", avait répondu Niallad. "Il a mal tout le temps. Il a plein de cicatrices à l'intérieur, elles saignent beaucoup. Et puis il écrit de longues lettres. Mais il les brûle après."

    "Tu es un petit garçon débordant d'imagination."

    Lui avait répondu sa mère en lui caressant doucement la joue.
    Elle lui avait souri, mais Niallad sentait bien qu'elle ne l'avait pas crut. À sept ans, il en savait déjà beaucoup sur les grandes personnes.
    Il avait continué de survoler la maison de l'Homme Sombre. Quand il ne peignait pas ni n'écrivait, il sortait, très tôt avant l'aube et s'enfonçait loin dans les landes désertiques.
    Un jour, il l'avait vu emmener une épée recourbée avec lui. Il s'était mis torse nu, avait saisi l'arme à une main, et avait enchaîné des mouvements lents, gracieux et délicats. Puis, ils s'étaient faits plus rapides et s'étaient mués en une danse faite de bonds et de pirouettes. Virevoltant à travers les étendues silencieuses en entraînant de fin nuages de sable à chacune de ses passes d'armes.
    Niallad avait été fasciné.

    Parfois, il pouvait aussi voir les caravanes au loin, bien avant leur arrivée dans le village.
    Mais cette fois-là, il n'y avait pas eut de nomades. Juchés fièrement sur leurs Tamarodons, acheminant leurs lots de marchandise et de nouvelles.
    Juste un nuage de poussière qui se soulevait dans le lointain.
    Les cavaliers étaient arrivés au grand galop, et les gens s'étaient mis à crier et à courir partout. Niallad s'était avancé dans la grande cours et avait écarquillé les yeux lorsqu'un des hommes avait envoyé une lance dans la poitrine de Charim, le boulanger. Sa femme s'était mise à crier et à pleurer, et deux soldats étaient descendus de leur monture pour l'emmener à l'intérieur d'une grange. L'un d'eux la tirait par les cheveux.
    La scène se répéta un peu partout, et il s'était mis à trembler.
    Au loin il avait aperçu son père qui courrait vers la maison.
    Il avait reçu une flèche dans le dos et s'était effondré, L'enfant avait voulu s'élancer à sa rencontre mais des bras l'avait soulevé de terre pour l'emporter dans une bâtisse.

    Il avait essayé de se débattre, puis une voix familière s'était exclamée.


    "C'est moi mon coeur ! C'est moi ! Maman est là."

    Il s'était calmé instantanément.
    Elle l'avait emmené dans un cagibi et juste avant de refermer la porte, elle lui avait souri malgré les larmes qui inondaient son visage.


    "Ne fait pas de bruit, mon petit Niallad, On va jouer à un jeu. Maman va revenir dans un instant. En attendant tu me promets que tu ne feras aucun bruit ?"

    L'enfant avait acquiescé silencieusement.
    Elle l'avait serré contre elle et refermé la porte derrière elle. À peine avait t’elle fait trois pas dans le couloir qu'une voix grave avait hurlé.


    "Là-bas, regardez ! Il en reste encore une. Attrapez-moi cette sal*pe."

    À travers les planches de la porte il avait vu trois silhouette se jeter sur sa mère.

    "Tu peux te laisser faire...", avait grogner l'un d'eux. "...ou rendre ça difficile. Je dois te dire que j'ai étripé la dernière femelle qui a compliqué les choses."

    Un autre s'était approché.

    "...on a de la chance cette foi-ci. J'aime les femmes aux gros seins."

    Ils l'avaient traîné jusqu'à la chambre et avaient refermé la porte derrière eux.
    Elle avait hurlé, encore et encore, et Niallad s'était bouché les oreilles. Et puis les hommes étaient ressortis...
    ...l'un d'eux était couvert de sang.
    Il n'en n'avait pas avant d'entrer dans la pièce avec sa mère.
    Il avait attendu longtemps après leur dépars et s'était finalement extirpé de sa cachette. Niallad n'avait pas osé rentrer dans la chambre et avait quitté la maison par la porte de derrière pour courir vers la colline.

    Il arriva en haut, en état de choc.
    La maison de l'Homme Sombre était en flammes, et huit cavaliers attendaient devant. L'un d'eux se retourna et avisa le petit garçon.


    "Tient tient...qu'avons-nous là ? On dirait bien que le groupe de Lodrian a laissé quelque fuites en contrebas."

    "Tue-le.", avait ordonné un grand homme monté sur un hongre.
    Il arborait une longue chevelure d'un blanc argenté et son regard était plus noir qu'une nuit sans lune.

    "C'était bien mon attention.", rétorqua l'autre en tirant son épée. "Allé, viens par ici sale morveux."

    Il avait fait trois pas, et quelque chose avait jaillit dans l'air pour l'atteindre à la nuque.
    L'homme s'était effondré, les mains crispées sur la pointe de la dague qui saillait de sa gorge.
    Un coup de vent froid passa entre les cavaliers et les chevaux se cabrèrent. Il furent rapidement maîtriser. Niallad tourna la tête et vit l'Homme Sombre. Il ne l'avait pas entendu arriver.
    Les autres le regardaient, tous.


    "F*utre ! D'où il sort celui-là !?"

    "De derrière la maison !", cracha l'un d'eux.

    "Êtes-vous venus ici pour mourir ?"

    Avait demandé le Lhurgoyf calmement. Son regard acéré était dardé sur l'homme à la chevelure neigeuse.

    "Pourquoi parler de mourir ?", ricana-t-il. "Je n'aime pas tes manières.". Il l'avait toisé du haut de sa monture et ses comparses l'avaient entouré, l'un d'eux s'était déporté vers Niallad, la main posée sur la garde d'un poignard.

    "Ce que tu aimes ou non m'importe peu.", répondit l'Homme Sombre. "Et si ton compagnon, à droite, fait un pas de plus je le tue."

    Le cavalier s'humecta les lèvres.

    "Tu lances beaucoup de menaces pour un homme seul."

    "Cela devrait te mettre la puce à l'oreille...", dit l'Adonis, un sourire carnassier au coin des lèvres. "...mais comme tu as l'air d'un crétin, je vais essayer d'être clair. Vous pouvez prendre ce que vous voulez dans la maison. De toute manière je prévoyais de quitter le village sous peu, Le garçon, en revanche, reste ici...vivant."

    L'autre plissa les yeux. Cet imbécile commençait à l'agacer.

    "Réalise-tu que je tiens ta vie entre mes mains ?"

    L'Homme Sombre gloussa.

    "Je m'en moque. C'est là toute la beauté de la chose. Je me moque de vos objectifs...et je me moque encore plus de vos menaces. Je n'ai rien pour qui vivre, mon sang ne coule plus dans aucun être vivant depuis longtemps.", et, comme s'il lisait dans le regard du cavalier, il tira son cimeterre et écarta grand les bras. "Et je trouve que tu attends beaucoup trop avant de passer à l'acte."

    "Débarrassez-moi de cette ordure !!", cria l'homme de tête.

    Les cavaliers descendirent de leurs montures et se ruèrent vers l'arrogant en tirant leurs épées.
    Il se tint immobile quelques instants avant de leur sauter dessus sans crier gare. La lame incurvée jaillit et vint trancher la gorge d'un soldat. D'un revers fulgurant, il taillada la poitrine d'un deuxième et attrapa son arme au vol de sa main valide tandis qu'il s'effondrait. Ses deux épées tourbillonnants dans une brume mortelle, il s'engagea au centre de la mêlé dans un tourbillon dévastateur...silhouette gracile dans un océan de lames.
    Niallad observa, choqué, l'Homme Sombre découper ses adversaires.
    Il reçut plusieurs entailles sur les bras et au visage, et après deux interminables minutes, cinq hommes furent à terre. Il ne restait plus que le chef, juché sur sa monture, et un de ses hommes, tremblant d'épouvante devant l'assassin.

    L'incube se rua sur lui.
    Il se retourna et prit la fuite, mais n'alla pas bien loin.

    L'homme aux mèches d'argent se laissa glisser souplement le long de sa monture, dégaina deux épées, et plongea l'une de ses armes dans la poitrine de son comparse.
    Il jura en fondant sur son adversaire.


    "Puisqu'il faut toujours faire le travail sois-même."

    "...ne comprendront-t-ils donc jamais ?", rétorqua l'assassin, pour lui-même, en avisant le mercenaire d'un air suffisant l'espace d'une demi-seconde, avant de plonger à sa rencontre.
    Son cimeterre ouvragé porta le premier coup, l'autre riposta. L'Adonis para à la perfection et les deux bretteurs se mirent à tourbillonner sur le sable chaud.
    Pour Niallad, le spectacle était indescriptible...le crissement des lames devint une symphonie. Myriade de petites notes accompagnant l'évolution synchrone des duellistes.


    "Tu es très bon.", dit le mercenaire sur le ton de la conversation tout en attaquant. "Tu n'es pas le meilleur que j'aie jamais tué, mais tu t'en rapproche. Fais-le moi savoir quand tu seras prêt à mourir."

    L'assassin ne répondit pas.
    Malgré sa lassitude, il avait décrypter les mouvements de son adversaire, à la recherche d'une faiblesse. Il était ambidextre...tout comme lui...mais il accordait plus d'appuie sur son flanc doit. Anakiel se déporta et ouvrit volontairement une faille sur la gauche.
    L'autre s'y précipita et, plutôt que de reculer, le Lhurgoyf se jeta en avant, écarta l'arme trop proche de son adversaire, et lui enfonça son cimeterre en plein coeur.

    Le mercenaire écarquilla grand les yeux et s’effondra.


    "Non...ils ne comprendront jamais.", haleta l'assassin.
    Il s'approcha du garçon, les yeux rivés sur le massacre qui continuait en contrebas. Son épaisse chevelure était blonde comme les blés, et, chose surprenante, ses yeux étaient de couleurs différentes. L'un était aussi noir qu'une gemme d'obsidienne, tandis que l'autre arborait la clarté d'un ciel sans nuage, en plein été.
    L'Adonis le détourna de la scène.


    "Quel est ton nom ?", demanda-t-il sèchement.

    "Niallad...Aslevjal.", répondit l'enfant, encore en état de choc.

    Aslevjal...?

    Le Lhurgoyf eut du mal à contenir sa surprise.
    En contrebas, un nuage de poussières était en train de se former sur la sente du dénivelé. D'autres cavaliers arrivaient.
    Niallad ne bougeait pas, et l'assassin reporta une nouvelle fois son attention sur lui.
    Il ferma les yeux et soupira...
    ...puis prit une décision.


    "Viens...", dit-t-il en le prenant par la main.

    Contournant la maison en flammes, l'enfant et l'assassin descendirent les dunes de sable chaud qui ondulaient lentement au grès du vent.
    ...et disparurent au pieds de la collines, à l'auré du grand bocage de palmiers-dattiers qui parachevait la grande oasis.



Épilogue

Citation :
« Après le premier, cela n’a guère plus d’importances. Nous savons ce que nous sommes. La quantité ne rend ni meilleur ni pire… »

Auteur inconu. « Mémoires d’Assassins. »

Spoiler:

    La voûte céleste était parsemée d'étoile dans la grande nuit qui surplombait les plaines d'Eridania.
    Une brise chaude s'engouffra entre la cime des arbres et vint faire agiter leur feuillage abondant dans un crissement régulier, tandis qu'à la lisière du bois, les mille-et-unes lueurs de Tyrhnénium brillaient dans le lointains. Pas un seul bruit ne semblait troubler la douce accalmie qui perdurait en cette chaude nuit d'Enkilil. Ou presque...
    Des bruits de sabots, lents et réguliers, raisonnèrent doucement sous le couvert des arbres, et deux cavaliers émergèrent de la forêt. Parfois, l'un d'eux se retournait sur sa selle pour lancer des regards furtifs derrière lui, en direction d'une silhouette féline qui glissait entre les ombres, à la limite de leur champs de vision. Il plaça deux doigts à ses lèvres, émit une série de sifflement réguliers, et un feulement sourd lui répondit au cœur des broussailles. La créature s'enfonça dans la forêt tandis que les deux hommes descendaient le long du chemin qui serpentait jusqu'à la grande mégalopole.

    Ils continuèrent sur un bon kilomètres et firent halte au abord d'une auberge, à quelque lieu de Tyrhénium.
    D'autres chevaux attendaient dehors, le nez dans leur fourrage, tandis que des cris et des chansons grivoises s'échappaient de la grande porte. La silhouette la plus petite démonta et s'avança vers l'auberge, tirant son capuchon au passage.
    L'adolescent, presque un homme, devait avoir entre seize et dix-sept ans. Ses longs cheveux blonds ébouriffés cascadaient sur ses épaules fines mais bien taillées. Il avait les yeux verrons ; l'un bleu, l'autre marron, et son visage au teint halé contrastait entre les traits délicats de l'enfance et la virilité masculine de l'homme qu'il était en passe de devenir.
    Il appuya sur le large loquet de fer, et lâcha plusieurs coups sur la porte de bois vermoulu.
    Un juda s'ouvrit sur le côté et un visage rubicond et suspicieux apparut dans le mince cadre.


    "Vous désirez ?"

    "Une chambre pour deux.", dit le jeune homme d'une voix calme et amicale. "Ainsi qu'un repas chaud, s'il vous plais."

    "Hum...et la raison de votre présence ?"

    "Celle qui rend Tyrhénium si attrayante, bien sûre. De plus, j'ai entendu dire que l'armée Eridianne recrutait ces derniers temps...peut-être aurait t'on besoin d'une nouvelle lame là-bas."

    L'aubergiste parut se radoucir.

    "Et lui ?", demanda-t-il, en désignant l'homme encapuchonné derrière le garçon.
    Il était immobile sur sa monture, et quelque chose dans son allure, il ne sut quoi dire, le rendait à la fois captivant et angoissant.


    "Mon père monsieur. Il m'accompagne."

    "Hum...", murmura l'homme un peu hésitant. Il referma le juda et poussa le rabat de la porte vers l'extérieur. "...vous pouvez desseller vos monture avec les autres. Je vais préparer les chambres. Soyez les bienvenus."

    Le jeune homme s'inclina et s'éloigna avec son hongre tandis que l'aubergiste reportait son attention sur l'homme en noir.
    Leurs regards se croisèrent et un frisson lui parcourut l'échine.

    Il eut l'impression d'avoir posé le pied dans une tombe...


    --------------------



    Thème musical. (Jesper Kyd - Aphelion)



COMPAGNON
OEIL-DE-NUIT



Umbre [Lhurgoyf]  Scaled.php?server=641&filename=oeildenuit

    PRÉNOM: Oeil-de-Nuit

    SEXE: Femelle

    POUVOIR:

    Occultation : Il s'agit d'un pouvoir de dissimulation. Le voile augmente les capacités de la panthère à pouvoir se fondre dans le décor. Son principale atout est qu'il occulte complètement la signature de son essence, la rendant complètement invisible au yeux d'un Thaumaturge ou d'une personne doté d'un dont de détection. Pratique pour espionner ou surprendre un gibier.

    Spoiler:

    DESCRIPTION:

    Créature féline au pelage d'obsidienne, Oeil-de-Nuit n'est pas bien grande parmi les standards de sa race, mesurant cinquante centimètre au garrot, son physique est d'avantage taillé pour la course et l'agilité. Assez paradoxale, son caractère froid, et parfois même impitoyable, n'est pas vraiment mauvais mais plutôt sombre. Tantôt douce, tantôt sauvage, Oeuil-de-Nuit peut passer d'un seuil à l'autre sans crier gare, mais jamais sans raisons aucunes. Chasseresse hors paire, il ne sera pas rare de la voir agir de concert avec Anakiel durant ses traques. La considérant comme son égale, l'assassin l'a toujours traité avec respect et attention.
    Il la trouva au cours d'un de ses voyages, sur El Bahari avec Niallad. Des boucaniers avaient abattu sa mère pour sa fourrure.



MONTURE
KIALL



Umbre [Lhurgoyf]  1155577434

    PRÉNOM: Kiall

    SEXE: Mâle

    DESCRIPTION: Un étalon de couleur bais, plutôt farouche, il ne se laisse pas approcher facilement. Anakiel lui-même peine encore à s'imposer lorsqu'il le monte. L'assassin l'a acheté très récemment sur Hespéria...l'animale ayant été vendu sur le marché pour une bouchée de pain. S'il est extrêmement robuste, son caractère exécrable peut s'expliquer très facilement. Régulièrement battu par son ancien propriétaire, Kiall a fini par développer une méfiance perpétuelle envers ses cavaliers.


Dernière édition par Umbre le Dim 1 Juil - 19:54, édité 45 fois
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeVen 29 Juin - 20:59

    J'ai essayé d'étoffer du mieux que je le pouvais (essayé lol)

    La fiche est terminée. Merci d'avoir patienté jusque là en tout cas.
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeSam 30 Juin - 1:03

Haaaaaaaaaaaaaa! Enfin!!! Par contre, le défaut des longues fiches est qu'il est fortement possible qu'il y est beaucoup de remarques et j'ai bien peur qu'il y en ai, d'autant plus que le commencement date depuis longtemps. ^^

Commençons :
_ Je dois dire que tu nous ponds un personnage très intéressant, mais je note aussi pas mal de culot au niveau de toute l'importance que tu accordes autour de ce dernier. Je commence par la caste, où tu annonces clairement qu'il est un des acteur fondateur des Ladrinis. D'une part, j'en ai pas eu vent, et de deuxième part, c'est malheureusement peu probable puisque la guilde des Ladrinis est sans doute plus ancienne que ton personnage dont l'âge est approximativement autour des 600 ans. Donc c'est malheureusement un titre dont tu devras te passer (il faudra aussi que tu fasses attention sur ce que ton personnage prétend savoir sur les Ladrinis du même coup). Pour le métier aussi, un grand égo que de prétendre que tes toiles sont exposés carrément dans le palais royal à Hesperia, bien que ça encore, je peux passer outre.

_ Armes : La griffe de Sharna, je rappelle juste que le mysticisme autour de ta cimeterre n'est bien évidemment pas réelle, parce que les armes ne sont pas magiques (sauf objet de quête).

_ Forme monstrueuse : rien à dire dessus, mais je souhaitais juste te rappeler que sous la forme monstrueuse, il te faudra prendre en compte que ni les armes, ni la magie ne peut être utilisée.

_ Pouvoirs :
Coeur de l'oubli: tu accordes trop de chose pour ce seul pouvoir et j'ai un soucis avec le concept que l'âme de ceux dont tu tires une l'âme reste liée à la tienne, parce que je ne comprends absolument pas pourquoi. Sachant qu'une fois utilisée, cela devrait juste disparaître ou revenir à la source. De plus, tu ne dis pas combien de temps cela peut durer, ni l'état dans lequel se trouve ce dont tu as retiré "l'épée" pendant que tu l'utilises. Après, l'autre aspect du pouvoir concernant Anakiel en lui-même, ça me parait un peu gros qu'en plus de tirer une épée, ça te confère un pouvoir de ténèbres et en plus cela te rend endurant (même si tu inclus un malus, ça me parait trop gros). Donc je pense qu'il te faudrait revoir ce pouvoir et choisir entre soit cela fonctionne sur tes adversaires, soit sur toi directement. Mais pas les deux en même temps.

Armure du crépusculei: J'ai un soucis aussi avec ce pouvoir car tu le dépeins comme une armure de protection, mais tu lui associes aussi une épée. Je suis ok pour la protection, mais pas pour le fait qu'il y est aussi une épée dans le stock.

_ Physique : détails que les gens oublient, les lhurgoyfs ont tous les cheveux blancs à l'origine. Faudra noter qu'il a une sorte de teinture noire sur les cheveux .

_ Histoire : Je vais te lister les choses qui ne vont pas.
Prélude: Tu parles d'un palais à Umbriel, hors, il y en a jamais eu. Le terme prête à confusion. Il n'y a jamais eu de roi d'ailleurs à Umbriel, ce n'est pas une cité comme les autres. Cela va te demander des changements à ce niveau là. Il te faudra prendre en compte un autre détail. Démégor n'existait pas encore pendant la guerre de Taulmaril, il n'était pas à la tête des cavaliers, ni dans leur armée, c'est survenu après la guerre (cf le joueur de Démégor).

Chapitre 1 et 2: Détail à modifier au sujet des Ladrinis (cf à ce que je t'ai dit déjà plus haut).
A un moment dans le chapitre 2, je n'ai pas compris pourquoi ton personnage réclamait Ridolbar. Tu pourrais m'expliquer?

Chapitre 3: Pour ton lien avec Sirion, je m'en souviens mais cela fait un moment que le joueur n'est pas revenu, donc il faudra que tu ailles le sonner si tu le croises pour savoir ce qu'il en est, sinon cela posera peut-être problème si le rôle est repris par un autre joueur si il nous quitte.

_ Pourvoir de l'animal : Le pouvoir de dissimulation de la panthère ne me gêne pas, par contre l'appellation voile peut prêter à confusion. Les pouvoirs des familiers sont censés être une extension d'une capacité naturelle chez eux. Mais tu peux garder le terme. C'est juste un détail que je préfère rappeler.


Après, d'un avis général, ton écriture est toujours aussi agréable à lire, bien que la modestie sur la beauté de ton personnage est énorme! XD (je ne compte pas le nombre de fois où tu nous rappelles que c'est un adonis! loool).

J'attends de voir les modifications pour te valider.^^
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeSam 30 Juin - 15:50

    - Effectivement, comme édictés dans tes définitions de castes, les Ladrinis existaient depuis la nuit des temps, parfois même sous d'autres appellations. C'était pertinent de ta part de le souligner, et j'en ai pris explicitement compte puisqu'un paragraphe d'incipit était pleinement consacré à cette zone d'ombre au début du second chapitre (le texte en italique dans la case de citation). Jamaillys n'en n'aurait fait qu'y changer le nom. Je te l'accorde c'était parfaitement culotté de ma part, mais comme l'évoque parfois le dicton : qui ne tente rien n'a rien. Quoi qu'il en soit ces détails ont été modifiés.

    - La Griffe de Sharna n'est pas magique, elle est pittoresque.

    - Forme monstrueuse, cela va de soit. Mais si c'est l'image qui te perturbe, je rappel que le bazooka (loool) et le fendoir inserrés dans le bras de la créature ne sont ni une fantaisie louffoque, ni la preuve d'un certain sens de l'humour de la part du Rpiste, mais simplement une vétille à occulter. C'est la forme de la bestiole en soit qui me plaisait bien.

    - Coeur de l'oubli modifié, j'ai opté pour l'aspect offensif. Tu n'as pas compris l'usage du partage d'âme, tu y voyais un aspect pratique et matériel là où j'exposais une manière d'enrichir une certaine proximité avec autrui dans la mesure ou Anakiel, comme le RPiste d'où le fragment d'âme proviendrait, auraient eut un lien d'empathie. Cette facette ne servant qu'à cela.

    - Armure du crépuscule, j'ai supprimé l'épée.

    - La chevelure : j'ai bel et bien pris en compte le détail, mais vu que j'ai parfois énormément de mal à faire rentrer mes personnages dans le moule du conformisme (...mais ça, tu le savais déjà) , je lui ai conféré certains atributs un peu spécifique. Sommes toutes, les cheveux sombres. Une vétille qui a d'ailleurs été acceptée pour le cas de Sirion. Si tu y cherches une raison valable, je me suis un peu creusé la cervelle et ai fournis l'explication (certes farfelue...) à travers le script de l'Armure du crépuscule.

    - Palais d'Umbriel modifié par le terme "manoir" : l'habitation des jumeaux Zaradiel et Zarathos (on est friqué ou on l’est pas mdr). Non un lieu de fief.

    - Paragraphe 1 et 2 retouchés, concernant Ridolbar. Anakiel a voulu s'essayer à la vie seigneurial, pensant y trouver son compte, mais son mépris envers la noblesse l'a très vite fait changer d'avis. Il en a été lassé. De plus il nourrissait d'autres objectifs qui ne corroboraient pas avec les apanages d’une destiné aussi opulente.

    - Concernant l’introduction de Sirion dans le Background, c'est principalement pour cette raison que je n'ai pas trop péroré à son sujet, sachant que je n'ai eut que peu de nouvelles du joueur depuis son dépars (il était étudiant dans la même ville que moi). Sommes toutes, nous saurons seulement qu'Any' a eut un demi-frère nommé Sirion. Si jamais le joueur se manifeste j'aviserais avec lui. Sinon, l’info reste vague. Pertinemment.

    - Le nom du Voile d'Oeil-de-Nuit a été remanié par Occultation. En accord avec les capacités du prédateur à pouvoir se fondre dans un environnement. Remarque c'est toujours plus rationnel qu'un loup ou un renard doué de parole.

    Lol...comme tu le sais, la modestie est une seconde nature chez moi. Ton compliment me va droit au coeur^^
    Sur ce, j'espère que tout est en ordre.
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeSam 30 Juin - 18:03

_ Pour les Ladrinis, puisque modifié, cela convient.

_ Pour la griffe, joue pas sur les mots! lool La manière dont tu l'as décrite laisse suggérer une qualité presque magique sur l'aspect qu'elle aurait une volonté propre. Il n'y a pas d'aura, de voile particulier ou autre truc much sur les armes. C'est juste du métal.

_ Forme monstrueuse. Ok.

_ - Coeur de l'oubli : pour le partage d'âme, pas besoin d'essayer de penser à ma place et de comment je vois la chose. Je ne suis toujours pas pour, d'autant plus que dans l'hypothèse, si tu t'amuses à faire le coup sur tous les joueurs du forum, tout le monde aurait un lien empathique avec ton personnage. Pour moi c'est non, d'autant plus que l'empathie est déjà un pouvoir en soit.

- Armure du crépuscule. Ok.

- La chevelure : Pour Sirion, il a les cheveux blancs à l'origine. L'asticot qui le joue l'a fait devenir brun. Il n'y as pas d'exception. TOUS les lhurgoyfs ont les cheveux blancs. Je fais pas d'exception. Et tous les joueurs jouant des personnages avec une autre couleur, c'est obligatoirement une sorte de teinture.

- Palais d'Umbriel modifié par le terme "manoir". OK.

- Paragraphe 1 et 2 retouchés, Ok.

- Concernant l’introduction de Sirion dans le Background. Ok. Feinte intelligente.

- Pour le familier, ok. C'était surtout pour ne pas qu'il y est une ambiguité. La parole dotée à certains animaux n'est pas spécialement choquante quand on part de la base que tous les animaux poussent des cris et qu'ils savent en comprendre la signification : un danger, drague pour la femelle, intimidation... Mais c'est l'une rares exceptions parmi les pouvoirs accessibles aux animaux (cf dans le règlement).



Donc du coup, il y a encore le petit truc sur le pouvoir du cœur de l'oubli et tout sera en ordre.
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeDim 1 Juil - 19:33

    Scripts retouchés concernant la Griffe et le Coeur de l'oubli.

    Fiche agencée.
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MessageSujet: Re: Umbre [Lhurgoyf]    Umbre [Lhurgoyf]  Icon_minitimeDim 1 Juil - 22:51

Tout est bon maintenant.

Fiche validée

Tu vas pouvoir faire une demande de rang personnalisé dans la zone évènementielle.
Tu pourras aussi ouvrir ton compte en banque, ton journal et ta boîte aux lettres.
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