La véritable métamorphose (pv Llyrania)

Si d'aventure vous visitez la cité d'Hesperia, capital aux milles couleurs, alors n'hésitez pas à passer par la bibliothèque des lumières, immense uit de savoir où les connaissances ésoteriques cotoient les plus grandes avancées scientifiques et alchimiques. Ici, les Eclaris les plus illustres viennent compléter ou approfondir leur domaine. Mais attention, malgrès la beauté des lieux, une atmosphère de calme règne et il serait du meilleur ton de ne pas la perturber.

Il n'était pas rare de voir ici des personnes en train de feuilleter un ou deux livres et de prendre des notes, pourtant, il y eût une fois où tute l'atmosphère de la bibliothèque, chacun des regards s'arrêtait et s'attardait sur une table, où plutôt ce qu'il y avait dessus. Comme encerclé de plusieurs piles de livres compendium et rouleaux se tenait un nouveau venu, compendium ouvert, et une plume dans la main.

Il avait bien sûr proposé à qui le désirait de se servir dans sa pile, mais vu les titres, personne n'osait y toucher.

Entre un traité sur l'essence divine et un essai sur les formes élémentaires et leurs interactions se trouvait un parchemin sur la nécromancie et l'art de fair obéir aux morts. Plusieurs traités de magie noire et de théories sur les dieux trônaient fièrement défiant quiconque de venir y toucher. Les bouquins traitaient presque tous de magie, les autres concernaient les sylphides, sans parler des planches anatomiques qu'il était en train de reproduire fiévreusement. Bref, les intentions du nouveau venu avec sa mèche blanche qui sembait marmonner des choses incompréhensibles n'étaient pas claires, mais il ne devait pas être là pour quelque chose de bon. Après tout, qui irait lire sorts mortels et noires desseins sans raisons?

Il s'essuya le front et reprit de plus belle.

Bien sûr, il ne pensait pas à mal, après tout, ceux qui connaissaient cette personne savaient que son but ne serait jamais de nuir. Rick, puisqu'il s'agissait bien du plus grand aventurier, avait un but bien précis.

Depuis que les Landoner étaient partis,il cherchait un moyen de copier la benjamine de cette drôle de famille. Elle arborait, depuis la naissance des attributs félins, et en létudiant, il avait pu se rendre compte que cette apparence ne perdait nullement de l'énergie. Alors évidemment, puisque la plupart de ses dons consistaient e métamophose, il cherchait un moye d'atteindre le même résultat.

Mais le plus loin que cela avait duré, c'était une semaine, par la suite il garda le lit deux jours. Il ignorait la performance qu'il avait effectué, à 21 ans, il était un des rares si ce n'était le seul, Terran capable d'utiliser la magie sans catalyseur.

Il avait donc décidé que si personne n'existait pour lui montrer comment atteindre ce niveau, alors peut-être que quelqu'un avait existé et en personne généreuse avait écrit cette réponse. Il avaitété optimiste. Parmi les livres deja consultés, il n'y en avait aucun qui parlait du monde interne.

-Je dois trouver!

Il replongea la tête dans son bouquin de sort de boulanger.

Disposés anarchiquement contre une table basse, livres et journaux élaborés par ma propre plume ou celles de mes frères s'entassaient de manière inhabituelle. Des couvertures vieilles de plus d'un siècle s'enchevêtraient avec des plus récentes. Quelques coins de pages retroussés notaient l'attardement que j'avais partagé pour certains textes. En pleine constatation, j'épluchais mémoires et recueils de magie non sans une attention particulière. Cela faisait bien quelques mois, voir une année que je n'y avais guère plongé le nez. La bibliothèque regorgeait fréquemment de nouveaux traités portant sur divers sujets des plus intéressants. Se mettre au courant des évènements de l'actuelle décennie était une nécessité pour survivre aux changements du peuple puis comprendre ses pensées souvent bien austères. Je le pensais toujours, comme une pensée muette qui se transposait inévitablement dans mon regard angoissé. Les habitants ne survivant point à plus d'un siècle cherchaient trop souvent à perdurer. S'enrichir de manière à indisposer le temps lui-même devenait une manie chez plusieurs. Les plus craints d'Istheria se reposaient quelques fois entre ces murs lumineux. Toute l'agitation provoquée par la mort du maire m'inspiraient mauvaise grâce. Les dossiers entre le rayonnage diminuaient en quantité considérable… Ce qui ne changeait pour autant mon principal point de vue. J'adorais constater, chaque jour, l'évolution constante qu'imposaient ces ouvrages ancestraux à ses visiteurs.

J'ouvris mon plus récent recueil de notes dont la couverture de velours bleu nuit effleura délicatement ma paume. Une plume d'un gris léger, parsemée de taches opalines, tourna majestueusement entre mes doigts pour plonger sa pointe aiguisée à la surface d'un minuscule encrier. Du petit bocal de vitre se dégageait des arômes sauvages d'angélique puis de verveine. Ce mélange de plantes peu commun donnait une mixture émeraude qui s'accrochait limpidement à la chatoyante penne de faucon. Ma main satinée s'appliqua à inscrire quelques mots lorsque des vibrations rythmées basculèrent de la porte à mon oreille. Sourde, je percevais néanmoins les changements d'airs parfois imperceptibles pour qui ne savait aiguiser ses sens naturels. Je poussai instinctivement mon dossier vers l'arrière pour répondre à qui attendait patiemment au revers de la cloison. Les traits graciles d'une charmante prêtresse se figèrent de stupeur puis se détendirent aussitôt à la vue de mon sourire chaleureux. Ses lèvres remuèrent d'une cadence animée alors que m'occupai à en lire chaque syllabe.

- Pourriez-vous transmettre mes salutations à votre collègue ? Oh, et je souhaiterais emprunter pour quelques temps cet ouvrage si vous me le permettez.

Quelques dias roulèrent généreusement de l'ample manche rosée de la cimmérienne pour cet emprunt de longue durée. Les voyages d'Hesperia à la cité de Hellas n'étaient guère sans risques pour une dame de sa stature. J'estimai que sa prochaine visite à la bibliothèque des lumières n'allait guère s'exécuter avant la prochaine saison. Toujours aussi fière de semer tant banalement la confusion en revêtant mon corps originel, j'acceptai vigoureusement les gains que l'on m'offrait. Rare étaient ceux qui contribuaient réellement au bon fonctionnement de cet établissement pour l'utilisation énorme et quelques fois abusive que les habitants en faisaient.

- J'y veillerai. C'est moi qui vous remercie. Que votre route soit paisible !

L'aimable lectrice tourna promptement les talons puis s'en alla rejoindre son royaume de glace. « L'apparence n'est que l'enveloppe retenant le cœur de l'esprit. Elle se déforme comme un papillon se transforme, elle évolue selon les éléments qui s'harmonisent en une grande et unique magie ». Je refermai précautionneusement mon journal avant de verrouiller prudemment mes appartements. Nombre de mes effets personnels ne devaient se retrouver entre les mains de lecteurs peu avisés. Les nombreux bracelets d'argent qui encerclaient méticuleusement mes bras donnaient certes une allure féminine à mon corps de jeune homme aguerri. D'un automatisme, mes iris dorés devinrent d'un rose crépusculaire, quelques formes se soulevèrent dans ma poitrine puis ma chevelure écarlate pâlit jusqu'à prendre une fine pigmentation bleutée. Tous me reconnaissaient sous cette forme de bibliothécaire exemplaire. Lorsque j'arrivai dans la salle ponctuée de vastes tables, je m'arrêtai nettement à proximité d'un jeune aventurier. Tandis qu'il furetait un exemplaire avec une détermination rare, j'en saisis un autre parmi les siens qui, à ma plus grande curiosité, traitait sur la magie découlant de l'essence divine.

- Hmmm…

'Le moment où la pâte est agité peut être réduit à zéro, économisant conséquemment le temps et les ressources, ce qui double le niveau d'économies. Néanmoins tout bon manipulateur de matière doit savoir que ce qui sera gagné en temps sera perdu en gôut. Toutefois une pratique assidue peut remplacer efficacement les effets de la nature. Rappelons à nos lecteurs que la manipulation de mie est un domaine empirique où seule la pratique pourra amener au chef boulanger l'intuition necessaire pour une cuisson instantanée. Rappelon que pour cette pratique il est nécessaire...'

Sa plume arrêta de crisser, enfin il allait obtenir un renseignement supplémentaire, certes ce livre avait été pour ainsi dire plus ennuyeux que Les Sorts de traitements des eaux de A à Z, mais finalement, il avait été payant de le lire, un secret de maître, de manipulateur de matière allait lui être révélé.

'...d'utiliser un catalyseur...'

Sa tête fit connaissance avec le bois dur de sa table, encore une fois. Peu importait l'angle qu'il prenaît, les véritables connaissances, celles qu'il cherchait étaient hors de sa portée. Dissimulées par un nombre incommensurable de sujets n'ayant rien à voir avec l'essence divine. Ah ça oui, magie avec catalyseurs il y en avait des ouvrages dessus. Mais magie sans... C'était une autre histoire!

Avec un soupir, il referma le livre, ferma les yeux et ouvrit son compendium. Les rouvrant, il écrivit:

En laissant une pâte reposer, celle-ci se met à gonfler.
Si on la met au four, celle-ci se met à gonfler.
En "liant la mie" à nouveau la pâte se met à gonfler.
La différence étant l'intervalle de temps, la chaleur ne serait-elle qu'un moyen d'accélérer le gonflment de la pâte? Et en généralisant, permettrait-elle d'accélérer toutes sortes de choses?

Une question plutôt interessante, mais i ne faisait que digresser, en même temps, à force de lire, son attention commençait à baisser, en fait, il avait vraiment envie de bouger. Il aurait bien pris des sucreries à l'heure actuelle, mais il était interdit de manger dans une bibliothèque. Il prit une gorgée de son outre d'eau, la referma, s'étira, et ramassa un autre bouquin qui allait lui donner mal à la tête.

'Théologie comparée des cycles magiques et manifestations extraordinaires... Ça parle de cycles magiques, y a peut-être quelque chose dedans!'

Il ouvrit une nouvelle page de son compendium, plongea sa plume dans l'encre, la posa contre le papier, et commença sa lecture.

' Partie 1De l'étude des cycles naturelles, chapitre 1: De l'influence de Talum sur le comportement de la flore.

Le mouvements des astres a toujours passioné les différentes cultures qui'

-Hmmm...

Certes, le bouquin se promettait d'être ennuyeux, néanmoins toute persone qui s'est déjà assise pour lire a au moins une fois eût l'impression d'être dans son propre monde, parfois de ne plus être car toute son attention était rivé sur le livre, parchemin, mur...

Il était donc à ce stade, et se serait probablement endormi avant la page 10 si cette voix ne l'avait pas surpris, se détournant brusquement, il vit une femme aux cheveux bleus et aux yeux rosés interessée par un des bouquins qu'il avait lu, Essences divines et secrets de la magie qu'ils avaient appelé ça.

Des bribes de phrases lui revinrent en mémoire.

'La magie est commune à chaque individu et pourtant personne ne possède la même magie...

Ce qui prouverait l'existence des dieux pourrait justement être la magie, pourtant, si l'essence divine a été acceptée, il est encore de nos jours impossibles de pouvoir la mesurer ou de voir quelconque trace de son existence en omettant la magie...

La pierre de sphène est appelée essence solide et naîtrait de tout être animal ou végétal possédant assez d'essence divine à sa mort, néanmoins une pierre de sphène traitée devient un catalyseur, or un catalyseur permet une amplification de toute magie. Il existe pourtant deux limites à cette théorie. La première vient du fait qu'il n'existe aucun être ayant maitrisé toute magie, toutefois, si la pierre de sphène était vraiment de l'essence divine, alors la magie absolue devrait exister ergo la pierre de sphène ne peut-être de l'essence divine, et ceci remet en doute l'idée d'essence divine.

Il ne préféra pas continuer ces souvenirs, la deuxième limite était bien plus cruelle, puisqu'elle consistait à essayer de transformer des individus en catalyseurs. Et la science des Eclaris pouvait se montrer parfois obstinée. Enfin si ce livre l'intéressait!

-Vous pouvez le prendre si vous voulez, mais il faudra sauter certains passages je pense!

Il reprit son livre.

Le jeune lecteur poursuivait sa lecture sans grande agitation. Ma proximité l’avait partiellement détaché des grandes lignes de texte qu’il parcourait. Pensivement absorbé par l’un des nombreux ouvrages, il me suggéra aimablement de m’emparer de celui qui reposait entre mes mains avant de replonger naturellement dans sa tâche ardue. Éplucher semblable livre entre les moindres détails s'étalerait sur encore quelques heures. Quelles recherches nécessitaient autant de volonté pour le commun des mortels ? En contrepartie, mon collège Drayken prenait régulièrement l’habitude de s’isoler avec pages ternies d’encre durant de longues périodes. De plus belle, je m’intéressai aux occupations de l'étranger. Seuls les habitués considéraient avec respect la gardienne des lieux. Il fallait comprendre que malgré mon apparence singulière et ma présence continuelle en ces lieux, la plupart des gens ignoraient ma fonction. Seuls les habitués qui me côtoyaient à chacune de leurs visites ou m’interrogeaient sur certains sujets précis, se souvenaient de ma personne. Nombreux appréciaient les conseils avertis d’une émérite sylphide. Mes connaissances avaient certes de nombreuses limites et nul n’était habile dans tous les domaines, mais j’aimais généreusement prêter main forte.

- Il comporte quelques longueurs, certes…

Mon visage s’illumina à cette réplique connotative. Un amusement apparent créa une nouvelle ébauche aux commissures de mes lèvres. L’ironie avait voulu remettre les écrits, rédigés soigneusement par les eclaris, hors de la fine poussière. Ceux-ci ne m’intéressaient plus depuis fort longtemps. Je tentai alors de dresser une portrait logique des études de l’homme.

- La science des eclaris aboutit parfois à de bien sordides conclusions. Toutefois, plusieurs techniques furent réalisées avant même la noble rédaction des ce que l'on jugerait d'irrationnelles thèses.

Les eclaris portaient l’intelligence dans l’âme. Ils transportaient avec eux une richesse de connaissances inconcevable pour la plupart des hommes. Certains se donnaient même à juste raison le titre d’Érudit. En dépit de ces caractéristiques présomptueuses, le nouveau venu ne semblait guère appartenir à cette prometteuse caste.

Une vibration stridente me parvint des hauteur de la bibliothèques. Les lumières semblèrent un instant vaciller. Quelques lecteurs ne daignèrent point bouger face à cette baisse de luminosité soudaine, d’autres levèrent le nez d'un air consternés. Comment une si petite chose pouvait provoquer une aussi grande perturbation ? Suspendu au lustre de cristal, l’adorable suricate se balançait avec l’espoir de rejoindre vélocement son promontoire… C’est à dire moi.

À mesure que Meïo effectua un imminent vol plané en ma direction, une intuition malveillante me guettait. Il manquait encore deux mètres… plus d’un… et finalement moins d’une cinquantaine de centimètres. Mon compagnon fit un atterrissage des moins contrôlés. Il n’atteignit pas même l’ombre de mon épaule, mais plutôt les montagnes de bouquins qui s’élevaient autour du terran. Mes prunelles s’immobilisèrent à la vue de ce gênant spectacle. De plein fouet, la petite bête chuta de sorte que mes précieux recueils bondirent de part et d’autres. Je n’en suis guère certaine, seulement je crus remarquer que l’être assied là avait été percuté, à sont tour, par ce drôle de brouhaha.

- Whraor…

Des minuscules yeux pétillants se jetèrent immédiatement à ma rencontre. Il s’agissait là d’une supplication bien dangereuse. Je ne restai point insensible à cette mimique tordante. Cette oeuvre de maladresse provoquait en moi une certaine hilarité. Néanmoins, je m’inquiétais pour le misérable citoyen. Suite à la disparition inopinée de l’animal, que je soupçonnai de se terrer innocemment sous la table, un soupir étrangement lourd de significations franchit le seuil de mes lèvres.

- Veuillez pardonner ce chaos.

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