Xakta Selk VS Taomi Ren Venusia

Xakta était arrivée tôt n’ayant rien d’autre à faire. Elle avait donc passée la matinée à patienter dans sa loge. Une pièce simple qu’elle n’avait prise le temps d’observer n’étant nullement venue pour visiter les lieux. Elle s’était initialement assise en tailleur à même le sol frais et dur. Dans cette position quelque peu inconfortable, elle avait fait le point sur ce qui l’avait poussée à venir rechercher la violence qu’elle fuyait tant.

Depuis qu’elle avait tuée, assassinée, sa grande sœur et fuie la troupe de coupe-jarrets qu’elle avait fréquentée, Xakta avait tenté de fuir la violence. Cela principalement pour échapper, vainement, au souvenir vivace et douloureux du trépas qu’elle avait provoqué. Elle ne s’était pourtant pas encore rendue compte de la vanité de sa fuite qui ne faisait que la retenir dans le passé sans qu’elle puisse profiter pleinement des instants présents. Alors, pourquoi avait-elle ajourné sa fuite ?

Sans pour autant avoir poussé la réflexion si loin, Xakta avait pensé que le meilleur moyen d’éviter d’user de violence était d’améliorer sa maîtrise des armes. Car, qui disait meilleure maîtrise, disait meilleur contrôle, et sur ses facultés martiales et sur soi. Et, le tournoi se révélait être une bonne opportunité pour aiguiser son maniement de la masse et de son corps et connaître plus précisément ce qu’elle valait par rapport à de réels combattants et non pas les vulgaires tire-laines qu’elle a régulièrement l’occasion d’appréhender.

Sa volonté d’agir à l’encontre de son éthique était inflexible. Car, pourquoi prendre une décision, même mauvaise, si c’était pour en changer sans bonne raison apparente ? Sa participation au tournoi étant d’ordre personnel, la Chevalière avait décidé qu’elle n’arborerait pas l’armure de l’Ordre. Elle ne possédait rien d’autre que l’uniforme de l’Ordre excepté ce qu’elle avait à son arrivée là-bas. Ainsi, Xakta était vêtue de simples habits pâles, élimés sans être troués et pieds nus. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait eu si peu de poids sur les épaules. Certes sa protection serait amoindrie mais ses mouvements seraient moins rigides. De plus, l’armure n’offrait qu’une protection illusoire. Ainsi, elle n’irait au combat qu’avec sa masse, une arme cependant impressionnante par sa longueur et son poids qu’elle maniant pourtant avec aisance.

L’attente s’étant prolongée, Xakta avait décidé de s’échauffer. Même si en situation réelle elle n’aurait eu l’occasion de faire de tels exercices, ce ne devait être une raison pour s’en priver alors qu’elle avait le temps actuellement. Aussi, l’appel de son prénom se fit alors qu’elle étirait les muscles de son bassin.

Elle traversa sereinement le sombre couloir la séparant de sa destination. A mi-chemin, elle put entendre le crissement caractéristique du métal contre la pierre lorsque la herse, probable vestige du passé plus sanglant des lieux, se leva pour laisser passer la Zélos. Elle passa sous l’arche de laquelle dépassaient légèrement les pointes métalliques.

Dès qu’elle mit un pied dans l’arène, sentant sous ses pieds le sable chaud, râpeux, glissant, traître, souple, fluide, elle entendit le choc de la fermeture du passage. Puis, elle sentit la douce chaleur des soleils sur le côté droit de son visage. Cela ferait deux dangers potentiels à surveiller, en plus de son adversaire qui n’allait pas tarder à entrer à son tour. Elle s’avança laissant pendre sa masse qui laissait un sillon derrière elle. Presqu’arrivée au centre, elle s’arrêta.

Xakta observait l’arrivée de son opposante. Une femme svelte qui paraissait tout en vivacité. Elle ne vit signe d’une arme. Elle doutait que la femme se batte mains nues, ce qui devait signifier la présence d’armes dissimulées. Cela annonçait un combat énervant, une confrontation qui devrait forcer la Zélos à réfléchir pour se battre. Mais, ce n’était plus le moment de se plaindre, ni de faire marche arrière. Elle était en ce lieu pour découvrir l’étendue de ses compétences martiales, et les améliorer. Son adversaire serait parfaite pour cela.

Elle observa Taomi, sans lâcher son arme, et s’adressa à elle : « Hum… je me nomme Xakta Selk. » Elle faillit préciser qu’elle était une Chevalière de l’Ordre d’Oris, mais elle se rappela à temps qu’elle était ici pour raisons personnelles. « Hum… battons-nous bien et avec vaillance. » dit-elle avec sérieux et calme. Elle réfléchit un court instant à ce qu’elle pouvait rajouter, mais rien ne lui vint à l’esprit. « En garde ! » termina-t-elle donc vivement.

Quatre années plus tôt, Xakta devait affronter le maître d’armes de l’Ordre. Un Terran faisant à peine la moitié de son poids mais d’un âge similaire au sien. L’homme se tenait en position basse, sans arme, face à la Zélos en possession de sa masse. Il s’agissait d’un entraînement dont l’objectif était simple et consistait à toucher son opposant. Une matinée avait passé sans que Xakta ne parvienne à atteindre, ni effleurer, le maître d’armes. Ce dernier bien qu’en sueur ne paraissait que peu fatigué, bien moins que la Zélos. « Xakta, jamais tu n’arriveras à me toucher si tu continues à balancer ta masse ainsi. Ne te focalise pas sur l’endroit où je me trouve. »

Elle resserra la prise de sa masse et s’en saisit des deux mains la passant à la verticale dans le prolongement de son corps. Puis, elle s’élança, légèrement déstabilisée par le peu d’adhérence du sable, en direction de la Yorka. Et, à portée, elle abaissa violemment la masse sur sa cible.

Taomi. Xakta avait appris le prénom de son adversaire. Chose peu utile lors d’un combat excepté lorsqu’il s’agissait de savoir quoi inscrire sur la tombe du perdant. Cependant, le combat, bien que non amical, ne devrait se poursuivre jusqu’à ce que mort s’en suive. Tout simplement car si l’un mourrait, l’autre risquait la même sentence.

Et donc, comme la Zélos s’y était préparée, son coup n’atteignit Taomi. Cette dernière était plus rapide qu’elle, mais cela elle l’avait déjà deviné, prévu. La tête métallique de sa masse ne fit que s’enfoncer dans du sable, et non de la chair. Maigre consolation, elle gâcha moins d’énergie que si elle avait frappé dans le vide. La réponse se fit immédiate, le temps de soulever son arme, Xakta se prit deux claques sèches administrées par l’éventail manié par Taomi. Elle était vraiment plus rapide.

Le début du combat étant tel qu’elle l’avait imaginé dès qu’elle avait vu la Yorka, Xakta décida de continuer de la même manière. Au moins pour quelques passes. Ainsi, elle se contenta de lancer des assauts vifs et frontaux tout en balançant, aisément, la masse verticalement dans le vain espoir d’aplatir son adversaire.

Evidemment, chaque attaque fut facilement esquivée. D’un simple pas, voire un petit bond, Taomi se mettait hors de danger mais toujours en position de répliquer. Ce qu’elle faisait, avec plaisir apparemment, en assenant des coups avec le plat de ses éventails sur les parties du corps massif à portée. Les dégâts que Xakta avait reçus étaient encore moindres. Néanmoins, ils finiraient par laisser leur trace si cela continuait ainsi.

Ces quelques échanges n’avaient pas permis à la colosse de prévoir les mouvements de Taomi. Ils ne furent inutiles car elle comprit que les éventails n’étaient pas qu’uniquement ce qu’ils paraissaient être. Elle avait deviné qu’ils dissimulaient quelque chose, dont elle ignorait encore ce que c’était, à force de recevoir des coups plus puissants que ne devraient pouvoir faire ce genre d’objet. Elle avait aussi réussi à s’habituer à l’instabilité sableuse.

Ce tour d’échauffement était à présent terminé. Si elle voulait arriver à quelque chose, elle se devait d’agir. Elle aurait pu tout simplement attendre que son adversaire fasse le premier pas, mais cela ne servirait à rien.

Gardant un visage toujours aussi stoïque, Xakta répéta pourtant les attaques précédentes. Elle fonça vers la Yorka et abaissa vivement sa masse. Taomi esquiva, évidemment. Mais, avant que la masse ne s’enfonce une nouvelle fois dans le sable, elle changea le mouvement descendant et profita de la force d’inertie pour effectuer un balayage en direction des jambes de son adversaire.