Par monts et par vaux

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_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
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 Par monts et par vaux

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Par monts et par vaux   Par monts et par vaux Icon_minitimeMer 12 Juin - 19:39

Depuis sa renaissance en ce monde, Shii'Zil n'avait cessé de voyager. Vagabonde dans l'âme, curieuse silhouette nimbée d'écarlate, elle allait de ville en village, de plaine en colline, traînant son fardeau pour redécouvrir cette terre qui fut jadis sienne. Affrontant les paysages les plus chaotiques comme les plus luxuriant avec le même flegme, autant dire qu'elle allait de découverte en découverte comme de tristesse en tristesse également. Quelle douleur était-ce de se rendre sans cesse à l'évidence, comme même l'histoire semblait avoir oublié l'existence de sa race... Tant de choses avaient changées, évoluées... Tout paraissait être désormais que pour donner l'impression à Shii'Zil qu'elle n'était nulle part à sa place.
Et il n'était pas rare qu'elle dusse faire de grands efforts pour comprendre certains comportement venant de la part des autochtones foulant ces vastes pays, quand bien même la mémoire de son hôte lui en avait apprit beaucoup. Leurs us et coutumes lui étant partiellement méconnu ou incompréhensible.

En neuf mois, la jeune Silyméa aidée de sa monture, pouvait se targuer d'avoir parcourut une bonne partie d'Isthéria, à savoir en particulier Eridania pour laquelle il lui semblait éprouver une étrange attache, et Phelgra. Oh, ce n'était pas facile tous les jours, car l'errance comportait son lot de dangerosité comme d’imprévisibilité. Mais portée par les rumeurs et autres on-dit, elle avait adapté son chemin en fonction et au grès de ses envies. En dehors de cela, jamais elle ne s'établissait quelque part bien longtemps. Même si elle pouvait sur un coup de tête proposer ses services pour quelques jours à quelques semaines. Oui, il n'était pas rare qu'elle daigne aider des gens dans le besoin, mais parfois certaines injustices la faisait littéralement suffoquer d'effrois.

Actuellement mue par l'espoir probablement vain de découvrir des traces de son peuple, la Silyméa poursuivait l'idée de rendre une petite visite aux Eclaris, notamment dans l'espoir de consulter leurs bibliothèque colossale disait-on. Après tout, elle ne perdait rien à aller jeter un œil là-bas si ce n'était quelques semaines dans une vie qui durerait probablement des siècles. Faute d'un but plus pressant dans son existence, cela lui paraissait être une bonne idée.

Spectre s'ébroua d'impatience. Sous son voilage, le corps nu de Shii'zil résistait tant bien que mal au froid mordant, qu'une volonté inébranlable à endurer la souffrance parvenait très bien à ignorer. Si la nuit avait été rude, aucun de ses membres ne paraissait trembler pour autant. Seule sa mâchoire était soudées avec force et détermination. Pour autant, aucun sentiment particulier ne s'affichait sur son visage fermé. Cela faisait presque vingt minutes qu'elle contemplait Mavro Limani depuis une colline surplombant la grande ville portuaire. Baignée dans le silence le plus total de cette aube pâle et grisonnante de Famael, la jeune femme ne pouvait se défaire d'une certaine appréhension. La dernière fois qu'elle avait pénétré ce lieu, sombre ramassis de voleur et scélérat en tout genre, quelqu'un avait manqué voler son cheval pendant qu'elle avait le dos tourné. Tant d'audace n'était pas sans lui donner de quoi réfléchir et elle songeait qu'il serait vraiment malvenu que quelqu'un s'empare de Spectre. Vraiment...
Hélas, il lui fallait pénétrer le port pour tâcher trouver un navire susceptible de l'amener sur les côtes de Pharis -dont elle avait entendu beaucoup de bien parallèlement- et tenter rejoindre Amaryl plus rapidement.

Un fin voile de brume renforçait l'aspect déjà lugubre et sordide de la ville dont Shii'zil ne détachait plus les yeux. Finalement, lassée de cette attente superflue elle talonna l'étalon qui se mit au trot, bienheureux de sortir de cette immobilité forcée. Pour sa part, plus elle approchait, plus elle se recroquevillait sur sa monture. Emmitouflée dans son tissu rouge comme elle l'était, désireuse de donner à sa personne un air valétudinaire, elle se laissa porter jusqu'aux portes de la ville qu'elle franchit sans mal. Sur son passage, les animaux se mettaient à grogner ou déguerpir sans qu'elle ne s'en préoccupe, même si cela avait le don d'attirer sur elle des regards soupçonneux où qu'elle se rende. Peut-être ces bêtes étaient-elles les seules à même de reconnaître le Silyméa en elle...

Enfin les quais s'annonçaient. Shii'zil faisait avancer son cheval au pas, jouant des ombres projeté sur son visage pour brouiller l'aspect de celui-ci avec son pouvoir. En cette heure matinale, il était étonnant de constater que nombre de personnes étaient déjà tout à leur tâche, préoccupées par la bonne marche de leur activités à crier des ordres à tout va. Alors que le son sec et tintant des sabots de spectre résonnait dans la ruelle qu'elle traversait, une odeur âpre vint chatouiller ses narines sans qu'elle réussisse à l'identifier. Un peu plus loin, elle se redressait. Voir tous ces gens courir dans tous les sens avait toujours eu le don de faire relever un sourcil circonspect à la cavalière, pour qui jamais rien ne semblait vraiment compter.

« Nous y voilà, Spectre. » dit-elle machinalement en s'adressant à son cheval et lui flattant l'encolure.

Bon nombre de navires étaient accostés aux quais. Seulement, Shii'Zil n'avait jamais emprunté pareil moyen de transport. A qui devait-elle s'adresser ? Elle rechignait à se mêler à la population locale. Curieuse tout de même, peut-être ne trouverait-elle pas ce qu'elle cherchait mais il fallait toujours tenter...Au hasard, elle en choisit un et s'arrêta devant celui-ci pour l'étudier, levant ses yeux nacrés sur son voilage. Immobile forme rouge sur son cheval noir, elle renifla puis s'essuya le nez avec un pan de sa tenue, désormais imperméable à ce qui se passait alentours...
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Par monts et par vaux   Par monts et par vaux Icon_minitimeMer 12 Juin - 23:09

La semaine avait été fructueuse. D'abord, un navire qu'il avait fallu démanteler dans un coin plutôt... secret... des Criques. Une véritable mine d'or, d'ailleurs. Un superbe mât, un safran en parfait état, une barre ouvragée... Une véritable œuvre d'art. Un sourire avait presque étiré les lèvres pleines de la Zélos. C'était en réalité une vision bien effrayante, comme auraient pu en attester les mousses qui travaillaient avec elle. Voir ce visage gris et hautain, balafré et tatoué, afficher une joie enfantine avait de quoi perturber le plus sain des esprits. De toute évidence, certaines émotions n'avaient simplement pas leur place en elle.

Avec un soupir satisfait, elle avait donc pu stocker le beaupré et le mât d'artimon, même si le grand mât avait fini par céder sous le poids des voiles. Ils en avaient récupéré des sections, pour tailler des planches qui serviraient à colmater éventuellement une fuite. En revanche, la boussole et les cartes du Capitaine, qu'ils avaient récupéré sur son cadavre, étaient tombées à l'eau, mais le bosco, qui les lui avaient confiées, se contenta de se frapper le front du plat de la main. Il avait su à quoi il s'exposait...

Ils avaient donc été occupés plus que leur compte, puisque qu'avec la mort du Maître-Voile, le bosco et les gabiers étaient débordés, et Cèdre devait, le plus souvent, se débrouiller seule. D'ailleurs, quand ils avaient reçu, trois jours plus tard, une demande d'aide des Marins de Noxis, ils s'apprêtaient à repartir pour Mavro Limani récupérer une cargaison et essayer de recruter quelques aides.

Le détour avait, cependant, été des plus intéressants. Ils avaient troqué le beaupré, les planches, quatre focs et trois jours de travail contre des tissus de bonne qualité, quelques métaux précieux, une pierre de sphène et des tonneaux de nourriture.

Alors qu'elle ponçait, lissait, martelait, concentrée sur le navire mis à sec dont la carène était sérieusement endommagée, les pirates discutaient et riaient, vidant un tonnelet de rhum durement gagné lors d'une intervention la saison précédente. Les nouvelles s'échangeaient, les Royaumes restaient les mêmes, les factions n'avaient bien souvent que faire des Marins, à leur plus grand plaisir.

Pendant l'intervention d'un de ses apprentis, le grand mât se fendit et dût être renforcé, rallongeant considérablement leur intervention. Les vivres s'épuisaient, les hommes jouaient, gagnaient et perdaient de l'argent, le ton montait, les sangs s'échauffaient, et le départ fut décrété peu de temps plus tard, lorsqu'il furent opérationnels au moins le temps de rejoindre une véritable zone de carénage pour s'acheter plus de matériaux.

Les adieux furent brefs et tendus, quelques pirates qui prenaient la même passerelle que Cèdre tombèrent à l'eau avec celle-ci quand la planche céda, faisant rire l'équipage de la Blanche-Nef, habitué à ses exactions involontaires. Les autres apprécièrent beaucoup moins, mais on se quitta malgré tout en assez bons termes.

Assise sur le banc, proche de la barre, comme bien souvent (même s'il s'agissait normalement de la place réservée du Capitaine), Cèdre réfléchissait en se remémorant cette semaine. Ils faisaient voile vers Mavro Limani, fendant les étendues bleutées de la Mer Intérieure. Le vent était vif et frais, rafraîchissant mais n'obligeant nullement les marins à se protéger des embruns plus que d'habitude. Mouillés pour mouillés, ils savaient qu'ils atteignaient le port bientôt, et qu'ils avaient réuni un joli pécule depuis leur dernière permission à terre.

Ce n'était pas pour rien qu'on appelait la Blanche-Nef une Reine des Quais. Toujours en mer, au plus grand bonheur du Maître-Charpentier qui n'appréciait rien plus que ces longues semaines sans voir la terre, accompagnée uniquement de sa "famille", les mains dans la sciure, le vent sur son visage. Par Soulen, elle appréciait même les tempêtes, quand les hommes devaient donner leur maximum pour ne pas passer par-dessus bord, quand le timonier luttait pour tenir la barre, quand elle devait courir de la poupe à la proue, de la dunette à la cale en passant par les ponts, pour calfater les fuites.

La béatitude qui l'avait envahie à ces souvenirs reflua. Ils arrivaient en vue du port. Elle n'y faisait jamais bonne impression, elle devait avouer. Elle finissait toujours par casser ou faire tomber quelque chose, elle dépassait tout le monde de plusieurs têtes, on ne voyait qu'elle... Le potentiel catastrophique de ses visites à terre était tellement colossal qu'elle sentit la chair de poule envahir ses bras musclés et couturés de cicatrices.

Avec un soupir, elle secoua la tête avant de défaire le lien de tissu qui retenait ses tresses ensemble, faisant cliqueter les perles de verre alors que la masse noire se répandait le long de son dos. Au moins, elle aurait peut-être l'occasion de prendre un bain chaud. Se relevant péniblement, elle épousseta ses vêtements couverts de sciure de bois, une odeur rassurante, et descendit dans ses quartiers. Enfin, si on pouvait parler de quartiers... Elle dormait avec les autres, dans un hamac, mais elle avait l'immense privilège de le faire derrière un paravent.

Personne n'avait besoin d'elle pour accoster, aussi s'assit-elle à même le tillac pour revêtir ses lourdes bottes renforcées en espérant ne pas tomber à l'eau avec, mais aussi les épaulières et gantelets qui dissimulaient ses bracelets. Du bout de ses doigts calleux, elle caressa les pierres de sphène. Elle ne s'en servait presque jamais, aussi étaient-elles toujours en bon état, donc il valait mieux être prudente. Mavro Limani était un repère de bandits, après tout.

Elle ressentit une légère secousse et entendit du bout des oreilles les ordres de débarquement. Le mât supplémentaire et la barre se vendraient à bon prix, et le réapprovisionnement ne devrait pas poser problème cette fois. Se relevant une nouvelle fois, elle se saisit de son labrys avant de s'acheminer vers le gaillard d'arrière. Il était toujours plus prudent pour elle, et surtout pour les autres, de descendre en premier.

Le Capitaine avait décidé qu'ils resteraient trois jours à terre, le temps de trouver acheteur et de remplir les cales, et le bosco avait sa tête des mauvais jours. Il ne serait de permission que le dernier jour. Cèdre avait le premier, mais cela l'indifférait en réalité. D'ailleurs, le Chirurgien lui demanda d'échanger son quart, ce qu'elle fit volontiers. Cela lui laissait un jour pour se faire à l'idée de remettre le pied à Phelgra.

C'était toujours une petite épreuve en soi. Elle avait cru vider les lieux définitivement quand elle avait quitté Themisto, mais apparemment, Bor avait décidé qu'elle y reviendrait. Elle préférait de loin accoster aux Criques, où elle avait ses habitudes, qu'ici. Les souvenirs revenaient toujours, ici. Comme si l'air était vicié et ne renvoyait que les mauvaises expériences. Ils surgissaient toujours de sa mémoire, les esclavagistes, les mercenaires, les... autres.

Anxieusement, elle vérifia que son équipage était encore là, en bonne santé, vivant. La nuit tomba rapidement, le fond de tonnelet de rhum dévala les gosiers comme un rafiot mal ferlé par gros temps, les dés, tous pipés, roulèrent, les cartes, truquées également, furent lancées au visage, et finalement le Bosco sortit sa flûte. Il ne le faisait que quand ils étaient ancrés près d'un quai, comme s'il avait besoin d'un public de terriens pour apprécier son art. Ils chantèrent, dansèrent, rirent et burent, fiers d'être des Marins.

L'aurore éclairait déjà de ses longs doigts roses l'horizon quand Cèdre sentit la fatigue la gagner. Elle était restée éveillée toute la nuit, assise sur la dunette arrière, surveillant l'horizon, refusant de se tourner vers les quais sales et puants du port. La mer sentait le poisson et les algues, et parfois même les corps sales ou la mort, mais jamais les ordures, le sang et la dépravation comme une ville pouvait le faire. Elle avait l'impression d'y être sans cesse observée par des centaines d'yeux malveillants, comme pendant son enfance. Avec un soupir, elle s'enroula dans sa couverture cirée et s'endormit.

Elle fut réveillée brusquement au changement de quart, peu de temps après. C'était son tour de descendre à terre. Elle n'avait pas retiré son armure, à ses risques et périls, et n'eut qu'à prendre son labrys. Elle n'avait jamais de bagage. Rien à se faire voler, rien à vendre, rien à acheter, juste sa ceinture d'outils autour de la taille et sa hache comme moyen de défense. Elle poussa un dernier soupir à fendre l'âme, s'approchant du bastingage pour laisser les autres débarquer, quand elle aperçut une chose bien intrigante.

Une chose? Non... Ses yeux avisés reconnurent rapidement un cheval, sur lequel se tenait une silhouette vêtue de rouge. Elle ne voyait pas le visage de ladite silhouette, mais elle sentait son regard sur le navire. Elle songea pendant quelques instants que quelqu'un d'autre l'apercevrait, mais non. Tous passèrent à côté d'elle presque sans la remarquer, et l'attention de l'inconnu ne déviait pas non plus.

Cèdre secoua la tête et s'engagea sur la passerelle après avoir rattaché ses cheveux. Après quelques pas, son labrys chut, roulant en un mouvement presque surnaturel déviant toute loi logique, et finit par se planter à proximité de l'observateur. Elle ne souhaitait pas s'en approcher, mais elle n'avait plus vraiment le choix.

D'un regard bleu nuit, elle chassa un importun qui s'approchait trop près de son arme, sous les cris de l'équipage qui scandait "La-pin, La-pin..." de toute la force de leurs poumons habitués à communiquer pendant les pires grains.

Le plus dignement possible, elle marcha donc de sa démarche fortement chaloupée, ses outils cliquetant à chaque pas, les perles dans ses cheveux carillonnant au même rythme, dans la direction de celle qu'elle finit par identifier comme une jeune femme. Enfin, selon les critères Terrans, mais elle n'y prêtait plus grande attention ces derniers temps. Les détails de son visage étaient encore dissimulés dans sa capuche carmin, alors que la tête de la Zélos était nue, exposant ses cicatrices et le tatouage d'esclave sur son front. Les bouts d'armure disparates, auxquelles elle n'était pas très habituée, dévoilaient malgré tout son abdomen musclé et les marques au fer rouge sur son torse, ainsi que le haut de ses bras un peu plus qu'athlétiques.

D'un mouvement souple et mille fois répété, elle ramassa la hache, la calant sur son épaule en manquant décapiter un passant qui grogna avant d'intercepter le regard un peu hautain de cet être à la peau grisâtre qui dépassait sans complexe le garrot du cheval toujours posté devant lui.

Une hésitation récurrente fit planer un certain silence sur le quai, dont les passants s'écartèrent sans en comprendre vraiment la raison, comme s'ils craignaient que quelque foudre divine s'abatte sur eux, ou qu'un affrontement n'éclate entre cette barbare et l'étrange silhouette rouge. L'état d'esprit du Maître-Charpentier était bien différent. Parler signifiait s'engager, et s'engager signifiait mettre l'autre en danger. Rester dans sa périphérie était risqué, et en cela, elle ne pouvait blâmer les badauds.

En se frottant le cou pour essayer de se convaincre, elle s'écorcha avec ses gantelets, faisant perler quelques gouttes de sang. Elle haussa les épaules, défaitiste, et se décida à ouvrir la bouche, dévoilant ses dents étrangement limées, avant de parler d'une voix presque inaudible dans la clameur du débarcadère, trop grave pour l'identifier d'emblée comme une femme:


"Désolée pour le... 'Fin ça, quoi. Cherchez quet'chose?"

C'était sommaire et malpoli, mais rester neutre pouvait sauver une vie, et ce n'était pas de la sienne qu'elle s'inquiétait, très franchement. L'air décontracté mais l'estomac noué par l'appréhension, elle attendit donc une réponse de la mystérieuse femme en rouge.

HRP:
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Par monts et par vaux   Par monts et par vaux Icon_minitimeJeu 13 Juin - 16:28

Perdue dans sa contemplation, la Silyméa était bien loin des tracas relatifs à la vie marine. Non, ce qui requérait actuellement toute son attention se trouvait être la Blanche-Nef. Immense et majestueuse, elle trouvait plutôt beau et étrange qu'un navire de cette envergure puisse naviguer sur les flots, par le seul bon vouloir du vent dans ses voilures et des hommes le dirigeant. Quand bien même...cela était-il vraiment fiable ? A en juger par l'eau sombre et trouble qui roulait tranquillement sur la coque et dans laquelle se mêlait quelques détritus indéfinissable et fort peu avenant, mieux valait que cela soit fiable, oui.

Et puis soudain, sans que nulle ne puisse le prévoir... le bruit tonnant et claquant d'une lame retentit aux oreilles de la jeune femme, telle l'écho d'une menace inopportune et subite. Alors qu'elle comprenait qu'une lourde hache venait percuter le sol à deux pas d'eux, Spectre fit un écart et répondit au bruit par un hennissement nerveux et outré. L'agitation faisant choir sa capuche, elle ne put que tirer avec fermeté sur les reines, tâchant maintenir stable l'étalon comme elle le put. Autant dire qu'il s'en était fallu de peu qu'ils ne se retrouvent à patauger dans cette fange pas nette constituant l'eau des quais ! D'un mouvement vif de la tête, elle chercha du regard l'origine d'une telle exaction et vint buter contre une silhouette massive et grisâtre quoique féminine. Celle-ci, aussi haute qu'extravagante du point de vue de Shii'zil, s'avançait comme si rien n'était dans sa direction...venait-elle de le faire exprès ? Se pouvait-il qu'elle l'ait visée ?

Une bande de marin s'était mit à crier en rythme des paroles que la Silyméa interpréta fort mal. Sans vraiment comprendre ce qui se passait ni quel était le but de la manœuvre ou l'explication de toute cette scène, elle se contenta de tourner et retourner sa tête mise à nue dans leur direction. Sans paraissait outre mesure affolée, elle reporta son regard clair sur cette immense femme. Pour le coup, s'il y avait bien une chose susceptible d'impressionner Shii'zil, c'était elle. Et cela, autant par son exotisme que par son attitude.

Comme elle se baissait pour ramasser son arme avec souplesse, un bref instant, la main de la cavalière passa sur son bâton pour parer à toute éventualité. Comme si elle s'attendait à ce que la géante ne lui saute dessus pour, peut-être, voler son cheval ?
Après un court moment cependant, il parut clair que ce n'était nullement dans ses intentions... à bien la regarder, hors sa grande et solide stature, il n'irradiait pas vraiment d'elle cette dangerosité qui pouvait habiter certain. Son corps tout en muscle, couturé de cicatrice laissait à supposer qu'elle était rompu au combat certes, mais...elle n'avait pas l'air foncièrement mauvaise. Ceci dit, elle n'avait qu'à lever le bras et asséner un grand coup de son labrys pour rependre le sang. Ce qui n'aurait pu être là que trop facile au goût de la cavalière. Pourtant, l'autre n'en fit rien.

Shii'Zil, muette et méfiante, la toisa de son air triste pendant un bon moment encore, sans comprendre pourquoi l'autre lui paraissait étrangement spéciale, depuis la position élevée que lui fournissait Spectre. Les gens semblaient s'être calmés autour d'elles et pour un peu ils s'écartaient, ce qui n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Au moins lui savait-elle gré pour une chose.

D'une oreille attentive elle écouta les excuse -du moins si l'ont pouvait appeler cela ainsi- de l'étrangère fraîchement débarquée du grand navire. Sa voix sourde et bourru détonait carrément avec sa personne, et la jeune femme dû faire un grand effort pour la comprendre.

« C'est une belle arme que tu as là. Il m'a rarement été donné de croiser une...Zélos, c'est cela ? » fit calmement remarquer Shii'Zil en réponse aux excuses que la géante tentait lui fournir. « Ce navire t'appartient-il ? »

D'un geste du menton dans la direction de la Blanche-Nef, elle reconsidéra ensuite son interlocutrice tout en abandonnant totalement son attitude défensive.

« Je recherches des personnes susceptibles de m'amener aux criques. »
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Par monts et par vaux   Par monts et par vaux Icon_minitimeDim 16 Juin - 18:54

Derrière elle, les marins continuaient à scander "Lapin" avec une effrayante régularité alors qu'elle essayait d'écouter de toutes ses oreilles la jeune femme qui lui faisait face sans pour autant trop la dévisager des yeux. Irritée par le vacarme ambiant, elle fronça ses sourcils perpétuellement levés en une expression dédaigneuse, se retournant d'un mouvement vif en balançant son labrys en un lourd arc de cercle qui décalotta une caisse transportée par un débardeur. Celui-ci lui lança un regard noir avant de devoir lever la tête pour la fixer, ce qui sembla lui rabattre le caquet et le faire fuir aussi vite que la colère de Soulen.

Une vague de culpabilité s'écrasa contre la muraille de sa colère mais ne parvint à l'abattre, comme le grain contre la coque d'un navire, et ce fut donc d'une voix basse et grondante comme un tonnerre mais qui porta sur tout le quai qu'elle lâcha un vibrant:


"SILENCE!"

Soudain, comme elle l'avait demandé, les marins fermèrent leur clapet et s'éloignèrent en riant entre eux et en marmonnant. Ce n'était pas souvent qu'ils arrivaient à la faire sortir de ses gonds, et ils savaient qu'elle détestait devoir faire cela, car, bien souvent, une nouvelle catastrophe s'ensuivait. Avec un petit soupir contrit, Cèdre reprit sa position initiale, une main sur la hanche, la seconde sur le manche de son labrys jeté par-dessus son épaule, face à la jeune femme.

Celle-ci ne semblait ni jeune ni vieille, ou plutôt les deux à la fois, ce qui ne manqua pas de surprendre la Zélos. Les voiles rouges qui l'entouraient soulignaient sa peau blanche, ses cheveux noirs et ses yeux terriblement clairs qu'elle ne put que fixer de ses pupilles bleu nuit. Ils avaient l'air de... changer? Elle secoua la tête, faisant cliqueter les dizaines de perles de verre. Cela paraissait terriblement surréaliste, ou magique, deux forces avec lesquelles elle ne voulait pas frayer (on ne dit pas les marins superstitieux pour rien), et se concentra sur ce qu'elle disait plutôt que sur la mélancolie qui semblait émaner d'elle et faire écho à la sienne propre en se disant que s'attacher provoquait des catastrophes et que tous ceux qui avaient tenu à elle étaient morts. Pour elle, la Blanche-Nef était en sursis constant et donc un sujet d'inquiétude perpétuelle, raison pour laquelle elle n'aimait pas la quitter.

Quand la femme lui fit remarquer qu'elle avait une belle arme, elle lança à celle-ci un regard nostalgique. Encore un exemple de ce qui lui restait des ruines de son passé. Avec un petit rire qui résonna comme un halètement, elle se dit qu'elle se complaisait dans le mélodrame et continua à l'écouter avant de répondre avec un sourire passablement effrayant qui dévoila ses dents limées, même s'il avait été fait dans l'intention de rassurer:


"Zélos, oui. J'ai jamais rencontré 'rsonne comme toi non plus, ma belle, t'inquiète pas."

C'est tout ce qu'elle avait trouvé à lui dire, mais en y réfléchissant, elle trouvait ça plutôt véridique. Jamais elle n'avait vu de jeune personne avec un regard si ancien et lourd, et ce contraste la rendait plus fascinante que belle, même si pour Cèdre toutes les femmes étaient magnifiques. D'autant plus celles qui n'étaient pas Zélos... Elle n'avait pas suffisamment été élevée par les siens pour adopter leurs critères esthétiques, et vivre avec des marins en manque de chair n'avait pas aidé.

Cela dit, ses préoccupations n'étaient pas là, mais plutôt sur la question posée. La Blanche-Nef lui appartenait-elle? Oui, incontestablement, elle en connaissait plus sur elle que n'importe quel autre pirate de son bord. Le moindre grain du bois de la coque aux mâts, de bâbord à tribord, de la poupe à la proue, avait été examiné, poncé et réparé maintes et maintes fois par ses doigts calleux et gris, renforcé subtilement par sa magie, et surtout baigné de sa sueur au cours des années. Cependant, sur le papier, le navire lui appartenait encore moins qu'elle-même.

D'un regard triste, elle ne put qu'effleurer ses courbes charnues, sa ligne gracieuse et effilée, son profil fier, avant de répondre d'une voix toujours aussi sourde mais mâtinée de résignation:


"Nope ma p'tite dame. Chuis just' Maît' Charpentier à bord... Mais l'Capitaine est un bon gars, alors s'il peut aider, le f'ra sans rechigner."

De sa main libre, posée sur sa hanche, elle esquissa le geste universel évoquant les espèces sonnantes et trébuchantes, signifiant qu'un pirate pouvait tout vous offrir, même les lunes, pour peu que vous y mettiez le prix. D'un regard expert, elle évalua la potentielle cliente. Le cheval était beau, mais elle n'y connaissait rien. D'autant que ça coûtait cher, puisqu'il fallait le ravitailler et qu'il prenait une place inutile dans la cale. La femme, en revanche, n'avait pas l'air particulièrement riche, mais les assassins les plus fortunés ou même les voleurs cachaient en général bien leur jeu.

Quand elle évoqua les Criques, en revanche, la Zélos hocha la tête. Ils s'y rendaient fréquemment, et elle avait hâte d'y repasser pour voir son courrier. Elle ne recevait jamais rien, mais l'attente, espérer que peut-être cette fois elle aurait des nouvelles des rares gens vivants qu'elle avait laissés derrière elle et à qui elle avait fait passer le mot, l'aidait à surmonter les pires moments chaque année.

Maladroitement, elle posa son labrys lame au sol, le manche posé contre son abdomen ciselé et tendit sa main droite à la jeune femme pour la saluer presque poliment avec un hochement de tête:


"Cèdre... Mon nom, pas l'navire. Elle, c'est la Blanche-Nef. On fait des allers-retours fréquents entre... partout et partout en fait. Mais n'a un point d'chute aux Criques. L'trajet dépendra d'si tu veux êt' discrète ou pas, et d'si tu prends l'canasson 'vec toi. N'est en plein ravitaillement, mais si Soulen veut bien, ça d'vrait pas êt' trop long. Si ça t'va, on d'mande au Cap'taine ou au S'cond."

A la mention de Soulen, Cèdre avait penché la tête pour cracher par terre en signe de respect avant de se souvenir qu'elle était sur un quai et qu'elle discutait avec quelqu'un qui ne connaissait pas les coutumes. Elle ravala donc sa salive avec un petit grognement puis releva la tête, légèrement, pour attendre la réponse.

En elle, la perspective de prendre un passager et de pouvoir en apprendre un peu plus sur les terriens la réjouissait, même si ses craintes habituelles la tiraillaient avec force. Elle savait qu'elle pouvait se sortir de beaucoup de choses. Pas par vantardise, simplement elle semblait aussi dur à tuer qu'un cafard. Mais la plupart des Terrans étaient fragiles et leur vie éphémère, à tout le moins plus que la sienne.

C'est donc avec ces interrogations en tête qu'elle patienta, concentrée sur son interlocutrice...
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