Inquisition et négociations

News & Infos

C'est ici que vous trouverez les dernières infos du moment, les utiles et moins utiles.

Temps actuel

Effectifs

• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

Lien recherché

- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

Code par MV/Shoki - Never Utopia



 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  


-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Inquisition et négociations

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeMer 20 Mar - 1:30

[Flash Back]
[Cet épisode se situe après la désertion de Veto. Durant cette escapade, il rejoignit Hesperia où il officialisa son adoption en tant que fils adoptif d’Ision Lorindiar. Il retrouva plus tard son équipe et le caporal-chef ordonna son arrestation.
À leur retour à Hellas, Veto est mis en cellule à la caserne.]
***
[Cet épisode raconte son incarcération et sa remise en état avant son transfert au tribunal.]
[Après un léger laissé-allé dans une première partie, vous trouverez plus bas une deuxième partie plus intéressante et plus interactive. Cette première partie est donc facultative.]

[Première partie | Inquisition]

Quelques hommes entrèrent. Veto venait tout juste de remettre ses deux lettres à un collègue au côté duquel il avait patrouillé quelques fois. Celui-ci s’occupait désormais des gardes-à-vue et encore une fois, c’était une chance étrange que Veto ne s’expliquera jamais. Décidément, il planait sur le jeune Havelle une étrange puissance qui faisait qu’en définitive, quoi qu’il arrive, ce monde ne pouvait lui faire de mal mortel. Cependant, il pourrait sans aucun doute lui faire subir des maux moindres. Et ça, ce monde ne s’en priverait pas !

Avant que Veto ne puisse identifier ces hommes, un sac fut placé sur sa tête, ses mains furent douloureusement nouées dans son dos et on lui asséna un coup de matraque dans le ventre qui lui coupa le souffle et le laissa prostré. Mais il ne put atteindre le sol, plusieurs paires de mains le soutenant et le traînant ailleurs.

Lorsque la lumière reparut quand on lui retira le sac, elle lui sembla alors violente mais il n’en profita pas longtemps : un violent coup de matraque le projeta au sol et l’assomma à moitié. La vue troublée, il se sentit malmener et soudain, l’acier froid vint enserrer ses poignets.


« Qu’est-ce que tout cela signifie ? Je... Je veux parler au commissaire Gardif… »

Pour seul réponse, il eut un crachat en plein visage et un coup de pied dans le ventre.
Gémissant et tordu au bout de ses chaînes, Veto faillit pleurer sous la douleur et l’incompréhension. Depuis quand l’armée Cimmérienne avait-elle adopté de telles pratiques ? C’était impossible. Il l’a connaissait bien et croyait en son intégrité.

Son visage déjà couvert de rouge se redressa doucement et sa vue brouillée par les vertiges, les larmes et le sang dans ses yeux chercha des visages à identifier. Il connaissait beaucoup de gardes. Peut-être qu’il pourrait obtenir une explication.


« Baisse les yeux, chien ! »

Un nouveau coup de pied le fit obéir et le laissa pendre lamentablement au bout de ses chaînes.

« Jusqu’à preuve du contraire, tu es considéré comme un traitre alors je te conseille de te montrer conciliant. »
« Je connais votre voix… »
« Ha ! C’est possible. T’as la nuit pour réfléchir. Demain on commencera les choses sérieuses. »

Le dernier coup de poing le fit sombrer dans le néant. Il n’avait pu voir aucune figure, simplement des ombres. Mais maintenant, tout ce dont il avait envie, c’était de se reposer. Cesser de réfléchir. Simplement dormir.

*

Il ouvrit les yeux et se retrouva assis devant une toile encadrée par deux rideaux. Elle le dominait et était sombre. Au milieu, un homme se tenait debout, nu, de dos. Son corps puissant avait les muscles saillant et une posture imposante. Mais surtout, il arborait une multitude de cicatrices toutes plus inquiétantes les unes que les autres. Et ses deux poignets étaient encerclés par une marque de brûlure guérie mais pas disparue.

*

Une grande claque le réveilla.

« Debout. Assez dormi. »

Veto resta interloqué. Pas par son rêve : il commençait à s’habituer à voir des tableaux défiler dans ses nuits. Mais il reconnut le visage patibulaire de cette brute.

« Paul… Paul Midiar ? »

L’homme lui décocha un sourire, un sourire à faire paniquer une prostituée. Cet homme lui voulait du mal.

« Mais c’est vrai que tu te souviens de moi en plus ! Moi je me souviens surtout que tu m’avais traité comme une merde. Tu fais moins le fier maintenant. Allez ! On commence. »
« Mais qu’est-ce que tout cela signifie ? »

Deux hommes vinrent détacher ses menottes de la chaine du mur et le portèrent au milieu de la pièce pour les pendre à un crochet, ses pieds touchants à peine le sol. La pièce ressemblait beaucoup à une grotte de Fellel, mise à part qu’on n’entendait rien du chant si caractéristique de ces lieux aux allures mystiques. Ici, seulement le froid et un air vicié vous saisissaient. L’air glacial mordait chaque morceau de peau découvert et la lueur qu’il avait trouvée vive la veille se révéla seulement blafarde désormais, froide et légèrement triste.

« Tu parles désormais à l’inquisiteur en chef du corps municipal. Les choses ont légèrement changé alors que tu étais en mission. Enfin… À ce qu’on m’a dit, tu t’es surtout contenté de batifoler avec une trainée… »
« Retire ce que… ! »

La phrase s’interrompit, le souffle de Veto se coupant suite à un nouveau coup de matraques dans le ventre par le garde à côté de lui.

« Ici, c’est moi qui donne les ordres. »
« Sale raclure ! »

Coup de poing dans les côtes, coup de pied dans le ventre, coup de matraque dans le dos… Lorsque la volée de coup s’arrêta sur l’ordre de Paul, il se pencha sur sa proie, son sourire concupiscant toujours accroché à sa bouche de crapaud. Ses yeux glauques brillaient d’une lueur malsaine.

« Et on me doit le respect aussi. Bon… Commençons, donc ! »

Mais alors que tout semblait indiquer qu’un interrogatoire musclé allait commencer, pour seul question, Veto eut droit à un « ça fait mal, hein ? ». Et ce n’est qu’au bout d’une heure peut-être que les bourreaux prirent une pause. Veto n’avait en réalité aucune notion de temps au milieu des coups et de la morsure des deux paires de mâchoires refermées sur ses poignets. La lumière pâle, aux allures fantomatiques en fait, perçait le plafond qui semblait de glace juste au-dessus de lui, le baignant dans un cercle de lumière qui ne variait pas avec le temps.

« Bien. Maintenant que nous nous sommes mis en jambe et que tu as bien compris qu’on n’était pas là pour plaisanter, on va te poser quelques questions. »

Veto ne répondit rien, docile. Il avait compris depuis un moment qu’il ne devait ouvrir la bouche que lorsqu’on le voulait et alors il avait intérêt à le faire.

« Alors… Premièrement, pourquoi avoir abandonné ton équipe en mission, monsieur le garde territorial ? »
« Nous étions acculés par des goulues et… »

Un fouet lui lacéra le dos soudainement et le fit hurler de douleur plus encore que de surprise.

« Les goulues n’existent plus ! »
« Si ! Je n’invente rien ! Lisez le rapport ! »

Un nouveau coup de fouet lui arracha un autre cri de douleur.

« Monsieur l’intendant en chef, il dit vrai. Regardez. »
« Hum… À oui… Bon, bah un coup pour rien. Enfin deux… » L’homme partit dans un rire méprisable alors qu’il rendait le rapport à son sous-fifre. « Bien. Continue, donc. Les goulues, et après ? »
« Nous… Nous étions acculés et Arthur a projeté un bouclier de protection à l’entrée de la caverne où nous nous étions retranchés. »
« Où était le conseiller ? »
« Je… Je n’en sais rien. Certainement dans la calèche… »

Nouveau coup de fouet, nouveau cri. Et Paul de reprendre le plus calmement du monde :

« Un élu de notre grande cité ne pouvait être qu’à vos côtés, défendant chèrement sa peau. Il n’y a que les traitres et les déserteurs qui se cachent ou qui fuit devant le combat. Souviens-t-en. »

Veto releva lourdement sa tête et constata encore le sourire narquois de Paul. Fouetter pour fouetter. Ses hommes savaient ce qu’ils avaient à faire. Veto souffrirait, qu’il coopère ou non.

« Alors il devait être en train de nous aider vaillamment avec une arbalète, certainement… »
« Ce n’est pas ce qui est marqué sur le rapport. »

Nouveau coup de fouet. Mais cette fois Veto se retint de crier. Il s’y était attendu et avait donc bien la confirmation que ce n’était qu’une mise en scène et que quoi qu’il dise, son dos serait labouré avec rage. Son regard était planté dans celui de Paul et celui-ci sourit de plus belle, claquant des doigts.
Après deux nouveaux coups de langue de feu sur son dos, Veto baissa les yeux et ne put retenir plus longtemps ses plaintes. Ses yeux s’embuèrent et il endura sans plus rien dire, simplement en hurlant. Ça ne servait à rien de résister.

L’interrogatoire continua longtemps, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse de douleur.


*

Adossé contre une congère dans les rues désertes de Hellas, il n’osait pas bouger. Un loup se tenait assis devant lui et le regardait. Après un moment, il inclina la tête sur le côté et puis se leva, approcha sa truffe et lui lécha la joue du bout de la langue. Alors, Veto se rendit compte de la fraicheur laissée par la trainé d’une larme qui avait coulé de son œil gauche. L’animal resta immobile, le fixant dans les yeux, sa truffe à quelques centimètres à peine du visage de Veto. Soudain, dans les deux yeux bleus de l’animal, il vit son propre reflet inversé et il apparut alors jeune, presque enfant.

« Oui, presque. »

Veto écarquilla les yeux mais ne pouvait pas bouger. La voix semblait émaner du loup qui ne bougeait pas pour autant.

« Tu l’étais plus avant et le sera moins après. »

Soudain, Veto se rendit compte que ses bras étaient pendus au-dessus de lui. Pourtant, il ne pouvait détacher son regard de celui du loup.

« C’était écris. Bientôt, ce chapitre sera clos. »

Alors, le décor autour d’eux apparut être en fait la salle de torture et le loup continuait de le fixer avec une intensité de plus en plus oppressante. Soudain, Veto rouvrit les yeux et se réveilla dans la grotte et la porte émettait le bruit caractéristique des verrous avant que ses bourreaux n’entrent.

« Alors ? Bien dormi ? On y retourne ? »

Cette journée aussi fut longue et douloureuse. La chemise que portait encore Veto à son arrivée avait depuis peu cédé prise mais cela faisait longtemps que sa chaire avait commencé à le faire. La lanière de cuir ne faisait qu’entamer plus profondément son dos tuméfié. Mais après un moment, Veto finit de raconter son histoire pour la troisième fois depuis qu’il l’avait commencé la veille et Paul se lassa. Ils firent une pause et alors qu’il renvoya les autres, il se saisit d’un tisonnier plongé dans les braises depuis le matin. Du moins, il était là depuis le début de la séance de torture, car ça n’avait plus rien d’un interrogatoire. La notion de journée quittait peu à peu Veto et il se demandait s’il serait jugé un jour ou s’il finirait sa vie ici. Tôt… Ou peut-être plus malheureusement : tard…
Approchant le fer rouge du visage du prisonnier, le bourreau continuait d’arborer son sourire sadique.


« Écoute… Je crois qu’on a fait le tour de ton cas. Maintenant, tu te doutes qu’il y a plus important que toi ici-bas. »

Veto resta silencieux. Est-ce que ce qu’il avait cru le pire calvaire n’était en fait qu’une mise en jambe ? Un simple échauffement. Doucement, ses paupières se fermèrent. Il en prenait conscience.
Mais alors qu’il se laissait allé au bout des chaines qui lui déboitait presque les épaules, le tison se posa sur sa cuisse, lui arrachant un hurlement déchirant et pathétique, démontrant sa fatigue et sa douleur toute deux à leur paroxysme.


« T’endors-pas alors que je te sors le plus intéressant ! »
« Qu’est-ce que tu veux ? »
« Les prêtresses. Ou au moins les rats qu’elles ont lâchés parmi nous. Nous savons qu’elles ont des gardes plus fidèles à elles qu’au maire. Nous savons aussi que t’en fais partie ! »
« C’est faux ! »

La tête de Veto fut soudain relevé violemment par les cheveux et le tison placé si près de son visage qu’il chauffait sa paupière droite et son nez presque au point de les brûler par sa simple proximité. Alors, le tourmenté vit que Paul avait perdu son sourire.

« Cesse de mentir ! Elles t’ont recueilli enfant et tu ne caches pas ton admiration pour elle chaque jour de ta misérable existence ! »
« Je… Je ne suis qu’un trouffion. Un simple seconde classe ! Que veux-tu qu’elles fassent de moi ? »

Paul ne bougea pas, quoi que Veto crut voir encore le tisonnier s’approcher un peu plus de son œil. Il le ferma, résigné, et puis sa tête fut rejetée de côté.

« Pauvre loque ! Ton seul espoir de revoir la lumière du jour c’est de me dire tout ce que tu sais. Pourquoi est-ce que tu t’acharnes à vouloir garder tes secrets ? »
« Parce que je ne sais rien… Je n’ai aucun secret… Tu te trompes sur moi… »

L’inquisiteur en chef lui décocha un grand coup de poing dans les côtes.

« Tu parleras ! Comme les autres ! Ou tu mourras ici ! »

Il replanta le tisonnier dans le braséro et alla appeler ses hommes.

« Raccrochez-le au fond et pansez sa jambe. Il ne mourra pas d’une infection… Ce serait trop facile. »

Relevant un peu sa tête plus lourde qu’un bloc de glace, Veto vit avant que sa vue ne se trouble trop que Paul avait retrouvé son sourire.

*

Il était debout dans une plaine emplie de brume. Et alors qu’il marchait, il se rendit compte que cette brume n’était pas ordinaire. Légèrement plus compacte qu’un brouillard, elle prenait la forme d’arbres, d’herbe, d’animaux, de personnes. En réalité, rien n’était solide mis à part le sol.
Alors Veto commença à marcher. Et il marcha longtemps, déambulant dans ce désert empli de formes cotonneuses et impalpables. Tout ce qu’il approchait contournait son corps et il ne pouvait toucher aucune parcelle de cette brume : celle-ci s’éloignait et revenait prendre sa place une fois qu’il était passé.

Après un moment, il s’arrêta au milieu de ce qui ressemblait à une forêt et regarda longuement ces nuages qui formaient de grands arbres aux branches animées par un vent qui n’existait pas. Mais, les brumes elles-mêmes n’étaient pas immobiles. Un flux semblait les mouvoir dans l’espace que leur forme générale délimitait. Et en regardant plus attentivement, Veto remarqua que cette brume était commune à chaque forme, les volutes passant d’un arbre à un cerf marchant à son pied ou s’envolant en un mince filet vers un aigle planant au-dessus de sa tête.

L’herbe autour de lui formait un étroit maillage de ces nuages mais délimitait un cercle bien net autour de lui, le laissant sur de la pierre noir et froide. Lorsqu’il fit un pas, le cercle le suivit et il poussa un peu plus loin son expédition, tentant de plus en plus de saisir ces formes. Au final, il lui sembla qu’il fallait absolument qu’il en touche un peu, que c’était indispensable, vital.

Et puis il s’arrêta soudain. Le loup se trouvait encore face à lui, assis, le fixant. Les formes disparurent et ne resta plus qu’un tapis d’herbes duveteuses qui délimitait toujours le même cercle autour de Veto et du loup.


« Pourquoi parcoures-tu ce que tu ne peux pas lire ? »

Veto ne trouva rien à répondre. Il ne comprenait pas.

« Une histoire se lit du début à la fin. Finis ce que tu commences avant de commencer ce que tu ne peux pas finir. Tu comprendras bientôt. Mais pas encore. »

Les brumes se solidifièrent pour laisser place à un tapis neigeux qui les remplaça sur le sol et s’insinua sous les deux êtres vivants. Des montagnes grandirent à l’horizon et soudain ils se retrouvèrent sous une légère chute de neige floconneuse sans vent, à quelques pas de Hellas.

« Chaque passage est important. Finis ce que tu commences. »

La grande porte de la cité s’ouvrit. Le loup avait disparu et l’ouverture dans le mur plus loin vint l’englober soudainement, projetant sur lui les ténèbres.

*

L’eau dégoutait de son visage. Veto était toujours assis dans sa cellule et un homme tenait un seau vide à la main. Des frissons secouaient tout le corps du détenu au point que les chaînes emplissaient la grotte d’une étrange musique déplaisante.

« Je crois que notre ami a froid. »

À ces mots, un autre homme s’approcha avec un sceau fumant et avant que Veto eut le temps de protester, il fut aspergé d’eau bouillante sur tout le torse alors que dans un sursaut il avait détourné son visage.
Dans un hurlement déchirant il n’osa pas bouger, craignant soudain que tout son corps ne s’effrite. Mais le sadisme de ses geôliers était loin d’être limité.


« Houlà ! Au feu ! »

Et un nouveau seau d’eau glacée frappa Veto qui hurla de plus belle. La morsure était encore plus forte.

« Assez ! » hurla-t-il dans un cri de désespoir, apercevant un autre homme approcher, un seau fumant à la main. Mais c’était sans espoir. Ses cris de douleurs durèrent encore un moment jusqu’à ce que les bourreaux commencent à craindre de se mouiller les pieds.

« Assez… Assez, assez… Assez… » Veto continuait de répéter ces mots en gémissant, les yeux fermés et dégoulinant de larme détourné vers le mur. Son torse et son cou avaient été mis à nu entre deux éclaboussures, les derniers lambeaux de sa chemise trainant au sol plus loin. Certainement le manque de spectacle avait-il déplu aux tortionnaires.
Chaque centimètre de peau apparent affichait désormais une couleur rouge pivoine et la douleur qui mordait les cuisses de Veto lui indiquait qu’il devait certainement en être de même pour ses jambes. Seuls son dos, son visage toujours humide du premier jet et le haut de ses bras étaient encore supportables. La morsure des menottes aux poignets et la brûlure au tison étaient désormais presque inexistantes en comparaison du reste, noyées dans cette avalanche de souffrance.
Mais très vite, les séquelles du fouet revinrent et s’il avait resté des larmes à Veto, leur flot aurait redoublé de plus belle.


« Bien. Donne-nous les noms de ceux que tu connais comme étant en étroite communication avec les prêtresses. »

L’esprit embrouillé par la douleur du jeune Havelle n’écoutait même pas la question. Il savait pertinemment que toute réponse ne lui apporterait que souffrances supplémentaires. Aujourd’hui encore serait un séjour au pays de Sharna et de ses méfaits. Il en venait presque à souhaiter celui de Kron et ses condamnés.

« Réponds ! »

Le tisonnier s’approcha encore, menaçant. Et l’absence de réponse le fit agir. La pointe se posa sur la cuisse mais cette fois il n’y eut pas de réaction et Veto soutint le regard de Paul. Mais ce ne fut qu’une fraction de seconde. L’instant d’après, la tête du prisonnier bascula en arrière et un cri déchirant lui fissura la gorge une fois de plus jusqu’à ce qu’il arrive à articuler encore une fois :

« Je n’en sais rien ! »

La pointe se retira et laissa un trou béant, profond et horriblement laid dans la chaire de son autre cuisse.

« Je n’en sais rien… » répétait le corps désormais à bout de force, les yeux à moitié révulsés et le corps tout à fait pendant à ses chaines, les poignets sanguinolents. Dans ses convulsions, il avait tiré de plus belle sur ses entraves, rouvrant les plaies.

« À boire… » gémit-il soudain dans une étincelle de lucidité. Pour seule réponse, on décrocha ses chaines du crochet au mur et il tomba lourdement sur le sol détrempé par l’eau qu’on lui avait jeté.
Elles furent accrochées à un pieu au sol. Précaution inutile. Même après plusieurs jours de bon traitement, Veto serait bien incapable de bouger. Il utilisa ses dernières forces pour aspirer l’eau sale au sol sous les rires gras de ses bourreaux qui finirent par s’en aller, non sans quelques insultes ou coup de pied au passage.

Paul, avant de partir, lui promis pire le lendemain et qu’il avait intérêt à réfléchir à quelques noms à lui donner. Là-dessus, on entra pour lui fournir les quelques soins sommaires qui le tiendraient en vie assez longtemps pour qu’il n’en ait plus envie et longtemps après encore sans doute.


*

L’épuisement et le manque de repas ne suffirent pas à le laisser dormir longuement. Les douleurs dans son corps le laissaient trop meurtri pour que sa simple respiration ne le fasse pas souffrir de temps en temps, sans parler des mouvements dans son sommeil. Et lorsque ses yeux s’entrouvraient, ses mains passaient dans la fourrure du loup couché à ses côtés et il admirait son pelage avant de sombrer à nouveau.

*

« Des noms ! Je veux des noms ! Qui ? Dis-moi qui est en lien avec les prêtresses ! »

Les lèvres de Veto tremblotaient alors qu’il pendait comme un vulgaire morceau de viande à son crochet au milieu de la salle. Son visage était en sang, il dégoulinait d’eau glacée et ses cuisses tressautaient alors que la douleur des brûlures l’élançait de plus belle. Le fouet claqua, la matraque tomba, le poing s’enfonça… Et comme il allait s’évanouir, l’eau glaciale le ramenait à la dure et sadique réalité. Soudain, l’inquisiteur en chef écarta les bras d’un air très sérieux et se pencha sur le corps.

« Silence ! »

Le pauvre détenu était au bord de l’évanouissement. Il ne souhaitait plus qu’une chose : que tout s’arrête.

« Tuez-moi… »
« Un nom ! Donne-moi un nom et je te libère ! »
« Ma… Ma… »
« Assez ! »

Paul sursauta et se tourna vers la porte. Gardif entra en trombe et plusieurs hommes à sa suite.

« Ma-Major ? Qu’est-ce que… »
« Inquisiteur en chef. Cet homme devait être interrogé dans le cadre de sa désertion. Depuis cinq jours, vous n’avez toujours pas réussi à lui faire avouer ce qui s’est réellement passé ? »
« S-si ! Nous avons remis un rapport qui… »
« Alors comment ce fait-il qu’il soit encore ici ? Il part dans deux jours pour le tribunal et il n’est même pas transportable. Gardes, conduisait cet homme au temple dans la plus grande discrétion. »
« Au temple, monsieur ? Mais… »
« Vu son état, la séance du tribunal étant déjà officialisé, nous n’avons plus le choix. Seules les prêtresses pourront le remettre en état d’être transporté et présentable pour la cour dans les délais. Voudriez-vous que notre pays passe pour celui de monstres ? »
« Non monsieur. »
« Inquisiteur Midiar, je crains que vous n’ayez joué les mauvaises cartes cette fois-ci. »

On apporta une civière et Gardif veilla personnellement à ce que veto parte promptement et de son simple regard garda immobile Paul Midiar. Le stoïcisme du gradé contenait sans mal la fureur bouillonnante de l’inquisiteur. Non seulement, ces deux hommes ne s’aimaient pas, mais en plus, Paul était à deux doigts d’obtenir ce qu’il recherchait et devait donc s’assoir sur une bonne promotion, certainement…

Après cet incident, bon nombre de détenus dans le secret subirent les foudres de Midiar plusieurs jours durant.

Sur le brancard, la tête de Veto roula et il tendit la main à l’extérieur. Le loup qui trottait à ses côtés lui donna un coup de langue sur les doigts et s’arrêta, le laissant continuer. Dans son regard, le malheureux crut trouver encore un peu de réconfort et sombra enfin dans les abysses.


***
[Seconde partie | Soins]

Le corps inerte du jeune homme arriva rapidement dans une chambre isolée et déserte. Une grande fenêtre à  vitrail laissait filtrer une douce et chaleureuse lumière multicolore. Le Major Gardif fit évacuer ses hommes et leur ordonna de l’attendre à l’entrée du temple. Il attendrait une Prêtresse en particulier dont il avait donné le nom à une jeune none qui passait dans le couloir à leur arrivée.

Doucement, il souleva le grand drap blanc qui recouvrait le jeune Havelle et il observa l’état de fatigue qui se lisait sur son visage. De profondes cernes cerclaient ses yeux enfoncés dans ses orbites, la poussière et la boue sur son visage étaient creusées de canyons traçaient par le sillage de ses larmes désormais asséchées. Malgré la saleté, on devinait parfaitement que ses traits s’étaient creusés à force de jeûner. Ses lèvres étaient craquelées et des marques de coups violents parsemaient le visage tuméfié. Ses cheveux autrefois blonds étaient gras et collés par la poussière, le sang et sans doute des excréments.

L’odeur était immonde et le Major failli abandonner ses observations, mais il avait besoin de savoir ce que Paul Midiar était capable de faire. Il tira un peu plus le drap et pu voir les marques de fouet sur les épaules. Il était loin de se douter de l’état dans lequel était le dos du jeune homme. Plus bas, il vit les marques  de coups à nouveau mais aussi les plaques rouges et cloquées et la peau pelée.

Le major eut beau chercher, il ne trouva pas de quel façon des hommes avaient pu faire ce genre de chose. Ces brûlures étaient si nettes, si uniformes et la peau si lisses à la surface…

Il hésita un peu à descendre d’avantage, mais la curiosité était plus forte.


L’humain a des soifs parfois étranges et qu’il regrette de vouloir étancher.


Sur les jambes, le pantalon déchirait n’était plus que guenilles et laissait voir un large bandage sali sur chaque cuisse. Mais sous ces tissus déchirés et ces bandes, d’énormes hématomes apparaissaient.
Sa main se leva et puis il se résigna : il ne regarderait pas en-dessous. En remettant le drap, il nota encore les poignets lacérés, sans aucun doute par de larges menottes de fer et les pieds sales épargnés. Rares étaient les parties de ce corps qui ne portaient pas les séquelles de ce séjour dans les cachots de la mairie.

Une prêtresse se présenta soudain dans l’ouverture de la porte. Le Major s’écarta de la table et salua la nouvelle arrivante d’une révérence.


« Ma Dame. Je suis le Major Gardif. Je vous ai fait dérangé parce que j’ai une affaire que je voudrais garder discrète et je pense que vous comprendrez pourquoi. »

Il découvrit le visage de Veto à nouveau et refit face à la prêtresse.

« Cet homme est convoqué au tribunal d’Hesperia dans une semaine. Les cinq jours de voyage débuteront donc d’ici la fin de la semaine. Pensez-vous que vous puissiez le rendre transportable en deux journées ? »

Gardif n’avait pas l’air amusé par la situation ni même suffisant. Il était très sérieux. Son visage était fermé et il se tenait très droit.

« Officiellement, il a été agressé par son compagnon de cellule : un fou furieux. Officieusement,… »

Le Major s’approcha de la porte et la referma après avoir vérifié que personne n’était au-dehors.

« On a cherché à lui soutirer des informations sur ses contacts parmi les prêtresses… Il y a encore bien des choses dont j’aimerais vous faire part mais je me doute que l’état de votre patient vous intéresse d’avantage. Si vous acceptez de garder ces soins discrets, je vous expliquerez pourquoi. »


Dernière édition par Veto Havelle le Mar 25 Fév - 22:28, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeVen 12 Avr - 18:44

Pour des raisons idéologiques et historiques, la présence d'un si grand nombre de soldats entre les murs du temple, même pendant quelques brefs instants, suscitait l'indignation des prêtresses... d'autant plus qu'ils n'étaient visiblement pas blessés. C'est pourquoi avant même que l'une de ses sœurs ne vienne la quérir, Irina avait déjà eu vent de leurs drôles de visiteurs. Une fois qu'on lui fit savoir que ses talents étaient nécessaires, elle quitta précipitamment et à contrecœur l'étude des vieux parchemins qui avaient détenu son attention pendant les derniers jours. Elle avertit rapidement son apprentie qu'elle aurait besoin d'elle pour l'assister, puis sortit, Alix sur ses talons.

Hélas, des bruits de couloir germaient déjà, ce qui assez vite eut le don de l'exaspérer. L’ordre était une organisation respectable qui se devait d'être au dessus de ce genre d'indélicatesses, qui ne servaient à rien d'autre qu'à compromettre leur travail. Irina avait imposé le silence et la plus grande discrétion à toutes les langues qui se déliaient trop à son goût quitte à les intimider. Prises de peur à l'idée des conséquences d'un faux pas, ses subalternes s'exécutèrent et retournèrent à leurs occupations, avec une expression
Ses pas légers et pressés portèrent la jeune femme jusqu'à la chambre de Veto sans qu'elle n'attire l'attention plus que ça. Par ailleurs elle ne se gêna pas pour utiliser ses pouvoirs, s'assurant que personne n'aurait envie de s'approcher des lieux en les persuadant qu'en bravant l'interdit ils seraient contaminés par une maladie particulièrement agressive. C'était peut être extrême, mais au moins ce serait efficace... Car l'être humain était toujours prisonnier de ses phobies, en particulier celle de la mort et des affres qui l'accompagnent.

La rouquine fit tomber la capuche qui recouvrait sa tête, ne tardant pas à dévisager le visage de l'homme qui lui faisait face en se présentant comme le major Gardif. Elle le salua alors d'un simple signe de tête, étant déjà plus préoccupée par l'état du soldat qu'elle était sensée soigner que par les tenants et aboutissants politiques et militaires qui entouraient ses blessures. Bien sûr qu'elle était curieuse sur ce qui provoquait tant de précautions de la part de la garde, mais après tout... Le temps le dirait.
Mais de fait Gardif répondit indirectement à ses questions, ou du moins à une partie d'entre elles. Lorsqu'il découvrit le visage de Veto, elle eut du mal à ne pas laisser son visage trahir sa surprise. Veto... encore. Décidément le soigner devenait une habitude... L'air encore plus grave, elle leva la tête vers le Major tout en se rapprochant pour estimer l'ampleur des dégâts. D'un autre côté l'odeur immonde ne lui disait rien qui vaille, alors c'est en retenant à moitié sa respiration qu'elle leva le drap. Ce qu'elle vit la fit déglutir en baissant les yeux, pas franchement rassurée. Elle qui pourtant en connaissait un rayon dans les blessures en tout genre et même selon les méthodes de torture les plus efficaces avait du mal à discerner tout ce qui avait été infligé au pauvre soldat.

Dans un mélange d'inquiétude et contre ces soldats qui venaient dans son temple en se permettant de faire des exigences, Irina tint Gardif pour responsable de ce qui se passait. Si Veto était dans cet état, c'était à son supérieur d'en assumer les conséquences, quelles que puissent bien être les circonstances. Qu'il soit directement fautif ou non, pour elle c'était le même prix... Et elle n'allait pas tarder à le lui faire savoir. D'un ton coupant, elle lui répondit sans le regarder, entreprenant déjà d'humidifier les lèvres craquelées du patient. Il ne pourrait sans doute pas encore manger, mais il fallait qu'il s'hydrate le plus possible.


« Cinq jours de voyage pour quelqu'un dans cet état... C'est une plaisanterie ? » Son expression en disait long sur ce qu'elle pensait de leurs soit disant urgences. « Je suis médecin, pas magicienne. Deux jours ça me paraît trop court... Mais je suppose que je n'ai pas d'autres choix que de voir ce que je peux faire. En attendant tentez de repousser l'audience ne fusse que d'une paire de jours. » Bien sûr elle savait que ce genre de procédures était loin d'être aisée, cependant cela ne coûtait rien de demander, d'autant plus qu'étant données les séquelles de Veto, un voyage même par diligence risquait d'être un calvaire mettant ses jours en danger.

Alix approcha, les bras chargés par une bassine d'eau ainsi que du linge propre. Elle même déposa sa sacoche, sortant son nécessaire chirurgical ainsi que le reste de son matériel. Prenant une fiole empli d'un liquide verdâtre elle trempa ses doigts et effleura le dessus de ses lèvres afin de ne pas être dérangée par l'odeur prenante. Ensuite elle prit place sur un vieux tabouret et s'assit tout près de Veto afin de laver son corps crasseux avec une éponge. Ce qui n'empêchait pas son cerveau de fonctionner à plein régime, imaginant déjà ce qui avait bien pu se passer. Se tournant vers le major, elle surprit un regard inquisiteur qu'il posa sur Alix.


« Elle ne racontera rien de ce qui se dira ici. Elle est muette. » Ce n'était évidemment pas la seule raison pour laquelle elle avait choisi la jeune brune, mais avec les militaires il valait mieux en venir directement à l'essentiel et s'y tenir. Effleurant le visage de Veto elle murmura quelques mots de réconfort qu'il fut le seul à entendre, à supposer qu'il soit conscient. ~Tout va bien maintenant. Je suis là. Je regrette que nous nous revoyons en pareilles circonstances, mais la déesse doit avoir ses raisons de nous réunir à nouveau. ~

Irina indiqua à Alix d'éponger et laver le visage du jeune homme afin de le débarrasser des bactéries ainsi que pour faire retomber la fièvre qui le consumait. Alors et alors seulement elle pourrait commencer à sérieusement traiter les plaies et les brûlures. Mais d'abord il leur faudrait lui couper ces guenilles... et ça n'allait pas être de tout repos car la peau calcinée y était collée par la crasse. La demoiselle était en train de réfléchir au procédé le moins douloureux lorsque les paroles de Gardif la firent s'arrêter net.

« Attendez, moins vite. Compagnon de cellule ? Pourquoi était-il en prison? »

D'un air sombre Irina avait regardé le visage sale et creusé de Veto. Combien de jours avait-il été entre leurs mains ? Combien de coups cela avait-il pris pour le mettre dans un si piteux état ? Elle dégagea les cheveux de ce dernier de son visage avant de rincer l'éponge à nouveau.

« L'état de mon patient ne nécessite d'aucune explication, je peux le constater par moi-même. Par contre si ceci a un rapport avec la coopération entre la garde et l'ordre, je pense que j'ai le droit légitime de savoir quel genre d'informations vous détenez. »

Il serait plus judicieux de connaître son jeu avant d'abattre ses propres cartes... Surtout que d'une façon ou d'une autre, Irina ne savait pas jusqu'à quel point Veto avait agi de son propre chef. Sans parler du fait qu'il ait été en prison, malgré son grand scepticisme quand à la justice de cette condamnation.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeMar 21 Mai - 8:32

Gardif s’était retiré dans un coin de la pièce, s’adossant au mur, non loin de la porte pour pouvoir intervenir en cas d’intrusion. Les bras croisés sur le torse, il observait la prêtresse opérer et son apprenti l’assister. Il en avait déjà bien assez vu. Son regard était sombre et son visage fermé, légèrement contrarié. On sentait qu’il lutté pour ne pas montrer son dégoût et sa colère.

Ce jeune homme brun d’une trentaine d’année avait les épaules larges et un corps svelte. Les renforcements des tissu par du cuir sur son uniforme ne faisait qu’affirmer l’évidence : cet homme était bâti pour ce métier. Et il avait de plus un charme non négligeable.


« Je verrai ce que je peux faire. »

Il avait dans la voix cette assurance des hauts gradés et malgré sa position décontracté, une aura imposante émané de lui.

Lorsqu’elle aborda à le sujet de son incarcération, il changea cependant de position et vint se placer de l’autre côté de la table. Son regard évita soigneusement le corps mutilé. Malgré ses quelques années dans l’armée et le fait qu’il ait peut-être une ou deux morts sur la conscience, c’était sa première confrontation avec la torture.
Les bras toujours croisé, il toisait la prêtresse du regard, ayant l’air de chercher quelque chose. Finalement, après un dernier regard à la jeune disciple, il lâcha sèchement :


« Je sais ce que vous faites. »

Après une courte pause, les yeux rivé sur son interlocutrice, il fit attention à prendre appuis sur la table sans mettre les mains dans l’eau sale dégoulinant du corps immonde. Il prit une grande inspiration et développa.

« Je sais que vous cherchez à… comment dire… lui faire du tort… »

Il laissa un nouveau temps mort et puis reprit, s’éloignant de la table pour ne pas gêner d’avantage aux soins et retourna vers la porte.

« Je le sais parce qu’on m’a demandé de m’en assurer. Entre autre…. Vous vous doutez bien de la personne qui me l’a demandé. »

La porte grinça un peu lorsqu’il l’ouvrit pour regarder à nouveau si personne ne se trouvait de l’autre côté. Il fit un pas dehors et vérifia chaque côté. Le couloir était désert mais il fixa un point devant la porte un long moment.
De l’intérieur de la pièce, on ne pouvait voir son regard sévère fixé sur l’ombre d’une colonne mais bientôt, un bruit de suffocation se fit entendre suivi du bruit caractéristique d’un corps qui s’effondre.

Toujours aussi lentement, le Major Gardif se pencha et traina le corps à l’intérieur et referma la port après avoir ramassé la dague tombé des mains de la jeune fille qu’il avait étranglé d’un simple regard.


« Veuillez m’excuser pour cette interruption. Elle a des espions partout et sait les choisir. Le pouvoir d’invisibilité est assez recherché. Vous êtes-vous sentie observée ces derniers temps ? »

Il ne la regardait plus, occupé à fouiller le corps de sa victime à la recherche de tout et n’importe quoi.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeMer 29 Mai - 17:11

Le dégoût qui était tant bien que mal réprimé par Gardif était incapable d'émouvoir Irina. En fait derrière son calme olympien et ses gestes précis, la jeune femme fulminait. Peu lui importait à l'heure actuelle que cet homme soit de son côté, à ses yeux il était responsable de ce qui était arrivé à Veto... Il était son supérieur et par conséquent il était celui sur qui pesaient les fautes de ses subalternes, mais aussi celui qui devait veiller sur leurs vies. En ce la leurs positions respectives se ressemblaient assez, seulement laisser un homme innocent à la torture c'était une faute grave, peu importent les raisons. C'était du moins ainsi qu'elle voyait le jeune homme étendu là. C'était un homme bon et droit, qu'elle ne parvenait pas à voir comme retors ou vicieux, encore moins coupable d'un crime assez atroce pour justifier un tel traitement. Peut-être était-elle aveuglée par son affection pour lui, mais c'était ce que lui disait son intuition, au delà de toutes les apparences. Elle croyait en lui, tout simplement.

Levant à peine les yeux du visage de Veto pour travailler efficacement, Irina évitait de regarder dans la direction de Gardif, pourtant bel homme. Autant la conscience professionnelle que son sentiment personnel lui disaient qu'il valait mieux ne pas dévoiler son jeu tout de suite, et ce même si pour l'instant ce dernier avait agi de manière honnête en apparence. Seulement voilà... le soldat semblait chercher quelque chose. Une assurance ou des repères, qui sait. Le fait est qu'il se positionna de l'autre côté de la table et elle sentit son regard peser sur elle. L'espace d'un instant elle lui rendit son regard appuyé, n'y laissant lire qu'une détermination et une dureté sans bornes.


« Et qu'est-ce que je fais qui me vaut une telle désapprobation ? »

Non que ça lui importe, mais c'était assez intriguant de voir qu'il semblait la dédaigner sans même la connaître. Certes elle avait l'habitude de ce genre de réactions de la part de certains hommes, mais habituellement elle savait au moins la raison qui les motivait. Enfin il développa son idée, ce qui eut pour seul effet de faire son expression se refermer davantage. Aussi important qu'il soit d'évincer l'autre fossile sindarin, elle n'appréciait que peu le fait que les querelles intestines à l'Ordre s'ébruitent. Au fur et à mesure que plus de gens étaient mis au courant, la probabilité que la concernée soit mise au courant augmentait exponentiellement... et le danger était déjà suffisamment grand. Néanmoins l’œil de Kesha ne prit pas la peine de démentir ou de confirmer. S'il avait entendu parler de ça, alors c'est qu'il savait de quoi il en retournait. Nul besoin de s'étendre sur la question, donc.

Quelqu'un lui avait demandé de s'assurer qu'Elerinna ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir... Oui elle se doutait de qui il s'agissait, même si la liste de gens qui voulait la voir disparaître devait être plus longue que son bras. Baissant les yeux vers le visage blême de Veto, Irina termina de nettoyer sa peau et empoigna une paire de ciseaux pour couper ses guenilles, tandis que Gardif était sorti une nouvelle fois. Une fois cela fait, la rouquine détacha le tissu collé aux plaies aussi délicatement que possible, s'aidant d'une pommade afin de ne pas lui faire trop mal. En une paire de minutes elle eut terminé, et entreprit de défaire les pansements de fortune, rendus purulents parce qu'ils n'avaient pas été changés depuis longtemps. Prenant une inspiration sur le côté, elle s'affranchit de l'odeur suffisamment longtemps pour tout nettoyer et recommença le même processus sur l'autre hanche. Alix de son côté avait fini de nettoyer le visage du jeune homme, sentant désormais un mélange d'huile de rose et de jasmin. Il était peu probable que le soldat ait déjà senti aussi bon de sa vie, mais au moins cela les aidait à travailler... et lui respirerait plus facilement grâce à leur vertu médicale.

Lorsque le deuxième garde revint dans la pièce, traînant le corps inerte d'une prêtresse, le regard d'Irina fut voilé d'un semblant de tristesse. Plus que quiconque elle regrettait qu'il soit nécessaire d'en arriver à de pareils extrêmes, même s'il n'y avait nulle pitié dans son expression. Elle se contenta simplement de penser à voix haute, n'attendant pas de réponse.


« Quel gâchis, c'est dommage. Hinae était une gentille jeune fille... jusqu'à ce qu'elle soit également ensorcelée. »

Dodelinant de la tête, elle demanda à Alix de préparer une mixture et s'arrêta dans ses gestes pour regarder Gardif dans les yeux cette fois. Alors elle parla franchement, ne cherchant plus à tergiverser. Tout ça la rendait terriblement fatiguée. Lasse de tous ces jeux dans l'ombre.

« Oui, comme toujours, de la même façon qu'elle l'est aussi. J'ignore toutefois si c'est juste le fruit de mon esprit paranoïaque, ou si j'ai de réelles raisons de m'inquiéter. J'ai toujours aimé vivre dangereusement, mais dernièrement la frontière entre le réel et l'imaginaire est devenue de plus en plus floue. Et puis je n'ai pas que ça à faire de regarder en permanence par dessus mon épaule. Pensez-vous que j'aie des raisons de m'inquiéter ? Enfin je veux dire, plus que d'habitude ? »

Sa voix n'avait pas tremblé parce qu'elle ne l'avait pas permis. Ne connaissant pas la peur, elle ne pouvait craindre pour son avenir, mais cela ne l'empêchait pas d'être autant si ce n'est plus épuisée que le commun des mortels. Et si Veto avait demandé à cet homme de l'aider, alors c'est qu'il devait être digne de confiance, malgré son manque évident de compétences à protéger ses confrères.
Continuant de soigner les plaies disséminées sur le corps de son patient, Irina soupira, son esprit carburant à plein régime. Allait-elle devoir se coltiner longtemps cet homme trop sensible pour regarder les conséquences de sa propre incompétence ? Quel avenir pouvait-il rester pour Veto ? Sa carrière et plus particulièrement sa vie allaient-elles résister à un procès ? Serait-elle capable de sacrifier le soldat afin de parvenir à ses fins et enfin éliminer Elerinna ? Elle n'en était plus si sûre.


« Allez-vous réellement le livrer à la justice ? Savez-vous seulement s'il est coupable ? »
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeMer 29 Mai - 23:16

Alors qu’il fouillait la dépouille, Gardif nota que la prêtresse connaissait celle-ci. Ça n’avait pas d’importance, si ce n’est que cet élément lui confirmait que c’était bien une prêtresse et non une inconnue infiltrée. Il y avait donc plus de chance qu’elle vienne du temple et donc qu’elle ne le suivait pas à son arrivée ici.
Quant aux craintes de la dame, il n’avait aucune certitude capable de les effacer.


« Je ne sais pas. Elle vous surveille en permanence, oui. Du moins, c’est ce qu’elle essaie de faire… Que ce soit via des prêtresses en mal de prouver leur servitude ou d’espions payés… Ou encore de soldats ralliés à sa cause. Cela fait quelques temps que vos manigances à toutes les deux ont commencé à sortir des couloirs du temple. Mais vous vous en étiez certainement déjà aperçue… »

Il retira la bague aux doigts de la défunte ainsi que son pendentif et son bracelet avant de ranger toutes ces choses pouvant témoigner de l’identité de la défunte dans une bourse accrochée à sa ceinture. Tout ce qui ne brûlait pas été malvenu.

« Comme je vous le disais, donc, elle m’a chargé de vous surveiller. Je devais m’assurer que vous complotiez bien contre elle et aussi que vous n’aviez pas de contact extérieur au temple. Si vous en aviez, je dois avouer que vous m’avez plutôt bien trompé car je n’ai rien trouvé. En revanche, j’ai réussi à arracher quelques informations de votre esprit. Ce fut difficile, en particulier sans que vous vous en aperceviez. La jeune Alix a cependant des défenses mentales un peu moins fortes que les vôtres. Vous ne devriez pas tant lui confier de choses. »

Il se releva et examina la pièce, semblant chercher quelque chose sans plus prêter attention aux deux femmes dont il avouait avoir violé l’intimité sans le moindre scrupule. Son intonation était détachée et il exposait les faits comme on dépeint un tableau d’une banalité affligeante. Cela-dit, c’était le nerf de cette guerre des ombres.
Tout en examinant les lieux, il continua d’expliquer.


« Je n’avais aucune idée de ce qui se tramait en vos murs, si secrets et si interdits à ceux ne portant pas la robe. Même s’il faut avouer que des rumeurs courent. Étant d’un naturel curieux, j’en avais écouté quelques-unes… Aidez-moi, je vous prie. »

Il attrapa la jeune fille sous les épaules et commença à la trainer vers un brancard au fond de la pièce sans attendre.

« Mais je dois avouer que je n’avais pas imaginé tout ce que cela impliquait. Toujours est-il que si je vous dis tout ça, c’est que j’ai choisi mon camp. C’est peut-être une erreur mais le peu que j’ai vu me suffit à vous préférer à elle. »

Il s’arrêta dans ses affaires pour renouer un contact visuel entre eux.

« Si je vous ai demandé si vous vous sentiez surveillée, c’est que je voulais savoir à qui était destiné cette espionne ; vous ou moi. Apparemment, elle ne doute pas encore de ma fidélité. Je ne fais pas partie de ses proches mais je pourrai le devenir. Ma télépathie me permet bien des choses. Je sais aussi bien trouver les mots que l’on souhaite entendre que repérer l’invisible pour peu qu’il pense. » Il montra du regard sa récente prise et revint dans ses yeux avec toujours le même sérieux. « J’ai des choses à vous apprendre. Nous avons tout à gagner dans cette alliance ! »

Il resta alors dans l’expectative, attendant une réponse avant de chercher à nouveau à monter ce cadavre sur ce brancard. Le Major Gardif était fin stratège et très débrouillard. Il n’avait pas gravi les échelons si vite pour rien. Même s’il avait bénéficié de quelques coups de pouces, il ne considérait pas cela déloyale puisqu’aujourd’hui il cherchait à mordre la main qui l’avait nourri et trouvait cela un juste retour des choses. Il ne faisait que profiter du système pour mieux le détruire de l’intérieur. Tout ce qu’il voulait, c’est qu’on le lui permette. Et c’était Irina qui devait lui donner les clefs de la réussite de son projet, car il savait qu’il n’arriverait pas assez loin seul.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeSam 1 Juin - 19:52

Gardif ne lui inspirait pas confiance. Il était peut être plein d'assurance et il ne manquait pas de prestance, mais cela ne suffisait pas à faire de lui un Homme. Des comme lui Irina en voyait tous les jours, geignant pathétiquement à la moindre blessure, souvent fauchés dans la fleur de l'âge par la maladie... emportés comme une feuille soufflée par le vent. Pourtant ils continuaient de se pavaner dans leurs armures, tels des paons métalliques et clinquants... pour finalement se débattre aussi peu que les autres lorsque venait leur heure.
D'autre part cet homme ne lui apprenait rien en lui disant qu'elle était surveillée en permanence. Il n'y avait rien de nouveau à cela, puisque depuis des années cette guerre froide s'éternisait en secret. Ce n'était que récemment que la tension était encore montée d'un cran... notamment parce qu'Elerinna préférait assister à des dîners mondains plutôt que d'accomplir son devoir. Par conséquent elle ne digérait pas que sa rivale ait du la suppléer lors de la cérémonie d'intronisation des nouvelles prêtresses. L'idée en quoi que ce soit, même temporairement face à une terrane née bâtarde et sans terre était insupportable à son ego démesuré. Par conséquent il n'était pas étonnant que sa frustration ait transpiré en dehors de leurs murs. Une fois ivre ou dans le lit d'un de ses nobliaux préférés, elle devait sûrement devenir bavarde. En y repensant, la rouquine réprima une grimace de mépris. Cette femme était une honte pour l'Ordre.

Tandis que Gardif lui avouait avoir été engagé par la mégère, Irina s'arrêta de travailler pour le regarder de ses yeux perçants. Son expression s'assombrit visiblement, non pas par surprise mais par une profonde colère. Une ire bien plus létale que ses habituelles pertes de patience animait ses traits. Dans son regard brilla un instant ce qui n'était pas une menace, mais l'augure d'une vengeance calculée et imminente. Telle une fauve prête à lui sauter dessus, la médecin serra les poings appuyés sur la couche de Veto, sans quitter le major de son champ visuel. Le fait qu'il dise vouloir l'aider était secondaire. En fait elle avait cessé de le prendre au sérieux à partir du moment où il avait admis avoir touché à l'esprit d'Alix. Irina se fichait pas mal de ce qu'il pouvait tenter contre elle, car c'était logique et prévisible. Son rang comprenait forcément toutes sortes de pressions, y compris mentales. Mais s'en prendre à une enfant pour essayer de l'atteindre c'était franchir des limites que même Elerinna n'avait pas pas encore violées.

Comme possédée, Irina se contenta de lever la main, soulevant l'homme de terre grâce à sa télékinésie. Elle l'étrangla à distance, appuyant sur sa jugulaire avec une précision médicale qui lui coupa rapidement le souffle et l'empêcha de lui répondre pour l'interrompre.


« Vous croyez vraiment tout savoir de moi ? Alors vous saviez quel risque vous courriez en vous prenant à ceux que je protège. Car contrairement à vous, ne ne laisse pas tomber ceux qui me secondent. Je ne les abandonne pas à leur sort comme pour un vieux jouet. Et surtout je ne suis pas assez lâche pour ne pas regarder mon échec en face ! Crétin de bleu que vous êtes. »

La jeune femme le relâcha brutalement, comme si elle en avait fini avec lui, alors que c'était loin d'être le cas. Elle le dédaignait pour plus d'une raison. Ses méthodes étaient inefficaces en plus d'être immondes, c'était cela qui était le plus pitoyable. Pensait-il qu'Alix était au courant d'un dixième de ce qui se passait vraiment ? Bien sûr que non. Cela faisait partie des résolutions qu'Irina avait toujours respectées. Il était hors de question qu'elle commette les mêmes erreurs que feu sa mentor. Alix était jeune et innocente... elle le resterait dans la mesure du possible. Ce métier et les intrigues liées à l'Ordre se chargeraient de lui apprendre la dure réalité bien assez vite.

Dévisageant le major, Irina renforça ses murs psychiques jusqu'à les rendre aussi impénétrables que possible. S'il voulait passer outre il lui faudrait utiliser la force, ce qui n'était vraiment pas dans son intérêt. De plus maintenant qu'il avait abattu sa carte maîtresse, il était perdu. Une fois cette assurance, la prêtresse se permit de penser librement. Non, Alix n'avait aucune idée des atrocités qu'elle avait pu commettre... De tous les cadavres qu'elle cachait au placard. Bon peut être pas littéralement, mais ça n'en était pas si loin. Une fois de plus, elle se félicita de sauvegarder ses secrets malgré le poids que cela représentait. Il avait fait tout ça pour rien... Mais autant utiliser la situation à son avantage, et lui laisser croire que sa réaction était juste le fruit de la révolte de quelqu'un qui s'était senti roulé dans la farine.


« Non. Débrouillez-vous. Si vous êtes assez malin pour faire votre lit, vous devez être assez fort pour vous y coucher. »

Lui tournant le dos pour se remettre à traiter son patient, Irina tourna ce dernier sur le ventre aussi délicatement que possible. Son dos labouré avait lui aussi besoin de soins. Alors, tandis qu'elle canalisait sa rage dans cette tâche bien plus constructive, elle fit signe à Alix, immobile et les yeux grand ouverts, de se remettre à la tâche.
« Ne reste pas plantée là, on a du travail. » Son ton était dur mais son regard était inquiet. Elle connaissait cette adolescente comme si elle l'avait faite, et savait qu'elle se sentirait coupable, effrayée d'avoir pu lui nuire de par sa candeur et sa vulnérabilité. Irina la fit travailler sur une mixture sur la table derrière elle, préférant la maintenir dans une position où elle pouvait la protéger au cas ou. Levant les yeux vers le soldat, elle continua, accusatrice.

« Et vous... Si vus vous en prenez à l'une de mes apprenties, peu importent les raisons, vous ne vivre pas assez longtemps pour déplorer la perte de ce truc ridicule que vous avez entre les jambes. »

Il philosopha ensuite sur sa prise de position, laissant la scientifique l'écouter avec une expression indifférente, se demandant ce qu'il avait à la place du cerveau. Croire qu'elle était meilleure que sa rivale témoignait de l'ampleur de l'erreur de son jugement. Choisir entre elles c'était comme choisir entre la peste et le choléra. À la rigueur on pouvait juste choisir la mort la moins douloureuse, mais c'était tout... Un bien maigre réconfort en somme. Pansant les plaies de Veto avec de larges bandages après les avoir nettoyées et soignées, Irina poursuivit.

« Pour l'instant je n'ai que des mots, du vent à mes yeux. Cependant dans ma très grande générosité je vous offre une chance, une seule, de vous racheter. Vous êtes si prétentieux et arrogant que je veux savoir s'il y a au moins un fond de vérité dans vos dires. Qu'avez-vous donc de si important à m'apprendre ? Et plus précisément, comment comptez-vous me prouvez votre loyauté? »

Car dans le cas où les choses tourneraient mal, l’œil de Kesha avait déjà pensé à une parade. Après tout ce inconnu avait assassiné une prêtresse de sang froid et lui avait volé ses bijoux dans l'enceinte même de ce temple... Et ce devant les yeux ébahis de deux témoins.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeMar 11 Juin - 19:00

Le moment des menaces avait été douloureux. Il sentait encore la pression autour de sa gorge. Il avait tenté de combattre cette attaque télékinétique avec son propre pouvoir mais ça n’avait rien donné. Comme si une mouche avait tenté de repousser la main qui venait l’écraser. Elle était inexorablement plus forte que lui.

Il se laissa houspiller et menacer un temps, finissant son affaire. Il plaça le cadavre sur le brancard et le recouvrit d’un drap blanc. Il la sentait menaçante dans son dos. Dangereuse et devinez que chaque promesse de mort qu’elle faisait, elle les tiendrait. Certains la surnommaient la vipère. Il comprenait pourquoi.

Lorsqu’elle eut fini et qu’elle l’invita à sauver sa peau, car il commençait sérieusement à se dire que c’était de cela qu’il s’agissait désormais, il lui fit de nouveau face et affronta de plus belle son regard, lui en offrant un dur et décidé en retour. Oui, elle était dangereuse. Pourtant, il avait été face à un serpent plus impressionnant qu’elle encore.
Son entrevue avec Elerinna avait été d’une mise en scène des plus travaillées.Cette autre femme avait un don pour cela. On l’avait accompagné, ou plutôt escorté... Si ce n’est amené devant elle. Il avait semblé si évident que résister n’aurait fait que compliquer les choses ou pire… Il était clair qu’on ne se dérobait pas face à la grande prêtresse.
Un lieu sombre. Son visage était resté invisible qu’il n’y avait aucun doute sur son identité. Elle était accompagnée elle aussi… Bref, une réelle situation qui vous submerge et vous intimide.
Lorsqu’il y repensait, désormais, il ne vivrait plus la scène de la même manière et il se disait qu’elle s’était bien joué de lui et de son inexpérience.

Peut-être cette inexpérience de l’époque avait-il joué sur cette perception différente qu’il avait aujourd’hui entre ces deux femmes.


« Je n’ai pas dit vous connaître. J’ai dit avoir découvert certains de vos buts. Quant à ma preuve de loyauté, ma mise en danger en vous révélant mon intrusion dans l’esprit de votre apprentie et que votre ennemi m’a chargé de vous surveiller me semblaient intéressant.
« Mais ce qui me chagrine réellement, c’est que vous semblez croire que je suis responsable de ce qui est arrivé à ce jeune homme. Si je m’étonne de l’importance que vous semblez lui porter, je tiens surtout à préciser que je n’ai à voir avec lui que sa venue ici. Il est sous la responsabilité du Major Rigane. Elle est une fervente partisante de votre rivale. Si j’ai bien compris, c’est elle qui l’a impliqué dans nos affaires lors d’une mission à l’extérieure. Nous ne faisons même pas partie du même corps d’armée lui et moi. Je l’ai rencontré lors d’un échange d’effectifs occasionnel au moment d’Omnia. Si les récents intérêts de Rigane pour lui m’était parvenu, je n’avais pas vraiment l’intention de me soucier plus de lui que cela. Même si j’ai rapidement vu en lui quelques traits de caractères de moi avant qu’on ne me pervertisse… Je n’ai fait que lui donner quelques conseils pour éviter de se faire manger tout cru : prendre du galon par exemple. Les pions disparaissent vite dans vos parties, Mesdames, comme vous l’avez dit. Plus on est important et plus on a de chance de perdurer. Visiblement, il n’a pas eu le temps de suivre mon conseil. Lorsque j’ai découvert qu’il était entre les mains de notre nouvel inquisiteur, je l’ai pris à nouveau en pitié et ai tourné la chose à son avantage en l’amenant ici… Et au mien en vous faisant mander. »

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Il voulait finir ce qu’il avait commencé. Son pouvoir télékinétique se referma méticuleusement sur le visage de la pauvresse sous le drap. Elle ne sentait plus rien désormais mais la série de craquements qui suivit fut des plus désagréables. Pourtant, ils ne le firent pas broncher. Vraisemblablement, il n’était pas à sa première tentative… Mais immédiatement, il s’expliqua cette fois-ci.

« Elle devrait être méconnaissable aux premiers coups d’œil. Ça suffira pour la sortir discrètement derrière le temple et je vous en débarrasserai quelque part… Définitivement. Ce ne sont pas les ruelles qui manquent dans Hellas. Ni les corps non-identifiables.
« Mais pour en revenir à moi, comme par exemple Rigane, je connais la majorité des noms des officiers qu’Elerinna a ralliés à sa cause et d’autres ralliés à celle du maire –que vous ne portez pas en très haute estime non plus je crois–, je pourrais me révéler d’une grande aide pour vous débarrasser d’espions gênant comme celui-ci ou simplement vous en indiquer que vos yeux ne saurez voir… Encore une fois, ce corps derrière en est la preuve. »

Il avait beaucoup parlé. La tension était montée d’un cran à cause de la prêtresse tout à l’heure et il n’avait rien fait pour la faire redescendre. Pourtant, sa voix avait semblé calme et posée ; même si la détermination et l’assurance transpirait de chacun de ses dires.

Mais la discussion arrivait à son terme. Il avait discrètement sortie la bague de sa bourse ; celle qu’il avait pris au doigt de sa victime. Celle-ci flotta, invisible, derrière sa ceinture pour trouver ses mains jointent dans son dos. Il avait bien noté le catalyseur serti à celle-ci et s’il ne comptait pas vaincre la prêtresse, ce coup de pouce pourrait bien lui sauver la mise si le besoin venait à se faire sentir.
Pourtant, il attendait encore avec espoir une réponse positive à sa demande d’alliance. Que ferait-il seul ? Il retournerait au service d’Elerinna qui le renverrait espionner quelqu’un devant qui il est maintenant à visage découvert ? Il deviendrait inutile et Kesha seule savait ce que la prêtresse ferait d’un inutile… à moins qu’elle ne comprenne la source de ses échecs avec le temps et là, alors, il n’avait besoin de nulle déesse pour savoir ce qui l’attendait.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeJeu 13 Juin - 11:54

On pouvait dire qu'étant la colossale erreur qu'il venait de commettre, Gardif s'en tirait plutôt bien. En fait Irina se demandait encore pourquoi elle avait pris la peine de l'avertir plutôt que de simplement se débarrasser de lui. Après tout il avait essayé de pénétrer dans leurs esprits et en plus de ça, il avait avoué servir Elerinna. S'il était capable de jouer double jeu, qui lui garantissait qu'il n'avait pas le courage de jouer triple jeu ? Une fois la frontière de la traîtrise franchie, il n'y avait plus de limites à ses yeux. Cependant le tuer aurait été trop facile,... et la présence d'Alix calmait indirectement le jeu. Après tout elle n'avait jamais tué personne en sa présence, même si elle se doutait que l'adolescente nourrissait peut être quelques soupçons. Cependant jusque là elle avait été un exemple pour elle, et la rouquine voulait que ça continue. Il n'était pas question de gâcher son image à cause de cet homme.

L'aura rouge qui se dégageait de lui fut suffisante pour lui indiquer la direction de ses pensées, même si elle ne pouvait jurer ce qu'il avait en tête. Dans tous les cas ce n'était rien d'agréable... Un mélange d'oppression et de doute, comme si tout d'un coup il avait perdu sa liberté. Irina ne laissa pas le sentiment la submerger, ni le souvenir qui y était lié, de peur de se laisser distraire. Plus tard cette information lui serait peut être utile, mais pour l'instant il y avait mieux à faire. Continuant de travailler, elle écouta les arguments du major dans un mélange de scepticisme et dégoût.


« C'est vrai. Je suppose que je devrais me satisfaire de la certitude que si jamais vous me portez atteinte à moi ou ceux que je protège, vous ne vivrez pas assez longtemps pour repartir sous les jupes de cette catin blonde. » Elle fit une pause, mélangeant divers ingrédients pour préparer une mixture destinée à renforcer les défenses de Veto.

« Oh non... C'est trop facile de se dédouaner de la sorte. Si je réagis avec virulence c'est simplement que je n'aime pas les incompétents. Ce n'est pas parce que son supérieur direct est Rigane qu'il n'est pas aussi sous votre responsabilité. Quel genre de chef êtes-vous si vous ne vous sentez même pas responsable pour ceux qui sont vos frères d'armes ? »

C'était quelque chose qu'elle ne pouvait comprendre, car elle même savait que blâmer Elerinna n'enlèverait pas les morts de sa conscience. Cette gamine qu'il venait de tuer en faisait partie. Certes sa mort n'était pas prévue, mais c'était encore un autre pion sacrifié dans leur jeu d'ombres, et Irina ne supportait pas cette idée. Ok Hinae l'avait mérité et même cherché, mais ce n'était qu'une gamine perdue parmi tant d'autres. Et si l'occasion de lui parler s'était présentée, peut-être aurait elle retrouvé la raison. Peut être serait-elle vivante à l'heure qu'il est. Le regard bas pendant un instant, la rouquine était pensive.

Une série de craquements macabres la fit se crisper, pas par leur nature, mais par l'inutilité de ce geste. Le regardant en coin, elle dodelina tristement de la tête, avec l'air de quelqu'un qui le voyait tuer une fourmi avec marteau de combat. C'était aussi disproportionné que stupide. Enfin au moins ça avait le mérite d'être radical, ce qui lui prouvait jusqu'à quelles extrémités il pouvait aller. Il avait peut être été aussi naïf qu'il le clamait un jour, mais actuellement il n'était plus qu'un corps animé par des réflexes machinaux destinés à le protéger.


« Inutile. Elle restera ici et sera amenée à la morgue comme n'importe quelle autre inconnue. De toute façon toutes les dépouilles finissent par atterrir ici au temple, alors cela ne sert à rien de tergiverser. Je veillerai à ce que son corps soit traité comme il se doit et qu'elle soit enterrée dignement. »

Elle ne s'attendait pas à ce qu'il comprenne, il ne connaissait pas grand chose de l'ordre si ce n'est le côté obscur de ses intrigues de couloir... et n'avait pas l'air de nourrir le moindre sentiment d'appartenance ou de loyauté envers ses pairs. Se forçant à calmer la puissante envie de lui régler son compte sans chercher à comprendre quoi que ce soit, Irina soupira. Peut être était-il dégoûté de voir ce qu'était devenue la garde cimmérienne, elle aussi éclatée en fonction des alliances des uns et des autres. Oui c'était logique et même compréhensible, mais elle doutait qu'il soit poussé par ça. On dirait qu'il pensait à sa propre survie et choisissait ce qu'il pensait le moindre mal, tout simplement. Qu'importe.

« Bien. Mettons que je joue le jeu, quitte à lui faire remonter des fausses informations histoire de l'occuper. Bien entendu toutes informations que vous me donnerez seront les bienvenues. Il y a cependant une chose que vous ne m'avez pas dite. Qu'attendez-vous en échange ? »

Terminant d'enrouler les bandages autour du torse de Veto en supportant son poids avec son corps, Irina devait se plier dans tous les sens pour faire le tour de son corps avec ses seuls bras, le tout sans le faire tomber. C'était un exercice plus compliqué que ça en avait l'air, surtout pour son gabarit menu. Cependant ses yeux étaient posés sur Gardif, son corps entier étant aux aguets. Baisser sa garde ce n'était pas dans sa nature, surtout que rien ne lui assurait que cet homme ne tenterait pas de la tuer quand elle s'y attendrait le moins. Il ne serait pas le premier... Car même s'ils venaient à s'allier cela ne signifiait pas qu'elle lui ferait confiance.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeMer 10 Juil - 11:44

Le major Gardif ne répondit ni à la menace, ni à l’insulte quant à ses qualités de supérieurs.

Pour ce qui était de la dangerosité de la prêtresse, il en était bien conscient. Du moins, ce qu’il soupçonnait lui semblait déjà bien suffisant pour ne pas changer d’avis en cours de route. Cependant, était-elle moins dangereuse qu’ Elerinna ?
Pourquoi se sentait-il plus capable d’en tromper une plutôt que l’autre ? Par principe tout d’abord, certainement. Et si ces histoires de manigances sournoises, de machinations et de traitrises ne faisaient pas partie de ces-dits principes, il semblait qu’aucun camp ne les lui épargnerait. Et puisque, la situation dans sa globalité de meurtres et de trahisons ne lui convenait pas, c’était pour ne pas continuer à rester un mouton, si dangereux soit-il, suivant le pouvoir en place. Elerinna ne voulait qu’une chose, laisser les choses en l’état et continuer à en profiter éternellement. Il avait compris qu’Irina se battait contre cette idée et voulait destituer cette perfide manipulatrice pour rendre à ce pays sa gloire d’antan. Gloire qu’il regrettait également. Cimmeria était un pays de guerrier fier et à la recherche d’honneur. Les choses s’étaient bien dégradées depuis la naissance de cette nation.

D’autre part, s’il rejetait la faute et ne voulait pas se considérer comme responsable de l’état de Veto, ce n’était pas par manque d’esprit professionnel mais parce qu’il exécrer cet état des choses. La corruption, les abus de pouvoir, la politique…

Lorsqu’elle rejeta son plan, il haussa négligemment les épaules.

 
« Comme vous voudrez. Après tout, ce n’était pas moi qu’elle filait. C’est tout ce qui m’importe. »
 
Et puis elle sembla accepter leur accord. Devait-il enfin se sentir hors de danger ? Bizarrement -ou non- il ne pouvait pas s’en convaincre. Sa prise sur la bague ne se desserra pas, même si ses pouvoirs restaient calmes.
Il hésita un instant, se demandant ce qu’elle voulait dire. Et puis il compris qu’elle le croyait plus vicié qu’il n’était.

 
« Quoi que vous pensiez, je ne fais pas ça pour la gloire ou le pouvoir. Encore moins pour l’argent. Tout ce qui m’importe, c’est qu’elle soit destituée, l’état-major de la garde démantelé et qu’enfin nos hommes n’aient rien d’autre à se soucier que les ordres qu’ont leur donnent et non de qui ils émanent. Nous sommes des militaires, non des espions ou des assassins et surtout pas des barbares avides de vengeance ou de promotion. »
 
Ses yeux se posèrent sur Veto et son corps mutilé à ses dernières paroles. Et puis il reprit, plongeant son regard à nouveau dans celui de celle qu’il voulait suivre.
 
« Et je n’attends rien de mon engagement que je ne mérite pas. Ni promotion, ni part du gâteau. Mon grade a été déjà trop facile d’accès. Et puis… »
 
Son esprit se tourna vers le corps inerte derrière lui. Il eut un profond soupir durant lequel il ferma les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, la lueur de sa détermination s’était ranimé de plus belle.
 
« Et puis viendra bien le moment de payer. Je ne suis pas exempt de mes fautes. Je veux voir tomber les monstres mais je n’oublie pas que je suis un assassin. Lorsqu’on me demandera des comptes, je ne fuirai pas. Tout ce que je veux, c’est la justice et la vérité. »
 
Le métal brillant et gracile blessait ses phalanges alors qu’elles seraient toujours plus fort la bague.

Il ne mentait pas et ne reviendrait pas sur ses promesses.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeJeu 11 Juil - 13:18

À tort ou à raison, l'impression qu'Irina avait de Gardif était changeante et évolutive... comme si à chacune de ses réponses elle découvrait une autre facette de sa personnalité. Pourtant c'était loin d'être aussi simple ou aussi évident. Il n'y avait nul doute qu'il était un joueur voire même un bon joueur, et quelles que soient ses vraies intentions, le croire serait de toute façon une prise de risque, un pari osé certes, mais qui pourrait éventuellement porter ses fruits. C'est pourquoi, du moins pour l'instant, la jeune femme avait choisi de lui donner une chance de faire ses preuves, une opportunité de se révéler avant de juger si oui ou non il était digne d'intérêt. L'observant toujours pendant qu'elle travaillait, ses yeux ne le quittaient pas. Les explications masculines lui paraissaient crédibles c'est vrai, mais de là à affirmer que c'était la vérité il y avait de la marge. Il avait un très long chemin à parcourir avant de monter dans son échelle d'estime...

« L'état major de la garde démantelé... Vous visez gros. » Son ton était neutre, même si intérieurement elle approuvait cette réforme. Ce n'était même pas une question de simple principe révolutionnaire comme on pourrait le croire, mais une volonté immense de purger les rangs souillés non seulement de son Ordre, mais aussi de l'armée. C'était triste de devoir le reconnaître, mais la vérité c'est que l'un comme l'autre pâtissaient de la même maladie corruptrice. Alors oui, jusqu'à un certain point ils auraient peut être tous deux besoin du même remède. Cependant il avait manifesté une émotion profonde et sincère lorsqu'il avait dit que tous devaient payer à un moment ou un autre. Oui c'était vrai, en principe du moins. Et Irina était indéniablement l'un de ceux là.

« Exact. Ici-bas tout se paye. » C'est pourquoi la prêtresse n'avait pas dans l'esprit l'idée de diriger l'Ordre plus de temps qu'il n'en faut. Après tout elle s'était sali et continuait de se salir beaucoup les mains... Et même si c'était pour une bonne cause, cela n'effaçait pas ses erreurs ainsi que la cruauté de ses actes et de ses choix. Finissant de prendre soin de Veto, la demoiselle fit signe à Alix de se retirer afin qu'elle se repose. Pour l'instant son aide n'était pas indispensable, et en plus de ça sa présence l'empêchait de parler librement comme elle l'aurait souhaité. Avec un sourire bienveillant elle regarda partir l'adolescente, à qui elle n'avait pas besoin de dire d'être prudente. La jeune brune était plus qu'habituée à prendre soin d'elle-même et à esquiver les éventuels espions qui pourraient la suivre. Une fois seule avec Gardif, et Veto toujours inconscient, elle se tourna vers le major, à qui elle parla franchement après avoir pris place sur un tabouret au chevet de son patient.

« Découvrez qui a fait ça. J'ignore ce qui a motivé un incident pareil, mais ce n'est pas anodin. Je parie ce que vous voulez qu'il n'est qu'un autre pion sacrifié à la va vite... tout comme l'était cette prêtresse qui vous filait, finalement. Si l'on trouve qui l'a mis dans cet état et pourquoi, cela pourrait nous donner une piste qui nous offrirait un coup d'avance. Hors, c'est justement ce dont j'ai besoin en ce moment. Et puis cette histoire de procès, c'est bien trop rapide pour que ce soit honnête. J'ai besoin d'en savoir plus, vous en sentez-vous capable ? »
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeSam 20 Juil - 11:23

Finalement, comme il l’avait compris, ils étaient d’accords sur des points essentiels. Son hypothèse selon laquelle ils avaient intérêt à travailler ensemble n’était en fin de compte pas une lubie !
De plus, elle lui confiait enfin une mission. La pression sur la bague dans sa main derrière lui se relâcha quelque peu mais pas tout à fait sa défiance de la dangereuse prêtresse.


« Peut-être pourrais-je déjà répondre à certaines de vos interrogations, madame. L’homme qui a torturé Veto s’appelle Paul Midiar. Il est l’inquisiteur en chef du corps municipal. C’est un poste récemment créé avec la réforme de le Garde Cimmérienne. Je fais partie de ce corps. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’a fait entrer dans les bonnes grâces de vous-savez-qui. En tant que Major, je suis le supérieur de ce cancrelat. J’étais en mission lorsqu’il a entrepris de prendre plus de liberté lors de son interrogatoire. »

Le regard de Gardif se perdit un instant dans le vide.

« Vous me disiez responsable de l’état de Veto tout à l’heure. Vous aviez en fait un peu raison. C’est assez particulier. En tant qu’Inquisiteur en chef, il a un statut qui fait qu’il reçoit ses ordres de tous mes homologues et supérieurs. Je connais un peu cet individu et il n’est pas assez courageux pour prendre l’initiative d’aller outre ses ordres de mission si on ne lui fait pas comprendre qu’il peut le faire... »

Le Major se redressa et planta à nouveau son regard dans celui de la prêtresse.

« La prochaine fois que nous nous verrons, j’aurais découvert qui. Quant aux raisons, il est évident qu’on a commencé à surveillé Veto depuis sa mission dans le Duché d’Arghannat. Je sais que le Major Millenia Rigane est aux ordres de la grande prêtresse et le Corps Municipal doit commencer à s’en douter. Je suppose qu’ils cherchaient des aveux ou plus de précisions sur la nature de l’emprise de la Grande Prêtresse sur l’armée. Un troufion entre leurs mains, c’était inespéré. »

Il sembla réfléchir une seconde, le regard perdu dans le vide, puis il hocha la tête, résolu, les yeux pleins de détermination et de l’envie de faire ses preuves.

« Donnez-moi une semaine et j’aurai vos réponses. Où voulez-vous que nous nous retrouvions ? »
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeJeu 8 Aoû - 14:22

La méfiance hostile qu'éprouvait Irina à l'égard ne disparaissait pas encore, et ce malgré le fait qu'il se montre plus digne d'intérêt après avoir daigné partager des informations. Il révélait un peu de son potentiel, quand bien même ce qu'il avait dit reste à vérifier. Cette épreuve n'avait en fait rien de personnel, c'était simplement le lot de tests réservé à toute nouvelle source. S'il espérait une vraie collaboration il lui faudrait passer son examen froid et méthodique afin de prouver sa valeur, sa loyauté et sa transparence. En ce sens le major faisait certes des progrès, mais la route était encore très longue.
Le regardant du coin de l’œil, Irina lui reconnaissait certaines qualités, exploitables ou non. Le sang-froid et le courage en faisaient partie, mais celle qui l'avait le plus frappée était certainement son culot... Ou son désespoir. Les deux étaient parfois étonnamment proches, et c'était d'autant plus vrai dans ce cas-ci. Défier ouvertement quelqu'un de sa position et ensuite négocier un changement de camp était terriblement risqué, sachant qu'il risquait désormais de s'attirer les foudres des deux rivales à la fois. Être pris entre la peste et le choléra ce n'était pas vraiment sa conception d'une position avantageuse.

Après avoir posé ses outils, la prêtresse leva brièvement les yeux vers son interlocuteur au son d'un nom qui ne lui était pas complètement étranger. Paul Midiar. Ce type lui était même vaguement familier. Certes ils n'avaient aucun lien d'ordre personnel, mais il était arrivé que ce nom revienne plusieurs fois comme étant le responsable de plusieurs longs séjours au temple. De ce qu'elle avait pu en deviner c'était une brute épaisse, certainement un homme de main obéissant. Dans tous les cas il n'avait pas le profil d'une tête pensante, loin de là. Les commentaires de Gardif rejoignaient son avis, ce qui la conforta dans son idée première... Mais ne la rassura pas.

Son « inquiétude » concernant Veto, si tant est qu'on puisse utiliser ce mot, était réelle mais pas altruiste. Depuis quelques temps déjà elle cherchait des armes dans cette guerre silencieuse et sans merci... Et il faisait jusqu'à un certain point partie de son arsenal. Du moins elle l'avait espéré. Ses dérivèrent vers le malheureux qu'elle devait une nouvelle fois remettre sur pieds. Avec lui dans cet état, il ne pouvait pas lui être utile, ce qui était pour le moins contrariant. De plus si Elerinna ou ses sbires avaient le jeune homme en ligne de mire, il fallait qu'elle en sache plus.
Millenia Rigane, Paul Midiar, et maintenant bien que dans un autre degré de priorité, Gardif. Tous étaient une menace potentielle, tous étaient impliqués dans l'échiquier de Hellas, et tous en savaient trop pour être innocents. Tous étaient militaires, mais là n'était pas leur seul point commun ; il y en avait un autre non négligeable : tous finiraient tôt ou tard par lui révéler leurs secrets.


« Je vois que vous avez déjà commencé à mener l'enquête de votre côté, bien que rien de concluant n'en soit encore ressorti. Continuez donc là dessus et je me certifierai que ses yeux restent braqués ailleurs. Je l'occuperai avec quelques provocations publiques et autres distractions afin de vous donner du champ. » Du menton elle désigna le cadavre de Hinae, pour lui faire comprendre de quoi il était question. « Attirez-vous les lauriers de l'élimination d'une traîtresse, cela endormira sa méfiance. Donnez-lui ses bijoux pour preuves, et si elle se montre dubitative, ce dont je doute, j'appuierai votre version. Cela devrait largement suffire à la convaincre, elle et sa stupide paranoïa. »

Ironique que la rouquine en parle de la sorte, avec tant de légèreté, alors qu'elle n'avait pas grand chose à envier à sa Némésis de ce côté-là. La différence était surtout que contrairement à cette dernière, elle avait conscience de ses vices, ce qui était le détail faisant toute la différence. Se lavant les mains poisseuses de sang dans une bassine d'eau claire, Irina observait ouvertement son allié en devenir. Tant qu'elle n'avait pas plus de certitudes concernant sa fiabilité, il valait mieux être prudente. En ce sens une semaine était un bon délai... à la fois pour qu'il puisse s'organiser dans son enquête,... et pour que de son côté elle puisse en découvrir le plus possible à son sujet.

« Une dernière chose. Qui s'occupera de venir chercher cet homme ? Gagnez autant de temps que vous le pourrez, car indépendamment de ce qui nous arrange, il ne supportera pas d'être transporté sans être un minimum remis de ses blessures. Il a enduré autant si ce n'est plus qu'un prisonnier de guerre. »

Le regardant dans les yeux elle s'était approchée de lui, le regardant d'égal à égal. Une attitude qui n'avait rien de l'attitude distante et séduisante de la plupart des prêtresses. Elle ne cherchait pas à l'intimider, pas plus qu'à flirter. Cependant quitte à travailler de concert, autant regarder les gens dans les yeux, tâter le terrain et juger de leur sincérité grâce à l'absence ou présence de peur. Et puis en plus du reste, il lui fallait savoir à l'avance de combien de temps elle disposait... Car en fonction de cela elle pourrait faire son jeu et adopter la meilleure stratégie.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeJeu 15 Aoû - 23:54

« Attirez-vous les lauriers de l'élimination d'une traîtresse, cela endormira sa méfiance. Donnez-lui ses bijoux pour preuves, et si elle se montre dubitative, ce dont je doute, j'appuierai votre version. Cela devrait largement suffire à la convaincre, elle et sa stupide paranoïa.»

Gardif eut une hésitation et crut qu’elle lui proposait de révéler un quelconque lien entre eux. Il se ravisa immédiatement et comprit qu’elle ne pouvait pas faire cette erreur et se montrerait bien plus subtile qu’il ne pourrait l’imaginer. Il inclina donc la tête, acquiesçant ce plan et promettant ainsi de s’y plier.

« C’est moi qui suis chargé de l’escorter jusqu’au tribunal. Je ferai ce qu’il faut pour qu’il le soit dans les meilleures conditions. Rien de bien compliqué. Après ce qu’il a subi, il ne devrait pas être compliqué de convaincre mes supérieurs que l’image du pays sera liée à notre prestance à tous lors du jugement. Quand à gagner du temps… Ça, je ne peux rien promettre si ce n’est deux jours… peut-être trois, grand maximum. Le tribunal n’est pas l’une de nos instances, vous le savez. Nous ne pouvons pas facilement repousser la date d’un jugement. »

Il réfléchit encore un instant et puis reprit.

« J’ai un ou deux hommes de confiance. Ils enquêteront sur notre affaire après que j’ai tout mis en place et parte pour cette mascarade. Vous aurez mon compte-rendu le lendemain de mon retour. »

Il se mit au garde-à-vous et inclina mécaniquement la tête avant de prendre la direction de la porte.

« Dans cinq jours, vous en saurez déjà d’avantage sur ce Veto. »

La main sur la poignée, il hésita à sortir et eut un petit rictus.

« Quand j’y pense… Il ne doit pas se douter d’une dixième de ce qui gravite autour de lui…
« À dans cinq jours, Madame. »

*

Le sommeil de Veto avait duré deux jours. Et comme Gardif l’avait promis, il ne fut pas inquiété à cette date présumée butoir. Veto n’avait gardé aucun souvenir de l’entrevue de sa sauveuse et de son sauveur. Quant aux jours de tortures, il n’en gardait que de vagues souvenirs traumatisants qui l’avaient plusieurs fois hanté durant cette longue léthargie.

Ce n’était pas la première fois qu’il se réveillait dans le temple, dans un lit de soin, chastement recouvert d’un drap trop blanc pour être posé sur lui depuis longtemps. Son corps encore un peu humide par endroit lui criait qu’on avait bafoué son intimité et que ce qu’il sentait autour de son postérieur et son entre-jambe était un lange.

Son corps n’était plus qu’un grand morceau de chair douloureux ou insensibilisé selon les endroits. Drogue ou séquelle, il n’en savait rien. Tout ce qu’il savait c’est que l’odeur du temple l’apaisait et l’incitait à sombrer à nouveau dans les bras de Kesha et prolonger son repos.

Mais un bruit lui fit rouvrir les yeux sitôt qu’ils se soient clos. Il remarqua la lumière à travers un vitrail au-dessus de lui et il se souvint d’un rêve parmi tant d’autres. Il s’était vu devant la barre d’un tribunal, accusé de désertion. Il s’était vu déprécié, interrogé sans ménagement et moqué sans retenu. Et pourtant, acquitté. Assis dans les gradins aux côtés de Gardif, il l’avait aussi vu arborait un sourire en coin.
Et puis le regard intemporel de Veto se posa sur quelqu’un qui le fixait, tantôt à la barre, tantôt sous cette forme éthérée que personne d’autre ne semblait remarquer.

Ision Lorindiar serait là et il serait acquitté.
Il n’y avait besoin d’aucune autre explication.

Lorsque la soigneuse arriva à sa coucher, elle le trouva à nouveau endormi mais un sourire aux lèvres.


*

Les trois autres jours se passèrent sans histoire. Veto dormait le plus claire du temps, son corps se remettant doucement ce ses maltraitances et son esprit, cauchemardant de moins en moins, revivait inlassablement un procès qui n’avait pas encore eu lieu et qui se terminait toujours et inexorablement bien.

Et puis, au matin du cinquième jour passé dans ce lit, on vint le trouver dans sa chambre. Trois gardes armés accompagnaient Gardif.


« Bonjour. On m’a dit que vous vous sentiez mieux. Nous allons devoir vous transférer jusqu’au tribunal en Eridannia. Pensez-vous que vous tiendrez le coup ?
-Je le pense, oui. »

Comme son rêve l’avait montré enchaîné, il n’attendit pas qu’on lui montre les menottes pour déjà tendre les bras en s’assaillant maladroitement sur le bord de sa couche. On l’avait aidé à s’habiller tôt ce matin et, vêtu d’un pantalon ample et d’une tunique tous deux épais et bleutés, il enfila une paire de bottes de cuir fourrées et un long manteau de fourrure bleu affichant le symbole de Kesha.
Les courbatures étaient légions, les jambes lourdes et engourdis, la tête étourdie… Mais on le soutint, le traîna presque et il suivit le mouvement sans crainte ni réticence. Il était sûr de revenir lavé.

Arrivé devant le convoi qui l’attendait devant le temple, il croisa le regard haineux de son caporal-chef qui s’était levé de bon matin uniquement pour être sûr que son souhait se réalise. Des badauds s’étaient rassemblés et les ragots allaient bon-train.
Lorsque Veto lui lança un regard serein et intrigué, ce spectre de malveillance sembla s’embraser et s’éloigna en crachant parterre.

Mais Gardif manquait à l’appel. Cependant, alors qu’un de ses hommes hésitait à retourner le chercher dans le temple, il sortit et dévala les marches.


« Allons-y. »

Le charriot se mit en branle et Veto, assis au fond, enchaîné au châssis, laissa son regard se poser sur le temple et cru voir un éclat de feu au moment où on ferma la toile et la peau qui recouvrait leur véhicule.

« Nous allons voyager jour et nuit sans nous arrêter. Des bêtes de traits fraiches ont été prévues à divers endroit du trajet pour le permettre. Tu peux te targuer d’avoir le convoi le plus aménagé depuis des décennies…
-Ah ! Je me féliciterai certainement de cette chance si mes côtes et le reste de mon corps ne me faisaient pas tant souffrir et qu’on ne m’emmener pas au tribunal. Je suppose que c’est la façon du corps municipale de se faire pardonner son léger écart… Sans doute devrais-je me montrer reconnaissant.
-Baisse d’un ton, déserteur ! »

Gardif ne répondit rien et sourit simplement. Il écarta discrètement le pan de peau qui cachait le temple alors qu’il s’éloignait toujours d’avantage. Qui aurait pu deviner qu’il venait de laisser un rapport en si peu de temps ? Personne, n’est-ce pas ? Alors pourquoi il tremblait encore ?

*

À l’ombre d’une alcôve, Lamarel Gardif avait rejoint quelqu’un qu’il n’aurait pas dû.

« Nous avons peu de temps.
« Veto est bien surveillé depuis le duché d’Arghannat. Mais personne n’est sûr qu’il soit vraiment en lien avec Riganne. Il a tué son caporal en mission et a été acquitté. Le gars était camé jusqu’aux os, Veto s’est défendu. C’était le beau-frère de son caporal-chef et il ne l’accepte pas. Il s’acharne sur lui et fait courir des ragots. Veto a porté secoure à une de ses compagnons et a été séparé du groupe durant une mission : il a été accusé de désertion par le caporal-chef.
« Midiar ne l’aimait pas. Il avait entendu parler des ragots. Voilà le résultat. Je cherche encore qui a incité Midiar à se permettre ces pratiques. »
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeSam 31 Aoû - 20:43

Appuyer la version de Gardif en forgeant une fausse preuve ce serait un jeu d'enfant. Ce ne serait ni la première ni la dernière fois que cette méthode serait employée dans cette guerre d'espionnage, après tout. Quoi de plus facile que de laisser une de ses missives volontairement atterrir entre les mains de sa rivale ? Une simple lettre, qui pourrait aisément attester du changement de camp de la défunte, aussi forgée soit-elle. L'avantage d'affronter ainsi quelqu'un qu'elle connaissait bien, c'est qu'Irina pouvait aisément exploiter ses failles et retourner son arrogance contre elle. C'était plutôt simple... Elle avait trop confiance en ses propres habilités pour croire que sa Némésis oserait se jouer d'elle... ou qu'elle en avait la capacité. C'est fou... plus elle vieillissait et plus elle devenait prévisible. Fermant les yeux un instant, la rouquine inspira comme pour passer à autre chose.

« Je vous laisse gérer la façon de faire, et disons que les résultats seront l'accomplissement de votre test vous accordant ma confiance. Ce sera un bon début, un nouveau commencement, je l'espère. »

Son ton était calme et empli d'une autorité naturelle, loin de l'égocentrisme qui faisait celle d'Elerinna, toujours imbue d'une douceur feinte. Ce n'était qu'un leurre destiné à ensorceler hommes comme femmes... et le plus triste c'était que bien souvent elle parvenait à ses fins en leur promettant monts et merveilles, en leur donnant une pseudo importance qu'ils n'auraient jamais, en bons pions sacrifiables qu'ils étaient. Un sourire presque moqueur se dessina sur ses lèvres quand Gardif la salua militairement, car l'ironie du geste en devenait hilarante. Il était entré dans cette pièce et dans sa vie comme une tornade, et voilà qu'il ressortait dompté, telle une brise d'été qui ne pouvait plus que la rafraîchir agréablement.
Cependant son dernier commentaire la laissa pensive, car il y avait dans ses paroles une certaine vérité. Oui Veto était de ceux qui se retrouvaient involontairement impliqués dans des choses qui les dépassaient... Un parmi d'autres innocents qui payaient les pots cassés dans ce grand échiquier qu'était le jeu de puissances, le duel d'influence entre différents partis. Ses yeux se posèrent alors sur le jeune soldat toujours alité, et ses pensées se tournèrent vers son apprentie, qui trop jeune et naïve, n'avait aucune idée de ce qui se passait vraiment. Oui c'était mieux qu'ils restent tous dans l'ignorance pour l'instant... Car non seulement c'était la seule façon de les protéger, mais c'était aussi la seule façon de les empêcher de découvrir le monde qui se tapissait au fond de son âme.

-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-

Une capuche sombre lui couvrant la tête et les cheveux, Irina n'était qu'une ombre comme une autre, bien différente de son habituel statut de figure publique. S'entretenant avec Gardif, elle s'était contentée de l'écouter en silence, après s'être soigneusement certifiée qu'aucune présence visible ou invisible ne témoignerait de leur conversation. Oui il amenait des informations basiques, mais très utiles. Maintenant qu'elle avait des noms, il lui serait bien plus facile de suivre à la trace les potentiels éléments dangereux... et de les traquer afin de remonter leur piste. Souriant à demi avec satisfaction, la demoiselle acquiesça et laissa partir son espion assez rapidement. Si l'essentiel avait été dit, il ne servait à rien qu'ils s'exposent tous deux plus qu'il n'en fallait. Les risques était peut être contrôlés pour l'instant, mais ils étaient là et bien là... La mort. C'était la mort et peut être même un sort encore pire qui les attendrait si jamais ils venaient à échouer.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitimeLun 9 Sep - 8:23

« Et on vous paie pour défendre un déserteur cimmériens ?
-Non. On me paie pour l’innocenter et prouver qu’il a agi en soldat exemplaire.
-Très bien… Et puis-je savoir qui ? Parce que j’ai entendu dire que vous n’étiez pas un des moindres avocats qui exerce dans ce tribunal…
-Non. Maintenant, l’audience va débuter. Par ici je vous prie. »

Gardif fit signe à ses hommes de laisser faire et alla s’installer le long du mur.
Veto ne souriez pas de complaisance à la découverte d’une telle défense, ni ne s’inquiétait de cette mascarade. Il avait déjà rêvé la fin de cette histoire Et ces rêves le hantaient depuis déjà bien trop longtemps pour qu’il ne comprenne pas que la netteté de celui-ci n’annonçait qu’une chose : son inéluctable libération.


« La parole est à l’accusation… »

Mais déjà Veto n’écoutait pas. Le voyage l’avait épuisé, lui qui n’était encore que trop peu remis de ses blessures.
Le regard rivé sur l’accusateur qui faisait spectacle, ses yeux ternes n’avaient rien à rétorquer aux siens, flamboyants. Rien d’autre que de l’incompréhension. Veto n’entendait même pas ce qui se disait autour de lui, si ce n’est un léger bourdonnement ponctué parfois de haussements de voix ou de coups de marteau. On fit venir un témoin. Le caporal-chef en personne. Celui-ci lançait des éclairs à chaque battement de cil tellement son regard se voulait agressif à l’encontre de Veto.

Finalement, Veto se retourna même, se détournant complètement de son procès pour jeter un œil vers l’assistance. Rapidement, il chercha ce regard froid qu’il aurait trouvé si réconfortant. Pourtant, il ne le vit nulle part. Sans doute était-il mal placé…


« À moi de jouer. Remerciez qui de droit. Avec ce dont on m’a informé sur lui, ce témoin n’est déjà plus qu’un souvenir. »

Veto revint à lui à ce murmure glissé par son avocat avant que celui-ci ne se lève.

« Caporal-chef Osbor… N’auriez-vous pas une sœur ?
-Je ne vois pas ce que ça a à voir là-dedans ! »

Les traits de Meftis Osbor se tendirent.

« Moi si… Répondez à la question.
-Non.
-Non… Non, en effet. Vous n’en avez plus. Elle est décédée de la tuberculose il y a quelques années. Elle était marié il me semble.
-Ça n’a rien à voir avec cette affaire !
-Oh que si ! Car son mari n’était autre que votre ancien caporal, aujourd’hui décédé. Pouvez-vous nous rappelez comment ? »

Le caporal-chef fulminait intérieurement, jetant des regards assassins dans toutes les directions mais surtout vers l’avocat et son client.

« Je vais le faire dans ce cas. C’est le soldat Havelle, ici présent, qui l’a tué. »

L’accusateur intervint alors depuis sa chaise, sans même prendre la peine de se relever ou de retenir un petit rire moqueur.

« C’est donc ainsi que vous défendez votre client ? En l’accusant d’un autre crime ? On vous loue pourtant tant de louanges…
-Je n’accuse pas. Je rappelle un fait. Mon client a été innocenté pour ce cas de légitime défense. L’homme que mon client a tué était une menace pour toute son équipe et quiconque se trouvait là. Il venait d’ailleurs d’assassiner un innocent. J’ai le témoignage de gens de sciences qui ont prouvé que cet homme était sous l’emprise de stupéfiant. Votre caporal et beau-frère se droguait, n’est-ce pas ?
-Taisez-vous ! Comment osez-vous bafouer encore l’honneur de ma famille alors que nous sommes ici pour juger un déserteur, la honte d’une armée !
-S’il vous plait, messieurs ! Un peu de calme ! »

Le juge s’était manifesté, frappant de son symbolique maillet. Pourtant…

« Non, je ne me calmerai pas alors qu’on m’insulte pour défendre un lâche !
-Un lâche qui a sauvé sa coéquipière ! Et ce, une fois que le reste de son équipe soit en sécurité.
-Nous étions acculés ! Pas en sécurité ! Le bouclier était sur le point de céder !
-L’a-t-il fait ?
-Bien sûr que non ! Sinon je ne serai pas ici !
-Et pourquoi a-t-il tenu ? »

Enfin le tribunal retrouva son calme et Osbor le premier.

« Parce que…
-Parce que Veto s’est sacrifié, entrainant dans son sillage une multitude des créatures qui vous assaillaient. Il a risqué sa vie pour vous offrir une chance et pour en sauver une autre ! C’est vous que l’on devrait juger pour avoir abandonné deux de vos hommes. J’en ai terminé. »

Le juge avait cet air maussade qu’ont les hommes d’influence lorsqu’un cancrelat s’invite dans sa demeure et qu’ils ne réussissent pas à l’écraser. En tout cas, le regard qu’il lançait au témoin qui avait rejeté son autorité évoquait cela à Veto.

« Je déclare toute déclaration de ce témoin comme nulle et non-avenue. Accusation ? Avez-vous quelque chose d’autre ?
-Heu… Non votre honneur. »

Osbor quitta la barre avec ce regard assassin qu’il ne pouvait masquer chaque fois qu’il le posait sur Veto. Celui-ci n’y prêta guère attention, regardant intrigué son avocat revenir. Il lui demanda d’où lui venaient ces informations mais n’eut pour seul réponse qu’un doigt sur des lèvres souriantes.
Pourtant Veto ne pouvait se réjouir. Cette mascarade l’ennuyait et l’exposition ainsi flatteuse de ses actes le gênait un peu.
Il perdit très vite le fil de ce qui suivit après. Son avocat lui avait de toute façon dit ce qu’il savait déjà : ils avaient gagné. Ce qui suivrait ne serait que mondanité.


*

« Eh bien nous revoilà sur le retour… Ta défense aura été rudement bien menée.
-C’est vrai ce qu’ils ont dit ? En fait, tu les as sauvés…
-Je n’en sais rien.
-Regardez-le ! Il échappe à Umbriel et il est plus triste qu’un condamné au labyrinthe ! »

Veto, au fond du chariot se détourna des autres et se pelotonna dans son coin, tirant son manteau de fourrure bleu pour couverture. Le symbole de Kesha trônait à nouveau fièrement sur lui. Ce n’était plus la marque d’une réclamation de justice qui l’avait escorté lors du trajet inverse.
Il était toujours aussi épuisé mais surtout, Ision Lorindiar était resté invisible. Veto le lui avait demandé, certes, mais un regard lui aurait fait tant de bien. Ne pouvait-il pas avoir un père aimant ? Qui lui montre le soutient dont il avait besoin dans les moments difficiles ?


*Bah… Après tout… On savait tous les deux que ça finirait bien… Pas de quoi se fatiguer.*

Loin d’Eridannia, le chariot ramenait les soldats du Nord à leurs terres. Veto ne savait pas encore que sa prochaine entrevue avec Osbor ne serait faite que de sang et de peine. Il ne savait pas non plus que faute d’un père aimant, c’était une mère présente qui s’intéressait de plus en plus à lui. Et surtout, il ne savait pas que ce pays qu’il rejoignait doucement n’était pas qu’une simple terre d’accueil pour lui et que son histoire était loin d’être terminée.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

MessageSujet: Re: Inquisition et négociations   Inquisition et négociations Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Inquisition et négociations
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Istheria, le monde oublié :: La Communauté & ses échangesTitre :: • Corbeille :: • Les vieilles aventures-
Sauter vers:  

(c) ISTHERIA LE MONDE OUBLIE | Reproduction Interdite !