Démégor, Grand Maître des Cavaliers de Sharna.

DON : Résistance physique développée

SPECIALITES : Excellence en armes à deux mains, Mensonge (capacité à mentir efficacement), Manipulation (capacité à manipuler autrui et obtenir des informations) et Tacticien (capacité naturelle à développer des tactiques de guerre ou politiques).

POUVOIRS : 13★

Agilité sur-développée = ★★★★✩✩
Force sur-développée = ★★★★★✩
Démégor est un combattant hors pairs. En plus de posséder une expérience de centaines d'années, Sharna lui a conféré des magies physiques qui justifient sa place incontestée et fond de lui un monstre terrifiant sur le champs de bataille.

Rayonnement = ★★★✩✩✩
Démégor dégage un charisme qui impressionne son ou ses interlocuteurs. Sa voix, ses gestes, ses manières, tout paraît digne d'admiration pour celui qui succombe à cette magie. Elle explique en partie le fanatisme religieux qui entoure les fidèles de l'impérial.

Contrôle du métal = ★✩✩✩✩✩
Découverte récente de Démégor, il est capable de contrôler le métal, du bronze à l'acier. Il ne sait trop quoi faire de ce pouvoir d'autant plus qu'il est loin de la maîtriser mais déjà son esprit vagabonde à la recherche de son potentiel.




Démégor possède une épée à deux mains unique qu'il a fait forger au temple de Bor, Jézabel. Avec une garde longue de trente centimètres et une lame de cent dix centimètres, elle reste un classique en terme de taille. Son pommeau est une tête de cheval en acier noir, la désignant comme arme des cavaliers de Sharna. Son manche est recouvert d'un cuir rouge sang et la garde en acier noir représente deux bustes de chevaux galopants. La lame en acier, d'une largeur classique aux épées du style, a des reflets pourpres et on ignore si ce sont ses nombreuses victimes qui en sont à l'origine ou bien le talent des forgerons du temple.



Un porte sphère au niveau du torse, une invention née dans l'esprit de Démégor qui souhaitait toujours avoir sur lui un relais magique mais qu'on ne pourrait lui retirer, et d'une puissance plus grande que la moyenne des catalyseurs. Il ordonna à un maître armurier et un orfèvre de créer un réceptacle pour des pierres de sphène de la taille d'un poing et de lui insérer ce dernier à l'endroit de sa plaie qui ne cicatrise jamais, là où son cœur battait autrefois.




Démégor est un grand homme à la large carrure ; un mètre quatre-vingt-dix pour cent dix kilos. Il est rare de le voir dévêtu, mais ses mouvements lents, puissants et économes laissent deviner une musculature que ses siècles de combats ont forgée ; sous ses aspects sophistiqués se moue toujours l'aura de sa puissance. De la même manière que ses pupilles noires et calmes peuvent scruter leur environnement passivement mais s'enflammer d'une fureur éclatante dans ses moments de profonde colère, ses gestes sont capables d'une douceur confondante dans leur quotidienneté mais d'une puissance pétrifiante lorsqu'ils se déchaînent.

Le style vestimentaire de Démégor lui est propre bien que d'une grande sobriété, alliant les allures militaires et formelles pour être la figure de son ordre belliqueux. Un surcot rouge sang serré recouvre le haut de son torse jusqu'au haut de ses cuisses, serré par une ceinture de cuir et recouvert en deuxième couche par une brigandine. Il porte un pantalon noir disparaissant nettement sous des bottes de cavalerie. Un plastron d'acier recouvre son torse et protége son cou. Des épaulières d'acier et d'où tombe sa cape renforcent ses épaules, des brassards de cuir ses avant-bras et des gantelets ses mains. Il ne porte ni le plastron ni les autres protections au quotidien, ils l'accompagnent seulement lors de ses sorties, tout comme son casque qu'il ne porte que lors de ses affrontements.

De tout ce style des plus Phelgrans reste son visage, façade carrée encadrée de longs cheveux blancs, froide et pensive, ou furieuse et déchirée par une haine incommensurable. Il est plus que toute autre chose dans son apparence physique la marque de son dualisme.



Pour qui n'a qu'entendu parler du Grand Maître des Cavaliers de Sharna, il serait surpris de son calme et de sa tranquilité. Au quotidien, il passe la majorité de son temps au manoir Cavaleri, à rencontrer diplomates et autres, à planifier ses actions et décider de la meilleure direction à prendre. C'est ce qui le définit le plus d'ordinaire, il pense. Les conseillers de Démégor ont eu maintes fois l'occasion de l'observer tourner et retourner une question pour tirer d'une situation ses plus grands avantages, et ses digressions sont souvent d'ordre philosophique. Il intellectualise les actions des fidèles de Sharna, plaçant la destruction qu'ils opèrent comme le résultat d'une stratégie précise. Tout a une raison d'être pour Démégor qui perçoit dans l'infini le contraire des perceptions mortelles. Une défaite n'en est jamais vraiment une, et il n'a de cesse de rappeler à chacun sa place.

« Qu'importent nos siècles, notre sagesse sera toujours naïve devant celle des dieux. Chaque fidèle en est l'instrument, et ils nous donnent des raisons simples de les servir. Pour les cavaliers, il s'agît de tuer. Sharna offre à ses guerriers le plaisir de semer la chaos et la destruction, et la majorité d'entre eux agissent soit pour l'honorer, soit pour satisfaire leurs désirs. L'homme véritable comprend que dans toute chose réside une raison d'être ; il faudrait être stupide pour attribuer aux créateurs une pensée unique. L'égocentrisme gesticulatoire des races d'Isthéria persuade chaque individu qu'il est maître de son destin, mais il n'est pas un seul maître de sa destinée si ce n'est un dieu. »

La réflexion et la planification permanentes de Démégor ne lui laissent pas beaucoup de temps libre, voire aucun. Cependant, il lui arrive de s'abandonner à quelques rares occupations comme assister aux combats d'arène ou  aux compétitions entre forgerons et armuriers à l'occasion des fêtes de Bor. Le Grand Maître aime les belles oeuvres et s'amuse à récompenser ses meilleurs soldats de commandes spéciales. Il y a un goût chez Démégor pour le beau, et en tout. De l'uniformisation de ses hommes à l'ameublement de son manoir, sa vision est également esthétique ; il séduit ce qu'il ne détruit pas, et toujours pour mieux le reconstruire.

« Nous devons nous élever à la hauteur de nos ambitions, et la barbarie aveugle d'une poignée d'écervelés ne nous mènera nulle part. Notre politique actuelle favorise la qualité de nos hommes, mais la quantité est et sera toujours gagnante. Si nous désirons honorer Sharna comme il se doit, honorons ce qui fait force. »

Démégor ne reconnaît pas en la présente Phelgra le potentiel d'un empire digne de son ambition. Pour arriver à ses fins, il lui faut un régime organisé et une légitimité que la brutalité n'achète pas, comme le prouvent les révoltes de plus en plus nombreuses du peuple. Tout ce que le Grand Maître réforme consiste en cela ; faire des cavaliers de Sharna une force au sein d'un véritable empire dont il serait le chef légitime. La loi du plus fort comme l'ont toujours entendue les cavaliers doit disparaître et faire place à un système protecteur de l'intégralité de son patrimoine mais centralisé. C'est uniquement de cette manière que Phelgra pourra se dresser à la hauteur de tous ses ennemis sans être ralentie dans son destin par des querelles internes et ridicules.

« Il faut que chaque garçon sur nos terres porte un regard admiratif sur notre force. Nous devons porter la colère et la haine sur l'extérieur, créer une fierté qui soulèvera une puissance que la répression ne parviendra jamais à égaler. »

Les motivations et la transformation de Démégor naissent à différents moments de son histoire. Autrefois un lhurgoyf uniquement motivé par la guerre et réputé pour sa fureur destructrice, sa résurrection lui a offert l'éternité et le développement qui y fut lié. C'est dans cette après-vie qu'il a développé sa sagesse et sa réflexion, et pris conscience de son incapacité à procréer, de l'infertilité de sa chair. Après des centaines d'années de formation philosophique, politique, stratégique et martiale, il désire être le père d'un nouveau peuple qui dépassera les frontières phelgranes.

La part démoniaque de Démégor n'est pas morte, elle sommeille en lui, toujours menaçante de se réveiller brusquement. Rares sont les occasions d'assister aux manifestations de cette folie sanguinaire, le Grand Maître a appris à maîtriser ses colères depuis des siècles, mais elles sont toujours un spectacle pétrifiant qui ne laisse plus aucune place à la raison. Réservé au champ de bataille, cet aspect de sa personnalité est, pour une partie de ceux qui n'en ont pas été témoins, une légende destinée à intimider ceux qui oseraient se dresser contre lui. Pour les autres qui y ont assisté, ils ne peuvent l'oublier. Nul doute que tous les mots, toutes les promesses de Démégor sont bien trop faibles à côté de l'expression de cette brutalité sourde et aveugle. Si l'on n'est pas charmé par l'impérial, on le craint plus que tout.





Démégor, les deux mains jointes dans son dos, posait son regard sombre sur la cité noire. Il se tenait debout derrière l'une des fenêtres du dernier étage du manoir Cavaleri, vêtu d'un long manteau qui lui donnait des airs de corbeau. Son visage mort était à moitié plongé dans l'obscurité de la pièce tandis que l'autre moitié goûtait au peu qu'elle pouvait des quelques rayons solaires qui la frappaient. Il était immobile, seules ses deux pupilles bougeaient lentement, et ses lèvres fines lorsqu'il prenait la parole.

Qu'il était loin le temps du jeune Ekzékiel, aveuglé par sa soif de sang et son impatience. S'il n'était pas revenu d'entre les morts, il ne serait resté dans l'histoire qu'un soupir insignifiant. Des centaines d'années avaient été nécessaires à sa formation, alors qu'il était en exil et que sa survie était ignorée par celle-même qu'il chérissait plus que tout. D'apprentissages en apprentissages, le jeune gorgoroth était devenu ce visage masqué sur lequel tous pouvaient mettre un nom. Il avait gravi les échelons de la plus prestigieuse institution pour qui souhaitait faire montre de ses capacités martiales et de son absence de considération pour la faiblesse. Alors que le masque était tombé et que ses yeux avaient de nouveau pu se poser sur ce visage qui avait si peu changé, il s'était élevé, lui, si différent en tous points à ce qu'elle avait pu connaître, du moins le semblait-il. Il était devenu Démégor, le Grand Maître des cavaliers de Sharna, avec ses plans, ses projets et, pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'être pris d'assaut par ces pensées. Qu'importait le moment, il lui était impossible d'esquiver ce besoin de l'avoir auprès de lui. Cela, sa mort ne l'avait pas atténué.

« De défaite en défaite jusqu'à la victoire. »

Démégor ferma ses paupières, s'arrachant à cette lancinante rengaine. A l'horizon des toits gris surplombant les ruelles sinueuses, le quartier éradiqué par le titan. C'était une balafre dans le visage de leur cité, mais la marque d'une victoire. Les derniers événements laissaient penser Istheria que les cavaliers de sharna étaient défaits, qu'ils étaient morts. Si Démégor n'était pas la preuve qu'un mort n'est qu'à redouter davantage, alors ces naïfs n'apprenaient rien. L'éternité enseigne que rien n'est jamais acquis, et six cents ans suffisent à prouver qu'un empire invincible peut s'effondrer de lui-même. A la différence des esprits simples qui l'affrontaient et l'accompagnaient, le Grand Maître savait pour quoi il se battait ; ses motivations étaient divines et dépassaient les convictions éphémères de la courte résistance qui s'opposerait à lui. Cimméria creuserait sa tombe au fil de ce qui lui semblerait des victoires.

« Lorsque mes ennemis et mes plus fidèles alliés m'ont pris pour mort, je me suis réveillé sous une pile de cadavres, plusieurs mètres sous terre. Savez-vous combien de temps cela prend de se sortir du charnier d'une des plus grandes batailles qui aient été, demanda Démégor n'attendant aucune réponse. »

Son discours était lent, mesuré. Sa voix grave remplissait l'immense pièce qui servait d'ordinaire de salle de réunion. Faiblement illuminée naturellement, elle plongeait dans les ombres les silhouettes présentes. Seuls les visages de ceux assis à la longue table au centre étaient clairement visibles, parcourus par la lumière fébrile des bougies.

« Je veux un messager pour chaque village et ville de Phelgra où notre influence fait loi ; qu'on rende sa liberté à tout esclave qui s'engage dans la Légion de Sharna. Ils toucheront une solde de deux cent dias et seront formés. Que le peuple ne se soulève plus contre les Cavaliers de Sharna, ils sont désormais ses protecteurs, toute action à leur encontre sera néanmoins sévèrement punie. »

Démégor quitta l'encadrement de la fenêtre, marchant lentement autour de la table et laissant le temps aux scribes de noter l'édit. On entendait plus que le grattement de leurs plumes sur le papier.

« Pour les affamés de Ridolbar, le même traitement leur est offert. Ils seront nourris pour leur travail. Thémisto a un quartier à reconstruire et tout phelgran y trouvera une place s'il prouve sa valeur. Des guichets de recrutement seront tenus pour attribuer à chacun la place qui lui convient le mieux ; toutes les professions sont nécessaires au redressement de notre pays. »

L'impérial se tourna vers le petit cortège des grands prêtres qui attendaient à l'entrée de la salle. Eux aussi étaient présents à la demande de Démégor.

« Que le temple envoie des émissaires à la suite de ces missives. Notre entreprise honore Sharna. En prouvant au monde la force de notre nation et notre puissance par l'union, nous enverrons un message à tous les fidèles d'Istheria. »

Son regard passa en revue les prêtres, soutenant chacun, puis s'attarda sur l'autre groupe, plus massif, de l'autre côté de la pièce. La caste guerrière était présente, les cavaliers de Sharna, du moins ceux qui les représentaient le plus directement dans cette pièce, hormis Démégor lui-même.

« Et pour quiconque remettrait mon autorité en question, je l'invite à s'opposer immédiatement. »

Les plumes avaient arrêté de grater le papier et pas une protestation ne se fit entendre. Le silence régnait. Le visage de Démégor resta inchangé, toujours figé dans cette expression de profonde concentration. Pas un n'était assez fou pour le défier personnellement, tous l'avaient vu combattre et s'en souvenaient ; ses compétences martiales n'étaient pas humaines.

« Au travail. »

La pièce se vida instantanément de ses occupants, laissant l'impérial seul. Démégor resta immobile un moment au milieu de ce grand espace à présent, ses yeux perdus dans la contemplation vide du sol qu'il ne voyait pas. Encore il pensait, réfléchissait. Il ne pouvait mettre un terme à ses indécisions, tiraillé entre son devoir et ses envies profondes. Faisant quelques pas indécis, il se tourna finalement brusquement vers son bureau et s'y assit, tirant la plume de l'encrier d'un mouvement rapide mais précis et déposant ses lettres qu'il ne pouvait délivrer qu'à une seule âme. Comme s'il avait préparé ces mots depuis des dizaines d'années, comme une poésie qu'il récitait et c'était très certainement ce qu'il faisait, Démégor écrivait rapidement. Il eut fini en quelques instants et, comme après avoir osé l'interdit, il se pencha en arrière pour bien réfléchir ce qu'il s'apprêtait à faire. C'était risible, il le savait, mais il ne pouvait mener à bien sa tâche sans avoir au moins une fois essuyé un refus.

Scellant la missive d'un geste soigneux, y déposant le blason des cavaliers, Démégor appela assez fort pour que l'entende celui assez digne de confiance pour la remise en main propre de cette demande.

« Sirion ! »

Sa voix puissante résonna dans le manoir. Quelques secondes plus tard, alors qu'il n'était sûrement qu'au bout du corridor, accompagné des représentants militaires, le lhurgoyf apparut.

« Je compte sur toi pour remettre ceci à Sihgild. »

Sirion eut un moment d'hésitation alors qu'il avait commencé à avancer sa main pour se saisir du rouleau scellé. Il marqua un temps d'arrêt une fois le nom prononcé, puis s'empara de l'objet. Démégor et lui échangèrent un long regard, puis le Grand Maître laissa filer la missive avant de se relever pour se poster de nouveau devant sa fenêtre. Sirion resta derrière lui quelques secondes, muet, puis quitta la pièce dans un grand silence après qu'il fut certain qu'ils n'avaient rien à se dire.