Un musée fascinant

J'ai enfin pris le temps de me visiter le fameux musée de Dame Deirdre. Cet établissement m'a été recommandé par beaucoup de noble habitué de ma cour, et j'avais hâte de pouvoir le visiter. Je suis donc partit avec une dizaine de soldats de ma garde rapprochés habillés en civil et les deux jeunes filles Victorine, 14 ans et sa soeur Amandine 18 ans, qui sont tout ce qui reste d'un clan célèbre de Landrinis de la ville de Tyrhénium et que j'ai persuadé de travailler pour moi en tant que marchandes. Elles sont hébergés au palais et je les considère comme des membres de sa famille.

Nous déambulons donc à travers les différentes pièces du Luberym Museum et nous nous arrêtons longuement devant mon portraits de moi enfant qui fais bien rire les deux jeunes filles. Je suis pour ma part assez mitigé devant cette peinture, à la fois je suis mignon, mais je ne me reconnais pas dans cette pose, cette attitude. Je me demande si le Thimothée de l'époque étais plus heureux que celui d'aujourd'hui et quand j'ai perdu cette innocence. Je peux surement daté cette perte à mon départ du palais pour entrer dans l'armée pour vivre dans des casernes. Je pense que c'est là, à 8 ans que je suis devenu adulte, j'ai arrêté de jouer, de m'amuser, pour m'entrainer et apprendre le métier des armes. Lorsque je revenais au château, ce n'étais pas pour redevenir un enfant, mais un étudiant avec des tuteurs strictes qui avaient pour seul et unique consigne, faire de moi un touche à tout, disposant de connaissance aussi vaste que possible sur le maximum de sujet susceptible d'être utile à un roi. Je n'avais pas à devenir un spécialiste mais seulement avoir des notions, toutefois ces études ne m'apportais aucun plaisir, puisque j'avais l'impression d'être une oie que l'on gave.

Je chasse ces souvenirs de mon esprit, aidé par l’enthousiasme de mes deux invités, impatiente de continuer la visite du musée, les accompagnant vers l'exposition regroupant les plus grandes armes utilisés dans Istheria tout entier. Je me met moi aussi à contempler les différentes vecteurs de mort, qui sont devenus, par une cruelle ironie de l'histoire, des œuvres d'art.

Un musée Terran. Cela faisait longtemps que Caldensilas n'avait pas mis les pieds dans ce genre de bâtisse. En même temps, avec les voyages que les actions Nerozias lui imposaient, il n'avait guère le temps de se permettre de petites excursions. Mais pour une fois, il avait décidé de se faire un petit détour par le Luberym Museum, qui lui avait été conseillé par son dernier client, un bourgeois voulant se faire une renommée et l'ayant donc engagé pour son festin. Non pas que maître Thalmaendir soit spécialement renommé, simplement pas trop cher pour les services qu'il proposait. Les conseils lui vantaient un musée exceptionnel, plein de beautés venues de tout le continent, et surtout des portraits d'une incroyable finesse. Calden avait eu du mal à réfuter un sourire à cette affirmation. Même s'il n'était pas aussi vaniteux sur les capacités de sa race que ses concitoyens, il devait néanmoins reconnaître que leur art était quasiment systématiquement supérieur. Ne serait-ce que parce que les artistes avaient des siècles entiers pour se perfectionner dans leur art et produire une toile, là où les autres races devaient sans cesse se presser.

Cependant, c'était sans aucun mépris qu commença à déambuler dans le musée. Il considérait en effet que la peinture (et l'art en général) n'avait pas besoin d'être parfaite pour être belle. Bien au contraire, les failles, les ratés (légers ou plus visibles), les imperfections, tout cela ne rendait une peinture que plus agréable à regarder. Il avait coutume de dire que le premier dessin d'un enfant était infiniment plus intéressant à observer qu'une toile d'un grand maître. Et même si les toiles devant lui semblait moins intéressante que celles d'un bambin, elles présentaient quand même une certaine beauté, même si trop à son goût se contentait d'une tentative de reproduire la réalité sans réel objectif artistique, sans intention aucune, ce qui donnait des tableaux fades à son goût. La galerie des portraits royaux et nobles lui donnait d'ailleurs une envie irrépressible de s'en aller loin, très loin même. Heureusement, les statues comme scarifiées d'un artiste lurghoyfs lui redonnèrent un peu d'espoir dans ce musée.

La salle suivante fut celle consacrées aux armes et aux armures. Et ce n'était pas la préférée de Cal, loin de là. Si il reconnaissait la beauté matérielle de certaines, elles n'étaient pour la plupart pas à leur place loin du chant de bataille. La beauté d'une arme ne peut en effet se manifester que dans la main d'un puissant guerrier, dans son usage de mort et de destruction. Celle d'une armure neuve est tout aussi inutile loin du champ de bataille. Seule une patinée par l'usage et rayée par les coups peut être qualifiée de belle, car elle seule a pu être forgée sur l'autel du sang et des souffrances. Et en plus la salle était remplie de courtisans de la pire espèce : les bruyants. Les lèche bottes. Les deux demoiselles en particulier. Et c'est un homme qui semble perdu dans ses pensées qui en est le centre. Le reste doit être des gardes, trop peu expressifs et trop aux aguets pour que ils soient autre chose. Cal ressentit une pointe de sympathie pour le meneur, étouffé par les ennuis de conversation au point de s'obliger à contempler les lames en toute sorte. Triste vie. Un noble de la haute sans aucun doute. Dont Cil jurerait avoir aperçu le portrait une fois ou deux. De la très très haute sans doute.

En tout cas, la lame qu'il contemplait était une belle pièce de toute évidence. Simple, à la garde délicatement ouvragée et à la poignée légèrement usagée bien que parfaitement fonctionnelle. Cela manquait d'une petite symphonie pour aller avec cette ambiance macabre; Discrètement, Cal convoqua le son magique de son chalumeau, et une musique martiale légèrement discordante se répandit dans l'air. Il profita de la distraction causée par ces sons réalistes pour se rapprocher du nobliau, plongé dans sa contemplation, un regard manifestement attristé par cette vision. Sans doute un utopiste, ou tout du moins pas un belliqueux. Il s'adressa discrètement en le dérangeant dans sa concentration, d'un langage volontairement peu soutenu :

Alors messire, votre contemplation de ces lames sans vie ne semble pas vous procurer grande satisfaction. Auriez vous peur qu'elles retrouvent un jour leur vrai usage?

La provocation était sans doute un peu puérile et gratuite, mais titiller un noble était une envie irrépressible chez lui. Et celui-ci était une trop belle cible pour ne être ignoré. Surtout si les deux jouvencelles qui l'accompagnent s'en mêle. Pour accompagner ses paroles, la musique se fit soudain plus menaçante sur son ordre. Plus fort que lui ce réflexe, il aimait quand la musique se fondait dans l'ambiance.

J'entends une légère musique ce qui me tire de ma rêverie, je lève donc la tête, intrigué, pour savoir qui s'amuse à jouer d'un instrument dans le musée, je ne sais qu'une chose, il va se faire virer par les gardes de l'établissement s'il continu. Pourtant l'origine me semble inconnu, je ne vois que de simples visiteurs, les deux sœurs et mes gardes, nulle part un homme orchestre qui joue un air martiale.

Intrigué par ce mystère, je ne remarque qu'un homme m'a rejoins. Grand, mince mais semble pourtant musclé, je remarque immédiatement son visage, très expressif surmonté par des cheveux blond qui n'ont pas vu un peigne depuis très longtemps. J'ai du mal à distinguer son origine, terran, peut-être mais quelque chose me fait penser à un peuple plus exotique. Il me parle alors de ces armes en exposition, croyant que j'ai peur de les voir en action. La musique dont je n'ai toujours pas trouvé l'origine, change mais je ne trouve toujours pas à quoi elle me fais penser. Haussant les épaules, n'étant pas chargé de la sécurité du musée, je lui souris, avant de lui répondre :

Messire, je suis désolé C'est plutôt le contraire, ces armes n'auras jamais dût se trouver là. Elles auraient du être transmises de génération en génération, prêtes à servir pour protéger leurs propriétaire, et non être là, à prendre la poussière. J'ai moi même une arme de ce type, que l'on a même nommé, et que chaque membre de la famille, brandi dans les différents batailles.

Je souris en pensant à Gardienne, cette grande épée à deux mains, date du temps des grands conflits. Bien que l'épée ne possède aucune décoration, elle possède une particularité car son éclat et son tranchant n'ont pas été ternies malgré le passage des siècles. Personne ne connaît ses véritables pouvoirs, ni même d'ailleurs si cette arme en possède (à part celui d'être toujours aiguisé).

Je l'ai moi-même utilisé lors de quelques escarmouches et cette arme a toujours été parfaitement adapté à ma main, comme si elle me connaissait, je pense dire sans être présomptueux que pour moi, c'est la meilleure arme du monde.

Je pense aux différentes bataille que j'ai mené avec elle, que ce soit contre les déserteurs dans les plaines d'Eridania ou dans le combat dans les jardins de la salle de balle, lors de la tentative d'assassinat sur ma personne et Ylivi. Ce dernier ayant été bien plus difficile que le premier. Je me secoue pour chasser ces souvenirs, et je décide de me présenter, en m'inclinant légèrement :

Je présente, mon nom est Tim, vous êtes également un amateur d'arme ancienne ? Et savez-vous d'où vient cette musique ?

A la fin de ma phrase, j'allais présenter les deux jeunes filles, qui m'accompagne, mais je les voir pouffant repartir vers la salle des peintures, sûrement pour se moquer de moi à nouveau. Je soupire à nouveau, n'ayant aucune envie de subir une nouvelle fois cette épreuve, je décide donc de rester ici, avec le visiteur.