Comme une odeur de sapin. [TERMINE]

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 Comme une odeur de sapin. [TERMINE]

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MessageSujet: Comme une odeur de sapin. [TERMINE]   Comme une odeur de sapin. [TERMINE] Icon_minitimeSam 20 Juil - 2:31

La nuit venait de tomber lorsque je parvins, après plusieurs mois d'absence, aux lugubres portes du manoir Cavaleri. Les gardes me scrutèrent d'abord avec méfiance puis, me reconnaissant alors que je m'approchai d'eux, se mirent fébrilement au garde à vous. Le visage figé en un sombre et impénétrable masque, je leur adressai un léger signe de tête en passant puis me dirigeai vers les écuries où je laissai mes chevaux après m'être soigneusement occupé d'eux. Quelques minutes plus tard, de retour dans mes luxueux appartements, je convoquai mon bras droit, un rude Lhurgoyf du nom d'Aëren que je connaissais depuis plus de deux siècles. Largement plus grand et plus massif que moi, doté d'une longue chevelure noire indisciplinée et d'un regard vert pâle ne cillant quasiment jamais, il était impressionnant, assez pour maintenir une discipline de fer parmi les cavaliers noirs en mon absence. De tous les cavaliers il était le seul en qui j'avais véritablement confiance, du moins jusqu'à ce jour car ce que je m'apprêtai à exiger de lui allait mettre sa loyauté à rude épreuve. Une fois qu'il fut arrivé, je l'invitai à s'asseoir et lui proposai un verre qu'il accepta sans un mot, attentif et aussi sérieux qu'à son habitude.

"Des problèmes en mon absence? Du nouveau", lui demandai-je laconiquement?

"Aucun problème, commandant. Mais il y a eu très récemment un surprenant changement: Freya est portée disparue, certains la pensent morte. Une cavalière du nom de Kreen s'est emparée de sa place et dirige désormais les cavaliers rouges."

Je fronçai les sourcils à cette nouvelle, voilà qui n'allait pas arranger mes affaires. Freya m'aurait probablement soutenu, cette illustre inconnue, en revanche...

"Que sais-tu d'elle?"

"C'est une Gorgoroth. Agressive, têtue voire bornée, à la limite du fanatisme et fidèle à ses supérieurs, du moins en apparence. Elle a remporté plusieurs victoires mineures et a vaincu quelques prétendants au poste de Freya. Rien de bien sérieux néanmoins, les meilleurs cavaliers rouges ayant succombé lors de la guerre contre Cimmeria."

"Hum. Ennuyeux."

"Dois-je la faire éliminer?"

"Non, pas pour l'instant. Mais fais-la surveiller, arrange-toi pour que ses troupes lui donnent du fil à retordre et sape son influence si elle tente de jouer les gros bras."

"Ce sera fait, commandant."

"Autre chose?"

"Nos agents nous signalent passablement de troubles en Eridania, le roi est très loin de faire l'unanimité. Il a lancé des chantiers de grande importance, dont la construction d'une route entre Hesperia et Tyrhénium. Il se dit aussi qu'il aurait levé le bannissement des Eryllis et offert des titres de noblesse à tort et à travers. Ce qui ne plaît pas à tout le monde, bien entendu. La nouvelle générale en chef est par ailleurs en train de réorganiser les armées, non sans efficacité semblerait-il."

Je soupesai soigneusement ces informations, étonnantes pour certaines, inquiétantes pour d'autres. Je n'aimai pas cette histoire de route, en particulier, elle permettrait aux armées d'Eridania de se déplacer bien plus rapidement et Tyrhénium n'était pas si loin de nos frontières pour que cela soit à prendre à la légère. Mise en parallèle avec la réorganisation des troupes et la relative faiblesse qui était la nôtre depuis la défaite contre Cimmeria, cette construction pouvait fort bien indiquer de prochains ennuis pour nous.

"Je vois. Choisis quelques tueurs discrets et expérimentés, je veux qu'ils éliminent les architectes et autres responsables de ce chantier. Envoie aussi deux ou trois petits groupes de maraudeurs, qu'ils s'attaquent aux réapprovisionnements. En parallèle, donne ordre à nos agents en Eridania d'attiser discrètement le mécontentement partout où ce sera possible. Mais pas de prises de risques inutiles, nul ne doit être en mesure de faire un rapprochement avec nous."

"A vos ordres commandant."

Ce ne serait pas suffisant pour arrêter la construction, je ne me faisais aucune illusion, mais avec un peu de chance cela la ralentirait assez pour que nous ayons le temps de renforcer nos armées et nos défenses. A tout hasard.

"Dernière chose: il faut que je rende compte de ma mission à Démégor, demain en fin de journée. Je veux que le maximum de personnalités importantes soient présentes, répands la rumeur que des nouvelles capitales seront révélées à cette occasion. Choisis vingt de nos meilleurs combattants parmi ceux qui me sont le plus loyaux, je veux qu'ils soient répartis dans la salle et prêts à tout. Lorsque la réunion commencera, je veux aussi que toutes les issues soient solidement gardées par nos hommes, personne n'entre, personne ne sort avant que je n'en donne l'ordre. Est-ce clair?"

"Limpide, commandant."

"Bien. Ce sera tout capitaine, vous pouvez disposer."

Aëren parti, je me plongeai malgré la fatigue du voyage dans la lecture des nombreux rapports confidentiels qui s'étaient entassés en mon absence. Plusieurs corroboraient les informations que je venais d'apprendre, notamment sur les agissements pour le moins déconcertants de Magnus. Que manigançait-il au juste? D'un côté il semblait préparer une guerre, de l'autre il se mettait à dos toute une partie de la noblesse et dépensait des fortunes colossales pour des projets sans le moindre intérêt stratégique. A mes yeux cela n'avait aucun sens, mais il n'était pas impossible que des éléments cruciaux aient échappé à nos espions. Je finis par renoncer à comprendre, mes yeux se fermant tout seuls, et allai enfin me reposer. Demain serait une longue journée, une journée sans nul doute sanglante. Demain, je réglerai mes comptes avec cet enfoiré de Démégor, pour le pire ou le meilleur.


Dernière édition par Sirion Le Preux le Lun 2 Mar - 11:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Comme une odeur de sapin. [TERMINE]   Comme une odeur de sapin. [TERMINE] Icon_minitimeMer 4 Sep - 13:54

L'heure était venue. Six siècles de rancune allaient trouver leur dénouement en cette fin de journée pluvieuse, aussi morne et grise que mon humeur. Je revêtis ma sombre armure d'écailles, si parfaitement nettoyée et huilée qu'elle semblait neuve, et contemplai pensivement ma lourde plate écarlate remisée sur un portant adapté. Un mince sourire ourla mes lèvres : il ne m'avait pas fallu longtemps pour décider quelle protection porter en ce jour. Depuis toujours ma force avait résidé dans ma célérité ainsi que dans mon agilité et, aujourd'hui plus que jamais, c'était sur ces atouts que j'allais miser. Je n'avais aucun espoir de rivaliser avec Démégor au niveau de la puissance brute, n'en avais jamais eu, mais elle ne lui servirait que s'il parvenait à m'atteindre. Démégor était incroyablement fort, mais il était lent et je me souvenais l'avoir fait rager bien des fois en esquivant ses coups les uns après les autres à l'époque où nous étions encore frères d'armes. Pour autant, cela restait un jeu dangereux : un retard d'une fraction de seconde, une infime erreur d'appréciation et le malheureux subissant l'une de ses frappes dévastatrices avait l'impression de se manger une montagne. Cela aussi je m'en rappelais, et ce n'était pas des souvenirs agréables même si, jadis, il retenait en partie ses coups lorsque nous nous affrontions. Je soupirai doucement en ceignant Foudre, ma fine lame Taulmarilienne, autour de ma taille. Aujourd'hui notre combat n'aurait rien d'un jeu, l'un de nous deux irait rejoindre Kron.

Lorsque je pénétrai dans la vaste nef servant de lieu de réunion aux cavaliers, j'eus la satisfaction de constater qu'elle était presque comble. Mon bras droit Aëren, qui se tenait au plus près du trône où était assis Démégor, m'adressa un léger signe de tête lorsque j'entrai, manière de m'indiquer que tout était en place. Je vérifiai néanmoins la chose par moi-même, mieux valait être trop prudent que pas assez, surtout ici. Reconnaissant plusieurs cavaliers noirs sur qui je savais pouvoir compter dans l'assemblée, puis d'autres près des portes de la salle, j'en conclus qu'Aëren avait fidèlement accompli la tâche que je lui avais confiée, comme toujours. Sans hâte, je fendis la foule jusqu'à parvenir devant celui qui avait été autrefois mon plus cher ami et attendis que le silence se fasse avant de m'adresser à lui d'une voix assez forte pour qu'elle porte jusqu'au fond de la nef :

"Ainsi que tu me l'avais demandé, j'ai retrouvé l'Eryl, Sighild. Mais peut-être devrais-je dire que j'ai retrouvé Jézabel, puisque c'est là le vrai nom de ta soeur, qu'en penses-tu Démégor ou, plutôt, Ekzékiel Shemhazai?"

Je laissai filer un bref silence, les yeux rivés à ceux de Démégor et un fin sourire aux lèvres, puis poursuivis avec un feint détachement :

"Enfin, peu importe, ce qui compte c'est qu'elle a eu tout le temps de réfléchir à ce qui s'est passé entre nous trois voilà six siècles. Elle a refusé de lire ta lettre, apparemment elle a percé à jour ta misérable trahison et ne tient pas plus à subir tes pulsions incestueuses aujourd'hui qu'à l'époque. En revanche, je peux t'assurer que nous avons pris beaucoup de plaisir lors de nos retrouvailles, imagine un peu, nous avions tellement de temps à rattraper..."

Sur ces paroles lourdes d'ironie je sortis ladite lettre de ma poche, la froissai en boule et la lui jetai négligemment à la figure :

"Mais cette nouvelle défaite ne devrait pas trop te perturber, tu as l'habitude à force, non? Ta mort de ma main alors que tu m'avais trahi et attaqué par derrière, la guerre contre Cimméria, ton incapacité à imposer le pouvoir des Cavaliers en leurs propres terres et maintenant ta soeur qui repousse tes ardeurs et couche avec moi... cela devient gênant mon cher "ami". Je crains fort de ne pas pouvoir supporter plus longtemps qu'un lâche et un faible de ton acabit dirige les Cavaliers de Sharna. Voyons donc si tu n'aurais pas, une fois dans ta vie, des couilles : je te défie en combat singulier, pitoyable parodie d'Imperial. Allez, lève-toi et bats-toi comme un vrai Cavalier, ça nous changerait agréablement..."

De la pure provocation qui, je l’espérai, saurait le mettre dans l'une de ces aveugles fureurs dont il avait le secret. Quoi qu'il en soit les dés étaient jetés, il ne pouvait refuser mon défi sans perdre la face. L'un de nous deux sortirait de cette salle les pieds devant...


Dernière édition par Sirion Le Preux le Dim 1 Mar - 6:25, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Comme une odeur de sapin. [TERMINE]   Comme une odeur de sapin. [TERMINE] Icon_minitimeMar 15 Oct - 2:44

Une réunion au sommet des cavaliers. Ce n'était pas rare, surtout en ces temps obscurs mais Démégor se montrait généralement silencieux. Il était particulièrement difficile de savoir ce qui se dissimulaient derrière l'acier de son regard mais une seule attention, et on se taisait. Ce jour là, il se tenait sur son siège impérial, accoudé d'un côté, se tenant la tête mais affichant une expression aussi agacée que sévère. Il sentait que quelque chose était dans l'ombre et que son autorité décroissait au fur et à mesure des échecs de son ordre. Cela ne lui plaisait pas. Bien évidemment que cela ne lui plaisait pas, pas à un homme comme lui. Mais il avait aussi des préoccupations plus personnelles en tête, des plans dont les desseins demeuraient bien obscurs.

Ce fut alors que Sirion entra dans la grande salle, avec un air qui avait l'art et la manière d'irrité le Grand Maître. Pendant combien d'années voire même de siècles s'était-il joué du précieux commandants des cavaliers noirs? Beaucoup. Il avait trouvé même cela jouissif de le voir dépérir et se perdre peu à peu, sans avoir qu'il était celui qui l'avait précipité dans sa déchéance en brisant le lieu qui l'unissait à sa sœur précieuse. Il voulait même pousser le vice beaucoup plus loin. Il ne le torturerait jamais assez. Alors lorsqu'il le vit entrer, il ne bougea pas d'un cil et laissa le calme s'installer.

Mais voilà que la situation prit une tournure à laquelle il ne s'attendait pas. Pas maintenant en tout cas, bien qu'il y avait une certaine logique à ce que Sirion profita de la faiblesse de l'ordre pour son entreprise. Un coup d'état? Il fronça dans un premier temps les sourcils à l'évocation de son identité, et sentit le point du regard de ses compatriotes quand on évoqua sa filiation avec l'Eryl. Voilà un secret révélé qui n'était qu'à moitié dérangeant. Cela se serait su tôt ou tard.

Toutefois, lorsqu'il vit se dessiner un sourire narquois sur le visage de son rival, il ne put se retenir et serra l'un de ses poings. Il ne supportait pas cette figure.... et encore moins ses propos. Au fur et à mesure de ces dires, Démégor sentit une tension monter en lui. Une colère sombre qui s'intensifia lentement dans son regard alors qu'il s'évertuait à conserver un calme apparent. Il demeura imperturbable, quand bien même Sirion lui fit l'affront de lui jeter sa missive à la figure.... jusqu'à ce qu'il reparla de sa sœur. Elle avait toujours été son talon d'Achille, même encore après tant d'année. Parfois il se surprenait à imaginer qu'il aurait préféré la savoir morte, ainsi personne ne pourrait la reprendre à Kron, pas même Sirion qu'il aurait pu écraser de sa main. Seulement, c'était aussi renoncé à la moitié de sa chair. Il n'y avait jamais consenti et sa rage commença à se déployer lentement, et les bouts de papier autour de lui commencèrent à s'embraser sous les flammes en son contrôle.

Brutalement et toujours aussi énigmatiquement silencieux, il se redressa de toute sa hauteur, un regard haineux à l'égard de celui qui fut autrement un "ami" comme il disait. La plupart des autres membres de l'assemblée se reculèrent naturellement, laissant de la place pour le combat qui s'annonçait. On sentait toute sa colère, elle grondait. Naturellement, il porta sa main à sa ceinture et en dégaina une lourde épée.

" Tu OSES me défier misérable insecte. Tu OSES salir de ton venin ma chair. MEURS PUISQUE C'EST CE QUE TU SOUHAITES! ET VIENS VÉRIFIER PAR TOI-MÊME QUE SHARNA EST TOUJOURS DANS MON OMBRE! "

Le hurlement de rage de Démégor fit trembler les murs de par sa voix rauques et caverneuses, mais aussi par ses pas lourds qui fonçaient droit sur Sirion....

Fiche Démégor, l'Impérial:



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MessageSujet: Re: Comme une odeur de sapin. [TERMINE]   Comme une odeur de sapin. [TERMINE] Icon_minitimeMar 26 Nov - 0:45

Seul un froncement de sourcils trahit la contrariété d'Ekzékiel lorsque j'évoquai publiquement ses origines et son lien de sang avec l'Eryl. Mais, tout imperturbable qu'il s'efforça de demeurer, je le connaissai trop pour me laisser abuser : ma seule présence l'irritait, lui donnait des envies de meurtre. Ce n'était plus tant le fait que j'eus posé la main, et même les deux, voilà des siècles sur l'objet de tous ses désirs, qui l'agaçait. Non, bien plus que cela il enrageait de n'avoir jamais su me briser malgré toutes ses perfidies. Longtemps je m'étais aveuglé, j'avais voulu croire que le passé pourrait être enterré et que nous pourrions retrouver l'amitié qui nous avait rendus si redoutables durant les guerres Taulmariliennes. Il avait fallu cette lettre, cette mission de la remettre à Jézabel qu'il m'avait confiée, pour me dessiller. Sans doute m'étais-je montré bien naïf, mais cela tenait surtout à ce qu'il avait représenté pour moi, au-delà de l'ami : le seul lien qu'il me restait avec ma jeunesse, une preuve, en quelque sorte, de l'existence de ces temps insouciants - et somme toute heureux - qui avaient précédés sa trahison. J'avais été prêt à lui pardonner son acte fou au nom de l'amour que nous portions tous deux à sa soeur, et il m'avait trahi une fois de plus.

Aussi éprouvai-je une malsaine exultation, soigneusement dissimulée, en voyant les phalanges de son poing désormais serré blanchir, je dégustai comme le plus précieux nectar la violente colère qui se mit à briller dans son regard. J'y voyais maintenant toute la malveillance qu'il n'avait jamais cessé d'avoir à mon encontre, la haine inextinguible qu'il s'était acharné à me vouer. Peut-être était-ce le fait de me savoir toujours vivant, toujours en mesure de reconquérir Jézabel, qui l'avait ramené des morts? Je n'en savais trop rien, mais cela ne m'empêcha pas de savourer l'ironie amère de cette pensée. Il ne réagit guère lorsque je lui balançai sa lettre au museau, mais je savais exactement où taper pour faire mal : il me suffisait de reparler de Jézabel et, comme de juste, je ne m'en privai pas.

Il ne put se contenir cette fois, déployant impulsivement sa magie pour consumer bien inutilement la fatale missive qui allait finalement sceller notre destin. Il se leva soudain, se dressant de toute sa taille comme s'il espérait m'écraser de sa seule masse, pour m'adresser un regard empli d'une haine qu'il ne se souciait plus, enfin, de dissimuler. Il n'en fallut pas plus pour que la foule s'écarte prudemment, rester dans les parages d'un Démégor noir de rage n'ayant rien d'une sage idée. Son hurlement de rage s'abattit sur l'assemblée comme un coup de tonnerre, alors même qu'il dégainait sa lourde lame et marchait vers moi d'un pas lourd et menaçant :

" Tu OSES me défier misérable insecte. Tu OSES salir de ton venin ma chair. MEURS PUISQUE C'EST CE QUE TU SOUHAITES! ET VIENS VÉRIFIER PAR TOI-MÊME QUE SHARNA EST TOUJOURS DANS MON OMBRE! "

J'éclatai d'un rire cynique et sortis fluidement "Foudre" de son fourreau en lui rétorquant :

"Vraiment ? Ça te va bien de te pavaner ainsi alors que tu as perdu tous tes combats, toutes tes guerres."

A peine eus-je fini ma phrase qu'il était sur moi, sa pesante bâtarde fendant les airs pour me fracasser le crâne. Je l'esquivai d'un pas de côté et ripostai d'une pointe vive et agressive en direction de son visage, qui le contraignit à interrompre précipitamment sa charge, de crainte de perdre un oeil dans l'aventure. Sa lame revint brutalement, un revers assez puissant pour fendre un type costaud en deux, mais elle ne trouva une fois de plus que le vide car je n'avais pas attendu pour reculer d'un entrechat et me mettre hors de portée.

A cet instant, j'aurais pu m'engouffrer dans sa garde et lui piquer méchamment la cuisse qu'il avait un peu inconsidérément exposée, mais à quoi bon? C'était un Gorgoroth et pareil coup lui ferait à peu près autant d'effet qu'une piqûre de moustique. Pareillement je n'avais pas la moindre intention de laisser le combat s'éterniser en lui dansant autour, ce que j'aurais probablement fait contre un autre adversaire de son gabarit. A ce petit jeu il aurait le dernier mot, son endurance étant bien supérieure à la mienne et il le savait aussi bien que moi. Malgré tout, si chacun de nous connaissait les forces et faiblesses de l'autre, j'avais un léger avantage que je comptais bien exploiter : cela faisait une éternité qu'il ne m'avait réellement vu me battre. Oh, bien sûr il y avait eu quelques ahuris téméraires pour ambitionner de prendre ma place et me défier, mais aucun n'avait été assez redoutable pour me pousser dans mes retranchements et m'obliger à user de mes pouvoirs sans modération. Or j'avais nettement amélioré ma maîtrise de certains d'entre eux, depuis le temps. Assez peut-être pour surprendre mon vieil ennemi ? Je n'allai pas tarder à le savoir.

Notre danse meurtrière se poursuivit encore quelques instants ainsi, il frappait comme le bourrin qu'il était et j'esquivai ses coups en usant d'aussi peu de magie que possible. Puis, vicieux et plus adroit que je n'aimai à l'admettre, il parvint à me repousser contre la foule, limitant ainsi fortement ma marge de manoeuvre. Je me fichai bien que l'un ou l'autre spectateur prenne un mauvais coup, mais m'empêtrer dans l'un ou l'autre corps était un risque bien réel qui signerait mon arrêt de mort. Il ne me fallut qu'une fraction de seconde pour le réaliser, mais c'était une fraction de seconde de trop : Ekzékiel avait parfaitement calculé son coup et déjà sa pesante lame, qu'il maniait presque comme si elle ne pesait rien, vrombit dans les airs pour me fendre le crâne. Pas moyen de l'esquiver cette fois, cet enfoiré me contraignait à parer et, si j'avais toute confiance dans la solidité de ma lame, je savais d'avance que le coup allait sérieusement malmener la résistance de mon bras. Je parvins néanmoins à orienter mon épée de manière à dévier son attaque plutôt que de la bloquer franchement, mais malgré tout l'impact fut tel que mes dents s'entrechoquèrent douloureusement !

Rageur de m'être fait piéger ainsi par ce bufflon, je déployai mon pouvoir de célérité, juste assez pour être raisonnablement certain de l'atteindre, et ripostai en lui balançant le pommeau de mon arme en pleine figure, assez violemment pour que le bruit sec de sa pommette fracassée résonne dans la salle d'assez jouissive manière. Sans doute ne sentit-il pas grand chose, pour ne pas dire rien, mais le choc le fit reculer d'un pas et je n'avais pas besoin de plus. A nouveau la magie afflua dans mes veines et je me dégageai d'un saut périlleux latéral qui aurait probablement fait pâlir de jalousie bon nombre d'acrobates, retrouvant ainsi avec soulagement un espace dégagé plus propice à ma technique de combat. Malheureusement je n'étais pas le seul à savoir user de magie et, de tous les pouvoirs que possédait Ekzékiel il utilisa celui que je redoutai le plus : sa maîtrise du feu. L'une des grandes tentures suspendues contre les murs s'embrasa subitement sur ma droite, attirant brièvement mon attention alors que je me demandai ce qu'il manigançait avec ça. Puis, une seconde plus tard, je compris avec effroi : une fois le tissu en feu, il utilisa son pouvoir de télékinésie pour la décrocher et me la balancer dessus ! Et vu sa taille, j'allai me retrouver méchamment coincé sous une énorme masse de velours en feu, un peu comme un putain de chaton sous un grand tapis, totalement à sa merci !

J'utilisai à nouveau mon pouvoir de célérité, au maximum cette fois, pour tenter de m'extirper du traquenard. Mais pas question de fuir : je me ruai au contraire de toute ma vélocité sur mon ennemi, bien déterminé à profiter de cette débauche de magie pour essayer de le surprendre et de lui ficher ma lame dans la gorge !
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MessageSujet: Re: Comme une odeur de sapin. [TERMINE]   Comme une odeur de sapin. [TERMINE] Icon_minitimeDim 19 Jan - 23:35

La conciliance, la mesure, voilà bien des qualités qui n'étaient pas le propre de l'Impérial. Si l'on avait pu penser qu'au fil des années, il avait pu vaincre ces propres démons, cela serait une hérésie. Il était un gorgoroth et les gorgoroths ne revenaient jamais meilleurs qu'ils ne le furent, au contraire. Pire, il était né d'une des engeances les plus redoutées et les plus volatiles, et tout ce qui fut mauvais en lui s'en vit exacerber. On ne pouvait prétendre être à la tête de la caste la plus craint sans être l'un de ses membres les plus terrifiants. Mais son adversaire... son adversaire l'avait connu autrefois. Il était le plus redoutable de ses ennemis qu'il avait soigneusement maintenu dans ses rangs afin de mieux lui tenir la bride, afin de mieux tenter de le briser dans l'ombre. Il y était pourtant parvenu en partie en cédant sa propre vie, mais voilà qu'il avait l'outrecuidance de prétendre s'être relevé? Oh, si jadis Ekzékiel l'avait broyé, Démégor serait apte à bien pire.

Le combat s'engagea sous la fureur du maître des cavaliers, prêt à abattre sa lourde épée sur son ancien camarade qui se jouait encore de quelques provocations. Mais il n'était plus temps des discours, seulement du fer et des boucliers. Il s'ensuivit naturellement une attaque brute de la part du grand maître, de celle que l'on craignait si l'on était point capable de l'éviter. Seulement, Si Démégor était d'une force phénoménale, son adversaire était plus rapide, plus léger, et réussit grâce à sa dextérité naturelle à éviter le coup. Par la même occasion, Sirion se tenta à son tour à un coup de lame que l'Impérial évita à son tour. Il fallait dire qu'en tant qu'ancien camarade, ces deux là se connaissaient mieux que n'importe qui. Ils avaient jadis combattu côte à côte, ils s'étaient même entraînés ensemble. Ils étaient leurs pires ennemis.

Enfant de Sharna, celui que l'on appelait autrefois Ekzékiel, était un soldat né. Il en avait la carrure, il en avait l'instinct et ne possédait pas le moindre scrupules, lui permettant ainsi d'agir à sa guise sans considération pour son environnement, ou même ses adversaires. Seule la victoire contre Sirion l'emportait. Et alors qu'il le jetait contre ses hommes spectateurs, un très léger sourire sournois s'afficha sur son visage, faible mais perceptible par son vieil ami.

" Lorsque je t'aurais tué, j'enverrais ta tête à Jézabel. "

Il abattit sa lame.

" Elle viendra à moi de son propre chef. "

Le frottement du métal de l'épée de Démégor contre celle de Sirion sonna lourdement dans l'air, mais aucun des deux adversaires ne comptaient lâcher l'affaire.

" Je la ferais couiner jusqu'à ce qu'elle m'implore de la laisser mourir. "

Il la briserait. Il la transformerait en femme qu'elle n'était pas. Il insérait ainsi une idée de l'avenir qui la guetterait à l'homme qui prétendait l'aimer. Plutôt la voir morte que la laisser entretenir la mémoire de Sirion. Plutôt la voir morte si elle ne lui revenait pas. Et tout serait la faute du cavalier noir.

Rapidement, ce dernier ne se contenta plus simplement de sa lame, mais usa de sa magie pour foncer droit sur l'impérial. Violemment, alors que la magie de célérité de Sirion fit son office, Démégor se prit son pommeau en plein visage, l'obligeant à reculer d'un pas, surpris par la rapidité du coup. Là, il apporta sa main sur sa figure et malaxa légèrement sa mâchoire, enflammant son regard d'une rage noire. Aussitôt, ce dernier répliqua sans attendre avec fureur. Fourbe, il se lança dans un plan audacieux. Il brûla derrière une tapisserie décorative de la pièce et l'attira dans la direction de Sirion, comptant à ces instants lui asséner une nouvelle fois un coup de lame plus lourde qui le fendrait en deux.

Croire qu'il ne s'attendait pas à une riposte de Sirion serait une erreur, leur problème était uniquement de savoir d'où elle viendrait. Il en eut rapidement la réponse et ce n'était pas peu dire. A peine l'Impérial leva la tête, que la lame du lhurgoyf lui traversa la gorge, rare zone que son armure ne protégeait pas entièrement sauf que... l'énorme main du gorgoroth se posa sur la lame et la retint avec une poigne de fer. Du sang visqueux coulait de sa plaie mais cela ne faisait ni chaud ni froid au Maître des cavaliers alors que cela souleva un "Oh" d'étonnements de la part des cavaliers présents.

" Ce n'est pas avec tes attaques d'insecte que tu me couperas la tête. "

Lentement, il retira la lame, repoussant avec sa force l'épée qui l'entravait avant de brutalement abattre sa propre épée sur cette dernière pour faire plier Sirion. Là, il relâcha brusquement de son autre main une énorme flamme dans sa direction, flamme qui fut si puissante qu'elle brûla plusieurs des hommes se trouvant derrière son opposant. Leurs cris résonnèrent, leur douleur fut si violente qu'ils s'effondrèrent sur le sol sans qu'aucun de leurs congénères ne vinrent à leurs aides. Non... ils se contèrent de les regarder brûler. Il fallait être fou pour interférer dans ce combat.

Sans considération pour les cadavres présents, Démégor abusa de sa magie télékinésique pour se servir de ses anciens camarades comme bouclier humain, dans l'ombre, il préparait déjà une nouvelle stratégie... Celle de l'usure, celle de la fourberie? Peut-être les deux...

Fiche Démégor, l'Impérial:



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MessageSujet: Re: Comme une odeur de sapin. [TERMINE]   Comme une odeur de sapin. [TERMINE] Icon_minitimeMar 28 Jan - 17:21

Mon assaut foudroyant trouva sans faillir la gorge de Démégor et la perfora de part en part, un coup mortel pour tout autre être qu'un Gorgoroth, mais bien insuffisant pour venir à bout de mon colossal adversaire qui réagit en agrippant ma fine lame Taulmarillienne d'une poigne de fer, m'interdisant ainsi tout repli sous peine de perdre mon arme. Tandis qu'un "oh" de stupéfaction s'élevait de l'assemblée, il l'extirpa lentement de sa gorge, laissant échapper un filet de sang visqueux, en se gaussant que ce n'était pas avec mes attaques d'insecte que j'allai lui trancher le chef. Cette provocation ne m'atteignit pas davantage que les précédentes, où il s'était complu avec un sadisme morbide à me décrire le sort qu'il nous réservait, à Jézabhel et moi. Lui envoyer ma tête, la faire venir à lui de son plein gré puis la briser, la faire couiner jusqu'à ce qu'elle le supplie de la laisser mourir... Jadis cela m'aurait rendu fou de rage, mais j'avais appris, depuis, à exercer un contrôle d'acier sur mes émotions. Je m'étais contenté de lui retourner un sourire ouvertement méprisant, et il n'obtint pas davantage cette fois.

Néanmoins, si assuré que je parvins à donner l'impression d'être à cet instant, je n'étais que trop conscient de la précarité de ma position : je ne pouvais lâcher mon arme, mais la garder en main m'exposait très dangereusement à ses coups colossaux. Et l'enfoiré ne s'en priva pas, mais, contrairement à toute attente, c'est sur ma lame qu'il frappa férocement, dans la claire intention de me faire plier. Je serais alors totalement à sa merci et le deuxième coup me tuerait à coup sûr. Quant à tenter de bloquer son attaque, il aurait fallu être demeuré pour s'y risquer. Ma lame ne romprait pas, j'en étais certain, et le choc qui en résulterait m'ébranlerait tant que j'aurais le bras trop engourdi pour manier encore correctement mon épée. Je me baissai donc vivement en imprimant une violente torsion à mon arme de manière à accompagner sa frappe tout en le forçant à lâcher ma lame, priant Sharna pour que cela suffise à m'éviter le pire.

Malgré cela, l'impact fut si brutal que je manquai de peu lâcher mon épée et fus projeté deux pas en arrière, secoué jusqu'à la moelle des os et titubant. Pendant une fraction de seconde j'éprouvai un profond soulagement d'avoir réussi à m'extriper de cette position désastreuse, mais je réalisai dans l'instant suivant la folie de ce sentiment : une puissante trombe de feu jaillit de la main de mon ennemi, dévastatrice, véritable mur de flammes que je n'avais quasiment pas la moindre chance de parvenir à esquiver, déséquilibré comme je l'étais. Je fis une fois de plus appel à mon pouvoir de célérité et plongeai désespérément au sol en me protégeant le visage avec mes bras ; mais, si vif que je fus, la magie d'Ekzékiel l'était davantage encore et je me retrouvai subitement entouré de flammes crépitantes. Venant de derrière moi, des hurlements de douleur s'élevèrent tandis que je touchai terre avec une grâce très discutable et roulai fébrilement sur le côté pour me soustraire au brasier ; je sentis les quelques rares parties de mon armure en contact direct avec ma peau me brûler férocement, mais ce n'était qu'un détail que j'oubliai aussitôt en réalisant que ma chevelure avait elle aussi pris feu !

Je jurai atrocement et me relevai en tentant frénétiquement d'éteindre les flammes qui menaçaient de me consumer le visage, submergé par un insidieux sentiment de panique que je n'avais plus éprouvé depuis des siècles. Sans doute y aurais-je cédé si ma colère envers ce salopard de traître n'avait été si profonde, mais, paradoxalement, la rage abyssale que je nourrissais à son encontre me permit de garder la tête froide, métaphoriquement parlant du moins. D'un colossal effort de volonté, je m'interdis de laisser ma forme monstrueuse prendre le dessus, certain que ce serait ma perte. Pour beaucoup c'était une force mais, à mes yeux, c'était au contraire une faiblesse car j'aurais alors été dans l'incapacité d'user de mes principaux atouts : ma magie et ma maîtrise de l'épée.

Non sans mal, je parvins à étouffer le feu qui avait pris dans ma crinière et pus enfin constater l'ampleur des dégâts : plusieurs cavaliers étaient littéralement en train de brûler vifs et, comme de juste, personne ne paraissait vouloir se risquer à intervenir. L'atmosphère dans la salle était devenue apocalyptique, la tenture embrasée qu'il m'avait projetée dessus un peu plus tôt, associée à la terrible flamme que Démégor venait de projeter étaient en train d'engendrer un véritable incendie. Une épaisse fumée s’amoncelait dans la nef et, dans une chaleur de plus en plus infernale, des cendres tourbillonnaient telles une sinistre parodie de chute de neige. La panique qui avait bien failli s'emparer de moi gagna une partie de l'assemblée et, dans une cohue frénétique, certains se précipitèrent vers les portes pour tenter d'échapper au brasier. Malheureusement pour eux, ces dernières étaient closes, leur accès défendu par mes hommes qui dégainèrent leurs armes afin d'interdire le passage ainsi que je le leur avais ordonné...

Je vis alors Démégor user de son pouvoir de télékinésie pour se fabriquer un véritable bouclier humain avec les cavaliers agonisants, prouvant ainsi, au cas où un doute aurait subsisté, sa totale indifférence envers ses pairs et leurs souffrances. L'enfoiré préparait sans le moindre doute une nouvelle fourberie et, au fond de moi, je commençai à me demander si je n'avais pas commis une fatale erreur en me pensant capable de la vaincre. Le côté droit de mon visage me cuisait salement, de même que mon cou et mes poignets, là où mon armure brûlante avait été en contact avec ma peau, mais je n'avais pas le temps de m'en préoccuper et je savais que le doute me terrasserait bien plus sûrement que ces quelques plaies. Heureusement pour moi, ce n'était de loin pas la première fois que je me trouvais en difficulté face à un adversaire et j'avais développé une technique imparable pour conserver mon sang-froid : il me suffisait de penser à Jézabhel. Aujourd'hui comme jadis, c'est l'inflexible volonté de la revoir qui me permettrait de poursuivre un combat semblant perdu d'avance et de survivre.

J'analysai la situation d'un rapide regard circulaire et croisai le regard inquiet d'Aëren, mon fidèle bras-droit, qui me désigna d'un geste interrogatif les portes fermées où un carnage n'allait plus tarder à débuter entre mes hommes et ceux qui tentaient de fuir l'incendie. Démégor quant à lui était sur la gauche, protégé par son foutu mur de corps en train de se consumer, séparé de la cohue par un mur de flammes issues du vaste pan de tapisserie toujours en train de brûler. A cette vision, un sourire mauvais ourla mes lèvres et je hurlai aux cavaliers noirs bloquant les issues :

"OUVREZ LES PORTES !"

Comme on pouvait s'en douter, ils ne se le firent pas dire deux fois et poussèrent aussitôt les lourds battants, provoquant un soudain appel d'air qui attisa brutalement l'incendie. Le brasier provoqué par mon ennemi se retourna soudain violemment contre lui, l’enveloppant d'un linceul flamboyant qui le fit hurler de rage. J'éclatai d'un rire sauvage, retrouvant pour la première fois depuis les guerres Taulmarilliennes la sordide et macabre exultation qui s'empare parfois des êtres qui ont commis trop d'atrocités, puis me lançai à l'assaut avec toute la célérité que me conférait ma puissante magie. Pour autant, il n'y avait rien d'irréfléchi dans mon attaque, non, je m'arrangeai pour que les flammes lui dissimulent mon assaut jusqu'au dernier instant, et je visai très soigneusement sa gorge déjà entaillée. Mon attaque d'insecte n'avait certes pas suffi à lui trancher la tête, mais à combien de frappes du genre son cou résisterait-il avant que sa sale trogne ne roule au sol ?
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MessageSujet: Re: Comme une odeur de sapin. [TERMINE]   Comme une odeur de sapin. [TERMINE] Icon_minitimeDim 1 Mar - 15:35

Ce qui avait commencé comme un duel tout propret et honorable, du moins d'une certaine manière, avait changé de nature. L'incendie faisait rage désormais, attisé plus encore par l'ouverture des grandes portes de la salle il avait engendré un chaos apocalyptique. Les hurlements des cavaliers plus ou moins gravement brûlés surpassaient les grondements et crépitement du feu, ceux qui tentaient de fuir le brasier criaient eux aussi et n'hésitaient pas, pour certains, à tenter de se frayer un chemin vers le salut à grands coups de lames. La suffocante fumée qui en résultait dissimulait maintenant totalement le plafond qui menaçait de s'embraser à son tour et qui, tôt ou tard, nous ensevelirait en s'effondrant. Mais je ne m'en préoccupai pas, une seule chose comptait à cet instant : terrasser mon terrifiant adversaire avant qu'il ne le fasse.

L'attaque foudroyante que je lui portai alors, me faufilant entre les flammes pour dissimuler mon assaut, n'atteignit que le vide. L'enfoiré l'avait vue venir malgré mes précautions, il s'était décalé de manière à l'esquiver et à pouvoir riposter d'un brutal revers qui m'atteignit à l'épaule gauche avec une violence effroyable, défonçant mon armure et m'entaillant jusqu'à l'os. Je fus projeté contre l'une des colonnades du lieu, la heurtai si rudement que j'eus l'impression que quelques-unes de mes côtes cédaient sous l'impact. La douleur me submergea si puissamment que je manquai de peu m'évanouir, et peut-être serait-ce arrivé si le rire macabre et méprisant de Démégor n'avait retenti à cet instant, provoquant en moi un regain de rage et de haine si absolu que je parvins à dominer les vertiges qui me malmenaient et à rester debout. Mais pour combien de temps encore ? Déjà il s'approchait, un rictus malveillant aux lèvres, pour m'achever.

Je mis à profit les quelques maigres secondes à ma disposition pour utiliser sans retenue mon pouvoir de régénération ; il ne suffirait pas à me guérir entièrement, je ne le maîtrisai pas assez bien pour ça et son usage restait plus fatiguant que je ne l'aurai aimé. Mais le combat ne durerait plus bien longtemps, quelle qu'en soit son issue, et mieux valait un certain épuisement que des côtes cassées susceptibles de me perforer les poumons au moindre geste malavisé ou un bras totalement en berne. Je sentis mes os se remettre douloureusement en place, la plaie béante de mon épaule se refermer sommairement, juste à temps pour être en mesure d'esquiver désespérément un monstrueux coup de taille qui heurta la colonnade avec une telle force que des éclats de pierre en jaillirent. Je frémis de la tête aux pieds alors que quelques gouttes de sueur glacée ruisselaient vicieusement le long de ma colonne vertébrale : qu'il m'atteigne une fois, une unique fois, avec ce genre de coup et c'en serait terminé, personne ne pouvait survivre à ça, absolument personne. Il fallait de toute urgence que je trouve une manière de l'abattre, mais comment ?!

Insidieuse, la peur commença à s'insinuer en moi. Je m'étais cru capable de le vaincre grâce à ma célérité mais j'étais bien obligé de reconnaître que je m'enfonçai chaque instant un peu plus dans la défaite. Je pouvais terrasser un Démégor vivant ou un Gorgoroth, mais j'avais clairement sous-estimé la puissance d'un Démégor devenu Gorgoroth, c'était aussi simple que ça. Il m'aurait fallu une hache pour lui trancher le col, ma fine lame n'était pas adaptée à cette besogne, même si c'était de loin l'arme que je maniai le mieux. La mort dans l'âme, je parai et esquivai les frappes forcenées de mon ennemi durant quelques instants en cherchant désespérément une manière de me sortir vivant de ce traquenard dans lequel je m'étais stupidement jeté. Sans doute avait-il prévu que je l'affronterai dès le moment où il m'avait remis la lettre pour Sighild. Il avait su aussi que je le défierai en public, su que je me servirai de ma lame Taulmarilienne et qu'elle ne me permettrait pas de l'abattre. Il m'avait manipulé en beauté et j'allai le payer de ma vie.

Ironiquement, je ne m'en souciai guère jusqu'à il y a peu, mais le fait d'avoir retrouvé Jézabel avait tout changé : j'avais envie de vivre, maintenant, et c'était de cette envie que naissait la peur qui m'avait envahi. Une peur qui me rendait vulnérable, qui m'empêchait de raisonner correctement et de trouver une faille que je pourrais exploiter. Mais, paradoxalement, en le réalisant je découvris autre chose, quelque chose que je savais depuis une éternité et que le début calamiteux de ce duel m'avait fait oublier : Démégor avait une faille, qu'il soit mort ou vivant n'y changeait rien. J'avais bien tenté de l'utiliser au début, sans succès, mais c'était sans doute ma seule chance d'en venir à bout. Retrouvant un peu de courage, j'esquivai agilement une nouvelle attaque et lui lançai d'un ton lourd d'ironie :

"Pas de doute, tu es toujours le gros bufflon lent et pataud que j'ai connu. Les dernières nuits passées avec ta tigresse de soeur étaient bien plus redoutables qu'un combat avec toi."

Un torrent d'insultes salua ma provocation et Démégor redoubla d'ardeur pour me démolir, me forçant à utiliser ma magie sans retenue et ajoutant autant à l'épuisement qui me menaçait, mais je n'avais nullement l'intention d'en rester là. Tout en me soustrayant à ses frappes titanesques, au feu qu'il faisait naître dans le but de m'incinérer, je me mis à lui détailler ce qui s'était passé entre Jézabel et moi, choses dont il ne me serait pas venu à l'idée de parler à qui que ce soit en d'autres circonstances. Et à chacune de mes paroles, la rage de mon ennemi se faisait plus intense, plus mortelle, jusqu'à ce que je lâche sur le ton de la confidence :

"Au fait, j'ai omis un détail qui devrait t'enchanter : Jézabel et moi nous sommes mariés à Amaryl, elle est devenue ma femme."

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase et, enfin, il perdit le contrôle de ses nerfs et fit l'erreur que j'espérais depuis le début : il se métamorphosa et prit la forme monstrueuse qui avait été la sienne de son vivant. Aujourd'hui c'était la magie qui le lui permettait, mais cela ne changeait rien : ainsi transformé il ne réfléchissait plus lucidement et, surtout, il ne pouvait employer simultanément sa magie de feu ou sa force surnaturelle. La plupart des êtres aurait sans doute trouvé mon optimisme renaissant absurde, en découvrant le "monstre" qu'était devenu Démégor. Sa bouche, gueule plutôt, s'était garnie de crocs plus effilés que des aiguilles faits pour déchiqueter la chair sans effort, des espèces de piques recouvraient son dos et ses épaules, propices à l'empalement. De redoutables griffes garnissaient désormais ses mains, aussi tranchantes que la meilleure des lames, et il exsudait de lui une rage haineuse qui n'avait plus rien d'humain ou simplement de sensé. Mais j'étais un Lhurgoyf et c'était la même forme que celle sa soeur jumelle, l'Amour de ma vie, aussi cette apparence n'avait-elle rien de rebutant à mes yeux .

Par ailleurs, tout Lhurgoyf le découvrait à ses dépens un jour ou l'autre : se métamorphoser quand on est revêtu d'une armure complète n'était pas exactement une idée lumineuse. Au mieux les lanières qui en fixaient les différentes pièces cédaient, ce qui revenait en gros à ressembler à un chien à la queue duquel on a attaché des casseroles, inutiles, bruyantes et encombrantes. Au pire l'armure tenait bon et là... l'imprudent n'avait plus qu'à espérer qu'il y ait un très bon guérisseur dans les parages. Je n'eus pas cette chance bien sûr, la lourde armure de l'Impérial sembla littéralement exploser lorsqu'il se transforma, certaines parties s'éparpillèrent dans les airs avant de rejoindre bruyamment sa lourde lame, qu'il était incapable de manier sous cette forme, au sol. Tout cela ne prit qu'un court instant, mais je n'avais pas besoin de plus et, occultant d'un effort de volonté son caractère insensé, je lançai sans hésiter toutes mes forces vacillantes dans une ultime tentative.

J'activai mon pouvoir d'agilité au maximum de ses capacités et plongeai latéralement aux pieds de mon ennemi, sur sa gauche, de façon à pouvoir amortir ma chute de ma main libre. A peine touchai-je le sol du bout des doigts que je portai une rude attaque de la pointe de ma lame qui s'enfonça sans faillir dans le mollet désormais dénudé de Démégor et le traversa de part en part. Il ne sentirait rien, évidemment, mais cela n'avait aucune importance. Je lâchai aussitôt ma lame et poursuivis mon plongeon par une folle roulade qui m'amena derrière lui, à l'endroit précis que je voulais atteindre. Mon ennemi hurla lorsque mon épée l'atteignit, de rage bien plus que de douleur, et pivota vivement pour me faire face et se jeter sur moi. Le tenta du moins, car mon arme profondément fichée dans sa chair gêna son mouvement et le fit trébucher lourdement. Avec un nouveau rugissement haineux, il se baissa pour arracher la gêneuse de son mollet tandis que je me relevai d'un bond avec, en main, la pesante bâtarde qu'il venait de lâcher. Bâtarde que j'abattis de toutes mes forces sur sa nuque exposée.

J'avais beau être largement moins fort qu'Ekzékiel, on ne bataille pas durant près d'un millénaire sans acquérir une solide musculature, mes coups étaient bien assez puissants pour être dévastateurs et sa lame parfaitement affûtée. Dans un ignoble craquement elle broya sa colonne vertébrale, fendit ses chairs et envoya la tête de l'être tant exécré rouler au sol. Le hurlement que je poussai alors n'avait rien d'humain, c'était l'exutoire d'une rancune vieille de six siècles, d'une haine si brûlante que je frappai comme un forcené le cadavre de mon ennemi une bonne dizaine de fois avant de m'immobiliser enfin, pantelant, mon esprit refusant de croire ce que mes yeux affirmaient : Ekzékiel, l'immonde crevure qui avait pourri plus de la moitié de mon existence et bien failli réussir à me briser était mort. Définitivement mort.

Mais je n'en avais pas fini avec lui, pas tout à fait. Je récupérai ma précieuse lame, l'essuyai méthodiquement sur son cadavre ayant repris forme humaine puis la rengainai avant d'attraper sa trogne par la tignasse pour l'observer longuement avec une satisfaction morbide. J'aurais pu savourer cet instant des heures, mais un sinistre craquement me rappela à la réalité : une partie du plafond de la vaste salle était désormais en proie à l'incendie et donnait des signes de faiblesse, or crever sous des tonnes de bois en feu s'effondrant ne me tentait pas particulièrement. Je sortis rapidement de la nef désormais déserte et regagnai le grand couloir où s'agitaient tous ceux qui avaient eu le bon sens de quitter les lieux et, partant, survécu à l'effroyable confrontation. Incrédulité, crainte, respect, colère et bien d'autres choses encore, chaque Cavalier de Sharna réagissait à sa manière en réalisant que l'Impérial n'était plus et que j'étais encore en vie.

Certains songèrent très certainement à profiter de ma faiblesse actuelle pour venger Démégor ou, plus prosaïquement, s'emparer du trône ; mais mon regard encore empli de furie sanguinaire ou, plus probablement, la présence à mes côtés d'Aëren et d'une douzaine de mes plus fidèles Cavaliers Noirs les fit hésiter. Conscient que la situation pouvait déraper en un instant, je m'engouffrai aussitôt dans la brèche et ordonnai durement, d'un ton glacial et sans appel :

"Éteignez-moi ce foutu incendie. Mais gare, tout pourrait s'effondrer."

A l'attention d'Aëren et de mes hommes, mais de façon à ce que tous entendent, j'ajoutai sombrement :

"S'il y a des réfractaires ou des tire-au-flanc, empalez-les devant le manoir pour l'exemple."

Bien des Cavaliers jugeaient que mon habituelle modération était une faiblesse indigne de notre caste, mais seul un imbécile aurait imaginé que c'étaient des paroles en l'air. Je menaçai rarement mais, lorsque je le faisais, chacun ici avait eu loisir de constater que je pouvais être totalement dénué de pitié et que j'étais parfaitement capable d'exécuter sans sourciller quiconque se dressait contre mon autorité. Ne jamais proférer une menace que l'on n'était pas prêt à mettre en oeuvre sous peine d'y perdre toute crédibilité, m'avait dit un vieux mentor en des temps reculés. Une règle dont j'avais pu mesurer la pertinence de nombreuses fois, depuis lors, et avec laquelle je ne transigeai jamais. Aussi les potentiels rebelles jugèrent-ils plus prudent d'obéir à l'ordre donné, d'autant plus que si le manoir cramait de fond en comble, ils avaient tout à y perdre. Alors qu'ils s'activaient enfin je sortis du bâtiment, toujours entouré de ma garde, réquisitionnai une pique et la plantai devant les grandes portes pour y ficher brutalement la tête sanglante d'Ekzékiel.

La nouvelle allait se répandre comme un fleuve en crue et je ne doutai pas une seconde qu'il y aurait des esprits chagrins qui viendraient me chercher des poux. Leurs têtes viendraient promptement tenir compagnie à celle de feu Démégor mais, pour l'heure, c'était de repos et d'un guérisseur dont j'avais besoin.
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