[MISSION] Punition effective

“Hilda, ça fait longtemps que Liaril et Nujialik sont parties.”

Lentement, la sylphide lève les yeux de son livre pour les poser sur une terrane brune et olive. La jeune prêtresse, qui attend une réponse de la part de sa supérieure, commence à se dandiner légèrement de gauche à droite. Hildegarde, dans tout son stoïcisme, ne répond que par un mouvement affirmatif de la tête, libérant ainsi la terrane de son immobilité… ou du moins c’est ce qu’elle crut, mais une main blanchâtre se pose sur son épaule pour la retenir. Alors elle patiente, encore et encore, agitant la tête pour faire rebondir ses boucles brunes.

“Va me chercher Lindorie, veux-tu ? Dis-lui de se vêtir chaudement.” Articule enfin l’immortelle avec douceur, retirant sa poigne de la fillette au teint olive.

Aussitôt, elle acquiesce et s’enfuit, pressée. Aux yeux d’un être qui a tout le temps du monde devant elle, la petite prêtresse file aussi vite qu’un éclair. Ce ne fut que plusieurs minutes après que celle-ci soit disparue de son champ de vision que Hildegarde se meut à nouveau. Elle dissimule sa longue chevelure sous un épais manteau de laine et enveloppe ses épaules de fourrures qui la protégeront du froid si craint de Cimmeria. Ce froid omniprésent qu’elle néglige parfois alors que les mortels le craignent plus que la guerre.

Hildegarde se rend aux abords d’une fenêtre et s’y appuie pour prendre conscience du temps extérieur. Elle observe la position du soleil qu’elle arrive à peine à délimiter sous les épais nuages gris qui recouvrent Hellas et en déduit l’heure actuelle. Le jour possède encore quelques heures de soleil en réserve : Si elles partaient bientôt, elles arriveraient à destination durant la matinée, le lendemain. Mentalement, l’immortelle construit son itinéraire, prévoyant de traverser les plaines enneigées et de se mettre au travail dès les premières lueurs du jour. Elle omet accidentellement de prévoir une période de sommeil pour la mortelle qui l’accompagne, habituée à demeurer éveillée sur de longues périodes. Néanmoins, elle pense à prévoir suffisamment de rations, n’oubliant jamais à quel point les terrans mangent souvent : Trois fois par jour, au moins, si on ne compte pas la gourmandise. L’éthérée ne nie pas cependant qu’un mortel qui mange beaucoup est bien plus fort, avec une constitution remarquable… chaude. Un bref instant elle s’arrête pour rêvasser, ses yeux bleus parcourant le sol mais s’imaginant une bien autre scène autour d’elle.

Une fois que ses préparations sont faites, la sylphide attend. Jamais pressée, sa patience légendaire est reconnue parmi ses soeurs comme étant la plus grande. Quand la dame de fer apparaît, Hildegarde étire les coins de ses lèvres violacées pour esquisser un léger sourire. Sans trop se perdre en règles mondaines et discussions sans profondeur, la créature centenaire offre à sa cadette une écharpe fait d’un gros tricot serré. Le vêtement ne possède pas la délicatesse des parures d’Eridania mais le motif de chevron qui le recouvre le rend tout de même agréable à regarder.

“La couleur s’agence avec ton masque. Je l’ai trouvée le mois dernier et je désirais te l’offrir.” Elle se départit de l’objet sans ajouter davantage d’explication vis à vis celui-ci. “J’aimerais que tu m’accompagnes au labyrinthe de Zaléra. Deux de nos soeurs y sont allées en mission mais n’en sont pas revenues. Nous devons aller les chercher.”

Bien qu’elle ne semble pas demander l’avis de sa jeune soeur, Hildegarde la fixe avec intensité, attendant un réponse de celle-ci.