Le salut des damnés [Mission]

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
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_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Le salut des damnés [Mission]

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MessageSujet: Le salut des damnés [Mission]   Le salut des damnés [Mission] Icon_minitimeJeu 9 Avr - 15:01

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Savez-vous ce qu'il y a de plus dangereux pour l'humanité ?

À celui là, qui du haut de sa tour d'ivoire regarde le monde avec dédain, ce serait la chute du cours de l'or.

À cet autre, qui tend la main sans jamais trouver l'âme charitable qu'elle tente d'atteindre, ce serait la faim qui tenaille son ventre famélique.

À celui ci, qui ne dort plus, enfermé chez lui, de crainte d’encourir bien des dangers à l'extérieur, ce serait que la porte s'ouvre avec fracas sur la réalité d'un monde cruel.

Pendant ce temps, ce précieux temps passé à craindre des dangers accessibles, envisageables, presque palpables, elles s'insinuent, invisibles. Elles. Qu'on nommera bientôt Fièvre. Lointain échos d'un passé oublié. Elles. Au pluriel. Puisque la Fièvre recouvrait bien des visages.

Qu'il était adéquat, que l'infection se répande aux quatre coins d'Istheria et que ses premiers symptômes soient étrangement familiers à ceux qui avancent dans l'ombre de cette terrible maladie. Terrible oui. Tragique.

Un sourire carnassier dévore les lèvres d'une terran, assise sur un chariot tiré par deux robustes chevaux. Assise à l'arrière de l’attelage elle regarde le paysage défilé en laissant filer ses pensées au rythme des cliquetis et des grincements du bois sur la route chaotique.

- Tu penses encore à ton diner ?

Derrière la terran, un homme à la peau sombre tâche de ranger les caisses du chariot en plein voyage. A l'avant, personne pour diriger les deux chevaux qui trottinaient tout droit. Il fallait bien dire que la route n'offrait pas vraiment d'autre itinéraire, il n'y avait pas tant de chemin qui se rendait à Umbriel.. a croire que le reste du monde avait définitivement renié cet endroit.

La jeune femme bascule sa tête en arrière, regarde, à l'envers, son compagnon de voyage. Une canine vorace se dévoile juste le temps de venir mordre sa lèvre inférieure.

- Peut-être que je pense au prochain ? Tu devrais prendre garde.

Il rit. Secoue la tête négativement, repose la caisse qu'il tenait encore et vient prendre place à côté de sa camarade. Sa mâchoire serrée, le regard sévère, l'homme ferait sans doute frémir plus d'un adversaire, sa carrure correspondait d'un peu trop près au charisme froid qui se dégageait de sa posture droite, presque militaire. Il était intimidant. Les prunelles de la terran, passèrent du vert émeraude au rouge étincelant en un clignement de paupière. Le bout de ses doigts vinrent se poser le torse de l'homme, le poussèrent mollement sans le faire bouger. Le rubis affrontait le sable mouvant des yeux masculins, sans ciller, pendant de trop longues secondes.

- Olah ! Arrêtez-vous !

Un clin d'oeil conclura l'affrontement et le soudain ralentissement des chevaux mettra fin à la tension qui s'était immiscée entre eux. Les deux terrans se redressent, l'homme se dirige promptement vers l'avant, attrape les rênes d'une main et stop les chevaux alors qu'à l'arrière, la jeune femme se lève et agite les mains en direction des cinq roulottes qui les suivaient. Le petit convois s'arrête progressivement. La terran saute du chariot pour rejoindre son compagnon déjà en discussion avec une demi-douzaine d'hommes en armures.

C'est une silhouette enchanteresse à la peau hâlée. Une ombre féline. Des grelots à ses chevilles, tintent pour attirer l'attention et les regards, sur ses jambes savamment dessinées. Des chainettes couleur or parcours ses cheveux d'ébène, agrippent l'éclat des soleils déjà haut dans le ciel. La jeune femme resserre un peu la cape autour de sa taille, comme si le vent était encore frais, ou, pour ne pas dévoiler tout de son principal instrument de travail.

- Manat, l'une de nos danseuses.

L'homme répond-t-il à une question de son interlocuteur ? La jeune femme esquisse un petit sourire, incline le menton en signe de respect et, considérant les regards qu'on tournent vers elle, s'avance d'encore un pas. Dans le dos des hommes armés, l'ombre d'une ville damnée, abandonnée de tous, Umbriel.



Dernière édition par Nyx Ananké le Lun 18 Mai - 14:18, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Le salut des damnés [Mission]   Le salut des damnés [Mission] Icon_minitimeVen 10 Avr - 14:53



Des imprévus. Il y en aurait beaucoup sur leur route. L'improvisation. L'adaptation. Seraient leurs principaux outils. Leurs meilleures armes.. tant que l'Imprévu n'était pas trop agressif.

- Vous venez faire quoi à Umbriel au juste ?

Le ton était sec. Pas tant agressif qu'impératif. Les deux terrans interrogés échangèrent un regard qui se voulait un peu surpris, qui était porteur d'un tout autre message. Ne pas agir imprudemment. La menace n'en était pas encore une. L'homme se tourna en premier vers ce qui semblait être un soldat..

- Nous sommes des artistes itinérants, nous venons égailler les rues d..

Un rire lourd, éraillé, fort et forcé, coupa le terran dans sa réponse. Le son désagréable provenait d'une femme, Lhurgoyf si on se fiait à son apparence proche de l'albinisme sans pourtant avoir le moindre souci à se montrer sous le soleil.

- La bonne blague ! Des saltimbanques à Umbriel !

L'hilarité du propos semblait toucher ses camarades qui se mirent à sourire avec ce mélange de condescendance et de bêtise qui coule des âmes les plus nauséabondes. Un fiel d'idiotie mêlé d'un miasme mauvais. L’élixir des êtres exécrables et si nombreux qui peuplent ces terres, comme tant d'autres.

La lhurgoyf se frappe le torse, pour se remettre de ses émotions. Le mouvement dévoile le bas d'un écusson volontairement camouflé. L'emblème de la ville d'Umbriel. Le premier soldat se racle la gorge et tout sourire, reprend :

- C'est bien ça, c'est très bien. Va falloir s'acquitter de la taxe de séjour maintenant.

Le sourire du charognard est affable, presque courtois, comme s'il ne s'agissait là que d'une formule de politesse. Il n'y a guère besoin d'explication pour comprendre le rançonnage dont ils faisaient l'objet. Derrière les deux artistes terrans se dessinent les ombres des autres membres de la troupe qui sortent peu à peu des roulottes. L'étau se resserre autour du couple à l'avant. Les soldats-mercennaires se rapprochent, le ton se fait plus pressant.  

- Vous voudriez pas qu'il arrive malheur à vos camarades, alors dites leur de rester à leur place.

Manat acquiesce silencieusement et se tournant en arrière, fait un léger signe de la main aux silhouettes inquiètes.

- Messieurs, madame, vous devez comprendre que nos poches sont vides.. sinon nous ne viendrions pas aussi loin pour nous produire.

Le soldat s'approcha d'encore un pas, assez proche à présent pour venir poser une lourde main gantée sur l'épaule du terran.

- Vous inquiétez pas, on sera là aussi quand vous repartirez, les poches pleines.

Ses camarades se mirent à pouffer de rire. Comme autant d'oies vénales. Il se recula enfin et posa son regard sur la silhouette agréable de la danseuse qui tenait toujours contre elle, les bords de sa cape. Un sourire mauvais et un grattage de menton douteux plus tard, il reprenait :

- Si vous avez pas de quoi payer, on vous prendra une ou deux "danseuses" pour une performance plus.. privée.

A nouveau, les oies piaillent. Le poing du terran se serre avec force alors qu'il tourne à son tour son regard sur Manat.

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MessageSujet: Re: Le salut des damnés [Mission]   Le salut des damnés [Mission] Icon_minitimeDim 19 Avr - 16:12



Déchiqueter. Pièce par pièce. Morceau par morceau. Lambeau après lambeau. Faire de leur visage, un puzzle digne d'un confinement de plusieurs mois. C'était tentant. Peu raisonnable pourtant.

Elle se mordra l'intérieur de la joue et jouera la jeune femme apeurée. Alors que l'animal rumine. Que le lion grogne. Qu'un jour ou l'autre, ces cochons, auront leur représentation privée. C'était certain. C'était désormais inscrit sur le grand bouquin crasseux qu'ils appelleraient Destin.

- Ne nous faites pas de mal, voilà tout ce que nous avons..

Elle glisse une main sous l’attelage des chevaux, dans une cache fort bien dissimulée d'où elle retire un pochon de cuir qu'elle lance au soldat. Il ouvre le maigre butin, semble peu satisfait.

- Ses boucles d'oreilles aussi.

C'est un autre homme qui a parlé en pointant du doigts les jades aux oreilles de la danseuse. Avant que cette dernière ne réagisse, la femme Lhurgoyf s'avance, attrape l'oreille de la terran pour regarder de plus près la pierre verte. La douleur est intense alors qu'elle tire sur le bijou, sans doute plus par pure sadisme que pour réellement juger de la valeur d'un potentiel butin supplémentaire. Elle finit par hausser les épaules, peu satisfaite, de son inspection ou de la réaction soumise de la jeune femme maltraitée.

- Borf aucun intérêt. A moins qu'tu veuilles les offrir à ta vieille charrue ?

La Lhurgoyf revient vers les siens alors que la danseuse se tient douloureusement l'oreille.

- Allez, circulez bandes de vauriens ! Et vous avez intérêt à ramener plus de dias à votre retour.

Il renverse le contenu de la bourse dans sa propre poche avant de lancer le sachet vide aux troubadours. Rapidement, docilement, le couple terran rejoint les assises de leur charrette et font signe aux autres de suivre prestement. Chacun reprend sa place et la caravane repart dans le lourd silence qu'imposent les regards avares de ces soldats bien mal déguisés en détrousseurs.

Ils étaient loin lorsque Erèbe reprit la parole.

- Ça va ?

Sa voix grave trouve un échos sourd dans le regard émeraude de la terran, assise à côté de lui, légèrement penchée en avant, ses mains accrochées au bois de leur banc. Tout son corps semblait prêt à bondir en avant sur un ennemi invisible. Dans l'émeraude de ses iris, le foudroiement d'une colère ravageuse qui se contenait, tant bien que mal.

- Nous brûlerons ce monde. Par le feu et dans le sang. Nous brûlerons ce monde et je me repaîtrai de leurs cris d'agonie.

Les flammes de cet inéluctable bucher flamboyaient dors et déjà dans le reflet carmin de ses prunelles changeantes. Nul innocent sur ces terres bafouées. Nulle repentance. Seulement un purgatoire et les flammes de tous les enfers jamais imaginés par les Hommes pour unique finalité.

Erèbe reste silencieux. Il connait ce regard. Un jour ou l'autre le monde apprendrait à ses dépends, à le connaître aussi.
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MessageSujet: Re: Le salut des damnés [Mission]   Le salut des damnés [Mission] Icon_minitimeLun 20 Juil - 19:26


La haine bout à feu doux. Lancinante réverbération d'un monde qui ne tend qu'à sa propre fin. Il l'appelle. Nuit et jour. Vœu sincère d'expiation ou éternel ouroboros. Une révolution. Un cycle. Une roue qui se meut sans autre dessein que de faire tourner en rond ces bourriques dociles qui osent croire en leur libre arbitre.  

Peut-être que sa haine millénaire n'était finalement qu'un engrenage de plus dans une machination divine. Peut-être aussi, était-elle un grain de sable. L'inévitable incident d'une mécanique qu'on pensait trop bien huilée.

Nyx, couchée sur le dos dans la charrette qui menait sa silencieuse caravane dans les entrailles de la terre, défiait une dernière fois le ciel. Que les Dieux avancent leurs pions. Leurs blancs paladins en première ligne. Sauraient-ils résister à l'attraction de leurs chaotiques ennemis ? Resteront-ils immaculés et vertueux, une fois plongés dans le regard de ces vérités niées ? Privés de l'oubli, de l'aveuglement et de l'indifférence qui les avaient si longtemps protégés, que deviendraient les blancs chevaliers ?

Le ciel disparait sans donner de réponse. Une habitude. La caravane passe les portes de la cité souterraine et plonge dans l'obscurité. Elle s'enfonce dans ces abimes qu'encore une fois, d'autres voudraient bien oublier. La fange d'Istheria était jetée ici, pour y moisir et y mourir. Autour de ce fumier odorant, c'était pourtant créée une ville. Autrefois fleuron de l'artisanat phelgran, aujourd'hui dépotoir asphyxié. On enterrait Umbriel et ses habitants aussi bien qu'on traitait les vieillards mendiants, en les ignorant et en souhaitant secrètement qu'ils creusent eux-mêmes leurs tombes.

Il y avait quelque chose dans cette situation, qui rappelait à Nyx son étroite prison. Enfermés sous terre, obligés de faire de cette geôle leur foyer, les habitants d'Umbriel étaient sans doute les isthériens les plus proches de la condition des Syliméas. À l'exception qu'ils pouvaient partir, pour ceux qui n'étaient pas réellement emprisonnés, se risquer à l'extérieur même si cela revenait sans doute à mourir de faim quelque part sous le soleil. À la différence aussi, qu'ils n'auraient pas à endurer cette pénible vie pour l'éternité. La mort était salvatrice.

- C'est à toi de jouer, Manat.

Quelques secondes plus tard, la charrette s'arrêtait. Nyx se redressait lentement, ses prunelles changeantes finir par s'arrêter de tournoyer en même temps que ses idées. C'est Manat et ses jolis yeux verts qui bondit en bas de son perchoir. Contournant la charrette pour s'avancer au-devant des quelques badauds qui peuplaient la place. L'Arbre Mort qui en indiquait le centre et lui donnait son nom, était sans doute à l'image de la ville.

- Chers habitants d'Umbriel ! Approchez ! Approchez ! N'ayez pas peur ! Ces flammes n'enflammerons que vos esprits indisciplinés ! Ces danses n'attiserons que vos désirs d'allégresses ! Ces lions ne rugiront qu'après vos bourreaux !  

La danseuse met du coffre dans ses invectives, habituée visiblement à héler son auditoire. Elle frappe dans ses mains, rythmant ses phrases alors qu'elle approche de l'arbre. Le bois est si sec qu'il pourrait s'embraser d'une étincelle. La révolutionnaire sourit. D'un geste lent elle caresse ces branches si loin de la lumière du soleil. Sans doute a-t-elle plus d'empathie pour ce pauvre être que pour la plupart des isthériens peuplant impunément ces terres. Ses doigts fins reviennent à son visage, détache de son oreille droite une boucle d'oreille qu'on avait bien faillit lui arracher un peu plus tôt. Une larme de jade qu'elle pend à une branche grise.

La poétique créature s'écarte, hèle à nouveau la foule qui lentement s'éveille et se rassemble autour de la place. Les musiciens prennent position, les cracheurs de flammes se préparent, les acrobates s'étirent. La danseuse virevolte autour de l'arbre mort désormais orné de sa seule et unique pousse. Dans le regard des spectateurs, la jade illumine un vieux souvenir, celui d'un arbre couvert de feuilles et de fleurs, celui d'une vie où tout n'était pas mort et moribond. Cette fausse pousse, illusoire, artificielle, pouvait-elle incarner la renaissance nécessaire à ce monde de ténèbres ? Ce désir enfouit parfois profondément, dans ces êtres ternes qui s'amassent comme autant de papillons autour d'une flamme, saurait-il trouver un chemin vers le coeur des habitants d'Umbriel ?
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MessageSujet: Re: Le salut des damnés [Mission]   Le salut des damnés [Mission] Icon_minitimeVen 9 Avr - 17:58

Le feu s'étend, en flammes artistiques vers le ciel inexistant d'Umbriel et dans les veines de ses habitants. Un feu vif qui s'éveille sur un tas de braises tout proche de l'explosion. Un brasier qui ne demandait qu'un souffle, un mouvement et une cible à calciner. La petite troupe qui s'installait autour de l'arbre mort symbole de cette ville en déclin, serait le souffle. La danseuse qui hélait la foule ne manquait ni de coffre ni de mots. Au coeur de la ville, elle et sa troupe présentaient à leur auditoire leur représentation d'Umbriel. Une scène de théâtre à ciel ouvert qui n'hésitait pas à inclure les quelques audacieux qui se portaient volontaires. Là, sous les regards nombreux, tous se prêtaient à ce jeu qu'ils ne connaissaient que trop bien, le rôle de la victime ou du geôlier.

Les gardes riaient d'abord, comme des enfants devant un théâtre de guignoles. Ils finiraient pas ravaler leurs sourires sarcastiques. Dans les yeux des civils brillait le reflet d'un feu tout autre que celui des cracheurs.

Plusieurs jours de suite, la petite troupe vint performer autour de l'arbre mort. Chaque jour, la danseuse y accrochait sa boucle de jade et chaque jour, d'autres habitants y suspendaient leurs propres objets. Des foulards, des chutes de cuir, des torchons de ménagères, la valeur était symbolique. Et elle s'accroissait rapidement.

Le soir, la troupe ne dormait plus dans ses caravanes, l'auberge du quartier leur avait ouvert ses portes. Contre quelques pièces, pourtant moins qu'habituellement, les artistes étaient choyés et invités tous les soirs à diner avec les petites gens d'Umbriel. Si il avait été question de leur qualités artistiques, les sujets étaient rapidement devenus plus politiques. Ils parlaient d'Umbriel comme si la ville pouvait changer ? Mais ils n'étaient que de passage ici, que pouvaient-ils bien savoir sur leur calvaire ? Que pouvaient-ils bien faire eux, pauvres et inoffensifs habitants face à leurs dirigeants ? Comment tout cela se finirait ? Ne feraient-ils pas mieux d'obéir et de supporter tout ça ?

A toutes ces questions, Manat répondait avec patience et détermination, doucement, elle guidait les craintifs et les hésitants jusque dans les bras de la rébellion.

Si les gardes entraient parfois, soupçonneux ou cherchant simplement à profiter gratuitement des services de la maison comme à leur habitude, ils se désintéressaient souvent trop facilement de la troupe dès lors que quelques pintes de plus leur étaient offertes pour récompenser leur dur labeur.

L'auberge affichait complet à tous les diners et bientôt il fut temps pour Manat de jouer une dernière fois, sur la place de l'arbre mort. Alors que toujours plus d'habitants se réunissaient, la place devenant trop étroite pour accueillir tout le monde, l'habile danseuse se hissa sur les branches les plus solides de l'arbre qui paraissait mort depuis trop longtemps pour vraiment l'être. En dessous d'elle s'étalait des centaines d'âmes captivées, déjà échaudée par les performances des autres artistes, elle était réceptive, prête à boire les mots de la révolutionnaire.

Êtes-vous des chiens, peuple d'Umbriel ? Des chiens que les garde battent quand ils sont lassés des prisonniers. Des chiens galeux, laissés là pour mourir dans un caniveau. Croyez-vous que les cavaliers viendront vous délivrer ? Par la lame et par Kron, peut-être oui.. Est-ce cette délivrance que vous souhaitez ? Pour vous, pour vos enfants ? Les laisserez-vous mourir comme des fils de chiens ?

La foule se secoue, les sourcils se froncent, le feu court. Les pâles habitants d'Umbriel, si éteins et abattus lorsque la troupe avait fais son apparition, était prêts à s'indigner aujourd'hui qu'on les traite de chiens. Nul pourtant, ne se faisait d'idée sur les intentions de la danseuse. Ils attendaient comme autant de braises rougeoyantes.

Vous n'êtes pas ni des chiens, ni des prisonniers, vous n'avez pas à être punis pour être nés ici, pour avoir décidé de vivre ici. Umbriel n'a pas toujours été le caniveau de ce monde souillé par les ambitions des puissants. Il fut un temps où les artisans d'Umbriel étaient reconnus de tout Istheria, un temps où les hautes forges faisaient rayonner cette ville aussi vivement que les trois soleils. Un temps où les enfants pouvaient courir dans des rues propres, un temps où n'étiez ni affamés, ni violentés. Un temps où les gardes de cette ville étaient vos pairs. Un temps révolu, me direz-vous.. disparu comme les feuilles sur cet arbre !

Au loin, derrière la foule, une dizaine de garde essaie de faire se disperser les habitants. Noyés par le nombre et par la voix de Manat, ils ne parviennent pas à se faire entendre. L'un d'eux sort une matraque alors qu'un autre est envoyé en arrière, sans doute pour prévenir qu'ils auraient besoin de renfort cette fois. Sur l'arbre mort la danseuse virevolte comme une mésange.

Il serait si simple de guérir cet arbre, habitants d'Umbriel. Vous en êtes les feuilles, les fleurs, le pollen et la sève. Cette ville, est votre arbre. Cette ville est votre maison, votre famille, votre vie. Ne la laissez pas se transformer en cercueil sans vous battre. Cette ville, votre ville, peut fleurir à nouveau. Elle peut redevenir vôtre, totalement, vôtre. Il suffirait de retirer le ver maléfique qui s'est introduit dans son tronc. Couper la tête du serpent qui se croit dieu. Destituer votre geôlier devenu bourreau. Vous n'êtes pas des prisonniers, peuple d'Umbriel, vous n'êtes pas non plus des chiens ! Il est temps de faire savoir au Veilleur qu'il a échoué et que le peuple d'Umbriel ne veut plus de ses chaines !

Lorsque les gardes arrivèrent finalement en nombre pour disperser la foule qui s'agitait, il était trop tard. L'étincelle était née dans le creux de trop de ventres affamés.

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