Mortelle passation

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- Walter cherche de Preux chevaliers.
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_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Mortelle passation

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Winifred Cooper
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Winifred Cooper

MessageSujet: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeDim 6 Sep - 14:37

La fièvre faisait rage depuis déjà des semaines voire des mois. La situation devenait inquiétante dans Mavro mais plus largement dans Phelgra toute entière et visiblement, de ce que Winifred Cooper en savait, au delà des frontières de ce territoire. Isthéria dans son ensemble semblait être prise de ce mal qui ne cessait de détruire et d'évoluer.
Les « on dit » prétendaient que dans les hautes sphères de la médecine des traitements étaient en cours de recherche et la marâtre s'en réjouissait car les affaires ne menaient pas bon train depuis que l'épidémie sévissait. En effet, les marins, les dockers, les clients de L'Octo ou même les fournisseurs subissaient tour à tour un mal sans nom et les allées et venues des navires marchands étaient de plus en plus limitées. Heureusement la tenancière de l'établissement avait de quoi pallier au problème : un stock considérable, des réserves personnelles, de bons contacts locaux et de fidèles clients.

Une chose toutefois était surprenante. Winifred avait beau être face client à longueur de journée et avoir fréquenté des gens contaminés, elle n'en avait jamais semblé atteinte. A tel point qu'elle gardait en sa demeure, deux étages plus haut, l'un de ses employés sur un quasi lit de mort. Seule elle montait veiller sur le malheureux pour voir son état. A présent, elle ne se souciait plus de sa santé à elle, elle paraissait comme immunisée. Le vaillant travailleur était à présent amaigri, pâlot et ne voulait même plus manger tellement que cette action lui semblait être un acte demandant une énergie folle. C'était à coup de soupe et de petite cuillère que les aliments passaient autant que faire se peut.

Quoi qu'il en soit, Winifred se faisait du soucis. Pour elle, son fils, son établissement mais pour la ville dans son ensemble. En effet, la Mama, comme beaucoup la surnommait, avait ses attaches et ses habitudes à Mavro depuis sa tendre enfance. Elle avait grandi ici, y avait donné naissance, s'était établie et avait également vu ses parents y vivre. Sa mère avait travaillé au port sur la régulation des arrivées et départs des navires pour faciliter la circulation et son père, marin, avait développé ce qui était l'actuel Octo. Mme Cooper y connaissait tous les commerçants, tous les marins et presque tous les habitants dont plus des trois quart avait déjà foulé le pas de sa porte. Et comme elle avait une excellente mémoire visuelle, les têtes étaient toujours familières. Même les gens de passage en ville, qui venaient s’accommoder de quelques plaisirs de la chair, au premier étage, nouaient des liens avec Winifred.

Sa gentillesse et sa bienveillance ne lui avaient jamais fait défaut. Elle avait cet air de femme d'affaire un peu brute, ce qu'elle était quand même un peu, mais au fond elle restait une femme d'attache. Attachée au gens, attachée à ses valeurs, attachée à une ville et sa population. Oh, tout n'était pas rose à Mavro. C'était une ville sombre au passé houleux, la misère s'y était installée, amenant avec elle son lot de complications dont la principale : la violence.
On trouvait peu d'enfants de cœurs dans les ruelles de la ville Phelgranne, mais dans un même temps, la ville tenait parfois une réputation plus dramatique que ce qu'elle était vraiment.

Winifred, personnellement, n'avait connu que peu de désagréments ici. Est-ce à cause de sa force de caractère et sa réputation de « maman pas drôle » que les gens la respectaient ? Le seul problème un peu conséquent connu était récent. Sa rencontre avec le prénommé Jack. Ce personnage très troublé psychologiquement qui s'adonnait au cannibalisme et qui avait commis des meurtres impardonnables. Oh, ce serait mentir de dire que Winifred n'avait pas perdu son sang froid un instant et ne s'était pas sentie redevenir une enfant trouillarde un instant, mais elle avait vite repris ses esprits et avait communiqué avec l'homme comme elle l'aurait fait avec n'importe qui d'autre. L'illusionniste lui avait ordonné de manger de l'humain, sous peine de mort, elle avait refusé, droite dans ses bottes. Il lui avait ordonné de le tuer, ce qu'elle s'était également refusé de faire. Elle avait finalement rendu à Jack, l'humanité qu'il avait perdu. L'illusion avait pris fin et les prochaines victimes de l'homme, enfermées dans des cages, avaient retrouvé la liberté grâce à Winifred et ce fameux sang froid. Oh et ce médaillon qui dormait à présent près d'un arbre... Un souvenir un peu étrange. Mais voilà, Winifred n'était pas une traumatisée de l'événement ni de la ville et des drôles de spécimens qui peuvent circuler dans les zones sombres.

Elle était bien heureuse de savoir que dans ce lieu, contrairement à Umbriel, Thémisto ou Ridolbar, les cavaliers de Sharna n'étaient pas invasifs. Leur prétendue présence rassurante... Tu parles. C'était sur cette dernière réflexion que Winifred préparait un petit sac avant de se rendre chez Elsdon 'Swab' Ulrik, l'actuel gouverneur de la ville qui lui avait envoyé un petit courrier, sollicitant sa venue rapidement. Sans savoir à quoi s'attendre mais un brin inquiète elle prit la route, en ce début d'après-midi doux. Elle n'avait pas une très longue route à faire à pieds avant d'arriver dans sa demeure professionnelle, elle passerait faire un bonjour à son amie bijoutière, Coma Tsuto, lhurgoyf aux cheveux que Wini jalousait, tout autant que son talent de créatrice.

Revenons-en au fait. Elsdon était le gouverneur de Mavro depuis déjà plus de 25 ans. Il avait été établi à ce poste suite au décès brutal de son frère aîné qui en était le représentant. Les rumeurs accusent Swab de ne pas y avoir été pour rien, la relation entre les deux hommes était un peu floue mais personne ne lui en avait tenu rigueur étant donné qu'il avait vite pris les rennes de la ville et n'avait pas exercé de changements particuliers. Les habitants s'en contentaient.
L'homme en question avait ses habitudes à L'Octo. Passant par le passage secret dédié à ces quelques privilégiés, il s'adonnait aux plaisirs de la vie comme les autres, consommait plus que de mesure, rhum, whisky ou vin, il n'était pas difficile et en plus, il était un fervent consommateur d'opium. La qualité de ce dernier était si indéniable qu'il fermait les yeux sur l'importation de la tenancière et aidait parfois, avec quelques ordres bien transmis, à faire accélérer les choses lorsqu'elle venait à manquer. Quelle plaisir pour Winifred Cooper d'être bien entourée et d'avoir contribué à la dépendance de certaines personnes dont la puissance favorisait ses affaires.
Toutefois, leur relation n'était pas que professionnelle, Elsdon et Wini entretenaient une amitié qui s'était développée au fil des années, un lien de confiance que ni l'un ni l'autre n'avait trahit. Ils se rendaient mutuellement des services. L'homme qui se sentait parfois seul venait à L'Octo pour se faire gratter le cuir chevelu par Octo elle-même, tel un gros bébé près de sa maman.

Winifred arriva face au bâtiment du gouverneur, qui se trouvait en plein cœur de la ville, face à la place publique principale. Elle s'annonça aux deux gardes qui tenaient la porte d'entrée et on la laissa entrer sans aucun soucis. Avant de passer la lourde porte métallique, la Mama réajusta sa lourde robe rouge satinée et sa coiffe de tissu noir brillant.
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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeDim 6 Sep - 15:28

Elsdon Ulrik dit Swab, Gouverneur de Mavro Limani, puissant personnage s'il en est, se trouvait présentement dans son lit, tout pâle et fiévreux. La sueur rendait cette position bien peu agréable. Sur la table de chevet, un verre de haute qualité dans lequel avait été servi un bon grog plus alcoolisé qu'il ne l'aurait fallu attendait que le vieil homme ne le boive.

Des papiers, parchemins et autres messages parsemaient sa couverture, vestige d'une nuit passé à travailler dans son lit, contre les conseils des guérisseurs. Mais ces paltoquets mesquins n'avaient pas l'autorité pour ordonner à Swab d'arrêter de commander à sa cité. Car oui, le Gouverneur Ulrik avait une approche très personnelle de son poste. C'était sa cité, son port !
Depuis que la fièvre l'obligeait à rester à quai, comme il disait en plaisantant, il se languissait de la brise marine, de l'odeur de poisson charrié du port, des embruns frais, des cris des dockers, de l'ambiance des tavernes, de ses amis...
S'il en avait été capable, il se serait sans doute trainer en rampant jusqu'à l'Octo, ce fascinant établissement où il avait ses habitudes. Que de soirées à boire, à discuter et à baiser ! Voilà pourquoi l'on devait vivre !

Mais la fièvre l'avait comme foudroyé, et cela empirait... Ses veines semblaient envahis par un mal incandescent qui lui donnait des douleurs atroces par moments. Les guérisseurs lui donnaient des drogues pour l'anesthésier, mais cela le rendait incapable de réfléchir. Aussi souffrait-il le plus possible avant de supplier qu'on ne lui administre les puissants calmants.
Il les faisait descendre avec un bon alcool bien fort, pour se sentir encore vivant.
Car oui, Elsdon Ulrik, le Gouverneur, était mourant. Il le savait, il le sentait. Et tous les requins avides de pouvoirs et assoiffés de sang l'avaient déjà senti. La petite danse des charognards s'était engagée autour de lui. Cela tournait autour de lui comme des requins attendant le moment propice pour se jeter sur leur proie.
Il avait succédé à son frère aîné, un arrogant bien trop méprisant envers son propre sang. Les rumeurs disaient qu'il avait parti lié à la mort de son frangin. Ah ! Il leur crachait à la gueule aux rumeurs ! Si quelqu'un avait le courage de lui demander en face, il pourrait lui dire la vérité. Oui, il avait ordonné, ou plutôt laissé faire, l'assassinat de son aîné et il s'en portait à merveilles.
Le pouvoir avait toujours un arrière-goût de trahison à un moment ou un autre. Il avait décidé de croquer dedans à pleine dents et de saisir l'opportunité de s'élever...

- Gouverneur, dit une voix qui le réveilla de sa somnolence. Gouverneur, madame Cooper est là, comme vous l'aviez demandé.

Il regarda un moment le valet, confus, puis repris ses esprits bien vite et lâcha d'une voix rauque et énervé contre sa propre faiblesse de l'introduire pour qu'il puisse enfin régler cette histoire !
Quelques instants après, Mama Cooper entra. Bien habillé, élégante, d'une présence à la fois autoritaire et rassurante, elle ne dépareillait pas dans les luxueux appartements du Gouverneur.

D'un signe de main approximatif, il indiqua un fauteuil pour l'inviter à s'asseoir. Il se redressa dans son lit tout en rajustant son oreiller, afin de pouvoir tenir une conversation correctement. Ce simple effort lui laissa le souffle court et un mal de tête terrible. Mais le vieux pirate en avait connu d'autres. La mer avait failli le prendre plusieurs fois dans des tempêtes bien plus forte qu'une simple fièvre.
Parfois, il se cachait de la vérité qu'il avait comprise. Il oubliait son état de mourant. Cependant, il réussissait toujours à maintenir son visage autoritaire et enjoué, comme le seul maitre à bord.

- Cooper, je suis ravi de vous voir, commença-t-il. J'aurais bien voulu profiter une dernière fois de votre opium et des plaisirs que vous m'offrez si gracieusement mais...

Il s'interrompit pour tousser. Le mouchoir qu'il passa devant sa bouche se tacha de rouge. La fièvre s'aggravant, cela avait déclenché toute une série d'avarie dans son organisme et ses poumons semblaient avoir leur coque percées.

- Je voulais vous remercier en personne pour votre intervention avec ce Boucher. On ne parle que de vous sur les docks. C'est vraiment bien joué de votre part.

Il marqua une pause, pour s'essuyer la moustache et boire une gorgée de son grog.

- J'imagine que les affaires tournent au ralenti, en ce moment.

Le Gouverneur tenait toujours mieux la cadence quand il était occupé. Ainsi, le fait d'avoir quelqu'un à qui parler, des affaires à régler semblait donner à son corps la force de résister. Mais il était victime d'une pire malédiction que la fièvre : l'âge. On lui demandait de rester au calme. On lui demandait de ne pas se fatiguer. On l'évitait car la puanteur de la vieillesse effrayait les petites natures. On l'évitait car son état rappelait à beaucoup trop de personnes leur état de mortalité.
Aussi, il écrivait des ordres, braillait des instructions et mourrait à petit feu dans son lit.
Il lui restait une dernière affaire d'importance à régler. Et pour cela, il avait besoin du concours de Winifred Cooper, la Mama de Mavro Limani.

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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeDim 6 Sep - 21:40

La force vive, la niaque et la fougue de Swab avaient bien disparu. Winifred Cooper ne s'attendait pas, en passant cette porte, à retrouver son ami dans un tel état. Oh, elle avait bien eu vent que le bougre avait été malade il y a déjà quelques semaines mais pourquoi diable ne l'avait t-il pas prévenue ? Et quand bien même, qu'aurait-elle pu faire pour lui, elle dont les pouvoirs ne servaient pas à grand chose en ces conditions ? Rien, elle le savait bien. C'était pareil pour son employé, pareil pour sa voisine, la petite Mme Yourna dont le cœur de la taille d'une souris battait à deux fois la cadence normale. Cette période était bien fâcheuse et personne ne pouvait en ignorer les conséquences finales. Bon nombre de personnes avaient perdu la vie des suites de cette affreuse fièvre, leurs corps trop épuisés pour affronter ce mal environnant et naviguant d'un corps à l'autre.

Winifred, voyant l'homme au plus mal, se demanda une nouvelle fois pourquoi elle avait été épargnée. Et d'ailleurs... pourquoi l'avait t-il convoquée, savait-il que Winifred était plus ou moins immunisée contre la maladie ? Si ce n'était pas le cas, il la convoquait ici dans l'idée de la contaminer et ainsi nuire à son établissement ?! Mais rapidement le doute s'estompa lorsque subtilement elle vint se glisser dans ses réflexions pour en entendre les propos. Après tout, elle n'aimait pas les secrets et ce pouvoir l'aidait bien. Il avait su. Ouf ! Il ne voulait pas sa mort ! Et quelle idiote, c'était elle qui l'en avait informé dans une lettre... Rapidement elle sorti de son esprit pour se concentrer sur le moment présent, attendant de voir pourquoi elle avait été convoquée.

Il lui parla rapidement d'opium, du boucher et de son établissement, trois sujets qui trottaient en effet dans sa tête depuis quelques temps. La dernière cargaison d'opium était longue à arriver mais heureusement ses petites compétences en herboristerie lui permettaient de faire pousser quelques coquelicots pour en récolter une petite production personnelle. Winifred n'en consommait qu'en de très rares occasions, lors de vives douleurs au dos comme il lui arrivait d'en avoir.

Le boucher, bon, c'était une bien drôle d'histoire. Le gouverneur devait avoir bien été mis au courant en plus de sa lettre qu'elle lui avait finalement adressé pour apporter quelques précisions et suggérer une surveillance un brin plus accru des productions chez les bouchers au moins pour la semaine qui suivait. Histoire que tout le monde ne se mette pas à bouffer la viande encore sur les étals.

- Les affaires tournent comme elles peuvent. J'ai pris l'initiative de refuser l'entrée aux personnes qui ne sont pas aptes à compter jusqu'à trois, non pas à cause de leur taux d'alcoolémie mais bien parce qu'elles sont trop épuisées ou faible. C'est un manque à gagner mais l'avantage, c'est qu'avec les douleurs des personnes touchées, je n'ai jamais autant vendu de coquelicots, sous entendait-elle pour parler de l'opium.

Ce calmant naturel avait en effet eu des effets bénéfiques pour les plus touchés. D'ailleurs, elle sorti une petite pipe en bois bleu nuit de sa petite sacoche ainsi qu'un petit sachet en papier. Elle fourra la pipe en un temps minime et la tendit au malheureux.

- Tu devrais en profiter pour te soulager. Pour une fois que c'est gratuit, rajouta t-elle avec un sourire en coin.

Wini observa une bougie posée sur un bureau non loin d'eux et attendit le feu vert du marin pour lui approcher afin d'allumer le précieux.

- Je te connais trop bien pour savoir que tu ne m'as pas fait venir ici anodinement. Dis-moi tout.
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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeDim 6 Sep - 22:17

Le Gouverneur Ulrik écouta son invité avec un regard acéré mais un air un peu confus. En vérité, les affaires de l'Octo ne l'intéressait guère aujourd'hui. Les affaires de Winifred Cooper allaient peut-être changer du tout au tout dans peu de temps.
Il comprit que la fièvre se répandait à grande échelle. Il le savait, mais entendre son amie lui expliquer qu'elle-même prenait des mesures pour tenter vaille que vaille de ralentir la propagation lui fit comprendre l'ampleur du problème.

Elle lui proposa de se détendre avec un peu de sa production personnelle. Ou peut-être était-ce une production importée ? Quelle importance. Winifred lui sortit tout le nécessaire et n'avait plus qu'à entendre un mot de sa part.
Oh, l'envie était bien présente et il s'y serait adonné de bon coeur en d'autres circonstances, mais pas aujourd'hui.

- Range cela et fait en sorte que personne ne le voit avant que tu ressortes d'ici, ordonna-t-il du ton de Gouverneur qu'il n'employait jamais avec Winifred habituellement.

Il toussa encore avant de terminer cul sec son grog comme si c'était du petit lait.

- Qu'on aille pas raconter que tu m'as drogué... Les coquelicots...

Il marmonna les derniers mots, alors qu'il cherchait ses mots et les confondait avec ses pensées.

- Oui, je ne t'ai pas convoqué pour parler boutique, reprit-il plus clairement. Il nous faut causer. Causer de choses importantes.

Il se tut, solennel, son regard planter dans celui de Mama Cooper. Avait-il raison ? Et si elle n'avait pas les épaules ? Certes, un certain respect régnait autour de sa personne, mais comme une tenancière d'un établissement de plaisir huppé. Elle était connue sur les docks et tous appréciait son intelligence, sa fermeté en affaire et la volonté de faire tourner les choses correctement.
Mais le pouvoir... attire les pires individus. Il en savait quelque chose, il avait succombé à cet appel étant jeune. Sa seule interrogation était : serait-t-elle capable de faire ce qu'il fallait ?

- Je vais mourir, c'est une certitude désormais et ça ne tardera plus je l'espère. Il est temps pour toi de prendre une place plus à la mesure de tes capacités. J'ai assez d'influence pour imposer une héritière au poste de Gouverneur. Tous les autres ambitieux seront sur les dents, mais si je te place comme il faut, ils ne pourront pas s'y opposer.

Il ne lui laissa pas le temps d'hésiter, de bafouiller, de protester ou quelque autre réaction.

- Tu es intelligente, tu sais gérer des affaires et des égos capricieux, tu t'adapteras vite aux quelques roueries juridiques et politiques, balaya-t-il d'un revers de la main. Mais il te faudra parfois se salir les mains. Surtout au début pour écarter les autres prétendants et pour te gagner le respect des capitaines.

Il avait le souffle court et sentait son cœur battre la chamade. Mais sa détermination proverbiale semblait lui être revenue.

[color:bf07=##3300ff]- Je n'ai plus de parents et si j'ai des enfants ce sont des bâtards que je n'ai jamais vu, rien qui puisse faire l'affaire. Mes lieutenants sont des faquins et des marins d'eau douce. Toi, tu es une vraie fille de Mavro Limani. Mais il te faudra changer d'échelle. Il ne s'agit plus que de ton Octo...

Sa tirade fut interrompue par une lourde quinte de toux qui ensanglanta son mouchoir et qui ne semblait pas s'arrêter.
Après un long instant, enfin le Gouverneur reprit son souffle, regardant celle qu'il avait choisi.

- Il faudra agir vite. Je ne peux plus me déplacer, aussi il sera nécessaire que tu accomplisses quelques menus besognes avant d'officialiser tout cela.

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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeDim 6 Sep - 22:43

Winifred haussa un sourcil au refus d'Elsdon de soulager ses douleurs en fumant un peu d'opium. Grossière erreur, mais soit. Elle rangea la pipe prête à l'emploi et la glissa au fond de son sac, là où elle se trouvait jusqu'alors. La drogue n'était pas illégale en ce bas monde, enfin, d'une façon ou d'une autre. L'Opium ne donnait aux personnes aucun effet visible, encore moins lorsque la totalité du produit servait à calmer des douleurs. Elle ne comprit pas trop sa réaction mais s'en accommoda, après tout, il n'était pas vraiment dans son assiette. Elle reprit place dans son fauteuil confortable et écouta attentivement le gouverneur, tenter de parler entre deux quintes de toux pas jolies jolies.

Les paroles qui virent ensuite étaient flateuses mais surtout inattendues. Il n'y avait qu'après 3 ou 4 verres de rhum que Winifred s'était prise un jour à s'imaginer gouverneure mais jamais elle n'y avait pensé sobrement. Quelle surprise. Elle s'était machinalement relevée et avait posé ses mains sur ses hanches généreuses, avait penché la tête, prêtant une oreille plus qu'attentive aux paroles présentes.

Il ne la laissa pas réagir immédiatement, lâchant ainsi tout ce qu'il avait à dire. La proposition qui tournait à l'affirmation, les mises en garde, les encouragements, les précautions... Diantre. Puis lorsque son tour vint de prendre la parole elle... attendit. Sait-on jamais s'il restait des choses à venir, comme... quelles menues besognes ?

- Oui tu vas mourir, comme nous tous en ces terres. Affirma t-elle en omettant volontairement de parler de certains peuples dont la mort n'empêchait pas l'activité. Si cette dernière est ta décision et que tu sais qu'elle pourra t'apaiser, c'est tout le bien que je te souhaite, ajouta t-elle sans filtre et sans mâcher ses mots.

Winifred Cooper n'était pas connue pour faire des chichis en parlant de la mort, elle la cotoyait quasi quotidiennement et personne à Mavro ne faisait de ce sujet quelque chose de tabou. Ceci dit, parler de la mort d'un gouverneur n'était pas arrivé depuis plus de 20 ans, ce qui changeait la donne. Qui plus est quand ce même gouverneur vous propose de reprendre son poste lorsque la fièvre l'aura emporté.

- Merci, pour ces nombreux compliments qui prouvent la confiance que tu as en moi, continua Wini sans émotions dans la voix. Je... première hésitation qui trahissait sa surprise... je n'étais pas prête à avoir cette conversation, là, ni à entendre une telle suggestion. Je pense toutefois être flattée... je suis flattée de t'entendre prononcer ces paroles à mon encontre, dans un moment où tes pensées doivent aller vers des personnes qui te sont surement plus chères.

C'est vrai quoi, un homme mourant pensait à sa ville avant de penser à ce qu'il pourrait faire sur son lit de mort ? Toutes les gueulantes qu'il pourrait enfin pousser librement sans qu'on tente de lui planter un couteau dans le dos après ? Eh bah.

- Connais-tu les potentiels prétendants ? J'en ai bien quelques uns en tête, mais je ne crains personne. Si je dois prendre en charge cette ville, je le ferai corps et âme. Winifred était sérieuse, elle aimait profondément cette ville et s'imaginer la gouverner l'enchanta grandement en un très court instant. C'était comme gagner à une course hippique alors que vous ne vous souveniez même pas avoir parié. Elle entendit bien les conseils à propos des responsabilités qui étaient autres que la gestion de L'Octo, heureusement pour elle, elle avait déjà un oeil posé discrètement sur toute la marine marchande et en connaissait bien les filons.

Un rictus se dessina sur le visage de Winifred qui ressenti la douleur lorsque le gouverneur manqua de s'étouffer dans son propre sang. Elle attrapa un mouchoir propre qui était plier soigneusement sur la table de chevet et le tendit à Swab.

La Mama comprit que le temps lui était limité et qu'elle aurait pu dire ce qu'elle voulait pour tenter de le faire changer d'avis il n'en démordrait plus. Les décisions devaient fuser très vite dans sa tête. Elle aurait voulu insinuer qu'il aurait été préférable de trouver quelqu'un de plus qualifié mais c'était un homme réfléchi. S'il lui accordait sa confiance et osait proposer une telle opportunité c'est que lui même y croyait.

- Que dois-je faire ? Demanda t-elle encore une fois sans intonation particulière dans la voix.
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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeLun 7 Sep - 22:16

Un sourire rusé s'accrocha au visage blafard de Swab. Sa petite protégée s'était vite laissé convaincre. Bien, il n'aurait pas à argumenter éternellement comme ça. Toutes voiles dehors et à l'assaut !
Elle avait confiance en elle et affirmait ne craindre personne. Un bon point pour elle. Il était crucial que sa main ne tremble pas au moment d'agir. Déjà elle enchainait sur les éventuels concurrents au poste. Une concurrence mortelle pour ce genre de sélection.

- Il y en aura plusieurs qui se lanceront dans un genre de campagne pour essayer de pousser la candidatures, d'autres tenteront de s'attirer les faveurs des personnes influentes... Mais au final... Au final, il n'y a vraiment que deux rivaux qui pourront se lever contre mon influence pour te désigner.

Il laissa son regard errer dans le vide tandis qu'il réfléchissait avant de revenir au moment présent.

- Bien sûr, on peut toujours s'attendre à ce que les Cavaliers de Sharna avance leur propre candidat, surtout avec les changements actuels. Ils ne pousseront pas trop fort, cependant... Ils ont trop besoin d'une Mavro stable et loyale pour leur flotte militaire. C'est sans doute le rôle le plus risque du Gouverneur de Mavro Limani, mais... chaque chose en son temps.

Au début de son règne, le Gouverneur Ulrik avait eu bien du mal à se faire entendre des officiers de marine de l'Ordre. Pourtant, s'il n'avait pas un contrôler hiérarchique total, il occupait un grade important dans la Flotte de Phelgra. Cette dernière était dans une position hybride entre un corps militaire des Cavaliers et une autonomie dû à la spécificité qui les caractérisait par rapport au reste des troupes. Aussi, les Gouverneurs avait acquis un poids non-négligeable dans l'Amirauté. Ayant le contrôle du Port, cela octroyait une grande influence. Au fil du temps, une coopération s'était établi, fonctionnant sur un équilibre complexe mais établi à travers les coutumes maritimes. Nombres des officiers était sous le commandement du Gouverneur, possédant aussi le titre de Capitaine du Port, titre officieux bien entendu. Quant aux actions à entreprendre, c'était l'Impérial et ses officiers qui décidaient, ainsi que les amiraux et commodores. Le Gouverneur pouvait bien être nommer à la tête d'une expédition militaire, mais on le laissait de côté, selon une tradition bien établie selon laquelle il devait s'occuper du Port avant tout.

- Il y a le Prévôt des Marchands... Padrock... Que tu connais je pense, reprit Swab. Il est riche et ambitieux mais manque de soutien en dehors de son réseau d'associés commerciaux. Il est sans doute celui que tu pourras écraser rapidement car tu dois pouvoir rivaliser avec lui en termes de réseaux et de clientèle.

Le Gouverneur savait que la Mama de l'Octo avait un réseau d'associés, de clients et d'obligés tentaculaire dans la ville et pouvait mobiliser assez de ressources pour distribuer des pots-de-vins et faveurs à qui il faudrait.

- Ensuite, et c'est pour lui que je t'enverrai faire quelques menus besognes... Il y a le Capitaine Heraint Tristacier. Lui n'hésitera pas à prendre les armes et à faire couler le sang, voire même incendier ce qu'il faudra. Soit disant un marchand... Il a tâter de la piraterie quand personne regardait, sois-en sûr. Un gars impitoyable...

Une quinte de toux le reprit. Le mouchoir propre de Winifred fut bien utile. Swab appréciait de pouvoir discuter avec elle. Combien de discussion avaient-ils eu durant les longues nuits de débauches qu'il s'offrait dans son établissement. Aujourd'hui, il semblait devoir accomplir le dernier chapitre de son règne en un ou deux jours. Former la succession, c'était pas une corvée rapide... Mais la vie est une catin qui vous lâche sans prévenir... Ah ! S'il pouvait s'occuper de Tristacier lui-même, ça serait un beau baroud d'honneur...

- Tu va aller à la Capitainerie, sur le Quai. Là tu donneras cette lettre au Sergent Lussan. C'est une femme borgne, ne lui fait pas remarquer son cache-oeil. Ensuite, tu la suivras jusqu'à un hangar appartenant un client de Tristacier. Tu voleras la marchandise par la remplacer par des produits pourris.

Ce plan alambiqué était destiné à décrédibiliser l'ambitieux capitaine. Mais c'était seulement la première étape. Marquant une pause pour reprendre son souffle, il lui donna la lettre dont il avait parlé. Il dût farfouiller dans la paperasserie trainant sur son lit.

- Ensuite, trouve un moyen, mais tu devras éliminer d'une façon ou d'une autre le second de Tristacier, un yorka à face de poisson au nom bizarre, demandes à n'importe qui, il se souviendra, le nom ne me revient pas. Ce gars-là est l'homme à tout faire de ton rival. Il s'appuie sur lui et surtout, il connait beaucoup de chose utile sur son patron. Si après ça, Tristacier est toujours dans la partie... Tue-le.

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Winifred Cooper

MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeDim 27 Sep - 21:18

Après les mises en garde, informations et indications données par Swab à Winifred, cette dernière avait quitté les lieux non sans une once d'inquiétude, direction le quai. Oh ce n'était pas par peur de la suite des événements, ça, elle y ferait face sans trop de peine, mais c'était plutôt la crainte d'apprendre par une missive ou d'une bouche la mort du gouverneur. S'il venait à quitter cette terre alors que tout n'avait pas été réglé dans les temps, là, ce serait un beau bordel. Là, il y aurait des bagarres en vue de reprendre ce poste. Et puis, il y aurait la peine même de voir un ami partir, encore un...
Mais ce n'était pas l'heure de ressasser toutes les pertes, dans ce monde elles sont nombreuses, à Mavro, encore plus.

La tenancière de L'Octo s'était bien passée d'expliquer à Elsdon qu'elle connaissait particulièrement bien Padrock. Déjà parce qu'elle n'en avait pas l'obligation et ensuite parce que c'est un client de L'Octo. Il avait longuement déserté le lieu, se prônant comme un homme fidèle... mais la tentation à L'Octo fut grande... C'est que les employés de la maison savaient aussi se montrer persuasifs et ils s'arrangeaient pour se rendre indispensable aux désirs et envies des clients. Bref, où en étions nous ? Ah oui, Padrock. Swab avait dit que c'était un homme à écraser. Winifred n'aurait pas besoin d'en faire tant, elle en connaissait tellement sur lui, ses préférences sexuelles, ses petits secrets, son infidélité. C'est fou ce qu'on peut raconter avec un coup dans le nez. Et c'est fou le nombre de témoins que Wini avait sous le coude. Des témoins qu'elle gardait précieusement pour faire chanter ceux qui voudraient se mettre dans son passage. Bref, Padrock, elle s'en chargerait rapidement, il revenait régulièrement.

Heraint, c'était une autre paire de manche. C'était pas le grand copain de Winifred. Ni un client. Elle le connaissait, parce que dans l'espace maritime de Mavro tout le monde connaît tout le monde, à peu de choses près. C'était un enfoiré. Il avait déjà essayé de péter une cargaison de Winifred en faisant comme s'il s'agissait de pirates mais ce con s'était fait prendre et il avait reçu une sacré soufflante de la tenancière lorsqu'elle l'avait appris. Mais bon, que pouvait-elle faire de plus si ce n'était que faire cramer son navire ? Oh attendez... c'est ce qu'il s'est passé des mois plus tôt. La Mama en était effectivement l'investigatrice, mais elle avait attendu bien longtemps pour que cette histoire passe mieux. Entre temps, il s'était pris le chou avec bien d'autres marins et marchands alors bon, elle était passé dans les mailles du filet des suspects. Par contre, en effet, il était toujours dangereux. Timbré comme pas possible, cet idiot n'avait aucun scrupules, remords ou diplomatie. En somme, il ne ferait pas un bon gouverneur pour que Mavro puisse un peu renaître de ses cendres et vivre de son port.

La mission de Swab était claire, aller sur le quai de la capitainerie, trouver le sergent Lussan (qui n'était pas inconnue à Winifred qui avait déjà eu à faire à elle), lui donner la lettre du gouverneur et cette dernière la laisserait rejoindre un hangar où Tristacier aurait stocké de la marchandise. L'idée c'était de voler cette marchandise pour la troquer contre de la came de merde, mais Wini n'avait pas ça sous la main et voulait régler cette histoire bien vite. Puis elle devrait faire passer à table Surimi – Le yorka à face de poisson au nom bizarre – pour ne pas dire le tuer. Bon... c'était pas trop dans les habitudes de la tenancière de fonctionner ainsi.

Tout en marchant vers les quais qui se trouvaient à une quinzaine de minutes de là, elle réfléchissait à une alternative. Elle prit finalement la décision d'aller faire un saut sur le Baron Forturne, le navire amarré à Mavro depuis la veille. Changement de direction...

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le lendemain même, Winifred retourna chez Elsdon. Son état ne s'était en rien amélioré. Elle avait repris place sur le fauteuil dans lequel elle avait posé son séant la veille et elle attendit qu'une monstrueuse quinte de toux accepte de laisser le gouverneur un peu tranquille.

- Monsieur le gouverneur, je suis au regret de vous annoncer le tragique décès de Surimi et de son bien apprécié Tristacier. Il semblerait que tous les deux aient périt à la suite d'un conflit navale, qui se serait déroulé cette nuit même. Les « on dit » affirment que Tristacier aurait tenté d'arnaquer un autre marchand, mais l'histoire est assez floue. Je n'en sais pas grand chose, hélas. Ce dernier mot fut ponctué d'un long soupire peu crédible.

Un sourire en coin se dessina sur le visage de Winifred. Elle était restée bien au chaud dans son lit cette nuit-là. Enfin, dans un lit. Celui d'Obédiah, ce sublime capitaine du Baron Fortune. Elle connaissait bien l'odeur de ces draps d'un blanc écarlate ainsi que le moindre recoin de la cabine du capitaine. Tous les deux entretenaient une relation purement... amicale, depuis bien des années. Ils se rendaient des services et il se pourrait bien que l'homme ait joué de ses relations pour aider Winifred Cooper cette nuit-là. Elle lui avait déconseillé de s'en charger lui même pour ne pas éveiller les soupçons mais ce n'était pas compliqué pour lui, il connaissait du monde peu recommandable, facile à soudoyer.
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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeJeu 1 Oct - 22:10

Swab avait regardé celle qu'il avait choisi pour lui succéder sortir de sa chambre avec un regard fixe. Il n'avait aucun doute quand à sa capacité à se battre pour gagner sa place et pour la conserver. Mais dans ce milieu-là, même les plus habiles pouvaient finir au fond du port avec des bouts de métal attachés aux pieds.

Il continua à essayer de travailler aussi longtemps que son corps en était capable. Il recevrait des rapports de ses espions sur l'évolution de la situation. Peu de choses se déroulaient dans sa ville sans qu'il n'en soit informer tôt ou tard. Tant de rapports, d'ordres, de complots, de projets, de réussites et d'échecs pour en arriver là. Dans son lit. Quasiment impotent avec son corps qui le trahissait. La malédiction de la vieillesse. Entre certaines quintes de toux, le vieux gouverneur se demandait s'il n'aurait pas mieux valu qu'il mourut l'arme à la main dans la pleine vigueur de sa jeunesse, ou si un complot l'avait renversé et mené à l'échafaud. Cela aurait eu le privilège d'être une fin rapide sans la décrépitude qui s'emparait de lui aujourd'hui.
Ah, le prix des vainqueurs, mourir vieux dans son lit. Voilà, victoire, hourras, fanfares et défilés...

Les paupières lourdes, Swab s'abandonna au sommeil sans finir le papier qu'il lisait. Son secrétaire entra discrètement pour remettre les papiers en ordres et les classer. Demain matin, de nouveaux rapports parviendraient au Gouverneur. Il n'y avait guère plus que ça qui l'intéressait. Elsdon Ulrik cherchait à assurer les positions de sa succession.
Les ordres reçus depuis Thémisto l'inquiétait... Loi martiale, centralisation et toutes ces inepties que les monarques ambitieux et imbu de leur propre personne sortaient immanquablement.
Il avait bien évidemment fermé les portes de la ville et renforcer les contrôles. Les patrouilles avaient été intensifiés et l'on enjoignaient chacun à se tenir à carreaux. Pas difficile avec cette fièvre qui sévissait. Le port était encore actif mais loin de ses grandes heures d'intensité, cela dit.

Le petit matin fut brutal. La toux le prit violemment, le sortant ainsi du sommeil. Le sang éclaboussa la couverture. Il s'essuya maladroitement avec un mouchoir en soie. Le soleil se levait à peine, mais déjà ses serviteurs vinrent, alertés par le bruit, pour lui faire sa toilette. Ce rituel, humiliant et désagréable était nécessaire pour éviter la décadence total du vieil homme. Toutefois, cela lui donnait à voir l'ambiance chez les serviteurs. L'ambiance de fin de règne s'était installé depuis longtemps.

Après ce désagréable moment, Swab se replongea dans les nouveaux rapports. Il aboya des ordres, donna des orientations sur des sujets mineurs. Les nouvelles qu'il avait reçu le confortait dans son choix. Il souriait méchamment depuis qu'il avait appris les mésaventures de Tristacier

Inconsciemment, quelque chose se relâchait peu à peu chez lui. Depuis sa rencontre avec Winifred Cooper, il semblait larguer les amarres lentement mais sûrement.
Quand cette dernière revint le voir pour l'informer de l'infortune du Capitaine Heraint Tristacier et de son second, cela s'aggrava. Il hocha de la tête, approbateur. La satisfaction se lisait sur son visage. Le plus violent des concurrents avait été éliminé rapidement et proprement.
Les autres ne seraient que du menu fretin avec le soutien de Swab. Le prévôt des Marchands pourrait bien opposer un peu de résistance, mais ce serait surtout symbolique. Swab connaissait le réseau de Winifred Cooper. Largement de quoi faire face. Surtout après le coup d'éclat. A Mavro Limani, personne ne serait dupe de l'identité de ceux derrière la mort de Tristacier après que Winifred Cooper aurait fait savoir ses prétentions et que le Gouverneur l'aurait adoubé comme sa successeur en personne. Mais cela lui serait bénéfique. Être redouté était toujours une bonne chose.

- Bien, bien... grogna-t-il, satisfait, c'était bien joué... Veille à ne pas trop contracter de dette. Je ne sais pas qui tu as utilisé pour cela et je ne veux pas le savoir, mais sache désormais qu'ils seront conscient du rôle qu'ils ont joué dans ton ascension. Il te faudra tous les tenir à l’œil. Les amis plus que les ennemis...

Il s'empara d'un feuillet rempli de plusieurs documents. C'était un bel ouvrage de cuir avec les insignes et emblèmes de Mavro Limani dessus et de la Capitainerie.

- Demain, il y aura une assemblée où toutes les institutions de la ville seront représentés. Il s'agit surtout d'une réunion symbolique... Des représentants des capitaine... Des marchands et corporations... des Cavaliers... et de mon administration vu que je n'y serais pas.

Il avait eu du mal à parler, interrompant sa phrase par des toux grasses et sanglantes.

- Tu connais ces assemblées à mourir d'ennui... Demain, tu y seras et quand viendra le moment, juste après que l'intendant aura fini son bilan et avant les doléances, tu prendras la parole et tu feras savoir ton intention. Tu ne pourras pas rater ton moment. J'ai préparé des phrases pour mon intendant. Un vieux croûton bigleux toujours le nez dans les chiffres mais qui braille comme personne... Il fera savoir ma volonté de te voir me succéder à mon office.

Il marqua une pause pour regarder dans les yeux Winifred Cooper.

- Cela déclenchera une tempête, surjoué pour les uns, surprise pour les autres... La grande pièce de la politique commencera sous tes yeux. Reste de marbre. Les insultes et attaques personnelles vont tomber très vite. C'est presque traditionnelle. Inquiète toi si elles ne viennent pas.

Il s'interrompit, comme s'il renonçait à dire quelque chose et garda le regard vide un moment. Il se reprit comme s'il se réveillait.

- Après ça, l'Octo devra passer au second plan, Cooper. Tu devras faire le point régulièrement avec les gens de mon administration. Tu viendras me voir si tu veux faire acte de pitié envers un vieillard. Mais l'important est que quand viendra ma mort, tu n'auras plus qu'à t'asseoir dans mon fauteuil, à prendre possession de ces appartements et tout le toutim. Il faut que tu t'empares des rênes le plus vite possible pour empêcher toutes velléités de qui que ce soit de te faire la peau...

Il avait finit. Tout ce qu'il lui fallait dire avait été dit. Lui faire la leçon aurait été l'insulter. C'était une femme d'affaire bien installée, déjà rompue aux conflits commerciaux et avec un sens des gens très développée. Elle se moulerait parfaitement dans le rôle politique qui était le sien. Et comme tout ceux avant elle, elle apprendrait sur le tas.
Le Gouverneur Ulrik lui tendit le porte document en cuir puis lui fit signe de sortir.
Ses secrétaires et autres fonctionnaires avides de garder leurs postes lui sauteraient dessus immédiatement.

Swab resta seul dans son lit. Il repoussa les papiers sur le côté, les faisant s'éparpiller au sol et s'endormit.
La semaine qui suivit Swab oscilla entre inconscience sans rêve, fantasme onirique, souvenirs désordonnés et éveil plein de souffrance. On lui parlait mais ne retenait rien. Son esprit se désagrégeait peu à peu. Les pleurs le prenaient parfois à l'improviste. Tous les regrets, les douleurs enfouies loin au fond de lui ressurgissaient cruellement au crépuscule de sa vie.

Un matin, l'aube fut d'une clarté particulièrement belle. La fenêtre n'avait eu ses rideaux tirés aussi les rayons lumineux sortirent Elsdon Ulrik, dit Swab, de sa torpeur. Étrangement, il eut le réflexe de sortir du lit et de se lever pour aller admirer le spectacle depuis le balcon. Encore plus étrange fut le fait qu'il accomplit cet exploit physique sans problème.
Le Gouverneur implacable et redoutable observa une dernière fois le port inondé des rayons du jour nouveau. L'eau étincelait et les bruits portuaires commençaient à se faire entendre. L'odeur marine, salée et forte, emplit ses narines et d'innombrables souvenirs lui revinrent en mémoire...

Quand les serviteurs vinrent pour la toilette, ils le trouvèrent étendu sur le balcon, mort. La vie allait continuer, elle avait déjà continuer. Lui partait voguer sur d'autres mers. Il laissait la barre à quelqu'un qu'il avait choisi, quelqu'un qui avait Mavro Limani dans le sang, comme lui.
Le corps du vieux Gouverneur était souriant et son expression sereine. Quand on se précipita dans les couloirs pour répandre la nouvelle, certains eurent une mine anxieuse, d'autres rusée et opportunistes, mais la plupart des membres de l'administration, des servants et gardes eurent l'expression triste et des pleurs furent aperçus ça et là selon les rumeurs.

Un nouveau chapitre de l'histoire de Mavro Limani s'ouvrait et ce serait à Winifred Cooper d'y présider, quoiqu'il arrive.

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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeVen 30 Oct - 16:19

« Veille à ne pas trop contracter de dettes », avait-il dit. Winifred avait esquissé un délicat sourire en coin en réajustant son soutien-gorge subtilement. Oh, des dettes, elle n'allait pas en avoir avec Obédiah, leur accord était clair, leur relation aussi.  Et il était un ami qu'elle garderait précieusement. Et les amis du marin étaient ceux de Winifred ou du moins « par alliance » ou par nécessité... Tant qu'Obédiah sera là, aucun risque.

L'assemblée allait se tenir le lendemain même de ces quasi dernières retrouvailles entre la tenancière de l'Octo et son fidèle client et ami, Swab. Elle ignorait que c'était une des dernière fois qu'ils plongeaient leurs yeux les uns dans ceux de l'autre, bien que la toux envahissante trahissait la situation plus qu'inconfortable du gouverneur. La Mama était bizarrement déjà en train de penser à ce qu'elle allait pouvoir porter afin de faire la meilleure des impressions lors de cette assemblée. En un regard, elle devait convaincre, montrer qui elle était, sa détermination et sa forte personnalité. Séduire, convaincre, les mots d'ordre. Elle n'aurait que quelques minutes pour prouver qu'elle était une femme de caractère et aux épaules assez solides pour porter Mavro, ses habitants, son port et son économie. Elle n'aurait que quelques minutes pour montrer qu'une tenancière d'un bar de marins avait les capacités de gérer une crise sanitaire en pleine expansion comme des relations politiques et publiques. Elle n'aurait que quelques minutes pour prouver qu'elle serait à la hauteur des attentes de Swab.  

Lors de cette fameuse assemblée il y aura du beau monde. Rien n'était moins sûr que cette dernière se déroule en séance publique comme il en était d'ordinaire. En effet, la fièvre s'étendant plus que de raison, les organisateurs prendraient certainement des mesures adéquates. Obédiah avait promis d'être présent ce jour, au même titre que d'autres capitaines à la réputation plus ou moins actée. Les marchands, elle les connaissait déjà tous, sans exception. L'Octo était tellement ancré dans le paysage de Mavro et ses relations avec ses compères sans failles, qu'elle ne craignait pas qu'ils s'opposent à sa volonté de devenir gouverneure et si en plus elle avait le soutien de l'intendant... En revanche, qui des Cavaliers de Sharna serait présent ce jour-là, ça, elle l'ignorait bien. Faut dire que les petits chats étaient bien imprévisibles, toujours dans le coin, mais jamais vraiment identifiés. Qui avait ce rôle, à ce moment là, de participer à cette assemblée ? Qu'importe. Cela ne changerait en rien ses plans.  

Au fil des années passées à Mavro et avec la double casquette qu'elle a pu avoir, Winifred Cooper avait eu l'occasion de se joindre à plusieurs reprises dans une assemblée comme celle qui allait se dérouler le lendemain. Le bâtiment se trouvait sur le port de Mavro, non loin de L'Octo. C'était un bâtiment officiel de la ville, dans lequel ont gouverné plusieurs hommes. Car jusqu'ici, les gouverneurs avaient toujours été des hommes. Les choses allaient peut-être changer sur ce point. Ayant vue sur la mer et les docks, la bâtisse se tenait sur trois étages et ne faisait pas moins de 21m de large. De lourdes pierres grises clair constituaient la façade et une lourde porte boisée en créait l'entrée. La salle de l'assemblée se trouvaient au sous-sol, là où les minutes pouvaient paraître des heures, où le temps perdait toute logique.

Ce matin-là, Wini s'était réveillée pleine d'assurance. Dans son immense lit de chêne et ses draps satinés rouge, elle s'était prélassé quelques minutes avant de se rendre dans la salle d'eau pour faire un brin de toilette. La veille au soir elle avait préparé sa tenue : un pantalon noir fluide et épais en lin, sans un seul pli, un chemisier rouge bordeaux dont elle retrousserait les manches jusqu'aux avant bras et un manteau bleu roi à la doublure noire et bleue aux motifs exotiques qui lui allait jusqu'aux chevilles. Elle se para de lourdes boucles d'oreilles jaunes en tissus, réalisées par son amie Martha et poudra ses yeux d'un rouge orangé délicat. Sa coiffe enturbannée sur sa tête était bleue, orange et noire. Sa bouche pulpeuse fut rehaussée d'un rouge à lèvres prune.
Spoiler:

Vêtue, elle descendit d'un étage où jusqu'au petit matin les corps s’enlaçaient et où l'opium était consommé. La pièce était vaporeuse et le silence était présent. Seul un client endormi sur les genoux d'un employé de L'Octo subissait avec délectation les tournis des doigts dans les cheveux. Les deux hommes étaient à moitié nus et silencieux. Fared, l'employé, esquissa un sourire fatigué à Winifred et lui tendit une sorte de cigarette.
La Mama s'assied à côté des deux hommes pour sceller ses chaussures dorées, tout en tirant une latte fumeuse. Cette dernière se fondit dans l'ambiance déjà opaque.

- Vous n'êtes que tous les deux ?
- Oui, répondit Fared avec une voix délicate et chuchotante, il ne voulait pas troubler le précieux moment de son client.
- Je dois y aller, je te laisse la maison. Quand il sera parti du peux aller là haut te reposer.
- Tu es prête ? Demanda t-il sans trop en douter.
- Évidemment, acquiesça Wini avec un large sourire.

Elle se releva en époussetant son pantalon que quelques malheureuses cendres avait salit et une fois le noir retrouvé, elle attrapa sa besace orange, posa un baiser sur le front de Fared et prit la porte dissimulée, par laquelle les client aguerris passaient.
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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeSam 31 Oct - 19:37

Gaspardo Tolomei avait préparé d'innombrables liasses de parchemins et de papiers. Il prendrait place sur ce bureau chargé entouré de ses comptes quand il aurait à faire son bilan devant les corporations de la ville. Les colonnes de papiers l'entoureraient comme à l'accoutumée, telles des tours défensives. Ses assistant s'efforceraient de trouver les papiers pertinents le plus vite possible, bien entendu, mais Gaspardo n'avait pas besoin d'eux. Il connaissait tous les chiffres par cœur.

Tandis qu'il indiquait à ses subordonnées comment préparer la salle avant l'arrivée de tout ce petit monde, il eut l'impression d'avoir fait ça déjà des dizaines de fois, et pour cause ! C'était toujours le même rituel, après toutes ces années. Assigner une place à tous les représentants, préparer de quoi tous les asseoir, réviser les mots qu'il allait employer et faire des exercices vocaux pour ne pas faillir en plein discours.
D'après son expérience, tout le monde l'entendrait bien, mais peu l'écouterait vraiment. D'autant plus au vu de la situation actuelle... Swab saignait et les requins commençaient à s'approcher. Mais le vieux pirate semblait en passe de remporter le dernier pari de sa vie. Un dernier coup d'éclat dans lequel il avait assigné un rôle important à son fidèle intendant.

Gaspardo Tolomei était un homme simple, empli d'une ascèse très prononcée. Amoureux des chiffres, des comptes justes et d'une discipline de fer. Si sa droiture apparente le rendait peu intéressant pour les magouilleurs, c'était là une erreur fatale. Ses talents n'étaient pas dédié à un soi-disant Bien supérieur destiné à guider le monde vers le bonheur. Non, il ne croyait pas au bien, ni au mal. Il croyait aux chiffres. Et il savait être le plus à même de les manier. Pour ça, il n'avait pas hésiter à mettre ses compétences au service de gens comme Elsdon Ulrik. Sans jamais avoir toucher à une seule marchandise, il avait pu rapporter à la ville énormément d'argent.

Il alla s'asseoir à la tribune, déjà recouverte de documents en tout genre. Les colonnes de papier qui résumaient la ville. Certains donnait à Mavro un esprit de liberté, d'autres y voyaient un port vivant de ses activités marines. Mais Gaspardo ne voyait Mavro Limani que comme un ensemble de chiffre, disposés dans des colonnes comptables.
Réajustant ses bésicles, l'intendant s'assit lentement et toisa la salle vide, avec ses assistants qui la parcouraient pour rectifier les dieux savaient quoi.
Sa main passant dans sa barbe, il se replongea dans ses chiffres sans jeter d'oeil au siège vide à ses côtés. Celui dans lequel le Gouverneur aurait dû s'asseoir aujourd'hui. La dernière fois que Gaspardo et Swab s'étaient vus, le vieux était dans un sale état. Un état qui était dû aux excès de sa vie, à n'en point douter.

Quant à l'objet de ce dernier pari... Tolomei ne savait guère qu'en penser. Son entreprise était prospère et après des investigations poussées, l'intendant pouvait avoir tous les chiffres et avait pu combler quelques irrégularités. Bien sûr, aucune action sans l'aval du Gouverneur. Mais les chiffres comptaient. En tout cas pour Gaspardo Tolomei. Toujours est-il qu'il était redevable envers Swab et que pour solder ses comptes, il se devait d'aider cette femme.

La salle commença à se remplir, les premiers à arriver sur les représentants des corporations de la ville, marchands et autres guildes d'artisans. Le plus notable de ses gens était le Prévôt des marchands Padrock. Très riche et très entourée, il s'installa en saluant les autres représentants, les associés et les rivaux. Il avait le sourire facile et le rire affable, mais son regard était calculateur et un rien vicieux. Autre personnage notable, le représentant de la Compagnie des Eaux Dorées. Sans être totalement impliqué dans les affaires internes de Mavro Limani, cette compagnie maritime était la plus riche et la plus puissant du continent et sa présence dans le port phelgran était très importante.

Tolomei appréciait grandement les Marchands et les Artisans. Les plus à cheval sur la comptabilité et les plus attentifs à son discours à lui. Il voyait déjà des comptables et des scribes, prêt à comparer les chiffres qu'il annoncerait et à prendre des notes.

Plusieurs Capitaines influents de la ville arrivèrent peu à peu. Des vieux loups de mer, des aventuriers respectés. Certains avaient touchés à la piraterie, mais on se gardait de le crier sur les toits. Des hommes durs, des femmes impitoyables. Beaucoup moins nombreux qu'à l'accoutumée, il n'y aurait que le strict minimum des représentants aujourd'hui. Compréhensible, personne ne voulait risquer de contracter la fièvre. Néanmoins, le fameux capitaine du Baron Fortune était présent dans la salle. Obédiah était un capitaine qui pouvait fédérer nombre de ses collègues. Il arborait un air déterminé et un sourire confiant qui fit froncer les sourcils de l'intendant. Il ignorait sans doute quelque chose, et cela ne lui plaisait pas du tout.

Les représentants de l'administration du Gouverneur étaient déjà tous là. Le plus élevé dans la hiérarchie était l'intendant, en tout cas en ce jour, c'était lui.
Il vit des officiers de la Flotte. La Flotte de Phelgra, la Flotte des Cavaliers. Ils portaient leurs uniformes rouge bordeaux, avec du cuir noir, et ils se comportaient comme s'ils étaient les maitres. Ce qu'ils étaient, de toute évidence. Au fil des années Swab et Tolomei avaient appris à compter sur les Cavaliers, en bien ou en mal. Le résultat de l'équation était toujours le même. Mieux valait être avec eux que contre eux. Mavro Limani ne gagnerait rien à un conflit ouvert.

Il repéra celle qu'il attendait pour commencer. Sa silhouette enturbannée et ses vêtements lui donnait une allure d'autorité simple. Son regard et son visage en disant plus long sur la poigne dont elle était capable. Gaspardo Tolomei lui adressa un signe de tête discret. Serait-elle à la hauteur ?

- Il est l'heure de commencer ! résonna la voix forte de l'intendant dans la salle, imposant un silence respectueux.

Le regard acéré de Tolomei parcourut les rangs. D'habitude, la salle débordait littéralement dans un bazar chaotique. Aujourd'hui, les groupes avaient bien plus de confort et il était bien plus aisé de repérer qui était qui.

- A l'ordre du jour, nous commencerons par le bilan de l'administration de Son Excellence le Gouverneur Ulrik, bilan de ses actions, de l'état de la Cité et bilan comptable. Ensuite, nous recevrons les doléances individuelles, qui ne concerneront que des problèmes individuels, puis les doléances des représentants des différentes corporations et communautés de la Cité.

Un léger flottement parcourut la salle. L'ordre des doléances avaient été inversé. Les doléances individuelles venaient généralement en dernières. Ici, l'inversion était lourde de conséquence. Les gardes présents dans la salle obéirait à l'intendant en cas de contestation ou de tentative de perturber la séance. Cela devrait permettre à la protégée de Swab d'intervenir. On avait bien ordonné à Tolomei d'attribuer la parole à Winifred Cooper en la présentant comme il le fallait.

- La séance peut commencer ! annonça l'Intendant, sans se préoccuper des regards interrogatifs.

Puis de sa voix puissante, contrastant avec son apparence, il commença à présenter le résultat des différentes actions que le Gouverneur et son administration avaient pu entreprendre et leurs résultats. Bien évidemment, cette partie du discours était biaisée et présentait tout cela sous un jour favorable... Des protestations fusèrent quand il expliqua les mesures concernant le couvre-feu imposé conformément au Décret de l'Impérial. Des insultes volèrent jusqu'aux représentants de la Flotte des Cavaliers. Tolomei ignorait si des envoyés de Thémisto se trouvait parmi eux.
De toute façon, le couvre-feu n'était presque pas effectif dans la ville. Les portes s'étaient juste transformés en filtre plus contraignant qu'avant. Et l'activité de la ville n'avait décru qu'à cause de la fièvre... Le port gardait son activité naturelle. Seule les patrouilles avaient augmenté et se faisaient plus sévère.

Il fit ensuite le bilan comptable de la ville. Un bilan très positif, bien que subissant les effets de la fièvre et des mesures autoritaires prises pour satisfaire les Cavaliers. Après près d'une heure de discours, il en avait fini. Satisfait de lui, il prit le temps d'observer les quelques comptables et scribes qui prenaient des notes. Tolomei remarqua la tension qui s'était installée... Les capitaines regardaient certains représentants marchands avec un oeil mauvais. La petite cour de Padrock semblait quant à elle fébrile.

- Maintenant, j'aimerais laisser la parole à une citoyenne exemplaire, dont la prospérité et la sagesse sauront apporter de nombreuses leçons à nous tous, qui sommes réunis ici aujourd'hui. Cette femme a été associé au gouvernement de la ville depuis quelques mois déjà et connait tous les rouages. Je sais que Son Excellence le Gouverneur Ulrik la tient en très haute estime... de même que tous les hommes et femmes du Gouverneur Ulrik.

Sa voix n'avait pas failli, mais il avait marqué un temps d'hésitation avant de terminé. La dernière partie de son introduction l'engageait personnellement, il le savait.

- Winifred Cooper souhaiterait faire part des intentions du Gouverneur Ulrik et des siennes concernant le futur du gouvernement de la Cité.

Il la désigna en la regardant droit dans les yeux, alors qu'il réajustait ses bésicles.

- Winifred Cooper, vous avez la parole !

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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeSam 14 Nov - 14:01

Avant de partir en direction de l’Assemblée, Winifred avait pris le soin de relire toute la documentation qui avait été déléguée par Elsdon Ulrik, déjà lue et relue au préalable. L’ouvrage de cuir marron et noir sur lequel étaient gravés d’or les insignes et emblèmes de Mavro et de la Capitainerie pesait dans ses bras. Il faut dire qu’il y en avait des papiers là dedans. Les cartographies de la ville, le répertoire de chaque commerçant, chaque habitant, chaque petit filou, chaque capitaine. On y trouvait également les différents accords qui avaient pu être signés avec les autres villes de Phelgra, les traités élaborés avec les autres contrées. Dans ce même dossier, la tenancière de L’Octo avait pu prendre connaissance du nom de chaque intendant, chaque personne qui avait travaillé ou travaillait encore dans l’établissement qui servait de chef-lieu au gouverneur, qui étaient les amis qui étaient les ennemis. Les projets de l’actuel gouverneur étaient également indiqués : des aménagements souhaités aux possibles coalitions, les partenariats. Les relations de la ville, les différents regroupements, les mercenaires connus, les Cavaliers de Sharna, les heures d’ouvertures et fermetures de la cité, le nom des gardes et des patrouilleurs, les comptes de la ville et bon nombre d’autres informations. La plupart d’entre-elles ne devaient être lues que par le gouverneur lui-même, c’est pourquoi le document dans son ensemble avait fini sa course dans le coffre fort de Winifred, bien à l’abri des regards malveillants ou opportunistes.

Bien évidemment, les détails des dossiers étaient entre les mains de Gaspardo Tolomei, l’intendant. D’autres seraient probablement en la possession de Winifred si elle arrivait effectivement à rejoindre le trône.

La Mama avait longé les Docks pour se rendre à l’Assemblée qui se déroulait en tout début d’après-midi. Elle en avait profité pour se faire offrir une pomme par un marin en plein chargement de cargaison et avait salué quelques autres. Puis elle arriva enfin. Plantée devant le bâtiment, elle avait levé les yeux pour le contempler. Après tout, elle s’y était déjà rendue et l’avait regardé maintes et maintes fois mais elle ne s’était jamais imaginé un jour pouvoir dire qu’elle en gérait l’intégralité. L’idée lui plaisait bien. Elle serra quelques mains connues avant de pénétrer dans la bâtisse, aux côtés d’Obédiah qui se trouvait justement là.

Arrivés dans la salle, les deux amants furent séparés, les commerçants dont faisait partie Winifred étaient d’un côté de l’immense table, les capitaines de l’autre. Toutefois, afin de ne pas créer de tensions supplémentaires, certains furent éloignés les uns des autres.

Mme Cooper ne passait pas inaperçue dans cette assemblée, avec ses vêtements colorés et sa corpulence. Sa haute coiffe dépassait presque le Zélos assis à ses côtés. Un ami, lui aussi, un armurier d’une gentillesse inconsidérée qui exerçait son travail dans la même rue que là où se trouvait l’établissement de Winifred.

Ils étaient là, les détails des documents que la mama avait lus et relus, tous bien empilés devant l’intendant assis à sa tribune. Wini, elle, avait les deux avant-bras posés sur la table face à elle, les mains croisées attendant le début du spectacle qu’allaient offrir bon nombre de convives, d’autant qu’aujourd’hui, le siège de Swab était inoccupé. De là où elle se trouvait, au milieu d’une tablée, la tenancière et prétendante à cette place entendait bien les chuchotements autour d’elle. Les gens savaient, ils savaient que le gouverneur était atteint de cette méchante fièvre qui envahissait le continent depuis déjà quelque temps. Tout le monde connaissait l’issue tragique de la maladie et certains trépignaient d’impatience d’avoir la parole pour prêcher leurs bonnes compétences et leurs volontés d’accéder à ce poste convoité. Les requins savaient qu’Elsdon ne reviendrait pas mais rien n’était encore officiel à cette heure précise. Le représentant d'Omério, que Winifred guettait du coin de l'œil, ne broncha pas. Il resta neutre et impassible comme ce à quoi on pouvait s’attendre venant de lui. Winifred et lui se connaissaient bien. En tant que commerçante émérite, ancienne capitaine de navire et personne influente sur les docks, le gérant de la Compagnie des Eaux Dorées et son équipe proche avaient du respect pour Cooper. Ils n’étaient pas amis, encore moins ennemis mais connaissaient et reconnaissaient le travail l’un de l’autre. Ils avaient collaboré et travaillé ensemble, avaient des valeurs communes mais leur relation s’arrêtait là. Si elle avait l’occasion de prendre ce poste, leur relation changerait, pour le plus grand plaisir de la marâtre.

Alors que l’Assemblée débutait, les premiers bavardages se firent entendre dans la salle. L’intendant continua son discours, habitué à ne pas avoir un silence complet. Winifred, très attentive à ce qui se passait se pencha légèrement en avant, les mains appuyées sur la table et d’un regard noir elle fit taire les deux concernés. Le garde qui se trouvait non loin de là n’avait même pas eu besoin d’intervenir. Ce qui ne fut pas la même au moment d’appréhender la question du couvre-feu. Beau bordel pour peu de réels changements.

Puis, le moment arriva. L’entrée de Winifred dans le flot d’informations journalière. “Citoyenne exemplaire”, “sagesse”, “très haute estime”, il n’avait pas lésiné sur les éloges. Heureusement, la tenancière de L’Octo n’avait pas d’ennemis, seulement des concurrents commerciaux. Elle avait toujours réussi à maintenir sa réputation en ordre et de par sa fonction secondaire de maquerelle, elle connaissait les petits secrets des uns et des autres, ce qui lui fournissait une certaine immunité. Le sexe et la drogue, de beaux appâts pour des personnes dont le mode de vie nécessitait un peu de répis. Ce lieu était pour beaucoup de gens présents à cette Assemblée, un lieu de vilégiature. Mais combien s’étaient attendus à ce qu’elle soit invitée d’honneur à ce moment-là ? Peu, certainement.

Si tous savaient qu’elle ne trahirait pas leurs petits secrets intimes, nombreux furent ceux qui écarquillèrent les yeux au moment où elle fut appelée à prendre la parole. On entendit presque un ou deux déglutir.

La Mama se leva de sa chaise en prenant le soin de la soulever. A ce moment précis, il n’y avait plus un bruit dans l’Assemblée. Le pas léger et assuré, elle se mit à un endroit où tout le monde pouvait l’entendre et la voir. Non loin de l’intendant qui devait bien entendre tout ce qui allait se dire. Elle était souriante, confiante et digne.

- Mesdames, Messieurs, commença t-elle en scannant du regard chaque personne qui se trouvait dans la pièce. Je suis Winifred Cooper. Certains me connaissent, d’autres seulement de nom ou de vue. En effet, toutes les personnes ici présentes connaissait la tenancière, quand bien même tout le monde n’avait pas eu à traiter avec elle. Ce n’était pas sa première assemblée ni celle des autres participants. Je suis ici pour vous donner des nouvelles du Gouverneur Ulrik. En effet, comme beaucoup d’entre vous le savent déjà, mon ami souffre de la fièvre maudite et teigneuse qui dissout nos populations depuis des mois déjà. Je ne vais pas passer par quatre chemins, Swab se meurt. Le temps lui est compté.

La tenancière regarda par dessus son épaule pour voir si l’intendant appréciait ses aveux mais il ne broncha pas, il n’était pas dupe et il n’avait surement pas envie de passer la journée assis là.

- Je l’ai vu hier. Il m’a fait part de son désir de me voir à la tête de notre Mavro Limani lorsqu’il aura passé l’arme à gauche.

D’un silence de mort, la salle passa à une effervescence attendue. Les uns et les autres se levèrent de leur siège, haussant la voix, criant à l’injustice et au complot, accusant Winifred d’abus de faiblesse. D’autres s’exclamèrent de joie, dont la plupart des commerçants et artisans, certains capitaines et autres personnes. Winifred haussa un sourcil et parla de façon posée, toujours aussi calme. Pour l’entendre, il fallait se taire et elle réussit très bien l’exercice car à peine quelques mots prononcés que le silence revint.

- Est-ce une blague, Lémovi ? Demanda-t-elle à ce pirate véreux que personne ici n’appréciait, tellement qu’il avait cette capacité à trahir n’importe qui qui croisait son chemin. Injustice, complot, abus de faiblesse ? Sont-ce réellement des mots qui sortent de votre bouche, vous qui ne transpirez pas la moindre once de justice, celle-là même qui vous débecte au plus haut point, qui complote plus que les rats qui pullulent dans nos égouts et qui pourrait abuser de la faiblesse de votre pauvre mère qui pleure chaque jour l’ignominie de son seul et unique fils ? Vous en ferez un beau, vous, de gouverneur. Vous ne connaissez rien à rien, vous n’êtes auto-centrés que sur votre navire et posez les pieds sur ces terres que pour vous alcooliser jusqu’à redécorer de vos boyaux les ruelles de Mavro.

Mais Winifred se reprit, soutenue du regard par l’intendant qui subissait ce discours houleux.

- Vous me connaissez. Vous connaissez mon travail et mes valeurs. On parle de Mavro, qui de vous peut prétendre autant que moi avoir un intérêt pour votre population tout autant que pour notre commerce maritime ? Qui de vous peut prétendre connaître les habitants de Mavro, les pirates, les marins et le reste du continent terrestre et maritime autant que moi ? Je ne suis pas que la petite tenancière de L’Octo à la grande gueule. J’ai vécu en mer et sur les terres, j’ai voyagé, rencontré du beau monde, j’ai fait prospérer un commerce sans nuire à la ville bien au contraire, j’ai su apaiser des tensions que certains d’entre vous aviez vous-même créées dans la moindre raison valable, si ce n’est pour satisfaire vos petits désirs personnels. Je ne vais pas prétendre être la femme parfaite, mais je pense être une femme prête à gouverner Mavro, continuer d’entretenir des relations courtoises et commerciales en Phelgra comme au-delà, je suis prête à fédérer les différentes factions qui composent notre ville, je souhaite tout faire pour que cette ville dans laquelle j’ai grandit tout autant que vous ne vive pas plus longtemps sa réputation de merde. Nous ne sommes pas les ouvriers d’une ville corrompue, nous sommes des citoyens, peut-être pas tout blancs mais qui souhaitons que Mavro se développe au mieux. Nous n’avons pas besoin que des gens gèrent pour nous cette ville et terrorisent nos habitants plus que ce qu’ils ne le font déjà tout en prétendant exercer une gestion autoritaire et légitime, bonne pour nous. Montrons-leur que nous savons faire preuve d’autorité nous-même et que cette ville n’est pas corrompue.  Nous avons besoin d’autonomie et nous pouvons travailler ensemble pour l’avoir. Nous sommes Mavro Limani, plus grande ville portuaire d’Isthéria et il nous faut quelqu’un pour la gouverner. Je me porte volontaire, avec l’aval d’Elsdon Ulrik. Devenir gouverneur de Mavro n’implique pas de faire cavalière seule, j’ai besoin d’être entourée, je souhaite que la parole de tous puisse compter. Le peuple de Mavro doit pouvoir s’exprimer sans qu’une seule entité soit décisionnaire de tout ce qu’il se dira et fera, tout en étant gouvernée d’une main de velours dans un gant de fer pour ne pas que tout aille à vau-l’eau.

Winifred reprit son souffle, réalisant que la salle était toujours aussi silencieuse. Il fallait que chacun intègre ce qu’il venait de se dire, probablement. Elle resta plantée là, debout, attendant les retours des uns et des autres, les insultes à renvoyer à coup de mots bien placés et des contre arguments. Obédiah, lui, souriait à Winifred. Elle savait qu’il serait de son côté et qu’il pourrait rallier du beau monde. Il semblait en être de même du côté des Eaux Dorées dont le représentant offrit à Mme Cooper un très léger signe approbateur de la tête.
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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeMer 18 Nov - 21:58

Un silence gêné s'installa à l'annonce de la prise de parole de Winifred Cooper. L'intendant observa avec une certaine malice les regards anxieux et coup d'oeil entre certains membres de l'assemblée. Gaspardo n'avait jamais fréquenté l'établissement de Madame Cooper, mais il en savait assez pour connaitre l'un des principal piliers de son influence.

Gaspardo était silencieux et écouta le discours de l'héritière désignée de Swab. Il ne laissa rien paraitre, bien conscients d'avoir déjà pris énormément partie envers elle par son introduction.
Elle prit sur elle de confirmer le secret de polichinelle concernant le destin du Gouverneur. La mort de Swab était inévitable et imminente. C'était la fin d'une époque. Et tout le monde s'en rendait compte. Beaucoup de chose changeait. Un nouvel Impérial, une nouvelle politique des Cavaliers, la Fièvre, un nouveau gouverneur... Des portes allaient se fermer brutalement et d'autres s'ouvrir subitement. Opportunités et ambitions allaient se conjuguer avec encore plus de force qu'auparavant.
Tellement de factions au sein d'une ville trop importante pour tout ce petit monde.

Bien évidemment, elle s'appuya sur la volonté de Swab de la voir lui succéder. C'était là bien naturel, car c'était le point de départ de ses ambitions.
Mais cette annonce déchaina la tempête attendue. Cris, insultes, récriminations, accusations de coup d’État... L'intendant observa avec ironie tout cette assemblée de comploteurs, de pirates et de magouilleurs crier au scandale... Le monde est bien étrange.
Il fut notable que la plupart des représentants marchands et des corporations d'artisans affichèrent leur satisfaction. Après tout, elle était l'une des leurs. Même l'ambitieux Prévôt des Marchands, Padrock, suivit le mouvement, quoique de mauvaise grâce.

En fait, Swab avait bien joué son coup. Si tant est qu'on pouvait planifier le moment de sa mort. A l'heure actuelle, il n'y avait guère de prétendants au poste de Gouverneur qui posséda une envergure suffisante pour écraser la tenancière de l'Octo. Avec la mort de Tristacier, il n'y avait plus aucun capitaine voulant s'embêter avec ces histoires de gouverneur. Aucune des factions n'avait la volonté, ni les moyens de combattre une personne soutenue par l'administration en place.
Et puis quoi ? Winifred Cooper ? Tout le monde l'appréciait ! Ou la tolérait... Une femme d'affaire avisée, plutôt bienveillante pour la norme de Mavro Limani. Bref, elle paraissait pouvoir satisfaire tout le monde, sans inquiéter qui que ce soit.
Mais le flair du vieil intendant lui soufflait que la façade avenante de Madame Cooper dissimulait une volonté de fer semblable à celle du vieux Swab.
Elle remit sèchement à sa place un capitaine pirate avec une sinistre réputation. Elle le fit de telle manière qu'il fut évident qu'elle maitrisait son sujet. Elle les connaissait. Elle savait de quoi elle parlait. Elle était l'une d'entre eux, à tous. Marchande, Marin, Mavrosi...

Enfin, elle passa au cœur de son discours. Sans doute préparé à l'avance, au moins dans les grandes lignes. Elle le fit avec éloquence et une détermination tout à fait digne de la position à laquelle elle aspirait.
Néanmoins, Gaspardo nota une attaque voilée envers les Cavaliers de Sharna.
La seule inconnue du plan d'Elsdon Ulrik. L'ambition du nouvel Impérial d'augmenter l'autorité de son pouvoir et son contrôle sur les provinces et cité de Phelgra poserait problème à coup sûr. Mavro Limani avait beau avoir un passé de loyauté envers les Cavaliers, et la présence de la flotte en était un exemple flagrant, la cité et ses habitants restait farouchement indépendante. Enfin... Surtout en esprit ou en identité. Sur beaucoup de points, la cité portuaire agissait en parfaite autonomie, mais cela pourrait peut-être changer. Pour convaincre les factions de la ville, il était facile d'affirmer vouloir contrôler la poussée d'autorité des Cavaliers, mais la réalité serait bien moins aisée que les discours.

Les représentants de la Flotte des Cavaliers froncèrent les sourcils de manière quelque peu agacée par le discours. Deux officiers quittèrent la salle d'un pas rapide, laissant juste un seul officier pour suivre le reste de la réunion. Cela ne présageait rien de bon.
Un instant de flottement silencieux suivit la fin de l'annonce de madame Cooper.
De manière tout à fait opportuniste, Padrock le Prévôt se leva avec une lenteur causé par sa grande bedaine et son manteau luxueux.

- C'est avec force et détermination mais également avec un optimisme en l'avenir de cette Cité que la Prévôté des Marchands de Mavro Limani apporte son soutien à Winifred Cooper. Elle possède tout ce qu'il faut pour faire grandir notre riche et belle cité vers un avenir plus prospère !

L'annonce suintait de suffisance et d'hypocrisie ! Voilà un homme qui aurait rêvé d'être à la place de celle à qui il commençait à lécher les bottes... Gaspardo le regarda durement en réajustant ses bésicles.

- Soutenons ensemble Winifred Cooper et apportons lui notre plein et entier concours dans ces temps troublés. En tant que Prévôt des Marchands, je suis prêt à vous assister dans cette tâche essentielle qui sera la votre, et je ...
- Ferme ta gueule, gros lard ! beugla un capitaine, causant une indignation spontanée chez les représentants des marchands. Ouais, Winifred Cooper offre de la bonne came et de quoi se biturer comme il faut, ainsi que des gigolos et des prostituées pour vous susurrer tout ce que vous rêvez d'entendre quand vous arrivez pas à dormir le soir... Mais ça en fait pas une personne avec les épaules pour reprendre la barre après le Swab ! D'ailleurs, ce vieux requin n'a pas à prendre de décisions en la matière, il ne peut pas ordonner quoique ce soit.

Le Capitaine en question était d'encore plus sinistre réputation que Tristacier ou Lémovi. D'ailleurs, il était un proche des deux. Peu en veine ces dernières temps, il était clair que ses meilleures années étaient loin derrière lui. Mais le capitaine Ringrose avait été une terreur des mers. Corsaire, jamais pirate, et un aventurier sans peur. Un homme dur, brutal mais nostalgique de sa gloire passée et en quête d'un dernier baroud d'honneur pour effacer ses dernières années de disette. Il était massif et avait la face couturée de cicatrices. Le regard mauvaise et un sourire cruel.
Il s'était levé au milieu de la foule et foudroyait l'assemblée du regard. La violence de l'intervention avait surpris et Padrock était muet d'indignation. Cela dit, certains propos étaient inadmissibles pour l'Intendant !

- Capitaine Ringrose ! Je vous fait remarquer qu'Elson Ulrik est encore le Gouverneur de cette Cité et que vous n'avez pas à contester les décisions ou dispositions qu'il pourrait avoir prises ou ordonnées !

L'intervention de l'Intendant coupa l'élan du vieux corsaire et permis à d'autres représentants ou intéressés de donner leurs avis. Mais cela n'empêcha pas un petit groupe de se former autour de Ringrose. Ainsi, Cooper avait donc à faire face à un début d'opposition...
Globalement, les représentants des corporations se montrèrent prudents mais tout à fait ouverts à la nomination de Winifred Cooper.
Le dernier officier de la Flotte des Cavaliers resta muet, observant avidement tous les événements et tout ceux qui prenaient la parole. Nul doute qu'un rapport détaillé serait fait à sa hiérarchie.
Le représentants de la Compagnie des Eaux Dorées prit la parole. Il y avait une certaine attente. Omério était l'un des hommes les plus puissants des mers et sa simple influence économique pouvait changer la face de Mavro Limani.

- La Compagnie des Eaux Dorées se satisferait de quiconque permettra un commerce libre et sans entrave. La Compagnie et le capitaine Omério tiennent à rappeler qu'aucun soutien d'aucune sorte envers la piraterie ne saurait être tolérée. En outre, le capitaine Omério est tout à fait préparé à lancer une campagne punitive contre tout pirate qui entraverait le commerce et la libre circulation des vaisseaux marchands sur les mers.

Sur cette déclaration sèche et quelque peu inquiétante pour bon nombre de personnes présentes dans la salle, le représentant se rassit. Un nouveau flottement s'installa. La petite mutinerie au plan de Swab, rassemblée derrière Ringrose était toujours présente, mais regardait avec inquiétude le représentant de la Compagnie des Eaux Dorées... Sale temps pour être un pirate que celui où Omério vous avait dans sa longue-vue !
Avec une grimace et un grognement tout à fait digne d'un grand-père bougon, l'Intendant fit signe à la protégée de Swab d'intervenir dés à présent. Il avait déjà prit trop position pour elle pour reculer. Les gens comme Ringrose ne connaissait qu'une manière de faire à sa connaissance...

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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitimeSam 21 Nov - 17:44

- Alors, comment ça s'est passé ?

Winifred avait posé son massif séant dans son lourd fauteuil préféré au premier étage de son établissement, là où les fumées d'opium s'entremêlaient avec les vapeurs humaines. Son fils était là, il avait quelques jours de repos avant de repartir en mer. La maîtresse de maison se délecta de sa pipe à opium qu'elle faisait tournoyer au bout de ses lèvres avec sa langue, un sourire en coin.

- Bien, bien, dit-elle un peu mystérieusement.

La réponse n'était pas suffisante aux yeux de Warwick qui voulait en savoir plus. Assis à côté d'elle, il lui donna un coup de coude dans le bras, ce qui la fit rire.

- Le Prévôt s'est soumis sans même broncher, c'était beau à voir. C'était fumant d'hypocrisie, mais j'ai pris. Je l'ai même remercié, dis-toi. La bonne nouvelle, c'est que c'est du côté d'Omério que ça sent bon, la Compagnie des Eaux Dorées. Ils se rangent si la piraterie ne prend pas le dessus. Le commerce, la navigation, tu vois le truc.

- C'est tout ?

- Laisse moi continuer, ponctua t-elle en tirant une nouvelle latte qui vint s'installer dans tout son corps. Ringrose a ouvert sa gueule, je m'y attendais à peine. Hm.

- Ouais, prévisible, il a dit quoi ?

- Des banalités comme il sait si bien faire, mais... il a parlé d'ici. Je sais pas comment il est au courant ou s'il a bluffé, ça m'a pas plu. Bon, sur le moment j'ai roulé les yeux au ciel et esquissé mon regard de "t'es pas net" sans en faire plus, pour ne pas éveiller les soupçons de ceux qui ne connaissent pas la maison. Mes clients, en revanche, on manqué de s'étouffer, mais pas de soucis, je me suis assurée que ça ne se reproduise plus.

- Comment ?

- Ensuite, il a un peu démonté Swab, disant que c'était un vieux crouton qui n'avait pas son mot à dire, qu'il n'avait pas d'ordres à donner... connard fini va. Comme si le gouverneur n'était pas décisionnaire... Le vieil intendant n'a pas laissé passer, tu te doutes, il lui a fait fermer son caquet immédiatement, c'était jubilatoire.

- C'est pas mauvais, l'opposition ?

- Tu sais fiston, il y en a toujours eu, il y en a toujours et il y en aura toujours. Tu ne peux pas plaire à tout le monde. Il faut faire avec. Ou ils doivent faire avec. S'ils veulent pas, tu t'arranges pour que ce soit le cas. Maman est bien entourée, mon chat.

- J'ai passé l'âge des "mon chat", tu sais.

- C'est ça, dit-elle en ajoutant un "mon chat" dans sa tête. C'est vrai que ça grandissait vite ces machins, 10, 20, 30 ans, bientôt c'était l'âge de reprendre l'établissement. Mais pas tout de suite. Winifred avait encore à faire. Quoi que... lâcher du leste de ce côté là lui permettrait de pouvoir être plus investie dans ses projets de potentielle gouverneure.

En effet, le titre ne lui avait pas été admis à la fin de cette assemblée, tout allait se jouer en interne, Winifred n'avait pas encore été informée du décès de Swab, elle irait surement le voir le lendemain pour prendre de ses nouvelles et en savoir plus sur la décision prise. A Mavro comme ailleurs, les votes à la majorité n'étaient pas de mise, il ne s'agissait pas non plus d'être le fils ou la fille d'un monarque pour en être héritier. Ici c'était plus au respect et à qui avait la plus grande gueule. Plus tu étais apprécié, plus tu avais de soutien derrière toi. Wini arrosait bien, alors Wini avait du soutien, beaucoup de soutien, dont celui du respecté Swab.

Perdue dans ses pensées, Printemps, une des employées de Winifred, arriva pour lui donner une lettre en main propre. Elle était un peu sale et sentait la mer. Mme Cooper la déroula sous les yeux de son fils et laissa apparaître sur son visage un large sourire. La lettre alla au feu directement. Le foyer de délecta du papier en quelques secondes.

Warwick qui avait lu la très courte lettre écarquilla les yeux mais après un bref temps de réflexion, il reconnu bien là sa mère et ses magouilles.

- Ringrose est mort, c'est bien ça ?

Winifred replongea sereine dans son lourd fauteuil, faisant fumer sa pipe plus que de raison, tout en souriant.

- L'alcool l'a emporté, pauvre garçon.

- Qui l'a fait boire ?

- Tu n'as pas à le savoir, fils, pas tout de suite.

- On ne va pas remonter à toi ?

- Non, il était en mer à ce moment-là, avec son équipage. Mais bon, tu sais, tout le monde complote sur tout le monde, et sachant qu'il m'a balancé ses belles conneries aujourd'hui, on me suspectera. Mais il n'est pas impossible qu'on pense qu'il s'est tellement murgé la gueule, déçu de ce qui lui pendait au nez que... tu vois.

- Il y avait une taupe ?

- Une taupe bien payée qui me devait un gros service. Du coup, je dois rester prudente, on me doit beaucoup de services, mais pas au point d'éliminer toutes les personnes qui seront contre mon ascension... Et puis, concours de circonstances, celui dont j'avais besoin se trouvait au bon endroit, ce n'est pas toujours le cas.

- Comment ça ?

- Tu es bien curieux, va me servir un rhum, tu seras gentil mon chat.
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MessageSujet: Re: Mortelle passation    Mortelle passation  Icon_minitime

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