Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]

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_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeJeu 17 Nov - 21:33

- Kron !

Tout sourire et les yeux pétillants, la fillette rayonnait sous la cascade de boucles blondes qui lui couvraient la tête. Elle était vêtue d’une robe de soies verte aux liserés d’or, dont la couleur s’accommodait à merveille avec les teintes de ses prunelles. Elle tenait les pans du tissu qui lui tombait sur les pieds pour pouvoir marcher sans risquer de s’entraver. D’un côté du couloir où elle se tenait, des armures gardaient les lieux en portant fièrement lances et épées, encadrant de ci de là une torche dont la lueur préservait l’endroit des ténèbres. De l’autre, la pluie s’abattait sur les carreaux des fenêtres aux lourds rideaux pourpres. Les nuages avaient assombris la fin de journée et le crépuscule s’était chargé de dévorer les derniers rayons de soleil en tombant quelques heures auparavant. Un vieil homme drapé dans une toile de lin d’un blanc éclatant venait à la rencontre de l’enfant. Silencieux comme une ombre, il marchait d’un pas lent, courbé par l’âge et la fatigue. Elle ne le voyait pas, scrutant l’autre côté du couloir.

- Kron ? La fillette pivota tout d’un coup et se retrouva nez-à-nez avec le vieillard. Maître Heykes.

- Quelle folie vous prend-elle d’appeler ainsi le dieu de la mort sous le toit de votre seigneur père ?

- Je n’appelle aucun dieu, juste mon oiseau.

En réponse un bruissement d’ailes parvint du fond du couloir et l’oiseau en question vint sur poser sur le heaume d’une armure, la tête penchée en direction de la fillette. Son plumage noir de jais et son long bec légèrement incurvé ne laissait pas de doute possible : il appartenait à l’espèce des corbeaux.

- Père dit que c’est un oiseau de la mort, alors je l’ai appelé Kron. Il a dit que je pouvais le garder si je m’en occupais bien.

- Assurément. Mais l’animal ne serait-il pas mieux installé aux volières ?

- Non ! Son visage exprimait un mélange entre renfrognement et scandale. Je lui ai fait une maison dans ma chambre.

- Oh oui ? Il eut un sourire attendrit. Allez donc l’installer dans sa maison, jeune demoiselle. Et ne devriez-vous pas dormir à cette heure-ci ?

- Je…

- Allez, allez ! Je vous accompagne, je suis curieux de voir cette maison pour oiseau. Et je vous conterai l’histoire du dieu dont vous lui avez donné le nom. Peut-être en changerez-vous alors, il serait plus sage.

La petite dormait à présent à poings fermés. L’oiseau, installé dans sa cage que la fillette appelait maison, se tenait sur un perchoir, immobile et attentif au moindre son. La porte de la chambre, laissée entrouverte, avait laissé passer tout au long de la soirée les bruits de pas des gardes exécutant leur ronde. Les derniers avaient jetés un œil dans la pièce quelques minutes auparavant, ce qui signifiait que personne ne viendrait plus avant… longtemps.

Le corbeau sautilla vers la petite porte métallique par laquelle il était entré. Le mécanisme de fermeture, qu’il avait pris soin d’examiner avant de se laisser enfermer, consistait en une petite trappe aux barreaux métalliques qu’il suffisait de soulever pour se glisser dessous. Cette nuit-là comme toutes les précédentes, le corbeau se libéra et d’un vol silencieux entama sa promenade à travers la maison.

Cette nuit-là serait pourtant différente. Après plusieurs semaines à amadouer l’enfant, à s’en faire sa complice déguisée de plumes, Akina avait décidé qu’il était temps pour elle de passer à l’action. Ses ballades nocturnes lui avait fait connaître par cœur la demeure du noble, des cuisines aux greniers, des salles à manger à la salle des gardes, même les chambre des serviteurs lui étaient familières. Et la bibliothèque surtout. Car c’était là que se trouvait le trésor qu’on l’avait envoyé récupérer. Elle n’avait pas manqué non plus de trouver l’or caché par le maître de maison. Du moins elle savait où il était, dans un coffre de la chambre, et savait aussi que la seule clef qui l’ouvrait se trouvait à son cou. Un défi qu’elle se réjouissait d’avance de relever.

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeDim 20 Nov - 12:44

Citation :
Cher ami,

j’espère que vous avez eu bonne réception de la dernière livraison.
J’ai pris pleine connaissance de votre requête quand à une diminution de mes tarifs. Je comprends, cher ami, que vous puissiez imaginer que je ne suis pas en position de marchander.
La perte de ma femme et le coût des services du tuteur de ma fille vous ont certainement été communiqués étant donné la réduction que vous demandez. Vous ne pouvez qu’imaginez que je sois en position de faiblesse pour le faire.
J’ai le regret de vous dire que je ne fléchirai pas. Cet accord avec la maire me pousse à m’interroger : « pourquoi moi ? ». Après mûre réflexion, je crois pouvoir avancer que je suis pour vous une sorte de dernier recourt.

Ainsi, je crains que vous comme moi ne soyons pas en mesure de revenir sur notre arrangement. Je vous prie

[La plume semble avoir tressauté, l’encre traçant un trait étrange depuis la fin de la dernière lettre manuscrite. Des tâches de sang et d’encre tâchent le papier également en divers endroits.]
Lettre en cours d’écriture
Trouvée par Jonas Mitsgun dans le bureau de Paul Maurois

-P… Pourquoi ?

Je ne réponds pas, pas tout de suite, contournant le bureau et rejoignant ma victime dans son siège. Devant elle, une lettre, de l’encre et la plume qu’il a lâché en me voyant entrer.

-Pourquoi ?

J’ai fini de parcourir sa lettre.

-Ç’ aurait pas été moi, c’en aurait été un autre. Tous les basisseurs du coin auraient radinés dès qu’ton « cher ami » aurait reçu ce papelard.
-Vous… La mairie ?
-Nan.


Il semble encore plus surpris de cette réponse.µ

-Tes magouilles ont fait transiter quelques informations qui nous intéressent. Je suis là pour les récupérer et mettre un terme à tout ça.
-Mais je ne sais rien !
-Que tu ne t’en sois pas rendu compte importe peu. Ce n’est pas pour ça que tu vas mourir.


Ce teint blême serait presque effrayant si c’était la première fois que je le voyais. Malheureusement pour lui, la pitié avait disparu de mon vocabulaire courant et lorsqu’il m’arrivait d’hésiter à l’utiliser, je revoyais la situation plus objectivement.

-Tes activités ont tué trop de membres de not’ clan pour qu’on te pardonne. Tu t’en mettras pas plus dans les fouilles.
-Je… Je n’en savais rien !

Il commença à pleurer.
Ma main se posa sur mon arme. Plantée dans son plexus, elle l’empalait depuis que j’étais apparu dans l’encadrement de sa porte et lui avait lancé. Cloué à ce grand fauteuil qu’il était si fier d’avoir pu acheter, j’imaginai que maintenant il n’y pensait plus désormais.
À l’article de la mort, j’espère toujours que l’on oublie ces bassesses matérialistes.

L’étrange pic grinça sous mes doigts alors que je l’empoignai avec fermeté et l’enfonçait doucement, mon autre main venant recouvrir sa bouche. La seule pitié que j’aurai pour lui sera de lui faire avouer son crime et de le laisser partir en paix avec lui-même.

Après un instant à retenir ses cris, j’arrête la torture. Il ne lui reste plus beaucoup de temps.


-C’est pas parc’ que t’as refusé d’ savoir qui ça atigerai qu’ tu t’en doutais pas. Et t’as continué… T’as profité de la mort des miens.

J’étais d’un calme inébranlable. Il sanglotait en silence, agrippé à son fauteuil énorme tout de cuir recouvert.

-Avoue. À moins que tu veuilles mourir en chattemite !
-Oui… Oui ! J’av’…

Je retire d’un coup sec mon arme et le laisse s’effondrer à mes pieds, le fauteuil se renversant avec lui. Peu m’importait de l’humilier d’avantage. Tout ce que je lui souhaitai c’était de mourir avec un peu d’honneur.

Distraitement, je commence à dessiner devant moi une étoile à cinq branches et d’étranges symboles dans une lumière rouge qui éclairent doucement la pièce. De l’autre main, je récupère la lettre et le centre de mon dessin s’illumine plus fort avant que j’y jette le papier à l’intérieur sans y prêter plus d’attention. J’ai d’autres chats à fouetter et vite. Je n’ai pas pour habitude de trainer sur les lieus de mes crimes.
La feuille disparait et je me penche à nouveau sur le cadavre. J’ai quelque chose à récupérer.

Soudain, il me saisit au poignet. Par pur réflexe, les doigts de ma main libre se resserrent autour de sa gorge.
Pourtant, à bout de souffle et de force, sa dernière pensée me parvient entre ses lèvres bleutées :


-Ma… fille…

Pas une supplication, pas un regret… Un ordre.
Son corps se détend alors et me laisse avec ma conscience. Je sais beaucoup de chose sur lui, plus que ses amis même. C’est pourquoi depuis le début de cette mission j’évite de penser à cette gamine qui a déjà perdu sa mère et qui maintenant se retrouve orpheline. Je n’ai que deux solution à proposer pour lui éviter de finir seule. Plus de famille pour s’en occuper, même éloigné. Ce noble sur le déclin, abandonné de tous était au bord du suicide lorsque la mairie lui fit cette offre. Au début il en profita et puis il devint de plus en plus gourmant. Je savais que s’il refusait cette dernière injonction dont il fait état dans la lettre, ils allaient couper court à toute négociation.
De toutes manières, ça aurait fini comme ça. Je suis juste ici pour récupérer ce que les autres auraient voulu faire disparaître.

Un bruit dans le couloir me fait tourner la tête vers la porte entrouverte.
J’ai trop trainé. Ma main se referme sur le pendentif autour du cou de ma victime et mes jambes se transforment, changeant mes pieds nus en sabot et bandant mes cuisses. La détente m’envoie dans un coin de la pièce avec un corps qui redevient normal aux yeux des terrans.

La tête à l’envers je regarde la chandelle que l’homme a renversée en tombant et qui s’est éteinte. L’une de mes mains et mes orteils retiennent cette enveloppe loin de la gravité grâce à ma magie.
La pièce est obscure, le battant de la porte s’ouvrira vers moi et mon arme est prête.
Monstre de ténèbres, je reste tapi dans l’ombre et guête.


Migdas Polovich,
Chroniqueur officiel du second loup des Nerozias.
Meurtre compassionnel.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeJeu 24 Nov - 23:00

Quelque puisse être le temps que la jeune yorka avait avant qu’on se s’aperçoive que le corbeau avait quitté sa cage, elle sentait qu’elle devait se hâter. Chaque élément de cette nuit, elle l’avait planifié, essayant de prévoir au mieux toutes les possibles entraves qui pourraient se présenter à elle. Sous sa forme aviaire, elle voleta à travers le couloir de l’étage des chambres, vrilla dans l’escalier pour descendre d’un niveau et se laissa porter jusqu’à la bibliothèque tout au fond.

Avant d’arriver devant l’entrée, elle baissa en altitude jusqu’à frôler le sol et reprit son apparence humaine juste avant de se trouver à nez avec la lourde porte de bois massif. La première fois qu’elle était venue, elle s’était arrêtée un moment pour en admirer les ornements sculptés et peints. Il y avait représentés des créatures dont on pouvait douter de l’existence : un homme-cheval, une sirène et tout en haut un oiseau démesuré qui crachait des flammes. Ce soir-là cependant, ces prouesses artistiques et de l’imagination ne retinrent pas une seule seconde de son temps. Elle poussa le battant de droite le plus délicatement possible et se faufila à l’intérieur.

En quelques nuits d’explorations, elle avait trouvé l’ouvrage qu’elle devait récupérer. Un épais volume relié de cuir, renfermant un millier de feuilles manuscrites et de plans. Le titre, gravé dans le cuir, était le suivant : Histoire et Construction d’Hesperia. Il ne fallait pas réfléchir bien avant pour comprendre l’utilité de telles informations pour les voleurs et assassins de la guilde. Akina l’avait feuilleté rapidement, mais la plupart des écritures étaient trop biscornues pour elle qui ne savait lire que péniblement. Nue comme au premier jour, la yorka mit moins d’une minute à le retrouver. Elle l’arracha de son étagère et fila au plus vite. Voila déjà ça de fait, pensa-t-elle en refermant la porte derrière elle.

Le plus dur était à venir cependant. Car avec le livre à transporter, plus question de se déguiser en oiseau. C’est donc sur la pointe des pieds qu’elle trotta et retourna à l’étage des chambres. Le gros volume contre sa poitrine, elle parvint devant le bureau du maître de maison. Aucune lueur ne se glissait sous la porte, soit l’homme dormait déjà, soit il était encore à travailler à son bureau. Akina posa le livre et tourna la poignée. Son cœur battait tellement vite quand elle fit pivoter le bois sur ses gonds… L’obscurité régnait dans la pièce et il fallut quelques secondes à la yorka pour s’y adapter. Mais le lit était vide. Bien ce que je pensais… Elle referma soigneusement la porte et prit la direction du rez-de-chaussée, embarquant le lourd volume avec elle.

Ya un truc pas normal… Akina s’était arrêtée tout net, à quelques pas de l’entrée du bureau. La porte de celui-ci était entrouverte, ce qui laissait logiquement penser que l’homme s’y trouvait. Pourtant, et de là venait le malaise de la yorka, nulle lumière ne provenait de l’intérieur. Donc il est pas là… mais pourquoi il a pas fermé la porte ? Il ferme toujours la porte, à cause des rats qui bouffent le papier il dit… Avec des gestes lents qui se voulaient silencieux, Akina se glissa contre le mur et posa délicatement le livre au sol. Les sens tout aux aguets, elle ne put malheureusement rien entendre ni voir.

La situation qui se présentait à elle était trop inattendue, sortait trop de l’ordinaire. Il fallait donc redoubler de prudence et de méfiance. Il suffit d’un instant pour qu’elle devienne invisible. Sans vêtements ni objets à englober dans le sortilège, la magie allait pouvoir durer longtemps. Sur le bout des orteils, Akina se glissa jusqu’à côté de la porte. Le cœur battant, une goutte de sueur tout aussi invisible qu’elle perlant sur son front, elle observa à travers la fente l’intérieur de la pièce. Elle ne pouvait pas en voir grand-chose, un fin pan de mur et un bout de table et… une flaque de sang noir sur le sol. Alors elle poussa la porte et ses yeux tombèrent sur deux surprises. La première, le cadavre du maître de maison étendu au sol, la laissait de marbre. Mais la seconde, l’homme perché à la manière d’une chauve-souris au plafond, lui glaça le sang.



Dernière édition par Akina Hyunseg le Mer 11 Jan - 23:41, édité 1 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeDim 27 Nov - 23:51

Je restai immobile une longue minute ; une minute qui me sembla une heure. Je ressentais une présence, mon instinct me disait que je n’avais pas tord, et pourtant, mes autres sens allait à l’encontre de ce pressentiment. Cette sensation qu’on vous observe mais que l’on ne sait pas d’où cela vient…

Mes membres commencèrent à remuer, l’arme toujours prête à la main droite et la gauche, du bout de trois doigts, aidait mes jambes à me faire ramper contre le plafond, entre les poutres apparentes. Trois seulement parce que les deux autres gardaient précieusement mon butin pris sur le cadavre.

Plus j’avançais et plus j’étais convaincu que quelque chose n’allait pas. Pas une ombre effleurant la lumière projeté au sol, pas un bruit,… Quand à l’odeur, je ne pouvais que me délecter de celle du sang de ma victime qui embaumait déjà toute la pièce. Le goût ne me servant à rien ici, je n’avais plus qu’une solution pour vérification.

Soudain, je bondis en avant, me rattrapant au dernier moment au montant de la porte pour me rétablir comme il se doit. Mon pic pointait le bout du couloir, immobile et mes yeux fixaient l’endroit où j’aurais aimé voir apparaître une gerbe de sang qui m’aurait rassuré sur ma santé mentale.
J’avais cru un instant à une illusion que j’aurais pu faire disparaître en en tarissant la source… Était-ce le cas ? Avais-je manqué mon coup et se jouait-on encore de moi ?

Après un instant immobile, je baissai mon arme et laissai mon regard être attiré par autre chose. Il y avait au sol, un peu plus loin dans le couloir, un livre posé par terre.
Ma tête s’inclina sur le côté à la manière des chiens intrigués. Il n’y était pas à mon arrivée. J’en étais sûr. La source du bruit se serrait-elle débarrassé de ce lourd volume pour fuir plus vite, sentant ce qui se tramait dans cette pièce ? Ou avait-on assisté à la scène ?
Je n’avais pas pour habitude de laisser trainer de témoins derrière-moi. Celui-ci avait peut-être entendu ma conversation avec le défunt maître des lieux.

Mon visage se tourna à nouveau vers le macchabé. Mes yeux et leurs iris de flammes bleus éternellement figées contemplait cette nouvelle œuvre. Je ressassai les divers informations que je me souvenais avoir énoncées…

Il n’y avait rien de bien compromettant. Et puis le capuchon que je gardais toujours rabattu ne risquait pas de compromettre mes prochaines missions.

Enlacée entre mes doigts pendait la chaine que le veuf portait encore autour de son cou il y a quelques minutes. La clef qui servait de pendentif, elle, restait bien enfouie sous mes gros doigts.

Il fallait partir. Si ce témoin fuyard ne risquait pas de m’inquiéter plus tard, dans un futur proche, je devais prendre en compte que l’alerte serait bientôt donnée.
Pourtant, une seconde encore, je restais à dévisagé ce profile à moitié baigné d’ombre. Les dernières paroles d’un mourant ont ceci de solennelle qu’on a toujours du mal à les oublier. Si nombreuses soient-elles dans mes oreilles, je n’oubliais pas vraiment la plupart des confessions qu’on m’avait fit sur un lit de mort.
La dernière pensée de cet homme était allée à sa fille… Que réserverait le destin à cette gamine à présent ? J’étais à nouveau face à ma dichotomie et hésitait de moins en moins sur l’issue la plus préférable pour cette orpheline.

Et puis mes yeux sautèrent vers un point abstrait qui me semblait pourtant si réel. Ce sentiment… Que m’arrivait-il ? C’était étrange. Mon poing serré sur le collier balaya froidement l’espace entre moi et cette impression fantôme. Rien… Toujours rien. Étais-je entrain de perdre la tête ?

Il fallait que je me ressaisisse et finisse cette mission maintenant.

Je m’ébranlai et ramassai en passant l’étrange livre. Ma connaissance rudimentaire de cette langue me permit d’en comprendre aisément le titre.
M’arrêtant une seconde au coin d’un mur, je jetai un coup d’œil dans l’autre aile qui abouchée à cet escalier en colimaçon en face. Personne.
Le destin de ce bouquin se jouerait ici car ma curiosité ne me pousserait pas à le trainer plus loin pour le plaisir de le feuilleter plus tard.

Il ne me fallu que quelques pages pour deviner que certaines personnes de ma connaissances serait ravi de l’étudier. Il serait utile à mon clan : il venait avec moi.
Dans un claquement, je le rangeai sous mon bras et jetai un dernier coup d'œil dans le couloir, prêt à poursuivre ma route.


Migdas Polovich,
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeJeu 1 Déc - 22:26

Pétrifiée, Akina restait aussi immobile que la pierre devant le spectacle qui s’offrait à ses yeux. Tout se passa très vite dans sa tête, le sang, le cadavre, le type là au plafond. Le meurtrier, l’assassin. Derrière ses mèches blondes, il avait un regard des plus mauvais. Et l’arme qu’il tendait en direction de la porte n’avait pas de quoi rassurer la jeune yorka. Le plus silencieusement du monde, oubliant de respirer, elle fit un pas en arrière. Délicatement la plante de ses pieds quitta le sol, elle eut l’impression de l’en arracher et que son geste provoquait un boucan tapageur. Mais lui, là-haut, était toujours immobile, alors Akina posa son pied derrière elle, puis continua à s’éloigner jusqu’à ce que son dos touche le mur de l’autre côté du couloir. Elle s’autorisa enfin à respirer de nouveau, mais lentement, très lentement, car son souffle pourrait bien la trahir.

L’assassin resta un moment à scruter l’invisible, puis se décida à avancer, rampant contre le plafond. Cette démarche peu commune avait de quoi surprendre Akina et elle se serait sans doute laissé aller à plus de curiosité si elle n’était pas saisie de peur. Son cœur fit un bond dans sa poitrine alors que l’assassin bondissait dans sa direction. Il se rattrapa à la porte et ses pieds vinrent retrouver le sol. Il était plus petit qu’il n’avait semblé à la yorka quand il était suspendu au-dessus d’elle. Mais toujours aussi terrifiant et apparemment prêt à tuer le moindre témoin.

Il baissa finalement son arme et balaya du regard le couloir. Akina était si proche de lui qu’elle eut le sentiment qu’il la voyait. Mais ses yeux glissèrent sur elle sans s’arrêter et trouvèrent bientôt le livre qu’elle avait laissé par terre. Merde ! Maintenant c’était sûr, il savait qu’il n’était pas seul. Alors qu’il s’approchait de l’ouvrage, Akina s’éloigna, aussi délicatement qu’auparavant, et ne fut toujours pas repérée. A quelques mètres de lui dans son dos, elle se sentit un peu plus en sécurité et commença à réfléchir. Elle se demanda d’abord si risquer sa vie pour le bouquin valait le coup, elle décida que non. Elle se demanda ensuite ce que diraient ses supérieurs. Une seconde…

Le type devant elle était à l’évidence un assassin. Les assassins, à ce que la jeune yorka en savait, appartenaient à la même guilde qu’elle, les ladrinis. Elle se demanda s’il était venu pour la remplacer dans sa tache parce qu’au repaire on se lassait de l’attendre. Ou alors s’il n’était venu que pour le meurtre, auquel cas elle pouvait espérer qu’il soit informé de sa présence. C’était surement trop demander. Puis, tout informé qu’il pouvait être, il n’en semblait pas moins antipathique et dangereux. Akina conclut qu’elle n’avait qu’à rester là, le laisser partir et finir sa mission sans lui passer un semblant de bonjour. Mais quand il referma le livre d’un geste sec pour le glisser sous son bras…

- Non !

Une exclamation murmurée qu’elle n’avait pas su retenir. Ses muscles se crispèrent, elle sentit la sueur monter et un frisson parcourir son échine. Il allait la tuer, il fallait réagir, vite !

- Nous sommes dans le même camp !

Akina réalisa que les gestes d’apaisement qu’elle faisait ne servaient à rien. Elle était toujours invisible et elle comprenait que cela puisse sentir le coup fourré pour l’autre. Alors elle se laissa apparaître, cachant ses parties intimes de ses mains – quoiqu’un peu tard, le temps qu’il lui fallut pour se rappeler l’existence d’une telle chose que la pudeur.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeJeu 8 Déc - 14:16

C’est alors qu’il y eut cette voix. Celle que j’attendais d’entendre depuis tout à l’heure, certain qu’elle n’était pas loin. Un simple mot qui m’indiquait approximativement la position de cette chose inconnue qui ne voulait pas se montrer à mes yeux. Ma main raffermit sa prise sur l’arme et mon bras s’apprêtait à fendre l’air, persuadé que cette fois je briserai quelque chose.

Mais il y eut ces autres mots. Je m’étais déjà retourné et avait amorcé mon attaque quand je vis ce corps apparaître devant moi. L’invisibilité. Dire que je n’y avais même pas songé. Mais plus que sa magie, c’était ses autres mots qui me firent arrêter mon geste.


« Le même camp »… Improbable. Les départements étaient trop bien organisés pour qu’une telle anomalie se glisse dans la mécanique.

La pointe d’OryX vint effleurer son menton alors qu’elle ne bougeait plus d’un pouce, cachant une nudité qui ne dérangeait qu’elle. J’avais vu bien des choses et le corps d’une femme, aussi jeune soit-il n’avait rien d’exceptionnelle pour mes pupilles désormais plus souillé que les pires lieux d’aisance de Ridolbard.

L’arme descendit lentement le long de sa gorge, s’immobilisa devant l’une de ses mains et puis mes yeux terminèrent le trajet pour vérifier son autre dextre.
Avant qu’elle ne décide de disparaître à nouveau, je lâchai le livre pour saisir sa gorge et l’attirer à moi.


-Ça m’étonnerait.

Soit elle mentait, soit elle se trompait. À moins qu’elle soit aussi pointilleuse que moi à l’égard de certaines règles du clan, comme ne jamais se séparer de son anneau.

-Quel camp ?

Elle ne sentait pas la rose et je ne fais pas référence à notre symbole, pour une fois. Maintenant que j’étais plus près d’elle, mes narines humaient cette étrange fragrance, celle de l’animal, trop présente pour qu’elle ne soit due qu’à une bête domestiquée.
Je renifle profondément tout près de son visage, mes yeux se fermant sous le délice de cette odeur, mon nez effleurant presque ce tatouage étrange.


-Ha… Mais oui… Bien sûr…

Un sourire torve fendit mes lèvres si peu habituées à cet exercice. Mes canines et mon haleine n’étaient pas amicale mais mon regard semblait plus enjoué que menaçant.
Il y avait bien longtemps, un fou m’avait initié à certaines saveurs et comme lui désormais, j’étais convaincu qu’un lien unissait ma race à celle que je supposais de cette jeune femme. Cela dit, si lui nous croyait au-dessus d’eux sur la chaîne alimentaire ; moi je croyais plus en deux passés très similaire.
Une bête habitait en moi comme en elle.
Chaque inspiration m’en convainquait d’avantage ; chaque détail de son visage vu de plus près renforçait ma conviction : elle était cet animal que j’avais vu trainer depuis quelques jours autour de cette demeure.


-Le corbeau…

Ma prise se relâchait autour de sa douce gorge et ses pieds retrouvaient pleinement appuis au sol. Je la détaillais toujours aussi intensément, un sourire dangereux aux lèvres.
Je la dévisage sans plus dire un mot, semblant refuser de cligner des yeux. Je ne suis plus pressé par un potentiel témoin. Ce livre est à elle, ou du moins c’est ce qu’elle voudrait.
Mon regard ressemble de plus en plus à celui d’un fou tant mon visage devient l’étrange patch work d’un mélange d’émotions distinctes : intérêt, amusement et… appétit. Mais contrairement à ce que pourrait penser ces mains chastes, ce n’est pas un appétit charnel qui me dévore. Si le serpent ne m’avait pas initié à cette possibilité, je ne devrais pas me retenir ce soir de désirer mordre ses chaires, boire son sang, lécher sa peau…

Immobile, je la dépasse à peine et pourtant mon corps puissant est une menace de chaque instant face à cette frêle… proie potentielle…


Migdas Polovich,
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeSam 10 Déc - 19:36

L’atmosphère était saturée de tension. Dans les veines et les artères d’Akina, le sang courait, poussé par les battements d’un cœur en proie à une forte dose d’adrénaline. Elle se trouvait au comble de la vulnérabilité, nue et à découvert, face à un interlocuteur des plus antipathiques. Mordant sa lèvre inférieure, elle regrettait déjà de n’avoir pas su retenir ce « non ! ».Cette impulsion qu’elle n’avait pas pu réprimer risquait de lui coûter gros.

La lame tenue par l’inconnu qui vint glisser sous son menton n’arrangea en rien la situation. Qu’ils se trouvent du même côté e semblait pas alléger d’une once l’agressivité de l’homme. Il la fixait d’un regard mauvais, effrayant, tandis que le métal froid descendait le long de la gorge de la jeune yorka. C’en est finit… Paralysée par la peur, Akina était bien forcée de se résigner à son triste sort. Etait-ce ainsi que tout finissait ? Dans une demeure étrangère, où son corps nu serait découvert par des étrangers. Nul ne saurait qui elle avait été. Mais aussi, je n’ai jamais été personne. Elle pensa un peu à Follen, une seconde à Enteri et enfin à son père, dont les traits étaient brouillés par le temps qui avait passé depuis sa mort.

Cependant, la lame ne trancha par la jugulaire et préféra continuer sa course sur la poitrine de la yorka, terminant pointe contre le dos de sa main tremblante. Le métal devait être parfaitement aiguisé, car lorsque le poignet d’Akina tressauta, la peau fut entamée et un mince filet de sang commença à couler. Quand la première goutte eut finit de rouler au bas de la main, elle se détacha pour chuter jusqu’au sol. Comme chaque seconde qui avait précédé cette chute, l’instant semblant durer et durer, suspendu entre deux battements de cœur. Finalement, le liquide rouge atteint le carrelage, s’y écrasant un une flaque minuscule. Mais Akina n’en vit rien, car la poigne de l’inconnu venait de la saisir à la gorge, tenant fermement sa prise. Un bruit de chute lourd résonna dans le couloir, celui du livre lâché. Attiré vers le visage assassin, la yorka tenta de se débattre, mais il était plus fort et il pouvait l’étouffer à tout moment.

« Ca m’étonnerait » La panique avait emplit le cœur d’Akina, aussi elle n’avait plus la moindre idée de ce à quoi il pouvait faire allusion. « Quel camp ? » Elle cessa de se débattre. Elle se souvenait : les ladrinis. Mais vu les manières de brute de cet homme et le fait qu’il n’en ait pas eut l’idée de lui-même laissaient croire qu’elle avait eu tort. Un ladrini ne serait pas si… violent… je crois… Elle voulut dire quelque chose, aussi ses lèvres s’entrouvrirent. Seulement elle ne savait pas quoi. Et puis, il s’était mit à la renifler. Les deux corps étaient si proches et son comportement si étrange, Akina se sentit mal. Le souffle de l’inconnu sur sa joue fit rejaillir un souvenir qu’elle s’était efforcée d’enfouir, un souvenir d’une nuit orageuse, d’un zelo puant, de doigts pétrissant ses formes innocentes. Un haut le cœur lui souleva la poitrine.

Ce qu’il dit se perdit dans le brouillard des larmes naissant au coin des yeux de la jeune yorka. Son souffle saccadé s’échappait difficilement entre ses dents serrées. Elle s’attendait au pire… Et s’y préparait aussi. Car le zelo qui un jour avait abusé d’elle en était mort. Et qu’importe la difficulté à se concentrer quand on avait le cœur apeuré, ce moment où l’esprit retrouverait sa clarté arriverait. Alors cet inconnu pourrait bien être encore en train de la renifler, de la peloter ou se trouver en elle, elle lâcherait toute sa puissance dans la foudre qu’elle contrôlait. Lui mourrait, ou au moins serait hors d’état de nuire, elle l’achèverait.

« Le corbeau… » Ce mot-ci, Akina l’entendit. Il la frappa de surprise et elle en oublia une seconde d’avoir peur. Seconde au terme de laquelle l’étreinte sur son cou se desserrait. Ses pieds retrouvèrent le sol, ses jambes ne tremblèrent qu’un instant et la voila qui était debout, libre… et stupéfaite. Il ne lui voulait pas le mal qu’elle imaginait. Il y avait même dans son sourire bestial un semblant de sympathie. Ne sachant plus à quoi s’en tenir, Akina resta muette, reculant d’un pas, puis d’un autre. Elle se racla finalement la gorge et parvint à formuler :

- Vous… je suis là pour les ladrinis… Elle désigna le livre au sol. Ce livre est pour eux. Pour nous. Vous n’exécutez pas un de leurs contrats ?

Elle se sentit ridicule d’avoir posé cette question. Et bien stupide d’avoir prononcé tout haut le nom de sa guilde. Elle tenta d’ajuster le timbre de sa voix à plus d’assurance et de fermeté.

- Laissez-moi le livre, je vous laisse tuer. Je n’ai aucun intérêt à vous dénoncer.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeSam 24 Déc - 5:40

[hrp]Mille excuse pour la petitesse de cette réponse peu inspirée et inspiratrice, je le crains...[/hrp]



Si mon regard aurait pu paraître fou, je suis persuadé qu’au moment où elle prononça le nom des Ladrinis l’existence de cette lueur de folie n’était plus à prouver au fond de ma pupille.

Cela faisait près d’une semaine que j’avais commencé les repérages autour de cette demeure, partageant mon temps entre la préparation de cette mission et l’exécutions de contrats de moindre importance.
J’avais vu la fillette recueillir l’oiseau. J’avais vu l’animal et son comportement étrange. J’avais même cru reconnaître une transformation. Désormais j’en étais sûr.

C’était une ladrini. Notre rival en matière de notoriété. L’autre regroupement organisé de hors-la-loi si ce n’est la seconde. Ils n’ont aucune hiérarchie. Ou presque.

Les flammes de glaces se figèrent à nouveau dans mes iris alors qu’ils se posaient sur le livre à mes pieds. Mon sourire avait disparu, j’étais de nouveau professionnel. Mon arme tournoya sur le côté et un sigil se dessina sur le mur. Son centre se remplie de lumière et il inonda la pièce de sa lumière rouge sanguine avant que je ne fasse effleurer une pointe d’OryX à sa surface. Dès lors, l’arme devint intangible et mes doigts passèrent au travers comme le reste de mon corps qui se pencha pour ramasser le grimoire.
À côté de moi la magie opérait, la longue arme s’enfonçant lentement dans la figure géométrique sertie d’étrange symbole. Moi je n’y accordais plus attention depuis longtemps. J’étais afféré à examiner l’un des coins de l’œuvre littéraire qui s’était corné dans la chute.
Je relus le titre et puis rivai à nouveau mon regard dans celui du corbeau.


-Tout ce bordel pour un bouquin ?

Je le tendis vers elle mais dès qu’elle esquissa un geste pour le reprendre, je l’enlevais de sa portée.

-J’ai déjà tué.

Mes yeux continuaient de la fixer, cherchant à lire ses réactions.

-Et toi t’as déjà volé…

Mon arme et le symbole magique disparurent et replongèrent le couloir dans l’obscurité des flammes de chandeliers muraux.

-Que venais-tu chercher dans ce couloir ? La bibliothèque n’est pas à cet étage.

Elle me cachait quelque chose, si ce n’étaient des choses. Sans le savoir, j’avais dans chaque main ce qu’elle voulait : la clef toujours prisonnière de mon poing et le livre perché sur un avant bras à lui seul plus musclé que sa cuisse de volatile.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeSam 7 Jan - 22:10

Le regard de l’inconnu déjà mauvais devint encore plus haineux quand Akina prononça le nom des Ladrinis. Voila qui était clair, il n’en faisait pas parti. Alors quoi ? Il assassinait pour son propre compte ? ou il était une mercenaire affranchit de toute guilde ? Pas le temps de s’interroger là-dessus. Les yeux de la jeune yorka suivirent les mouvements de l’homme qui agita sa lame près du mur… où un dessin apparaissait de lui-même ! Magie ! Mais quoi ? Ca avait quelque chose de beau et quelque chose de terrifiant. L’arme s’enfonçait dans le mur pour disparaitre et l’inconnu en semblait satisfait, bien qu’il n’accorde que très peu d’attention au prodige qu’il venait d’accomplir. Son attention était plutôt dirigée vers le livre à ses pieds. Il se baissa et le ramassa. Puis se perdit un instant dans l’examen de la couverture.

- Tout ce bordel pour un bouquin ?

Oui. Même si de son point de vue à elle, le « bordel » avait surtout été provoqué par l’assassin. Alors qu’elle avait agit dans l’ombre et le silence, persuadée qu’à part la disparition de l’oiseau constatée le lendemain, son intervention ne laisserait pas de traces, lui avait répandu le sang qui s’étalait en une violence frappante. Mais quoiqu’elle puisse penser, Akina garda le silence. Car elle n’avait pas envie de provoquer ce meurtrier au regard assoiffé de sang. Presque imperceptiblement, il tendit le livre dans sa direction. Le soupir de soulagement qu’elle allait pousser se perdit dans sa gorge, car déjà il reprenait l’objet. Ce petit jeu n’était pas du gout de la yorka et derrière la peur qui l’habitait se dessina une pointe de colère.

Il avait déjà tué. Elle le savait, elle avait la preuve sous le nez. Moi aussi. Elle avait déjà volé. L’évidence méritait-elle d’être prononcée à voix haute ? A quoi jouait-il ? Ou voulait-il en venir ? Les symboles sur le mur se dissipèrent totalement, leurs lumières ne venaient plus caresser les traits de l’inconnu. Ne restaient que ses yeux qui semblaient briller d’une lueur toujours aussi malsaine. Il fixait Akina et celle-ci avait bien du mal à soutenir son regard. Au moins il ne s’attardait pas sur sa nudité de jeune femme, ce qui la lui faisait presque oublier. Mais elle sentait bien le froid glisser sur sa peau et déjà souhaitait se rhabiller de plumes. Et s’envoler, loin de ce désastre, loin de cette menace. Elle supposait qu’elle aurait put fuir. Cependant elle aurait perdu la face. Et elle était pour prouver au monde de quoi elle était capable, prouver aux ladrinis qu’ils avaient eut raison de l’accepter, se prouver à elle-même qu’elle n’était plus la petite chose fragile et terrorisée d’autrefois.

- Que venais-tu chercher dans ce couloir ? La bibliothèque n’est pas à cet étage.

Perspicace. Et foutrement agaçant. Il avait toujours le livre avec lui et ne la lâchait pas des yeux. Quelle attitude adopter ? Akina sentit toute la faiblesse en elle. Elle aurait voulut avoir la confiance de s’imposer, d’exiger qu’il lui rende le bouquin sinon… sinon rien. C’était là tout le problème. Elle n’avait pas non plus l’éloquence nécessaire pour lui embrouiller les idées et le persuader de lui rendre le livre. Sa gorge se nouait. C’était mauvais signe. Elle se donna une baffe mentale pour se réveiller. Et tendit sa main ouverte vers lui, réclamant silencieusement ce qu’elle considérait comme sien.

- Je voulais pas seulement le livre. Il y a de l’or et des bijoux dans la chambre du maître… Ils sont pour moi. Le livre pour eux, le reste pour moi… Mais… On pourrait partager, puisque vous êtes là.

L’idée ne l’enchantait pas le moins du monde, seulement elle n’avait trouvé que ça pour se sortir de cette situation délicate. Elle pensa que pour lui, le plus simple serait de la tuer. Il pourrait ainsi emporter tout le pactole. L’espoir qu’elle avait de le trouver conciliant était aussi maigre qu’une aiguille. Le cœur battant, elle restait main tendu vers le livre, mettant toute son énergie dans le soutien du regard de braise dont il la couvrait.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeMar 10 Jan - 23:07

Impatiente mais apeurée. La crainte refoulait sa ténacité en arrière pour ne m’offrir qu’un ersatz de soumission. Sa reprise de contenance m’arracha un nouveau sourire plus que ses paroles encore.
Pourtant, j’aurais pu me vexer qu’elle me prenne pour un vulgaire et chaotique voleur préférant la boucherie à la discrétion. Mais j’avais appris à ne pas dénigrer l’ignorance, et plutôt à la corriger. Peut-être serait-il bon de lui faire part des raisons de ma présence ici.

Mes deux yeux toujours rivés aux siens, je lui tendais ce qu’elle réclamait avec une lenteur irréelle et une trajectoire parfaite, sans le moindre tremblement malgré le poids des écrits. Le livre se posa avec toute la délicatesse que l’on n’aurait certainement pas soupçonné de la part d’un homme aux mains si écarlates du sang séché de ses innombrables victimes.
La couverture caressait doucement sa paume aussi nue que le reste de son corps sans vouloir s’y poser pour de bon.
À nouveau, je la détaillai de tout son long sans jamais m’attarder sur ses formes légèrement mises à nue par cette main désormais tendue.
Pourquoi un homme en telle position ne ressentait-il rien de charnelle pour cette jeune fille ? Était-ce les siècles ou mon appétit qui fussent inadéquat à cette situation au combien lascive ?
Son jeune âge n’y était pour rien. Pas plus que je n’étais attiré par les autres délices.
Dans mon esprit, il était simplement établi que désormais je vivrai seul. Une sorte d’occultation mentale s’imposait dans mon esprit en plus de l’approche atypique qui aurait déjà étouffé dans l’œuf des ardeurs dont je n’avais et n’aurai jamais idée.
J’avais par deux fois aimé sans le réaliser, si ce n’est que trop tard, une fois que je les eus toutes deux abandonnés. Alors, je me disais les avoir perdu à jamais et n’en voulais plus d’autre.
La dernière femme à avoir touché mon cœur m’avait fait découvrir le jeu des corps. Le seul plaisir que j’en eu tiré alors fut le sien. Plus tard, d’autres femmes profitèrent de son enseignement à travers moi mais j’agis chaque fois par automatisme et non par envie.
Désormais, las d’émouvoir des inconnus pour ne rien en tirer, j’avais depuis longtemps renoncé à cette pratique.

Voilà pourquoi devant elle je restais de marbre, trouvant sa nudité d’autant moins troublante que j’aurais pu moi-même me trouver sans vêtement sans ressentir la moindre gêne. Ce corps n’était pas le miens, pas le vrai. Tout comme son enveloppe n’était qu’un déguisement. J’étais un Lhurgoyf qui ne pouvait ou ne voulait se plier philosophiquement aux conventions de ce monde dont il ne faisait pas parti.
Mais pourquoi m’être laissé à nouveau allé à la détailler dans ce cas ? Parce que je réfléchissais. J’hésitais.

Et puis tournant mon visage promptement vers la droite, je plaquai le livre sur le haut de son torse et mon autre poing sur sa bouche. Tout mon corps vint se coller à elle pour la repousser vers un mur en arrière où je vins nous plaquer. Entre sa poitrine et moi, le livre ; dans son dos une tapisserie et sur sa bouche, le cuir sale de ma mitaine qui empestait l’acidité de la vieille sueur tout comme le reste de mon être.
Entre mes doigts, tout près de son œil et de l’étrange marque sur son sa tempe, la clef à peine encore cachée par mes doigts crispés. Autour d’eux, la chaine s’enroulait comme un reptile railleur.
Pourtant, je n’avais pas encore compris ce qu’elle était venu chercher dans le bureau. Je ne cherchais pas à lui exhiber ce trophée, non. J’étais trop préoccupé par un bruit saisi au vol entre deux battements de mon cœur qui s’était alors enjoué de cette action inattendue. Ma main atour de son épaule ne tenait plus le livre, notre simple et étroite proximité suffisait.
Ma poigne était sans doute douloureuse. Fini la douceur de toute à l’heure. Je restai silencieux. Le regard perdu sur les pierres du mur à droite, je ne voulais pas voir : je voulais entendre. Entendre ce bruit de pas et finalement cette voix décontracté et murmurante.
Mes yeux reprirent alors leur fonction tandis que je tout mon corps se tendait, plaquant d’avantage la demoiselle et lui broyant presque l’épaule.
Deux hommes sortir du bombement du mur percé d’une porte. Dans le coin, nous étions à l’abri de leurs regards et manifestement, ils se dirigeaient vers la gauche. Nous évitions donc l’altercation.
Malheureusement, j’avais oublié un détail :


-Pourquoi la porte de son bureau est ouverte ?
-Il est peut-être dedans.
-Ça m’a l’air éteint.


Je ne pouvais pas les laisser faire. La découverte du corps ne me posait pas problème plus tard ou au petit matin. Mais là, c’était trop tôt. Pourquoi n’avais-je pas refermé cette porte ?

Relâchant enfin ma prise sur la demoiselle, je me jetais sur eux. D’un coup de pied derrière le genou du premier pour le mettre à bas, j’attirais l’attention du second dont j’écrasais la trachée d’un brutal coup de poing. Sans temps mort, je revins à ma première victime dont j’attrapai la tête à deux mains avant de la tourner dans un craquement sourd.
Deux morts, deux secondes. Mais je m’étais précipité. Je m’en rendis compte lorsque j’entendis le son de l’acier qui sort de son fourreau. Je ne me souvenais que maintenant que trois gardes patrouillaient chaque nuit.
Décidément, j’avais l’esprit ailleurs. Mais que faisait cet idiot à trainasser en arrière !


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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeVen 13 Jan - 22:05

La tension était palpable, l’atmosphère chargée d’un suspense qui s’alourdissait alors que les secondes s’étiraient dans le silence. Allait-il finalement lui rendre le livre ou s’apprêtait-il à l’envoyer paître ? Akina ne bougeait pas d’un poil, s’efforçant avec difficulté de ne pas laisser tomber son regard sur l’ouvrage convoité. Pourtant, du coin de l’œil, elle le vit remuer. Elle avait cru un instant se tromper, vu la lenteur extrême avec laquelle le bras de l’inconnu se déroulait vers elle. Pourtant, petit à petit, le livre approchait bel et bien la paume de sa main ouverte. Le cuir de la reliure finit même par en effleurer la peau. Mais la jeune yorka n’était pas si naïve, elle savait que tout cela ne pouvait aussi bien être que comédie. Ce qu’elle ne savait pas, à son grand désarroi, c’était si oui ou non il finirait par lâcher l’ouvrage. Elle ne voyait que les yeux de l’assassin, qui s’appliquaient à la détailler une nouvelle fois. Sa nudité se rappela à elle et les souvenirs que cette situation faisait remonter lui nouèrent l’estomac. Cependant elle ne voyait pas dans ces pupilles l’envie malsaine qu’elle avait lut dans celles du zelo. Et c’est sans doute ce qui la retenait de se montrer violente par réflexe, de faire jaillir la foudre de bout de ses doigts pour saisir et paralyser l’être menaçant.

Ce qui arriva ensuite, Akina ne s’y attendait aucunement. Sans un mot, l’inconnu la plaqua contre le mur, écrasant entre eux le livre relié. Pourquoi ? Il avait plaqué sur ses lèvres le gant cuir qui enveloppait sa main. Les narines de la yorka frémirent. Pas de dégout en réalité. Car ces longues journées passées sous la forme du corbeau l’avaient privée de son odorat. Et voilà qu’elle en reprenait pleinement conscience. L’odeur de sueur et de musc, masculine dans tous ses parfums, se faisait plaisante à redécouvrir. Et ce n’était encore rien comparé au gout. Car il tenait son gant plaqué assez fort pour que sa saveur parvienne aux papilles de la yorka. Et là aussi, retrouver les subtilités de ce sens était agréable. Dans le corps de l’oiseau, les aliments ingurgités étaient fades, qu’ils soient grains ou petits animaux. C’était une bonne chose puisqu’elle n’aurait pas été capable d’en avaler la plupart de sa bouche humaine, mais un peu triste et monotone… Enfin, toutes ces réflexions n’eurent que le temps de survoler son esprit. Car celui-ci était occupé à bien plus urgent et moins délectable : pourquoi ? qu’est-ce qu’il veut ?

La peur devenait panique et Akina commençait à envisager d’utiliser sa foudre pour retrouver sa liberté de mouvement et éloigner l’importun. Cependant elle n’en fit rien. Car coupée court dans ses interrogations, elle perçut les bruits de pas, les cliquetis métalliques et bientôt les voix… On approchait. Et c’était pour ça que l’inconnu s’était jeté sur elle, s’était empressé de lui interdire toute parole et pressait maintenant si fort sa main qu’elle sentait ses dents rentrer dans la chair de ses lèvres. Elle voulut lui faire comprendre du regard qu’elle avait saisit, qu’elle n’allait pas faire de bruit et certainement pas parler. Mais tous ces mots seraient bien difficiles à transmettre par les yeux. D’autant qu’il préférait fixer le mur plutôt que sa prisonnière. La fermeté de sa prise se faisait de plus en plus pressante, alors qu’il aurait pu la relâcher. Prenait-il Akina pour si stupide qu’elle n’avait rien comprit de la situation ? Sur cette pointe de colère la douleur se faisait de plus en plus forte : la tapisserie semblait vouloir s’incruster dans son dos, le cuir du livre dans sa poitrine, la poigne de l’inconnu dans son épaule et ses dents dans le cuir du gant. C’était très désagréable et dégradant, surtout que cette brusquerie aurait pu être évitée.

Deux hommes déboulèrent dans le couloir et, en bons gardes qu’ils étaient sans doute, remarquèrent de suite la porte laissée ouverte. Akina se maudit de ne pas avoir fuit les lieux du crime dès l’instant où elle l’avait découvert. Elle était encore à l’abri, hors de vue des hommes d’armes, mais sa sécurité venait de s’envoler en fumée. Et avec elle toutes les chances que le sang cesse de couler cette nuit. Elle n’était pas dupe, si l’assassin avait un minimum de suite dans les idées, il allait se débarrasser d’eux.

Il se décolla d’Akina et celle-ci attrapa le livre qui entamait sa chute et risquait d’attirer l’attention en s’écrasant lourdement au sol. Quoiqu’elle n’ait pas réfléchit jusque là, son geste avait été pur réflexe. Pur réflexe aussi fut pour elle d’en revenir à la sécurisante invisibilité. A peine l’assassin avait-il fait le premier pas vers les gardes qu’elle avait déjà disparut. Englober le livre dans ce sortilège s’était fait naturellement, trop facilement pour que cela lui ait demandé un effort particulier. Après tout, elle avait l’habitude d’envelopper ses vêtements, son or, son couteau, son sac…

Savourant sa liberté retrouvée, la jeune yorka s’accorda une longue inspiration avant de faire le pas qui la sortirait de sa cachette. Le temps de cette simple prise d’air, il lui semblait qu’une guerre avait déjà eu lieux dans le couloir. Elle avait entendu des chocs, des gémissements, un cri étouffé. Elle fit face au champ de bataille pour voir l’assassin tourner méthodiquement, d’un geste sec, la nuque de l’un des gardes. Un craquement sec et ce fut le silence. L’efficacité de cet homme était à glacer le sang. Sans hésitation, sans perdre un seconde, il avait ôté deux vies tout aussi facilement qu’elle s’était effacé derrière son sortilège. Il lui faisait peur. Il lui inspirait le respect aussi.

Le silence ne dura pas. Le cri d’une épée qu’on dégaine résonna à quelques mètres et les yeux d’Akina bondirent à la rencontre du troisième garde qui se présentait. Un homme d’âge mûr, cheveux longs et barbe grisonnante. Dans sa main droite, une lame tenue fermement. Mais ce fut de sa main gauche que surgit l’attaque. Le projectile fusa en direction de l’assassin, plus rapide et plus précis qu’aucune flèche. Ce qu’il avait lancé n’avait rien d’une arme en fait. Il s’agissait d’une boule d’un vert pâle qui était allé s’élargissant, se déployant en un filet qui s’abattit sur l’assassin. La matière qui le constituait semblait souple, grasse et, Akina la comprit vite, extrêmement collante. La cible se retrouvait prise au piège, collée au mur le plus proche. La garde ne s’arrêta pas là et envoya encore trois de ces filets gluants afin d’immobiliser totalement son adversaire.

Puis, quand il conclut à la réussite de son opération, il s’approcha, lame en avant, menaçant. Quand il fut assez proche Akina lut la terrible colère dans ses yeux, la rage d’être arrivé trop tard pour ces collègues et l’envie de meurtre vengeur. La yorka avait commencé à reculer, le plus délicatement du monde, respiration coupée. Le garde jeta un coup d’œil dans la pièce sanglante et ses sourcils se froncèrent encore plus qu’ils ne l’étaient. Il posa ses pupilles pleines de haine sur l’assassin, glissa sa lame sous son cou et lâcha :

- Tu vas payer pour tes crimes, assassin !

Cependant, cet homme n’était pas du genre à se faire justice lui-même. Il rengaina son arme et se mit à fignoler son filet. Il déversa de sa main gauche un liquide semblable à la matière qu’il avait projeté, s’appliquant à recouvrir chaque parcelle de l’être qu’il comptait tenir captif. Ne restait à la fin de l’opération que la tête de l’assassin qui sortait du coton verdâtre. L’homme balaya le décor du regard et quand ses yeux glissèrent sur Akina, celle-ci se pétrifia, ne s’autorisant plus le moindre mouvement. Mais il ne la vit pas.

- Soit certain que demain à cette heure, ton corps se balancera au bout d’une corde sur la place publique.

Sa voix était confiante, sans doute un peu trop. Il jeta un dernier regard dégouté à son captif et fit demi-tour, direction la salle de garde où il comptait trouver des gaillards pour l’aider à jeter le monstre en prison avant son jugement et sa mise à mort. Il tourna à l’angle du couloir et disparut. Le silence retomba mais Akina savait qu’il ne durerait pas longtemps. Bientôt les gardes reviendraient, plus nombreux et méfiants. Bientôt l’assassin serait mit hors d’état de nuire. Et elle pourrait être loin alors, évaporée avec l’objet de sa convoitise. Si seulement ses jambes avaient bien voulut bouger…

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeDim 22 Jan - 17:37

Je n’avais pas l’habitude qu’on use de magie face à moi. D’habitude, la bleusaille qui me résistait perdait vite le sens des réalités ou oublié trop tôt leur entraînement. J’avais bien compris que la mort des sien pouvait facilement mettre hors de soi et faire faire n’importe quoi. De plus, je laissais rarement le temps à mes adversaires de riposter.
Si seulement je n’avais pas agis si vite, si j’avais plus réfléchi, plus attendu… Cette gamine m’avait perturbé, et puis il y avait les dernières paroles de mon « hôte » gisant là-bas, au bout du couloir, dans son bureau. Réfléchir et assassiner ne font jamais bon ménage. Décidément, je travaillais vraiment mieux tout seul.

Le premier impact me surpris et me fit faire volte face en même temps que quelques pas. Qu’était-ce ? Aujourd’hui encore je ne saurais le dire. C’était la première fois que je voyais un tel pouvoir. Si répugnant, si vermineux… J’avais l’impression d’avoir reçu un énorme crachat de par la viscosité et la chaleur de cette substance engluant mon bras droit.
*Mon arme !* me mis-je à espérer.
J’aurais peut-être pu éviter ce qui suivit si j’avais eu un moyen de les intercepter en vol. Et je sais que je l’aurais pu !
Mon doigt eu à peine de commencer une branche d’étoile que déjà la glue le balayait en même temps qu’elle m’enserrait la taille. Pourquoi l’avais-je rangée ? Foutu temps mort ! Ne jamais s’arrêter dans sa lancée !
Encore deux impacts et me voici qui effleurait le mur. Le moindre geste mis ancra d’avantage.

Il approcha. Je restais droit et digne, le regard plus mauvais que le sien encore. Lorsque sa lame vint effleurer ma gorge, je ne cillais pas, appuyant avec le peu de marge qu’il me restait contre l’acier froid, plantant mon regard dans le sien pour accueillir sa menace.
Ho non je n’étais pas résigné à mourir ! Tous les muscles de mon corps se bandaient. Si à première vue, leur effort était vain, je sentais qu’à force de détermination je me libérais. Ma seule crainte fut qu’il ne se presse et me tranche la gorge avant que je n’eus pu saisir sa main. Elle était là, à quelques centimètres de mon visage. Le désire de la lui saisir et la broyer était tellement fort qu’elle aurait pu partir en cendre à tout moment.

Mais cet homme n’était plus pressé.
M’empêchant d’affirmer que c’eut été le cas sinon, un renfort de bave gélatineuse vint enduire le membre que je sentais le plus près à lui arracher la mâchoire. Mon visage se fit plus assassin que tout mon être. Je l’aurais tué lentement lui. Qui était-il pour me priver de liberté, moi ! Moi qui la pourchassais à tout prix, moi qui avait tout perdu pour elle et serait prêt à jamais à tout lui céder pour la garder à porté de main.
La liberté. Toute ma vie n’avait été qu’une grotesque dance entre des chaînes et je crois qu’elle le sera à jamais.
Non je n’étais pas à faire tout ce que je voulais sans arrêt. J’avais des liens aux poignées mais ce n’était pas des lassos qui m’avait pris, c’était des corde dont j’avais moi-même enroulé mes mains : les Nérozias était mon poids. Ils étaient la seule chose qui m’entrave, qui me lie, qui me rattache à ce monde. Et ma liberté subsistait dans cette contradiction du fait que c’était moi qui les avait choisis.

La pendaison. Lorsqu’il me décocha sa prédiction, ma face ne put que se barrer d’un sourire moqueur et sadique qu’il préféra ignorer pour aller chercher du renfort.

Mon sourire resta, figé sur mon visage alors que je fixais le mur d’un air rêveur et fou. C’eut été cocasse de les laisser continuer plus avant leur plan. Il y avait tellement d’embuche sur leur chemin dangereux vers ce qu’ils appelaient justice. Il leur faudrait me libérer de ce mur, il leur faudrait me traîner jusqu’à l’échafaud, il leur faudrait m’exécuter en publique,… Tant de choses pouvaient survenir durant ces étapes dangereuses… Dangereuses pour eux. J’étais loin d’avoir abattu tous mes atouts. Il y avait des gens au bout de ces liens que j’avais acceptées.
Et je n’étais pas seul, même sans eux, jamais. Aujourd’hui moins encore que d’habitude.

Mon regard se tourna vers l’endroit où j’avais laissé la fille et le livre qui était désormais sien.


-Tu comptes rester plantée là longtemps ?

Je continuais de sourire. Oui, la situation m’amusait. Car dans la surprise et la précipitation, ce que je gardais précieusement dans ma main depuis son obtention m’avait échappé. Tombé trop loin et trop silencieusement, le garde ne l’avait pas remarqué avant de partir, pourtant, il s’était tenu à un moment si près qu’il manqua de marcher dessus.

-Tu l’as ta clef maintenant.

Mon regard s’était posé sur l’objet de nos attentes mutuelles, sur le tapis sombre, sa couleur dénotait à peine.
Le puzzle s’était reconstitué dans ma tête. Elle voulait le contenu du coffre et pour ouvrir ce coffre, il fallait la clef. Comme moi.


-Tu m’dois plus rien. Sauf peut-être la vie. Mais nos deux camps peuvent pas continuer à faire semblant que l’autre existe pas.

Je réfléchis tout d’abord à la perspective d’une guerre déclaré aux Ladrinis. Qu’y perdrions-nous ? Qu’y perdraient-ils ? Du temps, de l’argent et des hommes. Sans aucun doute. Nous entendre était la meilleur solution, si ce n’est la moins pire.
J’aurais voulu voir sa réaction mais je me souvins de son don que j’avais deviné depuis longtemps réactivé devant la menace. La mienne restait toujours la mienne : amusée. Une expression qui rendait certainement étrange sur un visage aussi buriné que le mien, aussi désabusé.


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Dernière édition par Jonas Mitsgun le Sam 28 Jan - 23:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeVen 27 Jan - 21:38

Spoiler:

-Tu comptes rester plantée là longtemps ?

L'interpellation, des plus inattendues, brisa le silence et éclata aux oreilles de la jeune yorka. Elle secoua tout son être, réveilla ses muscles figés par la peur et éclaircit son esprit. Malgré cela, sa langue ne se délia pas et la question resta sans réponse. Sans doute parce qu'à cet instant, Akina n'avait encore aucune idée de ce qu'elle comptait faire. Mais pour prouver qu'au moins elle n'allait pas rester « plantée » là, elle fit quelques pas en direction de l'assassin qui semblait, aussi étonnant que cela puisse paraître, lui vouer de l'attention. Bien sur, il ne verrait rien de ce geste, toute invisible qu'elle se trouvait. Peut-être entendrait-il tout de même ses pas approcher.

Pourquoi venait-elle à lui au juste ? Lui qui avait pris trois vie rien que cette nuit, sans remord et avec une facilité effrayante ? Pourquoi ne pas s'enfuir, laisser cet assassin se tirer, ou ne pas se tirer, seul de ce mauvais pas ? Pour comprendre il fallait savoir deux choses. La première, Akina gardait une nature profondément bienveillante. Tuer était pour elle inacceptable et regarder mourir lui laissait un goût amer. Si elle le pouvait, avec ses maigres capacités, elle préférait sauver une vie que de rester impassible. Impassible, elle l'était restée trop longtemps. Ses maîtres avaient commis plus d'actes barbares et gratuits sous ses yeux qu'elle n'en pouvait supporter, elle, l'esclave réduite au silence et à la faiblesse. Mais il y avait autre chose qui poussait la yorka à aider cet énergumène devant elle. Il était un assassin. Comme sa mère défunte. Sa mère qui, morte en mission, aurait peut-être pu être sauvée par un tiers présent, celui dont elle jouait le rôle ce soir-là. Elle se demanda un instant si lui avait des enfants...

Quand il désigna la clé, tombée par terre dans la bataille, Akina suivit son regard pour trouver le petit objet, à peine visible dans l'obscurité du couloir. Il l'avait donc prise avec lui, ayant sans doute l'intention de vider le même coffre qu'elle. Et il avait deviné aussi qu'elle avait le même objectif.

Soudain l'urgence de la situation vint frapper Akina. Le garde était parti chercher des renforts et, toute immense qu'était la demeure, il serait de retour d'une seconde à l'autre. Ou plutôt ILS seront bientôt là... Il fallait faire vite. Elle se rua à l'intérieur du bureau, posant le livre à l'entrée – un peu brutalement pour un ouvrage de cette valeur – et se mit à chercher... Une lame ! Ça devrait pouvoir couper la chose visqueuse qui retenait l'assassin captif. Elle entendit celui-ci affirmer qu'elle ne lui devait plus rien, puis se contredire : elle lui devait la vie. D'où ? Elle se rappela bien vite que s'il ne l'avait pas plaquée contre le mur, elle se serait sans doute faite repérée elle aussi. Ce qu'il dit sur leurs deux camps, elle ne l'enregistra pas. Elle ne savait pas de quoi il parlait et elle était bien plus occupée à fouiller le bureau.

Elle eut beau retourner tous les tiroirs, elle ne trouva rien de plus coupant qu'un ouvre-lettres serti de rubis. Elle faillit s'en remettre à son piètre tranchant quand elle eut l'idée de fouiller le cadavre. Et elle eut raison : à l'intérieur de la botte droite du maître, un petit couteau au métal doré devait attendre depuis bien des années l'occasion de servir. Elle l'extirpa de son fourreau et se précipita dans le couloir, se jeta à côté de l'assassin et plongea la lame dans les fils gluants. Elle se rendit compte à ce moment à quel point ceux-ci étaient répugnants. Encore tièdes, collants, verdâtres, il lui donnait même l'impression de dégager une odeur de putréfaction – mais peut-être son cerveau lui jouait-il des tours sur ce détail.

Agitant la lame plongée dans cette viscosité, elle s'efforçait de ne pas regarder le visage de l'assassin. Elle avait peur que croiser son regard malsain lui fasse regretter son acte. Un fil se déchira, puis un second. Il devait en rester encore une centaine d'identiques... Redoublant d'effort, Akina s'attela un couper à des endroits stratégiques : en lui rendant sa liberté de mouvements, il pourrait s'agiter et ainsi détendre, voir briser, ce piège dont il était prisonnier. La sueur perlait sur le front de la yorka et ses doigts, sa main, devenaient douloureux à la force qu'ils exerçaient sur le manche du couteau.

Elle avait libéré le poignet droit de l'assassin quand l'écho de bruits de pas rapides résonna jusqu'à leurs oreilles. Elle hésita le temps d'un battement de cœur : s'acharner à délivrer ce tueur ou décamper et sauver sa peau ? Elle savait qu'elle n'aurait que ce battement de cœur pour réfléchir, qu'après il serait trop tard. Être libre impliquait faire des choix, parfois extrêmement difficiles. « Tu m’dois plus rien. Sauf peut-être la vie. » Prenant une grande inspiration, elle s'attaqua au second poignet. Et l'adrénaline qui faisait courir le sang dans tout son être lui conféra la force de parvenir à déchirer plus de fils en cette seconde qu'en toutes celles qui avaient précédés. Le second poignet fut libre.

- PLUS UN GESTE !

Ils étaient là. Le garde de tout à l'heure, entouré de quatre hommes en armure, deux lanciers et deux épéistes. Tous armes dégainées et pointées en avant, menaçantes tout autant qu'elles étaient affutées. Alors qu'ils approchaient à grand pas, on pouvait voir sur le front du premier une ride d'inquiétude : il avait vu les mains libre du tueur, à n'en pas douter, d'où son « plus un geste ! ». Son compagnon de gauche lui glissa alors :

- Il n'est pas seul. Une fille animale est avec lui.

Celui-là était donc l'un de ces sindarins aux sens elfiques si développés. Son efficacité avait de quoi faire peur. Mais pas autant que ses conséquences. Invisible et pourtant détectée, Akina sentit ses entrailles se nouer. Elle se serait frappée pour sa faiblesse et son immobilisme si la peur ne l'avait pas de nouveau paralysée.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeLun 6 Fév - 1:38

Il y avait une autre raison à cette injonction proférée par le garde. Si la yorka s’était efforcée de ne pas me regarder, le plus petit regard sur mon visage découvert aura suffit au garde au loin pour comprendre que je n’étais pas resté patiemment inerte. Mes yeux restés clos ne laissaient voir que deux choses : une expression de douleur et une paire de cornes s’enroulant lentement autour d’oreilles devenues oblongues et étrangement velues.
Une pluie de fils d’or huileux tomba sur la jeune fille et aurait certainement tôt fait d’attirer l’attention de la demoiselle. Mes deux poignets déliés m’avaient insufflé un regain de liberté qui m’incitait à choisir parmi les possibilités envisagées précédemment.

Mon crâne désormais chauve s’était couvert soudain d’un pelage brun court et ma mâchoire avait pris la forme de celle des caprins des montagnes. Mon nez s’allongeant à son tour, mes yeux se rouvrirent, révélant deux iris fendus à l’horizontal en deux épais rectangles.
Le court laps de temps qui avait suffit à ces manifestes changements physiques laissa les gardes se rapprocher d’un pas toujours plus pressé. Mais il était déjà trop tard pour endiguer la transformation. Un long râle s’extirpait désormais de ma bouche et les trous enserrant mes poignets furent bientôt trop larges pour empêcher mes avant-bras de s’allonger. Des spirales commençaient à se frayer un chemin sous la peau de mon front et de mes bras toujours plus velus.


-Il faut le tuer maintenant !
-Non !

Le sindarin était décidément bien lucide. Mais il était trop tard et la soif de justice officielle de son comparse ne serait pas ce qui l’empêcherait de mettre un terme à tout ça.

La magie du terran, quelle qu’elle soit, ne pouvait contenir plus longtemps l’ancestrale lhurgoyf que je suis. Des jambes depuis un moment trop à l’étroit déchirèrent la toile verdâtre, laissant apparaître à leur place des sabots d’airain qui sonnèrent sur le pavé.
La prison du thorax, quant à elle, sembla s’étirait plus que de raison sur les côtés.

Le sage sindarin lança son pilum en dernier recours, tentant de sauver sa peau et celle des autres en renvoyant dans un quelconque enfer la vision d’horreur qui se profilait déjà.
Le couteau orné de rubis voletait toujours dans les airs devant la masse informe de chaires mouvante et de glue tremblante. L’étrange matière vola en lambeau alors qu’un épais rideau noir se tirait subitement entre les gardes et nous, les criminels. La tige de fer fut balayait au passage, allant s’échouer au pied d’un mur plus loin.


-Que Sharna soit maudit...
-Quel est ce monstre ?
-Tuons-le !

Sous ma vraie forme, je me tenais courbé au-dessus du couteau. Voletait-il encore ou était-il à terre ? Je ne me souviens plus très bien.
Si la petite était vraiment là à ce moment, elle devait être encerclée par une immense paire d’ailes qui la tenaient près d’un étrange faune. Deux pattes caprines grinçaient sur le pavé, comme ferrées de métal. Du bronze plus exactement. La fourrure remontait jusqu’au dessus de la croupe asexuée pour retomber derrière en une épaisse queue équine. Au-dessus, un buste imberbe à la musculature d’homme arborait une poitrine généreuse aux étranges aréoles sans téton avant de se revêtir du haut des bras au bas des poignets d’une toison d’encre noire, cachant cette peau d’une pâleur maladive. Des doigts fins et squelettiques dansaient doucement, ravis de refaire surface. S’agitaient aussi gracieusement deux longs ongles effilés tels des stylets aux bout de mon indexe et mon majeur à chaque main.
Au sommet de cette imposante stature de deux mètres environ, trônait une tête de bouc arborant une barbiche généreuse, deux billes d’or et d’ombres et trois paires de cornes. Si les spirales de kératine enserrant les oreilles s’étaient rapidement fait voir, il y avait aussi ces deux demi-lunes redescendant sur les côtés de mon cou et ces deux longs pics pointant vers le haut, droits comme des i.

Les deux mamelons s’ouvrirent doucement et tendrement, comme des paupières, révélant deux prunelles aux iris de flammes dansantes et bleutées qui se posèrent ainsi sur le vide que j’encerclais sans vraiment être sûr d’être protecteur ou ridicule.


-Merci, prononcèrent des voix irréelles sorties de nulle part, mélange d’intonations et de timbres juvéniles, enfantins ou vieillards, féminin et masculins, gaies, tristes et rieurs ou désintéressés, implorant,…

Mais ce moment de flottement finit par être rompu. Un cri de rage s’éleva de l’autre côté des deux voiles de plumes tendues. L’aile se replia brusquement, révélant l’un des hommes armés, l’épée levée haute, prêt à l’abattre. Mes deux doigts s’étaient pointés vers son cœur dans le même mouvement d’ouverture, comme si deux paires d’yeux me donnaient une précision encore supérieur. Les ongles de mon indexe et de mon majeur restèrent entre ses côtes, accompagnant son mouvement de charge déstabilisée par cette subite douleur.
Il tomba à terre devant moi, sans blessure apparente. Pourtant, bien que les deux petits points sur son poitrail ne soient pas extraordinaires, les deux lames pendant désormais, rougies, au bout de ma main avaient causé bien plus de dégâts au muscle vital à l’intérieur. Lacéré, son organe laissait s’écouler le sang à gros flots dans son torse.

Sans plus de considérations pour le corps secoué de spasmes, ma haute silhouette finit sa rotation sans s’arrêter.
Je ne vis pas alors le petit couteau qui m’avait délivré dépassé de sous le corps de cette nouvelle victime.

Les yeux de ma sublime poitrine se rouvrirent au dernier moment face au suivant. L’une de mes puissantes pattes de chèvre au pelage d’ébène se replia et se déplia à la vitesse de l’éclair, propulsant l’assaillant contre le mur tout proche pour qu’il retombe au sol inconscient.

Une boule de feu frôla mon chanfrein que je décalais juste à temps, son poil roussissant. Le mouvement brusque de ma tête alla planter l’une de mes cornes dans une poutre saillante au-dessus de moi.


-Maintenant !

Un autre homme armé se rua sur moi tandis qu’une paire de sphères enflammées filèrent au dessus de lui.
La première fut évitée et la deuxième s’écrasa dans la paume de ma main. La douleur fut surprenante. C’était très semblable à la transformation.
Mais la contemplation de mes chaires en pleine combustion faillit me faire oublier l’homme et son cimeterre. La pointe me railla le ventre alors que je ne réussissais pas à reculer assez, la tête toujours accrochée au plafond.
Mes mains, les quatre ongles et les flammes se refermèrent sur ses épaules alors que cette fois les deux sabots quittèrent le sol pour retomber lourdement sur ses genoux.
Les cartilages cédèrent en même temps que le bois au-dessus et je me retrouvais sur le dos par terre, nos deux corps si différents entassés en désordre. Epoussetant ma main et les flammèches rongeant la peau et les poils, je finissais l’homme trop près et trop hurlant d’un dernier coup de bronze dans le visage.


-Immobilise-le !

J’étais accroupi lorsque le justicier à l’origine de tout ce désordre retenta de m’enliser dans son mucus vert. Me cachant sous l’une de mes grandes ailes, j’examinais cette main. Elle était d’une laideur immense. Je sentais les impacts sur l’aile et son poids augmenter doucement.
J’avais mal et j’haletais. La transformation avait été éreintante, embourbée dans ces glaires magiques.


-Enflamme-la !

Mes quatre yeux s’écarquillèrent. Nous découvrions une autre propriété à cette colle visqueuse. Une nouvelle boule de feu me frappa. La chaleur s’intensifia énormément et rapidement, les flammes léchant le plafond du haut de mon empennage.
Très bien.
Si la formule de l’arroseur arrosé n’était pas tout à fait de circonstance, j’allais en impliquer le principe.

Me ruant à mon tour sur eux sans même regarder où j’allais, je remontais le couloir à toute vitesse jusqu’à sentir ce choc. À peine le contact établi, l’aile se déplia violemment, frappant le mur de droite. J’entendis un cri de douleur qui se poursuivit par un hurlement de panique. Celui que j’avais frappé devait être englué contre mon aile et les flammes le rongeraient plutôt que moi.
Du moins pour le moment. Si une plume n’est pas innervée, le membre auquel elles étaient reliées fut bientôt touché par les brûlures.
Les coups, les souffles du feu et les cris du sindarin emplissaient tout le couloir, nous plongeant tous dans une frénésie aliénante. Je frappais le mur de mon aile en feu plus par rage que dans l’optique d’éteindre les flammes ou pour occire le garde.
Je ne m’étais finalement même pas rendu compte que j’avais replié mon autre aile pour me protéger des boules de glue que le terran continuait de m’envoyer sans plus aucune conviction.

Je m’arrêtais finalement, accroupi au pied du mur, appuyé de mon dernier bras en état contre la pierre, une aile déplumée et cramoisie pendante par terre, ma main carbonisée sur mes genoux animaux.
J’étais à bout de souffle, retenant à peine l’aile gauche tremblante sous le poids toujours plus lourd. Les chocs avaient cessé mais le poids continuait d’augmenter.
Et finalement, la charge me fit un peu baisser la masse de plume et de gélatine.
L’homme avait ressorti son épée et la colle dégoulinait d’entre ses doigts pour continuer de recouvrir mon sixième membre.

Ma tête caprine se tourna vers lui et nos yeux se croisèrent, stoppant le flux de gelée visqueuse. Je pouvais lire dans ses yeux la peur, la haine et la fatigue. Il le savait : il était la cause de ce massacre.


« Tu aurais dû moccire, pour ne pas me voir nuire. »

Un éclair passa dans ses yeux lorsque je proféré cette vérité de mes voix polyphoniques.
Il brandit son épée et tenta de me décapiter, l’arme allant alors se ficher dans l’une de mes cornes sans réussir à la sectionner complètement. Nous étions tout deux à bout de force. D’un mouvement du menton, j’attirais son bras et tout son corps à la suite. Par mégarde, il posa une main dans sa propre toile collante. Le peu de marge de manœuvre qui me restait me permit de l’engluer un peu plus sur mon aile.
Lâchant son arme, il me jeta une nouvelle giclée au visage qui me lia les mâchoires et me boucha les nasaux.

Si mon premier réflexe fut de porter ma dernière main à mon museau, j’eus tôt fait de la changer de destination. Il avait sorti un petit poignard de sa ceinture et c’était lui ou moi. Mes deux ongles filaient vers sa gorge comme le faisait son coutelas vers ma crinière…


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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeLun 13 Fév - 23:05

Les hommes se laissaient envahir par la peur, comprenant le danger imminent. Akina était pourtant bien plus apeurée, les yeux rivés vers les assaillants. Accroupie à côté de celui qu’elle libérait, elle tenait d’une main tremblante la lame qui avait tranché les fils collants. Quand sur ses doigts une caresse dorée se fit sentir elle tourna son attention vers l’assassin. Qui était devenu chauve. Déglutissant avec quelque difficulté, la jeune yorka lâcha le couteau et s’éloigna de ce monstre en devenir. A reculons, son dos trouva bientôt le mur et elle s’y colla comme si sa vie dépendait de l’étroit lien qu’elle tissait avec lui.

L’assassin ne se contenta pas d’une calvitie cependant. Il entama une transformation qui a chaque étape surprit la yorka. De la fourrure qui lui couvrit le corps à l’apparition de deux ailes immenses, de ses cornes perçant le crâne aux sabots s’extirpant du filet, tout en cet individu évoquait l’animal, bête terrifiante et menaçante, aux proportions surhumaines. Alors Akina comprit ce qu’il était. Sans n’en avoir jamais vu se transformer, elle savait la vraie nature des lhurgoyfs et cet assassin en était un. Etrangement elle se sentit plus proche de lui. Vivre une transformation était au-delà du concevable pour les terrans ou les sindarins. Mais yorkas et lhurgoyfs connaissait le plaisir de devenir autre, de sentir son corps changer à la vitesse de la pensée. Elle, c’était alors voler qui l’enivrait…

Le temps sembla se figer quand, enveloppé sous ses ailes, l’assasin qui était devenu faune cessa de grandir. La transformation était achevée. Une voix multiple glaça le sang d’Akina.Tout alla ensuite très vite aux yeux de la jeune yorka. Elle vit le premier garde transpercé d’une griffe jaillissant du plumage. Il sembla un instant qu’il n’avait rien mais son cadavre tomba finalement sur le sol, tout de sang rougit. Pivotant, le lhurgoyf révéla une poitrine dotée d’yeux qui mit Akina mal à l’aise. Mais elle n’eut qu’un battement de cœur pour s’attarder sur ce détail. Car le corps immense propulsa l’homme, si petit et fragile, contre le mur. Et les os craquaient encore que le feu fit son entrée, manipulé par un garde encore debout. Un choc : une corne s’est fichée dans le bois du plafond. Un fou se jeta sur la bête piégée mais fut brisé. L’opération libéra même le faune de son piège. Les deux restants choisirent la stratégie pour sauver leurs vies. Mais ce fut un échec, et le feu se retourna contre eux, balayant le sindarin vers la mort. L’assassin était cependant au plus mal, l’aile ravagée et la chair brûlée.

Ne restait plus que le premier garde. Face à face délicat… Akina retint sa respiration. Un mouvement, deux, trois, et ils avaient chacun lancé une dernière attaque meurtrière. Lame contre griffe. La chaire s’ouvrit et le sang gicla. La pointe de la lame avait glissé sur les lèvres caprines, les fendant de bas en haut. Les griffes avaient quant à elles plongé droit dans la jugulaire. L’homme fut prit d’un soubresaut, lâcha son arme et s’étala sur le sol. A nouveau le sang dégoulinait au bout des doigts squelettiques. Akina respira de nouveau, mais son cœur ne cessait de battre à tout rompre. Elle considérait le monstre devant elle… et surtout le carnage.

Elle avait voulut sauver une vie. A cause d’elle, cinq étaient parties en fumées ce soir. Elle n’était plus sûre d’avoir prit la bonne décision. L’amertume du regret avait envahi sa gorge lors du combat et à présent elle ne souhaitait qu’une chose : pouvoir revenir en arrière, faire les choses autrement. Fuir, tout simplement, avec son bouquin. Elle aurait pu. Elle chercha l’ouvrage des yeux. Il avait été bousculé dans la bataille et gisait à quelques pas du bureau, taché de sang et grignoté par les flammes. Elle avala avec difficulté. Elle se sentait épuisée et sa magie d’invisibilité se dissipa. Elle vit qu’une goutte rouge s’était posée sur son pied et elle l’essuya de la main, ne parvenant guère qu’à étaler la couleur. Sa gorge se noua et des larmes lui montèrent au coin des yeux.

Stupide ! Gamine ! Naïve ! Voila les insultes qu’elle se jetait. Puis elle se souvint du monstre en puissance. Il pourrait la briser en un instant, même si le combat l’avait bien amoché. Mais il le fera pas… Elle ne pouvait qu’espérer, elle n’avait aucune certitude. S’il la laissait en vie, ce ne serait probablement pas par pitié. Ce ne pourrait être que par honneur. Après tout, elle avait voulu le libérer. Est-ce qu’il s’en serait sortit sans ça ? Akina pensait que oui, probablement. Mais cela ne changeait rien au fait qu’elle s’était clairement affichée de son côté. Il ne devrait pas être agressif. A moins que la transformation ait altéré sa personnalité. La yorka avait conscience de changer quand elle était en oiseau. Oh, pas beaucoup, mais son caractère devenait clairement plus animal, plus instinctif. Et quel caractère pouvait avoir ce genre de bête ?

Les yeux de la yorka montèrent du sol sur les sabots d’airain, grippèrent le long de la fourrure jusqu’à la croupe, traversèrent la poitrine en évitant le regard mammaire et remontèrent le long du bouc ensanglanté jusqu’à trouver les yeux. Elle y plongea les siens mais ses mots furent muets. Vous allez pas me tuer, hein ?... Un peu tremblante elle se redressa et approcha du livre. A son niveau elle se baissa, le ramassa et le porta devant sa féminité nue. Son cœur battait un peu moins vite. Elle regarda l’assassin, puis baissa les yeux avant de dire :

- Je ne vous ai jamais vu. Je ne vous demande rien, juste de me laisser partir… Me faites pas plus regretter de vous avoir sauvé…


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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeMer 14 Mar - 1:37

Le monstre que j’étais ainsi révélé possédait des membres démesurés et ce fut ce qui me sauva.
La lame frôla mon visage. Trop d’ailleurs. Mais cette blessure eut pour effet de me redonner de l’air. Le pointe n’avait pas lacéré que mes babines, elle avait aussi arraché une portion de glue verdâtre. De cette fente sanglante et verdâtre ne tarda pas à jaillir une giclée de sang et une écume rouge vif.
Mes ongles longs ressortirent maladroitement de la gorge, extirpés par une main tremblante et fatiguée. Les dégâts furent ainsi des plus laids à voir mais je n’avais pas le temps de m’y attarder. L’homme encore pris dans cette boue s’affalait, entraînant dans sa chute mon aile à laquelle il était soudé. Mes sabots glissèrent sur le tapis alors que je tournais et m’approchais du sol dangereusement sans plus aucune force pour pouvoir résister. Ce fut ma main qui me rattrapa de justesse au mur désormais sur ma gauche.
Devant moi, la yorka semblait bien torturée ; une torture spirituelle, bien différente de la mienne, autrement plus dure à supporter. Moi j’avais passé bien trop d’année à subir les souffrances de mon corps pour encore me laissait envahir par le désespoir. J’avais appris qu’après la douleur ne reste que les cicatrices et la satisfaction d’avoir repoussé la mort, encore une fois.

Mon bras tout entier tremblait et laissa mon aile ballante effleurer le mur, s’y engluant encore.
Je n’étais qu’un insecte trop gros empêtré dans la toile d’une araignée qui avait payé pour sa gourmandise imprudente mais dont les fils continuaient de m’entraver.

Je la vis fuir mon regard pour tenter de se concentrer sur celui qu’elle trouvait le plus naturelle. La jeune fille d’essence divine animale devait se rassurer en se tournant vers cette tête de bouc. Mais pour moi, elle n’était rien de plus qu’une manière de percevoir le monde, bien distincte de la vue telle que je la possédais sous cette forme.

Les deux yeux ouverts qu’arborait ma poitrine me donnaient une perspective indescriptible mais toute autre de celle des humains ou de la plupart des animaux. Les couleurs n’étaient pas les mêmes, les détails étaient différemment perceptibles,…
Ces comparaisons subsidiaires ne suffiraient jamais à vraiment décrire ce que le monde devenait pour moi sous ma vraie forme.

Mais sans doute la mort ambiante et la surprise de voir cette forme surgir d’un corps tout autre l’avait trop chamboulé pour la laisser voir que je n’étais bel et bien plus une menace. Ainsi, elle implora dans une position de soumission. Ma réponse fut intransigeante :


« Cela m'est impossible. »

J’étais bien différent du Jonas Mitsgun à l’apparence de Terran. Physiquement, mais mentalement aussi. D’abord, la part de féminité était exacerbée lorsque certains me nommaient monstre. On l’entendait d’ailleurs dans ces voix qui venait d’on ne sait où : parmi les multiples voix masculines, plus encore percées, celles de femme de tout âge.
La tête de bouc était sans cesse inclinée pour ne plus que mes deux plus longues cornes ne se prennent dans les poutres apparentes. Elle se pencha encore d’avantage, respirant difficilement comme à travers une paille : la glue avait commencé à obstruer le passage de l’air.
Désormais collé au mur, je me permis de le lâcher. Ça ne servait plus à rien désormais de me retenir. J’avais trouvé un moyen de me débarrasser de cette colle, mais j’allais avoir besoin de respirer d’abord.
Mes deux ongles se glissèrent dans la fente qu’avait ouverte la lame tout à l’heure et, après quelques blessures de mes gencives, je parvins à les faire passer entre mes dents et à arracher cette muselière mortelle. Mes doigts moins griffus finir le travail, arrachant poils et morceaux de chaires de la plaie mal dessinée par ces mauvais traitements.

La tête animale ne s’était pas plainte une seconde. Ce n’était pas qu’elle était muette. Elle était capable d’émettre les cris du mammifère. Mais ce qu’elle ressentait, tout l’être le ressentait et cet étrange patchwork d’êtres vivants n’était régi que par une seule conscience : la mienne. Une conscience meurtrie et désormais trop endurcie pour montrer trop vite son supplice. Mais quoi que je montrasse, je souffrais le martyre et ce n’était pas terminé, je le savais.

Respirant à nouveau par les naseaux crachant, la gueule dégoulinante de mon propre sang, mes quatre yeux fatigués et suppliant, ma voix résonna encore une fois dans ce couloir de la mort.


« Je ne puis vous laisser partir, ma douce et belle. Ne voyez-vous pas que lon ma brisé une aile ? Lautre nest maintenant plus quun trop lourd fardeau. Soyez là pour me tirer du feu et ses maux. »

Sans plus attendre, la créature que j’étais leva le bras et se saisit d’une torche dans une grâce irréelle.

« Nous avons une mission. Menons-là à bien. Je ne puis me laisser embarrasser par rien. »

Je me tournai alors sans hésitation vers l’autre mur, le fixant avec rédemption de mes quatre yeux. Je jetai la flamme sur les plumes où perlaient des bulles de colle qui s’enflammèrent immédiatement, lançant des langues de feu sur le plumage et derrière l’aile, le long du mur et au travers de la gélatine. Les yeux caprins laissèrent alors perler de grosses larmes, ses mâchoires s’entrouvrirent doucement, tremblantes, un long fil de bave se déversant de cette fente dont la douleur m’abandonné pour se noyer dans celle qui me dévorer maintenant le membre. Les babines crachèrent, chuintèrent et puis je commençai à m’agiter, les sabots de bronze griffant le sol, perçant au travers du grondement du feu. Des bêlements désespérées jaillissaient de ma gorge et soudain je me mis à sautiller, et bondir de part et d’autre, mon buste restant toujours accolé à ce mur par cette amas de chaire brûlé changé en puis de douleur débordant. Je refusai de regarder le spectacle répugnant de mes chaires tombant en morceau carbonisé au milieu des cendres de mes plumes. Soudain, les deux sabots sautèrent contre le mur au milieu des flammes. Mon poil roussit à peine alors que les solides cuisses lançaient tout ce corps trop grand contre la paroi d’en face, arrachant les dernières plumes à ma peau.

Dans ce coin de couloir gisait désormais mon corps inhumain d’un côté, se tordant de douleur ; de l’autre, deux cadavres calcinés recouverts de cendres et de suie, une étrange plaque vitrée émergeait çà et là, trahissant la fusion d’une matière inconnue. Une odeur de chaires et de plumes brûlées rendait l’atmosphère aussi étouffante que la fumée qui remplissait peu à peu les écarts entre les poutres apparentes. Mais les flammes n’avaient pas disparues. Une poutre rougissait désormais et une tenture s’était embrasée non loin de la bête à terre. Moi-même, j’étais encore lentement rongée par ces feux, griffant mes poils et mes chaires.

Les forces commençaient à me manquer. La douleur m’assommait et le choc contre la pierre m’avait sonné. Mes gestes lents et désordonnés de mes membres trahissaient la perte de moyen.

Toutes les voix gémissaient lamentablement, résonnant dans le couloir et admettant qu’enfin j’étais à bout. C’était plus que je ne pouvais en supporter. Je crus revenir des années en arrière, lorsque j’étais encore prisonnier de ces chiens à supporter leurs tortures quotidiennes et incessantes.
Le bouc émit un râle puissant et court, rauque au possible, alors que les flammes, toujours plus gourmande léchait désormais le galbe de mon épaule et tout mon flanc gauche.


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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeDim 18 Mar - 0:22

- Cela m'est impossible.

Le sang de Akina se glaça, ses mains se crispèrent sur le cuir de la reliure. Son cœur cessa de battre un instant, puis se rua dans une course violente. Alors, doucement, elle releva la tête en direction du lhurgoyf. Comment avait-elle pu espérer ? Il n’avait laissé aucun de ces hommes partir, il les avait tous tués. La yorka voulut disparaître et se mettre à courir mais elle n’avait plus la force ni la volonté de fuir. Ses yeux, rivés sur le monstre, ne virent toujours pas de lèvres remuer quand les voix reprirent.

Du premier vers Akina n’entendit rien, l’esprit trop occupé à se convaincre de bouger. Mais au second elle entendit la rime. Et elle entendit l’appel à l’aide poétique, comprenant pourquoi le lhurgoyf la voulait présente. Et en vie. Il avait besoin d’aide. Le combat avait laissé son corps hybride dans un état lamentable. Il avait besoin de soins et de se dépêtrer de la substance gluante. La yorka ne voyait pas comment l’aider. Elle, dans cette situation, serait retournée à son apparence humaine et utilisé son don pour la guérison. Elle ne pouvait rien faire pour lui. Mais surtout, elle ne voulait plus. C’était un meurtrier sans pitié. Il avait prit des vies, innocentes, par simple facilité. Il n’était venu que pour Maurois, du moins c’était ce qu’avait conclut la yorka, mais il avait éliminé ces gardes. Des gens simples dans le fond, dont les talents au combat avaient été retenus pour ce travail. Ils ne souhaitaient surement que la protection des autres, la Loi et la Justice, ce qui était des intentions louables. Il les avait pourtant tué sans chercher à fuir ni à épargner personne. Une fois hors de danger, il n’avait logiquement aucune raison de s’encombrer d’elle, témoin vivante du massacre.

Akina prenait encore conscience de ces faits quand il poursuivit, la torche dans les mains. Avec un « nous » qu’elle ne saisit pas. Ils n’avaient rien fait ensemble et n’avaient rien à faire ensemble. Leur rencontre n’était que le fruit d’un hasard qu’elle trouvait désastreux. Une nuit plus tôt, une nuit plus tard, si peu, et elle n’aurait pas vécu cette tragédie sanglante. Etait-il vraiment un assassin ? Les assassins ne devaient-ils pas se faire discrets ? n’éliminer que leur cible et sans se faire repérer ? ne pas tuer d’innocents ?... Elle avait beau n’avoir pas vraiment connu sa mère, elle avait le sentiment que ce personnage n’avait plus rien à voir avec elle. L’empathie et la sympathie s’étaient dissipées dans les flammes et le sang.

Il se tourna ensuite vers le mur, offrant son dos à la yorka. Alors elle eut un battement de cœur au-dessus des autres : une idée folle venait de la traverser. Le lhurgoyf jeta le feu sur son aile et celle-ci s’embrasa, rongeant la substance en la consumant avec les chairs. Le crépitement résonnait dans le couloir, reprit en cœur par des langues de feu jetées ça et là par l’affrontement. Plissant les paupières pour protéger ses pupilles éblouies, Akina cherchait au sol le couteau dont elle s’était servie pour libérer l’assassin. Quand elle le trouva elle jeta son regard vers le lhurgoyf : les naseaux soufflant de douleur, crachant, il luttait avec véhémence pour sa vie. Ses sabots frappèrent le sol lourdement, il hurla à travers son museau de bouc et se serait jeté en tous sens s’il n’avait pas été prit au piège. Il trouva une force nouvelle dans ce qui semblait être la pire des souffrances et les pattes animales vinrent appuyer soudainement contre la paroi pour en arracher son corps. Celui-ci fut projeter contre le mur d’en face et s’écroula.

Posant un pied devant l’autre, la jeune yorka avança au milieu de l’incendie naissant. Les petites flammes grandissaient, s’accrochant aux boiseries du couloir, aux tissus que les cadavres avaient portés, aux poils, aux plumes et à cette substance répandue par le mage. Lorsqu’Akina fut au-dessus du couteau elle observa le lhurgoyf se tordre de douleur, à la limite de la conscience. Elle revit le sang, celui versé dans ce couloir et tout le sang qu’elle avait vu couler en ses jours d’esclavages. Toute cette sauvagerie, cette inhumanité qui l’avait révulsée et à laquelle elle s’était tristement habituée. Fataliste, elle se savait trop faible pour y changer quelque chose. Mais elle était arrivée au bout de ce qu’elle pouvait supporter. La fuite, mentale d’abord, s’était faite physique. Elle avait gagné sa liberté par le sang et prit la résolution d’en jouir à chaque instant. De sa propre initiative elle s’était tournée vers les ladrinis. Le cuir sous ses doigts lui rappela cruellement où ça l’avait menée. Des semaines de captivité animale, conclues par cette nuit sanglante. Tout ça pour un bouquin… Etait-ce vraiment une vie que l’on pouvait souhaiter ? Ses ordres étaient clairs, elle ne devait tuer personne. Mais elle voyait ce monstre devant elle, dans une situation de grande faiblesse. Il était mauvais pour l’humanité. Le monde serait meilleur sans lui, elle en avait la conviction profonde. Et si elle était bien libre, alors elle était libre de rendre une justice qui lui semblait naturelle.

Elle se baissa, posa le livre et ramassa le couteau. Une seconde elle ferma les yeux, évaluant ce qui lui restait d’énergie. C’était peu, mais elle savait comment elle allait en utiliser l’intégralité. Elle se releva et s’approcha du lhrugoyf. Calmement, presque machinalement. Elle examina le corps hybride alors qu’elle avançait et ses yeux trouvèrent la gorge caprine. Le cerveau de l’assassin devait toujours se trouver à l’intérieur du crâne. Ce serait le cou qu’elle viserait. Elle ne dit rien en arrivant à sa hauteur, doutant qu’il puisse l’entendre de toute façon, mais elle voulait surtout ne pas trahir ses intentions par un timbre de voix tremblant. C’est en pensée qu’elle s’adressa à lui - tu ne tueras plus d’innocents - et elle vint planter la lame dans la chaire de la nuque, tombant à genoux, utilisant chaque once de pouvoir qu’il lui restait pour libérer un courant électrique à travers le métal. Elle ne cessa que quand son corps eut atteint sa limite et alors elle vacilla pour tomber lourdement, l’esprit plongé dans le noir.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeSam 31 Mar - 22:25

Les êtres vivants ont pour eux d’être plein d’eau et donc difficile à brûler sans une flamme régulière pour le dessécher. Si bien qu’une fois mes poiles et mes plumes consumées sur une large portion, les chaires, à vif et roussies, n’avait brûlée que sur une partie limité de mon corps. Et même si cela suffisait pour me dire grand brûlé, des yeux bleus se rouvrirent sur ma poitrine et clignèrent plusieurs fois, fatigués et souffreux.
Le couloir était bel et bien en feu désormais et la chute fracassante d’une buche non loin de moi m’avait ramené hors d’un inconscient toujours plus doux que cette réalité pleine de violence, de mort et de souffrance.

Ainsi donc, j’étais de retour ici. Ma première esquisse de mouvement eut pour effet de me rappeler immédiatement ce qui s’était passé et qui restait flou dans mon esprit jusqu’à maintenant.
Les morts, la colle, le feu, l’aile sacrifiée et… La trahison ? En était-ce vraiment une ? Elle ne m’avait fait aucun serment d’allégeance. J’avais cru pouvoir lui faire confiance. La seule chose qui m’ait fait défaut était mon manque de jugement.
Sous cette forme, j’avais une fâcheuse tendance à la soif de survie et à l’humanité naïve tout à la fois.

Rapidement, pressé par les flammes toujours plus grandissantes, je fis l’inventaire de mon corps. Ma main droite était brûlé, tout comme mon flanc droit et l’épaule du même côté. Mes deux ailes n’étaient plus que l’ombre squelettique d’elles-mêmes et dans mon dos, sur l’une de mes omoplates, une grande estafilade barrait mes chaires. Cette rayure était déjà comblée d’un sang coagulé, cautérisé par les coups de langues des arcs électriques qui étaient sortis de l’arme désormais tombée au sol. Même un si petit poignard pouvait donc se montrer dangereux dans les mains de certaines personnes ? Si je n’avais pas était perclus de douleur et était resté plus stoïque à la souffrance, il en serait certainement fini de moi. De plus, son attaque électrique,…
Un lhurgoyf moins résistant aurait succombé pour moins que cela, certainement…
Le poids des années restent malgré tout un atout parfois.

Silencieux, je me redressais précautionneusement, tentant de garder le plus possibles de parcelles de mon corps immobile, sans grand succès. Le bouc lâcha soudain un bêlement plaintif et j’entendis une voix de l’autre côté du couloir, là d’où les premiers gardes étaient sortis.


-Par Kron ! Qu’elle est cette abomination !

Un nouvelle poutre s’effondra soudain devant lui et l’obligea un peu à retourner dans l’escalier d’où il sortait.
Je m’en détournais alors, me penchant un peu sur la ladrini à mes pieds. L’un de mes sabots se leva et manqua de trébucher un instant avant de retomber de l’autre côté de son corps faible et toujours aussi nu. Mon esprit était pris dans une horrible spiral sans fin qui ne voulait pas s’arrêter de tourner. Tous mes sens étaient perturbés et l’équilibre n’était plus qu’un lointain souvenir.


-Laisse-la !

Je ne lui accordai aucun regard. J’étais trop mal pour ça et je le savais incapable de me rejoindre par ici.
Lentement, je me penchai d’avantage, faisant crisser mes cornes contre le mur pour m’aider à garder l’équilibre et descendre assez bas pour glisser ma seule main intacte sous ce frêle petit être.
Je lui avais fait si peur. Je m’en voulais. Comment avais-je pu croire qu’elle me prendrait en pitié, quelque soit mon état ? Après ce que j’avais perpétré devant elle avec un sang froid inébranlable, je n’aurais dû m’attendre qu’à ce genre de réaction. Le peu d’empathie qu’elle pouvait avoir eu quant à la similitude de nos dualités de corps s’était certainement envolé avec les derniers souffles de mes victimes. J’avais la conviction qu’elle respectait trop la vie pour me la laisser prendre ainsi et rester passive.
Elle était si jeune, si belle, si délicate,…
Jonas, sous sa forme terrane, n’aurait jamais pu ressentir cela pour une femme. Il avait depuis bien longtemps enfouis bien des choses au plus profond de son être, à moins qu’il n’ait jamais pu les en sortir. Mais ici était le vrai Jonas, ou plutôt la facette de Jonas qui ne peut être nommé par les autres races, ni comprise pleinement par elles.
J’étais un lhurgoyf et tout ce que ça impliquait de complexe.


-Laisse-la, je te dis ! Démon ! Bons dieux ! Hé ! Venez vite ! Au feu ! Au monstre ! Au sec’…

Je lui fis face lorsqu’il s’interrompit, choqué et terrorisé par ce qu’il voyait. Je me tenais au milieu des flammes, une jeune femme nue inconsciente à la main. Quoi de plus évocateur d’écrits apocalyptique ? Je le dévisageai, immobile et silencieux.
Mais il se reprit pourtant bien vite et hurla de plus belle. Il fallut une nouvelle chute de la toiture pour l’interrompre de nouveau. Les flammes se dressèrent sur les décombres et nous empêchèrent définitivement de nous voir d’avantage. Mais je l’entendis encore crier et appeler à l’aide.
Il n’y avait plus une seconde à perdre.

Je ramassai avant de partir le livre avec toujours autant de difficulté pour le mettre sur son petit ventre. Et entre mes doigts calcinés et décharnés, la chaine de la clef s’emmêla.

Les longues cornes passèrent dans l’escalier en colimaçon et je dus progresser la tête basse sans voir réellement où j’allais sous peine de rester coincé.
J’entendais des cris à l’étage et me laissai guider par ce capharnaüm. Là-haut, les flammes avaient déjà dues monter et les rares gens de la maison encore endormis après le combat au-dessous se réveillaient les uns après les autres avant de sombrer dans la panique.

Soudain, une femme hurla devant moi sans que je ne voie son visage. Ralentissant pour ne pas l’empaler, je continuai tout de même mon chemin, la forçant à reculer. Ses cris incessants m’indiquèrent ainsi l’endroit d’où sortir de la spirale de marches qui me semblait interminable : la fatigue et la douleur suscitaient par mes déboires et le poids de mon chargement me poussait sans cesse dans mes derniers retranchements, ceux-là mêmes que je pensais avoir déjà atteint avec les combats et le feu.

À droite, une chambre crachait ses flammes sur la droite et quelques personnes commençaient à se battre avec les flammes mais les soldats du feu amateur s’arrêtèrent dès mon entrée pour imiter toute personne et me dévisager. Ils arboraient tous un air de terreur malgré qu’ils ne soient pas tous terrans. Ma race était bel et bien différente de toutes les autres et j’en étais fier autant qu’attristé.


« Cette maison na plus de maître désormais.
Fuyez ! Vous devez ici tout abandonner.
Au-dessous, le feu grandit et continuera.
Il est trop tard : bientôt il vous consumera. »

La jeune femme qui m’avait guidé resta figée. Je n’avais plus le temps d’attendre qu’elle comprenne. Sans plus m’attarder, mes voix résumèrent en deux vers ce qu’ils devaient faire.

« Il faut vite partir, ou vous allez tous mourir. »

Je ne pouvais pas faire plus simple. Je leur laissais le choix désormais, les abandonnant à leur sort pour continuer en direction de la porte de chambre la plus ornementée.
Mais je m’arrêtais une porte avant. Du bout des cornes, je poussais la porte et une petite fille cachait derrière se recula et pour la première fois, je vis dans le premier regard d’un terran autre chose que de la peur à ma vue. Ça ne fit que me conforter dans ma décision. De sa voix enfantine, elle me posa une question, me regardant d’un air ébahis et imprégné d’une curiosité naturelle qui me pénétra intensément.


-Êtes-vous le dieu Kron ?

Je restais stoïque, quelque peu surpris de cette question. Mais je me devais de répondre. Je lui devais beaucoup en vérité.

« Certains le disent, mais certainement pas moi. Je ne fais que savoir obéir à son doigt. »
-Je… Je ne comprends pas. Et elle, c’est qui ?

Alors la tête de bouc regarda la porte de la chambre de son père et puis elle, s’assurant qu’elle avait comprit qu’elle était invité à me suivre. Elle hésita et alla ouvrir la porte.

-Vous voulez aller voir mon père ?

Je restai muet et stoïque. Elle sembla hésiter encore une second et puis m’invita elle-même à entrer, se dirigeant vers les bougies. La lune dehors éclairait faiblement la pièce et cela me suffisait.
Avant d’entrer, d’un coup de corne, je décrochai une lampe à huile pendant du plafond. Elle se brisa sur le tapis derrière moi et son contenu s’enflamma sur le tissu épais.
Une fois à l’intérieur, je déposai la ladrini à même le sol avec toute la délicatesse que mon corps éprouvé pouvait le faire, et je tombais alors à genoux au dessus d’elle.
La beauté de son visage me transcenda encore une fois et me redonna un peu de courage pour finir ce que j’avais à faire.


« Vis, belle ladrini, je nous veux unis. »

Mes voix murmurèrent ce souhait presque indistinctement, ne se doutant pas de ses connotations. Je pensais au pluriel, un pluriel gigantesque, celui regroupant les deux plus grandes guildes criminelles. Unis, nous pourrions enfin renverser le pouvoir en place et créer le monde dont nous rêvions, mes frères et moi.

-Père n’est pas là. Il doit être dans son bureau. Vous voulez que j’aille le chercher ? Ho mais vous allez bien ? Et c’est quoi ces flammes derrière vous ?

Me redressant, je tendis ma main vers elle en signe de négation. Mon corps brisé fit l’effort de se relever pour se placer dans l’ouverture de la porte.
Au bout du couloir, les gardes avaient trouvé un autre passage et était déjà entrain de me pointer de leurs armes, la servante à leur côté toujours aussi terrorisée.
Me redressant, je laissais exploser mes voix hors de moi par-dessus les flammes qui léchait déjà le tissu au sol.


« Si lun de vous approche, sa fille, je lembroche ! »

Je tapai du sabot le bout de la carpette pour l’éloigner de moi et je claquai violement la porte avant d’aller me placer près d’une armoire à côté. À l’aide de ma taille imposante et de mes puissantes pattes, je parvins à la renverser devant le battant dans un choc fracassant.

-Mais qu’est-ce que vous faites ? Ça va pas de casser notre mobilier ! Et qui est-ce que vous voulez embrocher ?

D’un geste las, je tournais la clef dans la serrure et callé bien le meuble à terre contre l’ouverture. J’étais à bout de force. Il ne me restait plus grand chose et j’en aurais besoin plus tard. Si seulement je pouvais compter sur l’un de mes otages…
La clef toujours entortillées par sa chaîne à mes doigts me griffait les chaires à nue mais je ne l’aurais lâché pour rien au monde : la mission était toujours une priorité.


-Mais qu’est-ce que vous faites ? Et pourquoi elle est nue ? Et pourquoi vous m’enfermez avec vous ? J’ai peur !

Mes yeux bleus se fermèrent. Il est des malédictions contre lesquels les miracles sont éphémères. Son innocence ne pouvait pas jouer en ma faveur éternellement. La petite fille s’était acculé dans un coin de la pièce.
Le bouc, lui, ne quittait plus la ladrini des yeux, une étrange expression dessiné sur ses traits animaux.


Migdas Polovich,
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Dernière édition par Jonas Mitsgun le Mer 23 Mai - 17:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeVen 13 Avr - 23:20

Une odeur de fumée… non. Le bruit d’un choc lourd… non. Une chaleur enveloppait le corps et l’âme de Akina, mais ce n’était pas celle de l’incendie ravageant le couloir dans lequel elle s’était effondrée. C’était celle, bien plus douce et traitresse, de l’inconscience où elle était plongée. Il n’y avait plus rien au monde et même le temps n’existait plus. Les sens s’étaient fermés et tout ce qu’elle vivait à présent n’était qu’un pur produit de son imagination. Elle était à Elusia, volant entre les bâtiments abandonnés. La ville brulait mais elle en était si détachée qu’à peine l’avait-elle remarqué. Quand ses ailes cessèrent de battre elle commença à paniquer et elle tomba, tomba, tomba. Le sol ne vint jamais la heurter. En lieu et place elle put entendre la voix de son père. Mais ne comprit pas les mots. Elle voulut se tourner vers son visage, mais ses paupières s’étaient fermées et il n’y avait que le noir. Son bras lui envoya une douleur, puis son dos, son corps entier. Elle avait mal et voulait que cela cesse. Le sentiment qu’on s’acharnait sur elle fit battre son cœur plus rapidement. En entendant l’organe frapper contre sa poitrine, elle conclut qu’elle était vivante et accueillit cette information comme une excellente nouvelle.

Elle voulait vivre. Vivre pour sa liberté, pour voir le monde et créer des liens. Sa liberté vint à elle et elle la vit, vêtue d’un drapé blanc, fer de lance en main. Sa marche lente et son sourire bienveillant avaient tout d’amical. Pourtant la yorka ne s’y trompa pas. Non ! Elle voulait fuir, ses jambes refusèrent de bouger. D’ailleurs, était-elle seulement debout ? Akina plongea son regard dans le bleu profond des yeux de cette femme, juste au-dessus d’elle. Une douleur lui traversa alors le ventre et lorsqu’elle baissa les yeux elle vit l’arme la transperçant, ses mains autour de la lame et du sang, du sang partout, à s’y noyer. Le rouge se répandit et recouvrit tout : son corps, ses souvenirs, le son, les rues de la ville qu’elle survolait…

L’odeur de fumée, encore… Non ! Cette fois pourtant elle était bien réelle. Comme la douleur qui saisissait son crâne, ou la dureté du sol sous son corps étendu. Akina, aloongée nue sur le dos, remua le bout des doigts, les serra sur le vide, déçue de n’y trouver aucune chaleur réconfortante. Elle se souvint alors d’à quel point elle était seule. Sans famille, sans amis, seule face à ce monde hostile… Sa mémoire fit jaillir à une vitesse vertigineuse les dernières images dont elle se souvenait. Le monstre, les meurtres, sa tentative d’achever le coupable. Y était-elle parvenue ? L’assommante vérité résonna à ses oreilles, les voix multiples et indistinctes vinrent se faire hérisser les cheveux de sa nuque. Une menace. Sa fille… Elle ne comprenait pas. Mais pour comprendre, il lui faudrait ouvrir les yeux et elle n’était pas sûre de vouloir revenir à cette réalité. Elle reconnut ensuite le timbre de la fillette, qui n’avait plus rien de sa gaieté et de son innocente. La voix posait des questions sous une pointe d’inquiétude. La pièce remua un peu, aucune réponse ne vint et alors l’enfant poursuivit, interrogeant toujours et trahissant une peur grandissante.

Dans un effort immense les paupières s’ouvrirent. Le noir céda la place au flou, qui s’ajusta doucement au décor pour le découvrir. Ce qu’elle vit d’abord, car elle avait la tête tournée dans cette direction, fut la fenêtre qui donnait sur la nuit. Quelques gouttes frappaient contre les vitres mais le crépitement du feu tout proche couvrait leurs douces percussions. La tentation de se jeter à travers l’envahit mais ses pupilles glissèrent doucement et trouvèrent la fillette recluse dans un coin de la chambre, le regard terrifié, tremblante sinon immobile. Parmi les odeurs de brûlé la yorka distingua aussi des parfums animaux. Et leur familiarité n’avait rien de réconfortant. Elle essaya de se redresser mais s’arrêta une fois posée sur ses coudes. Car son visage était venu faire face à celui du bouc au corps immense : ses muscles s’étaient figés et la peur faisait bondir son cœur. Il allait la tuer, elle en était convaincue. Mais rien de bougea, si ce n’étaient l’eau et le feu qui dansaient chacun d’un côté de la pièce. Alors, doucement, comme si elle voulait retrouver l’invisibilité dont elle n’avait plus la force de se vêtir, elle se redressa, s’assit, puis se leva, chancelante, jusqu’à trouver l’équilibre. Ses cheveux désorganisés et mêlés de sueur tombant sur ses épaules, elle lutta un instant contre un vertige qui embrumait son esprit, puis elle considéra avec appréhension sa situation.

Balayant la chambre du regard une nouvelle fois, plus pour éviter de croiser les pupilles qui la fixaient que par réel intérêt, elle remarqua le livre qu’elle était venue chercher au sol. Il n’y avait qu’une explication, c’était l’assassin qui l’avait prit. Pourquoi ? Pour lui ? Mais il l’avait sauvée aussi, malgré qu’elle ait tenté de le tuer… Ca n’avait pas de sens, comment cela pouvait-il en avoir ? Comptait-il se servir d’elle plus tard ? Elle faisait un bien piètre otage, voleuse ayant camouflée son identité pendant de longues semaines, comparée à l’enfant chérie du maître de maison. Non, elle ne comprenait pas, rien n’était logique. Elle en vint à conclure que tout cela n’était qu’un rêve. Peut-être était-elle morte après tout… Mais la douleur lancinante dans ses muscles, dans sa tête, ne rappelait que trop qu’elle était encore du monde des vivants. Elle jeta un coup d’œil à la fillette, puis en revint au lhurgoyf. Sa bouche s’entrouvrit mais aucun son n’en sortit.

Tout simplement parce qu’aucune parole n’avait encore été clairement formulée dans son esprit. Elle s’y attela donc, cherchant à définir quelles étaient ses priorités. Vivre ? Certainement, mais elle n’allait pas supplier pour ça, il l’avait par miracle épargnée, elle s’abstiendrait de lui faire remarquer ce non-sens. Le livre ? Elle se baissa pour le ramasser, pliant ses jambes nues en ne prenant plus une seule précaution pour cacher ses formes, c’était tellement dépassé… Elle se redressa et caressa la reliure de cuir. Elle chercha dans le regard caprin, ainsi que dans celui des mamelons, un indice de réprobation. N’en voyant pas elle conclut que l’objet avait été porté là pour elle et le serra contre sa poitrine. Il n’était pas si précieux, pourtant elle le maintenait tout contre elle, écrasant un peu ses seins, comme se raccrochant à la seule chose qui comptait. Mais c’était sa vie, à travers l’objet, qu’elle chérissait.

N’osant tourner le dos à cet être indéfinissable qui la fixait toujours, elle recula vers la fenêtre, à petits pas mesurés. Lâchant d’un bras l’ouvrage, elle tourna la poignée et ouvrit la vitre, faisant entrer dans la pièce quelques gouttes et le vent de la nuit. La fraicheur la saisit, dressant les poils sur tout son corps et durcissant ses tétons. Elle frissonna, ce qu’il la revigora, et put enfin s’exprimer par des mots.

- Je ne vous causerai plus d’ennui, je vais disparaître… Son regard caressa la fillette avant d’en revenir au lhurgoyf. Elle n’a rien fait, laissez la en vie. Les gens qui connaissent votre visage sont morts – à part moi mais si tu avais voulu me tuer tu l’aurais déjà fais – vous pouvez encore arrêter cette folie et fuir !

Elle se surprenait de tant d’audace. Peut-être l’impression qu’elle n’avait plus rien à perdre la poussait à exprimer pleinement sa pensée. Derrière la fenêtre le vide s’ouvrait. Deux étages, hauts de plafonds même pour une maison si riche, en bas desquels un jardin dont les plantes dépérissaient en ce début de saison morte. Akina n’aurait aucun problème à s’échapper par cette voie. Elle posa le livre sur le rebord de la fenêtre et reprit son apparence aviaire, se posant juste à côté de l’ouvrage. Elle fixa une dernière fois le monstre, certaine que lui aussi pouvait fuir par là car malgré son état lamentable il dégageait toujours une force considérable. Ecouterait-il son conseil ? Allait-il la rejoindre dans la nuit ? Advienne que pourrait, elle poussa le livre du bout de serres et se jeta à sa suite.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeDim 15 Avr - 13:47

Assis sur l’armoire, mes quatre yeux la détaillaient désormais. Elle était belle, fragile… Je n’avais qu’une envie, la protéger et qu’elle cesse de me regarder avec tant de crainte, de terreur… Mais je lisais dans son regard, dans son attitude, qu’il faudrait bien plus que lui sauver la vie pour qu’elle cesse de me fuir.

La fillette sanglotait dans un coin et déjà la ladrini nous quittait avec quelques commodités… Je ne pouvais plus compter sur personne. J’étais seul. Mais n’était-ce pas mieux ainsi ? Je l’avais toujours été. Mes choix n’avaient fait que me conduire à cette solitude irrévocable que je recherchais et maudissais tout autant.
Alors que le corbeau plongeait dans la nuit, les voix se mirent à murmurer.


« Pourtant, il ne faut pas que tu disparaisses
Oh, comme je regrette mes maladresses. »

Les flammes ne crépitaient plus dehors, elles rugissaient. L’huile avait dû accentuer leur faim et elles avaient déjà attaqué la porte. Je me levais loin de la chaleur et me dirigeait vers un tableau. Mon pas était lourd et mes sabots trainaient sur le parquet.
J’avais une mission et il était hors de question que j’échoue. Ce n’était même pas une question de réputation mais de responsabilité. Ces documents étaient primordiaux pour mon clan. Restés ici, ils causeraient de lourdes pertes car ils seraient forcément retrouvés. Et il n’y avait qu’entre nos mains qu’ils diminueraient enfin un peu la gangrène qui rongeait notre pied depuis déjà trop longtemps.

Un violent coup de corne arracha la toile du mur et découvrit un coffre d’acier encastré. Lentement, je dégageais de mes griffes estropiées la clef pour la manipuler de ma dernière main intacte.
Mais j’étais trop lent. La fumée pénétrait à l’intérieur comme un torrent déchainé.
La petite fille sanglotait de plus en plus fort et puis vint un moment où elle se jeta sur la porte et se mit à la marteler de ses petits points. Elle était complètement paniquée. Debout sur l’armoire, le visage plongé dans la fumée, les poumons pris, elle hurlait à s’en déchirer la gorge entre deux quintes de toux.
Moi, je devais finir ça. Plus vite j’aurais terminé, plus vite je pourrais m’occuper d’elle et sceller son destin.

Il y avait dans le coffre une gibecière. À l’intérieur, les documents que je cherchais. Au dessus, quelques joyaux. Rubis, saphir… Que de futilités qui m’étaient d’une inutilité immense. Mais je n’étais pas ce qu’on appelle un model.
Le bouc fit un effort plaintif et entrouvrit la gueule. Il saisit un pant de la besace entre ses dents et ses babines fendues. La sacoche se trouva ainsi béante sous le coffre et d’un geste hâtif, je raclai tout son contenu à l’intérieur.
Quelques pierres tombèrent à terre mais je n’en avais que faire. Je passais la lanière autour de mon cou et me retournais à nouveau vers la jeune fille.

Mon inquiétude quant au fait que ses cris avaient cessé n’en fut que plus renforcé lorsque je la vis étendu à terre, tombé de l’armoire en feu désormais.
La fumée flottait maintenant contre le plafond, tels des flots défiant la gravité.

Il était plus que temps de partir. D’un geste consciencieux, je glissais cette dernière main sous ma captive et la serrait fort entre mes seins, au-dessus de la besace.

Le battant de la fenêtre encore fermé avait éclaté. Ma grande carcasse encombrante ne pouvait pas se contenter de la faible ouverture qui avait suffi au corbeau. Dos en avant, le squelette de mes ailes avait brisé la vitre, le bois et la frêle armature de métal. Le dernier atout de mon être avait encore bien des ressources à revendre : ces puissantes pattes velues n’étaient pas que décoratives. Ma dépouille s’envola malgré l’absence de plume, emportée par un bond prenant appuis sur le rebord de la fenêtre en le passant.
Un long saut périlleux nous fit planer jusqu’au toit de la maison d’en face.
Pendant ce vol plané, je pus voir quelques badauds se protéger des éclats de verre et de bois et aussi quelques uns le ver la tête. M’avaient-ils vu ? Peut-être pas. La nuit était sombre et j’avais rapidement quitté la lumière de l’incendie.

Dehors, la pluie tombait. Ce n’était pas mon élément. Il aurait pu l’être ; et pourtant, il était mon ennemi.
Les sabots d’airain heurtèrent le sommet de la toiture d’en face, le fendant et le brisant, dérapant sur l’ardoise. Protégeant toujours ce que je pouvais de mon corps et plus encore l’enfant, je me laissais tomber de l’autre côté. Nous glissions sur le dos, l’eau continuant de me desservirent plus encore que l’ardoise.
Pourtant, je réussis à reprendre appuis et à bondir sur le toit suivant. Mais cette fois, je n’atteignis pas le sommet. La charpente céda à cause de son manque d’entretient. En effet, la bâtisse semblait abandonnée au vu de l’état même de ce grenier.

Mis à terre, je restais un instant sur le dos, la jeune fille sur mon ventre et la besace toujours autour du coup. Nous étions trempés, la gorge encore irrité par la fumée et à bout de force.
Mon dos était en feu suite à la glissade sur l’ardoise et au choc de mes chaires brûlées contre la fenêtre. Mais je m’en fichais. Je voulais simplement reprendre mon souffle. La mission avait finalement été accomplie et je respecterai la volonté d’un mourant.
Où était la ladrini ? M’avait-elle vu fuir. Aurais-je la chance de la revoir ? Je le voulais. Si elle avait vu la fillette, peut-être s’inquièterait-elle de son destin. En la sauvant, c’était sa volonté à elle aussi que j’avais suivis… Cet acte suffirait-il à me racheter à ses yeux ?


Migdas Polovich,
Chroniqueur officiel du second loup des Nerozias.
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeSam 28 Avr - 22:05

Les ailes plaquées contre son dos, l’oiseau ne mit qu’un instant pour arriver à la hauteur du livre en chute libre. Et de ses serres il tenta de saisir la reliure qui déjà se trempait de la pluie battante. Les griffes avaient du mal à accrocher le cuir et l’objet était bien lourd. La dextérité du corbeau lui fit trouver une prise et il déploya alors ses ailes. L’air s’engouffra sous le plumage et le choc manqua de laisser glisser le livre entre les serres. Et la manœuvre fit vriller ses plumes, ô frêle petit animal face à l’épaisseur et au poids du livre, luttant contre l’air et l’eau qui le martelaient violement. Tourbillonnant, ne contrôlant plus vraiment sa trajectoire, l’oiseau maintint ses serres fermées sur le cuir, écartant largement ses voiles sur l’air pour s’y appuyer du mieux possible. A quelques pieds du sol, il lâcha et tandis que l’ouvrage s’écrasait sur l’herbe humide, le corbeau rattrapa son vol et vint atterrir à quelques pas.

Coup d’œil aux alentours, la nuit était sombre et les ombres difficiles à cerner. Mais dans le jardin où elle était tombée, Akina ne vit personne. Et les murs, dressés par des propriétaires empressés de préserver leur intimité, la protégeaient à son tour des éventuels curieux que ni la pluie ni l’heure avancée n’avait rebuté à sortir. Son cœur retrouvait peu à peu un rythme calme et sa respiration déjà était apaisée. De quelques bonds elle se plaça à hauteur de l’ouvrage, le considérant un instant avant de reprendre forme humaine. Car non, elle était bien incapable de se trimballer un objet si lourd dans un corps si petit que celui de l’animal. C’était le point faible de son plan…

Son plan… rien ne s’était passé comme prévu ce soir. Elle avait passé un temps fou à s’infiltrer, à reconnaître le terrain, prit tant de précautions et tout s’était brisé en une nuit. Son visage avait été révélé, sa nature de yorka par la même occasion et elle n’avait même pas récupéré l’or qu’elle comptait empocher en bonus. Elle n’aurait jamais pu prévoir ce qui était arrivé ou imaginer à quel point elle allait mettre sa vie en danger. Pour un simple vol. D’un objet dont on aurait constaté la disparition un peu tard, qui ne manquerait vraiment à personne. Serait-il même vraiment utile à la guilde ? Elle ramassa le livre et balaya de la main les brindilles collées par l’humidité. Certes, elle avait accomplie sa mission, les ladrinis seraient contents… Mais tout n’était pas finit. Pour la suite, elle avait pensé se rendre invisible pour retourner jusqu’à la cachette où ses vêtements et ses affaires l’attendaient. Cependant après son coup d’éclat, sa tentative pour tuer le monstre, elle n’avait plus une once d’énergie à déployer dans l’usage d’une quelconque magie. Elle devrait attendre pour pouvoir disparaître et sortir du jardin sans être vue. Les gouttes l’avaient entièrement trempée à présent, ruisselant sur ses cheveux noirs et sur sa peau nue hérissée par le froid.

Au-dessus d’elle elle entendit le fracas de la destruction. Levant les yeux vers l’origine du bruit, elle avait déjà deviné ce qu’il se passait là-haut. L’assassin avait brisé la fenêtre pour se frayer un passage à l’extérieur. Le monde était plongé dans l’ombre et elle ne distinguait les détails que grâce à la lueur des flammes qui filtrait de l’étage inférieur, où le drame avait vu sa naissance. Mais les sourcils se froncèrent, car elle vit une chose à laquelle elle ne s’était aucunement attendue. Dans les bras de l’immense lhurgoyf, le petit corps de l’enfant qui s’était occupée de l’oiseau pendait, probablement inconscient. S’il fuyait, il n’avait pas besoin de s’encombrer d’un otage. Alors quoi ? il sauvait la petite des flammes ? Bien qu’elle le lui ait demandé, elle avait du mal à croire qu’il s’était plié à cette volonté. Ce personnage était décidemment bien surprenant. Tuant d’abord à tour de bras, il l’avait épargnée et s’attachait maintenant à secourir cette gamine… Son humanité n’était pas engloutie par la bête, un fond de bonté sommeillait toujours dans le cœur de cet être. Un léger sourire s’imprima sur les lèvres d’Akina. Puis la silhouette immense bondit sur l’un des toits à proximité. L’ardoise glissante manqua de peu de faire chuter l’assassin et sa protégée, mais celui-ci effectua un nouveau saut… Le prochain toit ne se révéla pas plus accueillant cependant. Il s’ouvrit et le lhurgoyf passa au travers. La jeune yorka considéra ce qu’elle voyait de la scène : au loin, elle devinait un nuage de poussière craché entre les tuiles restantes. Ils pouvaient être tombés chez n’importe qui et avoir alerté nombre de voisins. Allait-on accourir vers l’origine du bruit ? Qu’ils y aillent, ils ne viendront pas ici…

La yorka avisa l’angle du jardin dans lequel un grand pin régnait en maître. Elle s’y dirigea et glissa sous le couvert des branches, cherchant plus à se cacher qu’à éviter la pluie qui trouvait toujours son chemin et y tombait peut-être plus rare mais à plus grosses gouttes. Elle s’assit contre le tronc, grimaçant en sentait les épines jonchant le sol entrer en contact avec sa peau. Pour se rassurer, elle serra le livre contre elle. Mais elle n’était pas bien. L’humidité et le froid la rongeait, elle commençait même à grelotter. Ses dents claquèrent, elle se ressaisit. Elle devait lutter. Lutter pour sa survie, attendre patiemment que ses forces reviennent, car elles reviendraient, et espérer pouvoir quitter cet enfer au plus vite. A travers les branches qui touchaient le sol de leur extrémité, elle observait le spectacle de la bâtisse en feu, pour se raccrocher à quelque chose, pour que son esprit ne se fixe pas sur sa faiblesse et sa vulnérabilité. Elle se demanda aussi ce qu’il était advenu de l’autre. Avait-il sauvé la filette ? Pourrait-il se sauver lui-même ? Ca, elle n’en doutait que très peu. Il n’aurait pas pris le risque de s’échapper par cette voie s’il avait peur d’une chute. Un meurtrier qui resterait vivant et libre. Mais elle avait échoué en tentant de le tuer. Ce qu’elle voyait comme un signe qu’elle n’avait pas à choisir de prendre une vie. Lui d’ailleurs n’avait pas prit la sienne.

Des hommes accoururent dans le jardin au bout de quelques minutes, criant entre eux des ordres dont le sens échappait totalement à la jeune yorka. Elle s’en fichait. Ils ne la voyaient pas, tout concentrés sur l’incendie qu’ils étaient, et cela lui suffisait. Elle laissa son regard se perdre dans le combat des hommes contre les flammes un moment et quand celles-ci faiblirent sous l’eau et le sable elle interrogea son corps sur son état. Elle était frigorifiée et trempée, son nez commençait à couler et ses muscles à s’engourdir. Mais sa magie s’était un peu régénérée. Suffisamment en tout cas pour ce qu’elle comptait faire. Elle se redressa alors, restant les jambes fléchies pour ne pas heurter de la tête les branches les plus basses, et doucement quitta sa cachette de fortune. Ses pas firent craquer quelques brindilles. Mais le crépitement de feu et la chute des gouttes couvraient largement le bruit de sa marche. Alors elle devint invisible, englobant l’ouvrage dans son sortilège, et n’eut plus qu’à quitter le jardin par la porte que les secours avaient ouvert pour venir lutter contre les flammes.

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeMer 23 Mai - 18:46

Les ténèbres avaient commencé à engloutir tout mon champ de vision. Seules quelques étoiles subsistaient dans le dernier halo de lumière flou au-dessus de moi. Combien de temps s’était écoulé depuis ma chute dans ce vieux taudis ? À chacune de mes inspirations, le bois craquait d’avantage. Sur moi, la petite respirait à peine, mais elle respirait. C’était déjà ça. Je n’avais de connaissances sur le corps terran, que celles nécessaire pour ôter la vie vite et bien, pas celles permettant de la sauvegarder. Je ne pouvais qu’espérer qu’elle s’en sorte, restant pour le moment dans l’ignorance.

-Tu en es sûr ?
-La ferme ! Oui, je te dis !


Mes paupières se fermèrent sur ma poitrine alors que la tête caprine restait bloquée par ses immenses cornes encombrantes coincées dans mon dos.
Le grand espace me manquait à nouveau.
Mes paupières rectangulaires restaient figées sur la porte vermoulue et je devinais ce qui se tramait derrière celle-ci. On m’avait vu atterrir ici et on venait étancher sa curiosité.


-T’es prêt ?
-Non…
-Un, deux,…


Le « trois » jaillis avec deux hommes armés dans la pièce qui se placèrent rapidement de chaque côté de mon champ de vision avec un visage respectivement terrorisé et dégoûté.

-Par tous les dieux ! Qu’est-ce que c’est que cette chose !
-N’approche pas !


Trop tard. Notre poids à tous les quatre fit céder le plancher et je n’eux que le temps de m’enrouler comme un cocon autour de ma pauvre protéger, mes ailes déplumées et décharnées recouvrant un bras bien abimé et pourtant toujours plus mobile que l’autre resté inerte.

-Kof ! Ça va ?
-Non… Et la créature ?
-Elle ne vous concerne déjà plus.


Migdas Polovich,
Chroniqueur officiel du second loup des Nerozias.
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*

Nous ne sommes jamais seuls. Si les missions sont toujours plus discrètes effectuées en solitaire, il est depuis peu établi qu’on attaque jamais sans couvrir ses arrières. Si cette nuit, c’était notre chef qui était en action, nous nous devions d’être sur place. Et les quelques autres membres du clan en fonction cette nuit là dans la ville n’eurent aucun mal à se laisser attirer tels des papillons de nuits par le brasier grandissant de cette maison bourgeoise.

Quatre autres assassins et un sindarin des renseignements m’avait retrouvée surveillant l’avancer de l’incendie.


-Le chasseur noir ?
-Qui d’autre ?
-Avec lui, c’est tout l’un ou tout l’autre.
-Où est-il ? encore à l’intérieur ?
-Non. Un toit s’est effondré sous son poids là-bas.
-Qu’est-ce que tu attends ?
-De voir ce qu’elle va faire.
-Qui ?
-Elle.


Les cinq regards perçant se posèrent sur celui que je montrai alors. Une jeune fille nue avec un livre à la main.

-Elle a disparu.
-Pouvoir d’invisibilité je dirais.
-Vous trois, suivez là. Toi, tu viens avec moi. On va chercher Jonas.
-Elle vient de se rendre invisible ! T’es sourde ou aveugle ?
-Ne vous inquiétez pas. Il pleut. Je peux le faire.


Nous retrouvâmes le toit éventré au moment où le grenier s’effondra. Deux hommes s’extirpèrent des décombres sous nous. La silhouette de notre chef n’apparaissait presque plus sous les décombres.

-… Et la créature ?
-Elle ne vous concerne déjà plus.


Ma dague glissa sur sa gorge et il émit un gargouillis sordide avant de s’effondrer en même temps que mon complice s’abattait sur l’autre garde.

-Aide-moi à le dégager.

Nous ne tardâmes pas à retirer les morceaux de bois et débris de planches qui recouvraient notre dirigeant mais découvrîmes avec stupeur ce qu’il enserrait contre son corps meurtri.

Armelle Degrain,
Anarchiste de premier ordre du département assassin.
Couverture sur le meurtre d’un marchand de renseignements

*

Tous mes yeux se rouvrirent doucement. J’étais toujours exténué mais mon corps ne voulait pas relâcher la petite fille de sur mon torse.

-Aidez-moi

Les deux assassins que j’avais reconnus s’exécutèrent. Je n’avais pas officiellement de second ou de bras droit mais l’assassine qui m’avait accompagné cette nuit aurait pu prétendre à ce titre. Tous deux anarchistes, j’avais une totale confiance en eux. Je confis donc la jeune fille à mon escorte et m’appuyai d’avantage sur le gorgoroth qui l’avait rejoins.

-La Yorka
-Je l’ai faite suivre, chasseur.
-Très bien. Regagnons la charrette maintenant. Vous irez alors la chercher, mais sans violence. Jai encore à lui parler, peut-être, dalliance. Espérons que notre histoire approche un tournant.
-Ce sera fait.

Migdas Polovich,
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*

Le département d’assassin était assez étrange aux yeux des autres du clan. On les craignait un peu, ils nous dégoutaient beaucoup, mais il était incontestable qu’ils étaient efficaces et très bien formés. Leur chef restait pourtant quelqu’un que peu de personne appréciait ou même admirait en dehors de ce département.

-Et comment tu comptes retrouver quelqu’un d’invisible, noble sindarin des renseignements ?

D’un geste, je lui fis signe de se taire et de se cacher. J4avais retrouvé sa trace. La pluie battante rendait ce pouvoir moins efficace. Le calpotis des pas, les éclaboussures sous ses pieds, les empreintes dans la fine couche d’eau. L’avoir vu disparaître était d’une grande aide cela-dit. Sans cela, c’était retrouver une aiguille dans une meule de foin. Mais ici, il suffisait de retrouver le file à laquelle cette aiguille était attachée.

-Très bien.

Ce murmure derrière-moi m’intrigua. Je n’avais entendu personne parler. L’assassin rouvrit les yeux sur moi. Je compris soudain : un télépathe l’avait contacté.

-Le loup veut qu’on lui apporte cette fille et sans la violenter.
-Super… C’est ma spécialité, la douceur.
-Justement. Tu vas rester calme toi.


Ils échangèrent un sourire. Décidément, ce département possédait sa propre culture à part entière.
Grâce à mes indications, ils n’eurent aucun mal à la coincer dans une ruelle.

-Tu es sûr qu’elle est là ?
-Regarde par terre.

L’écoulement de l’eau sur le pavé suivait à un endroit une étrange trajectoire qui n’avait su m’échapper.

-Désolé mademoiselle. On a un sindarin avec nous. Et Kesha sait que ses créatures ont la vue perçante !

Mirion Alarone,
Révolutionnaire du département des renseignements.
Assistance sur une mission du département d’assassina

*

Ils m’installèrent dans la charrette qui nous avait amené. La toile et les peaux avaient été tirées sur elle, formant un dôme sec et assez sombre pour m’y garder à l’abri des regards sous cette forme que je n’avais plus la force de quitter.

-Vous êtes dans un bien triste état, maître.
-La petite dabord. Je peux attendre encore.

Je restais affalé dans le fond, bien enveloppé de l’ombre qui m’apaisait. Toute paupière fermées, je savais cependant le gorgoroth à l’entrée en train d’examiner l’enfant et l’assassine à l’avant. Seuls les cheveux étaient abrités sous un appentis, laissant la pluie marteler notre toit de tissu et de cuir dans un brouhaha qui s’avérait pour moi pleinement apaisant.

Migdas Polovich,
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeDim 17 Juin - 16:23

Regard à gauche puis à droite. La rue pavée était à première vue déserte. Mais la vie se devinait. La lueur de quelques bougies dansait derrière les vitres de la maison juste en face, et d’une autre plus loin à gauche. Et l’on entendait d’ici encore la main d’œuvre qui, se criant des instructions d’un bout à l’autre de la bâtisse, luttait contre les dernières langues de feu. Des yeux qui s’étaient posés sur son dos lorsqu’elle s’était révélée, Akina ne savait rien. Et elle ne doutait pas un instant qu’elle pourrait être suivie. Cela ne l’empêcha pas d’adopter une allure vive dès cet instant. Ses pieds nus battaient le pavé, cherchant les reliefs pour ne pas s’enfoncer dans les flaques et éclabousser bruyamment autour d’elle. Elle remonta la rue vers le nord, glissant le long des murs, se baissant sous les fenêtres du rez-de-chaussée par réflexe. Elle n’avait plus qu’un seul but, et son instinct s’appliquait tout entier à l’atteindre : retrouver sa cachette. Elle tourna à gauche, puis à droite, traversa une place du marché fantomatique à cette heure, puis se glissa entre deux hautes maisons. Cette petite ruelle se terminait en cul-de-sac, mais la barrière de bois qui faisait obstacle ne l’arrêtera pas. Elle lança le livre par-dessus les six pieds de bois trempé, il s’écrasa de l’autre côté, tombant sur un angle qui sembla s’enfoncer dans le cuir. Akina grimaça à constater la dégradation, mais un soupir et un haussement d’épaule plus tard, elle était déjà en train de grimper, passer au-dessus de cette barrière et se laisser choir derrière.

Elle se trouvait dans l’arrière cour d’une boucherie, où malgré la pluie qui lavait la pierre on pouvait toujours sentir le sang des animaux mis à mort avant d’être préparés et vendus. Ils arrivaient par le tunnel qui passait sous les habitations de l’étage. Côté rue, ce dernier était soigneusement fermé, lourde porte métallique, chaînes et cadenas. Sous un abri on voyait les outils du boucher : sceaux pour les entrailles, haches, lames, liens pour entraver les bêtes. Mais c’était sur l’abri que la yorka se dirigeait. Elle décala un tabouret à l’extérieur, s’en servit de marche pied, jeta le livre sur le toit et se hissa à la force des bras. Bientôt… De là elle put s’assurer que les volets étaient bien fermés et grimper sur un balcon, puis sauter sur un autre, quittant la résidence du boucher pour une autre. Celle-ci était assez délabrée et malgré les deux étages qu’elle comptait, seul le rez-de-chaussée était habité. Au premier, on devinait à travers les fenêtres des meubles entassés, couverts de poussière. Un volet, seul de sa paire à avoir survécu aux années, était laissé battant. Le livre sous un bras, Akina eut quelques difficultés à s’y hisser. Une peu essoufflée, elle se retrouva assise sur la tranche de bois et leva les yeux. Au second, sous les toits, la petite fenêtre qui donnait sur le grenier n’avait plus de carreau. C’était cet endroit qu’elle avait choisit comme repère. Mais elle n’y était pas retournée depuis si longtemps… Elle avait eu beau s’assurer que l’endroit n’était pas fréquenté, laissé en l’état depuis des années, il avait pu se passer bien des choses depuis son installation. A la fois soulagée d’être revenue et angoissée à l’idée de ne plus trouver ses affaires, la jeune yorka balança le bouquin par l’ouverture et s’y glissa à sa suite.

Etrange de ne plus sentir la pluie sur sa peau. Elle frissonna. Sous ses pieds mouillés la poussière collait. Elle était partout ici, au sol, sur les murs, sur chaque planche et chaque drap recouvrant des fournitures oubliées. L’air n’était pas des plus agréables à respirer et chaque mouvement soulevait plus de particules qui venaient assécher ses narines, laissant un mauvais goût dans sa gorge. Pas perde de temps ! Elle ne considéra même pas le livre et se dirigea vers la petite commode. Forçant un peu elle en ouvrit un tiroir, faisant grincer chaque planche et provoquant l’envolée de petits nuages gris. A l’intérieur, ô soulagement, ses vêtements n’avaient pas bougés. Elle se sécha avec un vieux par-dessus en laine et se vêtit : sous-vêtements, pantalon de toile sombre, chemise à l’origine blanche et veste en lin d’un noir délavé. Pas reluisant. Mais elle n’attachait que bien de peu de valeur à ce qu’elle pouvait porter. Seul comptait que ce soit pratique et discret. Une fois habillée, elle passa à sa ceinture le petit couteau qui l’accompagnait, y noua sa bourse et, soupirant, regarda le livre resté vers la fenêtre, là où il avait atterri. Elle n’en avait pas pris grand soin et elle réalisait que dans le fond elle s’en fichait pas mal. Après avoir frôlé la mort, la valeur des choses matérielles semblait si dérisoire.

Elle le ramassa tout de même et le fourra dans le sac qu’elle portait habituellement en bandoulière. Mission accomplie ! Elle n’avait plus qu’à rentrer à Tyrhénium pour le remettre à la guilde. Maintenant ? non, elle avait besoin de repos. Surtout elle en avait marre de cette pluie, elle attendrait que le ciel se dégage pour prendre la route. Elle chercha un coin un peu plus propre que le reste mais n’en trouva pas, alors elle vint s’asseoir en tailleur devant la fenêtre, plongeant son regard dans le noir de la nuit, le flou de la pluie et les contours sombres de la ville.

Craquements, chocs, des bruits de pas approchaient. A cette heure ? Ici ? Une très désagréable impression s’empara d’elle. Elle avait filé, invisible, prit des chemins improbables. Mais elle n’avait même pas prit la peine de vérifier si elle était suivie. Le cœur battant, elle sortit doucement la tête par la fenêtre, regard rivé vers la cour du boucher. Puis se plaqua contre le mur à l’intérieur, les yeux écarquillés, le sang pulsant dans ses artères. Elle avait été filée. Ils étaient trois et n’avaient mis que quelques minutes à la rattraper. Que lui voulaient-ils ? Elle avait du mal à croire que cela concernait l’ouvrage et penchait plutôt pour des gardes partis à la recherche des responsables de l’incendie. Elle n’y était pour rien c’était injuste… Et que faire à présent ? S’ils l’avaient suivie jusque là, ils ne mettraient pas longtemps à trouver le grenier. Elle réfléchie un moment, puis se leva, passa son sac sur l’épaule et se rendit à nouveau invisible. Sans le livre à trimballer tant bien que mal sous le coude, et parce qu’elle n’avait plus qu’à se laisser tomber, elle fut en quelques secondes sur le balcon, puis sur l’autre. En sautant sur l’abri elle avait déjà attiré l’attention des trois inconnus qui avaient tourné leurs regards vers elle. Elle se fit à nouveau visible et descendit jusqu’à eux, gardant quelques pieds de distance.

- Qu’est-ce que vous voulez ?

Ce ton légèrement agressif lui avait échappé. Sans doute la fatigue accumulée, son soulagement qui redevenait pression. Elle s’en félicita tout de même pour la raison que ces mots, bruts, sans fioritures, dénotaient d’une certaine assurance. Bluff certes, mais comme ils ne se jetèrent pas sur elle, Akina considéra que c’était une réussite.

- Nous ne vous voulons pas de mal. Le membre de notre guilde que vous avez rencontré ce soir désire vous voir. Nous sommes là pour vous conduire à lui.

- Et si je refuse ?

Ils se regardèrent un moment, échange silencieux entre ces complices du monstre qu’elle avait fuit cette nuit. Elle était seule et faible, ils pourraient l’emmener de force sans aucun doute.

- Il désire qu’aucune violence ne vous soit infligée. Mais il désire aussi vous voir et cela sera notre priorité.

Aucune violence ? Mais que lui voulait-il à la fin ? La yorka se sentait acculée, son choix n’en était pas vraiment un et cette emprise sur sa liberté la mettait mal à l’aise. Et cette pluie, toujours battante, venait tremper ses seuls vêtements, lui donnant la seule envie de se réfugier à l’intérieur, de maudire le monde extérieur et ces acolytes de l’assassin. Le maudire lui aussi, qui avait tout fait aller de travers et trouvait encore moyen de la déranger. Une chose l’intriguait cependant : si ce meurtrier avait trois complices à sa disposition, et peut-être étaient-ils plus nombreux, il relevait d’une organisation et n’agissait pas en son nom propre. Il avait dit ne pas être ladrini pourtant, une autre guilde ? Curiosité est mère de tous les dangers.

- Je viens avec vous !



Il était là, étendu sur le dos de son corps meurtrit, toujours sous l’apparence de cet hybride immense. Dans cet état, loin des flammes et des cris, allongé dans cet espace restreint, il avait l’air bien moins menaçant. Elle le contempla un moment, alors qu’elle venait d’entrer, et réalisa que les yeux qui voyaient n’étaient pas ceux de la tête caprine mais bien ceux au niveau des mamelons. Ils la fixaient, la scrutait, la détaillait, et Akina se sentait jugée. Elle serra la main sur la bandoulière de son sac et se força à regarder le monstre droit dans ce regard.

- Je suis venue. Dites moi pourquoi.

Elle ne savait tellement pas à quoi s’attendre de cet individu. Ses sourcils se froncèrent aussi légèrement.

- Et qui êtes-vous ?

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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeVen 13 Juil - 0:42

Le temps me parut infini. Mais je fus incapable d’essayer de le mesurer. Une seule chose surgissait dans mon esprit comme une torche brille dans une cave de ténèbres : j’étais épuisé. Pourtant, je ne m’accordai pas de repos. Je devais rester éveillé et prêt à la recevoir. Je savais qu’ils reviendraient avec elle. Ce n’était pas les meilleurs épines ni pétales que la rose pouvait se vanter d’arborer, mais ils n’étaient pas des moindres. Je ne craignais qu’une chose : qu’elle résiste. Bien que je leur ai donné l’ordre d’être pacifique, ce n’était pas leur manière de faire.

Mais enfin, elle se présenta à moi. Épuisé, je ne trouvai pas immédiatement la force de me redresser ou de lui adresser la parole. À l’arrière du chariot, entre elle et moi, le Gorgoroth continuait de soigner la fillette mais je vis son regard la détailler également. Au-dessus, la pluie continuait de tomber et agrémentait la scène d’un fond sonore constant dans son infini variation.
J’entendis à peine sa voix porter par-dessus ce bruit saturé. Mes yeux bleus et pâles ne la quittaient plus, brillant d’une lueur inquiétante depuis l’ombre. Elle semblait si frêle. Je n’avais qu’une envie, la protéger. Mais ce sentiment ne durerait pas. Sitôt mon apparence Terranne de nouveau adoptée, je ne verrai plus en elle qu’une variable que je n’avais pas su prendre en compte lors de la préparation de mon plan.

Brutalement, semblant éclipser le bruit de la pluie l’espace de quelques paroles, le chœur de voix qui était le mien s’éleva tandis que l’on entendit à peine le bois grincer alors que mon corps se redresser avec peine.


« Jai porté tant de noms que sen est dérisoires Mais si tu le dois, appelle-moi chasseur noir. »

Mon grand corps meurtri s’était amassé en un monticule informe, trônant négligemment dans l’ombre.

« Et comment mautoriseras-tu de nommer Celle que je prédestine au rôle de messager ? »

Les iris bleus ne cillaient pas dans la pénombre, attendant autant sa réponse que sa réaction. Elle ne pouvait pas encore le deviner, mais elle serait celle qui changerait la face de ce monde, ou plutôt le côté pile, celui dans lequel nous évoluions et que tout le monde pensait séparé de celui que tout le monde connait. Pourtant, nous le modelons, autant, peut-être plus que les autres.

Les hommes qui étaient partis à sa recherche s’étaient dispersés alentour et ils étaient invisibles, tous, sauf le Sindarin des renseignements. Mes intentions n’avaient pas été communiqués à leur département, ni même au conseil. Je prenais une importante décision de mon propre chef. Mais quoi qu’il advienne, j’en prendrai toute la responsabilité.


« Je me demande si désormais tu as compris... Connais-tu les Nérozias ? Ils sont notre patrie. »

Je tendis un long bras maladroit vers le gorgoroth devant moi. Celui-ci eu un instant d'hésitation où il me fixa d'un air surpris. Révéler notre identité n'était pas chose courante, mais, voyant mon assurance, ou la devinant plutôt, il se résolut à poser un regard qui se voulait être un confirmation, mais il était aussi plus curieux de comprende pourquoi cette jeune fille m'intéressait tant et quel rôle je lui réservais.

Dans l'ombre, derrière le rideau de pluie, je vis le regard du sindarin fixait la scène d'un regard désormais réprobateur. J'avais dans l'idée que ceux du renseignement chérissait l'habitude d'avoir toutes les données et de toujours tout calculer. Certainement, cette situation lui déplaisait.


Migdas Polovich,
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MessageSujet: Re: Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]   Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun] Icon_minitimeSam 14 Juil - 19:47

Chasseur noir… Un pseudonyme, il vivait sous plusieurs identités. Cela ne surprit pas vraiment Akina mais ne la contentait pas non plus. Comme il enchainait, elle patienta, espérant quelques précisions. Sa façon de parler était étrangement poétique, les voix irréelles jouaient avec les mots. Pour finalement retourner la question qu’elle avait posée.

- Je m’appelle Akina, vous savez que je travaille pour les ladrinis. Un rôle de messager ?...

Dans l’instant de silence elle reconsidéra la situation. Même si elle se sentait contrainte d’être venue, elle avait accepté et toujours l’impression d’être libre. Ce n’était pas qu’un sauvage assassin qu’elle avait devant elle. Ils étaient tout un groupe, une bande organisée, et savaient aussi éviter la violence. Ils la voulaient clairement vivante et l’un d’entre eux soignait même la fillette. Pauvre gamine, pensa Akina, songeant au traumatisme vécu cette nuit. Mais l’avoir consciemment trompée pendant tout ce temps avait interdit à la yorka de s’attacher à l’enfant. Et à partir de cet instant elle n’y pensa plus.

- « Je me demande si désormais tu as compris... Connais-tu les Nérozias ? Ils sont notre patrie. »

Ce qu’elle savait des Nérozias, c’étaient leur fonctionnement très strict. Son père les trouvait trop militaires, mais il fallait reconnaître que cette organisation avait le mérite de fonctionner. Sans qu’ils ne soient jamais visibles, les Nérozias avaient la réputation d’être à l’origine de grands sabotages et assassinats politiques. Mais cet univers était étranger à la yorka. Elle tourna la tête pour avoir la confirmation du gorgoroth puis revint au regard bleu. Une goutte eut le temps de ruisseler sur ses cheveux et tomber, une autre et encore une autre.

- Je ne sais pas grand-chose de votre patrie - dites m'en plus, je suis curieuse - mais si vous souhaitez délivrer un message à la mienne, je m’en chargerai.

Après tout, elle devrait retourner à Thyrénium au plus vite pour apporter aux siens cet ouvrage qu’elle avait volé. Alors délivrer un message ne lui demandait que la volonté de le faire. Et quelque soit le contenu de ce message, elle ne pourrait être blâmée de l’avoir transmis. Enteri et les autres seraient même surement contents qu’elle se rende plus utile que prévu. Les sourcils se froncèrent un instant au-dessus de ses yeux, elle se demandait bien quelle pourrait être la nature du propos qu’elle allait devoir transmettre. Si tant est qu’il s’agisse d’un propos, peut-être le Lhurgoyf ne lui faisait pas confiance à ce point et lui remettrait une lettre cachetée. C’était, du point de vue de la jeune yorka, le moyen le plus sûr et le plus évident de procéder. Mais l’assassin en face d’elle l’avait surprit plus d’une fois ce soir, alors elle s’attendait à tout. Et espérait, secrètement, être mise dans la confidence de ce qu’il se tramait entre les deux grandes organisations qu’étaient les Nérozias et les Ladrinis. Elle joua d’assurance, renversant l’évidence vers un contenu oral :

- Alors, que dois-je leur dire de votre part ?


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Nuit criminelle [pv Jonas Mitsgun]
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