Rencontre légendaire sur un lieu mythique [Sighild & Ision]

Voilà bien longtemps maintenant qu'Ision n'avait pas mit les pieds à Taulmaril, il avait laissé Chrysallia poursuivre un peu seule son chemin, il désirait s'attardait dans les ruines de cette ancienne citée, la première qu'il vit de ses yeux peu après sa naissance, la seule capable de lui apporter la nostalgie qu'il n'avait pas avec ce monde en perpétuel mouvement autour de lui. Il était arrivé à Taulmaril la veille, la saison était propice à ce genre de voyage, il faisait doux et bien que le soleil ne perce pas encore totalement la morsure de la saison passée, on voyait ici et là les troupeaux revenir, et les différents gardien amener leurs bêtes proche des montagnes. Les loups allaient eux aussi sortir pour la même raison chaque année. Les berger leur amenait la nourriture sur un plateau, pourquoi donc se fatiguer? Bien qu'en voyage, Ision faisait en sorte d'être toujours bien habillé, il portait ses éternels vêtements bleus brodés d'or et des bottes de voyage en cuir. Sa constitution n'était pas faite pour de long trajets à cheval et quand bien même sa monture veillait à ce qui ne lui arrive rien de fâcheux, son corps s'épuisait relativement vite, aussi avait il toujours de quoi boire sur lui.

En ce matin du deuxième jour de la semaine la rosé brillait comme des milliers de diamants sur la mousse et les pierres de la citée en ruine. Au milieu de ce tableau était le Sylphide, assis sur un mur en ruine, au milieu des autres décombres, les pieds sur une colonne brisée en trois morceaux égaux. Il était resté là toute la nuit, sans dormir, il savait que derrière lui étaient les anciens termes, désormais remplis d'eau de pluie mais qui gardait sa clarté malgré les intempéries. Ision avait aimé cette citée, il avait aimé y apprendre les premières choses sur la race humaine, il caressait machinalement la mousse, lui aussi devrait ressembler à ces ruines s'il n'était pas Sylphide, autour de lui étaient encore des boucliers et des épées, rouillées, inutilisable, trésors perdus d'un monde oublié. Sous ses pieds, dans la terres, gisaient des morts désormais décomposés depuis des siècles. C'était le plus loin qu'il pouvait se rappeler, comment était il né? Personne ne le savait réellement, même lui avait quelques doutes, aussi avait il laissé courir le bruit qu'il était fils d'une Déesse, cela était toujours plaisant et pratique face aux prêtres et aux croyants. Après tout, n'avait il pas quelque part les pouvoirs d'un Dieu? Comment pouvait on savoir s'il n'était pas un Dieu lui même, aucun humain n'avait put le surprendre jusqu'à présent et il savait absolument tout d'eux.

Lui n'était pas une ruine, bien vivant et avec un empire commercial en perpétuel expansion, il vivait bien plus que convenablement, dépensant très peu, ramassant énormément.
Kami était bien caché dans son avant bras, Shinigami accroché à sa ceinture, tout était comme d'habitude, et l'arc en ciel qu'offrait la lumière sur les gouttes d'eau rendait ce lieu magique, Taulmaril était magique pour les badots, pour lui, ce n'était qu'un amas de sentiments qu'il jugeait inutile mais qu'il aimait avoir.
C'est au moment où il envisageait de se déshabiller pour plonger dans les termes qu'il se retint, un autre esprit était là, il pouvait le sentir, il ne bougea pas, un léger sourire au lèvres, ses yeux bleus cherchant la présence psychique, ses cheveux blancs lissés par le vent, il dit enfin...

"Je ne pensais qu'il n'y avait que des morts et des armes en ce lieu, qui donc êtes vous pour venir sur ces ruines?"

Sa voix était forte comme d'habitude, grave avec quelque chose de mystique, comme si elle pouvait résonner dans les esprits indéfiniement.

Sortant alors de l'ombre d'une colonne brisée, une silhouette féminine se distingua, droite, grande, impérieuse. La première chose que l'on put en percevoir fut des cheveux argentés, fins et voltigeant sous le souffle d'une légère brise annonciatrice de sa venue. Deux petits yeux brillants s'abritaient derrière cette toile de métal, un nez fin et des lèvres qui ne dessinaient aucun sourire, mais de cette bouche gourmande, quelques mots s'échappèrent.

" Je ne suis qu'un fantôme aux souvenirs bien amers. "

Et quel fantôme se présentait là... Sighild, belle amazone parmi les Eryllis, n'avait toujours pas abandonnée le revêtement de sa mélancolie. Si spectre elle était, elle en avait oublié sa panoplie. Portant alors dans son dos sa célèbre faux, arme qui faucha bien des vies qui avaient succombé en ces terres maudites, elle donnait des allures de chasseresse, et peut-être qu'en effet, elle y venait y chasser quelques démons qui étaient bien à elle. Dans tous les cas, elle ne semblait pas surprise d'avoir été prise sur le fait, parce qu'elle ne cherchait pas à se cacher... elle n'était pas étonnée non plus de rencontrer une autre personne, après tout si elle-même y était venue, pourquoi une autre personne n'en n'aurait-il pas fait autant?

Point agressive, elle présenta ses mains, libres, sans armes, signe de sa bonne foi et que son esprit était éloignée de quelconques mauvaises intentions. Mais n'était-il pas surprenant de croiser notre impératrice de la forêt de Noathis, ici? En réalité, non. C'était le jour de la mort de son frère, Ekzékiel. Elle n'était là qu'en recueillement, comme elle le faisait chaque année, une irrémédiable pénitence. C'était ici qu'il était tombé, c'était ici qu'il s'était libéré, c'était ici qu'il l'avait abandonné... Les jumeaux avaient eu beau se faire mutuellement du mal, les liens qui avaient existé entre eux étaient inébranlables, même au travers de la mort, elle venait à le célébrer... malgré la souffrance et la douleur qu'il laissa sur son passage.

C'était une autre époque, d'autres mœurs, et la jeune femme qui se présentait là avait été bien différente. Peut-être trop naïve, trop jeune ou simplement trop aveugle. Dans tous les cas, la guerre de Taulmaril fut bien plus que la fin d'une ère. Jézabel, puisque c'était ainsi qu'elle se prénommait autrefois, était une mercenaire qui avait été enrôlé dans les armées de Phelgra - bien que la vérité était qu'elle n'était présente que par la seule responsabilité d'Ekzékiel, ce frère pour lequel elle s'inquiétait tant sans trouver la force de lui barrer la route. Les souvenirs de la barbarie qui se déroula sur cette terre qu'elle foulait demeuraient toujours vivaces et brûlants. Il n'était d'ailleurs pas rare qu'à certaines occasions, moments de faiblesse, ses songes gravitaient autour de ses horribles évènements. Elle se souvenait des cris guttural que poussait les victimes de ses épées, s'étouffant dans leur propre sang avant de s'effondrer à terre sans une pitoyable agonie. Mais elle n'avait nullement le temps de réfléchir à la dureté de son geste, ni même à l'éventualité de soulager la lente mort qu'elle venait d'infliger, non, elle devait passer au suivant, au prochain qui périrait de sa main, le pauvre fou qui se dresserait devant elle. Des remords? Elle en possédait bien évidemment, mais parfois elle s'interrogeait... troublée par la véracité de ses regrets. Qu'est-ce qui lui était vraiment douloureux? Qu'est-ce qui lui avait causé de la peine? A l'époque, elle ne savait que trop qu'en tant de guerre, la plupart de ses adversaires savait pertinemment à quoi s'en tenir, que leur mort pouvait venir, et qu'ils seraient également les bourreaux de bien des âmes. Alors, qu'est-ce qui lui était douloureux? Avoir accepté ce jeu de fou, avoir été dans le mauvais camp si bon il y avait? Le nombre de personnes qu'elle assassina? Ou des peines bien plus personnelles? Tout s'était mélangée, et aujourd'hui, avec le recul, elle n'était toujours point capable de se répondre à elle-même avec exactitude.

" Et vous? Êtes-vous également une âme en peine ou bien un voyageur égaré? "

Ses lèvres s'étaient à peine pincées à un vague sourire, le temps de poser la question. Elle n'avait pas observé que son interlocuteur s'apprêtait à profiter de la tranquillité des ruines pour se baigner dans ce qui fut autrefois des thermes, sans nul doute, particulièrement bondés dans sa glorieuse époque. Il fallait dire que cela lui paraissait une idée saugrenue, principalement parce que l'on ne savait jamais sur quoi tomber dans des lieux si sombres. Mais après tout, ne fallait-il pas des originaux partout?

" J'espère ne pas vous avoir interrompu dans vos affaires. "

C'était après tout, la moindre des politesses...

Ision avait regardé un instant la créature se tenant devant lui, celle qui était sortie de l’ombre et qui finalement n’avait pas donné son nom. Le Sylphide n’avait pas essayé de sonder son esprit, la créature, l’être, la force, appelez la comme vous voulez qu’il avait en face de lui, il n’avait jamais ressentit une telle aura, même au sein de son clan. Rares étaient les êtres anciens qu’il avait rencontré, rares étaient ceux qui avaient put supposer qu’en ces lieux il puisse être nostalgique, et même si ce n’était pas dans ses habitudes, même si c’était contre ses règles, il avait envie de parler, il avait de dire certaines choses car le lieu s’y prêtait, car la femme en face de lui semblait savoir de quoi elle parlait et parce qu’il n’avait rien à craindre, aussi ne c’était il pas levé, il l’avait simplement salué d’un signe de la tête, fermant ses yeux et lui avait répondu…

« Il y a nul chemin que je puisse emprunter, nul lieu que je puisse visiter, nul personne que je puisse rencontrer, car je suis ici chez moi, loin de la nostalgie des terres humaines perdues dans la rancœur et la haine, loin de tout ce qui c’est passé ici il y a tant d’années de cela… ne dit on pas que rien ne vaut la douceur de son foyer ? »

Ision était bien ici, son esprit se reposait, il pensait moins à l’argent, aux bénéfices qu’il pouvait faire ou encore aux personnes qu’il pouvait manipuler. Ici dans cette ville, il se revoyait être ce petit enfant, celui qui n’avait pas de sentiment, qui c’était promené au cœur de cette bataille, que le vieil homme avait protégé « pourquoi l’as-tu fait ? » avait alors demandé Ision qui avait eu comme réponse. « Car l’important c’est de vivre, même quelques secondes de plus », à cette époque, Ision avait mal comprit cette notion et même si aujourd’hui, il concevait que l’être humain était attaché à sa vie, il ne pouvait pas concevoir la notion de mort ou même celle de douleur. Mais surtout, pourquoi si l’important est de vivre, pourquoi ce vieil homme s’était-il interposer ? Il ne le saurait sans doute jamais. Il se revoyait divaguant dans les rues où le sang coulait, où les femmes étaient égorgées et violés, où les hommes, des érudits pour la plupart, avaient pour seule défense un livre ou un bâton contre les chevaliers. Ision ne leur en voulait pas particulièrement, il était là pour étudier, et même dans ce corps d’enfant, il avait put étudier la douleur, la peur, les pleurs, la haine, il avait sentit l’odeur des cadavres, il avait put gouter le sang d’un mort.
Non la seule chose qu’il pouvait regretter, c’était mort trop tôt, en ces temps reculés il n’avait pas l’expérience du combat et il était mort, une épée le transperçant de part en part. Il était tombé, son corps inanimé s’était vu être abandonné au milieu des autres, heureusement son âme avait survécu et des sylphides l’avaient alors emmené dans leur citée sacrée pour qu’il puisse obtenir un nouveau corps.

Dans ses yeux, l’étrangère ne pouvait que lire de la détermination, à vrai dire, son regard ne changeait pas beaucoup, même lorsqu’il était joyeux, il avait ce regard, ces mêmes yeux bleus. Il se leva alors se tenant debout face à elle, le Sylphide ignorait jusqu’à l’essence même du mot peur et rares étaient les gens capable de l’impressionner. Pourtant cette femme, ce qu’elle dégageait, il y avait quelque chose…

« Me déranger ? Pas le moins du monde, j’étais entrain d’étudier la possibilité de me délasser après le long voyage qui m’a mener jusqu’ici et par conséquent jusqu’à vous. Ces termes étaient réputés autrefois, je me demandais simplement si le sang qui avait imbibé la terre le faisait également pour l’eau qui jaillit de la source qui ne semble jamais se tarir »

Ision lui fit un léger sourire, mais il se pencha plus en avant pour la saluer, comme il est d’usage de le faire dans la noblesse, et enfin son regard croisa le sien, s’arrêta dans le sien et il lui dit…
« Et vous ? Est-ce la nostalgie ? La chasse aux esprits ou… les remords qui vous mènent en ce lieu fuit par la plupart des mortels ? Oh et votre nom, puis je le connaitre ou est ce une énigme que vous voulez me faire découvrir ? »

Ision lui sourit de plus belle, il ne savait pas réellement à qui il avait à faire, mais ses mains étaient loin du fourreau de Shinigami, et il avait suffisamment de confiance en lui pour éviter le combat, il se tenait à quelques mètres d’elle, il était satisfait, il avait bien fait d’attendre, cette rencontre serait certainement plus fructueuse que prévue.

Les rencontres les plus intrigantes se faisaient toujours dans les lieux les plus étranges, des endroits où l'on ne s'attendait pas à ce qu'une telle chose vienne à votre rencontre. C'était peut-être un pied de nez du destin, mais fallait-il encore croire à celui-ci. Jézabel ne possédait pas de telle croyance, même si dans certains cas, l'idée pourrait lui paraître assez amusante. Néanmoins, elle réfutait catégoriquement cette idée pour la simple raison qu'elle la considérait inacceptable. Comment pouvait-on se convaincre qu'un évènement se produirait parce qu'il avait été décidé bien avant qu'il ne se produise, qu'une force supérieure ou autre, un dieu, ou qu'importe la puissance, possède un tel pouvoir sur les choses? Comment pouvait-on tolérer la notion même que notre existence était écrite à l'avance? Car si tel était le cas, alors ses puissances seraient d'une cruauté innommable. Cela signifierait alors que chacun de ses actes lui auraient été commandée, qu'il lui était inéluctable de se conduire comme elle le faisait à ce moment précis. Et cela voudrait alors dire aussi que les horreurs de son passé se devait de se produire. Répugnante idée. Si seulement ont lui avait offert le pouvoir de revenir en arrière, de refaire certaines choses, changer une parole, un geste... tout aurait pu se passer autrement. Cependant, la réalité était tout autre, et seul les remords subsistaient.

La réponse poétique de son interlocuteur la rendait alors presque nostalgique. Elle avait connu autrefois un homme qui était capable de parler ainsi, avec cette mélancolie.... mais cela remontait à des siècles aujourd'hui. Quand à la douceur d'un foyer, elle ne connaissait cela que depuis qu'elle était parmi les Eryllis. Ces jeunes femmes ont été ce qui était le plus proche d'une véritable famille. Peut-être qu'en une façon, sa vie auprès de son frère, possédait son je-ne-sais-quoi de doux, de familial, également. Toutefois, est-ce que l'on pouvait parler de douceur lorsque l'on mentionnait une vie d'esclave, de chaînes et de coups? Pourtant, dans les yeux d'un enfant, cela avait été le cas.... jusqu'à ce que l'on connaisse "l'amour". Des sentiments nouveaux capable de vous chambouler. Mais qu'importait le sens dans lequel elle lisait son histoire, le sentiment de foyer, elle n'en avait compris son essence que depuis qu'elle foulait Samhach. La sécurité, la sérénité, voilà ce qui vous gagnait une fois sur place....pourtant, l'amazone possédait toujours une inquiétude qui ne la laissait jamais vraiment tranquille.

" Mmmm... la douceur de son foyer... sans nul doute. "

La réponse de Sighild ne pouvait sembler pleine de conviction, car elle ne saurait dire si elle y croyait, même aujourd'hui. Est-ce que rien ne valait vraiment cette douceur là? Même si après ses multiples vagabondages, avoir enfin trouvé un pied à terre fut un soulagement certains, il lui manquait toujours quelque chose d'inexplicable.

Son camarade paraissait bien détendu, dénué d'une quelconque frayeur ou angoisse vis à vis de sa présence ici. Inconsciente ou simple manque de prudence? Ou peut-être une confiance en lui assez grande pour qu'il ne juge pas bon de se méfier d'elle? Sighild n'y apporta point d'importance, peut-être parce que dans les mots ou l'attitude du sylphide, rien ne lui suggérait de mauvaises intentions. Dans tous les cas, ce dernier ne semblait pas avare en question, mais la jeune femme se surprit à se montrer tout aussi bavarde.

" Je n'ai bien peur que ma venue ne soit pour ainsi dire que le fruit d'un recueillement. J'ai jadis perdu un frère, je ne viens que saluer sa mémoire. Quand à mon nom, on me nomme aujourd'hui Sighild. Puis-je savoir qu'elle est votre propre nom? "

Il n' avait là qu'un simple retour des choses, mais si le sylphide paraissait noble dans ses gestes, l'Eryllis donnait l'apparence d'être une statue de marbre. Elle n'affichait alors plus aucun sourire, pour la simple raison qu'elle n'en avait plus le cœur. Quand à ses attitudes, ses mouvements étaient toujours d'une lenteur déconcertante ou imperceptible.... jusqu'à ce qu'elle prenne la peine et le soin de s'adosser aux restes d'une vieille colonne.

" Vous êtes un homme donc bien aventureux... pour vouloir prendre un bain en ces lieux... Même si autrefois ces bains se devaient d'être d'une grande réputation, je vous avoue que je ne m'y aventurerais pas. Je ne suis pas sure que cette cité puisse apporter quelque chose de bon après ce qu'elle a vécu. "

Taulmaril, Sighild l'avait connu sans vraiment la connaître. Sa vie, elle avait passé à Phelgra, à cette époque là. Et cette cité, elle ne l'avait connu seulement lors de la guerre qui l'avait balayé, couverte d'une voile rouge de sang, parfumée d'une odeur de mort....

Ision était un découvreur, à vrai dire, il n'avait jamais rien inventé ou très peu. Ce n'était pas son but, il ne voulait pas rendre ce monde meilleur ni pire qu'il était. Il lui convenait parfaitement, il se souciait tellement peu des guerres et des changements de gouvernement, qu'il était au dessus de ce genre de considération. Son "immortalité" le rendait clairement détaché de tout ce à quoi un homme "normal" serait particulièrement dépendant, sa famille, ses amis, ses compagnons, ses familiers, ses possessions. Ision n'avait pas besoin de tout cela, il avait acquis assez de confiance en lui, il avait vu assez de chose, pour savoir que ce qui l'importait était sa propre personne et tant qu'elle allait bien et pouvait tenir sur ses jambes, alors il vivait convenablement.

Ision se moquait parfaitement des Dieux, qu'ils existent ou non n'avait aucune importance à ses yeux, quand il en rencontrerai un, alors il accepterait leur existence et avec un peu de chance, il aurait acquit assez de force pour percer le secret de ces divinités et devenir l'une d'elle ou encore mieux, en disséquer une.

Mais l'atmosphère de ces ruines et la présence de cette femme plaisait encore plus que tous ces rêves fous à Ision.

"Veuillez me pardonner, mais cette douceur semble bien loin dans votre esprit à la façon dont vous l'énoncez."

Ision n'avait pas bougé et il avait suffisamment étudier les êtres, quels qu'ils soient, pour analyser leurs langages, les manières de prononcer chaque mot et de parler avec les gestes. Quelque chose l'empêchait de fouiller dans l'esprit de son interlocutrice, ce pré sentiment qu'il avait depuis qu'elle était arrivé devant lui. Pour une fois, il allait apprendre à connaître quelqu'un en lui parlant et il ne le regretterait pas. Elle s'exprimait clairement, et sa manière de formuler les phrases laissait penser à une personne qui avait certainement vécue au moins aussi longtemps que lui...

"Un frère dites vous. Plus personne n'est mort à Taulmaril depuis le massacre par les chevaliers. Si vous voulez saluer un frère de sang, c'est que vos corps ont dut être séparés il y a bien longtemps maintenant. Dans cette vie, j'ai pris le nom de Lorindiar, et on me prénomme Ision."

Rien dans les gestes de son interlocutrice ne permettait à Ision d'entrevoir son comportement. Lui n'avait jamais eu peur pour ainsi dire, la mort était pour lui simplement l'occasion de changer de corps et bien que celui ci semblait plus robuste que les autres qu'il avait eu jusqu'à maintenant, il ne voyait pas de problème à s'en débarrasser. Le seul soucis était de mourir loin de la citée de ceux de sa race, sans leur aide, il ne pouvait pas avoir un nouveau corps. Lorindiar parlait avec les mains, faisant toujours des gestes, calculés certes, mais rester inactif l'ennuyait prodigieusement et quand on est dans les affaires, mieux vaut savoir parler avec son corps, cela permet bien souvent de prendre le dessus lors d'une transaction.
Ision effleura la surface de l'eau avec ses doigts, il tournait presque le dos à Sighild, l'eau était douce, pas tout à fait claire, mais le soleil qui tombait à présent dessus scintillait à sa surface comme des milliers de diamants...

"Les choses qui furent belles autrefois le restent à jamais. Même en ruine, Taulmaril reste un joyau de ce monde et j'aimerai la voir reconstruite un jour. Ces termes furent beaux autrefois, je les voit comme je les aient connus, par comme ils sont aujourd'hui. Taulmaril n'est pas un héritage brisé, c'est une citée en sommeil qui attend pour retrouver sa splendeur passée."

Ision se releva, prenant un peu d'eau dans une fiole qu'il avait sur lui et l'apporta devant sa compagne d'un jour, à quelques centimètres d'elle...

"Voyez de l'eau reste de l'eau, il suffit de savoir la traiter convenablement. Les rivières de sang qui coulèrent dans cette citée ne peuvent être oubliées, à chaque fois que l'on creuse ici on risque de déterrer les ossements de ceux qui ne sont pas encore poussière ou même des armures, bien que ceux qui furent massacrés ici n'étaient pas des soldats, vous le savez. Des Eclari pour la plupart, des civils, des enfants..."

Ision n'avait aucun regret dans la voix, il énonçait juste des faits, les pertes de ce jour là l'avait toujours laissé indifférent. Ce dont il rageait c'était d'avoir perdu son tout premier corps, pendant 12 années il était resté à Taulmaril et il avait vécu avec les eclaris comme enfant prodigue. Mais ce jour là il était mort et la passion pour le sang et l'intérieur du corps humain s'était réveillé.

"Dites moi, pourquoi ais je l'étrange sensation que si je venais à sonder votre esprit, j'y trouverai des souvenirs similaires aux miens..."

" Il est vrai... cela remonte à bien des décennies et précisément à la date des évènements dont vous faites mention. Mon frère avait participé à cette guerre... aux côtés des armées de Phelgra. Bien loin de chez lui... mais morts au combat... comme il le voulait sans nul doute. "

" Vous êtes un bien grand optimiste monsieur Lorindiar... mais sachez que les fantômes endormis peuvent à tout moment se réveiller. Je ne pense pas que ces derniers se montreraient d'une bien grande sympathie si l'on venait bousculer leurs os et déranger leurs armures. De plus, les belles choses attirent la convoitise... et la convoitise des Hommes n'est guère un désir dénué de violence. A quoi bon reconstruire ce qui se verra tout aussi tôt détruit avec encore plus de fureur. Le seul héritage que nous avons de cette cité n'est autre que l'enseignement que l'on peut tirer de sa perte."

" Sonder mon esprit... cela serait sans doute la pire erreur que vous pourriez commettre. Les violences qui sont enfermées entre les quatre murs de ma conscience doivent le rester. Je ne me permettrais pas de partager ne serait-ce qu'une seconde de ma vie. Et puis... je n'aimerais pas non plus que l'on vienne y faire la moindre intrusion. "

" Toutefois, votre intuition a vu juste... J'ai moi-même combattu ici, j'y ai vu l'horreur d'un massacre qui n'aurait jamais dû y avoir lieu, guidé seulement par la cupidité et l'envie de conquête. Avant cela, je n'avais jamais eu le plaisir de connaître la cité sous son meilleur jour. "

"Les fantômes... à quoi bon craindre ceux qui ne sont plus? Des ectoplasmes qui ne sont que le reflet torturé des hommes qu'ils furent par le passé. J'ai étudié les fantômes pendant de très nombreuses années, et finalement, leur réputation n'est dût qu'à la peur des hommes pour ce qu'ils ne comprennent pas."

Ision était un être blasé, ce qu'il connaissait n'avait plus aucune importance à ses yeux. Et les fantômes étaient un sujet qui ne le préoccupait plus depuis bien 5 siècles. C'était les premières créatures sur lesquels il avait exercé ses talents. Il en avait extrait les secrets et les mystères pour en faire des sujet d'études fascinant mais dont il avait fait rapidement le tour.
Après tout, lui même et ceux de sa race pouvaient quelque part être qualifiés de fantôme pour la seule et bonne raison qu'ils n'avaient pas de corps propre. Seulement l'emprunt, la création, la chair et le sang venu du néant pour les accueillir, eux, les êtres supérieurs de ce monde.

"Un joyau est fait pour être défendu. La ville de Taulmaril était bien trop faible, se complaisant dans sa propre splendeur. Nul homme ne pouvait être qualifié de guerrier et ceux qui l'était était bien trop peu nombreux. La mort attendait le peuple, pour la cupidité et l’orgueil. Les êtres humains sont bien faible... vous semblez savoir de quoi je parle, vous dont le frère est mort sur le champ de bataille. Son âme résonne t elle donc au milieu de l'eau cristalline de cette source, a t il trouvé le repos? Ou n'est ce qu'un fantôme parmi d'autre?"

Ision était un brin provocateur, voir cette femme si peu expressif l'inquiétait quelque part. Il avait énormément de difficulté à prévoir ses mouvements malgré ses capacités spéciales. S'ils venaient à combattre il devrait se donner. Et sa condition ne lui permettait pas de se battre sur le long terme. Habituellement accompagné d'un homme de main dans ce genre de situation, il était aujourd'hui seul et il se demandait si ses lames suffiraient à venir à bout de cette créature. Elle était différente, pas encore comme lui... peut être oui, peut être que s'il l'autopsiait, il découvrirait de nouveaux secrets.

"L'horreur, elle nous est imposé, d'une manière ou d'une autre, à un moment ou à un autre, à quoi bon vouloir lui échapper? Vous dites avoir combattu ici, mais alors me vient naturellement cette question de quel côté étiez vous pour avoir vu votre frère mourir? Car j'ai moi aussi vu le sang de cette cité..."

Ision s'approcha d'elle, un léger sourire aux lèvres, il ne connaissait pas le terme compassion, mais il s’intéressait, chercheur de nature, il avait devant lui un mystère qu'il ne laisserai pas insoluble.

"Est ce si inavouable que cela?... l'endroit où vous vous trouviez avant le massacre?... Je suis un homme curieux, prendriez vous le temps de me raconter votre histoire? La nuit va tomber et j'aimerai l'écouter, je vous invite..."

Il pointa son doigt vers les ruines d'une auberge depuis longtemps recouvertes par la mousse et les branchages. Non loin se trouvait sa monture, ainsi qu'assez de nourriture pour deux ou trois pour deux nuits. Il attendit sa réponse avant de se diriger vers elle.

"Je pense que les morts ne nous en voudront pas d'honorer leur mémoire."

Il rangea précieusement la fiole d'eau à l'intérieur de sa veste. Le liquide lui servirait... peut être, oui peut être y restait il des fragments d'âme des morts.

" Ils sont justement ceux que nous devrions craindre le plus. Ils n'ont plus rien à perdre dans le monde dans lequel ils se trouvent... et parfois, leur présence n'a pas besoin d'être réelle et visible pour venir hanter les vivants. Ils vous torturent, vous culpabilisent, ils vous rongent... ils nous conduisent à l'autodestruction. Nous ne pouvons les battre en levant une épée, nous ne pouvons pas leur faire face directement... ils sont l'incarnation de maux beaucoup plus vicieux... ceux de l'esprit. "

" Vous me semblez bien curieux et indiscret. Ne vous était-il jamais venu à l'idée que je pourrais être dotée d'une certaine sensibilité au sujet de mon frère perdu? Vous manquez cruellement de tact. Néanmoins... je vous répondrais que la mort était la seule maîtresse qui aurait pu convenir à mon frère. Elle la poursuivait et la hantait, et quelque part, il eut toujours désiré et rejeté à la fois... et à la fin, elle l'a libéré.... L'unique chose que j'eus toujours espéré pour lui était le repos. J'aime à penser qu'il l'a trouvé... quelque part. "

" De quel côté? A quoi bon savoir de quel côté j'ai pu être... l'un ne valait pas l'autre, et ils ont fait autant de morts. Ce n'est pas une question bien pertinente d'autant plus qu'elle ne vous fournirait aucune information sur moi car elle ne reflèterait en rien celle que je suis aujourd'hui... si vous la posiez dans le sens d'en découvrir un peu plus sur ma personne. "

" Le problème ne demeure pas dans le fait que cette histoire soit inavouable.... mais plutôt que je ne désire ne rien partager avec un total inconnu qui jusque là pose plus de questions qu'il ne dévoile de lui-même. Mon passé demeurera là où il doit être, derrière moi. Quant à l'honneur.... pensez-vous véritablement qu'il serait sage d’honorer l'esprit de ceux qui ont versé le sang et le leur? On honore les dieux, on honore les héros. Dans cette guerre, il n'y avait ni l'un, ni l'autre. "

" Néanmoins, vous avez mentionné que la nuit va tomber... il serait donc imprudent pour ma part de m'aventurer sous un ciel qui commence à se couvrir... j'accepterais donc votre invitation mais n'espérer pas néanmoins que je vous conte quoique se soit. "

Ision n'avait rien répondu, il restait calme, et distant face à Sighild. Mais étrangement, face à elle, il ressentait une sorte de calme; le même calme qu'au moment où il était mort. Par réflexe, il regarda discrètement son corps, mais rien, pas de lame, pas de flèche, ni de balle, non il était bel et bien vivant. Enfin, il avait encore ce corps, la question de mortalité était encore à revoir et à discuter, au sein même du palais des Sylphides où il n'avait pas mit les pieds depuis bien longtemps.
Silencieux, il s'était dirigé vers son cheval, il supposait que Sighild le suivait. Le fait de ne pas avoir le regard de cette femme sur lui le soulageait. Voilà longtemps qu'il ne s'était pas sentit ainsi et même si face à elle il n'avait pas perdu la face et avait soutenu son regard le plongeant dans ses profondes pupilles saphir, et son arrogance toujours planté tel un couteau envers ses interlocuteurs. Il flatta son cheval quelques secondes avant d'en descendre ses bagages, dégageant de sa main les quelques lianes qui bloquaient l'entrée de la masure abandonnée à ciel ouvert sur les étoiles qui ne tarderaient pas à illuminer le ciel d'une manière à nulle autre pareil. Il savait que la lune allait se refléter sur l'eau du bassin non loin et il brillerait alors en ce lieu la magie des millénaires perdus.

Il dégagea légèrement les encombrant pour qu'ils puissent prendre place sur deux pierres située là comme un signe du destin pour que deux personnes puissent converser. Toujours en marchant pour rassembler un peu de bois afin d'allumer un feu il commença à briser son silence et à répondre d'une voix calme et un peu étrange, comme si les années pesaient sur chacune de ses syllabes.

"Les esprits sont comme vous les avez décrit, si seulement nous avons quelque chose à nous reprocher avec leurs âmes. Je ne crains pas les morts car je ne regrette pas ceux qui ne sont plus."

Il jeta quelques branches sèches qu'il réorganisa de manière assez méticuleuse, un peu comme pour remettre en ordre certaines chose, il voyait l'avenir avec quelques secondes d'avance à chaque fois et ce qu'il voyait le troublait tellement qu'il ne pouvait se concentrer sur le présent. C'était assez rare, mais cela lui arrivait encore, il voyait le temps mais malgré tout ce qu'il pouvait faire, il ne pouvait pas le contrôler, même au bout de 500 longues années d'existences.
Il dispersa dans le bois quelques éclats de miroir qu'il avait au fond de son sac, et déploya son pouvoir de lumière, comme si autour de lui se créait une pluie d'or qui finissait par se concentrer dans son poing et lorsqu'il l'ouvrit, la lumière se déploya, blanche et immaculée, se réfractant sur les morceaux de verres qui finirent par faire naitre des flammes en quelques secondes. Il brillait désormais un feu comme venu des cieux, débordant d'une vie nouvelle. Ision avait cette particularité, il était un enfant de la mort et pourtant il pouvait créer de si belles formes de vie.

La sensibilité de Sighild n'entrait pas réellement dans le vocabulaire d'Ision et il devait admettre à lui même, qu'il avait commit un faux pas qu'il n'aurait pas fait en société. Sortant une gourde de son sac, il approta un gobelet à la jeune femme...

"Je ne peux revoir une position sur des choses qui me sont étrangères, voilà longtemps maintenant que je cherche ce que vous nommez sensibilité et pourtant, elle m'est inconnue, je crois que les Dieux, ont oublié de me créer ce sens si particulier à certaines espèces."

Ision avait une certaine prestance en prononçant ces mots, et le reste de lumière autour de lui le rendait presque immatériel, comme s'il venait d'un autre monde et qu'il commençait seulement, au bout de 500ans à comprendre celui ci. Il fit chauffer de l'eau quelques instant dans une bouilloire de bonne facture et y plongea quelques herbes.

"Mais je pense également que les vies disparues ne doivent pas être pleuré. Parler du passé ou des disparue ne devrait pas vous attrister. Les vies perdues ne retournent elles pas à l'ether originel? Je connais les croyances de tous les peuples, je sais que certains n'ont pas cette opinion. Ceux qui ne sont plus ne sont pas forcément malheureux, ce sont ceux qui restent qui se sentent abandonné, ils pleurent l’égoïsme dont ils sont coupable."

Il retira le récipient du feu et servit son contenu dans deux autres petites tasse semblant être de très mauvaise facture et pourtant Ision en semblait plus fier.

"Les actes du passé reflètent ce que nous sommes aujourd'hui, ils ont forgés notre moi actuel. Que nous en soyons détaché ou non, n'empêche rien. En apprendre plus sur vous j'y aspire, mais vous forcez à le faire ne m'amuse pas. Les Dieux et les Héros, ils ne sont pas dans les guerres, ils ne sont à vrai dire pas de ce monde. Mais honorer la mémoire de ceux qui ne sont plus, tous croyaient en une cause, tous avaient la volonté de vaincre de se défendre. Honorer la volonté de ces femmes et de ces enfants qui ont été massacré... oui les enfants, si jeune, si faible, assassiné, uniquement parce qu'ils étaient de l'autre camp, combien repose sous nos pieds attendant que des prières salvatrices libèrent leurs âmes de ce charnier... je bois en leur honneur et au souvenir, au passé qui a fait ce monde tel qu'il est à présent."

Il souleva un peu son verre et en prit quelques gouttes qu'il laissa s'infiltrer dans la terre. Etait il sincère? La question pouvait se poser, Ision en tant que tel ne croyait pas aux dieux, aux héros, aux morts, aux fantômes, non Ision Lorindiar ne croyait qu'en lui même, mais il avait été cet enfant mort pour rien et le froid qui traversa son corps était là pour le lui rappeler.

"Cette soirée risque d'être bien morose si ni l'un ni l'autre ne parlons de quoique se soit. (il lui tendit un minuscule sac de toile) prenez en, c'est du sucre, cela accompagnera avec bienfaits ces herbes venu de ma citée. Mais dites moi, comment va le monde là d'où vous venez?"

" Les sentiments vous sont donc étrangers? Curieux... Quant aux dieux, pardonnez-moi, vous avez en face de vous une femme de bien peu de foi. J'ai toujours estimé que que nous nous forgions par nous même et par ce que nous vivons, et non pas par je ne sais quelle puissance supérieure. Cela serait trop facile et une bonne excuse pour se plaindre de ce que nous sommes. "

" Je vous trouve plutôt contradictoire. Vous dites que vous n'êtes pas un sentimental, que vous trouvez dérisoire de pleurer des morts, que cela ne devrait pas nous attrister... Pourtant vous pensez qu'honorer la mémoire de ces êtres disparus est comme un devoir de respect envers eux? Il n'y a rien de plus fleur bleue que cela. Vous êtes finalement le moins détaché de nous deux face à la mort de ceux qui se trouvent ici. Il semblerait alors que vos dieux ne vous ont pas oublié..."

" Le monde tourne de la même façon que chez vous. Mais au lieu de poser des questions, répondez aux miennes. Vous êtes un sylphide n'est-ce pas? Pourquoi un homme issu d'un peuple qui a préféré tourner le dos à la guerre pour protéger sa propre civilisation pleurerait le peuple de Taulmaril ? "

" Si vous vous demandez comment je le sais, sachez que les gens comme vous se trahissent toujours de par vos attitudes qui se veulent toujours faussement détaché... et aussi par le talent que vous possédez pour m'irriter. "

" Mais ne le prenez pas personnellement. "

Fleur bleue? Ision releva la remarque d'un sourire en se servant une tasse de thé mais sans pour autant y prêter plus d'attention que cela. Le Lord avait cette manie d'être toujours prêt à tout, et rarement il se nourrissait directement dans la nature ou avec ce qu'il trouvait, non pas qu'il ne sache pas le faire mais la manière de chasser d'un sylphide était quelque peu différent et parfois déroutante et il faut bien l'avouer, dépecer un animal n'était pas l'un de ses talents naturel, un lapin tout au plus et encore. Cependant il ne pouvait pas non plus se passer de manger, son corps était bien trop fragile pour subir ce genre de désagréments, c'est pour cela qu'il faisait en sorte, la plupart du temps de ne pas s'attarder hors d'une citée la nuit. Mais là il s'agissait de Taulmaril, SA citée et par conséquent.

"Pleurer les morts... non, les honorer, oui car ils ont fait de notre monde ce qu'il est et c'est à nous désormais de le rendre tel que nous l'imaginons pour les générations futurs. Les hommes, sont bien trop égoïstes pour se rendre compte que ce monde n'est pas né avec eux et ne finira pas avec eux..."

Ision s'était installé lui aussi, adossé à un mur, remuant longuement son thé venu du Cimmérium, il y avait implanté quelques pousses pour en être le seul détenteur, mais il fallait qu'il se rende à l'évidence, il allait devoir démultiplié la production, les couts allaient s'élever mais la revente lui rapporterait le double certainement. Cependant il ne devait pas trop augmenter la production, en le rendant rare et précieux, il pourrait d'avantage en augmenter le prix et se faire connaitre de la noblesse d'autres royaumes.
Il s'étonna à moitié qu'elle se rende compte de son appartenance au peuple sylphide, visiblement sa connaissance était bien plus grande qu'il ne l'avait imaginé même si il avait toujours cette étrange sensation en la regardant d'une âme trop lourde pour un corps si frêle.

"Vous n'êtes pas la première à nous détester et certainement pas la dernière. Cela m'importe peu, ce regard a toujours été le même depuis des siècles, tout comme celui de bon nombre de mes semblable sur les autres peuples. J'ai fais le choix de chercher et de comprendre chaque race et chaque peuple avant de le juger, me retrouvant ainsi entre mon peuple et les autres sans pour autant y avoir une place de choix. Le peuple de Taulmaril ne fait pas exception... car parmi le sang qui a nourrit cette terre désormais dévasté se trouve le miens, quelque part à l'entrée de la ville... . Je suis Sylphide et je comprend les intérêts de mon peuple à ne pas avoir prit part à la guerre, bien que cela ne sera certainement jamais compris. Taulmaril devait tomber, même si j'ai tout perdu ce jour là..."

Ision n'était pas nostalgique, il racontait froidement Taulmaril, il aurait pu exposer ses théories pendant des heures, mais à quoi bon avec une interlocutrice qui avaient déjà des idées toutes faites sur ce qu'il était et ce qu'était sa civilisation.

"Mais dites moi, je vous offre une confidence, aurais je en retour l'honneur d'en avoir une également, quel est donc votre peuple? Oh j'allais oublier..."

Il fit mine de se souvenir de quelque chose pour aller chercher dans son sac quelques gâteaux préparé par sa cuisinière, des sorte de cake, aussi bien salé que sucré et en proposa à Sighild. Mais déjà à l'extérieur le ciel se couvrait, la pluie n'allait pas tarder. La masure dans laquelle ils se trouvaient semblait avoir un toit de feuilles et de reste de bois suffisamment solide pour les abriter.

"Il semblerait que les dieux ne soient pas content de votre remarque de tout à l'heure..." il eut un petit sourire ironique.

" Je n'ai jamais dit que je détestais les vôtres. Je ne peux me permettre de mépriser tout un peuple pour seulement une poignet d'individus. Cela serait une condamnation trop simple... et j'ai bien peur de faire partie de ces gens qui n'aiment guère la facilité. Mais néanmoins je vous rejoindrais sur une chose : Taulmaril serait tombée, même si les vôtres étaient intervenus. Toutefois, il est louable d'avoir voulu éviter l'inévitable. Cependant, il sera toujours curieux de voir l'un des vôtres attristé par cette tragédie.. mais je suppose que vous avez vos raisons. "

" Je me moque bien de la colère du ciel, tout comme de vos dieux. Elle n'est pas de celle que je crains. "

" Quant à votre question de tout à l'heure, je suis de ce peuple que l'on apprécie guère non plus, les lhurgoyfs. Mais je n'ai jamais grandi avec eux, ni appartenu à un clan quelconque. Je suis seulement devenue une grande fille par moi-même. "

" Délicieux. Mes compliments à votre cuisinière... ou au cuisinier. Mais puisque nous en sommes à discuter de broutilles, où menez vous votre vie? Je suppose que vous êtes un homme de la bonne société, non? "

"Attristé? Hum..."

Ision n'en dit pas plus, le terme attristé ne lui convenait pas tout simplement parce qu'il ne pouvait pas réellement l'appréhender même lorsqu'il s'agissait de Taulmaril et de sa propre mort. Etait il triste parce que ce jour là l y avait eut tellement de pleur et de cris que cela avait atteint le sylphide au plus profond de lui même le marquant d'une émotion qu'il ressentait sans pour autant lui donner de véritable sens ou d'explication. Ou alors la violence de sa mort avait elle marqué en lui autre chose? Il s'était longtemps posé la question sans jamais trouver de réponse et il pensait sincérement que la question des sentiments d'un sylphide ne devait pas être posé à l'un d'entre eux.

"Oh ainsi vous ne craignez pas les Dieux? Alors que craignez vous donc gente dame? Puis je connaitre ce qui est capable d'obscurcir votre coeur au point que vous le craignez et qui soit plus terrible que le jugement des Dieux?"

Ision passait pour un croyant plus ou moins convaincant, bien que la question sur les peurs de Sighild l’intéressait véritablement, peut être à cause de son côté scientifique. Quoiqu'il en soit, la phrase de l'eryllis avait suscité son intérêt suffisamment pour que cela se remarque. La peur, une émotion bien étrange, la plupart du temps propre aux mortels et à ceux qui connaissaient la mort. Il y a très peu de chose qui pouvait effrayer Ision ou les sylphides en règle générale et bien entendu la colère des Dieux n'en faisait pas partit, la plupart d'entre eux se considérant comme des divins ou des descendants de ces derniers. On disait d'Ision qu'il était le fils de la déesse Keysha, une rumeur répandue dans la basse classe d'Hespéria et de Cimméria, le lord s'était fait à cette idée, peut être parce qu'il préférerait qu'on le désigne comme fils de quelqu'un quitte à ce que se soit une Déesse ou un mythe plutôt que ce qu'il était réellement, une créature sans passé isue d'un néant dont lui même n'avait pas conscience.

"Une Lhurgoyf? Ainsi le masque que vous portez est encore bien plus pesant que le miens. Cela explique votre dépigmentation capillaire et votre couleur de peau. J'ai côtoyé parfois certain des vôtres sous les deux aspects si vous me pardonnez cette expression triviale. Mais n'ayez crainte je ne juge pas votre espèce par plus que vous ne jugez les sylphides en leur ensemble, j'ai vécu bien assez longtemps pour comprendre que cela serait totalement stupide. Mais une grande fille par vous même? J'ose espérer que non... à moins que vous ne m'ayez caché une parenté sylphide insoupçonné..."

Ision eut un petit sourire, il savait pertinnamment pour la stérilité de son peuple, mais il était persuader d'autre chose, aucun indvidu ne poait grandir et apprendre par lui même à moins que...

"... à moins que vous ne soyez tout en haut de la chaine alimentaire qui vous a vu grandir à ce moment devrais je m'inquiéter pour mon propre sort? Mais passons... la bonne société? Si vous parlez du nid de vipère qui grouille autour des puissants de ce monde alors je pense que pour cette vie, vous pouvez me définir ainsi, bien que ce genre d'étiquette ne soit que peu préoccupante pour l'être que je suis. Je suis Sylphide avant tout autre chose. Mais sinon j'exerce le métier de commerçant pour... disons maintenir mes coffres à un certain niveau que ma position d'Eclari ne me suffit pas à contenter, mais entre nous je préfère la science et les fouilles des anciennes citée pour y retrouver peut être ce que j'ai perdu au cours des siècles qui ont passés."

Ision caressa la pierre de l'endroit où il se trouvait, il se rappela qu'un jour, l'un des Eclaris l'avait emmener dans cette taverne, un homme que l'on pourrait considérer comme un bon vivant, toujours de bonne humeur et qui écrivait principalement sur les spécialité gastronomiques des 4 coins d'Isthéria. Ce temps manquait à Ision, c'était un sentiment une nouvelle fois étrange et qui pouvait paraitre sincère quoiqu'il en soit, Ision ne serait pas le seul à dévoiler ses secrets...

"Mais dites moi, qu'est ce qu'à bien put devenir la petite fille autodidacte, visiblement elle a bien grandit. Mais je suppose que vous ne vivez pas d'amour et d'eau fraiche, n'appartenez vous donc à aucune caste ou à aucun corps de métier? Oh et... oui je complimenterai a cuisinière, j'ai appris de nombreuses choses au cours des siècles mais résolument la cuisine ne fat pas partit de mes points fort. Vous aimez cuisiner Sighild ou peut être l'élu de votre cœur vous attends t il sagement la marmite frémissante sur le feu?... ou n'est ce là qu'une chimère effrayante que rejette la plupart des femmes indépendantes?"

Une légère boutade mais après tout, quel mal y avait il à cela?