Etrange Rencontre (pv Fin Daeron)

Depuis quelques temps la vie était devenue plus difficile qu'avant pour nous autres Eryllis. Depuis qu'un pauvre petit homme avait décidé de mettre nos têtes a prix en fait. Notre condition avait toujours été étrange mais là on atteignait des summum. Les hommes n'ont jamais supporté les femmes libres. Ces rebelles qui refusent leur autorité, qui refusent le rôle que la société veut leur imposer, cette condition d'infériorité. Celles qui veulent choisir leur destin et être indépendantes. Celles qui veulent être libres... Nous avons toujours été mal vues... Ce qui pour les hommes est un du, nous devons nous battre pour y avoir droit. J'ai toujours trouvé injuste que l'infériorité de nos muscles, pourtant relative quand ils sont entrainés, suffise pour que les hommes se croient tout permis à notre endroit. Pour eux nous sommes des objets de plaisirs, des servantes, des éléments de décoration... Certains ont même poussé l'hypocrisie jusqu'à prétendre que nous sommes moins intelligentes qu'eux... En vertu de quoi les femmes sont moins souvent éduquées, elles sont enfermés dans l’exiguïté de leurs robes, de leur environnement, de leur destinés. Pourtant quand les femmes ne sont pas gouvernées par les hommes, on découvre de quoi elles sont faites en vérité... Nous ne sommes pas plus pleutre ou faibles que les hommes... Là où un homme utilise sa force nous utilisons l'agilité et la rapidité, là où ils usent du nombre nous usons de notre intellect... J'avais été bien placée pour le savoir... Après tout je m'étais élevée à la force du poignet. Toute mon enfance je l'avais passée dans un milieux où les femmes ne sont destinées qu'à apporter la jouissance... En grandissant les choses s'étaient compliquées. Je ne voulais pas entrer dans le moule qui m'était proposé, finalement les choses avaient dégénérées... Mais j'avais eut la chance de rencontrer une Eryllis, une femme extraordinaire qui m'avait offert une seconde chance. Et finalement au lieux de devenir une vulgaire prostituée j'étais devenus la maitresse d'armes de celles qui étaient maintenant mes sœurs. J'avais appris que l'une des plus grande qualité était la volonté. J'avais forgé la mienne pour en faire une arme.

Ce matin là je patrouillais seule dans la forêt. Il était plus nécessaire que jamais de maintenir le secret sur notre repère. Nous étions tout une équipe et nous nous relayons alliant chacune patrouiller de notre côté pendant plusieurs jours avant d'être relayées par d'autres. J'aimais me charger de cette tâche. Après avoir enseigné le maniement des armes pendant de longues heures à nos petites nouvelles j'appréciais la solitude des bois. J'aimais marcher seule sur l'épais de tapis de mousse parmi les silhouettes étrange des arbres, écouter leur murmure, affuter mes perceptions, sentir mes muscles rouler sous ma peau alors que je marchais dans le silence le plus complet, gouter la fraicheur de l'air sur ma peau, humer les parfums de la terre, observer les animaux, surprendre le chant d'un oiseau, me baigner dans les cascades... J'avais toujours été solitaire. Ces plaisirs m'apportaient la paix et le calme qui était nécessaire à l'enseignement. De plus mon âme vagabonde ne supportait pas d'être enfermée ou de rester trop longtemps au même endroit. J'avais pris mon cheval et l'avais laissé brouter un peu plus loin pour continuer à pied. Soudain je m'immobilisais. Une branche avait craqué sur ma droite. Je posais ma main sur la garde de mon épée et la dégainais silencieusement de son fourreau de cuir pour la placer sur la gorge de l'homme qui surgit des bosquets.

Je n'avais jamais aimé porter de lourdes armures, aussi bien qu'en ma qualité de maitresse d'armes ce soit plutôt indiqué je ne mettais jamais résolue à porter autre chose qu'un gilet de cuir noir assez décolleté et un pantalon de la même même, moulant. Ma tenue était complétée par une cape de fine laine bien chaude et une paire de bottes souples. Finalement si on faisait attention mon style vestimentaire n'avait guère évolué depuis ma jeunesse de voyou. J'avais toujours privilégié l'efficacité et la légèreté au risque de manquer de protection. J'avais également conserver cette manie de grimper chaque fois que le le pouvais. Mon corps tout entier avait bougé de lui même. Le combat était un réflexe chez moi. J'avais commencé très jeune.... Pour moi c'était aussi naturel que de respirer. C'est d'ailleurs pour cette raison que je pouvais manier n'importe quelle arme, mais c'est l'épée que je préférais entre tous ainsi que les poignards. Cependant j'appréciais encore de me battre à main nues parfois. J'étais une drôle de femme de l'avis de la plupart de mes anciens amants. Quelle femme ne voudrait pas fixer et fonder une petite famille et attendre le retour de son bien aimé en cuisinant ? Moi je détestais cuisiner... Quand aux enfants en bas âges je les évitais n'ayant pas la patience nécessaire pour m'en occuper. Là en revanche j'étais totalement dans mon éléments. Mes longs cheveux noirs que j'avais laisser libres cascadaient dans mon dos en lourdes boucles, il ne me gênaient pas. Mes yeux d'onyx se rivèrent sur l'intrus. Relativement grand, les yeux d'un bleu à couper le souffle, la tignasse noire parsemée de mèches blanches, mais surtout je vis tout de suite son sourire ironique et ses longs doigts ayant l'air beaucoup trop agiles à mon gout. J'avais suffisamment fréquenté les basses classes et les voyous en tout genre pour savoir repérer ce genre d'attributs. Mieux j'avais moi même beaucoup volé à une certaine époque aussi m'y connaissais-je... Je lui retournais un air moqueur d'une torsion de mes lèvres écarlates. Je l'étudiais et déduisis qu'il n'avait pas du se restaurer depuis longtemps, peut être même n'avait-il pas pris beaucoup de repos récemment. Je ne le sous estimais pas cependant. Il y avait quelque chose de particulier chez lui. Je réalisais qu'il avait quelque chose d'animal, un peu comme moi sans doute. Combien d'hommes m'avaient comparé à un félin ? Je ne m'en souvenais plus. Mon air solitaire, ma manière de me mouvoir et ma peau halée sans doute... Mais cela importait peu. Ce qu'il était au fond je le découvrirais bien assez tôt. En attendant nous étions loin de notre repère, je n'avais aucune raison d'être agressive, après tout une petite discussion pouvait être agréable. L'imprévue était une part de ma vie que j'appréciais tout particulièrement. Aussi quand il me demanda galamment de le relâcher m'exécutais-je avec une moue moqueuse.

"Seriez-vous perdu par hasard ?..." la réponse était évidente et quand bien même serait-il tenté de mentir je le saurais. Je lui fis un geste et l'invitais à s'assoir près de l'arbre contre lequel j'avais eut l'intention de me poser. Je sifflais un long trille pour appeler ma monture qui portait mes menus effets c'est à dire de quoi se rassasier. Mon coursier surgit presque aussi tôt. Il m'avait suivit de loin sans doute... J'allais m'assoir.

A l'évidence le nouveau venu resta bouche bée. Il ne devait pas avoir l'habitude que quelqu'un baisse son arme en le voyant. Et encore moins que ce soit une femme qui ne prenait pas la peine de porter une armure. Il m'observa attentivement ainsi que ma monture. A l'évidence il était fin connaisseur. Je sourie en le surveillant du coin de l’œil. Cependant je fus surprise qu'il dise ne pas être perdu, et quand il m'identifia comme une Eryllis je reportais franchement mon attention sur lui. Que nous voulait-il ? Qui était-il et que faisait-il là ? Je me levais pour aller chercher des tranches de pains et de viandes dans mes sacoches de selle. Je lui en envoyais un bout avant de répliquer avec un regard acéré. J'hésitais sur la conduite à tenir. L'épingler sur un tronc d'arbre avant de l'interroger sur les motifs de sa visite ? Mais les Ladrinis ne nous étaient pas hostile. Inutile de s'attirer leurs foudres en tuant l'un des leurs... Feindre l'ignorance ? C'était ridicule et pour quelqu'un de bien informé comme il devait l'être carrément grotesque. Lui demander ce qu'il désirait ? Je n'étais pas non plus à son service. Je finis par opter pour une présentation détournée.

"En effet tu es pour le moins perspicace sire Ladrini... Mais si tu n'es par perdu alors tu as du sous estimer la surface que recouvre cette forêt autrement tu n'aurais pas les joues creuses... Je m'appelle Svana, a qui ai-je l'honneur ?" lançais-je sur un ton amusé avec un de mes fameux demi sourires, mais ce faisant je m'étais déplacée pour me glisser derrière lui. Je vins alors lui susurrer à l'oreille "J'espère pour toi que tu n'a pas la stupide ambition d'offrir nos têtes a quiconque car c'est la tienne qui décorerait alors ma porte ce soir... " Je voulais bien montrer de la retenue et attendre de voir ce qui se passerait, mais nous étions quand même dans une période inconfortable et j'étais chargée de la sécurité. Avec d'autres de mes amies il serait très certainement par terre avec une demi douzaine de lame pointées sur lui. Alors il pouvait s'estimer heureux. De mon côté je m'arrangeais néanmoins pour ne pas être trop menaçante.

Pour la seconde fois je l'invitais à prendre place près du tronc d'arbre et a manger en ma compagnie. A le regarder il était plutôt bel homme. Pas mal du tout même avec son regard bleu. ]