Une pierre étrange pour un ciel immense

Ision l'avait vu ce soir là, cette pierre venue des étoiles et qui descendait des cieux vers Isthéria. Que faisait il à cet endroit et pourquoi avait il levé la tête vers le ciel à ce moment là? Au moment précis où sa femme lui était revenu à l'esprit... étrange coïncidence... Ision ne croyait pas au destin et encore moins aux prétendues divinités censé gouverner ce monde. Il était un homme de science, rationnel et totalement imprévisible. Quoiqu'il en soit, bien que la population se soit amusée à le surnommer le fils de Kesha, il n'appréciait pas plus cette déesse qu'une autre. Enfin si, peut être un peu plus parce qu'il le veuille ou non, il lui était lié à travers son histoire personnelle.

Alors ce soir là, pendant que la pierre tombait, il avait prit sa monture et avait suivit la chute, en dessinant les constellation, cette carte était un peu vieillissante, il ne l'avait pas refait depuis un siècle ou deux et il s'était aperçu qu'avec le temps qui passe les étoiles finissaient par bouger dans le ciel, leur alignement n'était plus le même, bien qu'il n'ait pas encore eut le temps de se pencher sur cette question il s'était promit de le faire un jour ou l'autre.
Il avait ses vêtements de voyages, bien entendu, Ision était richement vêtu, même lorsqu'il s'agissait de simples vêtements, toujours dans les tons bleus avec une pointe argentée ici ou là. A sa ceinture pendait son katana, Shinigami et dans sa manche était Kami, la dague de lumière où il avait dû changer le catalyseur quelques jours plus tôt.

Il portait des bottes de bonne facture, du cuir sans aucun doute, toujours dans les tons plus ou moins bleu. Sa chevelure blanche comme la neige elle restait intact, sans que rien ne vienne la décorer. Étrangement Ision portait rarement des bijoux ou d'autres signes ostentatoire de richesse, il n'en avait pas besoin, son charisme naturel et son éloquence suffisait bien souvent à le placer dans la catégorie des nobles arrogant, chose plus ou moins erroné bien que sa fortune personnelle ait fait de lui un noble. Mais un sylphide est à part, bien que très peu de gens connaisse sa véritable nature par conséquent la définition de noble arrogant était suffisante et il le prenait avec un humour plutôt personnel.

Imnia était là elle aussi, cachée dans l'ombre d'Ision, la gorgoroth était indétectable et n'attendait que les ordres de son maître pour en sortir. Le Lord arriva près de la rivière alors que le soleil était entrain de se coucher. Un pont... quelques ingénieurs avaient émis l'idée d'en construire un, mais visiblement le projet n'avait pas aboutis, bien qu'à certains endroit la traversée était possible, visiblement l'eau où arrivait Ision était profonde.

L'endroité tait calme et même si l'on relatait de nombreuses attaques de bandits dans les environs, Ision laissait à Imnia le soin de garder cheval et affaires. D'après ses calculs la pierre avait dû sombrer au plus profond de la rivière avec le courant et le dénivelé de la pente... oui cela devait être à peu de choses près là. Il ne comptait pas attendre le lendemain pour aller la chercher, mais y aller à l'aveugle en pleine nuit ne ferait absolument pas ses affaires... son pouvoir pouvait l'y aider mais au risque d'être prit entrain de l'utiliser... non non, définitivement non.

Ision alluma un feu aux côtés de son cheval, il avait utiliser une sorte d'abris naturel en lierre qui s'était créé avec un arbre. Oui Ision était noble... dans cette vie, pas dans les précédentes, il savait comment survivre en forêt et en plein d'autres endroits.
Sur le feu il mit de l'eau à chauffer et y jeta quelques herbes pour préparer son thé, comme la plupart des sylphides il mangeait peu, mais prenait soin de son corps pour la bonne et simple raison qu'il était très précieux à ses yeux et pas seulement parce qu'il était parfait. Sur un autre petit feu à côté plus vif il avait fait cuir quelques viandes blanche avec des légumes, cela serait amplement suffisant. Il ouvrit un parchemin et se mit à le lire, des ecrits sur les constellations et l'astronomie, certains écrit par lui même.

Imnia n'était toujours pas visible, elle mangerait peut être plus tard, cependant le lord allait l'invoquer pour prendre son repas avec elle lorsqu'il entendit un bruit, eut une sorte de vision de bruit, il se retourna, visiblement il n'était pas seul...

"L'heure est tardive pour s'inviter à ma table et la manière plus que douteuse..."

Il n'avait pas encore vu à proprement l'intrus mais il savait, il ne s'était pas retourné, il commencait à se servir une tasse de thé tout en lui parlant.

Comme quasiment tous les soirs, Malo prenait son apparence de chien pour aller errer dans les coins feuillus à la recherche d’une faune et une flore nouvelle. L’idée de la flore l’enchantait plus que la faune, étant donné qu’elle n’était pas « une chienne méchante », et qu’elle n’était pas bonne en bagarre, peu importe sa forme. La jeune femme avait longuement exploré les environs de la région d’Eridania, et il était temps pour elle de visiter un peu le coin nommé « Noathis ».
C’était vers la rivière de Noxia qu’elle s’était posée pour s’abreuver et se reposer de son trajet que peu court. L’endroit était peu fréquentable, c’est ce que soutenait la mère de Malo à chaque fois qu’elle parlait d’un nouvel endroit à explorer, mais d’après ce qu’elle avait entendu dire en ville, dans son apparence humaine, il ne l’était pas, pour de vrai. De nombreuses embuscades avaient lieux dans ce coin, c’était un endroit sombre, peu habité, les fréquentations y étaient peu nombreuses.
La rivière était longue, l’eau était claire, on y voyait le fond, mais le courant était trop fort à cet endroit où elle s’était arrêtée une fois de plus pour boire, pour se risquer à traverser alors que de l’autre côté une jolie fleur inconnue au répertoire de Malo la narguait. Elle avait longtemps longé ce courant d’eau à la recherche d’un éventuel endroit pour traverser avant de voir une drôle de forme dans le ciel, avec un son peu perceptible, mais ses oreilles de chien ne la trompait pas. C’était une sorte de comète qui plongeait droit sur elle et à une vitesse affolante. Elle avait à peine eu le temps de bondir dans des buissons que l’immense pierre brulante venait s’écraser dans l’eau, créant rapidement un barrage, obligeant l’eau à contourner l’obstacle, et de ce fait, s’élargir. Le buisson était peu loin de l’eau, et celle-ci vint chatouiller les pattes poilues de l’animal.

Alors que la jeune femme chien s’apprêtait à approcher la pierre par pure curiosité, une odeur particulière vint lui titiller les narines. Ses sens étant développés, et le contenu de l’odeur étant familier par le fait que Malo était herboriste, elle ne mit pas longtemps à en déduire que du thé se préparait… Du thé ? Mais… du thé n’allait pas se faire tout seul, elle n’était donc pas seule, et pourtant ses oreilles n’avaient pas entendu le moindre bruit, si ce n’était celui du fracas qu’avait produit la sorte de météorite… l’odeur devait venir de loin, et le vent devait être de son côté, sinon elle aurait entendu les bruits…

Malo jeta un œil au-dessus de sa tête, et vit dans les branches, haut perché, son vautour Bouzo. Il guettait pour elle, et il prit son envole pour revenir moins d’une minute plus tard. Il avait vu quelque chose. Elle reprit alors sa forme humaine, y étant plus à l’aise pour tenter la discrétion bien que de toute façon elle n’en était pas une grande adepte.
Les vêtements de la jeune femme apparurent alors. Elle était accoutrée d’un pantalon marron moulant pour ne pas s’accrocher partout comme à sa grande habitude, une sorte de chemiser kaki, manches retroussées, ouvert jusqu’à la poitrine car la chaleur qu’il faisait après avoir cavalé en chien méritait au moins cette petite aération.

Au loin, alors que le vent lui était toujours favorable, quelques bribes de mots se firent entendre…
«…tardive… table… douteuse… »

Elle se mit alors à longer, encore une fois, la rivière, toujours tout droit, vers l’endroit où elle n’était pas encore allée, oubliant son désir de traverser pour la jolie fleur de l’autre côté de la rive. Elle se prit les pieds dans des galets qui jonchaient le sol aux abords de la rivière, et se ramassa la figure par terre. Dans un grognement d’énervement suivit d’un soupire, elle leva les yeux, et se trouva face à un homme devant un feu, lisant un parchemin quelconque aux yeux de Malo.

Elle lança avec entrain et peu méfiante un « Bonsoir ! ». Elle ne portait aucune arme sur elle, seul Bouzo était prêt à bondir sur l’homme aux cheveux neigeux, mais il n’en avait pas reçu l’ordre. Même si son vautour était là, elle ne pourrait pas faire grand-chose, donc au point où elle en était, elle ne pouvait que faire la conversation. De plus, sa chute n’avait pas été discrète, et n’aurait pas pu passer inaperçu aux oreilles de l’homme, ou de son cheval qui était un peu plus loin…

Ision et l'astronomie, c'était une histoire qui durait depuis presque 5 siècle, depuis au moins autant de temps durant lequel il avait cotoyé et aimé sa femme. Depuis la mort de cette dernière il avait pendant de longues heures contemplé le ciel pour en comprendre les origines et les fondements. Hélas... beaucoup de choses restaient encore sans réponse à ses yeux, il avait comprit le fonctionnement simpliste des étoiles, les divers planètes gravitant autour d'un seul et même axe. Mais les longues vues n'étaient pas assez puissante et son corps assez résistant pour observer de face le soleil pendant de nombreuses heures, alors il avait concentré ses études sur la lune et le rôle qu'elle jouait avec le soleil. Il en était convaincu, aucun dieu ne pouvait avoir la main mise sur un tel phénomène, les planètes, les astres et les étoiles se déplaçaient selon une gravité et des formules universelles complexe qu'il n'avait pas encore totalement réussis à élucider.
Mais voilà, Ision restait un ponte dans ce domaine, un des précurseur dont les travaux avaient été très souvent critiqué par l'église et certains avaient même été interdit.

Alors lorsqu'il avait prédit que cet astre allait tomber dans cet endroit d'Isthéria, il n'avait pas hésité un seul instant, cela comptait plus que la politique ou même l'argent, il s'agissait du savoir, de la connaissance sur un morceau d'étoile venu depuis le ciel pour lui et lui seul, il ne comptait pas le partager ni même en faire part à qui que se soit, mais lorsque la communauté scientifique trouverait ses écrits, tiendrai enfin sa revanche après tant d'années de brimade et d'incertitude. Il allait triompher et les mettre au pied du mur!

Mais visiblement cette forêt ne lui apporterai pas le calme tant désiré, il avait vu l'étoile s'écraser dans l'eau mais ce qu'il voulait était enfoui plus profondément et avait coulé, un métal ou un minéral trop étrange pour ne pas attirer la curiosité du sylphide.

Il leva les yeux de son parchemin pour regarder la jeune femme, visiblement elle n'était pas un danger pour lui, mais sa présence allait compliquer les choses pour le sylphide, certes la faire disparaitre pourrait être une solution envisageable si elle ne lui servait à rien, après tout un cadavre de plus ou de moins, cette forêt n'en était pas à son premier mort...

"Bonsoir? Est ce là le seul mot que vous trouvez à me dire alors que vous venez troubler la quiétude de mon feu de camp... vous, une jeune femme seule dans cette forêt... hum..."

Il déposa soigneusement le parchemin dans un sac à côté de lui et se leva dans un soupir...

"Quoiqu'il en soit, peu importe, il semble que j'en oublie mes propres bonnes manière à force d'être plongé dans ces vieux manuscrit. Je suis le Lord Ision Lorindiar, Eclari venu en ces lieux pour étudier de nombreuses choses. J'imagine que vous faites partie de cette forêt pour être seule ou alors devrais je me méfier de vous et de votre forces ainsi que des raisons pour lesquels vous venez à ma rencontre?"

Ision parlait et bougeait comme un noble, néanmoins il n'était pas théâtral et restait très posée, il avait observé finement la jeune femme, elle semblait être une femme moyenne, sans arme et avec des vêtements adaptés à la marche en forêt, tout le reste n'était qu'un jeu de déduction auquel s'amusait de lord sans utiliser son pouvoir de prévoyance. Peut être serait elle en mesure de l’intéresser, du moins cela valait il mieux pour elle.

Et quelle dégaine il avait là ! A parler comme un Lord avec son air hautain, sa démarche noble… cela lui donnait un certain charme, mais voyons, quel âge avait-il ? Il ne semblait pas plus âgé qu'elle, la vingtaine peut-être ? Ou était-il comme elle-même, d’une race donnant l’illusion d’un âge incertain… fort probable, un tel caractère ne se forge pas en si peu d’années de vie terrane… Elle se redressa de ses courtes jambes, respira un bon coup, prit un air assuré et lança :

C’est en effet le mot que j’ai employé, ne m’en voulez pas d’avoir eu une éducation me donnant quelques idées de la moindre des politesses, et navrée pour votre quiétude… Lord, mais cette forêt, que je sache, est parcourue par nombre d’entre nous, vous tenez votre discours à tous où suis-je heureuse de prendre ces mots juste pour ma pomme ?

L’éducation qu’avait en effet reçu la jeune femme de ses parents, était des plus simple, d’une famille aisé, il fallait savoir parler à des Lords justement, mais le caractère même de la jeune femme prenait vite le dessus, et elle n’était pas capable de tenir sa langue, même si le danger rôdait. Puis elle se mit alors à réfléchir à la seconde partie du discours du jeune homme…

Je ne sais pas si l’une de vos propositions quant à ma venue en ces lieux sombres et dangereux soit exacte. Je ne suis pas là pour être seule, étant donné que je suis seule en permanence, je n’y cherche pas refuge, je m’y ballade tout court. J’ai vu une chose tomber du ciel, ma curiosité a voulu que j’aille voir ça de plus près, puis j’ai entendu, vu, senti - à votre guise- votre présence. Encore une fois, bête et peu méfiante, j’ai voulu voir qui, quoi, qu’est-ce qui était là. Mais vous pouvez vous méfier de ma force, elle est surhumaine ! Au passage, je m'appelle Malona, je ne m'accoutume pas d'un titre de noblesse quelconque, je ne sais pas si ça m'attirerait plus de respect de la part des autres ou non...

Malona se mit à dessiner sur son propre visage un petit rictus satisfaite, et montrant le peu de crédibilité de ses dires. Elle regarda au ciel les étoiles prendre place sur l'immense drap bleuté, avala sa salive, regarda Ision droit dans les yeux avec un petit sourire délicat mais sincère, un peu embêtée...

Je pense avoir en réalité plus à craindre de vous, que vous de moi. C’est pourquoi il ne me semble pas raisonnable de rester par ici plus longtemps, je vais vous laisser à vos occupation et retrouver mon caillou venu du ciel, hein ?

"Tout ceux qui croisent ma route doivent s'attendre à rencontrer leur propre défaillance... peu importe le lieu ou le rang. Mais pour vous je peux faire une exception..."

Un léger sourire amusé se figea sur le visage du Lord, cette femme ne représentait rien, si ce n'est une épine qui venait de se greffer dans son pied alors qu'il tentait de mettre la main sur une pierre qui lui offrirait certainement plus de réponse que la majorité des livres du continent, même ceux de la bibliothèque de Cimmérium. Il avait trop longtemps cherché un indice comme celui ci pour se laisser marcher sur les pieds par une simple inconnue, mais il paraissait pourtant toujours aussi calme, il n'avait pas eut un mot au dessus de l'autre, posant simplement son parchemin précieusement dans sa sacoche.

Entendre, voir, sentir... autant de termes pour désigner une simple présence, bien bien, jeune fille, Ision vous écoute et vous avez intérêt à être plutôt convaincante. Il était au delà d'un simple homme écoutant une femme, il était un chercheur qui se demandait encore si son interlocutrice ferait un bon cobaye ou si au contraire, elle pourrait l'aider dans ses recherches ailleurs que sur une table d'autopsie.

"Une force surhumaine hein..."

Ision désormais debout et bras croisé s'amusait et désigna le sol où étaient posés les pieds de la jeune femme...

"Le sol sous vos pieds... vous ne vous enfoncez pas, votre poids n'est donc pas supérieur au miens, votre célérité peut être, mais ceux qui habituellement utilisent leur force ont les pieds solidement fichés dans le sol et non un pas aussi léger quand bien même votre manière d'arrivée fut peu adroite..."

Cependant Ision l'avait écouté, la solitude il al connaissait, bien plus que la plupart des gens qu'il avait côtoyé ne pouvait le savoir car dans sa quête dévorante de savoir et de pouvoir il avait laissé bien basse les émotions et les choses qu'il avait jugé futile, pour pouvoir élever son esprit au dessus de tout. Ainsi il avait vu disparaitre dans son immortalité les gens à qui il avait un jour tenu sans jamais pourtant ressentir de colère, de haine ou de tristesse le jour de leur trépas, excepté pour sa femme... oui peut être était ce le seul jour de son existence où il avait ressentit une émotion se rapprochant de l'humanité, ce sentiment l'avait écœuré au plus haut point, il n'était pas humain, pas l'un de ces êtres sous évolués qui n'avait survécu que grâce à une capacité de reproduction assez développé pour pouvoir gambadé en nombre conséquent comme des lapins dans les bois.

"La noblesse? Elle n'attire le respect que de la part des gens qui la convoite... les titres... futilité absolue pour deux êtres se trouvant en pleine nature. Et pourtant par ce titre et cette noblesse l'on va me juger supérieur à vous en ville, n'est ce pas là une chose étrange? Mais pourtant, vous comme moi, nous serons seul, seul à être noble, prisonnier de castes et de contextes n'est ce pas là une chose plus qu'étrange?"

Cependant la notion de caillou venue du ciel interloqua le noble, et alors que la jeune femme allait s'en aller le pouvoir d'Ision vint chatouiller l'esprit de cette dernière...

"Vous l'avez donc vu également... une présence d'esprit appréciable de votre part, suscitant ainsi mon intérêt me forçant à dévoiler les raisons de ma venue en ce lieu, cependant, je ne peux accepté que vous partiez si facilement. Peut être accepteriez vous une collaboration dans cette quête, n'avez vous pas vous aussi envie d'en apprendre plus sur nos origines?"

Il lui tendit la main, il était désormais à environ un mètre d'elle, grand, superbe, mais également étrangement charmant et envouteur, son pouvoir ne pouvait absolument influer sur les émotions des personnes, néanmoins, il savait être charmeur et tentant quand le besoin se faisait sentir...