Une dévotion mortelle... [PV Irina]

Simalia n'avait plus vu la lumière du jour depuis plusieurs semaines. Depuis qu'elle s'était rendue à Thémisto, la cité noire. C'était en ces lieux que l'ordre avait trouvé bon de l'envoyer pour mener l'enquête, pensant qu'une jeune femme frêle n'attirerait pas l'attention des cavaliers de Sharna mais en omettant aussi de se souvenirs qu'ils étaient les adversaires préférés de la gorgoroth, néanmoins, elle apaisait la haine grâce à l'essence divine, la laissant courir en elle, décuplant ses pouvoirs bénéfiques grâce à anima qui entourait solidement son annulaire telle une promesse.
Elle en était convaincue, la déesse était partie, lui laissant un précieux présent et un nouveau pouvoir dont elle allait devoir user avec parcimonie. Quoiqu'il en soit, elle voulait oublier Irina et tout les rêves qu'elle avait fait... c'était inconcevable, même elle ne pouvait réellement y croire ? Comment avait-elle pu être assez stupide pour croire un instant ce que son cœur lui avait dicté ?... Hérésie qui allait jusqu'à l'encontre du code d'honneur qu'elle avait gravé au plus profond de sa chaire. Et pourtant elle y avait cru... mais elles n'étaient pas du même monde, Irina tout en haut de la pyramide et elle... qui était-elle si ce n'est une pauvre mort vivante qui errait encore en ce monde sans véritable but précis ? C'était pour cela aussi qu'elle avait accepter cette mission, pour que toutes les idées qu'elle avait eu en tête depuis cet instant disparaisse... comme par magie... cette idée elle même était saugrenue.

Alors elle avait voyagé, aidant sur son chemin plusieurs personnes dans le besoin, elle avait mit le temps nécessaire pour arriver dans le cité noire. Et avait rencontré plusieurs informateurs sous couvert d'un anonymat le plus total, son corps étant entièrement couvert de la tête aux pieds, sa poitrine solidement serrée à l'aide de bandages afin d'être la plus plate possible et son visage sous un masque, dissimulant sa voix, elle passait pour un jeune puceau quelque peu illuminé, ce qui était bien mieux vu dans cette ville qu'une simple femme.

Mais voilà, les choses n'avaient pas vraiment tournées comme elles auraient du... elle avait été démasquée ou dénoncée, peu importe, elle avait fuit la ville en hâte ne pouvant impliquer l'ordre dans un combat qu'elle ne pouvait gagner. Ne désirant pas voir les gélovigiens réduit à néant par sharna, elle s'était débarrassé de son sceau et de tout ce qui pouvait l'identifier, ne gardant que ses vêtements amples qui dissimulaient ses formes. Une fois cela fait, elle avait pu combattre, mais même quelqu'un comme elle excellant dans les arts du combat n'avait rien pu faire face à une dizaine de cavalier surentraîné. Elle avait lutté jusqu'à en perdre connaissance pour se réveiller solidement attaché et bâillonnée dans une geôle crasseuse. Ne pouvant voir ce qui l'entourait à cause du bandeau sur ses yeux, elle sentait simplement le sol glisser à cause de la vase ou de la crasse laissée par les précédents « visiteurs ». Elle apprendrait bien plus tard qu'il s'agissait en réalité de la graisse des prisonniers que l'on faisait fondre pour éviter que les portes ne rouillent.

De grandes chaînes descendaient depuis le plafond pour maintenir en permanence ses bras vers les cieux et d'autres attachées au mur lui maintenait les chevilles vers l'arrière afin qu'elle supporte une insoutenable supplice. Elle ne pouvait ni s'asseoir, ni se mettre debout. Ses chaînes trop courtes aux chevilles l'empêchant de ramener ses pieds au niveau de son buste qui lui était tiré en avant par les chaînes fixes au milieu de plafond et qui soutenaient ses poignets vers le haut. Un véritable supplice qui lui était épargné seulement aux heures des repas où l'on lui enlevait seulement le bâillon de sa bouche pour qu'elle puisse manger mais sans les mains et sans même pouvoir voir ce qu'on lui servait, c'était peut-être mieux ainsi, même si ses geôliers s’amusaient à lui parler de chaire humaine ou d'autres choses moins racontable encore à chaque fois qu'elle eut fini son assiette.

La première semaine on lui laissa ses vêtements, la seconde on les lui arracha ne laissant que ses sous vêtements, la troisième on la laissa nue dans cette crasse, la rabrouant sur ses cicatrices et son état de mort vivante qui ne pouvait « qu'exciter les nécrophiles ». Jamais durant les premiers temps, elle ne laissa paraître son dégoût, mais lorsqu'elle se mit à vomir après chaque repas et qu'elle tressaillait à chaque fois qu'elle entendait le bruit du verrou de la porte. On jugea qu'elle était « mûre » pour les interrogatoires. Ils voulaient savoir qui l'envoyait et pourquoi ? Mais jamais elle ne répondit, pourtant, on lui fit subir bien plus qu'une torture à tel point que la mort était préférable à tout ce qu'elle endurait. On lui promettait parfois de la libérer, d'autre fois de l'achever, bref d'arrêter ce supplice si elle parlait. Mais elle refusait, gardant Anima à l'annulaire car l'anneau s'était évaporé de la vue de ses ravisseurs mais avait également perdu une partie de son pouvoir dans cet endroit sombre.
Le corps des gorgoroth était connu pour être plus résistant que la moyenne... on en profita pour effectuer quelques expériences totalement inutile et qui se résumait en fait être une forme de torture plus poussée que même son corps n'arrivait pas à supporter. Et au bout de chaque après midi on la rattachait dans sa cellule en lui laissant un avant goût de ce qui l'attendrait le lendemain pour qu'elle puisse méditer chaque nuit. On la vidait en permanence de son essence divine afin qu'elle ne puisse pas exercer ses pouvoirs et profiter plus facilement d'elle, quand bien même les hommes ne profitaient pas de son corps on lui fit subir d'autre atrocités dans ce registres, tant et si bien que lorsque la quatrième semaine de détention arriva, elle sombrait dans la folie, hurlant à la mort à chaque fois qu'elle entendait le verrou. Elle avait essayé de se suicider mais en vain, même avaler sa langue lui était impossible.

Tant et si bien qu'elle hurlait à la mort sans que personne ne puisse l'entendre, sans que ses muscles ne puissent la soutenir ou l'aider à s'enfuir, elle n'était plus rien qu'un morceau de chaire, un bout de viande que l'on s'amusait à torturer, à rouvrir les cicatrices et à humilier. Tout cela pour un nom qu'elle ne donna jamais.
Au terme de ce mois, les gélovigiens firent parvenir une lettre à l'attention d'Irina Dranis, où le conseil lui demandait si elle avait des nouvelles de Simalia Earil Ganiel, cette dernière étant partit pour Thémisto le conseil espérait qu'elle se soit ensuite arrêté pour aller à la rencontre de celle avec qui elle avait vécu sa précédente aventure. On lui donna les informations sur Thémisto. Les gélovigiens détachèrent un petit groupe d'homme, des mercenaires, simples instruments de leur volonté sans signe distinctif afin que personne ne soit floué... Simalia devait être récupéré dans le plus grand anonymat, l'assaut contre la prison ne serait pas possible tout comme le passage en force. Tous se firent recruté comme geoliers et gardiens, l'argent pouvait tout acheté, surtout les hommes qui passaient leur vie à surveiller des prisonniers à moitié morts. On conduisit Irina non loin de là et lui dit d'attendre, ce genre d'endroit n'était pas fait pour les femmes en règle générale, on ne l'avait pas fait pour la préserver mais uniquement parce que le moindre jupon avait pour effet de compliquer la situation dans des endroits où les hommes n'avait même plus de main pour se satisfaire. On extirpa la gorgoroth se là en usant de beaucoup d'argent et en faisant couler le moins de sang possible. On l'amena à Irina couverte pudiquement d'un simple morceau de tissus que les hommes avaient trouvé sur le chemin. Restait à savoir si la gélovigienne était encore en vie

Dans sa jeunesse d'errance et sa vie de recherche et d'exploration, Irina n'avait jamais eu l'occasion de voyager jusqu'à Umbriel. Peut être parce que personne ou presque n'y voyageait de son plein gré. Il n'y avait rien à voir dans cette sombre ville souterraine, si ce n'est des geôles et un amas confus de gens tous aussi dangereux les uns que les autres. Les bâtiments étaient sales et serrés les uns contre les autres, les rues étaient plongées dans l'obscurité et puaient la crasse et la mort, sans parler de tous les éléments dans l'air qu'elle était heureuse de ne pas pouvoir reconnaître. L'atmosphère même de ce lieu semblait viciée et corrompue, et malgré l'étendue de son esprit habituellement visionnaire, elle ne comprenait toujours pas ce qui avait poussé quelqu'un comme Simalia à se rendre dans un tel endroit.
Lorsque les Gélovigiens lui avaient appris que la gorgoroth avait fait cap sur Thémisto ou sa région cela avait été un choc, d'autant plus que les nouvelles n'étaient pas bonnes. A ce moment là, quand elle avait appris que la jeune femme était probablement prisonnière entre les mains d'on ne sait quels malfrats, son cœur avait semblé sauter un battement. Un sentiment complexe l'avait alors assaillie, dans un mélange de désespoir et d'une peur viscérale, qui par nature lui était inconnue. Cela ressemblait pourtant terriblement à ce qu'elle avait observé et analysé à d’innombrables reprises chez ses victimes. Son instinct avait toutefois pris le dessus, l'esprit indomptable et justicier d'Exanimis brûlant encore plus vivement en elle.

La suite avait été un rapide enchaînement d'événements plus ou moins contrôlés qui ne lui avait pas donné le temps de réfléchir posément. Irina s'en était donc remise à son instinct de survie et son esprit avide de vengeance, et en regardant en arrière, elle n'avait aucun regret. Infiltrer les mercenaires engagés par les Gélovigiens avait été un jeu d'enfants, notamment parce que l'Ordre était plus porté sur l'érudition que sur les magouilles politico-militaires. L'espionnage n'était pas leur fort,... Il était le sien. C'est donc avec une facilité déconcertante qu'elle avait accepté de rester à l'abri, attendant sagement la libération de Simalia en restant discrète derrière des vêtements qui ne révélaient même pas son sexe. Tout au plus paraissait-elle un peut trop petite pour un homme, mais hormis ça, personne ne l'approcherait.
Personne, pas même les autres mercenaires qui de toute façon étaient trop désireux de préserver leur propre identité pour chercher des noises à leurs alliés du jour. Ainsi déguisée elle était parée à estropier tout ceux qui lui se tiendraient entre elle et son Anima. Il n'avait pas non plus été compliqué de convaincre ses acolytes d'enduire leurs lames d'un poison qui était destiné à affaiblir leurs prédécesseurs. Ils avaient tous rapidement accepté cette aubaine de finir leur travail plus vite, et pour les deux seuls réticents, Irina avait réglé le problème en les soudoyant. L'argent sonnant et trébuchant était capable d'ouvrir toutes les portes de cette maudite ville, et pour celles qui s'obstinaient à demeurer closes... Elle se ferait un plaisir de les enfoncer.

La suite de l'opération avait été rapide, et l'horreur que lui avait suscité la découverte de la jeune femme dénudée et dans un état méconnaissable avait cédé à une rage qu'elle n'avait jamais éprouvée. Attendant donc son heure, elle avait monté la garde dans ses geôles immondes, et tué un à un tous les hommes qui avaient touché à la prisonnière. En effet leur arracher une confession n'avait pas été difficile, puisqu'ils spéculaient volontiers sur les prochains sévices au programme. Empoisonner leur nourriture et les regarder mourir en d'atroces souffrances avait été une bien maigre revanche, surtout qu'attendre et laisser Simalia continuer dans ces circonstances était une torture tout aussi cruelle.
De plus Irina ne tenait pas à ce que les Gélovigiens l'associent à ce genre de pratique, aussi son plan fut-il appuyé en libérant d'autres malheureux qui étaient enfermés là. Dans le pire des cas, l'Ordre penserait que les mercenaires avaient eu pitié de ces pauvres créatures, qui n'avaient pas tardé à tuer les gardes dès que l'occasion s'était présentée. La vérité c'est qu'ils étaient même trop faibles pour marcher seuls, mais ça, ils n'avaient pas besoin de le savoir. Ne voulant pas révéler à Simalia qu'elle était à la tête de ce groupe armé, elle intervint seulement de manière minimale.

Elle avait jeté le tissu poisseux qu'elle avait sur elle et lui avait donné sa cape noire, discrète mais d'assez bonne facture, afin de la couvrir des regards indiscrets. L'ordre avait alors été de se disperser tout en escortant Simalia, la paye convenue dépendant de leur réussite totale. Les hommes avaient alors obéi sans trop réfléchir, submergés d'une profonde terreur suscitée par ce petit bout de femme. Leurs poitrines étaient si oppressées que désobéir ne les effleura même pas, car au fond d'eux tous avaient la conviction inavouable qu'elle leur arracherait le cœur pour le manger si jamais ils échouaient.
La rouquine avait alors finalement disparu dans le dédale de ruelles, se rendant loin de leurs yeux mais restant profondément marquée dans leurs esprits. Retourner dans la sécurité de l'auberge dans laquelle elle était sensée attendre avait néanmoins été pénible, et alors qu'elle changeait de tenue, pour quelque chose de tout aussi fonctionnel et masculin, mais plus commun, la prêtresse avait attendu avec une boule au ventre, craignant que quelque chose d'horrible ne leur arrive encore.

Pourtant une demi heure plus tard, l'un des hommes lui fit signe que Simalia était entrée avec eux par la porte de derrière afin de ne pas attirer l'attention. La demoiselle était en sécurité dans une des chambres, et se reposait afin de récupérer. Irina se dirigea donc vers la chambre spartiate mais relativement propre, ignorant la fortune qu'elle avait payé pour un endroit relativement salubre. Dégageant les cheveux de Simalia afin de voir son visage, elle la regardait sérieusement, les yeux brillant de haine. Ceux qui avaient osé lui faire ça avaient connu une mort bien trop douce, et intérieurement elle pria pour que Exanimis, ou qu'il soit, puisse y remédier. La couvrant doucement, elle prit sa besace et entreprit de laver et désinfecter chacune des plaies, tout en sachant que Simalia étant donné sa condition de Gorgoroth ne risquait plus rien. Mais c'était plus fort qu'elle, faire quelque chose c'était rassurant, et si elle restait les bras croisés, elle finirait par perdre la raison.
Avec une minutie qui frisait l'obsession, Irina ne se donna pas pour satisfaite et passa un baume sur les plaies afin qu'elles guérissent plus vite. Ensuite, lorsque le tout serait terminé et qu'elle aurait tout couvert de bandages, elle la soignerait sûrement en utilisant la magie, un art qu'elle maîtrisait plutôt bien mais qu'elle n'utilisait que rarement, étant donnée la vitesse à laquelle cela l'épuisait.

« C'est fini. Tout est fini, je te le promets. » C'était un murmure qui n'attendait pas de réponse. « Tu n'aurais jamais du venir ici, et encore moins toute seule. Tu es une inconsciente et je devrais te détester pour ton irresponsabilité. » Irina baissa les yeux, dévorée par des sentiments ténébreux qui provenaient de l'anneau, mais pas seulement. « Mais je ne peux pas. »