Réunion ombrageuse

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_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Réunion ombrageuse

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeJeu 14 Nov - 20:39

Un vieillard encapuchonné marchait d’un pas rapide dans la neige tapissant encore et toujours les rues d’Hellas. Il portait une lourde caisse. Au croisement d’un patrouille, il leur fut bien aimable et les laissa même prendre une pièce de son chargement : un Carduus calor de taille moyenne que le chef goba sans hésitation mais avec satisfaction. Le vieillard continua alors sa route en clopinant, portant sa petite caisse. Son pas était lourd et maladroit dans la neige qui montait jusqu’à ses chevilles. De larges volutes de vapeur fournis s’échappaient de son écharpe.
Lorsqu’une bourrasque de vent balaya la neige derrière lui avant de le frapper, il s’était déjà raidi. Les températures étaient belles et bien nivériales et on s’étonnait toujours de voir encore des personnes sortir dans les rues. Tout le monde restait bien au chaud chez soi et aucune cheminée dans la ville ne crachait sa colonne de fumée grisâtre dans les cieux sombres de nuages. De fins flocons dégringolaient doucement du ciel qui semblait aussi compact qu’un toit.

Le vieil homme arriva au seuil d’une maison somme toute banale à première vue. Il frappa promptement et resta à se dandiner d’un pied sur l’autre en grelotant.
Pourtant, malgré la désertion des rues, l’homme remarqua que la neige au pas de cette porte était piétinée et qu’une trace de pas y venait sans en repartir. Il devait déjà y avoir quelqu’un avant lui qui avait fait ouvrir à cette heure tardive.

La porte s’ouvrit bientôt et il s’empressa de s’expliquer entre deux claquements de dents :

« S’cusez de faire entrer  le vent chez vous, m’dame ! J’ai une commande au nom de dame Lehoia, de la part de mon maître herboriste. Des plantes médicinales entre autres. »

*
À peine une heure plus tôt, dans d’autres rues mais sous les mêmes cieux.


Une silhouette courbée et clopinant s’appuyait sur une vulgaire grosse branche sèche qui faisait office de canne. Lui aussi semblait frigorifié mais son pas était moins pressé, plus peinant dans la neige. Il toussait de temps en temps et respirait avec lassitude. Un cache col trop court était précautionneusement noué autour de son cou et lui remonté jusqu’aux yeux. Sur ceux-ci tombait un bonnet trop grand et, bien que plus personne ne circulait dans les rues à cette heure, un badaud curieux l’aurait vu plisser les yeux et l’aurait entendu renifler bruyamment à intervalle régulier.

Les rues étaient sombres depuis très tôt dans la journée avec le couvert nuageux. La chape duvetée recouvrait Hellas depuis des jours sans vraiment être une gêne. Elle déversait simplement, avec délicatesse, sa poudreuse comme le ferait une bombonne, son sucre glace. La douceur du pâtissier attentionné habitait-elle Kesha lorsqu’elle saupoudrait l’immaculé blancheur sur la ville qu’elle était sensée garder ?

L’ambiance, alors que le dernier soleil se couchait à peine était cotonneuse au vu des gros mais rares flocons voletant paisiblement autour de lui.
L’homme fraya jusqu’au seuil d’une maison aux fenêtres allumées. Mais il ne semblait pas y être arrivé par hasard. Pris d’une soudaine quinte de toux, il mit un moment avant de frapper. Et lorsqu’on ouvrit, d’une voix déraillée, il réussit à faire entendre qu’il était fort contrit de la gêne occasionné et de celle qui l’habité. Depuis plusieurs jours déjà, un mal inconnu le rongeait. Il n’estimait pas les souffrances bien graves. Du moins pas assez pour aller déranger le temple tout  entier.
Ainsi, il préférait venir, en toute discrétion et en espérant déranger le moins de monde possible, dans cette petite herboristerie.

Et durant ses dires, il s’était appliqué à dominer son regard derrière ses petits yeux plissés. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de jeter des regards à l’intérieur pour autant qu’on le lui permettait.
Était-ce par curiosité ou par réel intérêt ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeDim 17 Nov - 18:08

La missive à moitié gelée entre ses mains, Irina regardait encore par la fenêtre, sans pourtant nourrir l'espoir d'apercevoir le messager. Elle savait qu'il était parti depuis longtemps, mais n'arrivait pas à se motiver à bouger de là. Son cerveau en ébullition semblait paralyser son corps fatigué, à tel point qu'il lui fut nécessaire d'agiter vivement la tête pour reprendre ses esprits. Le contenu de cette lettre au style lapidaire était gravé dans sa tête, et la méfiance face au danger était d'autant plus prononcée. Elle avait horreur d'impliquer d'autres gens dans ses manœuvres, seulement cette fois elle n'avait pas vraiment le choix. D'une part parce que cette décision ne lui revenait pas toujours, et d'autre part parce qu'ils étaient souvent déjà impliqués jusqu'au cou.

Othello faisait partie de ce malheureux groupe. Et aussi paradoxal que cela paraisse, ce n'était pas parce qu'elle la jugeait faible qu'Irina voulait la protéger. En fait c'était tout le contraire, la rouquine voulait  préserver ce qu'elle était parce que par un moyen qui lui échappait encore, la jeune yorkas avait réussi à la toucher. D'ailleurs tout bien réfléchi, c'était une erreur de s'attacher... Une faiblesse dangereuse qui pourrait lui coûter cher, si elle venait à être exposée. C'était sûrement pour ça que l'idée que Gardif soit au courant ne lui plaisait pas le moins du monde. Cet homme avait certes un certain don pour mener ses missions à bien, néanmoins Irina ne lui faisait toujours pas entièrement confiance, et ce ne serait probablement jamais le cas. Les circonstances de leur première rencontre étaient trop particulières pour ça. Envoyant rapidement Raven avec un message prévenant Othello de sa venue, elle avait l'esprit plus tranquille. Ce n'était pas son genre de débarquer chez les gens sans leur consentement, ou au moins dans ce cas précis, sans les avertir. C'était une fille maligne, elle comprendrait vite que c'était une urgence.

Il ne lui restait pas vraiment le choix de toute façon, car elle ne pouvait manquer ce rendez-vous et laisser Othello seule avec cet homme qui allait arriver à sa porte. Par conséquent, la prêtresse enfila sa cape la plus chaude ainsi que des gants, et se prépara mentalement à braver le froid glacial qui faisait rage dehors. Une fois la capuche rabattue sur sa chevelure flamboyante, elle n'était plus qu'une ombre invisible, une anonyme parmi tant d'autres qui se déplaçait d'un pas pressé mais discret à travers les rues de la ville. Trouver le chemin le plus court et le moins fréquenté ne fut qu'un jeu d'enfants, et en une vingtaine de minutes elle était arrivée à destination. Frappant discrètement à la porte, elle espérait qu'au moins Raven avait eu le temps de la précéder.


« Je suis désolée d'arriver à l'improviste, mais je préfère être présente et tout vous expliquer moi-même. Vous avez un moment à m'accorder ? »

Levant les yeux pour faire face à Othello, Irina continuait de faire profil bas. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'une prêtresse en visite une autre, mais elle ne tenait pas à attirer les regards malgré tout. C'était mieux pour tout le monde... Car il y avait des choses qui devaient disparaître derrière son passage... tout comme la neige venait d'effacer la trace de ses pas.
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Othello Lehoia
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeLun 18 Nov - 19:32

Le ciel sombre sonnait déjà les prémices d’étranges événements dans la ruelle calme où derrière des vitres jaunies, une herboriste officiait. Le ciel était gris depuis plusieurs jours, enfermant la ville dans un écrin brumeux comme il le faisait si souvent, et ne laissant aux habitants qu’une gerbe d’espoir de bientôt revoir apparaître un peu d’azur. Comme d’habitude, les rues étaient blanches, cette fois-ci un peu plus lourdement que d’habitude, la couverture nuageuse crachait encore, de temps à autres, ses larmes étoilées qui volaient à grosses larmes de ci, de là à travers toute la citée. Peur de personne n’osait s’aventurer dans les rues, même si l’on croisait quand même quelques hères suffisamment braves pour oser combattre le vent et le froid pour mener à bien leur mission. Arrivée il y avait des heures de cela, une jeune femme recouverte d’une épaisse cape de velours bleutés avait été l’un deux, s’abritant maladroitement sous sa capuche bordée de fourrure, ayant définitivement abandonnée l’idée de rattraper ses longues mèches blanches qui avaient choisis la fuit plutôt que la protection du tissus.

Et le temps avait passé lentement dans cette étonnante boutique où l’air marin était plus odorant que les plantes exposées. Du petit matin jusqu’à la fin de journée, à voir l’eau bouillir lentement, les petites bulles poindre une par une à la surface de l’imposant chaudron remplie d’un liquide jaunâtre. Cette époque de l’année était particulièrement rude dans la cité des glaces, et beaucoup des personnes qui venaient quérir ses soins étaient victimes des températures négatives et des vents glacials. Et après une pandémie qui avait transmis la mort à tant d’âmes et la souffrance à autant d’autres, nombreux étaient ceux à venir se rassurer auprès de la soigneuse. D’avoir son avis, un remède… Ou s’assurer qu’ils étaient tout simplement encore de ce monde quand tant des leurs l’avaient quitté. Vêtue d’une de ses habituelles robes immaculées, la demoiselle, cachée tout de même sous un châle de voile, faisait tout son possible pour essayer de combattre le froid qui commençait à s’infiltrer dans sa boutique, massant parfois sa peau de nacre avec des volutes de vapeurs. Sa crinière animale et bouclée avait été relevée en un chignon épais et grossier, comme à chaque fois où elle travailler ainsi. Faire des potions, encore et encore… Les clients n’étaient pas nombreux, à l’inverse des flocons qui dansaient éternellement sous la lumière blanche leur valse intemporelle.

Pourtant, toute la journée, toutes ces heures à passer derrière des halos de brume, l’hybride les avait passées avec une sensation étrange agrippée au fond de ses entrailles. Une sorte d’appréhension. Une attente. La veille, on l’avait prévenu qu’une cargaison arriverait à son attention dans le courant de la journée. Mais celle-ci semblait trop imprévisible pour être anodine. Le nom d’Irina, écrit rapidement, lui laissait pensé que cette affaire concerné de prêt ou de loin ses desseins, sans qu’’elle ne puisse valide quoique ce soit. Quoiqu’il y ait dans la boîte, celle-ci était entourée de mystère. Les pensées pleins de cette future visite, elle avait fait dansé ses doigts entre les plantes et les herbes, espérant ce sortir ce sentiment de crainte de l’esprit : en vain. Une nouvelle lettre vint confirmer ses attentes. Ecrite de la Flamboyante elle-même, livrée par son plus fidèle messager, annonçant sa venue un peu plus tard. Quelque chose était définitivement en marche… A sa vue, la demoiselle avait relevé son visage de verre vers les carreaux dépolies qui composaient sa fenêtre, toujours plus agressée par une fine pellicule de givre. Quelque chose approchait.

C’est à quelques minutes de la fermeture qu’une première présence se manifesta. Presque aucun client ne s’était déplacé ce jour-là, et alors que le froid devenait de plus en plus rude, l’hybride ne s’attendait plus à voir un client. Aussi alla-t-elle vers la porte le visage neutre d’une poupée de porcelaine vissé à sa figure. N’importe qui aurait pu se trouver derrière cette porte. Irina, le colis, quiconque relié de prêt ou de loin à ces individus, un simple client… Et c’est avec un pas pressé qu’elle rejoint la port, anxieuse, froide, avide de savoir qui se cachait par le bois, et quelle figure allait bientôt croiser la sienne. Et à tout surprise, c’était la plus rassurante qui se présenta d’abord à elle. Abritant son visage des regards et son regard du monde, Irina se tenait sur le pas de la porte, abritée du froid, mais l’air bien plus touché et plus éprouvé que le sien. Dans ses mains se tenait une lettre, et le papier froissé laissa entendre à la demoiselle qu’elle avait dû la tenir de longues minutes, et l’ouvrir de nombreuses fois. Voir la dame ainsi était déstabilisant, aussi l’océanide l’invita immédiatement, l’air soudain inquiet, comme si la crainte de la flamboyante était contagieuse.


« - Vous êtes ici chez vous, et le temps ne manque pas. Rentrez je vous en prie, le froid peut vite être dangereux… »

Rien ne semblait pouvoir empêcher les épaisses bourrasques de vent de souffler dehors, emportant avec elles de longues trainées blanches et scintillantes. Irina avait été fragilisée par les derniers évènements. Et un simple regard sur son ventre arrondi en disait long : mieux valait ne pas la laisser dans le froid dévorant du pays des glaces. Dès qu’elle fut dedans, elle lui proposa de quoi se réchauffer, et la conduisit jusqu’à l’arrière-boutique. Suprêmement, elle n’eut pas le temps d’attendre le couloir qui y menait. Une autre présence s’engouffra dans la boutique, à l’abri des rafales. Mais cette présence n’avait rien à voir avec la flamboyante, et encore avec leur affaire. A bien la regarder, elle ne pouvait rien dire de lui si ce n’était que c’était un homme. Drapé des pieds jusqu’à la tête, prenant soin d’abriter toute parcelle de son visage si ce n’est deux yeux à demi-clos, plissé par les lames du vent, la peau rougie. Un client surement. La blanche, derrière son visage de verre, n’était pas du genre à laisser un homme apparemment malade dehors sous prétexte d’avoir une invitée, et que l’heure de la fermeture approchait à grand pas. Il fut aussi invité à rentrer dans la boutique, et reçut le même accueil que la femme de feu.

Et les minutes s’écoulèrent, petit à petit, jusqu’à ce qu’un tambourinement raisonne dans l’air froid du soir. Le colis… Finalement, il était presque sortit de son esprit. Comme un fantôme, elle ouvrit une troisième fois la porte pour voir le visage buriné d’un homme mûr, le pourpre aux joues, et ressenti l’immédiate aigreur de quelqu’un sur la défensive. La sirène n’aimait déjà pas beaucoup cet homme… Aussi récupéra-t-elle très vite la boîte qu’il lui tendait, et qui dégageait déjà son odeur fleurie.


A cet instant, elle ne savait pas encore que tous les protagonistes de l’histoire était réunis, et que la dame de Feu et le mystérieux malade se connaissait d’ors et déjà. Refermant la porte derrière elle, elle se retourna alors, faisant face à cette réunion d’esprits, alors que dehors, de plus épais flocons s’étaient remis à danser.

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeVen 22 Nov - 0:11

Irina avait une expression aussi placide et neutre qu'à son habitude, mais intérieurement ce n'était pas la même histoire. Un pressentiment inexplicable l'animait sans qu'elle puisse se l'expliquer. C'était peut-être un sixième sens qu'elle avait développé au fur et à mesure des années, à force d'expérience et d'une vie tumultueuse... Ou bien les lubies d'une femme enceinte qui voyait le mal partout. Dans tous les cas cette impression ne la quittait pas et comme à son habitude elle se fiait toujours à son instinct dans ce genre de situations. C'était grâce à ce dernier qu'elle était encore en vie, et elle lui devait trop de choses pour se permettre de l'ignorer.

Faisant donc face à son apprentie, elle inclina la tête pour la saluer et la remercia de son accueil. Soulagée d'être à nouveau au chaud, elle retira sa capuche et puis sa cape. Il faisait agréable dans l'arrière boutique, et il était de normal de prendre toutes les précautions pour ne pas tomber malade. Au demeurant elle laissait voir la robe à manches longues qui recouvrait son corps jusqu'aux chevilles, d'un tissu mat couleur émeraude. Ce n'était pas très fréquent de la voir habillée d'autre chose que des tuniques de prêtresse, seulement ces dernières n'étaient plus vraiment adaptées à son ventre rond, alors il avait bien fallu qu'elle s'adapte. Heureusement Clypsène veillait au grain et l'avait forcée à faire quelques dépenses qu'Irina jugeait trop luxueuses pour la vie simple qu'elle menait. Mais il fallait bien l'avouer, c'était agréable d'être plus à l'aise et au chaud. Prenant place assise comme on l'avait invitée à le faire, la demoiselle soupira.


« Ça fait longtemps que nous n'avons pas vraiment eu le temps de discuter toutes les deux et... »

Le bruit de quelqu'un qui frappe à la porte l'interrompit, l'empêchant d'entamer une conversation. Suite à cela, les interruptions s'enchaînèrent. Un homme puis un autre entrèrent, bien qu'un seul d'entre eux soit resté. Entendant les voix mais ne voulant pas s'immiscer sans une bonne raison, l'ardente resta sagement assise, bien qu'elle se permettre de tendre l'oreille. C'était une question de sécurité et non juste de curiosité comme on pourrait le croire. Guettant les voix et espérant ne pas entendre tout de suite celle de  Gardif, Irina se tenait en alerte. Faisant tourner Exanimis à son doigt d'un réflexe machinal, le serpentine attendait... et se ferait lionne si jamais sa protégée venait à être en danger.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeDim 1 Déc - 14:46

L’homme courbé suivit la gérante dans la boutique, déposant avec lenteur et lassitude son appui dans l’entrée au passage. Il claudiqua jusque dans la boutique. On lui proposa ce qu’il identifia comme un bouillon. Il remercia son hôte avec un léger grognement qui se voulait aimable et s’assit dans un coin.
Gardant sa capuche et se tenant toujours courbé, il se trouvait ainsi toujours caché au regard de l’herboriste, peut-être pas de manière tant anodine qu’on aurait pu le croire.
Baissant son cache nez, il sirota sans appétit son breuvage dont il fut obligé d’apprécier la chaleur dégoulinante au fond de son corps. Ses doigts mêmes, mal couverts par des mitaines élimées, commençaient à se réchauffer.


« Z’avez du monde un peu, en c’moment ? »

Sa voix s’était faite moins rauque. Dans l’arrière-boutique, il ne savait s’il avait vu quelque chose ou si une étrange onde provenait de la porte entrebâillée, mais il avait sentait son regard attiré par-delà l’ouverture.

Après quelques gorgées, il se souvint qu’il venait pour un traitement, aussi, il commença à exposer ses maux. Rien de bien grave, comme il l’avait déjà annoncé. Quelques douleurs abdominales, une toux légère mais régulière, un nez encombré et une fatigue pesante.
Entre les reniflements périodiques et des déraillements de la voix, elle reprenait à l’occasion un timbre qui raisonnait jusque dans l’arrière-salle avec des échos familiers.

Mais à peine eut-il fini son exposé qu’on frappa à la porte. Dame Lehoia s’en alla ouvrir et l’homme resta là, courbé et toujours sirotant, les yeux indubitablement tourné vers cette porte du fond qui lui semblait intéressante sans qu’il n’y voit de raison équivoque.

Sur le perron, le livreur livra sa livraison et se vit délivré de sa mission…. Pourtant, lorsque la porte se referma, il la retint avant qu’elle ne claque complètement et passa une tête à l’intérieur, son visage buriné tout sourire et confusion.


« S’cusez, mamzelle, mais dehors, y fait plus froid que dans la baie des échouée ! M’en voudrais d’ vous commander mais j’ prendrai bien un petit truc chaud avant de repartir… C’est que j’ai un peu de route vous savez ? Et je sens plus ni mes doigts des mains, ni ceux des pieds ! Allez, Un beau geste ! »

Dans la salle, le malade tourna un peu la tête, rêtant soudain une attention tout à fait nouvelle à cet évènement.
Il se dégageait désormais une tout autre aura de lui. On ne percevait plus de fragilité ou de misère à le regardait. On aurait cru un fauve dérangé au point d’eau.

L’attitude du livreur lui semblait peut-être sujette à méfiance… Après tout, si ce vieillard avait quelque chose de mauvais en tête, il était du devoir de ce souffreteux d’empêcher qu’une telle chose arrive à une protégée de Dame Irina. Après tout, ne lui avait-il pas juré serment ?
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeLun 30 Déc - 0:44

Plus les secondes passaient, plus l’action devenait confuse aux yeux irisés de la tenante des lieux. Alors que la porte se refermait sur le livreur frileux, son pied bloqua sèchement le mécanisme. Une rafale sonore s’engouffra dans la pièce déjà refroidie… Bien trop de choses arrivaient à cet instant. Trop de visages, de faciès aussi amicaux, camouflés et grossiers qui se bousculaient alors que la sirène était interloqué par ce qu’avait fait le vieillard. Et pendant qu’elle le regardait incrédule et sans comprendre, ses petits bras maigres enlaçant maladroitement la boîte livrée. Un éclair de doute passait toujours. Etait-il amical, lui aussi ? Etait-il lié à la suite des évènements ? Sa voix tenta une sortie aussi timide que courte, s’évasant immédiatement avant de s’éteindre avant même la fin de la première syllabe. Ses yeux scintillants parcoururent sa boutique, tombant alors sur le mystérieux encapuchonné, à l’attitude soudain différente et féroce, prêt à bondir – à sa rescousse ? Etait-ce mauvais signe ?-, avant de revenir sur la masse de bois de bas en haut. La rue visible, les flocons qui tombaient… Le corps recouverts du vieil homme… Et son lourd pied qui bloquait, infâme, la porte qui leur servait de rempart contre ce froid nocif. C’était suffisant pour qu’elle se ressaisisse et reprenne sur son ton sec et agacé, osant sortir de son vide habituel. La situation commençait à l’inquiéter, au point de vouloir le faire partir le plus vite possible.

« - Les liquides que vous pourrez avoir ici sont réservés aux souffrants et aux malades… Et mis à part votre âge décrépis, vous n’êtes ni l’un ni l’autre. Le blizzard ne sera sans doute pas trop dur à affronter jusqu’à votre office, où j’apprécierai que vous retourniez, certaines personnes ont besoin de soin. Maintenant, je vous remercie encore mais soyez raisonnable et retirez votre pied, vous empêchez un homme de retrouver un peu de chaleur. »

Son ton se voulait autoritaire pour une personne de son apparence. Les mots, les expressions avaient toujours été un moment pénible pour la demoiselle qui souffrait toujours de devoir s’exprimer en publique. Et cet homme ne faisait pas exception à la règle, bien au contraire. Son visage bossu, ses traits tirés… Qui qu’il soit, il était loin d’inspirer la confiance. Ses rides, ce sourire où des dents jaunies et usés vous renvoient l’image perturbé et trouble d’un corps blanc soudain ocre et de vos traits déformés, ses lèvres gercées… Othello ne doutait pas que le froid dehors pouvait être dangereux, bien au contraire, c’était une de ses maîtrises. Habituellement, elle n’aurait jamais laissé quelqu’un repartir dans la brise sans aide préalable, ou sans quelques minutes de repos. Mais ces yeux vitreux ne lui disait rien qui vaille. Une tension se dégageait de se livreur obscur. Etait-ce ce soir qui lui donnait au fond du cœur un sentiment de paranoïa ? Une chose était sûr, il était difficile pour elle de conserver devant lui un visage aussi courageux qu’elle le voulait, alors qu’habituellement, il était impossible de lui arracher le moindre sentiment.

Mais elle devait bien essayer de conserver cet expression vide qu’elle avait toujours. Car le vieillard la scrutait à présent attentivement, essayant de détecter la faille dans son attitude qui pourrait le pousser à tenter une nouvelle fois de perturber cet ambiance déjà tendu de sa présence dérangeante. Tant bien que mal, elle bravait son regard comme l’aurait fait la dame de Feu. Certainement aurait-elle déjà fait fuir le vigoureux livreur d’un geste de la main. Son caractère était tel qu’il dégageait naturellement le respect, la menant en tête de toute opération. Pour la pâle yorka, c’était le contraire. Elle n’était qu’une obéissante créature, aux traits animaux qui la faisait bien plus passer pour une esclave docile que pour une femme d’autorité. La dernière chose qui pouvait la sauver était ses yeux vides et sa figure de porcelaine qui l’avait souvent fait passer pour une poupée de mépris et d’inintérêt. En quelques souffles, c’était fait. Sa peau de nacre aux muscles détendus, froid et purs… Comme ci, réellement, elle n’avait aucune envie de connaître le sort du vieux postier. Celui-ci plongea toute l’assemblée dans le silence pendant quelques minutes, avant de finalement, elle l’espérait, perdre patiente et retourner au blizzard. Gardant fermement la boîte contre elle, elle le regarda d’un dernier coup d’œil vorace avant que le poids qui retint la porte ne finit par disparaitre, l’emportant avec lui dans la cohue des flocons.

Il ne restait à présent qu’à épousseter l’affaire, à tirer les différents fils qui articulaient les marionnettes, rôles titres d’une épopée qui lui était encore inconnue. Comme encore marquée par ce qu’elle venait de voir, et son mental encore chaud et menacée, la dame, en bête humaine qu’elle était, resta immobile quelques secondes de plus, les oreilles droites et tendues comme des baguettes, et le regard absent plongé dans le néant à contempler la vitre, n’attendant plus rien que le calme et le bruit des étoiles que le vent faisait tomber jusqu’au sol blanc.



/Hrp/ Pardons pour ce mois d’attente, j’ai été un peu confuse par l’action… J’espère ne pas vous avoir perdus ^^’’ /Hrp/
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeVen 3 Jan - 4:24

C'était plus fort qu'elle. Au départ Irina avait voulu faire preuve de retenue et de politesse, mais la curiosité, et plus exactement l'inquiétude avaient eu raison de sa résolution de ne pas interférer. Levée avant même d'avoir pu s'en rendre compte, elle avait quitté l'arrière boutique. Les voix lui étaient parvenues, et comme le vent trahissait toujours la porte encore ouverte, elle avait décidé de discrètement jeter un coup d’œil à ce qui se passait. Si d'un côté sa protégée avait dignement pris le contrôle de la situation, à son grand soulagement, elle constata également que le visiteur peu agréable n'était pas Gardif. Cela leur laissait un peu de temps pour discuter... et ce n'était pas plus mal. Enfin... plus ou moins, car elle en avait oublié l'homme que la sirène avait déjà fait entrer. Tombant nez à nez avec l'inconnu, elle ouvrit la bouche et la referma aussitôt, un peu gênée.

« Je suis désolée, je ne voulais pas interrompre votre repos. Faites comme si je n'étais pas là. »

Habillée en civile comme elle était, parée d'une simple robe noire, elle espéra ne pas être reconnue. Non que rencontrer une prêtresse chez une autre soit étrange, mais simplement l'anonymat avait du bon parfois. Attirer l'attention n'était pas dans ses habitudes après tout. Néanmoins puisqu'il était là elle ne pouvait l'ignorer, et ne voyait pas comment retrouver son siège dans l'arrière boutique sans avoir l'air encore plus bizarre. Haussant finalement les épaules, sans chercher à s'enquérir sur l'identité du nouvel arrivant qu'elle prenait pour un citoyen de passage, elle se proposa naturellement de le resservir.  Elle avait l'impression d'avoir déjà entendu cette voix quelque part, mais ne parvenait pas à la situer. En outre, il était visiblement malade, alors autant endosser son rôle comme il se devait. Passant derrière ce dernier sans pour autant le regarder en attendant le retour d'Othello, Irina osa enfin lever les yeux vers l'inconnu. Clignant des yeux plusieurs fois, elle vit ce visage frigorifié qui ne lui était pas étranger. Luttant pour ne pas en faire tomber le bol de bouillon, Irina s'était exclamée sans réfléchir.

« Vous ?! »

Puis se rendant compte du côté incongru de sa réaction, elle fronça les sourcils. Il fallait qu'elle se rattrape après cette interpellation plutôt... particulière. « Comme on se retrouve... » Certes ce ne serait pas la remarque la plus intelligente qu'il lui ait été donné de proférer, mais c'était la seule chose qui lui vienne à l'esprit. N'étant pas la maîtresse des lieux, elle se voyait mal lui demander ce qu'il faisait là, bien qu'évidemment il lui brûle de le savoir. Car étrangement elle avait du mal à croire que tout cela ne soit qu'une coïncidence...


[HRP: Je fais simple ce tour-ci, je laisse Veto relancer ça XD Si quelque chose ne va pas dites-le moi et j'éditerai ^^]
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeMar 7 Jan - 23:21

[HRP]Désolé… Je me suis montré beaucoup trop mystérieux. À la réflexion, il me semble évident maintenant que je me suis enfermé dans ma propre intrigue, vous laissant dans l’obscurité totale.^^
Je vais donc donner un petit coup de pied dans l’affaire pour vous donner enfin matière à rebondir, j’espère.^_^’[/HRP]


Le vieillard à la table resta un moment à fixer la porte alors que celle-ci se refermait. Par une fenêtre, il aperçut un groupe de silhouettes passant à travers les flocons et se dirigeant vers l’entrée de la boutique.
Et dans son esprit, le vieillard encapuchonnait sentit quelque chose s’insinuer.

*Une patrouille approche. Soyez sûr, mais vite.*

Alors son attention se reporta à la grande prêtresse qui était restée tapie dans l’arrière-boutique depuis son entrée. Dès qu’elle était entrée dans la pièce avec lui, ses yeux l’avaient harponnée comme un chasseur de requin rancunier fait feu sur la bête qu’il rêve de retrouver depuis qu’elle lui a dérobé sa jambe. Le souffreteux l’avait écoutée parler, l’avait regardée se déplacer, s’était imprégné de sa présence ; s’assurant de sa réelle identité. Il n’y avait aucun doute. Sa voix, son parfum, sa prestance… Jusqu’à son aura. Ça ne pouvait être qu’elle.
Même sa réaction lorsqu’elle le reconnut ne lui sembla pas moins naturelle qu’elle aurait due l’être la connaissant.

Un sourire se dessina alors sur son visage et il se leva, délaissant breuvage et faux-semblant. Plus rien dans sa voix n’avait trait à la comédie qu’il avait joué jusqu’à maintenant. Le capuchon rabattu sur ses épaules découvrait désormais sa tignasse blonde bien taillée et des traits fins. Sur ce visage d’éphèbe, on pouvait lire les reliquats d’une innocence encore intact il y avait si peu de temps de cela… Mais désormais une lueur de maturité, de gravité se lisait dans ses yeux et la mince ride qui se creusait lentement entre ses sourcils.


« Ma Dame, pourriez-vous appuyer mes dires lorsque je m’apprête à expliquer à votre disciple qu’elle vient de congédier celui que vous êtes venu rencontrer chez elle ? Croyez-moi, toute deux, nous devrions le laisser entrer. »

Il se décala légèrement du champ de vision qu’offrait la porte jusqu’à l’intérieur de la salle et retira le vieux manteau à capuche. Cette vieille fripe l’avait trop longtemps tassé et révéla une tenue tout aussi humble et discrète. Mais celle-ci rendez cependant toute sa prestance au militaire bien entraîné.
Il salua humblement l’hôtesse de la boutique. Cela faisait déjà quelques mois qu’ils s’étaient rencontré pour la première et unique fois, en Noathis. Si proches tous deux de la même personne et pourtant si inconnus l’un de l’autre ; côtoyant les mêmes lieux sans jamais se croiser pourtant …


« Dame Lehoia, permettez-moi de faire entrer celui que nous attendions pour commencer cette réunion ? Sa présence derrière cette porte restant close va lui attirer des ennuis avec la Garde. Permettez que je vous débarrasse ? »

Évitant soigneusement les fenêtres et toujours l’aire que l’ouverture de la porte pourrait révéler depuis l’extérieur, il vint prendre la caisse de livraison et, avec un sourire apaisant et des gestes lents et calme, il saisit doucement la poignée, laissant à nouveau entrer le froid. Rien dans son action ne s’était voulu pressant ou impérial envers la Yorka. Il avait toujours pris garde à ce qu’elle comprenne ce qu’il voulait faire et n’avait agis qu’en sentant une certaine approbation, si ce n’est une résignation, de sa part.

Dehors, le vieillard était pris d’une quinte de toux violente qui tenait à distance les gardes.


« Craignaient rien, aheu !, les gars. Aheu ! M’dame Lehoia va me… Aheu, aheu ! Va me soigner ça en moins de deux ! B’ Soir ! »

Mais alors qu’il passait la porte, le vieillard jeta un coup d’œil furtif à Veto –car c’était bien lui, vous l’aurez deviné. Celui-ci sentit immédiatement l’infiltration spirituel récidiver dans son esprit.
*Tout va bien ?*


La porte se referma et le vieillard tourna un visage contrit mais sincère vers chaque personne présente dans la pièce.

« Tout va bien, Major. Elles sont bien celles qu'elles semblent être. Vous devriez faire de même si vous ne voulez pas qu’elles vous refoulent à l’extérieur.
-Bien ! »

Sa voix avait changé du tout au tout. Plus assurée, plus ferme… Le vieillard fit quelques pas et retira à son tour capuchon et mante, prenant garde à ne pas mettre de neige n’importe où, restant toujours dans l’entrée. Mais en l’espace de cette simple action, lorsque son visage apparut de nouveau, il n’était plus celui d’un vieillard. Son allure générale avait elle-même changée. Un homme brun de bonne stature au visage charmant se tenait debout en lieu et place du livreur. Il avait la même taille que Veto –à moins qu’il ne soit plus grand– et se tenait aussi droit que lui. Les deux militaires dans l’entrée semblaient taillés du même rock. Mais leurs vêtements n’avait rien de militaire ou d’appareillés comme il aurait dû en être normalement. L’uniforme bleu avait cédé la place à ces hardes et ils semblaient être tous deux sortis d’un élevage de Bufflons, deux paysans : même carrure, mêmes vêtements ; mais ce port de tête intransigeant trahissait désormais leur éducation militaire.

Veto se tenait légèrement en retrait et attendait de voir ce qui allait se passer. Gardif plia sa mante sous le bras et salua respectueusement la Grande Prêtresse puis l’hôtesse de maison. Il s’adressa d’abord à cette dernière.


« Je me présente. Major Gardif. Garde Cimmérien du Corps Municipal. Initialement pion d’Elerina sur le grand Échéquier où votre Mentor joue également ainsi que le Maire. Je me suis rallié désormais au parti de Dame Dranis. Veuillez excuser cette intrusion dans votre demeure : il m’a semblé indispensable de trouver un lieu éloigné du temple, sûre pour Dame Dranis et relativement anodin. Ici, il semble normal de voir des prêtresses se rencontrer ainsi que des quidams de passage. Vous comprendrez donc le déguisement et l’illusion que j’avais projetés sur moi-même pour me présenter ici incognito.
« Je vous présente le Sergent Havelle. »

À nouveau, Veto s’inclina devant Othello et il compléta lui-même son introduction.

« Du corps Territorial. Moi-aussi, je suis rangé du côté de Dame Dranis. Le Major m’a contacté, sachant mon dévouement pour notre cause. Je devais reconnaître les lieux avant son arrivée. Mon rôle était notamment de m’assurer, contrairement à nous, personne n’avait pris de fausses apparences. Je suis certain de l’identité de Dame Dranis. Pour ce qui est de la vôtre, je fais confiance au jugement de la Grande Prêtresse. Je suppose qu’elle vous aurait démasqué si vous n’étiez pas vraiment sa protégée mais l’un de nos ennemis déguisé.
« De plus, si ça avait été un guet-à-pan, il semblait plus sûr de ne pas s’y présenter seul. Désormais pleinement impliqués dans ces jeux de faux-semblant, nous avons préféré jouer la carte de la prudence.
-Exactement. Désormais, vous savez tout au sujet de notre supercherie. Encore une fois, veuillez nous en excuser. Je vous propose de passer dans un lieu moins exposé à la rue par ces fenêtres. L’arrière-boutique, peut-être ? »

Sans attendre de réponse –impatient de se mettre à l’abri des regards indiscrets sa véritable identité maintenant bien trop visible à son goût– Gardif se hâta de rejoindre cette autre pièce. Veto, portant toujours la caisse, verrouilla la porte d’entrée et puis attendit de pouvoir suivre les deux prêtresses. Il jetait cependant régulièrement un coup d’œil aux carreaux des vitres à la base desquelles la neige venait doucement s’accoler.

« Après vous, Mes Dames, s’il vous plait. »

Toujours, sa voix restait polie et sincère.

[HRP]Cette ouverture vous convient-elle ? Je pourrais emmener tout le monde dans l’arrière-boutique et commencer les explications du pourquoi de notre présence à tous ici mais je vous vole déjà pas mal la réplique. Je suppose que vous voudrez réagir avant d’aller plus loin, ou tout du moins reprendre le contrôle de vos propres personnages.^^[/HRP]

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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeDim 12 Jan - 14:28

Jamais plus qu’à cet instant, durant toute une existence de supercherie et de mensonges, derrière un visage de cire et des yeux de glace, la demoiselle n’eut la sensation d’avoir été, l’espace d’une heure tout au plus, une marionnette savamment manipulée, alors que la boîte pleine s’élevait progressivement de ses mains jusqu’à ce que son poids ait complètement disparu. Regardant sans comprendre les choses bouger, elle regarda son malade devenir un homme de stature exemplaire, à la santé apparente, lui souffler quelques mots qu’elle ne comprit pas dans l’incompréhension, et dans le flou opaque qui engourdit son esprit comme une nappe de brouillard qui descend sur la mer. Sa voix robuste, les termes qu’il avait choisis… Cela sonnait comme une langue étrangère, des arabesques vocales aussi improbables que familières et que son cerveau n’avait pas décodé. Seuls ses yeux lui renvoyaient des images fiables. Irina, revenue de son abri de fortune au fond de la boutique, les gestes, les regards noyés de pensées familières envers la tignasse blonde et propre du jeune homme qui signalait qu’elle le connaissait bien, et qu’elle ne se méfiait pas de lui. Lui non plus n’avait pas de gestes menaçants, bien au contraire. Et pourtant, ses yeux coulèrent, deux pupilles noirs et creuses, vidées, jusqu’à ses mains où elle pouvait presque voir les fils qui l’articulaient avec une aigre sensation de déjà-vu.

Alors que les traits de sa face tremblaient sous l’éternel danse des flocons qui faisaient valser la lumière, Othello regretta de n’avoir autour d’elle la présence de son majestueux félin. Il n’aurait rien fait, mais son instinct protecteur l’aurait aidé. Car alors qu’elle suivait le moindre faits et gestes de l’excellent comédien, son esprit troublé avait du mal à distinguer le vrai du faux, la menace de l’amical. Telle était la cruelle nature d’une hybride : l’homme et sa raison contre la bête et sa nature, un miasme éternel d’oppositions enfermés dans la même enveloppe, livrée aux doutes et aux interrogations. Son unique repère étant la Flamboyante, elle la cherchait du regard, essayant de trouver dans ses yeux un semblant d’explication. Mais sans aucuns mots d’elle, ses yeux sombres retournèrent sur le protagoniste, la livraison toujours fermement en main. Ce n’était ni une carrure, ni un ton classique… Il ne pouvait être que noble ou militaire pour avoir cette prestance et ce physique. Soudain, des rafales de voix éclatèrent dans la rue, se mêlant au bourrasque qui hantaient la boutique sous forme de cris sinistres.

Puis entra une troisième fois le vieillard, l’œil bien plus hagards et interrogateurs que plus tôt. Dans les premiers instants, l’esprit tempétueux de la naïade ne fit que s’outrer un peu plus en constatant que le personnage les fouillait du regard, et les dévisageait comme si elles étaient le danger dans cette pièce. Mais il n’y avait personne d’autre qu’une élégante femme enceinte, semi-dirigeante d’un ordre religieux populaire et saint, et une anonyme aux cheveux blanc, les deux sans armes ni désir de violence. Renvoyant vers lui un regard presque sombre –plus que ses yeux, serait-il – elle entendit soudain intervenir une nouvelle fois le comédien, qui sous ses cheveux blonds de cendre confia au vieillard de se révéler. Tant de mystère, peut-être même trop, qui noyait une fois de plus la dame de glace… Le visage bourru, âgé de celui qui venait de passer la porte, ses petits yeux moqueurs et plissés, son dos courbé, tassé… Ils disparurent complètement, s’évaporant dans l’air froid du soir, rejoignant les brises pour laisser derrière eux un grand homme brun, aussi droit et stoïque que son comparse derrière lui, et habillé de la même façon.

Ses cheveux finement taillés et son visage angélique venaient-ils réellement de cet homme chancelant et âgé ? Ces yeux droits et valeureux venaient-ils du même vieillard ? C’était forcément l’œuvre d’une magie, d’une illusion puissante. Le plus ironique était qu’elle la maîtrisait aussi… Le voir se transformer ainsi voulait dire deux choses qui contraignaient une fois de plus son originelle dualité. Et encore une fois, alors que l’animal criait à la menace, la femme était tentée de croire que ces hommes n’étaient là que pour parfaire le plan d’origine. Trop d’éléments entraient en collision en cette soirée, trop de zones d’ombre laissées obscures pour la jeune yorka qui avait du mal à distinguer ce qui faisait partie des évènements, de ce qui pouvait être un imprévu mal venu. Une seule personne avait d’ores et déjà reçue toute sa confiance, et toute son admiration dans ce petit local dont la température avait déjà bien baissé, conséquence involontaire de l’hybride qui manipulait le froid sans s’en rendre compte comme un mécanisme de défense pour une créature en danger. Elle se trouvait non loin d’elle, dans le fond de la pièce, et elle ne voyait de son visage que quelques mèches rousses et majestueuses.

Discrètement, Othello tourna son regard vers elle alors que le nouveau venu pliait sa capeline sous son bras. Rien dans ses yeux, ni sur son visage élégant n’indiquait une trace de méfiance. Elle connaissait déjà le jeune homme blond. Le brun ne semblait pas lui être une menace non plus… Le connaissait-elle aussi ? Irina était un des piliers du théâtre d’origine. Son attitude et ses mots étaient paroles d’or pour la petite dame de neige qui faisait de son mieux pour l’aider et l’assister, et la suivre dans ses décisions pour arriver à renverser les forces et les lois. Ses yeux étaient calme, son attitude l’était tout autant. Elle faisait confiance en ces hommes. Faisaient-ils ainsi partit du plan d’origine ? La sirène s’enferma un peu plus dans sa prison de silence, décidant de suivre la Dame de feu dans ses choix, et de taire sa faute. Si ils étaient eux aussi mêlés à cette réunion nocturne, alors elle avait commis l’impaire d’évincer par deux fois l’un des principaux protagonistes de la scène. A présent, le moins qu’elle puisse faire pour sa racheter était de leur tendre une oreille attentive et d’obéir docilement. C’est à cet instant que le plus grand des deux soldats se tourna vers elle pour lui parler directement.

Il s’appelait Gardif, et était bien l’un des soldats qui gardaient la cité. Ou garde, plus précisément. Pendant quelques secondes, elle fixa ses yeux s’illuminait quand il parlait, traduisant son sens de l’honneur et du détail, son respect des lois et ses valeurs chevalières. Alors lui aussi avait été un des pions de la Sainte hypocrite. Voilà un point commun qui les unissait déjà. Plus il parlait, plus il paraissait différent du vieillard qui avait surgit dans la boutique quelques minutes plus tôt. Difficile de croire que les deux hommes étaient les mêmes. Puis, alors qu’il continuait son discours, ses pupilles d’ébènes glissèrent vers son compère, en retrait par rapport à lui, son visage clair proche de l’adolescence, mais qui portait une gravité qui empêchait toute tentative pour lui donner un âge. Ses mèches claires et bien rangées, cette cicatrice étrange qui marquait son front comme un emblème… Nul doute, la sirène l’avait déjà croisé quelque part, dans un lointain passé ou alors très proche, elle ne saurait le dire. Peu après, il prit la parole à son tour, confirmant ses pensées qu’elle l’avait déjà rencontré quelque part, et qu’elle avait déjà entendu sa voix grave. Une fois tous deux présentés comme des gardes, même s’étant incliné pour l’un, la demoiselle baissa finalement sa garde, ses pupilles rétractés et apaisés.

Et sans mot dire, elle s’inclina à son tour après qu’ils eurent finis, en signe de respect comme de bienvenu. Sa voix comme ses mots n’auraient rien apporté, mis à part pour les accueillir comme il se devait. Et elle aurait certainement l’occasion de fournir ses excuses au garde un peu plus tard. Envoyant à Irina un regard compréhensif, elle s’engouffra en première à la suite du capitaine, s’attendant à ce que son mentor la suive peu après, laissant derrière elle la traînée de sa crinière blanche.

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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeMar 21 Jan - 21:56

Bien qu'elle soit au courant d'une drôle de réunion à venir, Irina avait presque autant de mal qu'Othello à suivre tous les changements et le surprises qui leur tombaient dessus. Si elle avait rapidement reconnu le faciès masculin et la carrure de Veto, cela n'avait pas pour autant été le cas pour le pauvre Gardif, qui avait été renvoyé dans le froid mordant de la nuit. Toujours un peu prise au dépourvu, Irina était restée immobile devant le soldat qui lui souriait, sans trop savoir quoi faire. Reposant le bol de bouillon qu'elle avait prévu de lui donner, elle se redressa tout en restant alerte. Bien entendu sans qu'elle n'en dise mot, elle avait observé le jeune homme -qui n'avait plus l'air si jeune que ça-, appréciant de le revoir en ces circonstances si particulières. Mais avaient-ils déjà réussi à se parler en des circonstances classiques, soit normales pour le commun des mortels ? Elle en doutait. Souriant tristement, la prêtresse se tourna vers son apprentie, avant de la rassurer. L'explication même à demi mots suffit à lui faire comprendre de qui il s'agissait.

« Je suis désolée de cette invasion soudaine, ce n'était pas vraiment prévu, comme vous vous en doutez. Cependant je peux effectivement confirmer que ces hommes ne sont pas une menace. Désolée de vous mettre en une telle situation. »

S'inclinant en avant, Irina présenta ses excuses envers la maîtresse des lieux. C'était en grosse partie de sa faute pour avoir oublié la nature des pouvoirs de Gardif. Cet imbécile aurait pu la prévenir qu'il serait présent sous une forme méconnaissable. Certes la manœuvre aurait perdu de son sens, mais peu importe. Encore qu'en réalité elle ne l'ait vu utiliser que des dons de télépathie et non de polymorphie. Notant mentalement ces données, elle se promit d'être plus attentive à l'avenir. D'un autre côté si cela avait été suffisant à la leurrer, alors cela le serait sûrement aussi pour leurrer d'éventuels espions. Du moins c'était plus consolateur de penser ainsi que de se dire qu'elle avait été assez naïve pour baisser sa garde.

« Je suis contente de vous voir, en vie et en bonne santé. Ce sera une des premières fois depuis que l'on s'est rencontrés pour la première fois. »Dit-elle a Veto avec un sourire timide. »

Restant donc à l'abri des regards, tel qu'on le lui avait demandé, Irina était restée debout en attendant que tout le monde soit présent. Resserrant le tissu de sa robe autour de sa nuque, la flamboyante sentit le courant d'air lui parcourir l'échine. Il est vrai qu'elle avait l'habitude d'endurer le froid de ces nordiques contrées, toutefois elle n'avait plus sa cape sur les épaules, et ce ballet d'allées et venues avait eu le don de considérablement refroidir les lieux. Une fois le deuxième militaire revenu, elle lui jeta un regard qui bien que silencieux, était chargé de reproche. Bien qu'elle connaisse les raisons d'autant de prudence, il était difficile de digérer ce malentendu général. Élevant autant que possible ses protections mentales, Irina battit un véritable château fort autour de son esprit. On peut dire qu'elle avait l'habitude de ce genre de communication à cause de la nature de Raven, ce qui l'avait entraînée à aussi s'en protéger. Quoi qu'il en soit elle avait hâte de voir ce que donnerait cette entrevue, et surtout de savoir pourquoi on lui avait demandé de venir.

« Vous auriez dû me prévenir de cette mise en scène... »

Récupérant lentement sa posture et sa confiance, Irina soupira avant de reprendre sa place assise, non loin du feu. Ce n'était pas qu'elle désire être impolie, mais ses jambes fatiguaient bien trop facilement et le froid n'aidant pas, il valait mieux se ménager tant que possible. Curieuse et intriguée, Irina finit par lever une main, et fermer tous les volets extérieurs de la maison, un par un, grâce à sa télékinésie. De toute façon il n'y avait aucune lumière extérieure dont ils pourraient profiter, alors autant privilégier la sécurité et ne pas perdre plus de temps. Othello aussi devait vouloir savoir ce qui se passait, après tout. S'en voulant de l'embarquer là dedans malgré toutes ses bonnes résolutions, la rouquine devint grave. Du regard elle essayait de rassurer la jeune sirène, qui un peu perdue, semblait chercher un port pour s'abriter d'une tempête sur le point d'éclater. Usant de son pouvoir, elle enveloppa l'aura de la Yorka de la sienne, comme une mère étreindrait son enfant. Ensuite elle dévisagea les deux militaires tour à tour. La dernière fois qu'elle les avait vus dans la même pièce... Non, il valait mieux ne pas s'en souvenir. L'état dans lequel avait été Veto... Il lui avait rarement été donné de voir un homme aussi malmené par pur caprice. Son expression sérieuse se fit dure avant qu'elle ne se force à arrêter de serrer les dents.

« Maintenant que nous sommes tous là, j'aimerais enfin savoir ce que vous avez à me dire, tous les deux. Quelle est cette mission d'infiltration dont vous m'avez parlé ? Et pourquoi avoir amené de la compagnie ? »

Ce n'était pas que voir Veto soit un problème bien sûr, mais l'idée de mêler encore plus de personnes à cet énorme imbroglio ne lui plaisait pas. C'est vrai que Veto était un membre de l'échiquier depuis longtemps et ce malgré lui... Mais ce n'était pas une raison. Irina ne pouvait oublier que mêler des innocents à tout cela revenait à augmenter les potentiels dégâts collatéraux. En outre, il y aurait forcément certaines conséquences, quel que soit le dénouement final. Car trop de forces s'opposaient pour qu'il n'y ait pas de pertes. Or c'était précisément ce qui la hantait. Regardant le major dans les yeux, comme à chaque fois qu'ils se voyaient, la dame ardente combattait des souvenirs de peau calcinée et de corps lentement transformés en pierre.
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeMar 4 Fév - 23:39

« Je ne pouvais me permettre de faire part de mon plan avec l’une d’entre vous, Mes Dames. C’est pourquoi j’ai fait appelle au Sergent Havelle qui n’avait aucune raison d’être surveillé contrairement à vous à qui j’ai remis la lettre et vous qui étiez citée dans ses lignes. De plus, je soupçonne la Grande Prêtresse de toujours plus ou moins vous surveiller…
« De plus, peu de temps après vous avoir fait parvenir le billet, Dame Dranis, j’ai cru déceler la présence d’un espion de la Grande Prêtresse.  Mes soupçons étaient très légers mais j’ai préféré redoubler d’effort pour rendre cette entrevue plus… Sécurisée ? Je ne crois pas encore sombrer dans la paranoïa mais si je peux encore vous servir tout étant au service de Dame Lanetae, c’est sans doute grâce à mes précautions. »

Il est vrai que Gardif était sans arrêt sur le qui-vive. Des barrières mentales semblaient dressés en permanence autour de son esprit chaque instant de silence, son regard se tourner vers une fenêtre ou une porte, comme s’il avait entendu un bruit suspect. Mais il n’avait pas l’air fou. Bien au contraire. Son comportement était celui d’un horloger sur qui les rouages de ses œuvres s’étaient incrustés. Chaque geste semblait d’une routine platonique et précise.

« En envoyant Veto sur les lieux avant moi, j’espérais qu’il pourrait s’assurer que ce n’était pas un guet-à-pan.
« J’avoue avoir agis dans l’urgence et donc que cette ruse était somme toute bien bancale. Toujours est-il que tout s’est bien passé. »

Le Major fit une pause et sembla réfléchir. Manifestement, il remettait ses idées en place pour enfin faire part à tout le monde de ce qu’il était venu annoncer.

« J’ai organisé cette entrevue pour vous annoncer que j’ai découvert l’identité d’un agent double au service d’Elerinna. C’est un grand ponte et un proche conseiller du Maire. Il s’appelle Olaf Bardou et loge dans la grande demeure à deux pâtés de maison à l’Est de la mairie.
« Cet homme est un fidèle allié d’Elerinna. Il lui communique un grand nombre d’informations sur le Maire et ses projets. Je ne sais pas ce qui a fait qu’elle l’ait rallié à sa cause. Ça pourrait être intéressant de le découvrir et d’en faire un informateur à votre compte. De plus, s’il sait des choses sur le Maire, il sait sans doute des choses sur Dame Lanetae. Il semble être de son côté depuis quelques années déjà.
« Je vous avais demandé de faire venir quelqu’un de compétent. Il pourrait s’infiltrer chez lui et récupérer des informations directement à la source. »

Son regard se posa sur la Yorka et elle put lire dans son œil que ce n’était pas un hasard. Il savait bien des choses. Elerinna l’avait enrôlé parce qu’il avait certains dons pour découvrir les secrets de chacun. Et manifestement, il avait eu à se renseigner sur elle à un moment ou à un autre, fouillant dans son passé, ses missions pour les prêtresses. Ou du moins ce qui restait de trace de ces missions. L’avait-il fait pour son ancienne leader ou spécialement parce qu’il savait qu’il devait venir ce soir chez Othello ?
Dans son œil, aucune réponse. Simplement une intensité assurée.


*

Veto, lui, restait près de la porte, droit comme un « I », attentif et inexpressif, ses yeux observant chaque personne dans la salle. Son cerveau fonctionnait à toute allure, cherchant le moyen qu’il aurait de se rendre utile à la Vipérine.
Son regard s’attarda sur elle. À sa remarque sur son bon état de santé, il avait esquissé un rapide sourire lui aussi. Il avait toujours autant de mal à gérer ces sentiments confus qui l’envahissait chaque fois que les relations entre Irina et lui dépassaient le simple cadre professionnel. La moindre familiarité, aussi légère soit-elle, engendrait en lui une tempête aussi violente que le blizzard du désert de Glace en Ginik.

Leurs regards se croisèrent et il se détourna immédiatement, reportant son attention à l’exposé de Gardif alors qu’il terminait en se tournant vers Othello. Que voulait-il dire par ce regard insistant ?
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeDim 16 Fév - 15:34

Un coup de vent vint frapper contre une fenêtre et s’infiltra par un carreau abîmé, et dans l’éclair de silence qui envahit la salle, un chœur de cris semblait s’être formé, voix du blizzard qui faisait rage en cette sombre nuit. Les acteurs qui retournaient l’échiquier avait-il conscience de tout ce froid ? La sirène, tapie dans un coin d’ombre comme une enfant qui se fait gronder, pouvait presque voir, sentir les courant d’air gelé qui balayait la pièce autour de son être fragile, voir derrière ses iris de rouvre les filets de glace qui s’échappaient des lèvres –ah moins qu’elle ne l’ait généré d’elle-même – comme si elle n’était fait la poupée pâle était faite de neige et de givre. L’ombre d’un sourire passa devant sa bouche quand le major évoqua une paranoïa naissante. Dans cette ville battue par les mistrals du nord, la peur s’emparait de tous dès que la nuit tombait. Dans ce décor d’abime, seul la parure rousse et chaleureuse de la flamboyante dame pouvait être vue comme un rempart au calme commun. Ses petits yeux restaient attentifs. Si ceux du Brun restait mécanique et concentré, cela n’était pas le cas du soldat cendré qui restait discrètement à l’abri, un peu plus loin. Son regard évasif semblait troublé. Ignorait-il lui aussi ce qu’il allait se passer ?

Petit à petit, les pions se mettaient en place. Et plus que jamais la demoiselle avait la sensation que tous, dans cette petite arrière-boutique comme sur une échelle plus vaste, étaient des pièces, des petits objets de bois répartis sur un invisible damier fait de pouvoir et de politique, et que tous étaient guidés par des mains et des ficelles invisibles. Etaient-ils les blancs ou les noirs ? Pour ce qui était d’elle, à en juger par la couleur indélébile qui restait eu creux de ses paumes, même du tatouage non désiré qui la liait à la mort qui marquait sa main droite abrité par des pans de tissus, elle n’était plus aptes à représenter la pureté du blanc. Qu’en était-il pour les soldats ? Jusqu’où étaient-ils allaient pour un parti ou l’autre ? Qui était réellement le mystérieux Gardif ? Othello, bercée par le jeu de regard et d’ombre, s’interrogeait sans arrêt sur les deux hommes qui se présentaient à elle. Et toujours, elle se référait à la vipérine qui comme elle s’était posée des questions. Mais ils avaient sa confiance. Comme son mentor et modèle, il en serait de même pour la poupée de neige. La respectable rousse qui se sentait coupable pour son élève, alors que celle-ci ne lui en voulait pas le moins du monde. Au contraire, sa présence la rassurait dans ce dédale froid.

Le major parlait sans fin. Il expliquait ses plans, la situation. Et dans tout son océan de question, la demoiselle avait du mal à rester concentrée. Sans cesse, ses pensées allaient vers l’un ou l’autre des membres de l’assemblés, jusqu’à la grande marionnettiste dont l’ombre traînait comme un fantôme où qu’elle pose son regard. Ses cheveux pâles semblables aux siens, ses yeux clairs comme un océan qui pâmait sa beauté sournoise qui avait ensorcelé tant de monde. Une femme au double visage qui les avait tous manipulés jusqu’à la moelle, et dont le cœur sombre avait dû pourrir jusqu’au sang de tant d’hypocrisie. En l’espace de quelques mois, elle s’était mise à la détester, celle qu’elle admirait tant jadis et dont elle écoutait la moindre parole.

Puis soudain, le soldat en chef se décida à finalement tirer un bout du voile qui entourait leur mystérieuse réunion. Un simple pan d’étole qui en disait tant sur les motifs de leurs présences à tous, de l’implication d’Irina et de la garde cimmérienne, et d’un haut-placé dont le nom était connu de beaucoup dans la ville tant sa réputation était forgée. Un noble et politicien, qui comme tant d’autre avait sa part de ficelles à tirer. Olaf Bardou était impliqué dans tous ceci ? La sirène avait eut vent de son implication lointaine avec la fourbe sindarine, ses oreilles ayant trainés dans des coins sombres pour soutirer des secrets. Mais elle ignorait que leur lien était à ce point primordial. Instinctivement, ses yeux cherchèrent ce de la terrane pour avoir confirmation. Toute alliance entre la Grand prêtresse et un noble était synonyme d’informations. Et toutes informations était bonne à prendre, une arme plus dans la guerre invisible qu’il se jouait. Et si ce lien était à présent à nu, il semblait évident qu’ils avaient un pion à bouger.

Un nouveau courant d’air se cogna contre la fenêtre, un nouveau hurlement venteux qui raisonna dans la pièce. Un regard lancé dans sa direction. Et un frisson glacé qui parcourut sa colonne. Rarement on ne lui avait lancé un tel regard. Une paire d’yeux si lourde et vibrante qu’elle vous replonge dans certaines des heures les plus sombres de votre passé. Il n’avait pas besoin de plus de mots pour s’exprimer, ces yeux parlaient d’eux-mêmes. Et en se plongeant dans ses yeux, une myriade de souvenirs ressurgit dans son esprit. Elle revoyait les soirs brumeux dans lesquels elle avait erré, des ruelles pleines d’obscurité dans lesquelles elle s’était abrité quelques minutes, pour essuyer une lame au tranchant pourpre, une aiguille qui sentait une aigre odeur de soufre et de salpêtre amer ou pour retirer des faux vêtements de nobles ou de souillons qui l’avait transformé pendant une heure ou deux en quelqu’un d’autres. Tous les secrets, tous les mots qui avaient été versés à contre cœur ou non dans son esprit remontèrent. Tant d’histoires, tant de macabres silences qui trahissaient des actes inhumains qu’elle avait été obligé de porter. Ses obscurs secrets brillaient dans les yeux de Gardif. Et la vérité la frappa soudain. Le pion qu’ils devaient bouger, c’était elle.

La fenêtre s’ouvrit brusquement, poussant la petite dame à disparaître quelques secondes pour aller la ferme. Durant tout cet intense échange, Othello n’avait pas baissé les yeux, telle la lionne ondine qui tapissait les fonds marins comme les abysses de son être. Cette réunion montrait de nouveau la partie immonde de son être, ses talents écœurants et terrifiants qu’elle répudiait à présent et qu’elle s’efforçait à cacher. Mais un monstre reste un monstre, et même entourée d’anges elle restait l’espionne à la solde de son ordre. Gardif avait l’attention de l’utiliser, non ? Un doute subsistait –ou un espoir. Cependant, même si cela l’effrayait, que ce travail la paralysait, elle n’en montra rien. Son regard, son visage s’endurcit. Son cœur ralentit, sa peau devint glacé, et son souffle lent. Il lui fallait redevenir cette espionne… Cette tâche aiderait Irina dans son combat pour l’ordre, et la sirène avait promis de tout faire pour l’aider. Et elle ne voulait pas qu’une autre de ses sœurs se salissent les mains et l’esprit. De tout temps, elle avait été plus proche du soldat que du décisionnaire. Et pour élever son mentor, la flamboyante, l’assister dans ses desseins, elle irait jusqu’au bout, quitte à replonger vers un temps sombre qu’elle avait tenté de noyer.

Revenant de sa courte absence avec une vague de froid et s’inclinant devant la dame de Feu, elle n’hésita pas une seconde, et se planta silencieusement devant le soldat qui l’avait dévisagé avec tant d’insistance, relevant ses yeux à présent vide et son visage de porcelaine qui ne laissait rien passé à part l’expression figé d’une enfant.


« - Je suis volontaire. Votre présence dans mon établissement n’est pas un hasard, n’est-ce pas ? Si cela peut vous être utile, je veux bien agir faire pour vous. J’ai promis d’aider Irina quoi qu’il faille faire… Alors utilisez-moi. » Sa voix était faible, comme toujours, et pure comme un cristal. Puis elle ajouta, comme une parenthèse. « Vous me voyez désolée de vous avoir pris pour un autre et vous avoir par deux fois condamner au froid tout à l’heure. »
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeSam 22 Fév - 6:29

Olaf Bardou. Oui ce nom lui disait quelque chose. À regret, Irina se dit qu'elle aurait dû prêter plus attention à ce qui se passait dans les sphères politiques et militaires. Enfin, à l'époque où elle passait plus de temps dans ce genre de terrains de chasse, elle n'aurait pu imaginer se retrouver catapultée à un poste aussi important... Ni qu'autant de personnes compterait sur elle pour reprendre les rennes de l'Ordre. Assise sans bouger, la rouquine avait écouté l'exposé de Gardif, l'expression impassible. De l'extérieur on dirait simplement qu'elle prenait en compte ce qu'il disait, mais de l'intérieur son point de vue était bien plus mitigé. L'idée de mêler d'autres personnes à cet imbroglio de violence ne lui plaisait pas le moins du monde. D'un autre côté sa lucidité lui montrait bien que c'était inévitable. Son regard s'assombrit du poids de la responsabilité.

Son sens de l'observation ne tarda pas à lui faire remarquer le regard insistant qui était fixé sur Othello. Irina serra les dents. De toutes les options possibles, celle là était à la fois la plus satisfaisante stratégiquement, et la plus dérangeante à titre personnel. Il y a de cela quelques temps, lorsqu'elle avait fait plus ample connaissance avec la jeune sirène, elle s'était engagée de la protéger, de la préserver autant que possible de ce jeu dangereux. Et voilà que maintenant, plus ou moins par la force des choses, elle était amenée à replonger au cœur de la bataille. Damné soit Sharna. Tel qu'elle l'avait pressentit, l'Ondine se prêta volontaire de son propre chef. La mâchoire de la rouquine se resserra alors qu'elle scrutait le comportement de son apprentie, à la recherche de l'ombre d'un doute, du moindre signe de réticence.
Ce n'était pas par méfiance qu'elle agissait ainsi, contrairement à ce qui aurait été le cas en d'autres circonstances. En fait ce n'était pas cela qui l'inquiétait, mais bien la résolution de la yorkas. Il était hors de question qu'elle fasse cela uniquement par sentiment d'obligation, par peur de la décevoir ou par crainte des représailles. En ce sens, ses yeux de jade voguèrent de l'un à l'autre des présents, étudiant les implications de ce qu'ils planifiaient. Sourcils froncés, l'air grave, Irina ne put s'empêcher de lui demander.


« En êtes-vous bien sûre ? Si vous ne voulez pas le faire, nous allons trouver un autre moyen ou faire sans ces informations. Et je refuse que vous prononciez ce mot : « utiliser ». Vous n'êtes pas un outil ni un objet à mes yeux, Othello. Je ne suis pas Elle. Jamais. »

Dans sa voix il y avait quelque chose de beaucoup plus froid, de tranchant presque, bien que cela ne se dirige pas à son interlocutrice. Seulement cette situation la plongeait dans un véritable conflit d'intérêts, pour une des premières fois de sa vie. Agir seule comme elle l'avait fait par le passé c'était bien plus simple, car au moins il n'y avait ni remords ni dilemmes. Ni sentiments, ni hésitations. Soupirant de lassitude, Irina était confuse. Était-elle devenue trop molle et faible en se laissant encombrer par des bons sentiments ? Où apprenait-elle seulement à ne plus se comporter comme un monstre insensible et misanthrope ? Qu'était-elle devenue au juste ? Se mordant la lèvre inférieure, elle se tut tout d'un coup, en proie à bon nombre de questions. Cependant le moment était mal choisi pour ça, et elle le savait. Les refoulant dans un coin de son esprit, elle chercha un soutien -même silencieux- chez Veto, qui regardait ailleurs. Baissant les yeux, l'Ardente déglutit avant de poser plus de questions.

« Quels sont vos plans exactement. Je veux qu'elle sache absolument tout ce que vous comptez lui faire faire avant de prendre une décision finale. Ce ne sera qu'une fois qu'elle aura connaissance de ce dont il est question qu'Othello décidera de quoi faire. Il lui reviendra à elle, et à elle seule de trancher si oui ou non nous allons de l'avant. »

Se forçant à se reprendre, Irina se leva et se tint près de sa protégée. Aussi agitée qu'il était possible de l'être, l’Œil de Kesha ne tenait pas en place. Cela ne lui ressemblait pas le moins du monde, car bien que parfois impulsive, Irina ne se laissait pas facilement déstabiliser. C'était une lionne en cage, littéralement. Mais une lionne affamée qui voulait défendre son petit envers et contre tout, coûte que coûte.
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeMar 25 Fév - 23:28

Veto regarda la poupée d’ivoire refermer la fenêtre qui avait fini par retenir son attention. Sitôt les battant furent-ils assujettis que le sifflement s’engouffra à nouveau par la large fissure qui balafrait un carreau.

Le militaire regarda se mouvoir l’apothicaire qui trahissait par sa démarche un passé autre que celui d’une jeune femme bien rangée. Elle ne pouvait avoir acquis cette gestuelle en restant docilement postée derrière un comptoir ou un agenouilloir. Il avait fini, comme tout le monde ici, par comprendre qu’ils étaient ici pour elle, plus encore que pour simplement s’abriter des regards indiscrets.

Gardif et Veto étaient des soldats. Leurs pensées, leur méthode de raisonner étaient similaires. Ils préféraient agir que discourir. Le blond ne put qu’admirer la manière subtile que le brun avait eu d’amener l’évidence qu’Othello devait exécuter cette mission.

Mais plus que de l’admiration pour Gardif, lorsque Irina prit la parole, c’est de la jalousie qu’il ne put refouler.

Le carreau siffla à nouveau et Irina se tournait vers lui. Il ne devait pas croiser son regard avec de telles pensées. Ce qui l’habitait à ce moment précis était si fort qu’il ne pouvait que transparaître à travers les miroirs de l’âme.

Ses yeux se tournèrent vers la vitre fendue et il chercha à se calmer.
Irina se comportait comme une mère protectrice envers Othello. Et celle-ci était la fille dévouée. Quelle était sa place à lui dans ce duo ? Il entendait à nouveau des mots qu’il avait crus réservés à lui seul. Lorsqu’il avait juré de servir l’œil de Kesha, il avait entendu pareil marque d’intérêt et ne supportait pas aujourd’hui de comprendre qu’ils n’avaient rien de personnels.

*Gamin impudent !*
pensa-t-il, cherchant à réprimer son comportement égoïste et infantile.

Serrant les poings et profitant que les trois autres personnes se concertaient sans faire attention à lui, il s’approcha de la fenêtre hurlante et tendit ses doigts vers la fissure.
Sa respiration se fit lente et profonde alors qu’il sentait déjà refluer au fond de lui cette première larme qu’il avait manqué de laisser s’échapper.

Le fin courant d’air glacé vint lui mordiller le doigt alors que derrière-lui, Gardif reprenait ses explications. Il parlait d’une voix trop forte. Si bien que le garde comprit encore une fois les réelles intentions de son homologue martial.


« Irrégulièrement, Olaf rend visite à la Grande Prêtresse. Ce rendez-vous se fait en secret et ne dure pas plus d’une à deux heures. Il est nocturne et à lieu je ne sais où –sous ou dans le temple, selon toute vraisemblance– sans autre témoin que nos deux conspirateurs. Cependant, si notre ennemie commune ne me fait pas assez confiance pour me tenir au courant des dates de cette entrevue, elle ne se méfie pas assez de mes pouvoirs. J’ai pu lire dans les pensées d’une de ses suivantes. Le prochain rendez-vous aura lieu la nuit prochaine. J’ai cette information depuis plusieurs jours déjà mais j’ai préféré avoir d’avantages d’éléments pour vous convoquer. »

Le souffle chaud et humide de Veto avait recouvert le carreau d’une fine pellicule de buée et son doigt effleura la fêlure. Les gouttelettes minuscules se joignirent pour former des larges cristaux et dessinèrent de magnifiques rosaces. La couche de givre recouvrit la fente et le vent se tut.
Le calme était revenu au sein du jeune homme. Fini les caprices. Il n’avait plus ni l’âge, ni le droit pour ce genre de chose.


« À quel moment suis-je censé intervenir ? »

Il s’était retourné et son regard bleu-gris rencontra les deux perles noisette qui l’attendaient au tournant. Bien sûr qu’il n’était pas là simplement pour tâter le terrain ce soir avant le début de cette réunion. Gardif avait énormément de suite dans les idées. Il devinait l’envie, le besoin de Veto, de servir la Prêtresse aux cheveux de feu.
Il connaissait forcément ses pouvoirs et était sûr de ses capacités martiales.
Oui. Ça ne faisait aucun doute qu’il était ici pour cette mission lui aussi.


« J’ai fini par identifier un garde du corps personnel d’Olaf qui soit assez proche de lui pour avoir des informations intéressantes. Je sais désormais que notre cible rejoint le lieu de rendez-vous par un tunnel qui relie sa demeure aux sous-sols du temple. S’infiltrer dans le temple serait trop risquer. Elerinna a trop d’yeux et d’oreilles pour que cela réussisse. Et elle est trop dangereuse. Quant à la demeure d’Olaf, elle est dans un quartier calme. Trop calme pour permettre la moindre erreur. De plus, les patrouilles du corps municipales sont nombreuses par là-bas. Il a plusieurs gardes du corps et ils sont bien entraînés. Ce serait là aussi très risqué d’être découvert dans un tel guêpier.
-Vous avez un moyen d’accéder au tunnel ?
-Oui. J’ai vu dans les souvenir du garde que c’était d’anciennes structures modifiées. Pourquoi un tunnel joindrait-il le temple et une maison noble ? Ils ont raccordé différentes canalisations des égouts et une portion des grottes de Phellel qui passait sous la ville. Désormais, ça forme un tunnel isolé mais je pense qu’un contrôle de la terre ou de la glace pourrait permettre d’entrer à l’intérieur sans problème. Ensuite, il faudra neutraliser les deux gardes du corps et Olaf sera à vous.
« J’ai pensé faire cette mission moi-même…
-Non. Vous êtes trop bien placé. Il vaut mieux que ce soient des gens comme nous qui prenions ces risques. »

Veto était franc. Il pensait réellement ce qu’il venait de dire. Si lui n’était qu’un pion, Gardif prouvait qu’il était bien plus que cela. Sur l’image mentale que le sergent se faisait de cet échiquier géant à trois couleurs, le Major avait tout du cavalier.

Il se tourna vers sa reine dont il n’oserait même jamais rêver d’être un jour le roi. S’inclinant respectueusement, le poing droit sur le cœur, il déclara solennellement :


« Ma Dame. Je suis également volontaire pour cette mission. Elle semble bien pensée et avoir toutes les chances de réussir. Et si je puis me permettre, je vous promets de veiller sur votre protégée plus encore que sur ma propre vie. »
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeDim 9 Mar - 2:44

Dés qu’elle eut parlé, Othello ne tarda pas à regretter ses mots. Ou plutôt la tournure qu’ils prirent. La réaction de la bienveillante protectrice lui fit revoir amèrement l’intégralité de son discours, comme si ça voix seule avait suffi à l’éveiller à la nature de son discours. Alors que la brûlante parlait, la sirène ouvrit les yeux sur quelque chose qu’elle n’avait jamais su visualiser d’ici là. Que ressentait Irina par rapport à tout ça ? Quels étaient ses pensées ? Depuis le début, elle ne s’était jamais mise à sa place. L’idée la frappa soudain, tellement qu’elle baissa des yeux honteux de pardon vers les pavés froids qui tapissaient l’ersatz de cave. Irina se devait d’affronter la responsabilité d’envoyer sur le terrain d’autres personnes, et de prendre le risque qu’ils mettent leurs vie en jeu, tout en devant protéger l’enfant qu’elle portait et qu’elle mettrait bientôt au monde. C’était un acte de courage et de force impressionnant qu’Othello n’aurait jamais pu accomplir. Alors il était normal qu’elle la reprenne. Et puis, il y avait autre chose. Une relation étrange que les deux femmes avaient bâtit et que la petite demoiselle n’aurait jamais pu voir venir. Le respect aveugle, et la confiance de fer qu’elle avait pour sa mentor lui était rendue ? Sans avoir à l’entendre, la sirène se sentait protégée. Comme l’oisillon sous l’aile protectrice de la colombe qui lui apportait chaleur et stabilité. Pour ces raisons, elle souhaitait bien plus lui rendre ses armes.

Pourtant, elle devait lui rendre ceci : elle n’était ‘Elle’. Et ses expressions pouvaient le laisser insinuer – sans qu’elle ne l’ait voulu. Une déformation acquise au bout d’années de noirs services rendus à la marionnettiste, et qui l’avait instrumentalisé plus qu’elle ne l’aurait voulu. Se reliant à la mine de la Dame et se devant de l’apaiser, elle se remise à son jugement, et acquiesça en silence, se jurant de ne pas la décevoir en se retournant une nouvelle fois aux paroles de Gardif. Le curieux personnage était le cerveau de cette affaire, comme de cette pièce. Il en savait beaucoup… Nul doute que ses talents étaient avérés. Son regard d’acier transpirait un sérieux impressionnant, une volonté de fer de vouloir accomplir son devoir et donner à la justice la force de son poing. Etait-il celui qui tirerait les ficelles une fois qu’elle serait dans l’arène ? Il en savait bien plus qu’il n’en avait dit, certainement avait-il déjà un plan déjà prêt. Et Othello était curieuse d’en savoir un peu plus sur ce qu’il savait et ce qu’il avait prévu. Se plaçant aux côté d’Irina, elle tourna ses grandes oreilles vers le grand brun, alors que ses yeux suivaient mécaniquement les mouvements de la pièce en la personne du sergent Havelle qui suivit ses traces dans l’air frais jusqu’à la source des courants d’air.

Le soldat arrivait à point nommé… Alors la dite mission devait avoir lieux le lendemain ? Si elle ne connaissait pas ses faits d’arme, Othello devait lui rendre ceci : il était bien informé. Mais un doute subsistait. Sans l’avoir soufflé, elle avait déjà décidé de participer à cette expédition. Et à présent qu’elle visualisait un peu plus les choses dans lesquels elle s’embarquerait, elle n’espérait qu’une chose. Que Gardif et ses sources soient fiables… Car un doute subsistait toujours : il se pouvait que cela soit un piège ou un guet-apens. Auquel cas elle risquait de tout compromettre, l’intégrité d’Irina, celle de la garde, et la sienne. Mais elle savait déjà qu’elle pouvait garder le silence. Ne l’avait-elle pas fait pendant deux ans ? Le reste des paroles du sombre homme constituaient une visualisation. Son esprit construisait mécaniquement ses futurs actes, quels obstacles pouvaient survenir, quelques retournements, quels surprises pourrait enrayer le succès d’une telle entreprise. Silencieusement, son regard se tu pour disparaître à mesure que la poupée s’enfonçait dans une profonde introspection, l’esprit bercé par la voix de Gardif et celle de Veto. De Veto ?

Dans un geste vif et droit, elle braqua son regard vers le bleu glaçant des iris éclatants du soldat de givre qui la visait de même. Idiote qu’elle était. Ils jouaient tous sur un pied d’égalité, alors ? Pièce pour pièce, et pion pour pion. La Reine comme le Cavalier avait avançait les leurs. S’emmitouflant un peu plus dans sa crinière enneigée, la demoiselle concentrée et surprise se jura d’être à l’avenir plus attentive à d’infime détail comme celui-ci dans l’organisation de complots. La configuration même de l’assemblée aurait du lui mettre la puce à l’oreille dès qu’ils étaient arrivés. Les deux chevaliers de lumière faisant face aux deux nymphes de l’ombre, tous réunis dans le même dessein : défaire une machiavélique enchanteresse qui envoûtait tous les cœurs d’un simple regard pour les garder jalousement serrés dans le creux de sa main. La porcelaine de son visage de bougea pas. Il n’en était pas de même pour la nature de ses pupilles. Celles-ci étaient en complète contradiction, tantôt froide et méfiante, tantôt curieuse, tantôt battue et obligée. Mais toujours braqués comme deux onyx sur le sergent, sa silhouette droite et robuste, ses traits fins d’homme sans âge et ses yeux bleus aciers qui n’avait d’envie que la dame rouge qui les unissait tous deux.

Durant toute sa carrière de sournoise manigance, elle avait toujours officié seule. C’était dans ce mystère presque sacré, cette intimité malsaine qu’elle parvenait à exercer son art néfaste. Depuis qu’elle avait commencé à agir, elle s’était apprivoisée, s’était apprise. Elle savait le bruit de ses pas, son poids sur la neige, la pression de ses mains sur une poigner de port, la taille de son ombre, la tonalité et la hauteur des soupirs qu’elle laissait parfois échapper à la fin d’une sombre besogne. Son corps n’avait plus de secret pour elle, ses limites non plus, et les méthodes à employer encore loin. Observant toujours la moindre réaction du Vénitien, elle écoutait maladivement tous les mots de Gardif pour avoir la confirmation de ce qu’il se passerait, même si elle en avait déjà la réponse au plus profond d’elle-même. Et cela lui faisait peur. Egoïstement, pas pour elle. Mais pour le soldat qui se joindrait à la bataille et dont elle ignorait tout. Ni les atouts, ni les défauts, ni l’expérience. Etait-il un assassin, un voleur ? Qu’avait-il fait dans ces domaines ? Elle se voyait déjà lui poser une foule de quelques pour qu’ils s’assurent un succès pour la Dame de feu. Mais aucune opportunité pour les poser, et une responsabilité naissante sur le cœur pour une autre âme qu’elle dont elle présentait une valeur plus haute que la sienne damnée.
Décidément, que cachait cet homme ? Son visage lui paraissait aussi vide qu’animé, bouillant de sentiments, mais aussi froid que la neige. Et maintenant qu’elle voyait en lui l’adjudant plutôt que le soldat, il devenait encore plus difficile pour elle de le cerner. Seul une chose semblait claire : il n’était pas un étranger à la brûlante vipérine. Aussi, cela ne l’étonna pas quand il se retourna vers elle, lui offrant respectueusement ses armes, son regard trahissant une grandeur d’âme brillante et une gravité propre aux soldats. Lui aussi était soucieux de protéger son mentor, qui le regardait de dos. La mise en scène était amusante, quand quelque seconde plus tôt, c’était précisément à lui que la chimère offrait ses aiguilles et son poison.

Quelque chose dans ses gestes droits était particulièrement noble. Sa posture droite, son port élégant. Il valait mieux qu’elle. Pourtant, comme d’une seule traite et portée par son instinct, elle jugea le moment propice pour faire part à Irina de son choix. Comme elle lui avait juré, elle l’aiderait à tout prix. Relevant son visage vers elle, espérant avoir autant de détermination et de fidélité dans son regard que dans celui du soldat qui débordait d’une chaleur étrange. Etrangement, ses traits s’était adoucis, et Othello semblait soudain sereine sous les yeux de la bienveillante.


« - Vous voyez, me voici protégée. Mes intentions restent inchangées, je participerai à cette mission. Et si nous sommes deux, nous ne devrions vous apporter que réussite. Soyez sans crainte. »

L’ombre d’un sourire franchit même ses lèvres. Oui, ils allaient réussir. Ils le devaient. Mais, alors que ses yeux se voulaient apaisants, Othello ne pouvait s’empêcher de ressentir remonter au creux de sa gorge une aigre amertume et une crainte étouffée qui naissait en son ventre.
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeMer 12 Mar - 17:57

Irina faisait toujours les cents pas, ne sachant pas quoi faire. C'était comme si son instinct essayait de l'avertir contre une catastrophe imminente dont il connaissait l'existence, mais qu'elle était pieds et poings liés, incapable de l'éviter. Elle ne pouvait ressentir la peur, mais ce qui l'animait y ressemblait drôlement. Une angoisse tenace qui la hantait profondément. Il lui serait impossible de supporter la perte de ces deux personnes qui comptaient à ses yeux, qu'elle veuille bien l'admettre ou non. Le fait que toutes deux aient son affection n'était peut-être pas très visible pour certains, ce qui n'en faisait pas moins un fait indéniable. Quant à la nature de cette affection, on pouvait dire sans risquer de se tromper qu'elle était tout à fait différente, ce qui était évident. Gardif en son expérience d'homme mature, devait trouver ça plutôt drôle, après tout cette facette de la prêtresse était à mille lieues de ce qu'il avait pu voir jusque-là.

Dépitée, cette dernière se figea soudainement dans sa ronde. Sa raison écoutait les explications du major, mais son esprit semblait très loin. C'était comme si elle se refusait à accepter ce qui se passait sous son nez, bien qu'elle ait la douloureuse conscience qu'ils faisaient tout ça pour soutenir ce en quoi elle croyait. Plus les pièces prenaient place sur l'échiquier, plus l'expression d'Irina s'assombrissait. C'était comme si tout d'un coup plus rien n'était sous son contrôle, et elle ne supportait pas cette idée. Elle refusait d'être la reine laissée seule sur le plateau alors que les autres tombaient les uns après les autres. D'autant plus que la Reine était censée être la pièce la plus mobile et le plus redoutable !
Sur son visage on pouvait lire la défaite et la résignation. Des émotions qui ne lui allaient pas et qu'elle ne montrait jamais en public. Seulement voilà, toute Terran qu'elle était, la serpentine avait ses limites et celles-ci étaient atteintes. Ce fut avec fragilité mais résolution qu'elle leur répondit, décidée à révéler un peu de l'ouragan qui rageait dans sa poitrine avant qu'il n'emporte tout sur son passage.


« Ce n'est pas pour la réussite de ce plan que je m'inquiète, c'est pour vous deux. J'ai toujours opéré seule parce que je n'avais pas de soutien dans mon entreprise, néanmoins je pense aussi que c'était une forme de lâcheté et d'égoïsme. En n'engageant personne d'autre que moi, je savais que je n'aurais pas à porter de morts sur la conscience. Que je n'aurais pas à miser les vies des rares personnes qui comptent pour moi. Croyez-le ou non, j'ai essayé de garder la même distance et la même froideur que j'ai toujours eues durant tant d'années, mais à cause de vous j'en suis incapable. Vous n'êtes pas que des pions à mes yeux. »

Aussi étrange que cela sonne, il y avait du ressentiment dans sa voix. Comme si elle leur reprochait implicitement d'avoir autant d'importance dans son cœur. Ils étaient sa faiblesse elle le savait. Ils étaient ce qui pourrait la faire lâcher prise malgré le combat ardu mené depuis tant de temps... Cette bataille qui avait exigé tant de patience et de sacrifices. Son regard se porta en premier sur Othello, qu'elle dévisagea en soupirant. Il était agréable de la voir plus confiante et plus résolue, faisant ses choix par elle-même malgré les risques encourus. Cependant elle était encore fragile et méritait mieux que de se mettre ainsi en première ligne. Puis vint le tour de Veto, sur lequel ses prunelles s'attardèrent. Ne lâchant pas, elle n'en démordit pas jusqu'à ce qu'il lève enfin la tête. Quelque chose n'allait pas, elle le sentait... Mais quoi ? Frustrée de le voir fuir sans arrêt, elle s'avança vers lui pendant que Gardif continuait d'expliquer les détails de leur plan à Othello. Baissant la voix, elle s'était glissée dans son dos, le coinçant entre elle et la fenêtre.

« Vous m'en voulez, n'est-ce pas ? Vous doutez de la sincérité de ce que je viens de dire. Vous pensez que je vous instrumentalise sans remords, que je me suis jouée de vous. Ça aurait pu être vrai fut un temps, mais ce n'est pas le cas. Je tiens trop à vous pour ça. »

Se mordant la lèvre, elle regrettait déjà ses paroles. Pourquoi persistait-elle à prendre autant de risques, à le mettre au pied du mur alors qu'il pourrait avoir une vie tellement plus facile loin d'elle ? Son propre égoïsme la tenaillait. Pourquoi fallait-il qu'elle gâche tout avec du sentimentalisme dont il n'avait que faire ? Veto était distant et froid, il l'évitait depuis longtemps elle pourrait le jurer, sûrement parce qu'il se retrouvait enchaîné à sa promesse passée... Une promesse dont n'importe qui aimerait se défaire. L'air triste, Irina se tortillait les mains, perdue. S'il partait encore une fois en claquant la porte et en la laissant seule, elle ne s'en remettrait jamais. Un abandon de plus serait celui de trop.
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeJeu 24 Avr - 18:18

Une ombre passa sur le visage de Gardif. Était-ce la grossesse de la prêtresse qui la rendait moins dure ? Quoi qu’il en soit, si le plan qu’il avait mis sur pied n’avait rien de décisif dans cette bataille, il montrerait son allégeance à la Vipérine. Et ils auraient forcément des informations intéressantes à acquérir. De plus, mieux valait espérer que cette tendance à la sensibilité passe à leur guide, qu’après cette mission elle reprenne confiance. Sinon, Gardif devrait reconnaître qu’il s’était tourné vers la mauvaise personne pour sortir ce pays de l’inertie lugubre dans laquelle il était entré.

Alors que la grande prêtresse s’éloigné, il se fit plus direct avec l’apothicaire, espérant qu’elle ne flanche pas elle aussi. Il fit alors comme si de rien n’était, exposant explicitement ce qu’il attendait d’elle :


« Cet homme sait des choses. Sur les deux partis qui sont nos ennemis. Il faut que vous appreniez le maximum de lui. Je ne vais pas vous dicter comment utiliser vos pouvoirs. Je crois savoir que vous savez les manier avec assez de clairvoyance. Apprenez les secrets du maire, découvrez ce que la Grande Prêtresse cache. Nous devons obtenir le plus d’armes contre l’un et l’autre.
« Ne vous inquiétez pas pour l’escorte. Il ne devrait pas y avoir plus de trois hommes. Rien que le Sergent Havelle ne puisse gérer. Focalisez-vous sur votre cible. Le Sergent vous ouvrira un passage dans le tunnel. Le puits de la petite place de Zalera, au croisement des rues Thorngal et Midiar, est assez peu utilisé et vous donnera accès aux grottes de Phellel qui passent sous la ville. De là, il ne devrait pas être trop difficile de retrouver un mur de brique que j’ai repéré. Derrière passera votre cible un peu avant l’aube, revenant de son entrevue avec Elerinna.
« Servez-vous de cette carte. »

Le Major sortit un bout de parchemin griffonné de sous sa veste et le tendit à la jeune Yorka.

De son côté, Veto avait fini, en effet, par croiser à nouveau le regard d’Irina. Il se figea alors. Ne sachant pas trop ce qu’il devait faire. Il essaya de s’en défaire mais à peine eut-il détourné le regard que sa curiosité le ramena à vérifier si elle le regardait toujours. Et c’était le cas. Elle s’approchait même désormais.

Il resta droit comme un « I » lorsqu’elle se plaça dans son dos. Ses yeux avait suivi ses mouvements alors que son corps refusait de bouger. Lorsqu’elle fut derrière lui, ses yeux brillaient et sa respiration se fit plus rapide et plus profonde à la fois.
Et puis elle parla et alors son souffle se coupa et ce longtemps après qu’elle ait terminé.

« …Je tiens trop à vous… »
Combien de temps ces mots résonnèrent en lui ? Au moins jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il ne respirait plus depuis trop longtemps.
Il cligna des yeux plusieurs fois, expira tout l’air de ses poumons et reprit son souffle. Il en doutait donc tant que ça ? Et cela lui tenait donc tant à cœur ? Il étouffa un petit rire sans se retourner et puis se calma. Relevant doucement la tête, il tendit la main vers le carreau toujours fissuré et toucha du doigt le fin joint de glace qu’il avait injecté dans la fêlure. Le solide avait pris plus de place qu’il n’y en avait : la fente avait grandi mais l’air ne passait plus.
Un pansement éphémère, efficace et qui laissera plus de blessures qu’il n’y en avait… Qu’importe. C’était bien ainsi.

Il tourna son visage vers celle qui était toujours derrière lui et elle vit apparaître un sourire au coin de sa bouche. Et une larme au coin de son œil. Sa voix s’extirpa d’entre ses lèvres comme la brise cimmérienne du premier matin d’Enkilil : non pas plus chaude que les vents de Béamas, ni plus fraiche que les tempêtes de Niveria ; simplement réconfortante et apaisée après une saison rude. Elle semblait annonciatrice de renouveau.


« Ma Dame… Doutez de vous m’est impossible ; vous en vouloir, interdit. Ma Dame, je vous en prie, croyez-moi lorsque je vous dis que je vous aime. Pas comme un amant, ni même comme un fils cherchant sa mère. Mais comme moi seul peut le faire avec ce que je ressens pour vous et que je ne puis décrire.
« Croyez-moi simplement, s’il vous plait. Me laissez vous servir est la plus belle chose que vous puissiez m’offrir. Que je sois un pion ou autre chose n’a aucune importance à mes yeux. Tout ce que je veux, c’est vous voir réussir ce que vous m’avez promis. »

Nulle personne n’aurait dû pouvoir entendre ces mots car nulle personne n’aurait dû les entendre. Leurs visages étaient si proche ainsi placés l’un derrière l’autre. Mais ce monde était si prodigieux. Tout était possible.

Il souriait et la larme s’écrasa entre ses cils alors qu’il tournait la tête pour partir dès que sa dernière parole fut prononcée. Rabattant sa capuche, il se dirigea vers la porte menant vers la boutique. Il récupéra son bâton et se tourna vers les autres.

« Si nous en avons terminé, nous devrions nous séparer. Deux manants ne devraient pas passer la nuit chez une herboriste, aussi souffrant fussent-t-ils. Nous risquons d’attirer l’attention si quelqu’un a noté notre entrée dans la boutique. Il ne faut pas sous-estimer les commérages. Je pensais partir en premier et rester dans les parages pour vérifier que rien n’arrivera. Vous pourriez partir après, Major. En avons-nous terminé ?
-Je le crois. » Dit Gardif. « À moins qu’il n’y ait d’autres questions… »

Gardif récupéra son vieux manteau et attendit un instant si sa dernière déclaration avait raison d'être.
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Othello Lehoia
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeLun 19 Mai - 11:10

C’est dans un silence de verre et une concentration de soldat que la yorka écoutait, buvait chacune des paroles du major, avant qu’elles ne s’envolent, fragiles éphémères, dans l’air froid de l’arrière-boutique. Le formatage qu’elle avait subi lui avait laissé des réflexes tranchants d’espionnes, et une attention aussi pointue que les aiguilles qu’elle dissimulait dans ses plis de tissus. La voix de son nouveau commanditaire était lourde mais claire, et étonnement saisissante, prenante, et semblait pouvoir cibler son interlocuteur avec une facilité désarmante, ne laissant aucune chance à celui-ci qui se trouvait piégé. Son visage solennel avait la gravité d’un chef, et la royauté d’un dirigeant. Cela ne faisait nul doute qu’il servirait la Serpentine avec loyauté et sagesse, et que ses avis seraient écoutés et utiles. L’ondine, sous sa capeline et sa crinière léonine d’une blancheur neigeuse, ne manquait aucun détail de sa mission. Elle était en position d’obéissance, et chacune de ces informations, plus ou moins vagues, seraient certainement déterminante pour la mission future. Et plus le major poursuivait dans son impératif discours, plus la demoiselle se confortait : ce travail était dans ses cordes.

La localisation du lieux ne lui posait pas de problème. Une à deux fois par semaine, elle s’en allait en personne distribuer les remèdes à ses clients les plus souffrants, ceux qui n’avaient plus la force de se déplacer. A cela s’ajoutait ses anciennes divagations nocturnes à la solde de la sindarine qui lui avait poussé à connaître la cité mieux que sa propre silhouette, et qu’elle en connaissait tous les recoins. C’était même parfaitement étrange – voir même scandaleux – qu’elle n’ait eut vent de ces tunnels plus tôt. Ceci pensée, évoluer dans cet environnement sous-terrain ne lui présentait pas de contrainte. Ni cela, ni la récupération d’information. Qu’importe les moyens, après tout. L’ombre d’un plan commençait déjà à se dessiner dans son esprit. Mais chaque chose en son temps, mieux valait ne pas tenter la déesse, et s’attirer ses foudres en prévoyant tant de noirceur à l’avance. D’un geste candide, elle enroula sa main froide autour du parchemin usé, et le souleva légèrement, sentant sous sa paume son poids insignifiant. Elle acceptait la mission, ses yeux plantés dans ceux du major.

Pourtant, elle n’eut ni le temps ni la fougue de réagir, les choses s’accéléraient de nouveau dans sa modeste boutique. Piégée par le ton martial du soldat, elle ne s’était pas attardée sur l’alchimie électrique qui semblait s’être créée entre sa protectrice et le soldat vénitien, bien qu’elle l’ait remarqué un peu plus tôt, tout comme l’avait fait Gardif. Dans une courbe de regard, elle le vit simplement se dépêcher de retourner à la porte, et à ses affaires, retrouvant son déguisement de fortune sous le sommet de sa cape. Un vent frais et hurlant s’aventurait à présent pleinement à l’intérieur de la pièce, créant dans les voûtes une complainte effrayante et funeste. Les quelques plantes qui traînaient ça et là tremblaient de toutes leurs feuilles sous cette bise froide. Mais les chlorophylliennes n’en étaient pas pour autant incommodées : elles étaient nées du givre, et s’épanouissaient dans les terres gelées de Cimméria, trouvant dans la glace leur plus grand réconfort. Othello ne doutait pas qu’après ce vent, elle n’en serait que plus belle. L’enfant d’Irina l’inquiétait un peu plus : elle ne voulait pas qu’il souffre sous cette membrane charnelle, même abrité dans le plus chaleureux des sanctuaires.

Sans s’en rendre compte, la lionne blanche s’était mis à songer rêveusement, les yeux tournés vers un coin de mur entre le ventre rond de la prêtresse de feu, et un tas de plantes élevées là. Quand Gardif vint à les interpeler, elle releva mécaniquement le crâne, dans un automatisme robotique déconcertant, relevant un visage d’une innocence maladive, entre le candide et l’absent, aussi déstabilisant que vide. Absorbant sa question, elle secoua négativement la tête. Il aura déjà compris que la parole n’était pas son fort. Tout ce qui devait être retenu était à présent encré, comme un tatouage sous la peau, et ne serait oublié que quand la mission serait couronnée de succès. Mais en sage hôtesse des lieux, elle s’engouffra à son tour vers l’entrée, de façon à raccompagner les deux hommes jusqu’au bout. Ses grands yeux marins les suivaient dans leurs gestes, et elle se tenait prête à rendre toutes les politesses que l’on pourrait attendre d’elle. Surveillant du coin de l’œil la Vipérine, majestueuse dans sa stature et son profil maternel, elle n’attendait qu’elle pour conclure à ce rendez-vous nocturnes et ces promesses obscurs.


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Réunion ombrageuse   Réunion ombrageuse Icon_minitimeDim 25 Mai - 16:14

Irina ne savait pas comment interpréter le petit rire de Veto, et cette seule idée arrivait à l'angoisser. Nervosité ? Indifférence ? Moquerie ? Incrédulité ? Elle ne saurait le dire. En réalité la frustration prenait le pas sur le reste, car elle ne savait que penser. L'opinion qu'il nourrissait à son sujet lui importait bien plus qu'elle n'aurait pu l'avouer, et même si elle en avait conscience, cela ne rendait pas les choses plus faciles. Le sentiment d'incertitude rebelle que cela soulevait en sa poitrine lui donner envie de hurler, et elle ne pouvait s'empêcher de se débattre des chaînes invisibles qui l'enserraient. Sa tentative avait beau être vaine, il lui était simplement impossible de rester les bras croisés. Elle préférait largement mourir en combattant que se laisser mourir à petits feux. Or il était en train d'empoisonner son monde malgré lui, et il était presque certain qu'il ne s'en rendait même pas compte. Intérieurement Irina fulminait.
Pourtant il avait à la fois le sourire et les yeux humides, dans un contraste intriguant auquel elle ne trouvait pas d'explication. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Pourquoi est-ce que... Non. Non, Irina ne comprenait décidément pas. Cet homme qui était d'ordinaire terriblement prévisible semblait être soudainement devenu impassible, imperméable à son regard pointilleux. Il semblait calme et maître de lui-même, contrairement à son interlocutrice. Elle pouvait sentir que quelque chose en lui avait changé en ces quelques brèves secondes, et pourtant au final son attitude était la même : effacée et timide. Serrant les poings avec une expression des plus fermées, Irina l'observait. Elle se refusait à le montrer mais en réalité cet échange la troublait bien plus que tous les plans risqués qu'ils étaient en train de mettre en place. Oui, elle aurait volontiers exécuté tout cela seule sans reculer devant le danger si jamais ça lui permettait d'esquiver le maelström sentimental qui faisait rage dans son cœur à l'heure actuelle. Les mots sortirent alors de la bouche du soldat, semant le chaos sur leur passage.

Pas comme un amant ni comme un fils... Que voulait-il dire par là ? Elle brûlait de lui poser une ribambelle d'autres questions. Il était censé lui avoir donné une réponse mais en réalité il n'avait fait qu'encore complexifier la problématique. D'un autre côté il semblait soucieux de continuer à la servir, alors qu'elle n'avait encore jamais essayé de l'écarter. C'était à ne rien y comprendre... Vraiment. Confuse par cet imbroglio de plus en plus étrange, Irina se drapa de ses défenses afin de se protéger. Ces murs invisibles dressés entre elle et le monde, c'était à l'heure actuelle tout ce qu'il lui restait. Elle soupira en s'inclinant vers Veto, les yeux tristes mais résolus. Oui, elle avait compris le message ou du moins c'est ce qu'elle pensait. Jusqu'à preuve du contraire, elle s'en tiendrait à cette position dirigeante et inflexible qu'on attendait d'elle. Tous les yeux étaient braqués sur elle, mais ça ne lui faisait pas peur. Qu'importent les circonstances, son bras ne pouvait pas trembler. C'était ailleurs que pouvait se trouver sa faiblesse mais c'était sans importance de toute façon. Un murmure quitta doucement ses lèvres, à peine audible.


« Oui, je tiendrai ma promesse. »

Ou la mort serait le tribut de son échec. Une certitude qui se faisait de plus en plus intense, une conviction qui la faisait se battre avec plus de hargne encore. Une rage puissante et enracinée qui la motivait bien plus que n'importe quelle ambition basse et inassouvie. Irina se tourna vers les autres présents, l'air sérieux et un peu solennel. Il lui semblait que tout était dit, alors il ne servait à rien de tergiverser encore. Voyant Veto se grouper avec le major Gardif, Irina se tint en retrait. Répondant à ce dernier par la négative, elle lui notifia qu'elle n'avait pas de questions. Il n'y avait pas grand chose à dire de plus, car le passage à l'action ne l'incluait pas. Par conséquent autant ne pas les distraire ou les détourner de leurs préparations. Les deux hommes n'avaient visiblement pas prévu de prolonger cette réunion improvisée, alors autant les laisser partir. Glissant un dernier regard lourd de non dits au soldat Havelle, Irina se détourna de lui et se tourna vers la fenêtre dont le carreau gardait une marque glacée. Une trace silencieuse et indélébile qui était le reflet de son propre cœur : comprimé et gelé par un toucher aussi subtile que meurtrier.
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