Visite de Courtoisie

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 Visite de Courtoisie

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeLun 10 Déc - 20:25






▬ Si même Alberto ne peux le traduire, je pense qu'il n'y a qu'une seule personne qui pourra nous donner des réponses..

Ses mots étaient clairs, pourtant peu d'entre eux savaient à qui le Roux faisait mention ici. Seuls Urag et Alban avaient compris, à en témoigner par leurs mines déconfites. Tous les autres, y compris les quelques mousses ayant le privilège d'assister à cette réunion improvisée dans les quartiers du capitaine, s'échangeaient des regards d'incompréhension. Alakir se releva de son trône, en se mettant à faire les cents pas, grattant machinalement son bouc du bout des doigts.

▬ Rare sont les membres de notre caste capable d'identifier une écriture aussi vieille, et plus rares encore sont ceux enclins à nous aider.. dit-il en esquissant un sourire malicieux empli de fierté, partagé par la totalité de ses subordonnés.

Il continuait de tourner en rond dans sa modeste cabine, où étaient entreposés en pagaille de nombreuses cartes maritimes ici et là, mais aussi des parchemins qui présentaient des glyphes incompréhensibles. La table centrale n'y faisait pas exception. C'est à peine si les hommes assis tout autour pouvaient poser leurs coudes sans être gênés par un amas de paperasse. Pourtant, tous les regards étaient posés sur le petit objet qui animait le débat: un palet en bronze de quelques centimètres d'épaisseur et de circonférence. S'il n'avait aucune valeur en tant que matériau propre, mais présentait des gravures, écrites dans un alphabet ancien qu'aucun membre de l'équipage, pas même le plus érudit, ne pouvait même identifier. Alakir pensait que ce disque était lié à la légende de Falcon, qu'il poursuit depuis des années, et était prêt à tout pour avoir des réponses ; même à risquer sa vie.

▬ Jamais elle n'acceptera de nous aider Alakir, et tu le sais ! Tu ne préfères pas demander au vieux ? interrogea Urag, conscient de ce que souhaitait faire son capitaine et de la dangerosité d'un tel acte.

▬ Kilal refuserait catégoriquement de m'aider et me sermonnerait une énième fois sur mon obsession pour Falcon.. Non, il n'y a qu'elle qui pourra nous aider. dit-il avec un large sourire.

Urag et Albon se partagèrent un regard décontenancé, mais savaient tous deux qu'il était impossible de résonner le Roux lorsqu'il était aussi décidé. Alakir fit dos à l'assemblé présente, fixant l'horizon à travers l'une des ouvertures de ses quartiers. Sans se retourner, camouflant ainsi son large sourire, il s'adressa à ses hommes.

▬ Messieurs, ouvrez les voiles et préparez notre meilleure bouteille de saké. Cap vers les Berges Dorées, nous avons une vieille amie à visiter.

Les quelques mousses présents s'empressèrent de quitter la pièce pour répéter les ordres à leurs pairs, qui fut accueillit par des cris féroce de ralliement qui résonnèrent jusque dans la cale. Des bruits d'agitations, de tout ce fourmillement d’exécution, firent vibrer Alakir qui se délectait toujours du départ vers une nouvelle épopée.  

▬ J'espère que tu sais ce que tu fais.. soupira Urag.

Sans répondre, Alakir lui adressa ce même large sourire taquin qui ne pouvait pas quitter son visage depuis le début de la conversation, lui adressant un clin d’œil discret. En camouflant un sourire à son tour, le quartier maître secoua la tête de droite à gauche, las de l'impulsivité de son capitaine, mais tout de même amusé qu'il n'ait pas changé en autant d'années. Les événements qui allaient suivre risquaient d'être des plus intéressant.

Quelques jours de navigation plus tard -

▬ C.. CA.. CAPITAINE ! CAAAAPITAAAAAAAAINE ! hurla une voix du plus haut mat du navire.



▬ Dit moi mon brave ! rugit le Roux à son tour, sortant promptement de ses quartiers.

▬ Ao Kuang ! Ao Kuang en vuuuue !

Alakir eut un frisson d'excitation, et esquissa un large sourire presque carnassier. Il n'avait pas besoin de la chercher, le destin était de son côté. Sans réfléchir, il s'affubla de sa longue veste miteuse caractéristique et se dirigea vers la proue, traversant la cohue, qui se préparait d'ores et déjà pour un affrontement sans merci. Préparation dont les mots du capitaine allait étouffer dans l'incompréhension générale.

▬ Une fois n'est pas coutume, rangez les canons, levez les voiles et descendez notre drapeau ; nous sommes ici en simple visite de courtoisie. Elle a bien trop de fierté pour arroser un navire ne montrant aucun signe d'agressivité.

▬ Mais capitaine, et si..

▬ C'est un ordre. rétorqua sèchement Alakir sans effacer son sourire. Rapprochez vous le plus possible, je vais y aller seul.| J'ai dit seul, Urag. | adressa le Roux à son second par la voie de la pensée sans se retourner, avant qu'il n'ait pu faire ou dire quoi que ce soit, ayant anticipé sa contestation. Préparez moi un canot, nous sommes assez proches maintenant.

▬ Mais tous les canots ont été détruits quand..

▬ Comment ça ?! Nous n'avons plus de canot ?! Et je vais y aller comment moi, à la nage ?! s'indigna Alakir, haussant la voix en interrompant le jeune mousse.

▬ .. vous avez décidé qu'il était judicieux de lâcher nos canots et de les enflammer pour échapper à la flotte de la Compagnie..

Alakir cligna plusieurs fois des yeux, fronçant les sourcils sous l'incompréhension. Les souvenirs lui venant petit à petit, il s'affaissa et se racla bruyamment la gorge, feignant ne pas s'en souvenir.

▬ Soit, je vais bien trouver un moyen.. Et veille à ce que ça ne se reproduise plus, ou tu seras entièrement responsable ! s'indigna faussement Alakir, avant de tourner les talons face à la confusion du pauvre bougre.

Sans prévenir quiconque, le Roux se dirigea d'un pas décidé vers la figure de proue, et se tint sur les rembarres du navire sans que personne ne l'aperçoive. Il se saisit d'un des cordages du foc principale en l'empoignant fermement, avant de prendre un coutelas qui pendait à sa ceinture. C'est à ce moment qu'Alban l'aperçut.

▬ Alakir.. Qu'est-ce que tu..

Mais trop tard. Après lui avoir adressé un sourire, il trancha la corde, et se vit expulsé dans les airs avec force devant la stupeur générale. Projeté à plusieurs mètres, il se rééquilibra grâce à de multiples vrilles aussi esthétiques qu'athlétiques, faisant vibrer sa cape dans les airs, avant de se réceptionner avec force sur le bord de l'Ao Kuang qui était bien plus haut que son navire. Le Roux se releva fièrement de toute sa stature, son corps entièrement couvert par sa longue cape miteuse. Tout s'était passé comme il l'avait prévu, comme à l'accoutumé. Jusqu'à ce que..

▬ CAPITAINE ! LE DISQUE ! rugit une voix en contre bas.

A peine s'était-il retourné qu'Urag avait lancé le disque avec une force telle qu'il, sans qu'Alakir ne puisse faire le moindre geste, s'encastre dans sa nuque et le fit tomber de son estrade, tête la première sur le pont de l'Ao Kuang, ruinant son entrée parfaite.

Lorsqu'il releva la tête, grimaçant douloureusement, une quinzaine d'homme le tenaient en joue. Relevant lentement les bras en esquissant un large sourire - et en tâchant de récupérer le disque à ses côtés d'un geste discret - il leur fit face, ne montrant aucun d'hostilité ou même de crainte.

▬ Vous pouvez ranger vos armes messieurs, je suis simplement venu discuter avec votre capitaine. Je ne suis même pas armé. dit-il en souriant, dégageant sa hanche droite de la cape pour attester ses dires.

▬ Tu oses venir sur notre navire sans y être invité et tu manques de respect à la famille Wei ?! Pour qui te prends tu le Roux ?! rugit un des pirates, braquant son arme de plus en plus haut, tremblant.

▬ Pour un forban ? rétorqua Alakir en haussant les épaules, les mains toujours en l'air, un sourire taquin sur le coin des lèvres.

▬ Ordure..

Agacé par le comportement dédaigneux de l'intrus, le pirate tira le chien de son revolver, prêt à lui faire regretter ses paroles. Mais le Roux n'allait pas se laisser avoir aussi facilement. Avant qu'il ne presse la gâchette, le faciès d'Alakir se durcit brusquement, fronçant les sourcils. De façon presque instantanée, tous les hommes qui le tenaient en joue s'effondrèrent, pris de violent spasmes. C'était là l'une des redoutables capacités du capitaine : télépathe confirmé, il pouvait projeter de violentes images mentales, provoquant l'évanouissement des esprits les plus faibles, secoués par les projections du Roux.

Dans l'incompréhension, le reste des hommes se dépêchèrent de venir en secours aux hommes évanouis. Alakir profita de la cohue pour se faufiler et se diriger vers le pont principal où se trouvait la raison de sa venue, l'illustre héritière du clan Wei, le capitaine Jing Wei. Se pavanant fièrement sur son navire, dans sa direction, son éternel sourire posté sur ses lèvres, il feignit une révérence qui se voulait outrageusement guindée, se jouant des sphères de noblesse que la femme côtoyait à usage. Tous deux savaient pertinemment qu'Alakir était loin de toute ces mondanités propre aux environnements politiques et économiques, qu'il n'approchait que lors de ses abordages violents.



▬ Mes hommages, Néréide. Veuillez excusez la rudesse de mon interruption, mais je me devais de venir à votre rencontre dans les plus brefs délais. J'espère ne pas avoir était trop.. Impoli. s'écria Alakir sur un ton moqueur, levant les yeux vers la dame, l'échine toujours courbée.

Comment cette vieille amie allait réagir face à l'impudence légendaire du Roux ? Tous les regards étaient tournés vers eux, comme si l'océan lui même avait cessé toute tumulte..






Dernière édition par Alakir le Ven 14 Déc - 21:28, édité 1 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeMar 11 Déc - 14:27

C’est sur une mer calme, pendant une nuit sans lune, que l’Ao Kuang avait jeté l’ancre près d’une crique ; à l’abris des regards. Bercés par le bruit des vagues, la majorité de l’équipage avait succombé au bras de Morphée. Seuls ceux assignés au tour de garde arpentaient mécaniquement, quoique silencieusement le pont. À le poupe du bâtiment se tenait Huan Yu, qui s’assurait personnellement que cette ronde – presque aux allures de balais – ne soit interrompu, coulant un regard dur mais protecteur vers ces hommes qui n’avaient rien de déméritant. Après des mois passés en mer, tous ressentait ce besoin de regagner les terres. Synonyme de repos. Pourtant d’aucun ne relâchait le rythme, ni minimisait ses efforts. Fière de servir les intérêts du Ao Kuang et de la Néréide.

Un battement d’ailes derrière Huan Yu tira celui-ci de ses pensées. Avec une lenteur calculée, le second pivota vers l’origine du bruit. En face de lui se tenait un Autour à ventre blanc. L’animal répondait au nom de Gati – autrement dit Vitesse – et appartenait à Zahar. Sa présence ici loin d’être anodine, le regard du Lhurgoyf dériva instinctivement sur les pattes du Autour et confirma la présence d’un message. D’un geste prudent et précautionneux, il lui présenta son bras gauche. Au poignet de Huan Yu était noué un bracelet de cuir incrusté d’une pierre catalyseur rouge. Deux autres exemplaires de ce bijou existaient. Confiés à l’origine par Zahar, lui-même possédait le sien. Le troisième était quant à lui entre les mains de Wei. Grâce à ces bracelets et aux facultés de Geti, l’animal pouvait faire la jonction entre le Ao Kuang et son propriétaire, magiquement attiré par ces pierres. À ce même titre, aucun ne pouvait approcher de l’animal sans posséder le précieux accessoire.

Le Autour détailla donc le bras tendu avant que Huan Yu formule son ordre, dans un dialecte propre à Zahar et que Geti reconnu. Le rapace se posa alors avec une extrême douceur, comme s’il était conscient de son poids et de l’acéré de ses serres. Tout aussi prudemment, le Lhurgoyf conduisit le messager jusqu’à la Néréide. Les messages étaient toujours personnellement adressés à Wei. Et c’est elle seule qui décidait si ses subordonnés avaient un droit de regard sur le contenu de ces lettres. Toutefois. Il était rare que son Second ou Amos soient tenus au secret. Arrivé devant sa porte, Huan Yu frappa deux coups sur sa surface. Dans la minute qui suivit, sa Capitaine lui ouvrit. Une observation de pieds en cap lui indiqua rapidement que la Dame s’était refusée – une fois encore - à un repos mérité, puisque vêtue de son uniforme. À son regard tant réprobateur que soucieux, Wei répondit silencieusement en tendant sa main en direction de Geti. Dans l’attente qu’il lui remette son message.

Le Second s’exécuta. Il dénoua de sa main libre le cordon enroulé autours de la patte du Autour et libéra ainsi le cylindre qu’il transportait, pour ensuite le remettre à sa légitime destinataire. Après s’être échangé un bref regard la Capitaine se détourna du Lhurgoyf, qui referma la porte après s’être lui-même engouffré dans la cabine. D’un geste ample du bras, Huan invita le rapace à regagner le perchoir installé au coin de la pièce. L’animal obéit sagement, sachant qu’une récompense allait lui être distribuée. Et tandis que le Second s’occupait du compagnon de Zahar, la Néréide s’attelait à décoder son message, tout en rejoignant son bureau pour y prendre place. Son subordonné l’imita après leur avoir rempli à tous les deux un verre de vin, qu’il sirota calmement en attendant le verdict de sa Dame. Bien que son visage restait de marbre, un éclat dans ses prunelles abyssales lui fit comprendre le sérieux de cette lettre. Avant que Wei conclut d’une voix ferme et mélodieuse ~

« Va me réveiller Amos, je te prie. » Ordonna la Néréide.

Le Lhurgoyf opina et s’exécuta sitôt son verre terminé. Dans un chuintement typique et profondément lasse, notre pâle amie s’enfonça avec lest contre le dossier de sa chaise. Ce n’est qu’au retour de ses subordonnés que le gros de la discussion put s’ouvrir. Amos faisant fi de l’heure tardive et se tenant déjà alerte.

« L’Atlante est sorti du chantier naval l’avant-veille. Il aurait bénéficié de modifications non-négligeables dans son armement, sous la tutelle de l’ancienne Compagnie Kedah. Il serait en route pour Mavro, sous les ordres d’Aldric Valombre. Assurément pour faire valoir ses droits en tant que descendant du surnommé Kaale Daadhee. » Déclara Wei. Assombrissant la mine déjà ombrageuse de Huan et provoquant l’inquiétude d’Amos.

« Ca fait des années que le nom des Valombre est tombé dans l’oubli avec la mort de Kaale. Comment est-ce possible ?! »

« Assurément en reforgeant une alliance avec ceux qui formaient la Triade. Aldric a dut les convaincre de se réunir sous un même pavillon en leur promettant la gloire et la richesse qu’ils possédaient du temps où son père les menait. »

« Une situation que nous avions déjà envisagés à l’époque et qui aurait pu être étouffée dans l’œuf. Jing. » Souligna avec une certaine aigreur Huan, d’anciennes et profondes blessures soudain rouvertes. Wei braqua un regard au coin à l’intention de son Second, brillant de réprobation et d’une colère dormante, bien que son faciès reste dénué de toute expression autre que ce calme olympien. Elle mieux que quiconque pouvait comprendre le ressentiment qui découlait de cette affaire. Cette plaie béante dans le cœur.. Wei aussi la partageait. Mais ~

« Il n’était pas question que j’abas une mère et son enfant encore accroché au sein. Huan. Quand bien-même il soit le fruit de la pire engeance qu’ait porté l’Océan. » Elle marqua un temps calculé. Et avec une douceur étrangère tant elle s’était étiolée au fil des âges. « Tout ceux qui ont contribués à la mort d’Aeddan, mon père ont eu ce qu’ils méritaient. Mais lui-même n’aurait pas souhaité que ça aille plus loin .. s’il avait été à ma place et moi à la sienne. Toi non plus au final et le sais parfaitement. » Conclut la Néréide sans détacher ses méandres de celui qui fut son instructeur. Huan soutenu ce regard jusqu’à finalement balayer son trouble d’un soupir, esquissant un simple et coupable hochement de tête. Désolé de son emportement. Wei accepta ses excuses et redirigea son attention vers Amos. Reprenant.

« Toujours est-il que cette miséricorde dont j’ai fait preuve à l’époque peut éventuellement nous porter préjudice aujourd’hui. En ça je veux bien l’admettre. »

« Vous pensez que la femme de Kaale va chercher réparation à son tour ? »

«  Non. Mais je la devine prête à écarter toute menace potentielle de son enfant. »

« Dont le Clan Wei. » Comprit Amos.

« Et la Compagnie Jim. Aeddan et lui avaient mis un grand coup de pied dans la fourmilière de la Triade à l’époque, en se voulant indépendants et garants de l’application de leur propre code de la piraterie. »

« Et si Aldric et la nouvelle Triade veut récupérer un peu de cette influence ils vont devoir frapper.. »

« Que faisons-nous alors ? »

« Rien. Nous rentrons comme prévu aux Berges Dorées en attendant que Zahar étoffe ses informations. Je veux m’assurer qu’un hypothétique retour de la Triade ne fassent pas changer de bord à certain. »

«Meryl ? »

« Précisément. Ce couard tient plus de la sangsue que du requin qui orne son emblème. » Elle ponctua son geste en froissant le papier contenant le message et le donnant à Huan. Le second comprit sa demande, s’en saisissant d’une main qu’il embrasa pour le consumer. Le sujet était donc clos. Et ~

«  Veillez à garder cette affaires pour vous. » La Néréide se hissa de son siège, imité par ses subordonnés. « Vous pouvez disposer. » Déclara-t-elle. Amos et Huan s’inclinèrent avec respect et se retirèrent. De nouveau seule, Wei laissa échapper un soupir tandis que ses épaules s’affaissèrent, comme devenues trop pesantes pour elle. D’une main distraite mais nerveuse elle caressa le pommeau de son arme, cadeau de son père.

«  Et toi .. qu’est-ce que tu aurais fait ? » Dans un murmure audible pour elle seule. Une question qui restera évidement sans réponse.


[..]

« Boréan en vue Capitaine ! » Héla un mousse, ponctuant ses cris d’alarme en pointant un doigt en direction dudit bâtiment. Huan tenant actuellement la barre, il jeta un regard en direction de Wei, qui claqua sa langue contre son palet en signe d’agacement. Par Soulen, s’étaient-ils donnés le mot de l’emmerder ?! Délogeant sa longue vue de son manteau pour observer le lointain. Un chuintement quitta ses lèvres pâles. Ce crétin de rouquin…

« À quoi joue-t-il encore ? » Soupira lourdement Huan Yu, comme le ferait un père devant les fantaisies de son gamin. Notant qu’il avait consciemment rangé ses couleurs ainsi que ses voiles, adoptant une attitude ouvertement passive. Ce qui énerva d’autant plus la Néréide, tous deux la sachant trop fière pour attaquer un navire dont les canons ne sont même pas sortis.

«  À l'imbécile heureux. Quoi d’autre. » Répondit Wei tout en repliant sa longue vue pour la ranger dans le pan de sa cape.

« Voulez-vous que j’envoie un des hommes s’enquérir de ce qu’il veut ? »

«  Pas la peine. » Souffla la Néréide tout en réajustant son tricorne. Quasi dans la minute qui suivit .. une soudaine agitation retentit sur le Ao Kuang. La Capitaine roula des yeux. Qu’est-ce qu’elle avait dit. Prévisible dans son impulsivité cet abruti. La Dame pivota légèrement jusqu’à se tenir face au nouvel arrivant, qui improvisa ou plutôt parodia une courbette malhabile. Le Rouquin rendit alors ses hommages à la Néréide, toujours paré de son large et horripilant sourire, et s’excusa de cette intrusion peu conventionnelle. Espérant ne pas s’être montré trop … impoli. À la seconde près, Wei et Huan arquèrent un sourcil. Tous les deux perplexes. Une main nonchalamment posées sur le pommeau de sa rapière, la Capitaine s’approcha calmement d’Alakir.

«  Quand bien même ce serait le cas, Rouquin. Tu ne me feras pas croire que tu en as éprouvé un quelconque et moindre scrupule. » Commenta Wei, depuis longtemps accoutumée à son caractère borné et un brin suicidaire – selon elle. À peine arrivée à la hauteur du Terran, qui se tenait encore l’échine courbée, que la Néréide le gratifia d’un croque-en-jambe qui le fit lourdement tomber à la renverse. D’un geste fluide et rapide, elle dégaina sa rapière et menaça la gorge du rouquin avec la pointe. Dans sa chute un petit objet avait roulé sur le sol, avant d’être finalement cloué par la botte de Huan.

« Je constate que les courbettes ne sont toujours pas ton fort non plus. » Tout en braquant son regard abyssal sur lui. Elle inclina ensuite légèrement la tête de côté lorsqu’elle nota un autre détail. La pointe de son épée dériva alors jusqu’à son visage, écartant quelques mèches rousses et dévoilant ainsi les cicatrices qui barraient l’œil du Terran.

« Tiens tiens. Aurais-tu encore brillé par ton imprudence ? À moins que tu en fasses la collection pour impressionner les pucelles. » Sur un ton franchement neutre et mettant clairement en doute l’approche ironique de la Néréide.

« Capitaine. » L’interpella Huan Yu. Le regard de Wei dériva alors quelques secondes du Roux pour venir à son Second. De sa main libre elle réceptionna l’objet qu’il lui lança et l’examina. Piquée d’intérêt, elle n’eut alors guère du mal à faire le lien entre la présence d’Alakir ici et cette relique. Elle daigna finalement rengainer sa rapière.

« Relevez-le. » Ordonna la Dame. Le Lhurgoyf obéit. Il s’excusa poliment, puis se saisit du pirate par le pan de son veston miteux et le souleva comme s’il s’agissait d’un poids plume et le remit sur pieds. D’un signe de tête il lui intima ensuite de suivre la Néréide, qui partait pour son bureau.

Le Roux découvrirait une pièce sobrement décorée et parfaitement ordonnée. Des cartes tracées par les Wei étaient soigneusement entreposées, de même que divers ouvrages – eux-mêmes triés dans l’ordre alphabétique de leurs auteurs. Dans le coin de la pièce Gati se tenait fièrement sur son perchoir, récupérant encore de sa longue course. La Capitaine du Ao Kuang alla prendre place à son bureau, tout en refermant subtilement à son passage son livre de bord et repliant également l’une de ses cartes. Elle retira son tricorne qu’elle posa au coin du meuble avant de s’asseoir. Le précieux objet d’Alakir toujours en main, elle s’amusa à jongler avec comme on le ferait avec une vulgaire pièce de monnaie.

« Maintenant dis moi ce qui t’as amené à m’imposer ta présence ici, Rouquin. J’ose espérer que je n’ai pas – en plus - l’obligation de t’offrir à boire. » D’une voix rendue habituellement suave et polie, mais qui ne laissait aucune place à l’erreur.
 


Dernière édition par Jing Wei le Dim 6 Jan - 10:57, édité 1 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeVen 14 Déc - 21:25





▬ Quand bien même ce serait le cas, Rouquin. Tu ne me feras pas croire que tu en as éprouvé un quelconque et moindre scrupule.

La Néréide n'avait pas changée. En ces simples mots elle avait installée une certaine pression sur le navire. Tout l'équipage s'était tu, entourant les deux protagonistes avec curiosité. Le groupe qui avait subit les foudres d'Alakir, qui s'était dépêchés de venir chercher vengeance, s'arrêta net. La relation qu'elle entretenait avec Alakir était difficilement descriptible, et encore plus difficilement compréhensible. Tous deux se connaissaient plus que quiconque, et bien plus qu'ils ne voulaient l'avouer. Ainsi, toute cette esbroufe faite par le forban ne fit à peine sourciller l'héritière, sachant pertinemment à quoi s'attendre avec lui. Aussi, elle savait parfaitement comment réagir.

Sans prévenir, elle balaya ses jambes d'un vif mouvement, le faisant tomber à la renverse. S'esclaffant face à ce geste, ce qui créa d'ailleurs la confusion parmi les soldats de Jing observant la scène, Alakir se tourna sur le dos pour pouvoir se relever. Un capitaine pirate de cette envergure n'avait-il donc pas d'honneur, pour rire d'une humiliation pareille ? Se disaient les bougres de la belle. Ils n'étaient pas vraiment loin de la vérité à vrai dire. Si son honneur était un sentiment qu'il alimentait précieusement, sa fierté quant à elle, il n'en avait que faire. Dans une situation comme celle là, où le commun des mortels aurait pu se sentir honteux, se sentir dominé par, qui plus est, une femme ; Alakir n'y voyait qu'un amusement avec une amie de longue date.

C'est ce qui nourrissait son large sourire qui apparut lorsque la lame de Jing se cala sous sa gorge en l'empêchant de se relever. Alors qu'il avait posé ses coudes sur le plancher du navire pour se donner un appui, il releva instinctivement ses bras en faisant retomber ses épaules, et leva les yeux vers son assaillante sans quitter son sourire.

▬ Je constate que les courbettes ne sont toujours pas ton fort non plus.

▬ C'est vrai qu'il m'est difficile de courber l'échine.. Et puis à quoi bon ? Il faut avouer que ma cambrure n'est pas aussi ravissante que la tienne, s'écria Alakir sur un ton taquin en arquant un sourcil.

Lasse de recevoir boniments et flatterie dans les sphères commerciales pompeuses qu'elle exécrait secrètement, le Roux savait que ce genre de pic avait pour habitude d'agacer la Néréide lorsqu'elle venait d'un enfoiré désintéressé tel que lui. Mais elle ne broncha nullement. A vrai dire elle ne l'écoutait déjà plus. Son attention était portée vers les trois marques fendant son œil gauche, qu'elle n'avait jusque là jamais vue. Son sabre vint écarter quelques mèches grasses retombant sur son visage afin de mieux les observer.

▬ Tiens tiens. Aurais-tu encore brillé par ton imprudence ? À moins que tu en fasses la collection pour impressionner les pucelles.

▬ Tu sais bien que les pucelles ne peuvent résister à mon charme, inutile de marquer mon visage pour qu'elles m'offrent leurs vertus, dit-il en haussant les épaules et esquissant une moue faussement dédaigneuse. Pour ce qui est de cette marque, on va dire que c'était un bien maigre prix à payer pour mettre la main sur un fabuleux trésor.

Son regard se tourna vers le disque que le second tenait en main et qui, simultanément, appela son capitaine pour attirer son intérêt sur ledit objet. Le vieux Lhurgoyf et sa protégé l'avaient tous deux compris, c'était ce petit artefact qui était à l'origine de l'irruption du Roux sur leur navire. Comme piquée d'une seringue emplie de curiosité, la Dame rangea brusquement son sabre en tournant les talons.

▬ Relevez-le.

A cette réaction, Alakir élargit son sourire, déformant presque son visage sous sa satisfaction. Il le savait. Elle ne pouvait s'empêcher d'être intriguée par cet objet et lui donner tribune. C'était le premier pas d'une course insensée ; qui pouvait se targuer d'avoir fait irruption sur l'Ao Kuang de manière aussi brutale que notre protagoniste et être encore vivant pour le dire ? Pourtant vous ne l'entendrez jamais s'en vanter, ses prouesses étant vite oubliées par son insolence et son apparence simplette. Le génie n'a que faire de passer par un sot par ceux qui ne peuvent mesurer son génie.

▬ Vous l'avez entendu messieurs ? Relevez moi ! On se dépêche ! s'écria le Roux d'une voix forte, un sourire amusé au coin des lèvres.

Pensant qu'il s'agirait de l'un des soldats de Wei qui allait s'exécuter, c'est finalement le vieux Huan qui le releva d'une main sans grande difficulté malgré l'apparence imposante d'Alakir. Mais alors qu'il se jouait des ordres donnés par la Néréide, se moquant de la docilité de son équipage face à ses ordres par extension, lorsqu'il réalisa que c'était le précepteur de la Dame qui le releva, son sourire arrogant s'effaça brusquement. Ses sourcils se froncèrent. Effectuant un mouvement d'épaule pour faire craquer quelques vertèbres, et remettre sa cape en place, il finit par incliner légèrement sa tête face au vieux Lhurgoyf qu'il semblait véritablement tenir en respect. Aucun sourire narquois, une expression neutre, même sa voix, paraissait plus calme et plus grave qu'à son habitude, Alakir était méconnaissable.

▬ Veuillez excusez mon impolitesse, Huan. Vous savez que je n'agirais ainsi si la raison de ma venue n'était pas importante. Et je vous remercie d'avoir mis la main là dessus, je ne sais comment j'aurai réagit si l'un de vos mousses s'en serait emparé.. dit-il en tendant la main pour récupérer le disque.

Si le vénérable Yu voyait le Roux comme un enfant téméraire et borné, il n'avait pas une mauvaise estime de lui et respectait son intelligence et sa connaissance des rouages de la piraterie, très rare chez des forbans de son jeune âge. Il sourit alors faiblement en lui adressant un signe de la tête pour honorer ses propos, en silence. Mais au moment où Alakir effleura le disque, la main ferme de Jing Wei s'interposa et s'emparer de l'objet avant qu'elle ne se dirige vers ses quartiers en invitant le Roux à la suivre. A deux doigts de récupérer son dû, Alakir grimaça en serrant son poing face à ses dents, tout aussi serrées. Surjouant un agacement apporté par la disparition de ce disque dont il sait désormais qu'il n'arrivera à récupérer qu'à force de négociation et persuasion.

Il tourna les talons en suivant la Néréide vers son bureau. Il ne put s'empêcher de jeter un œil à la chute de reins envoûtante de la jeune femme malgré sa démarche autoritaire qui n'en restait pas pour le moins féminine. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres et un de ses sourcils s'arqua machinalement.. Jusqu'à ce qu'une vision d'une Jing Wei folle de rage viennent briser ses songes et ne lui fasse avoir un frisson d'effroi.

A peine étaient-ils entrés que Jing Wei se positionna derrière son bureau et ferma son carnet de bord d'un geste discret. Geste qui fit sourire le capitaine, car c'était un réflexe que tout bon navigateur se devait d'avoir, et il avait bien trop de respect pour son interlocutrice pour oser s'immiscer dans ces notes. Sa curiosité fut attiré par un oiseau, calmement posé sur son perchoir qu'il s'empressa de visiter. Il lui proposa sa main que l'oiseau s'empressa de caresser de la tête, poursuivit par Alakir qui grattait son plumage d'un mouvement du doigt. L'animal poussa une petite mélodie de satisfaction très aiguë, poussant le pirate à continuer en souriant.



Jing Wei ne passa pas par quatre chemins et interrogea le Roux sur la raison de cette visite, observant l'objet qui était entre ses mains.

▬ Maintenant dis moi ce qui t’as amené à m’imposer ta présence ici, Rouquin. J’ose espérer que je n’ai pas – en plus - l’obligation de t’offrir à boire.

Faisant dos à son hôte, Jing ne pouvait voir l'expression d'Alakir, toujours affairé avec son ami à plume qu'il nourrissait maintenant de petits fruits qui trônaient sur un meuble non loin de lui. Sans même se retourner, il daigna prendre la parole en s'exprimant assez fort pour que la Dame l'entende.

▬ S'il est vrai que je suis venu te voir pour te demander un service, concernant principalement l'objet que tu tiens entre tes mains, comme tu l'aurais compris.. Je ne peux m'empêcher de te demander ce qui te préoccupe autant. Depuis mon arrivée sur le navire je te sens.. fébrile. Et tu me sais taquin ! Ma curiosité me pousse, évidemment, à me demander ce qui peut autant troubler la grande Néréide ; car oui, je ne peux malheureusement pas avoir le luxe d'occuper autant tes esprits, aussi virulente puisse avoir été mon entrée. Non.. C'est quelque chose de bien plus gros.. Quelque chose qui ébranlerai non pas tes affaires personnelles mais les affaires du clan, dit-il en tournant sa tête pour lui jeter un regard par dessus son épaule, avant de retourner s'affairer avec l'oiseau. N'y voit pas là une volonté de m'immiscer dans tes tes états d'âmes ou de mettre le nez dans tes commerces, non; je n'en ai clairement rien à faire.. Mais vois simplement un moyen d'entrer sur des terres de négoces, poursuivait-il, en daignant enfin se tourner vers Jing Wei, ouvrant les bras. Je ne permettrais pas de demander ton aide, si je ne pouvais t'offrir la mienne en retour. Aussi..

Il marqua une pause, tapotant son index sur ses lèvres en feignant une moue songeuse, avant de se diriger vers la porte du bureau de la Dame, en s'adossant au mur qui la prolongeait.

.. pour ce qui est de m'offrir à boire, ne te donne pas la peine, j'ai déjà tout prévu. dit-il en esquissant un large sourire, les sourcils relevés.

A peine avait-il terminé sa phrase, qu'un des soldats de la Compagnie fit irruption en tenant, sur un plateau, deux verres ronds en bafouillant des propos incompréhensibles. C'était, évidemment, un coup d'Alakir qui l'avait très probablement manipulé grâce à sa télépathie. Sans même jeter un coup d’œil au nouvel arrivant, le regard fixé vers Jing, le Roux tendit simplement son bras pour récupérer les deux verres qu'il posa calmement sur le bureau par la suite. D'une main, il dégagea une bouteille de sa cape, qu'il avait ramené de son navire et qui avait fort heureusement survécu à sa chute. Son saké le plus raffiné. Alcool dont il savait le capitaine amatrice. Dans le plus grand silence, il servit les deux verres d'une quantité peu raisonnable avant de se saisir de celui qui était de son côté. Il le tendit vers la Dame, comme pour porter un toast, en arquant les sourcils, la tête légèrement penchée sur le côté, son sourire légendaire aux lèvres, attendant une réponse de sa part.

Les pourparlers étaient lancés.




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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeSam 15 Déc - 13:30

Si le Rouquin se plaisait à adopter une attitude ouvertement condescendante et clownesque, et ce même envers la Néréide. Il y avait en revanche une personne en présence de laquelle il ne se permettrait jamais rien de tel : Huan Yu. Véritable figure de proue en sein du Ao Kuang. Il s’était déjà taillé une solide réputation du temps où Aeddan sillonnait les mers. Pour beaucoup Huan Yu était le symbole même de l’abnégation – comme en atteste d’ailleurs cette cicatrice à la joue, montrant depuis toujours une fidélité sans faille envers le clan Wei. D’aucun ne prétendrait ne pas vouloir quelqu’un comme lui dans ses rangs. Et quand on voit l’ascendance que Huan Yu avait vis-à-vis du Rouquin, Capitaine du Boréan et donc aucunement rattaché au Ao Kuang, inutile de dire que ça filait droit dans les rangs. C’est donc cette fois avec le plus grand sérieux et respect que notre forban avait présenté ses excuses au Lhurgoyf, tout en rappelant cependant qu’il ne se serait permis cette intrusion si les faits n’étaient pas importants. Huan Yu haussa discrètement les épaules. Tout en ajoutant sur un ton faussement lasse, mais paternaliste. ~

«Dés lors qu’une idée vous traverse l’esprit, elle en devient presque une affaire d’État. » D’une voix calme quoique teintée d’ironie. Il pouvait difficilement rendre condamnable sa détermination et son enthousiasme ; tout comme Wei. Et bien qu’affichant des airs décalés, immatures et une attitude tantôt horripilante, Huan Yu lui reconnaissant un certain génie et autres qualités malheureusement en voie de disparition chez les autres représentants de Noxis.

En revanche le Second crut bon de remettre les points sur les I. Concernant la relique apportée et un hypothétique emballement si ledit objet s’était retrouvé entre les mains d’un subordonné. « Vous auriez agit sereinement, car vous rappelant que ce pont n’est pas le votre et que tous ces hommes bénéficient de ma protection et celle de la Néréide. » Déclara Huan d’une voix rendue égale, mais qui ne laissait aucune place au doute et à l’interprétation. Si le Rouquin avait droit à un petit traitement de faveur. Soit en ne finissant pas avec une balle entre les deux yeux sitôt qui foule sans invitation le Ao Kuang. Il devait quand même garder en tête qu’il y avait des règles ici.

Sur ce. La précieuse relique fut à peine effleuré par le Rouquin que la Néréide s’en empara, ce qui lui valut une grimace caricaturale. Huan feignit le dépit en lâchant un profond soupir. « Ne la faites pas attendre. » Lui conseilla presque amicalement le Second, conscient que l’humeur de la Néréide s’était assombrie depuis la veille. Quand bien même la Dame ne laissait rien paraître et se voulait tempérée, il connaissait ‘’sa petite’’ depuis suffisamment longtemps maintenant pour savoir que cette situation l’impactait.

Dépendamment ou non de ses propos : le forban obéit. La Capitaine du Ao Kuang avait déjà prit place derrière son bureau, jonglant adroitement avec la pseudo-piécette … tandis que son invité avait visiblement jeté son dévolu sur le Autours de Zahar ; lui tournant le dos. Une chance pour lui que le rapace avait accompli sa tâche et avait donc mis de coté son instinct de conservation. Autrement notre Rouquin aurait déjà écopé d’un bon coup de bec. Au lieu de quoi l’animal se laissa sciemment caresser et nourrir, exprimant son contentement d’un cri typique de son espèce. La Néréide arqua légèrement un sourcil et esquissa une mine faussement désapprobatrice, voire insultée.  Après avoir pris le risque inconsidéré – ou presque de venir ici, voilà que cet idiot attachait finalement plus d’intérêts à l’oiseau. Mais peut-être était-ce là une de ses énièmes taquineries.

La Dame décida alors de rompre le silence, puisque son opposé ne semblait décidé à le faire. Elle lui demanda officiellement la raison de sa visite, bien qu’ayant évidemment sa petite idée. D’une voix un peu trop forte à son goût étant donné l’envergure de la pièce, le Rouquin avoua être ici pour lui requérir un service en rapport à sa trouvaille. Néanmoins et avant toute de chose, il crut ressentir un certain trouble chez Wei qui laissait supposer qu’elle avait héritée d’une affaire bien plus importante à gérer. Et au combien plus impactant que la visite de son vulgaire ami. Loin d’être stupide, la Capitaine vit là un stratagème pour évoquer une possible alliance et échange de bons procédés.

« Fébrile dis-tu ? » Répéta notre pâle amie tandis que le forban coulait un regard dans sa direction. Ses lèvres s’ornèrent d’un fin sourire, feintant l’amusement. « Je ne suis pas femme à me montrer fébrile. Tu devrais le savoir mieux que n’importe qui. Je m’accorde toutefois sur ce point : tu n’es guère dans la liste de mes priorités. Fusse-t-il seulement le cas un jour d’ailleurs. » Appuyant volontairement sur cette dernière pique, ses prunelles obsidiennes plongées dans les siennes. «  Et par curieux j’entend surtout fouineur. » Commenta également Wei dans un souffle qu’elle chercha à rendre exaspéré. «  Je te rassure, le Clan se porte parfaitement bien et il en restera ainsi. Je maudis simplement que l’approche des terres soit synonyme de corvées administratives et de paperasses. Ta sollicitude ne m’est donc pas nécessaire. Ni sujet à tes négoces. » Trancha-t-elle d’une voix calme mais aussi affutée que pouvait l’être sa rapière. Les choses étaient claires, la Capitaine du Ao Kuang restait maîtresse de la situation et de cette rencontre. Tout comme elle comptait se dépêtrer seule de cette hypothétique ombre qui planait au-dessus de sa tête ; et prête à s’abattre telle Damoclès.

La majorité verrait en cela un trop plein de fierté. Encore. D’autres peut-être noterons ce besoin constant de faire ses preuves, mais aussi cette promesse inavouée de préserver ceux aspirés à de grandes choses .. et qui se feraient balayés avant même de les atteindre s’ils se retrouvaient face à un adversaire au combien trop puissant pour eux. Wei pouvait se targuer d’être parmi les plus anciens et expérimentés de notre caste. À ce titre, elle vit donc bon nombre de marins mourir. Et quand bien même l’influence du Rouquin serait courte en tant que Terran, elle aurait le mérite d’apporter quelque chose. Encore faudrait-il qu’il vive assez longtemps pour atteindre cet objectif… Et quand on voit le personnage, on est plutôt en droit de s’étonner que cet abruti soit toujours là.

Alors que le Capitaine du Boréan marquait un temps calculé après que Wei se soit inquiétée de devoir le servir en boisson, s’affublant d’une énième et horripilante mimique. Cette dernière, bras croisés, tapotait de son index son avant-bras ; se montrant trompeusement impatiente. Finalement et tout en se rapprochant de son intransigeante amie, il déclara que ce ne serait pas nécessaire. Presque de manière instantanée un des hommes de la Dame apparu dans la cabine, un plateau entre les mains et rendu complètement hagard. Son regard abyssal passa dudit intrus au bar sur lequel Alakir aurait pu tout aussi bien se servir, avant de revenir au Rouquin. Un éclat de désapprobation passa dans ses méandres, ponctué d’un chuintement caractéristique.

«  Je te serais gré de ne pas user de mes hommes comme cobaye. À moins que tu veuilles que ton équipage tue le temps en essuyant un soudain et capricieux orage. Tu sais qu’il n’est pas bon de jouer avec ma patience. Ni d’oublier que ta présence est tout juste tolérée sur mon navire. » Crut bon de l’avertir la Capitaine. Pour la première et dernière fois. Sa voix n’avait souffert d’aucune graduation, mais le rappel à l’ordre n’en était pas moins là et Wei attendait que son invité se plie à cette exigence.

Ce n’est qu’après que la Néréide daigna accorder de l’intérêt à l’alcool et verre tendu. Esquissant une moue perplexe aussi bien envers l’un que l’autre, elle accepta toutefois de porter un toast. Après avoir subtilement avisé de son bouquet, elle but son saké d’une seule traite ; comme il était coutume de le faire.. quoiqu’avec de plus petits verres. Son attention se déporta ensuite vers la relique, dont elle avait déjà remarquée les gravures. Il s’agissait vraisemblablement d’un code plus qu’un dialecte ancien. Mais en tous les cas il n’y avait rien d’étonnant à ce que le Rouquin et érudits de son équipage n’y aient jamais été confronté. Mais ~

« Une autre personne que moi aurait pu s’occuper de ça il me semble. Kilal. J’en déduis donc que ton obsession pour le Falcon a tout à voir avec ça. Pour ne pas changer de d’habitude. Et qu’à choisir entre un sermon et une possible balle entre les deux yeux .. tu as préféré débarquer sur mon pont. Tu te rends compte que ç’en devient maladif ? J’ai presque pitié pour ce pauvre Urag, qui doit au quotidien vous supporter, toi et tes lubies. » Dans un haussement d’épaules, en apparence loin de se soucier de sa quête et de tous les dangers qu’il est prêt à affronter pour cette dernière.

« Je suppose que tu veux que je traduise ce charabia pour toi ? Tu as de la chance qu’il m’ait suscité un temps soit peu d’intérêt, autrement, j’aurais presque pu me vexer que tu rattaches ma personne à cette vieillerie mal conservée. » Tout en passant d’une face à l’autre de la pièce, avant de jeter un regard en coin en direction de son verre vide de tout contenu. « Si tu comptes m’amadouer qu’avec du bon saké.. voire espérer me saouler, peut-être faudrait-il alors envisager de m’en servir plus. » Ce qui pouvait facilement se traduire par un autre verre.

« Où est-ce que tu l’as trouvé ? » En parlant évidement de l’objet et non du vin.
 
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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeVen 21 Déc - 14:03




Alors qu'il accueillait le serveur de fortune, lui débarrassant des verres qu'il avait amené à peine avait-il franchit la porte, la Néréide répondit au Roux avec la même condescendance martiale qu'à l'accoutumée.

Fébrile dis-tu ? Je ne suis pas femme à me montrer fébrile. Tu devrais le savoir mieux que n’importe qui. Je m’accorde toutefois sur ce point : tu n’es guère dans la liste de mes priorités. Fusse-t-il seulement le cas un jour d’ailleurs. Et par curieux j’entend surtout fouineur. Je te rassure, le Clan se porte parfaitement bien et il en restera ainsi. Je maudis simplement que l’approche des terres soit synonyme de corvées administratives et de paperasses. Ta sollicitude ne m’est donc pas nécessaire. Ni sujet à tes négoces.

Alakir marqua un arrêt. Les verres en main, il arqua légèrement un sourcil en faisant disparaître le sourire qui pendait à ses lèvres. Étrangement, il paraissait offensé par le discours de la Néréide. Le commun des mortels aurait pu se froisser en voyant ses avances de négociation se voir refuser, mettant son interlocuteur en position de force dans l'échange. Mais pas un enfoiré comme le Roux, à la fierté aussi démesurée que son homologue. Non, c'est quelque chose d'autres qui vint titiller le pirate. Il balança vivement sa tête de droite à gauche dans un mouvement répété, comme s'il souhaitait illustrer sa déception vis à vis du comportement de la jeune femme, avant d'esquisser un petit sourire du coin des lèvres ; allant même jusqu'à étouffer un soupir de lassitude étrangement mêlé à un rire.



Jing, jing, jing.. Tu ne changeras donc jamais.. Je conçois que tu doives entretenir cette image de femme forte, indépendante, imperturbable, insista Alakir en saupoudrant ses mots de grands gestes pour marquer une exagération souhaitée, pour ne pas ruiner ton image auprès des pourceaux des hautes strates aristocratiques et autres consortiums que tu te dois de fréquenter pour assurer la pérennité du clan. le Roux marqua une pose, durcissant brusquement son faciès, et reprit. Mais tu es ici sur les mers, loin de ton monde factice, et je n'accepterai en aucun cas que tu me manques de nouveau de respect en pensant que je puisse me satisfaire de ces conneries.

Le temps semblait s'être arrêté dans la petite cabine du capitaine. Alakir faisant face à la Néréide, immobile, installant une pression insoutenable entre eux. Le plus simple des esprits aurait pu prendre part à la folie s'il était soumis à ces inlassables minutes de mutisme qui aurait pu être interrompues à tout moment par une balle d'un des deux protagonistes.. Mais au lieu de ça, c'est un rire du Roux qui brisa l'instant. Alors qu'il venait de la menacer, il s'esclaffa soudainement en lui adressant une voix bien plus calme et plus.. franche qu'elle n'était jusque là.

Tu sous estime mes capacités.. Ton inquiétude et ton anxiété ne peuvent m'être camouflés, Néréide. Et il en va évidemment de même pour ta maigre tentative de dissimulation.. Je respecte ton choix que de tourner le dos à ma proposition, mais je t'en prie, Jing, n'ose nullement penser que tu peux me tromper d'une quelconque manière. Ne m'associe pas à ces ignorants. Il te suffisait simplement de la refuser. Tes raisons, je m'en lave les mains. Ceci étant dit..

Il se dirigea enfin vers le bureau de la Dame, en y posant les deux verres qu'il tenait en main. Alors qu'il dégagea une bouteille de sa cape pour servir une quantité insolente d'alcool dans les deux récipients, Jing lui adressa une nouvelle menace.



Je te serais gré de ne pas user de mes hommes comme cobaye. À moins que tu veuilles que ton équipage tue le temps en essuyant un soudain et capricieux orage. Tu sais qu’il n’est pas bon de jouer avec ma patience. Ni d’oublier que ta présence est tout juste tolérée sur mon navire.

Menace à laquelle Alakir ne répondit que par un sourire. Il avait déjà subit la foudre des colères de la Néréide à de multiples reprises par le passé, dont de nombreuses fois où son équipage a manqué de se faire engloutir par les eaux. Mais quand bien même, tous deux savaient que le Roux connaissait les failles de la belle, et qu'il ne lui aurait fallut que peu de temps pour glisser sa lame sous sa gorge, paralysée par l'usage de ses capacités effroyables. Ainsi, il n'y répondit pas, toujours amusé par les menaces de sa meilleure ennemie, devenues des compliments à son oreille. Il leva simplement son verre en lui adressant un clin d’œil avant de le finir d'une traite comme la coutume le voulait, et poussa un long râle de satisfaction une fois fait.

L'héritière l'imita. Signe qu'elle accepta sa venue, malgré ses mots tranchants. Ce n'est qu'une fois son verre vidé, qu'elle daigna enfin s'intéressée à l'objet de la venue du Roux. Alakir se délectait de voir Jing observer l'objet avec intérêt, comme s'il espérait que le disque nourrisse autant de questionnement et de fascination chez elle qu'il n'en a nourrit chez lui même. Mais il savait qu'elle ne l'avouerait jamais.

Une autre personne que moi aurait pu s’occuper de ça il me semble. Kilal. J’en déduis donc que ton obsession pour le Falcon a tout à voir avec ça. Pour ne pas changer de d’habitude. Et qu’à choisir entre un sermon et une possible balle entre les deux yeux .. tu as préféré débarquer sur mon pont. Tu te rends compte que ç’en devient maladif ? J’ai presque pitié pour ce pauvre Urag, qui doit au quotidien vous supporter, toi et tes lubies.

Et il n'avait pas tort. Alakir s'esclaffa une fois encore.

Il est vrai que ce pauvre Urag doit parfois regretter de partager la mer à mes côtés.. Mais j'ose penser que que mes caprices valent mieux que les abysses profondes et monotone dans lesquelles il était submergé avant notre rencontre ! Pour ce qui est de Kilal..

Debout depuis son arrivée, il souhaita brusquement se mettre à l'aise, comme si le sujet s'y prêtait. Il retira alors lentement sa longue cape miteuse qu'il posa calmement sur un crochet prévu à cet effet à l'autre extrémité de la pièce. Alakir dévoila alors une musculature imposante que l'on a souvent tendance à oublier, d'habitude camouflée par son manteau. Sa légère chemise en lin, ouverte jusqu'au bas de son thorax et retroussée jusqu'aux coudes, laissait apparaître, outre un buste et des avants bras athlétiques, de nombreuses cicatrices relativement profondes. L'une d'entre elle, particulièrement large, fendait son pectoral gauche et remontait jusqu'à son cou. Bien plus à l'aise, il daigna enfin s'asseoir face à la Dame.

.. bien que tu ais raison sur l'idée que je préfère prendre le risque de voir une balle collée entre mes deux yeux plutôt que de recevoir un sermon du capitaine du Léviathan, Alakir marqua une pause et eut un frisson d'effroi rien que d'y penser, si je ne souhaite pas le solliciter, ce n'est que par pure fierté. Tu sais ce que c'est, n'est-ce pas ? taquina la Roux en arquant un sourcil. Si j'ai quitté son équipage, c'est bel et bien pour m'affirmer en tant que pirate, suivre ma propre voie, et non pour quémander son aide dès que je fais face à la moindre difficulté. Et aujourd'hui que le nom du capitaine Alakir résonne sur toutes les mers, je souahite qu'il me voit, non plus comme le fils que j'ai été, mais comme un rival dont il doit se méfier. conclut-il avec un sourire presque carnassier.

Je suppose que tu veux que je traduise ce charabia pour toi ? Tu as de la chance qu’il m’ait suscité un temps soit peu d’intérêt, autrement, j’aurais presque pu me vexer que tu rattaches ma personne à cette vieillerie mal conservée.

Ph, la jeunesse que tu as su conservée au fil des années pourrait presque autant m’enivrer que ce que cache ce disque, dit-il, un sourire taquin aux lèvres. Et détrompe toi, je ne souhaite pas que tu traduise ces lettres pour moi, mais je souhaite que tu me donnes des informations qui puissent m'aider à traduire ce charabia, mince nuance, mais qui a toute son importance tout de même. poursuivit Alakir et levant l'index et le majeur pour peser ses mots.

Alakir remarqua un vif regard de la Dame sur la bouteille qu'il avait apportée avec lui. Elle n'y était pas insensible. Se satisfaisant à cette idée, il lui servit spontanément un deuxième verre, juste avant qu'elle ne lui propose de lui servir un second verre, laissant Jing, qui n'avait pas pensée à son anticipation, parler dans le vide. Ce n'est qu'après avoir servi les deux mêmes quantités d'alcool, que la Néréide lui posa une question à laquelle il tiqua.

Où est-ce que tu l’as trouvé ?

Il sourit machinalement, son regard porté dans le vide, comme s'il attendait cette question depuis son arrivé. Il baissa les yeux dans son verre, observant avec attention le liquide incolore qu'il faisant doucement tournoyer dans son verre comme s'il attendait y trouvé la réponse à cette question. Brusquement, il le porta à ses lèvres et avala le verre d'une traite, avant de le poser avec force sur son bureau.

Alakir se pencha alors lentement vers Jing, en s'appuyant sur ses avant bras posés sur le bureau. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux battaient rapidement, comme s'il était plongé dans un long périple réflexif. Il plongea son regard dans celui de l'héritière, inclinant sa tête légèrement sur le côté, le menton à quelques centimètres du meuble, et chuchota.

Quelle genre de Reine veux tu être, Jing Wei ?

Le Roux avait fait totalement fi de la réponse de la jeune femme, avant de lui poser une question incompréhensible ; mais à laquelle il semblait attacher une certaine importance. Comme s'il avait besoin de la réponse à cette question pour pouvoir répondre à la sienne. Comme si l'envie de lui poser cette question brûlait ses lèvres depuis des lustres. Comme s'il pouvait sonder son âme grâce à cette réponse. Comme si.. Tout ce qui allait se dérouler au sein de cette cabine serait déterminé par cette réponse.

Comment allait réagir la Dame ?




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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeVen 21 Déc - 23:09

Une soudaine lourdeur avait envahie la pièce lorsque Wei balaya d’un revers toute perspective de ce qui aurait pu être un début d’arrangement. Le sourire du Rouquin s’effaça dans la seconde qui suivit et se stoppa dans son geste ; restant planté là avec ces deux verres à la main. Les propos de la Néréide semblaient l’avoir réellement choqués et heurtés dans sa fierté. Il est vrai que notre pâle amie était connue pour être dure en affaire, mais sous ses airs froids et désintéressés elle se donnait toujours la peine de tendre l’oreille. Notamment auprès de son entourage proche.. ce dont Alakir pouvait se targuer d’en faire partie. Hors là. Notre Capitaine avait coupée net les élans diplomates de son comparse. Ce qui alerta d’autant plus le Rouquin. L’un comme l’autre ne supportaient pas être assujettis à l’Autorité. Beaucoup trop fiers. Avec le temps – et après plusieurs échauffourées – le duo avait donc appris à se mettre sur un même pied d’égalité ; améliorant grandement leur relation pour celle que l’on connait désormais. Le fait que Wei botte ainsi en touche cette unique mais importante règle déplut lourdement à Alakir. Qui le fit rapidement savoir à la Néréide.

Bien que sa première rétorque fut teintée d’amusement, avouant reconnaître la Capitaine dans toute sa splendeur ; soit sous ses airs distants et de femme indépendante. Tel était la personne qu’elle se devait d’être en présence des ‘’ pourceaux des hautes strates aristocratiques’’. C’est bien plus durement et fermement que le Rouquin rappela ensuite qu’ici : ils étaient en mer. Et que même en y mettant ainsi les formes, il ne tolérait pas que Wei lui manque de respect et l’en dissuada fortement de le refaire. Bien que son visage était resté égal un éclat sombre et animal se mit à briller dans ses méandres obsidiennes, défiant littéralement Alakir du regard. Tandis que tous les muscles de son dos, jusqu’à ses épaules s’étaient crispés au maximum. Son monde dit-il. Du respect dit-il.

« Ôtes-toi d’un doute Rouquin. Mon monde est bel et bien ici. Et ce depuis bien avant ta naissance. » D’une voix calme, mais aussi tranchante que sa rapière. « Et tu ne manques pas de culot en me parlant de Respect. Toi qui es prompt à mettre en plan tous les codes – ou quasi – dés qu’ils ne te sont plus profitables. » Souligna-t-elle tout aussi durement. Son attitude clownesque ne pouvant l’excuser de tout, ni auprès de n’importe qui.

Un long et pesant silence s’en suivit, tous deux se montrant inébranlables envers l’autre et se jaugeant mutuellement ; entretenant ce climat dangereusement orageux. Puis soudain, Alakir éclata de rire. La Néréide cligna lentement des paupières, traduisant aussi bien son étonnement qu’une franche exaspération. Bien incapable de revenir à un état normal avec autant de faciliter et de rapidité que le Rouquin. Tandis qu’elle tentait prudemment de museler ses plus basiques instincts, enfonçant durement mais discrètement ses ongles dans son bras - manquant d'éventrer sa chemise en lin, son horripilant comparse reprit la parole.

Il fit preuve d’une grande et reconnue légèreté. Était-ce dans le but d’endiguer un possible conflit ? Toujours est-il qu’il sentait ses capacités et talents ouvertement sous-estimés par Wei. Il était loin d’être dupe et descellait parfaitement ses inquiétudes. Il tenait à ce son amie le comprenne, quand bien même il aurait accepté et respecté un simple refus de sa part ; peu importe la raison de son choix. La Capitaine observa longuement Alakir. Étrangement silencieuse. Au prix d’un effort insoupçonné elle retrouva pourtant son self-control, inspirant puis expirant lourdement, comme pour se libérer des dernières tensions.

« Tu es épuisant comme garçon. Tu le sais ça ? » Commenta-t-elle simplement, adoptant de nouveau une attitude détachée tandis que son vis-à-vis se rapprochait enfin du bureau et remplissait leurs verres. Wei crut alors bon de lui rappeler que ses matelots n’étaient pas ses cobayes et que s’il persistait, elle se donnait le droit de mettre à l’épreuve son équipage. Une menace qui fit sourire le forban plus qu’autre chose, puisque conscient des limites de cette capacité et la vulnérabilité dans laquelle se trouve la Capitaine lorsqu’elle en fait usage. Le fil d’une lame sous sa gorge suffirait donc à régler le problème. Mais avouons-le. Alakir ne verrait probablement aucun intérêt, ni aucune gloire à l’abattre de cette manière. Et Wei était naturellement informée de ses propres failles…  donc pas stupide.

C’est donc sereinement que son comparse vida son verre d’une traite, rapidement imitée par cette dernière qui avait une excellente descente. Elle s’occupa ensuite du curieux artefact. Sans aucun doute lié une fois encore au Falcon. La Néréide ne put s’empêcher de faire remarquer à Alakir que ses recherches tournaient à l’obsession, voire à des choix dangereux  – comme en venant ici - et qu’Urag avait bien du souci à se faire. Là encore le forban pouffa, s’accordant sur ce point. Mais il aimait croire que son second menait une vie bien moins sombre et sordide depuis qu’il œuvrait avec lui, et ce malgré tous ses caprices. À ses propos la Capitaine haussa distraitement les épaules. Wei respectait le Zélos, ne serait-ce déjà que pour sa patience d’ange. Mais à ce titre elle trouvait déplaisant que le Rouquin en abuse autant. Plutôt que de mettre un tant soit peu sa fierté de côté. Comme il aurait justement pu le faire avec Kilal, par exemple. Mais il est vrai qu’aller quémander son aide serait déplacé et un brin embarrassant au vu de sa situation. Wei arqua un sourcil tandis qu’un fin sourire orna ses lèvres rien qu’en imaginant la scène.

« Pauvre chose. » Dit-elle avec moquerie, tout en lorgnant en direction de l'homme lorsqu’il entreprit de se mettre à l’aise. Elle inclina légèrement la tête quand il retira sa cape miteuse, laissant apparaître plus distinctement un corps musculeux mais lardé de cicatrice. Elle le détailla sans une once de pudeur, ni discrétion. Et ce même quand il revint auprès elle. Se décidant à poser son cul sur l’une des chaises. Passons cette agréable parenthèse. Elle souligna quand même la chance qu’eut Alakir dans le fait que la relique s’était révélée intéressante. Autrement, elle n’aurait guère appréciée qu’il mette indirectement en avant son âge.. avancé. Une espérance de vie qu’aurait peut-être convoité le forban, si le secret du Falcon ne prenait pas déjà une place importante.

La Néréide resta de marbre face à cette taquinerie, accoutumée. Longévité : prolongation inconfortable de la peur de la Mort. Ça n’avait rien d’un cadeau. Ni d’une malédiction. C’était juste une facette commune aux êtres comme elle. Et Alakir ne commettrait sûrement pas l’erreur de penser qu’elle ne comportait que des avantages. Comme celui de traduire des pièces rouillées. Barbant. D’ailleurs le forban espérait qu’au-delà d’une banale retranscription, Wei saurait plutôt lui donner matière à déchiffrer lui-même ce codage. Il ponctua cette demande en servant alors un second verre. Notre pâle amie esquissa une moue franchement perplexe et soupira lourdement.

« Le Saké te monte déjà au crâne ? Ou es-tu juste désespérément con ? » S’interrogea sincèrement la Capitaine avant de prendre son verre, le vidant comme le premier. Elle préféra plutôt demander à Alakir où il avait trouvé ledit objet.

Le Rouquin sourit, mais visiblement perdu dans ses pensées, il resta incroyablement silencieux. Après avoir longuement et machinalement fait tournoyer le contenu de son verre, il se décida finalement à le boire d’une traite, puis se hissa de sa chaise et se pencha en direction de la Néréride. Assez pour que ç’en devienne supposément inconfortable pour elle. À sa question, son horripilant ami préféra répondre par une autre. Elle braqua ses prunelles obsidiennes dans les siennes, cherchant à cerner ses intentions. Quel genre de Reine veut-elle être. C’est tout en entretenant ce mutisme que Wei s’approcha du Rouquin. Encore. Et encore. Son souffle se mêla une seconde au sien et …

BAM. Il s’en suivit un douloureuse rencontre  entre Alakir et la surface lisse du bureau, lorsque la Néréide frappa sa tête avec l’une des faces de sa précieuse relique. « Ta formulation n’est pas correcte. Et tu sais parfaitement quel genre de Reine je suis. » Trancha-t-elle calmement mais effrontément, tout en se réinstallant confortablement au fond de son siège.

« Tu sauras qu’en plus d’être daté : ton charabia est codé. » L’en informa la Capitaine. « Ta pièce est faite d’un alliage qu’on ne trouve pas sur le Continent. J’ai mémoire que ce métal s’était révélé quelconque en comparaison des notre. Ni plus solide. Ni plus précieux. En fin de compte sans valeur. La compagnie marchande avait donc abandonné l’idée d’exploiter un hypothétique filon. En revanche.. » Elle marqua une pause, faisant là encore travailler sa mémoire. Elle se redressa finalement, avec la grâce et l’aisance qui la caractérise et s’approcha de sa bibliothèque, voulant s’ôter d’un doute, effleurant du bout des doigts les ouvrages qu’elle s’était elle-même chargée de rééditer.

« Sur les cinq bateaux assignés à l’entreprise, trois ont financés une expédition indépendante. » Tout en trouvant le but de sa recherche, récupérant un porte-documents en cuir usé qu’elle ouvrit. « Un seul rentra au port avec le peu de survivants des trois vaisseaux. Le navire rescapé était quant à lui bon pour le cimetière navale. Après cet échec cuisant son capitaine sombra dans l’oubli. On raconte pourtant qu’il tenta de relancer une mission en mer avec le peu d’homme encore prêts à le suivre. Il affirmait ‘’toucher au but’’. Évidement on le prit pour un fou et aucune compagnie accepta de créditer son aventure. » Continuant de feuilleter les documents, jusqu’à ce que Wei arrête son geste en consultant l’un d’eux. Elle l’étudia une demi-seconde, suffisante pour se remettre les informations en tête avant de refermer le dossier. En d’autres termes.

« Ta vieillerie appartient à ce capitaine. » Mais la Capitaine se garda bien préciser son nom ainsi que celui des navires. Et si vous vous demandez comment elle a récupérée de tels informations.. elle avait tout simplement rachetée les parts d’une compagnie, qui elle-même avait rachetée celles d’une autres ; héritant ainsi des anciens contrats et compte-rendu de mission. Dans le simple but de condenser des données relatées de météorologie, voire de cartographie.
 
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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeSam 22 Déc - 16:08




Le Saké te monte déjà au crâne ? Ou es-tu juste désespérément con ?

Combien de fois avait-il entendu cette phrase au cours de sa vie ? Éternel incompris, Alakir adorait l'entendre, qu'elle soit insulte ou boutade, et se contenta de sourire en silence. Il l'avait précisé. La nuance était mince, mais précise. Effectivement, si la Dame le traduisait pour lui, certes, il n'aurait produit aucun effort et s'en serait sorti avec les informations dont il avait besoin. Mais s'il était amené à retrouver un langage similaire, il ne serait pas capable de le traduire, et devra de nouveau faire appel à un dangereux prestataire. Il n'était pas arrivé au rang où il était en apprenant à vendre du poisson, mais bien en apprenant à pêcher. Il mettait un point d'honneur à son autodidaxie et son indépendance, surtout lorsqu'il s'agissait de Falcon.

Après lui avoir posé une question que le commun des mortels pouvait qualifier d'inadéquate, voir d'énigmatique, Jing Wei se rapprocha lascivement de lui. Alakir ne bougea pas, préférant l'observer s'avancer lentement. Alors que son visage était à quelques centimètres du sien, pouvant admirer la finesse de ses traits aux premières loges, la Néréide se releva brusquement pour plaquer le visage du Roux contre son bureau avec force.

Ta formulation n’est pas correcte. Et tu sais parfaitement quel genre de Reine je suis.

Il n'est pas dupe. Il ne s'attendait pas à ce que Jing s'approche plus près qu'elle ne l'était déjà. Mais Alakir devait l'avouer ; il était surpris. Surpris de sa réponse, et de la suffisance qui en découlait. Il savait son amie adepte de joute verbale, et de réflexions autour d'une discussion. Pourtant elle avait préférée tourner le dos à sa question, et s'emporta - malgré le fait qu'elle tente maladroitement de garder son calme. - Peut être n'avait-il pas perçue la profondeur de ce questionnement ? Ou peut être n'était-elle simplement pas d'humeur à jouer. Peu importe la raison qui l'animait, le Roux s'esclaffa, la joue pressée contre le bureau, tenu par la main ferme de la Néréide. Lorsqu'elle daigna retrouver son calme et reprendre sa place, Alakir se releva, regagnant son souffle en s'arrêtant de rire.

L'ipséité n'est pas à la portée de quiconque, Jing Wei.. Est-tu seulement sûr d'être celle ce que tu souhaites être ? Alakir marqua un arrêt, avant de reprendre, d'une voix presque inaudible. Peut être un jour comprendras-tu un jour..

Mais, tous deux le savaient, l'heure n'était pas à l'introspection. C'est pour cela que Jing poursuivit sans transition.

Tu sauras qu’en plus d’être daté : ton charabia est codé. Ta pièce est faite d’un alliage qu’on ne trouve pas sur le Continent. J’ai mémoire que ce métal s’était révélé quelconque en comparaison des notre. Ni plus solide. Ni plus précieux. En fin de compte sans valeur. La compagnie marchande avait donc abandonné l’idée d’exploiter un hypothétique filon. En revanche..

Si la première partie de ses informations sonna chez Alakir comme du charabia mercantile, des informations dont il n'avait que faire, la suite le fit tiquer. Il retint un gémissement réflexif, témoignant de son intérêt pour ce que disait la Dame, mais aussi pour la curiosité naissante chez elle. Elle se releva avec une prestance qui lui était propre, s'écartant de son bureau, et posa son tricorne sur un de ses coins ; laissant quelques mèches de sa longue chevelure retomber sur son visage.

Jing se dirigea ensuite vers la bibliothèque, suivie de près par Alakir, pour se munir de vieux documents qu'elle posa délicatement sur le meuble. Pas de sourire narquois, pas de facéties chez le Rouquin. Son visage était limpide, démuni de toutes ses mimiques légendaires. Il buvait chacun de ses mots avec attention et rigueur. Spectacle inédit pour la Néréide qui n'avait pas l'habitude de voir le Roux aussi calme, aussi.. sévère.

Sur les cinq bateaux assignés à l’entreprise, trois ont financés une expédition indépendante. Un seul rentra au port avec le peu de survivants des trois vaisseaux. Le navire rescapé était quant à lui bon pour le cimetière navale. Après cet échec cuisant son capitaine sombra dans l’oubli. On raconte pourtant qu’il tenta de relancer une mission en mer avec le peu d’homme encore prêts à le suivre. Il affirmait ‘’toucher au but’’. Évidement on le prit pour un fou et aucune compagnie accepta de créditer son aventure.



Alakir écarquilla les yeux, le regard vide, comme s'il venait d'apercevoir un fantôme. Sa tête se balança lentement de droite à gauche comme s'il refusait de croire ce qu'il avait entendu. Le regard toujours aussi vide, il se mit à faire les cent pas dans la cabine. Il se mit à marmonner des propos incompréhensibles, semblant avoir une discussion avec lui même. Il s'emportait quelques fois sur quelque chose qu'il venait de dire, avant de reprendre son bougonnement avec véhémence.

Ta vieillerie appartient à ce capitaine.

Jing ! Il l'aurait presque oublié, perdu dans ses pensées. Alakir s'arrêta, avant de tourner lentement les yeux, plissés, vers ceux de sa congénère. Il se dirigea vers elle lentement.

Non.. Oh non, non, non.. Détrompe toi Jing. J'ai déjà entendu parler de cette histoire, et j'ai rencontré l'un des survivants du navire dont tu parles au cours de mes périples. Et le bougre m'a fait mention non pas d'un.. Le roux releva sa main en montrant son index et son majeur.. mais deux navire rescapés.



Il poussa un long râle de mécontentement avant de retourner faire les cent pas, bien plus agités que les précédents.

Lorsqu'il m'a annoncé son histoire et son périple à propos de la légende de Falcon, je m'étais tout de suite décidé à aller à la rencontre du capitaine de son navire. Mais sous les conseils d'Urag, qui pensait qu'il était bien trop dangereux de suivre des pistes aussi minces et aussi confuses, je me suis avisé. Oui, ne t'en déplaise, je sais parfaitement mettre ma fierté de côté pour écouter les avis de mon second. dit-il sans même la regarder, conscient que cette information ne lui avait pas été donnée de vive voix et que la Dame comprendrait qu'il s'agissait de pensées qu'il avait dû percevoir grâce à ses capacités.

Toujours sans lui porter plus d'attention, comme animé d'une idée qui consumait son esprit, il se reporta sur l'une des nombreuses cartes maritimes accrochés sur les murs de la cabine. Il l'examinait avec précision, posant son doigts à quelques endroits précis, et se remis à marmonner pendant de longues secondes. Puis, d'un coup, il pressa son doigt fortement sur un endroit de la carte, et répéta son geste à de nombreuses reprises en accélérant sa cadence, comme s'il venait de réaliser quelque chose.

Toujours sans dire mots, il récupéra sa longue cape et la jeta sur ses épaules avant de disparaître dans un épais nuage de fumée opaque, et de réapparaître dans la seconde, à la même place, mais son sabre en mains. Il se mit à chercher promptement dans la cabine, en faisant totalement fi de la Néréide qui devait se poser moult questions. Puis l'objet de sa convoitise lui apparu : le large fusil de Jing Wei, qu'il s'empressa de récupérer par la crosse.

Une fois fait, il se dirigea vers la Néréide avec un pas si déterminé, si pressé, qu'on aurait pu le penser menaçant. Ce n'est que lorsqu'il était à quelques mètres d'elle qu'il plaqua sa main, d'un geste délicat mais ferme, sur sa chute de reins en la pressant contre lui sans relâcher son étreinte. Son buste était ainsi pressé contre le sien, et leur visage posés à quelques centimètres. D'un geste habile, Alakir glissa l'arme de la Dame à sa ceinture, le long de sa cuisse.

Tu en auras certainement besoin.. murmura-t-il presque lascivement.

Une lumière vive émanant de l'arme du Roux, un nouveau nuage de fumée, et sûrement une sensation désagréable pour la Dame, les firent totalement changer de décor. Le petite cabine étroite devint une longue ruelle sombre dans une ville particulièrement silencieuse, baignée par la lumière du crépuscule. Ils s'étaient téléportés. Alakir ôta sa main de la cambrure de Jing et recula de quelques mètres, pour retourner faire les cents pas, cette fois-ci le regard tourné vers la pirate dont le faciès bouillonnant réclamait des explications immédiates.

Selon les dires de l'homme que j'ai rencontré, il y avait parmi les navires de l'expédition, un navire plus.. Indépendant. Une troupe de mercenaires engagés par le reste de la flotte au cas où il y aurait recours à la force. C'était là la seule condition des financeurs de l'expédition : s'assurer qu'ils reviennent en état, en obligeant la présence de leurs hommes de mains. Mais ! Alakir sourit en secouant son index de droite à gauche. Ce n'était que la raison officielle de leur présence. Vois-tu, le but de ces mêmes financeurs était d'exploiter l'excursion pour récupérer l'entièreté des trésors qu'ils allaient trouver, et s'enrichir sans effort. Ils n'avaient alors qu'à simuler des conditions météorologiques violentes qui aurait causé la perte de la flotte à l'exception, d'un navire. Ce même navire dont le capitaine est désormais considéré comme un fou, car personne ne veut croire à ces histoires de marins aliénés par la dureté des Océans. Mais tu le sais mieux que moi : aucune tempête qui peut détruire des navires de cette envergure ne peut laisser quelconque vaisseau s'échapper. Et ce n'est qu'au travers de notre discussion, Jing, que j'ai réalisé quelque chose qui m'avait totalement échappé.. Vois-tu, lorsque j'ai demandé à ce vieil homme comment avait-ils pus faire un aussi long périple sans mécénats royales, il m'avait dit qu'il "fallait de temps en temps prendre des risques et mettre toutes les chances de ton côté", avant de me donner un nom..

Alakir sourit doucement en voyant le visage de la Néréide s'illuminer dans un mélange d'émotion qu'il ne pouvait déceler sans usage de ses capacités.

Oui, ce n'est pas une énième facétie de ma part que de t'avoir emmené ici, et je pense que tu commences à comprendre.. L'homme qui a financé ce périple, le même ayant imposé la présence d'un tierce navire qui sabota l'opération en faisant croire à un échec, le même.. Alakir marqua une pause.. qui s'affaire avec Aldric Daadhee pour étendre son pouvoir sur les mers du Sud, n'est autre que Jomarr Kaahrsen en personne. C'est à lui, que ce disque a été volé.. Et je pense que je ne suis pas le seul à vouloir lui réclamé des réponses, je me trompe ? insista Alakir en esquissant un léger sourire, arquant un sourcil.

Les pièces du puzzle s’imbriquaient petit à petit. Le Roux savait que c'était un gros risque de ravir l'héritière du clan Wei de cette façon, mais il n'était pas assez fou - quoi qu'en dise ses détracteurs - pour le faire sans une raison valable. L'homme qu'il cherchait pour avoir des informations sur ce disque, était aussi impliqué dans des affaires concernant la Néréide. Bien qu'il n'en était pas sûr, ne suivant que son intuition exacerbée, il se disait qu'il pouvait vraisemblablement lié à ce qui préoccupe autant la Pirate, connaissant plus que quiconque sa sensibilité à propos de la famille Valombre que Jomarr servait.

Tout deux convergeaient vers un point unique. Mais comment allait-elle réagir à l'impétuosité d'Alakir et aux informations qu'il venait de lui livrer ?




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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeDim 23 Déc - 17:04

Le visage durement plaquée contre la surface finement ouvragée du bureau, le Rouquin ne put s’empêcher de rire à nouveau. Est-ce qu’il avait été surpris par le geste de la Néréide. Ou est-ce qu’au contraire il avait encore volontairement cherché à provoquer une vive réaction ? Très honnêtement la Capitaine ne saurait le dire, tant Alakir passait aisément d’une émotion ou d’une situation à l’autre. Au point que même elle avait du mal à le suivre et ne cernait pas toujours ses intentions. Ce qui l’agaçait fortement. Adepte du contrôle qu’elle est. Un trait de caractère sans nul doute connu du forban et qu’il se plaisait donc peut-être à mettre à l’épreuve. Et quoi de plus plaisant pour un être imprévisible que de l’être encore plus.

C’est donc sous couvert de mystère qu’il demanda à Wei si elle savait vraiment ce qu’elle voulait. Malgré toute l’assurance et l’égocentrisme dont elle faisait preuve. Plus bassement encore, presque dans une méditation, son comparse annonça toutefois qu’elle comprendrait. Tôt ou tard. La Capitaine arqua légèrement un sourcil à ses propos. Qu’est-ce qu’il lui racontait encore ? La Néréide soupira et libéra Alakir de sa prise. Malheureusement pour lui, notre pâle amie était moins réceptive à ses devinettes qu’à l’accoutumée. Voire simplement lasse de ce qu’elle comparait à des enfantillages. Elle savait pourtant pertinemment que le Rouquin ne laissait jamais rien au hasard. Mais son esprit était définitivement ailleurs pour le moment.

Elle fit tout de même acte de bonne foi en informant le Terran de ce qu’elle savait ou devinait de son curieux objet. La première partie des faits sonna plutôt creux aux oreilles de son invité, puisque ne voyant pas comment mettre toutes ces données à son profit. En revanche, la seconde lui sembla largement plus intéressante et concrète ; se montrant particulièrement bon élève et sérieux. Au terme de son exposé la Néréide s’était tournée vers lui. Elle vit alors les yeux écarquillés d’Alakir, comme s’il venait d’être frappé par la foudre. Ou une illumination. Ce qui inquiéta la Capitaine plus qu’autre chose. Il n’y avait rien de bon à ce que le Rouquin réfléchisse de trop. Puisqu’équivalant trop souvent à une succession d’emmerdements.

C’est le regard de nouveau éteint que son invité se mit à faire les cents pas dans sa cabine, comme un lion prisonnier de sa cage, tout en marmonnant dans sa barbe. Wei avait convenue que cette relique appartenait au marin qu’elle avait mentionné – mais pas nommé. Cette révélation freina les vas et viens d’Alakir, qui sembla reprendre le cours de la scène et réalisa de nouveau la présence de la Capitaine. Cette dernière croisa les bras, feintant une forme d’agacement. L’avait-il seulement et réellement écouté. Vraisemblablement : Oui. Cependant il réfuta un détail dans la version de la Néréide. Tout en joignant le geste à ses paroles le Terran déclara que deux bateaux étaient revenus au port et non un seul. En atteste le témoignage d’un des rescapés. Les prunelles de Wei se teintèrent d’une légère surprise. Qu’elle chassa aussitôt d’un lent battement de cils.

Dans un grondement de mécontentement, Alakir reprit sa ronde. Plus turbulent que jamais. Il expliqua que suite à cette histoire il avait bien évidement été tenté de retrouver le capitaine du vaisseau. Mais Urag l’en avait dissuadé et – aussi surprenant que celui puisse paraître – il avait pris bonnes notes de ses conseils et s’était finalement ravisé. D’ailleurs, la façon dont il le souligna à la Néréide sous-entendait qu’il avait capté le fil de ses pensées.

« Alakir… » Commenta-t-elle d’une voix animal et ouvertement menaçante. Il devait pourtant savoir que Wei ne supportait pas qu’il pioche ci et là ses pensées. Ni la créature qu’elle gardait ensommeillée. D’ailleurs il est possible que la capacité de notre Rouquin à son encontre ce soit à l’occasion retournée contre lui. Se heurtant à une bête violente, sans merci et qui n’aurait eu aucun scrupule à le dévorer si elle s’était retrouvée face à lui de manière tangible. Mais littéralement piégé dans sa litanie, il n’accorda aucune attention à la Capitaine. Allant jusqu’à oublier qu’il se trouvait au sein du Ao Kuang et non du Boréan, il détailla l’une des cartes maritimes qu’avait fidèlement tracée son amie et pointa plusieurs positions, puis une seule à plusieurs reprises. Comme s’il se réalisait que c’était là et nulle part ailleurs. Mais quoi à la fin ?!

Là encore il ne daigna pas lui rendre des comptes, mettant à rude épreuve sa patience déjà émoussée. Conforté dans son silence il se saisit tout aussi soudainement de sa cape miteuse qu’il passa sommairement sur ses épaules avant de disparaître dans une volute de fumée. Et c’est tout. Un éclat franchement réprobateur apparu dans ses prunelles abyssale.

« Quel espèce de .. » Lâcha la Capitaine tout en se dirigeant prestement vers la sortie de sa cabine, complètement indignée. Cette fois lui et son équipage vont l’essuyer, sa Tempête ! C’est presque avec grand fracas qu’elle ouvrit la porte, sous le regard étonné de Huan et Amos, qui vaquaient à leurs obligations respectives en attendant le bilan de cette entrevue. C’est dans un silence inquiétant que l’attention de la Néréide porta en direction du Boréan.

Puis soudain, elle sentit une présence reparaître dans son dos. Elle comprit de suite de qui il s’agissait. Il prenait le Ao Kuang pour quoi au juste, un moulin ?! Et elle ?! Les poings serrés jusqu’à s’en blanchir les phalanges et enfoncer ses propres ongles dans la paume, elle se retourna avec lenteur. Prête à lui casser littéralement la gueule cette fois. Mais alors que Wei s’était avancée d’un pas, le Rouquin apparu subitement près d’elle et pressa son corps contre le sien, maintenant cette proximité grâce à une main fermement posée dans le creux de ses reins. Dans ce même temps il passa habilement Liánmīn à sa légitime propriétaire après s’être chargé de le récupérer, avouant d’une voix suggestive que son amie risquait peut-être d’en avoir besoin. À peine eu-t-elle le temps d’assimiler le tout qu’une vive lumière se mit à jaillir du sabre d’Alakir.

À cet instant Wei, tout comme Amos et Huan comprirent ce qu’il s’apprêtait à faire. Mais furent incapables d’empêcher la suite des évènements. Le geste du second se retrouva donc en suspend, ayant à l’origine tenté de récupérer sa Capitaine. Il ramena son bras le long de son corps. « Inconscient.. » Dans un grondement sourd et réprobateur. Inquiet pour sa cheffe, mais donnant visiblement pas cher du forban. Il marqua un temps, puis ordonna à ce qu’on mette à sa disposition une chaloupe. Les mousses obtempérèrent aussi sec.

« Que comptes-tu faire ? » l’interrogea Amos.

« Faire savoir à Urag que son Capitaine a encore une fois brillé par son imprudence en emportant le mien. Et voir s’il peut m’en donner les raisons. » Déclara-t-il tout en remettant son épée au médecin, se devant lui aussi de montrer pattes blanches s’il voulait rejoindre le Boréan. Amos esquissa un signe de tête entendu pour cette marque de confiance et se saisit de l’arme, la couplant avec la sienne.

« Suis-je le seul à l’avoir remarqué ? » Plus sombrement.

« Non. Je l’ai vu aussi. Et je n’aime pas ça. » Et il devrait aussi d’en faire part au Zélos. Le prévenir qu’Alakir avait été beaucoup trop loin avec Wei et qu’il risquait de passer un sale quart d’heure. À ce titre, Huan ne lui pardonnerait pas non plus d’avoir possiblement repoussé la Néréide, sa protégée dans ses retranchements. Sur ce. Il laissa Amos gérer les affaires du navire et alla rejoindre l’embarcation.

En une fraction de seconde le duo était passé de la cabine luxueuse de la Capitaine à une ruelle quelconque, vide de monde et plongée dans une lumière entre chien et loup, assurément à des lieux de leurs vaisseaux respectifs. Loin d’être accoutumée à pareil transport, ni de l’apprécier. Wei se retrouva fort désagréablement prise de vertiges. Même en ayant le pied marin, son oreille interne avait quand même été sensiblement malmenée. Sitôt que le Rouquin retira sa main de sa cambrure, notre amie prit l’initiative de s’écarter, s’adossant contre la façade crasseuse d’une bâtisse tandis que son comparse ré-adoptait la même attitude que précédemment ; faisant de nouveau les cents pas.

Comme si de rien était il se remit à déblatérer à propos de sa quête, reconnectant les éléments de son amie avec les siens et mettant d’autres en lumière. Quand bien même Wei pouvait très bien ne plus l’écouter. Au bout d’un premier et assommant passage comté par Alakir, qui lui permit néanmoins de reprendre un minimum ses esprits, la Néréide quitta son appui et se rapprocha de lui. Alors que son comparse avait renchaîné après une énième mimique, Wei mit violemment un terme à son monologue en assénant un ‘’front-kick’’ dans le ventre, l’expulsant contre un amas de caisses qu’il fracassa dans sa chute. Alerté par le bruit tonitruant, un groupe de passants – venant d’une sortie de taverne - approcha de la zone de conflit. Tout d’abord étonnés de voir un colosse de deux mètres au sol, leurs attentions se tournèrent ensuite vers la créature responsable. Charmé mais surtout éméché, un des hommes voulut jouer les médiateurs et s’approcha.

« He he. ‘Faut pas vous énerver comme ça ma petite d..» ~ Sa phrase ne put aboutir, son nez soudain chatouillé par le canon d’un fusil. Toute nonchalance et grammes d’alcool sitôt et magnifiquement évaporés, le badau devint complètement livide.

« Tu tiens vraiment à t’en mêler ?.. » Lui demanda sombrement la Capitaine sans même lui adresser un regard, qui ne brillait d’aucune forme d’hésitation au passage. L’homme secoua nerveusement la tête, rendu muet par la peur.

« Et tes collègues ?.. » Les interrogea-t-elle tout aussi froidement, suscitant la même réaction de leur part. C’est bien ce qu’il lui semblait. Alors ~

« Dégagez, petits hommes. » Ordonna sèchement Wei. C’est sans un pli que l’ensemble du groupe se sauva, la queue entre les jambes.

Tout en ramenant l’arme le long de son flanc, la Néréide se rapprocha d’Alakir. Nul doute que les trainer jusqu’à un tel endroit épuisa lourdement le Rouquin, aussi elle ne s’étonna pas qu’il reste cloué au sol. Quel inconscient. C’est de sa main gauche elle saisit fermement et puissamment son ami par la gorge, le hissant à une moitié de hauteur. Notons que son bras porteur souffrait de quelques tremblements. Son épaule montrant des signes de faiblesses depuis sa blessure, la seule à n’avoir jamais parfaitement cicatrisée. Et l’homme pesant accessoirement son poids.

C’est dans un silence inquiétant que la Capitaine la scruta Alakir. Lorsqu’elle se muait dans un tel mutisme, ça ne voulait en aucun dire que vous aviez eu le dernier mot. Mais plutôt qu’elle se fermait à toute forme de communication. Le Rouquin avait définitivement abusé de sa patience en jouant à ce point avec elle. Non sans mal étant donné sa situation, il voulut reprendre le cours de ses explications. Malgré son large cou Wei n’eut aucun mal à  serrer d’avantage sa prise, lui intimant par ce simple geste de se taire. Mais cet homme était du genre têtu et assuré de toucher dans le mile avec ce qu’il allait lui annoncer. Alors faisant fi du manque d’air et avec toujours ce satané sourire aux lèvres, Alakir réussit à glisser un nom : Jomarr Kaahrsen. Qui eut pour effet de complètement déstabiliser la Néréide, même si rien ne l’indiquait sur ses traits. Cet espèce de serpent.. impossible. Elle l’avait tuée des années auparavant, comme pour tous les autres.

« Tu mens. Jomarr est mort depuis longtemps, sombre crétin. » Souffla-t-elle d’une voix tranchante et troublée, perdue dans ses pensées.

« Tu as encore été fouillé dans mon esprit, c’est ça ? Combien de fois t'ai-je déjà ordonné de ne plus t’immiscer dans mes pensées, mes souvenirs ou mes émotions ? Ma vie ? Ça te plaît tant que ça de t’insinuer dans la moindre de mes failles ? Tu t’en délectes ? J’aurai pu te réduire en pièces un nombre incalculable de fois ne serait-ce que pour le quart de ce que tu m’as fait. Et par Soulen, je maudis ce jour où je t’ai accordé mon amitié, quand je vois à quel point tu en uses et en abuses. Tu n’es pas seulement impulsif et irresponsable. Tu es tout autant manipulateur que ces pourceaux des terres que tu critiques. » Wei relâcha sa prise de manière virulente et se détourna du Rouquin, réellement hors d’elle et dans le dénis complet.

Elle ne pouvait croire à une telle coïncidence, pile au moment où elle apprend le retour des Valombre dans les strates. Et en supposant qu’Alkir disait la vérité, ce qui sous-entend que faire front commun serait alors à envisager. Rien indiquait que la Néréide l’accepterait. Cette histoire l’avait beaucoup trop impliquée émotionnellement pour en faire autre chose qu’une affaire personnelle, se fichant bien de cette foutue histoire de Falcon.

C’est avec une rage certaine qu’elle abandonna Alakir au milieu de sa ruelle tout en rangeant son arme. Cela dit la Capitaine n’ira pas bien loin. Prise de vertiges et d’un sérieux mal de crâne, elle se retrancha dans un autre axe. Elle se massa les tempes dans une vaine tentative de se reprendre, mais elle n’était vraiment pas faite pour ce mode de transport. À moins que ce soit autre chose. Jomarr.. en vie. Non. Elle avait beau retourné la scène dans tous les sens, ça paraissait tout bonnement invraisemblable. Mais soudain la Néréide tiqua, dans un lent battement de cils. Si Alakir s’était donné la peine de la conduire ici après l’avoir référencé… Le regard de la Capitaine se teinta d’une sombre lueur ; meurtrière. Le prétendu homme était ici. Quelque part. Elle se devait avoir le cœur net. Sans le savoir, le Rouquin avait mis les pieds dedans en glissant cette information en catimini.
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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeJeu 3 Jan - 19:46




Comme il en est coutume lorsque le Capitaine est en visite solitaire sur un autre navire, qu'il soit allié ou ennemi, l'équipage du Roux s'affairait dans le plus grand calme de se préparer à un départ inopiné ; après tout, ils connaissaient leur Capitaine. Trop nombreuses furent les fois où l'impétuosité du Roux déclencha une abrupte bataille à laquelle ils n'étaient pas préparé. Ainsi, lorsqu'il vaquait à une diplomatie hasardeuse dont il avait le secret, ses hommes avaient désormais pris l'habitude de préparer les canons, de serrer les voiles, et de positionner précautionneusement le navire. Mais alors que chacun vaquait à la tâche qui lui a été confié par le contre-maître, un des mousses, parmi les plus jeunes d'entre eux, paressait sur le gaillard d'avant, un sourire béas aux lèvres, pensant à la donzelle qu'il avait laissé sur le continent pour partir à l'aventure. Les autres étant trop occupés, vous vous imaginez bien qu'il était le seul à l'avoir vu arriver..

Il tomba brusquement à la renverse, s'écrasant ridiculement sur le pont, avant de se ruer vers la cale dans une course hasardeuse, au cours de laquelle il manqua de trébucher à de nombreuses reprises.

M'sieur Urag, m'sieur Uraaaaaaaag ! hurlait-il, courant comme un fou sous les rires de ses congénères qui connaissaient sa petite nature.

Hors d'haleine, il ouvrit brusquement la trappe menant à la partie inférieure du navire, paniqué. Surpris, le Zélos se dressa de tout son long pour lui témoigner son attention, lâchant lourdement le sac de boulets gigantesque qu'il portait pourtant avec une facilité déconcertante.

Hu.. Huan Yu ! Huan Yu se dirige par ici M'sieur Urag ! dit-il d'un seul souffle.

Urag fronça les sourcils, en ayant un léger recul de la tête, comme frappé par cette nouvelle. Il plongea son visage dans sa main en poussant un long soupir de lassitude, se doutant bien qu'Alakir n'était pas innocent dans la raison de cette venue inattendue. Huan était connu sur toutes les mers pour son expérience de forban, mais surtout pour sa loyauté envers sa famille. Et il était peu probable qu'il quitte son poste en présence d'un individu aussi instable que le Roux sur son vaisseau. Le Zélos finit par découvrir son visage en étouffant un rire. Il monta un à un les escaliers de la cale qui semblait vouloir fendre sous son poids en secouant la tête, un large sourire aux lèvres.



Qu'est-ce que tu nous fais encore, Capitaine ? murmura Urag, toujours aussi amusé par l'imprévisibilité du Roux.

Il se hissa vers le pont principal, où l'équipage était déjà en branle après que Huan se soit rapproché. En voyant certains prendre les armes dans leur affolement, le Zélos porta sa voix gutturale sur tout le navire.

Il est inutile de s'effaroucher Messieurs ! S'ils souhaitaient user de la violence, leurs canons seraient déjà ouverts ou nous serions tous déjà probablement morts.

Alors qu'est-ce qu'on fait M'sieur Urag ?! s'écria le jeune mousse terrifié qui s'était armé de nombreux pistolets à sa ceinture, à tel point qu'il était obligé de retenir sous futal sous leurs poids.

Et bien.. Voyons ce qu'il a à nous dire, trancha Urag d'une voix chaleureuse, dessinant un sourire honnête.

Face au pragmatisme et à la douceur du contre-maître, le jeune mousse se détendit quelque peu, se décrispant à tel point qu'il en laissa son pantalon et les multiples revolver qu'il tentait de retenir tomber à sa cheville. Le colosse traversa tout le navire pour accueillir l'invité, que quelques forbans avaient déjà fait monter sur le navire. Malgré sa stature imposante, intimidante, il se dégageait de lui une aura prévenante que l'on ne pouvait pas ne pas percevoir. Une fois à niveau du vieil homme, il abaissa son large buste de quelques centimètres en gage de respect.

J'aurai aimé vous affirmer que c'est toujours un plaisir de vous voir, Huan Yu, mais j'imagine que vous n'êtes pas venus ici pour bavarder, je me trompe ? dit-il avec légèreté, sur un ton presque amusé par la situation.

Urag n'attendit sa réponse et l'invita à la suivre d'un mouvement de tête, en ouvrant la marche. Il avait beau le dépasser de plusieurs têtes, la posture, la présence du vieil homme lui faisait paraître tout aussi immense que la montagne qu'est le Zélos. Pas un bruit n'était perceptible sur le navire, comme si le calme de l'invité s'était propagé sur l'ensemble de l'équipage.

Pendant ce temps -

Dégagez, petits hommes.

La Néréide était toujours aussi terrifiante. D'un simple coup de pieds, elle envoya Alakir valdinguer pour s'écraser lourdement contre un amas de caisses qui se brisèrent sous l'impact. Ameutés par le bruit, un groupe d'ivrogne tenta de calmer celles qu'ils prirent pour une jeune femme sans défense.. Mais ils ne savaient pas qu'ils avaient affaire à l'une des plus dangereuses créatures de toutes les mers. Une simple menace verbale, accompagnée d'une mise en joue, suffirent à faire détaler les soiffards sans sommation supplémentaire.

C'est alors que Jing souleva Alakir qui grimaçait de douleur d'une seule main, serrant sa gorge comme si elle souhaitait la briser de sous sa poigne. Comme pour l'agacé d'avantage, le Roux n'ôtait son sourire légendaire de ses lèvres pendant qu'il luttait pour chercher son souffle étouffé par la Néréide. Il s'élargit lorsqu'il remarqua son bras tremblant, témoignant certainement de séquelles d'une blessure passée. Le Roux appréciait cet aspect.. "guerrier" de sa personne, loin de la reine marchande qu'elle laissait constamment paraître. La voix strangulée, il continua d'annoncer le reste de ses informations jusqu'à poser le doigt sur un détail qui fit fulminer la dame, qui serra machinalement son étreinte lorsqu'elle arriva à ses oreilles. Son visage se durcit brutalement et elle entra dans une colère acerbe, affirmant que l'homme dont le nom venait d'être prononcé par Alakir n'était plus de ce monde.

Tu as encore été fouillé dans mon esprit, c’est ça ?! Combien de fois t'ai-je déjà ordonné de ne plus t’immiscer dans mes pensées, mes souvenirs ou mes émotions ? Ma vie ? Ça te plaît tant que ça de t’insinuer dans la moindre de mes failles ? Tu t’en délectes ? J’aurai pu te réduire en pièces un nombre incalculable de fois ne serait-ce que pour le quart de ce que tu m’as fait. Et par Soulen, je maudis ce jour où je t’ai accordé mon amitié, quand je vois à quel point tu en uses et en abuses. Tu n’es pas seulement impulsif et irresponsable. Tu es tout autant manipulateur que ces pourceaux des terres que tu critiques.

Le visage d'Alakir se tordit de douleur pendant le discours de la Néréide, non pas à cause de son étranglement, mais bien à cause de la rudesse de ses mots. Elle semblait avoir touché un point sensible. C'est alors qu'elle le lâcha, le laissant lourdement s'écraser un sol. Il porta ses mains à son cou machinalement en toussant bruyamment. Sans prêter attention à son état, Jing tourna les talons et s'engouffra dans la ruelle jusqu'à disparaître totalement de son champ de vision.

Le roux fut brusquement prit de spasmes. Il poussa de puissants râles de douleur en se tenant le crâne fermement, comme s'il voulait l'écraser pour faire disparaître ses maux. Son corps se congestionnait, et il n'arrivait à produire le moindre mouvement. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, le Roux était un homme fier, qui détestait montrer ses nombreuses failles à ses congénères ; surtout lorsqu'il s'agissait de la surexploitation de ses pouvoirs. Dans ce genre de cas, Alakir était pris de violentes migraines - ses pouvoirs étant liés à sa psyché - et le rendait incapable de bouger. Il n'aimait pas l'affirmer, mais se trouvait particulièrement vulnérable, faible, dans cet état et n'osait l'exposer au monde. Et ce n'est qu'après d'intenses minutes de douleur vautré au sol, qu'Alakir tenta maladroitement de se relever, soufflant et expirant avec force.

L'un des hommes du groupe d'ivrogne avait prit son courage à deux mains et était timidement revenu sur ses pas, attiré par les cris de douleurs du pirate. Désorienté, le Roux n'avait même pas senti sa présence. Trop occupé à tenter de se remettre sur pieds, tremblant. Lorsqu'il l'aperçut enfin, il se dirigea lentement vers lui, d'un pas engourdi, le regard glacial. Le bougre se raidit de peur. Alakir finit par lui faire face, baissant les yeux pour les plonger dans les siens, les sourcils froncés. L'homme eut un mouvement de recul paniqué, et se retrouva le dos collé à un mur. Il était totalement à sa merci. A la merci d'un Roux qui semblait hors de lui, et capable de lui trancher la gorge à tout moment. Mais au lieu de ça, Alakir posa fermement sa main sur la ceinture de l'ivrogne pour lui arracher la flasque d'alcool qui y pendait. Il la porta avec véhémence à ses lèvres pour la descendre d'une traite, inclinant son buste vers l'arrière comme pour accompagner la descente. Une fois fait, il plaqua la flasque sur le torse de l'ivrogne qui la saisit en tremblant, manquant de la faire tomber. Sans dire mots, il tourna à son tour les talons en suivant les pas de Jing, titubant, s'aider des murs du bâtiment pour garder son équilibre.

Après avoir traversé plusieurs allées, il finit par apercevoir la Néréide quelques mètres plus loin, immobile, le regard vide. Son regard se durci. Sa marche s'accéléra. Une fois arrivé à son niveau, il la saisit par le col sans prévenir et vint l'encastrer avec force contre le mur d'un bâtiment, qui trembla sous l'impact, en l'immobilisant avec son avant bras pressé contre sa gorge.

Quand est-ce que tu vas cesser vouloir tout contrôler, Jing ?! rugit Alakir avec force, son visage à quelques centimètres du sien, laissant sa voix caverneuse résonner dans toute l'allée. Tu parles d'amitié sans même en connaître le sens ! M'as-tu, ne serais-ce qu'une fois, qu'une fois, répéta le Roux en haussant la voix, fait confiance de quelques manières que ce soit ?! Tu penses que je prends d'aussi grand risque pour m'amuser ?! Que je me réjouis de laisser mes hommes derrière moi ?! Cesse de penser que tes épaules sont assez larges pour soutenir tout ce poids seule et que tout Istheria t'en veut ! T'es-tu déjà imaginée que je puisse me renseigner sur tes ennemis en amont, et ce qui pourrait compromettre notre cessez-le-feu ?! la force qu'il exerçait sur la dame pour la retenir s'intensifia. Il appuya sur sa gorge en rapprochant sa tête de son oreille, et lui murmura. Et rassure toi, si tu es encore en vie après notre première rencontre, ce n'est, aussi, que par pur caprice de ma part ; j'aurai pu aisément glisser ma lame sous ta gorge. Ne serait-ce que pour te punir de m'avoir sous estimé et de m'avoir lorgné de ton perchoir. Nous n'avons pas tous eu un empire légué en main, certains d'entre nous ont dû se construire de toute pièce, Néréide. 

Alakir la relâcha soudainement en reculant de quelques pas, se tenant fermement le front en grimaçant de douleur. Avant de reprendre, en voyant le regard vide de son homologue.

Oui, mes méthodes sont quelques peu.. atypiques. Mais tu commences à comprendre n'est-ce pas ?!  dit-il en ouvrant les bras, comme pour témoigner une évidence, las de se justifier. Quel intérêt j'aurais à te mentir à ce sujet ? Tu peux pointer du doigts la façon dont je fais les choses Jing, mais ne doute jamais de mes intentions.. Et si tu veux continuer à jouer les bornés, soit, reste ici ! De mon côté, je vais chercher cet enfoiré et lui soutirer tout ce qu'il sait concernant ceci.dit-il en pointant le disque des yeux, pendant à la ceinture de la Capitaine.



Il feignit une révérence toujours aussi brouillonne volontairement et se dirigea dans la direction opposée. Toujours perturbé par ses maux de tête, il trébucha lourdement et se retrouva au sol alors qu'il n'avait même pas fait trois pas. Au même moment, deux hommes apparurent au bout de l'allée, intrigués, cette-fois ci, par les cris d'Alakir. Bien qu'ils ne possédaient ni uniforme, ni tenue commune, ils arboraient tous deux un signe que le Roux, mais surtout la Néréide, reconnaîtraient entre mille : les armoiries de la famille Valombre. Ils semblaient n'être que des sous-fifres, des pions écervelés au service de l'alliance, car ils n'avaient reconnus aucun des deux capitaines ; se contentant de les menacer de partir et de cesser de perturber la "tranquillité de cette ville". Un genou au sol, Alakir releva la tête, un sourire carnassier aux lèvres.

Messieurs, je ne peux que vous remercier d'appuyer la véracité de mes propos, car j'ai ici une dame plutôt réticente à entendre raison.. Mais malheureusement, vous avez choisi le mauvais jour pour vous montrer. dit-il calmement en haussant les épaules.

Brusqués, agacés, par ces mots venant d'un homme déjà au sol, les miliciens se ruèrent sur Alakir, prêts à lui faire ravaler ses paroles. Ce dernier était un homme possédant une droiture presque inédite dans le monde de la piraterie, particulièrement bienveillant. Tous le savaient. Mais ils savaient aussi, que lorsque que le Roux avait décidé de sortir son sabre, il en devenait un individu particulièrement dangereux. Ces guignards allaient devoir mourir pour l'apprendre à leur tour.

La première offensive adverse fût un coup de sabre descendant, visant son épaule, alors que le Roux avait encore les genoux au sol. Conscient qu'il devait faire le moins de mouvements possible afin de ne pas s'épuiser d'avantage, Alakir allait devoir agir avec une précision chirurgicale. Ce qu'il savait aisément faire. Ainsi, lorsque le coup s'abattit, il avança son buste pour faire tomber la garde du sabre sur son épaule et arrêter l'inertie du coup. Il en profita pour saisir le coude de son bras tendu qui tenait le sabre pour le déséquilibrer. Juste assez pour qu'il puisse s’exécuter à son tour. De sa position à genoux, il effectua un petit bond afin de libérer ses jambes et, avant de retomber, les envoya frapper brusquement les chevilles de l'homme qui se mit à tomber sur lui, tête la première. Avant qu'il ne puisse atteindre le sol, Alakir désormais allongé sur le dos après être retombé de son attaque, se dégagea sur le côté, comme pour entamer une roulade latérale, et dégaina son sabre de quelques centimètres. Quelques centimètres qui étaient parfaitement mesurés. Le cou du subalterne des Valombres s'y déposa au bout de sa chute. Dès qu'Alakir le senti, il entama une puissante roulade sur le côté duquel il s'était dégagé, en sortant son sabre d'un mouvement vif qui accompagna sa cabriole, et trancha nette la gorge du bougre dans un jet de sang incessant. Désormais sur pieds, il profita de la surprise de son acolyte pour bondir vers lui, son sabre pointé dans sa direction avec le manche près de sa tempe. Il lui perfora le ventre d'un puissant coup d'estoc, et une fois empalé, le repoussa en frappant son torse du plat de son pied pour l'envoyer au sol. Le Roux ne souhaitait pas le tuer, mais en profiter pour lui poser des questions. Laisser libre cours à sa colère maintenant et les tuer tous les deux aurait fait disparaître de précieuses informations.

Lui faisait fièrement face, prêt à l'interroger sur Jomarr, il n'avait pas vu leur troisième compère au bout de la ruelle tenant un pistolet à silex dans sa direction, prêt à l'abattre dans le dos.

Allait-il le voir venir, se prendre une balle en plein dans l'échine, ou recevoir une aide miraculeuse ? Les dieux en décideront à sa place..







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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeVen 4 Jan - 14:31

Il ne fallut guère plus à Huan Yu qu’un regard avisé pour comprendre que le Boréan se tenait prêt à un départ anticipé. Probablement par la force de l’habitude, au vu du caractère un peu trop impétueux de leur Capitaine. C’est donc quasiment à l’insu de tous qu’il approcha du navire, puisque tous les membres de l’équipage étaient affairés. Ou presque. Son regard clair et perçant fut un instant attiré en direction du gaillard avant, où flânait un jeunot. Allons bon. Vous parlez d’une vigie. Quelle ne fut donc pas sa surprise.. lorsqu’il sortit de sa rêverie et aperçu Huan Yu. Même à cette distance il put alors le voir basculer à la renverse, puis se précipiter maladroitement on ne sait où ; quoique supposément dans l’intention de prévenir Urag.

D’ici à ce que son approche soit annoncée, Huan attendait déjà sagement près du Boréan. À son grand étonnement, cela parut soudain être la cohue sur le pont. Avant que la voix puissante du Zélos calme le jeu et les appréhensions de chacun. Un sourire discret et amusé ourla ses lèvres. Il reconnaissait bien là sa nature nouvellement tempérée. C’est donc bel et bien une échelle de corde qui l’accueillit. Huan s’y hissa avec adresse.

Sitôt sur le pont, son regard d’acier passa de l’un à l’autre des forbans. Sans qu’aucun ne se risque à le soutenir, a la fois par respect et crainte. Urag fit ensuite son apparition. Malgré sa fière et imposante stature, il adopta une attitude humble et chaleureuse auprès de Huan. Ce qui était tout à l’honneur de cette force tranquille. Les mains placées dans son dos – une posture qui n’est pas sans rappeler celle de Wei -, il inclina également la tête en signe de respect. Faisant donc écho au geste du Zélos avant de le suivre.

« J’aurais aimé en dire autant. Mais comme vous laisse supposer ma présence ici… je suis effectivement venu pour autre chose. » Répondit-il calmement, loin d’être aussi amusé qu’Urag cette fois-ci. Quand bien même il conservait son calme olympien.

Tandis qu’ils rejoignaient les quartiers des officiers – du moins le supposait-il, Huan promena ses méandres cendrées ci et là. Rien à voir avec un examen approfondi du Boréan. À l’instar sûrement du contremaître Zélos et d’Alakir vis-à-vis du Ao Kuang, lui et Wei avaient depuis longtemps étudiés le navire du Rouquin et connaissaient une partie de sa structure. Du temps où la vue de l’un était encore signe d’un affrontement en règle pour l’autre ; offrant d’ailleurs des duels remarquables entre les capitaines, mais aussi ceux qui composaient leur élite. Mais cette époque était révolue.

Arrivé sur place et en parlant de pointure, Huan retrouva un autre des compagnons du capitaine. « Alban. » Salua-t-il sobrement en esquissant le même geste respectueux qu’auprès du Zélos, aucunement étonné de sa présence ici. Que c’eut été lors d’une brève apparition ou pour se joindre véritablement à cette réunion. Tout comme il ne fut guère surpris de l’absence de Crow, dont la désagréable et froide attitude ne semblait être acceptée au sein des membres du Ao Kuang que par Amos ; probablement lié au fait que tous deux étaient des hommes de science et de médecine. Au final il n’aurait plus manqué qu’Alberto et le trio de ‘’joyeux’’ aurait été au complet. Mais peut-être que tout comme Zahar, celui-ci était ailleurs. N’ayant entendu aucune de ses habituelles chansonnette durant son parcours. Une succession de pensées et d’observations faites en un instant seulement par Huan. Déformation professionnelle … Si l’on peut dire. Il en vint d’ailleurs à cette autre conclusion. ~

« À vos regards échangés. J’en déduis que votre capitaine a encore une fois brillé par sa ‘’spontanéité’’. » Dans un profond soupir. Un peu comme le ferait un père devant une énième fantaisie de son garçon. « Venons-en fait alors. Alakir a emmené Wei. Je veux savoir où et surtout pourquoi. » Puisque n’ayant encore eu l’occasion d’être informé des tenants et des aboutissants de leur entrevue. Il doutait néanmoins que le Rouquin ne se soit à aucun moment confié auprès de son élite. Planté devant les deux hommes, droit comme un i. Son regard arborait à la fois inquiétude et dureté. Le message était clair : il voulait des réponses. Et maintenant.


[…]


Alors que la Néréide essayait à la fois de récupérer de son voyage et d’encaisser la nouvelle pour Jomarr, elle sentit une présence dans son dos. Un frisson parcouru sa colonne. Se sentant à un cet instant menacée, elle se retourna aussi vivement que sa condition le permettait. Mais ce fut insuffisant en comparaison de la hargne du Rouquin qui la fracassa littéralement contre une des façades de la maison, expulsant l’air de ses poumons dans un hoquet surpris et douloureux. Elle le foudroya du regard tandis que sa main droite attrapa durement son bras, tentant de réduire la pression qu’il exerçait en essayant de l’écarter, et qu’elle menaçait de sa main gauche de rompre d’un coup sec la jointure du coude. Mais nul doute qu’Alakir, même dans l’énervement, avait calculé son offensive et  probablement prit en compte la faiblesse de son épaule – que le porté à bout de bras n’arrangea pas, tout comme la différence d’amplitude dut à son gabarit.

Elle grogna sa frustration, complètement hors d’elle. L’utilisation extrême de sa capacité aurait du le mettre en incapacité. Wei n’était pas stupide, ni aveugle. Et pourtant.. cet enfoiré la tenait. Ce sentiment d’impuissante la révolta complètement. Tandis qu’Alakir lui rugissait au visage ses quatre vérités, animé d’un sentiment que la Néréide n’avait jamais vu chez lui. Plus qu’enragé. Il était surtout blessé. Avec véhémence il lui reprocha sa manie du contrôle, son attitude solitaire et sur le qui-vive, même auprès ses rares alliés. À ce titre, il l’accusa de n’avoir jamais fait preuve de la moindre marque de confiance, ni forme de considération pour sa personne et leur  soi-disant amitié. Ce qui figea notre capitaine de surprise, bien loin d’imaginer que ç’aurait pu heurter la sensibilité du Rouquin ; trait de caractère qu’elle ignorait aussi exacerbé. Même s’il n’avait pas totalement raison. Disons qu’elle avait une manière d’être solidement ancrée depuis son drame, rendant ses égards peu flagrants Et ça Alakir le savait sûrement parfaitement. Peut-être était-ce d’ailleurs pour ça qu’il s’en agaçait autant. Que l’ancienne Wei, qu’il n’a pourtant jamais connu, reprenne vie. Mais elle n’avait aucune envie d’en débattre, ni de se justifier pour ça. Fierté et paraître obligent.

Son regard se durcit ensuite d’avantages à l’instant même où Alakir souligna indirectement qu’elle ne pouvait supporter le poids de la Menace – et en quelque sorte de son passé – seule. Et que ses ennemis, après renseignements, avaient bien matière à mettre en péril leur pacte de non-agression. Hm. La pensait-il née de la dernière pluie ? Évidement que Valombre pouvait tout compromettre. Ce ne serait pas une première. Mais bordel Rouquin, elle ne t’a rien demandé ! Mais c’était peut-être bien ça le problème. Que là encore elle ne se soit pas naturellement tournée vers son ami. Comme lui le faisait pourtant, même pour une simple histoire de traduction.

Lorsque le Rouquin exerça plus de force à sa prise Wei fit de même, ignorant sa douleur à l’épaule. Tout aussi crument, son comparse murmura ensuite à son oreille, comme une rétorque à sa dernière menace, qu’elle lui devait tout autant la vie. Affirmant qu’il eut plus d’une occasion de lui faire regretter de l’avoir si souvent dévalué. Contrairement à Wei, il s’était fait seul et n’avait bénéficier d’aucun héritage. En d’autres circonstances cette remarque l’aurait fait amèrement sourire. Ce lègue n’avait en rien été un cadeau, si ce n’est empoisonné. Et c’est au mérite que la Néréide l’obtenue et non pour sa parenté. Là aussi Alakir ne pouvait en douter. Un empire ne se transmettait pas à n’importe qui, ni n’importe comment. Et Aeddan ne faisait pas dans le sentimentalisme.. dés lors que ça impliquait la pérennité de tout un clan.

Presque en écho à cette dernière pique le forban la relâcha finalement, son geste d’après trahissant son état d’extrême fatigue. Bien implantée contre le mur, sa comparse put enfin reprendre sa respiration, puis l’observa sans une once apparente de compassion. À vouloir trop en faire.. Mais loin de s’en préoccuper lui-même, il reprit la parole. Au vu du manque de répartie ou de réaction de Wei. Atypiques, ces méthodes ? Outrageantes et envahissantes surtout. Mais Alakir se targuait d’être franc au moins. Ah ça .. elle le savait malheureusement parfaitement. C’est bien pour ça que l’annonce à propos de Jomarr l’avait retournée et oppressée. Les morts n’étaient-ils pas censés le rester ?! Sur ce. Il conclut qu’elle était maintenant libre de croire ce qu’elle voulait et de rester campée sur ses positions. Lui en tout cas comptait bien retrouver ce type et lui soutirer toutes les informations qu’il possédait à propos de son précieux objet. Puis après une maladroite révérence il tourna les talons, dans une démarche hasardeuse tant il voulait faire bonne figure devant notre capitaine. Mais honnêtement, il ne tromperait personne. Et surtout pas elle. D’ailleurs, à peine il fit quelques pas qu’il se retrouva de nouveau au sol. Dans un autre contexte que le leur, Wei se serait bien foutu de sa gueule. Mais c’était sans compter sur cette apparition.

D’aussi loin que la notre pâle amie vit les deux hommes elle reconnue aussitôt le blason des Valombre. Qui fit résonnance à son ancienne et physique blessure, ressentant de nouveau la morsure de l’acier dans sa chair et la douleur propagée. Loin d’être en position de force, Alakir nargua pourtant ouvertement les marins. Ce qui eut pour effet de les faire dégainer. Idiot, a-t-il seulement conscience de son état ?! Quand bien même il ne semblait s’agir que de sous-fifres. Alors qu’un des assaillants esquissa un début d’assaut, le Rouquin amorça une riposte terrible et surprenante d’agilité. Un instant presque contemplative, Wei entendit soudain le cliquetis typique d’un pistolet. Ses méandres sombres se tournèrent à l’opposé du combat en cours - et qui aura tôt d’être remporté par Alakir. Elle distingua alors le reflet métallique de l’arme, son propriétaire prêt abattre le forban dans le dos. La Néréide pesta, se sachant d’ores et déjà dans un mauvais angle pour tirer avec son mousquet. Le temps d’un battement puis.. PAN.

Une odeur de poudre s’éleva dans la ruelle. Couplée à celle du sang. C’est avec stupeur que le troisième homme se retrouva face à Wei, qui s’était interposée entre lui et le forban, usant du très court laps de temps restant pour écarter le canon de l’arme. La balle destinée à Alakir se retrouva fichée dans le mur, entaillant profondément dans sa course la pommette de la Capitaine. Cette dernière braqua son regard de jais et emprunt de colère sur le marin qui blêmit aussi sec. Cloué sur place. Il ne remarqua même pas la lame de Wei, maintenant dégainée. D’un geste fluide et rapide, la pointe de Liánmīn se ficha dans la poitrine du malheureux, perçant à la fois le cœur et l’emblème cousu des Valombre qu’il arborait fièrement. Sans lui accorder plus d’intérêts lorsqu’il tomba au sol, la Néréide revint auprès de son .. ami tout en rengainant sa rapière. Peut-être eu-t-il suite au coup de feu le reflexe de se baisser ou de s’accroupir. Si c’était le cas, c’est avec force qu’elle choppa son avant-bras et le tira sans vergogne pour le remettre sur ses pieds.

« Je ne veux pas t’entendre. » Dit-elle simplement mais sèchement quant à propos de ce qui ressemblait ni plus, ni moins qu’à un sauvetage. Elle s’approcha ensuite du survivant. Avant même qu’il tente de décrocher un mot, elle lui flanqua un violent crochet du gauche qui le sonna. Assurée qu’il n’était plus capable de riposter ou d’appeler à l’aide, elle le saisit par le col et le traina littéralement ailleurs. Le message paraissait clair. Au vu du boucan généré, mieux valait s’occuper de ça ailleurs. Et ce n’est pas dans son état qu’Alakir aurait pu le porter. Même s’il jouait les fiers devant elle. C’est aux portes d’une taverne aux allures sordides que Wei s’arrêta, à plusieurs mètres de la zone de départ. Sans gêne, elle l’ouvrit avec fracas et entra. Le tenancier pesta d’une voix grave et usée par le tabac. Pas choqué de la scène mais voyant en cela des tracasseries et heures supplémentaires.

« C’est fermé ! » Beugla-t-il depuis l’arrière de son bar.

« Crois-tu ? » L’interrogea la capitaine d’une voix glaciale tout en sortant d’une poche intérieure une bourse de cuir, la balançant sur le comptoir. Le tavernier en examina évidement le contenu et se ravisa.

« C’est bon, c’est bon.. » Cracha-t-il, pas rendu plus agréable pour autant.

La Néréide – supposant qu’Alakir refermerait la porte – se débarrassa du marin en l’envoyant contre l’un des bancs. Puis elle se dirigea d’un pas trainant vers le bar, où elle fouina parmi les boissons jusqu’à piocher une bonne bouteille. Au vu de la somme donnée, elle pouvait bien vider toute la cave si ça lui chantait.

« Un carafe d’eau fraiche et un linge propre. » Ordonna-t-elle à l’homme. Ce dernier se plia non sans un grondement agacé.

Le temps qu’elle prenne place – probablement là où se tenait déjà le Rouquin, sa commande fut posé sur la table. Avec l’eau de la carafe elle mouilla copieusement le large carré tissu. Puis sans lui demander son avis, elle couvrit la tête et la nuque d’Alakir avec. De quoi finalement rafraichir sa psyché et apaiser ses maux. Elle balança ensuite le restant d’eau sur le visage du blessé, ce qui eut aussitôt pour effet de le réveiller.

C’est en silence que Wei attendit ensuite, ayant bien compris que cet homme était encore en vie uniquement pour leur permettre de récolter des informations. Mais loin d’avoir l’esprit très clair encore, elle préfèrait autant que le Rouquin débute les hostilités. Elle déboucha la bouteille d’alcool précédemment récupérée et but une gorgée. Rien à voir avec l’envie de se saouler. En réalité son épaule la faisait énormément souffrir. Même si rien chez elle ne l’indiquait clairement. Hors faute d’avoir sa précieuse pipe  et ses herbes avec elle. Il n’y avait que l’alcool qui pouvait un tant soit peu procurer cet effet calmant.

 
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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeVen 4 Jan - 22:01




J’aurais aimé en dire autant. Mais comme vous laisse supposer ma présence ici… je suis effectivement venu pour autre chose.

Comme à son habitude, Huan ne perdait pas de temps. Ses simples salutations suffirent à annoncer la raison de sa visite, mais surtout la posture qui devra être de rigueur lors de cet échange. Pas une once d’agressivité, pas une seule menace n'avait été envoyée par le vieil homme.. Mais pourtant le poids de ses mots avaient eu le même impact. Le Zélos ne souriait plus. Il se contenta d'escorter l'invité vers ses quartiers dans le silence le plus total. Silence qui était partagé par l’entièreté de l'équipage qui observaient les deux hommes traverser le navire sans bouger le moindre muscle, comme si le temps lui même s'était arrêté pour prendre part à l'observation. Lorsqu'Urag ouvrit la porte, il découvrit un élément perturbateur qu'il souhaitait absolument éviter lors de cet échange : Alban. Ses dents se serrèrent d'un coup, dans un geste discret, presque imperceptible. Urag n'avait, littéralement, aucune autorité sur le Yorka. Et il craignait que son impulsivité, bien plus virulente que celle du capitaine, ne viennent compromettre cet échange diplomatique. Tentant d'en faire fi, il invita Huan à entrer en refermant la porte derrière lui.



L'Olonnois était allongé sur un des nombreux lits présents dans les coins de la pièce, affûtant paisiblement sa lame dont le manche était posé sur son épaule, en sifflant une mélodie plutôt agréable aux oreilles. L'irruption des deux hommes ne le fit produire la moindre réaction, s'affairant toujours à bichonner son arme.

Alban. salua sobrement le vieil homme en l'accompagnant d'un geste de la tête.

Sans bouger sa tête, ses yeux se levèrent vers le balafré, et il lui rendit une salutation gestuée en posant son index et son majeur sur sa tempe et les relevant d'un mouvement vif ; avant de retourner à ses occupations. Il reprit son sifflotement, en le baissant de quelques décibels pour ne pas déranger les deux hommes. Agissant comme un bruit de fond, cette mélodie paraissait de plus en plus.. pesante, au fil de la conversation qui devenait de plus en plus tranchante, à l'instar de l'affûtage de l'arme d'Alban.

À vos regards échangés. J’en déduis que votre capitaine a encore une fois brillé par sa ‘’spontanéité’’.

Urag étouffa un rire grave, avant d'adresser un sourire à son invité.

Il est vrai qu'Alakir est un homme imprévisible, même pour nous, commenta simplement Urag sans prendre de risques, voyant où cette conversation menait.

Venons-en fait alors. Alakir a emmené Wei. Je veux savoir où et surtout pourquoi.

Les sifflements s'arrêtèrent brusquement. Alban s'arrêta lui aussi dans son geste, la main plaquée sur sa lame. Ses yeux se relevèrent lentement vers Huan sans ne plus le quitter. Urag, quant à lui, eu un léger mouvement de la tête qui trahissait son incompréhension.

Il a emme..

Il était incapable de lui répondre. Une tension incroyablement pesante venait de s'installer dans la pièce, dont les murs semblaient se rétrécir à chaque secondes. Les trois hommes s'observaient silencieusement. Alban détestait l'autorité. Et si la phrase de Huan n'avait rien d'un ordre, elle traduisait sa volonté d'obtenir des réponses dans les plus brefs délais. Ce qu'Urag avait parfaitement ressenti. Il savait que s'il ne lui répondait pas très vite, ils en subiraient les conséquences. Le Yorka lui, n'en avait rien faire. Ce vieil homme n'avait à prononcer la moindre volonté sur leur navire, encore moins s'il s'agissait du Capitaine. Un cliquetis métallique se fit entendre : Alban s'était saisi de son arme posée contre son buste sans bouger de sa position. Il était prêt à..

Boooonjour Messieurs ! interrompit brusquement un petit homme avec d'une voix enjouée, portée par un accent chantant.

Urag, qui était jusque là particulièrement tendu, s'étant préparé à intercepter Alban au moindre geste, sursauta en serrant le poing. Lorsqu'il réalisa que c'était Alberto qui s'était faufilé dans la pièce par je ne sais quel moyen, il eut un soupir de soulagement. Voilà celui qui allait sauver cet échange ! En ignorant totalement la pression séparant les trois hommes, Alberto, qui était plus petit que le vieil homme, ouvrit les bras de toute son envergure en lui adressant un large sourire partiellement caché par son épaisse moustache. Il se dégageait de ce petit homme une aura conviviale qu'il était rare d'observer chez un individu.



Le vénérable Huan Yu en perrsonne ! Bievenue chez nous ! Qu'il est plaisant de pouvoir discuter de manière civilisée sans ses bruits de pistolas incessants pour entraver nos langues, n'est-ce pas ?! dit il d'un air enjoué en se rapprochant, les bras toujours écartés. Que nous vaut le plaisir de cette visite ?!

Mais ce n'est pas Huan qui lui répondit. Bien plus serein depuis son arrivée tonitruante, se retourna.

Le Capitaine a emmené la Néréide, et notre hôte ici présent souhaiterait connaître la raison de ce départ soudain. dit-il calmement.

Alberto observa Alakir en clignant rapidement des yeux, puis dit de même avec Huan, puis revint sur le contre-maître ; et s'esclaffa. Il entortilla les mouvement de sa moustache légendaire.

Toujours aussi loco ce capitaine ! conclut-il en s'arrêtant progressivement de rire. Ne vous inquiétez pas mon brrave, si Alakir a emporté votre capitaine dans une de ses aventures, il sait ce qu'il fait ! Je peux vous l'assurer. Il a beau être fou, ça reste un homme digne de confiance, et il s'assurera qu'aucun mal ne soit fait à la belle Néréide. dit-il avec détachement.

Ces mots ne suffisaient évidemment pas à Huan. Pragmatique, il lui fallait des preuves, des faits, sur lesquels il pouvait reposer sa confiance, ou non. Mais. Le discours honnête, sans aucune volonté de négoces ou de persuasion d'Alberto avait tout de même pu illustrer la confiance sincère qu'avait ces hommes pour Alakir. C'est comme ça qu'ils fonctionnaient. Ils ne pouvaient que lui faire confiance. Peu importe les situations qui s'offraient à lui ou qu'il provoquait lui même, ils se contentaient de lui faire confiance. Ces mots résonnèrent dans l'esprit d'Urag qui finit par avoir un flash.

Lui fai.. Mais bien sûr ! Pardonnez ma rudesse Huan, je pense avoir trouvé une piste qui pourrait répondre à vos attentes, veuillez m'excuser.

Urag sorti promptement de la salle, croisant Alberto qui lui adressa un clin d’œil furtif. Ce dernier savait qu'il allait devoir calmer les tensions et empêcher de laisser Alban et Huan seuls, et le fit comprendre au Zélos. Zélos qui adressa un murmure discret en levant les yeux au ciel une fois sorti de la cabine.

Par Soulen, je vous en supplie, calmez cet animal.. dit-il en fermant les yeux, espérant qu'Alban ne produise aucun grabuge en son absence.

C'était à Alberto de briller. Toujours avec son entrain légendaire il s'assit sur un des coins de la table centrale.. Avant que l'on ne puisse l'arrêter.

Cela me rappelle une historia, lorsqu'on nous étions coincé sur le détroit d'Ishtar, à la recherche du grand Kamara ! Cela faisait des lunes que nous n'avions plus que quelques vivres que nous devions nous rationner, et vous ne connaissez pas l'apetito d'Urag, dit il en posant une mains près de sa bouche en chuchautant, avant de reprendre, pour pouvoir survivre. Le Détroit se rétrécissait de plus en plus et nous n'avions presque plus de place pour naviguer. Maaais heureusmeent, la capitán n'a cessé d'y croire, et prit la barre pour ...

Alberto ne s'arrêtait pas de parler, comme les deux hommes n’arrêtaient pas de se fixer. Ses dires étaient certes extrapolés, mais sa narration théâtrale rendait le récit outrageusement intéressant. Quelques minutes plus tard, la porte se rouvrit brusquement. Urag revint en présentant un carnet spontanément à peine le pas de la porte passé. De son côté, "Moustache" en était presque à la fin de son apologue, que le contre maître vint arrêter pour revenir sur un sujet plus sérieux de peur que le vieil homme ne perde patience.

▬  ... et vingt-cinq barcos nous ont entourés, alors qu'Alakir était toujours porté disparu ! On pensait qu'il nous avait abandonné ! Mais après plusieurs manœuvres, on s'est rendu compte qu'il était finalement sur..

Merci Alberto, je pense que Huan souhaite avoir les informations qui l'intéressent désormais..

Mais.. Mon historia.. J'en étais justement au moment où Alakir.. gémit Alberto comme un enfant.

Alberto. trancha Urag d'une voix sèche.

Il ne dit plus un mot, en se dirigeant silencieusement vers la sortie. Une fois sorti de la pièce, il se mit à hurler pour que l'ensemble de l'équipage l'entende accompagnant son discours de grand gestes théâtraux.

Voyez ! Mon art dérange ! On veut me censurer ! Que sont les palabras face aux armes messieurs, je vous le demande aujourd'hui ! La pluma es la lengua del alma, caballeros ! Comment pouvons nous tolérer tel autodafé lorsque nous..

Son discours fut étouffé par la porte de la cabine se refermant derrière lui. Urag ne put dissimulé un sourire amusé par le zèle surjoué de son acolyte, en le regardant disparaître. Secouant légèrement la tête, il finit par adresser un regard à Huan pour attirer son attention sur le carnet qu'il tenait en main, qu'il ouvrit brusquement sur la table centrale.

Ceci est l'un des carnets que tient le Capitaine, lorsqu'une idée tourmente son esprit. Il y a quelques lunes, il a commencé à s'intéresser à la famille Valombre après avoir entendu des rumeurs concernant leur reconstruction. Malgré les dissuasions de l'équipage, et de moi même, il s'est entiché sur cette question.. Alors que nous n'avons aucun intérêt à nous intéressé à la pègre ; à part si eux, s'intéressent à nous, évidemment dit-il en souriant, avant de pointer une page du carnet.

Les doubles pages étaient emplis de ratures, de symboles étranges, et de caractères hiéroglyphiques incompréhensibles pour le commun des mortels. Même les phrases composées de mots, étaient imperceptibles, incohérentes. On pouvait par exemple lire dans le coin de la page de gauche " La princesse Tulipe m'a sciemment permit d'ouvrir les arabesques malgré le désaccord de son père lors du Jour Fabuleux.. Quelle brave fille ! " Le contre maître était quelque peu gêné de montrer un tel charabia à son invité, craignant un discrédit de son capitaine. Lui même ne savait pas si ces notes étaient codés par un procédé complexe dont seul Alakir possédait les clés.. Ou s'il était simplement aliéné..

.. le Roux a pour habitude de parler seul lorsqu'il réfléchit, pendant qu'il fait les cent pas. Et je me souviens l'avoir entendu prononcé un nom : Urag tapota l'endroit du carnet où ledit nom était marqué par plusieurs passages de la plume, Jomar Karssen. Je connais Alakir plus que quiconque.. Et je sais que seul une idée qui le travaille depuis quelques temps peut le pousser à prendre des décisions aussi impulsives que celle qu'il a pris aujourd'hui. Je pense pouvoir vous assurer que son départ à un rapport avec cet homme. Pourquoi, en revanche ? Je ne saurais y répondre..

Le Zélos remarqua un changement sur le visage du vieil homme, connu pour son impassibilité. Ce nom avait résonné en lui. Urag fronça les sourcils.

A moins que, vous, vous pourriez comprendre pourquoi.. lui dit-il sur un ton interrogateur, troublé par la réaction de Huan Yu.

Pendant ce temps -

A bout de souffle, tenant à peine debout, Alakir avait plongé son regard dans celui de sa victime, à ses pieds, se vidant de son sang. Il fut pris par ses instincts les plus primaires, l'ordonnant d'encastrer sa lame sous sa mâchoire. Ses doigts se resserraient autour du manche de son sabre, un goût âcre se propageait sur son palais.. Puis une détonation. Cinglante, qui l'extirpa de ses songes pour se retourner vivement. Il avait baissé sa garde, son état ne lui permettant pas d'autre aussi conscient de son environnement qu'il ne l'est habituellement. Mais chose étrange était qu'aucune balle ne vint trouer sa peau. Un spectacle inédit s'offrait à lui : la Néréide s'était interposée en déviant la pistolet de son axe, avant de lui transpercer le cœur, la signature de la matriarche du clan Wei. Alakir n'en revenait pas. Il fronça les sourcils et esquissa un rictus étrange semblable à un sourire interrogateur, en fronçant les sourcils. En temps normal, il aurait titillé la dame sur son geste salvateur, qui n'est clairement pas dans ses habitudes, mais il se ravisa. L'heure n'était pas à la taquinerie. La grande Néréide, si fière, si indépendante, venait de lui prouver par les actes que son discours était erronée. Ou, au contraire, confirmait ses sous-entendus..

Alors qu'il s'abaissa pour soulever le survivant, près à titiller Jing sur ce sauvetage inopinée, celle-ci le devança. Elle l'écarta d'un mouvement de l'épaule, frappa le bougre à l'inconscience, et le traîna par le col en ouvrant la marche.

Je ne veux pas t’entendre. trancha sèchement la pirate, anticipant les gamineries du Roux.

Comme outré, Alakir se mit en retrait en levant les bras comme s'il était mis en joue, écarquillant les yeux, sourcils arqués, et garda le silence. Ce n'est que lorsqu'il était hors de son champs de vision qu'il esquissa un large sourire avant de la suivre, elle, et le semi-cadavre qu'elle tenait d'un bras.

Ils finirent par arriver près d'une taverne dans laquelle ils purent entrer grâce à un don gracieux de Jing. Sans entendre, elle jeta vulgairement le sbire contre l'un des bancs présent le long des murs en commandant d'une voix ferme au tavernier.

Un carafe d’eau fraîche et un linge propre.

De son côté, Alakir prit assise sur une table en position du tailleur. Il n'en pouvait plus, et ne pouvait plus le cacher - bien qu'il était persuadé que la Néréide avait remarquée son état lamentable -. Tête baissée, respirant avec force, tout devenait confus. Il ne comprenait plus rien à ce qui se passait autour de lui, et ne pouvait plus dissimuler son supplice. Son corps penchait d'un côté, puis de l'autre, prêt à s'effondrer à tout moment.. Jusqu'à ce qu'une douce sensation ne lui ramène à la réalité. Un tissu généreusement humidifié s'était posé sur sa tête, jusqu'à sa nuque. Le visage vers le sol, mèches tombantes, le sourire qui ornait ses lèvres n'était pas visible. Revenant petit à petit à lui, il comprit que c'était là l'oeuvre de son acolyte, montrant qu'elle avait parfaitement compris ce qui se passait.

Elle venait de réveiller le sbire des Valombres avant de s'éclipser, bouteille à la main. Signe que son travail était partiellement terminé et qu'elle avait elle aussi besoin de repos. C'était donc à Alakir de mener cet interrogatoire.. Exercice qu'il adorait faire durer. Mais pas aujourd'hui. Pas dans cet état. Il n'allait pas perdre de temps. Ainsi, lorsque le minion revint à lui, il plaqua ses mains sur la plaie béante de son ventre en hurlant des propos incompréhensibles, et les menaçant tous deux de s'être attaqué à la mauvaise personne, et qu'ils allaient probablement le regretter. Discours classique. Qu'Alakir n'avait pas envie d'entendre plus longtemps. Sans prévenir, ni même regarder, il se saisit d'un verre non loin de lui pour le jeter avec force à quelques centimètres du visage de leur prisonnier, et se brisa contre le mur. Dans un sursaut de peur, l'homme se tut.

Ferme laaaaaaaaaa ! gémit Alakir, la visage toujours baissé, main sur le front. Toi aussi, ferme la ! dit-il en pointant le tavernier dans son dos qui s'apprêtait à lui faire une réflexion concernant le verre cassé. Ecoute, j'ai une méchante gueule de bois, alors on va faire ça simplement.. Soit tu nous dis où est ton boss, ou tu te démerdes pour nous donner quelconque information qui daigne attirer notre intérêt, soit, tu risques de passer un moment vraiment désagréable. Et il n'y aura qu'une seule sommation. conclu Alakir d'une voix graveleuse.

L'homme s'esclaffa, sans que le Roux ne fasse le moindre mouvement, toujours en tailleur, ses mèches tombantes camouflant son visage.

▬ Tu penses que moi, le grand Kra'ar, j'ai peur de la torture ?! Tu me prends pour qui ?! Jamais je ne parlerai ! Pour l'honneur de la famille Valombre, jamais je ne..



Il s'arrêta net au milieu de sa phrase. Une faible lumière jaillit du flanc du Roux. Alakir releva légèrement la tête, jusqu'à ce que son œil droit soit visible, pour qu'il vienne se plonger dans ceux de son opposant. Le bougre paraissait dès lors comme envoûté. Sa tête bougeait d'elle même, lentement, comme emporté par un rythme inaudible, ses paupières s'abaissèrent.. Jusqu'à ce que d'un coup, l'ensemble de son corps se crispa, se tortillant dans tous les sens en hurlant à l'agonie. La douleur le fit tomber du banc sur lequel il était posé pour s'écraser contre le parquet de la taverne, où il fut pris de spasmes violents sans que les cris ne s'arrêtent. Ses hurlements étaient insoutenables, à tel point que le tavernier lui même en était pris de tremblement, tentant de se boucher les oreilles en grimaçant de douleur. Alakir, lui, était immobile, comme envoûté à son tour, ne détachant pas sa victime du regard. Le sbire le suppliait d'arrêter, chacun de ses muscles tendus à leur maximum, l'obligeant à se fermer dans des positions scabreuses. Ne pouvant finalement plus soutenir cette douleur atroce, il tenta de délivrer la localisation de son chef entre deux hurlements.

▬ Aaaaah ! Ar.. Arrête ! Jomarr.. Gyaah ! Jomarr s.. sur les qu..ais n..nords.. qu..itte l'île.. pour.. pour.. gémit-il avant de perdre connaissance, le corps toujours tremblant.

Je te pensais plus solide que ça.. murmura Alakir en posant une main sur son front, toujours dans la même position.

Alakir montrait là encore une autre facette de sa personnalité. Derrière cette candeur, cette maladresse, cette bienveillance, se cachait tout de même un terrible pirate prêt à se salir les mains pour remplir lorsque c'était nécessaire ; et à s'en délecter. Il n'était pas là pour faire des courbettes à qui que ce soit, et bien qu'il ait l'air de s'amuser à la moindre occasion, il était bel et bien conscient que la piraterie n'était pas un jeu. Ainsi, épuisé, endolori, il ne perdit son temps avec ses facéties habituelles et usa de sa télépathie - qui lui était bien plus facile d'usage que sa téléportation - pour le torturer dans de puissantes images mentales, laissant habituellement de violentes séquelles psychologiques sur les esprits faibles.

Faisant comme s'il ne s'était rien passé, toujours sur sa table, il s'adressa cette fois-ci à son acolyte placée dans son dos, d'une voix chevrotante.

Jing.. On a sa position. Qu'est-ce qu'on fait ?

Quiconque connaissait le Capitaine Alakir le Roux savait qu'il ne demandait jamais, ô grand jamais, ce qu'il devait faire. Il agit et demande après. Alakir est un homme tenant à sa liberté, à son libre arbitre, et est très capricieux concernant ses agissements, comme l'illustre la situation dans laquelle ils se retrouvaient par sa faute. C'était à la fois sa façon de se mettre temporairement en retrait, le temps de se remettre de son état lamentable qu'il ne pouvait plus cacher à la dame, mais aussi sa façon maladroite de se faire pardonner pour ses péripéties, en recevant des ordres d'un autre être humain. Il se dédouanait aussi de se sentir redevable pour son sauvetage ; la balle était au centre.

Qu'allait décider la Néréide ?





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MessageSujet: Re: Visite de Courtoisie   Visite de Courtoisie Icon_minitimeDim 6 Jan - 1:03

Huan Yu n’eut même pas besoin de jeter un regard vers Urag pour comprendre que la présence de l’un de ses comparses, et précisément Alban, n’avait rien de particulièrement bon dés qu’il s’agissait de faire preuve de diplomatie ; ayant tous été témoins au moins une fois de son caractère insoumis et farouche, pire encore que le Capitaine lui-même. Et au vu de ce qu’il allait leur annoncer. Il ne faisait aucun doute que l’impulsivité du Yorkas allait être mis à l’épreuve. Pour l’heure celui-ci se plaçait encore en simple spectateur. Toujours dans son affutage, son sifflement passa tout de même un ton en-dessous pour lui permettre de suivre leur conversation, sachant pertinemment qu’elle allait tourner autours des Capitaines. Huan n’aurait jamais quitté son poste, dans le cas contraire.

Son regard cendré dériva lentement et revint au Zélos, venant rapidement à une conclusion qui manquera tout d’abord de provoquer un rire. Pour finalement se contenter ensuite d’un sourire. Son vis-à-vis ne prit ombrage de cette réaction. Il avait depuis longtemps cerné le caractère imprévisible et fougueux du Roux et savait que même un vieil ami comme Urag avait parfois beaucoup de mal à le suivre. Cependant, Huan ne perdit de vue son objectif premier. Savoir ce qu’il en était de sa protégée. C’est donc de manière directe et concise qu’il exposa les faits. Comme il est de coutume chez lui. Et ce même en sachant d’ores et déjà que ses propos piqueraient au vif Alban.

D’ailleurs, à peine notre chaleureux colosse voulut prendre la parole qu’une soudaine tension envahie la pièce et la coupa net dans son élan. Le Yorkas – toujours silencieux – s’était saisit de son arme, dans un cliquetis métallique. Les yeux clairs de Huan  se braquèrent alors dans sa direction, aucunement surpris de sa réaction. Son faciès avait beau afficher un air parfaitement calme et serein, l’aura qui l’entourait en revanche présentement était tel un brasier prompt à être libéré et tout consumer. Les deux élites du Roux le savaient. Même en se présentant sans arme devant eux, Huan n’en était pas moins dangereux. Au contraire, il se révélait bien plus redoutable sans. À l’instar de la Néréide, à qui il transmit son style de combat. Au final le sabre ou la rapière n’était rien de plus pour eux qu’un accessoire, contributeur de l’image typique que l’on donne à un forban. C’est donc dans un silence extrêmement pesant qu’Alban et Huan se jaugèrent. Prêt à mettre à bas toute forme de règle pour le Capitaine qui les dirige. Force est de reconnaître que l’un et l’autre avaient au moins l’abnégation en point commun. Mais là .. ç’en devenait justement risqué.

C’est alors qu’une voix typée et chantante fit écho dans la pièce, lui rendant métaphoriquement sa dimension réelle. Huan Yu jeta un regard au coin, tout en sachant d’ores et déjà quel personnage venait de faire son apparition.

« Alberto. » Le salua-t-il sobrement. Bien loin de partager son éloquence. « Je ne vous pensais pas ici. » Sous-entendant que l’enceinte du Boréan était normalement bien moins silencieuse quand il était dans les parages ; prenant presque des allures de théâtre ou de concerto. Rapidement le bavard - et un peu horripilant aussi – Alberto prit la relève d’Urag, évitant juste à temps tout débordement hostile. Il interrogea évidement Huan de sa présence ici, tout en déclarant être ravi de le retrouver ici. C’est toutefois le Zélos qui répondit pour lui.

C’est visiblement surpris que l’artiste passa de l’un à l’autre, avant de rire aux éclats. Toujours aussi fou, avait-il dit tout en entortillant sa légendaire moustache. Puis avec plus de sérieux cette fois, il affirma que le Roux devait parfaitement savoir ce qu’il faisait lorsqu’il emmena la Néréide et que cette dernière ne risquait rien à ses côtés. Huan Yu arqua légèrement un sourcil pour tout commentaire. Même s’il ne doutait pas de la franchise d’Alberto et de la confiance que tous vouaient à Alakir. L’un comme l’autre savaient qu’il ne se contenterait pas de quelques paroles rassurantes, surtout dés que cela touchait sa protégée.

Mais les propos de l’homme semblèrent soudainement interpeller Urag. Et comme si c’était maintenant une évidence, il déclara à Huan qu’il avait peut-être bien un début de piste finalement. Après s’être platement excusé par avance – et non sans échanger un regard en direction d’Alberto – que le Zélos quitta précipitamment la pièce. Le Second du Ao Kuang comprit rapidement la supplique silencieuse d’Urag, ainsi que le petit jeu du ‘’Moustachu’’ qui enfila son costume de ménestrel pour maintenir un certain calme ; tout particulièrement chez Alban. Avec entrain, il piocha parmi les aventures du Rouquin et la conta, non sans y implanter des gestes théâtrales et rendre son récit plus prenant. Bien que l’attention de Huan restait rivée sur le Yorkas, le bruit de fond qu’offrait Alberto de son accent chantant réussit à maintenir un calme certes tout relatif, mais suffisant pour éviter un débordement.

Quelques minutes plus tard Urag réapparu brusquement, comme s’il avait craint d’avoir mis trop de temps à revenir. Heureusement, Huan était connu pour sa patience. Et maintenant que le Zélos avait fait miroiter un début de piste – par la présence de ce bouquin. Il n’allait pas tout compromettre. Le colosse crut bon d’interrompre Alberto dans son monologue, rappelant que leur invité était venu ici pour des informations. Comme un enfant rendu tout penaud, l’artiste supplia de le laisser conclure. Mais Urag refusa fermement. Son comparse marqua un profond silence, avant de prendre la porte. Sitôt refermée, il hurla sa frustration à plein poumon et de manière exagérée, tel l’artiste incompris qu’il prétendait être. Huan esquissa un battement de cils devant cette improvisation théâtrale.

« Je constate qu’il est toujours aussi … zélé. »  Commenta-t-il simplement. L’équipage du Roux avait vraiment quelque chose d’éclectique.

Il reprit son sérieux à l’instant même où Urag reprit la parole, présentant donc l’objet. Il s’agissait du carnet du capitaine. Enfin, un de ses carnets. Tout en le déposant sur la table et cherchant vraisemblablement la bonne page, il expliqua le curieux rituel qu’avait Alakir lorsqu’un enchainement de pensées l’assaillait. Huan rejoignit le Zélos qui se décala probablement par reflexe lorsqu’il dévoila le contenu recherché. Son regard défila sur les nombreuses ratures et annotations, pour la plupart incompréhensibles. Non sans en éprouver une certaine gêne, Urag avoua ignorer si ses écrits étaient un code inventé par Alakir, ou les simples élucubrations d’un homme à la psyché brouillonne et versatile. En ça Huan ne saurait le dire. En toute logique, chaque capitaine avait son code. Mais là .. on croirait effectivement lire une scénette écrite par Alberto lui-même. Toutefois ce n’est pas ça que le contremaitre voulait montrer, mais plutôt un nom, marqué en coin de page. Selon ses dires Alakir l’aurait mentionné à de nombreuses reprises après avoir commencé à s’intéresser à la famille Valombre ; qui jusqu’à preuve du contraire n’était aucunement reliée à leurs affaires et n’avait pas lieu de l’être . Un sombre éclat apparu dans les méandres argentées de Huan rien qu’à la mention de ce premier et maudit nom.

« Je suppose que votre capitaine voulait se donner matière à parlementer avec le mien. » Puisque les Valombre était indubitablement rattaché aux Wei. Peut-être qu’Alakir pensait conclure un pacte en mettant en avant la renaissance et retour en force d’un vieil ennemi. Mais le pire fut pour le second : Jomarr Karseen. Cette fois ce fut une profonde inspiration par le nez qu’esquissa Huan. Une réaction qui serait passée comme totalement anodine chez une autre personne que lui. Mais ici, on parlait de Huan. Un homme reconnu de tous pour sa tempérance et son recul. Urag ne put donc passer à côté et le questionna à ce propos, lui-même ignorant pourquoi Alakir tenait à trouver ce prénommé Jomarr ; et surtout en présence de la Néréide .

« Jomarr était l’ombre de Kaale Daadhee. C’est à lui qu’il assignait le sale travail quand il ne pouvait avoir le dessus en mer. » Appuyant bien sur le terme ‘’était’’ à ce moment-là. « Il est mort depuis des années. Je le sais, car j’étais là quand Jing livra un combat contre lui et l’emporta. » Dans sa quête de vengeance. Mais en ce cas, pourquoi le Roux aurait mêlé le nom d’un mort à son équation ? On pouvait qualifier Alakir de beaucoup de choses. Mais certainement pas de parfait idiot. Alors qu’est-ce que cela signifie..

« Par quel miracle ou stratège serait-il encore en vie ... » D’une voix grondante, les dents serrées. Et surtout. Si le Rouquin avait emmené Wei dans le but d’une confrontation avec Jomarr.

« Je crains que votre capitaine, dans sa quête, se soit mis en porte-à-faux. Non t’en déplaise, Alban. » Devinant plus ou moins la réaction du Yorkas rien qu’en soulignant l’inconscience de l’homme et la possible, mais dangereuse colère qu’il pouvait réveillé chez Wei. « Et tout ça ne nous dit pas où ils trouvent actuellement. » Ni dans état a fini Alakir en sollicitant sa Téléportation. Au final, ils semblaient condamnés à attendre que les choses se fassent et que le Roux ramène sa Capitaine. Et ce sentiment d’improductivité et d’impuissance n’arrangeait rien à l’humeur de Huan. Quand bien même il se tenait et faisait bonne figure auprès de l’autre équipage.

Il revint finalement à d’Urag. « Quel genre d’informations aviez-vous récoltés sur les Valombre ? » S’interrogea l’homme. Faute de pouvoir agir sur le terrain et sans retour pour le moment de Zahar, c’était peut-être l’occasion de croiser les données que chacun avait. Sait-on jamais. Une mauvaise nouvelle pouvait en cacher une autre.


[…]

Après avoir coupé net toute envie à Alakir de commenter son geste, Wei les avait donc conduit vers un supposé abris. Moyennant finance, le propriétaire de l’auberge accepta la présence des deux Capitaines, ainsi que celle de l’éventré – bien que maugréant rien qu’en pensant au supplément de nettoyage. Après s’être servi dans le bar en alcool et occupé sommairement de son comparse migraineux, la Néréide avait ramené le blessé à un état de conscience et s’était installée derrière Alakir ; ses larges épaules et son dos la camouflant complètement. Sitôt réveillé le sous-fifre brailla et gémit. Puis cracha sa haine et ses menaces au visage du protagoniste. En réponse le Rouquin jeta avec violence le verre contre le mur, à seulement quelques centimètres de la tête de son vis-à-vis, tout en lui ordonnant de se taire. Ordre qu’il réitéra à l’attention du tavernier, alors qu’il s’apprêtait à houspiller contre lui. Soi-disant victime de ce qui se rapprochait selon lui d’une simple gueule de bois, il fit comprendre au malheureux qu’il avait tout intérêt à vendre la mèche. Au risque dans le cas contraire de passer un très mauvais quart d’heure. De son coté Wei prêtait une oreille distraite et aucun regard aux deux hommes. Sachant pertinemment qu’Alakir saurait y faire pour obtenir ce qu’il souhaite. Peu importe ses ‘’méthodes’’, comme il disait. Elle but une autre et gorgée de .. rhum. Oui, ce devait être du rhum. Tandis que le forban – malgré sa position et état précaire – s’esclaffait devant Alakir en se présentant tel un illustre Marin de Noxis.

« Allons bon. Des trois, on se retrouve avec le plus con. » Souffla d’un ton lasse la Néréide. Et puis l’honneur de la famille Valombre. Si elle se présentait tel quel. Elle ne se serait pas encore une fois entourée de serpent comme Jomarr. Mais le Rouquin, dont la patience se révéla rapidement à bout, ne laissa même pas l’homme conclure sa phrase. L’instant qui suivit l’apparition de cette faible lumière, le prénommé Kra’ar se retrouva comme plongé dans un de état de transe, sous l’incitation du Rouquin. Il chuta ensuite lourdement de son assise, couvert de spasmes et poussant des hurlements sinistres. De quoi réveiller tout un quartier dans l’horreur. Même le propriétaire de la taverne – pourtant loin d’être une petite nature – montra des signes de faiblesse. Douloureux, il finit même par trouver refuge dans les cuisines. Il ne restait alors plus que que Jing, complètement détachée de la scène et au supplice de Kra’ar. Son esprit clairement ailleurs. Ce n’est que lorsque l’éventré balbutia ses premiers mots et mentionna Jomarr que notre amie réagit.

Les yeux de la Néréide s’écarquillèrent. C’était comme si jusqu’à maintenant tout n’avait été que spéculations, qu’une part d’elle avait tentée de se convaincre que tout ça n’était que supercherie. Mais cette fois c’était officiel : il était bel et bien en vie. Et de nouveau aux côtés des Valombre. Ce qui remettait peut-être déjà un élément en cause. Aldric savait probablement pour son père. Et dans ce cas on peut envisager une hypothétique vengeance. Perdue dans ses réflexions. C’est alors que le Roux l’interpella et lui demanda la marche à suivre. Les prunelles sombres de sa comparse dérivèrent jusqu’à lui. Un instant le vide laissa place à un certain étonnement. Alakir… qui attend les ordres de la Néréide ? Elle en aurait presque été satisfaite. Si elle avait seulement le cœur à la plaisanterie ; voyant bien en ça une façon de mettre les compteurs à zéro. La Néréide plongea un instant ses méandres dans celles de son compagnon d’infortune. Puis après une profonde inspiration, elle reprit une bonne gorgée d’alcool. Qui au passage n’avait pas beaucoup d’effets sur elle. Même pas celui de l’enivrer.

Peut-être suite à un trop long silence de sa part. Le Rouquin tentera peut-être de la faire parler – ou même réagir. Dans le doute et avant même qu’il esquisse la moindre phrase. « Je réfléchis. » D’une voix faiblarde mais toujours acerbe, tandis qu’elle chassait d’un revers de la main le sang qui avait coulé de sa joue. D’ailleurs à ce propos, l’entaille pourtant profonde dont elle avait héritée était d’ores et déjà en train de cicatriser.

« S’il s’apprête à prendre le large, il est donc accompagné de tout un équipage.. » Donnant plus l’impression de penser à haute-voix que de s’adresser réellement et directement à Alakir. Quand bien même la majorité ne devait être que composée de sous-fifres du même acabit que Kra’ar, Wei doutait que Jomar commette la même erreur qu’à sa ‘’première vie’’ et sera donc sûrement mieux entouré. Hors vu l’état du Rouquin – et le sien, moins sérieux mais pouvant le devenir rapidement. L’affrontement direct semblait peu envisageable. Et pourtant. Si vous saviez à quel point elle refrénait son envie de s’y rendre. Tous ses muscles étaient tendus et crispés. Et il planait autours d’elle une aura sombre. Il lui suffirait de faire appel à ses capacités pour envoyer son fichu navire par le fond, mais ce n’est pas ça hélas qui le tuerait ; et en plus de lui révéler sa présence, ils se retrouveraient bloqués sur place au milieux de pro-Valombre.

D’une voix égale à celle de toute à l’heure, elle reprit calmement. « Dans ton état tu es bon à rien. » À l’intention du Capitaine. Sans lui adresser le moindre regard. Elle avisa ensuite d’autre chose. Elle pivota légèrement en direction du malheureux à terre. S’ils s’étaient habillés, lui et ses confrères d’un uniforme. Ça indiquait qu’eux aussi composaient normalement cet équipage. Et même si Jomarr pouvait aisément se passer de ces gusses, il n’empêche qu’il n’accepterait pas ce retard, voire ce qui ressemblerait même à une désertion. Et s’il trouve les corps. ~

« Ça nous laisse du temps .. » Souffla la Néréide. Avant de revenir au tenancier pile au moment où il refit son apparition.

« Vous avez des chambres ? »

« À l’étage. Pourquoi ? »

« J’en prend une, côté rue. » Déclara-t-elle en se redressant. Elle passa du côté où se trouvait Alakir et sa victime. Elle observa le corps encore couvert de spasmes de l’homme, avant de prendre la décision de mettre un terme à sa misérable vie ; dégainant son épée pour esquisser le même geste qu’à son comparse. De toute manière, il serait mort avant d’avoir pût reprendre connaissance. Autant s’épargner des gémissements inutiles et se débarasser de ça directement. Ceci fait, elle rangea son arme et hissa Alakir en se saisissant de son avant-bras.

« On monte. » Ordonna-t-elle simplement tout en trainant sa carcasse de deux mètres à l’étage. Le message paraissait clair, le Rouquin devait se reposer. Soit pour envisager de partir – ce qui serait le plus judicieux à faire. Soit pour envisager de rejoindre Jomarr.

Arrivé à la chambre auto-assignée, elle balança sans aucune délicatesse le Capitaine sur l’unique lit présent dans la pièce. Elle s’approcha ensuite de la fenêtre, s’assit au rebord et observa l’extérieur. Là encore, peut-être qu’Alakir se posera des questions et voudra connaître le fond de la pensée de Wei. Et dans ce cas alors la Néréide lui coupera une fois de plus l’herbe sous le pied. « Jomarr ne partira sûrement pas dans l’immédiat, par principe il voudra retrouver ces trois retardataires. Et lorsqu’il apprendra leur mort il cherchera à connaître le responsable. »

Elle marqua un temps.

« Il y a deux options. Et toutes inclues que tu aies suffisamment récupéré. La première est la plus simple : tu nous ramènes à nos navires avant qu’ils nous tombent dessus. La seconde : On se rend au quai. Je me charge d’envoyer sa nouvelle saloperie flottante par le fond. Toi. Tu récupères Jomarr. » En d’autres termes, le bon déroulé du plan dépendait majoritairement d’Alakir. Tous deux sachant pertinemment que l’utilisation de ses pouvoirs n’étaient pas sans conséquence, en plus de la mettre dans une position vulnérable. Il voulait une marque de confiance et de distinction ? C’était maintenant chose faite. À lui de décider maintenant. En attendant. ~

« Reposes-toi. » Ordonna-t-elle sèchement, se chargeant de faire la vigie d’ici à ce son comparse paraisse enfin plus vivant que mort.

 
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