[Event - Terminé] Le panier garni

Thémisto n'avait pas la réputation d'être une ville particulièrement chaleureuse où il faisait bon vivre. Mais en habitant à Mavro, Winifred avait eu l'occasion de s'y rendre quelques fois et savait pertinemment que lorsqu'elle devait y aller, il fallait se couvrir. Parce qu'il semblerait que même le soleil était fâché avec le coin.

Une fois par mois, c'était le rythme auquel la maîtresse de L'Octo se rendait dans cette ville nécrosée, où les rats fourmillaient autant que les cafards et où les cavaliers pointaient leur nez de temps en temps pour faire bonne figure, mais pfff, la ville n'avait en rien changé. Bref, si Winifred était là, c'était pour aller rendre visite à une vieille dame, Lilida. Lilida était une toute petite bonne femme qui avait été la voisine de Winifred, une commerçante elle aussi mais avec l'âge elle avait fini par ne plus pouvoir travailler comme elle le voulait, son fils l'a donc ramené dans sa jolie petite ville au top pour y couler des beaux jours - Thémisto, vous sentez l'ironie j'espère - et pour quoi ? Pour la foutre dans un hospice miteux.

C'était pas faute d'avoir proposé au fiston de garder mamie à la maison, Wini avait même plutôt insisté, expliquant que la dame avait passé plus de 50 ans de sa vie à Mavro, que ses repères étaient là et qu'il serait préférable pour elle de pouvoir rester par ici afin d'être rassuré. La vieillesse c'est pas toujours facile à vivre, Wini lui aurait offert une chambre permanente à l'étage, l'aurait nourrit, blanchit, enfin, normal quoi. Car Lilida avait été adorable avec la maîtresse des lieux, durant des années, elle avait rafistolé ses vêtements, draps, rideaux, elle avait même rapiécé les fauteuils et canapés, car oui, Lilida était couturière. Jusqu'à un âge très avancé elle arrivait à foutre un mini fil dans une aiguille pas plus épaisse qu'un ongle, alors que ses yeux devenaient vitreux. Balèze mamie. Mais bon voilà, le fils, rien à foutre, il avait embarqué vieille maman et hop, chez les vieux, les miteux, les malades et les dégénérés.

Afin de tenir son engagement, c'était en lui apportant des vivres tous les mois que Winifred se rassurait de son état. Personne ne lui donnerait de nouvelles, sinon, Lilida était trop mal en point pour envoyer une missive.

En cette fin de matinée, après une route coupée en 4 avec des arrêts chez des amis, Winifred arriva face à l'entrée miteuse de l'hospice dont la devanture ne faisait pas rêver. Elle toqua, comme à son habitude et une petite visière intégrée à la lourde porte en bois et fer s'ouvrit.

- Qu'est-c'vous voulez ?
- Je suis Winifred Cooper, je viens voir Lilida Elojuk.
- Vous pouvez pas rentrer.
- Et depuis quand ?
- Depuis que je suis garde.
- T'es mignon toi, commença à s'agacer Winifred, et moi depuis presque 2 ans je viens tous les mois apporter un panier à Lilida et c'est pas un p'tit gars comme toi qui va m'faire chier quand même.

Le p'tit gars en question ouvrit la porte et se pointa droit face à Wini. Bon, le gars il faisait bien deux têtes de plus et 40cm de large au dessus aussi.

- Ah parce que tu crois m'intimider ? Elle est morte, Lilida ?
- J'sais pas.
- Et tu veux pas AU MOINS faire l'effort de te renseigner ? Il est où Willy ? Lui il me laissait rentrer.

Le gars ne broncha pas. Winifred avait l'air bien cloche, à l'entrée de la porte avec le golgoth devant elle, son panier à la main.

- Tu as un problème auditif ? Un cafard dans le conduit peut-être ? Demanda t-elle ironiquement en ôtant la vie d'une de ces bestioles qui s'approchait de ses pieds. Je vais pas rester dans la rue à poireauter quand même, j'ai fait le trajet depuis Mavro.

- Et ?

- Oh putain, mais il me pète les ovaires sévère lui, tu d'viens chiant à la fin, merde, va m'chercher un supérieur sinon j'te pourri tes godasses. D'habitude elle était plus menaçante, mais lui, il était un peu impressionnant, alors menacer ses chaussures déjà crado ça ferait pas de mal.

Le gars rentra dans l'hospice et claqua la porte derrière lui, laissant Winifred dans cette rue miteuse et vide.

- Ah nan mais elle est bonne celle-là... Elle s'assit alors devant la porte et hurla : J'TE PRÉVIENS JE BOUGE PAS TANT QUE JE PEUX PAS RENTRER. D'HABITUDE ON ME FAIT PAS CHIER.

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Spoiler:

Alba Tor
Winifred Cooper

Le panier garni [Évent]

Ladrini un jour, Ladrini toujours !

Alba a beau avoir fait fortune, avoir une certaine renommée dans Thyrénium et se donner des allures de petit seigneur, il n’en reste pas moins un Ladrini. Et tôt ou tard, malgré ses efforts, cela finit par le rattraper. Bien évidemment, il a souvent pensé à quitter son second job mais on ne se défait pas des Ladrini ainsi, voyons ! Et puis, ça foutrait un coup énorme à ses affaires et pas forcément dans le bon sens du terme. Beaucoup de criminels passent par son établissement uniquement parce que le Zélos fait partie de la “famille”.

Alors, même s’il essaye de ne pas tremper dans des affaires plus criminelles que les siennes, il arrive encore parfois qu’Alba se voit confier l’une ou l'autre mission par son “patron”.

Et voilà donc ce qui amène notre cher Corsaire à Thémisto.

Il n’est pas encore aux portes de la ville qu’il a déjà envie de faire demi-tour. Six jours à crapahuter sur les routes, sur le dos de cette vieille bourrique de Monfred - qui n’en a fait qu’à sa tête tout au long du chemin sinon ça n’aurait pas été drôle, évidemment - pour atterrir dans ce trou à rat. Le Tyrhénian qu’il est devenu n’apprécie guère les villes Phelgrannes. Seule Mavro Limani trouve grâce à ses yeux et cela parce qu’il s’agit surtout de la ville qui l’a vu grandir. Les autres villes lui paraissent miteuses et déprimantes à souhait, en comparaison à Tyrhénium.

- Quand il faut, il faut… Souffle le bonhomme tandis qu’il arrive à destination.

Sa cible ? Un hospice. Enfin, ce qui l’intéresse surtout c’est celui qui le dirige. Alba ignore ce qui s’est réellement passé mais son patron semble avoir une grosse dent envers cette homme. Enfin ! Tout ça ne le regarde pas ! Les ordres sont les ordres ! Plus vite il aura accompli sa mission et plus vite il pourra retourner à son train-train habituel et son petit confort.

* - C’que ça gratte cette saleté !*

Parce qui dit mission d’infiltration, dit adieu aux belles tenues habituelles. Présentement, Alba a l’air d’un simple badaud dans ses amples vêtements ternes et usés. Alors qu’il descend de son cheval et se déleste de sa capuche, une voix indignée s’élève. C’est celle de la bonne dame assise devant la porte de l’hospice. Elle a l'air plus remontée qu’un ressort.

- Huuum… S’cusez moi mais, il faut que je passe. Souffle-t-il tandis qu’il étend son bras au maximum pour frapper à la porte de la bâtisse.

- Personne rentre j’ai dit ! Dégagez !! Tonne une voix de l’autre côté de la porte.
- Je suis là pour le travail. On a dû vous avertir, non ? J’ai même une lettre !

Le vert agite le bout de papier tandis que la visière de la porte s’ouvre mais la décision semble être sans appel.

- Personne ne rentre, j’ai dis ! J’me fou de ton foutu papier, le vert.

La bougre a l’air buté. Aux grands maux, les grands moyens. Il était temps de faire usages de certains “dons”. Activant sa magie, Alba se penche de sorte à pouvoir planter son regard sombre dans la paire d’yeux qui lui fait face.

- Allons, allons ! Je me doute bien que vous ne faites que votre travail, mon brave. Mais ce n’est pas raisonnable de laisser les pauvres gens dehors ainsi. Laisse-moi au moins pénétrer dans l’entrée et aller chercher celui qui s’occupe du recrutement.

La visière de la porte se ferme brusquement. L’espace d’un instant, Alba pense que son tour n’a pas fonctionné, qu’il a eu la malchance de tomber sur un type immunisé à sa magie mais la porte s’ouvre bien vite en grand.

- T’attends dans vestibule que je revienne avec le responsable, d’accord ?

Un fin sourire étire les lèvres du Zélos. Une bonne chose de faite ! Il fait deux pas, puis se tourne vers la femme qui campe toujours devant la porte. S’il s’est interrogé sur la raison de son mécontement précédent, il a maintenant sa petite idée sur la question. Il replonge une nouvelle fois son regard dans celui du garde.

- Vous allez quand même pas laisser la p’tite dame dehors hein ? Z’êtes un bon gars et vous aller la laissez entrer aussi.

Un nouveau silence de quelques secondes aussi.

- Dans le vestibule aussi !

Bon… On repassera pour l’amabilité mais le resultat est là ! Alba avait réussi à pénétré l’endroit et attendait en compagnie d’une inconnue.

Informations

Winifred avait fait le choix de ne pas utiliser ses pouvoirs pour retourner le cerveau du gaillard, parce qu'elle n'avait pas envie d'en abuser à longueur de journée. C'était une commerçante, une femme qui aimait le relationnel. Si tu rentres dans la tête des gens pour les faire changer d'avis, leur faire peur, lire leurs plus sombres pensées bah... t'as pas besoin d'être commerçant. M'enfin, du coup elle boudait et attendait une solution. Et AU PIRE DES CAS, elle serait revenue à la charge. Mais, pas eu le temps. V'là qu'un gros bonhomme tout vert déboula, et alors lui, rien à foutre, sans vergogne qu'il avait maté les yeux du con de gardien pour lui retourner le cerveau. Et en moins de deux, ils se retrouvèrent tous les deux dans le sas, ça n'avait pas été facile de se relever, Winifred souffrait du popotin, c'était plus de son âge d'aller se balader d'une ville à l'autre comme ça.
Bon. Winifred haussa les épaules, à moitié satisfaite, à moitié intriguée. C'était quand même bizarre qu'on les laisse pas rentrer, alors que d'habitude y'a pas de problèmes. Elle se décida enfin à user un peu de ses pouvoirs. Puis après quelques instants et avant qu'on ne revienne à eux...

- Le con, tout s'explique.

Winifred quitta le sas pour retourner dans la rue rapidement.

- Hé m'sieur. Je... je vous déconseille de rentrer là d'dans. Notre petit copain le gardien à qui vous avez lobotomisé le lobe il discute avec le chef là. Et... dedans, il semblerait qu'il y ait une épidémie d'une bonne grosse fièvre, les p'tits vieux ils survivent pas à ça. Et accessoirement, ils pensent qu'on est des gros cons intrusifs.

Puis avant même qu'il pose des questions elle enchaîna.

- Oui, c'est pratique de lire dans la caboche des autres. J'vous rassure, j'me retiens quand à la vôtre, j'suis polie quand même. Mais là c'était trop bizarre. J'ai eu aucun soucis pour rentrer ces derniers mois, jamais on m'a foutu à la porte et en plus, d'habitude c'est pas lui qui est ici.

Puis elle s'approcha de la porte pour tendre sa main au golgoth.

- En parlant de politesses... Winifred Cooper.

Au même moment, le garde déboula à nouveau.

- C'pas une bonne idée. Le chef veut pas que vous rentriez. Je vais faire passer le panier à la dame là, Laliala... Ladia... Dalida... Et puis vous... rajouta t-il en regardant le géant vert.

- Lilida, reprit-elle agacée en coupant la parole. C'est quoi cette fièvre ?

- J'ai... je vous ai rien dit. Lâcha le gros bébé en réajustant sa toile de jute qui lui servait de haut.

- Nan, mais j'suis pas débile.

- Bah... commença t-il en regardant Alba et Winifred d'un air un peu inquiet, perdant toute son assurance.

Alba Tor
Winifred Cooper

Le panier garni [Évent]

* On est jamais mieux servi que par soi-même !* Songe le Zélos avec un sourire discret mais satisfait tandis que le garde de l’hospice les invite, lui et l'autre dame, à attendre dans le corridor de la bâtisse.

Sifflotant un petit air de son cru, Alba laisse son regard vagabonder dans sur les lieux. Le tour est vite fait et fatalement son regard tombe sur la femme qui attend avec lui. Elle est silencieuse et semble concentrée sur quelque chose. Quoi ? Bonne question. Elle aurait au moins pu le remercier, non ? Enfin, Alba n’est pas le genre d’homme à s’outrer pour si peu. Un homme, un vrai agit sans attendre quoique ce soit en retour !

Et enfin, la voix de cette drôle de dame se fait entendre. Alba hausse un sourcil, croyant tout d’abord que l’insulte était pour lui. Il se retourne sur la terrane pour l’interroger mais celle-ci n’est plus à la place qu’elle occupait quelques secondes avant. Elle est dehors. Bah ca valait bien le coup d’essayer de la faire entrer tiens !
- Hé m'sieur. Je... je vous déconseille de rentrer là d'dans. Notre petit copain le gardien à qui vous avez lobotomisé le lobe il discute avec le chef là. Et... dedans, il semblerait qu'il y ait une épidémie d'une bonne grosse fièvre, les p'tits vieux ils survivent pas à ça. Et accessoirement, ils pensent qu'on est des gros cons intrusifs.

La mâchoire du Zélos se décroche. Il s’est fait cramé comme un bleu ! Enfin plutôt comme un vert (ce jeu de mot est drôle, d’accord ! ) ! Par contre, ça ne l’arrange pas que l’on se méfie d’eux… Elle va être bien lourde cette mission, il le sent ! Cette fameuse fièvre ? Alba ne s’en inquiète guère. Il est un fier Zélos dans la force de l’âge ! Peu de chance qu’il attrape une grippe de vioc ! Par contre, comment elle a su tout ça, cette bonne dame. Alba a son idée sur la chose mais elle le lui confirme presqu’aussitôt.

- Oui, c'est pratique de lire dans la caboche des autres. J'vous rassure, j'me retiens quand à la vôtre, j'suis polie quand même. Mais là c'était trop bizarre. J'ai eu aucun soucis pour rentrer ces derniers mois, jamais on m'a foutu à la porte et en plus, d'habitude c'est pas lui qui est ici.

C’était donc ça ! Dès l’instant où elle a annoncé pouvoir s’immiscer dans la tête des gens, Alba a retenu son souffle. Sa couverture aurait été découverte et… Et il n’est pas certain d’apprécier avoir quelqu’un s’aventurant dans ses pensées tout court, à vrai dire ! Il soupire et offre un sourire reconnaissant à son interlocutrice tandis qu’elle continue son petit monologue.

Une nouvelle fois, le géant tente de prendre la parole et se fait interrompre, pour des présentations cette fois.

- Harl Ock. Dit-il tout en saisissant délicatement la main que lui tendait Winifred.

Comment ça c’était pas son vrai nom ? Vous le prenez pour un bleu ? Jamais donner sa réelle identité dans ce genre de cas, surtout quand on est connu !

Et c’est sur ces entrefaits que l’ami gardien revient à la charge, avec une mauvaise nouvelle qui ferait presque soupirer de nouveau le Zélos. On leur refuse l’accès à l’hospice. Toutefois, Winifred arrive à tirer un peu les vers du nez du bonhomme qui leur fait face.

- C’a pas l’air d’être une fièvre commune. Les remèdes qu’on a ici marchent pas. On attend l’toubib. C’tout ce que je sais.

Vu sa tête, il en sait bien plus qu’il ne veut le faire croire. Alba pourrait le forcer à tout leur raconter mais on se méfie déjà d’eux. Autant faire profile bas et ne pas trop insister à ce sujet. Par contre, pas question de décamper tant qu’il n’aura pas l’assurance d’entrer en contact avec le directeur de cet hospice.

- Je vois… Sacrée galère ! Commence-t-il avec un ton compatissant. Mais, j’ai vraiment besoin de ce travail. Vous pouvez pas faire venir l’patron jusqu’ici ? Tenez ! Z’avez qu’à lui donner cette lettre de recommandation ! Il saura quoi ! Dit-il tout en tendant le bout de papier au garde.

Alba n’est pas assez naïf pour penser que ce petit fonctionnera mais qui ne tente rien n’à rien. Au pire, il fera ça à l’ancienne une fois la nuit tombée.

Informations

« Écoutez... Vous n'avez pas l'air de comprendre la situation.
- Bonjour, le coupe-t-elle. Monsieur. Ma dame. »

L'homme ne cache pas sa surprise. Il semble néanmoins soulagé de sa présence.
Une femme vient, en effet, d'apparaître dans le paysage. Son visage est décoré d'un sourire délicat qui trahit une origine sylphide sans l'ombre d'un doute.
Ses cheveux noirs habituellement coiffés à la perfection sont sauvages et des poches sont déjà peints sous ses yeux bleus. Elle a l'air d'être foncièrement fatiguée et sur le point de s'effondrer.

Elle fait néanmoins l'effort de garder sa délicatesse.

« Votre ignorance vous rend aveugle. Vous ne voulez pas rentrer dans cet établissement. Tout le monde peut être touché, dit-elle en posant son regard sur le zélos. Même les plus robustes. »

Son sourire s'efface aussitôt qu'elle fait une pause. Elle s'approche un peu plus du zélos. Elle lui arrache sèchement sa lettre, certainement avec toute la condescendance dont son peuple est capable.

« Phelgra est l'un des pays les plus touchés. Fuyez, si vous tenez à vos vies. »

Elle pose son regard sur la terran.

« Nous sommes dans un hospice. Si vous n'êtes pas capables de nous aider, allez-vous en. »

Il est facile de comprendre à qui ils ont affaire : le fameux toubib.

[Event - Terminé] Le panier garni 744275Sanstitre1

Winifred haussa les sourcils à la déclaration de la bonne femme qui venait de pointer le bout de son nez bien pâle. La tenancière de L'Octo détestait bien qu'on lui parle de haut, qu'importe la situation, il y avait toujours des manières de dire et de faire. Bien sûr qu'ils étaient, avec Alba, aveugles, puisque personne ne leur disait rien et qu'ils n'étaient au courant de rien.

Tout le monde peut être touché, certes, mais touché par quoi ? C'est juste une fièvre, qui rendait cette sylphide aussi blafarde que sa voix ? Bon, ça devait être surement plus compliqué à gérer pour qu'on les foute à la porte de la sorte. Et puis alors, bon, elle était gentille hein, de leur dire de fuir de Phelgra, en attendant, c'était là qu'habitait Winifred, elle pouvait pas quitter sa ville ni son commerce. Elle n'avait rien remarqué d'inhabituel dans son établissement, peut être un peu moins de monde qu'avant mais la marâtre en avait simplement déduit que c'était un concours de circonstances, une période de pèche plus intense...

Winifred ne tenait même plus compte de la présence d'Harl Ock, elle restait toujours entre le sas et l'extérieur, interloquée par la situation.

- Ben, je vois que vous êtes bien paniquée, à l'idée que nous rentrions, je suppose que c'est en tant que pleine concernée que vous nous en avertissez mais... comment peut-on éventuellement nous rendre utiles ? Pourriez-vous tout de même transmettre ce panier à Lilida ? Demanda t-elle presque naïvement et surtout inquiète pour son amie.

Winifred posa le panier à terre et le poussa du bout du pied jusqu'à l'avancer dans le sas où se trouvait toujours la grosse et grande masse verte. Visiblement, cette histoire ne le faisait pas plus flipper que ça ? Puis sa présence était étrange, il n'avait pas trop la tête de l'emploi et en plus, bien qu'elle avait promis ne pas aller fouiner dans sa tête, Winifred n'avait pas pu s'en empêcher. Elle compris qu'il était en mission, ce qui n'enleva rien à la méfiance de la mama.

-Comment c'est le bordel, je comprends pas trop ce qui se passe ici...

Est-ce que son compagnon d'infortune et sa mission étrange avait un lien avec cette soi disant maladie hyper contagieuse dont il fallait se méfier comme de la peste ? Comment avait-elle pu ne pas être au courant de ce qu'il se passait autour de chez elle ?

Alba Tor
Winifred Cooper

Le panier garni [Évent]

Plus les minutes passent et plus Alba se dit que tout cela est louche.

Une nouvelle fois, le garde prend la parole, prêt à dissuader les intrus mais un nouveau protagoniste l’interrompt. Ou plutôt nouvelle. Alba se retourne vers la source de cette voix qui résonne derrière lui. La fatigue est lisible sur le visage de la nouvelle arrivante, certainement la raison de son “amabilité”.

- Je prends tout de même le risque. Ca ou crever de faim dans la rue, c'est du pareil au même.

C'est faux, évidemment. S’il pouvait choisir, Alba serait à Tyrhénium en train de savourer une bonne blonde avec une belle brune ou une jolie rousse à côté de lui. Il déteste cet endroit. Ca pue la misère. Malheureusement, il n’a pas trop le choix. Et se faire passer pour un mendiant cherchant du travail est encore le moyen le plus sûr d’entrer dans cet hospice.

Il se contente d’un froncement de sourcil et d’un reniflement dédaigneux tandis que la Sylphide lui arrache sa lettre des mains, essayant d’être aussi condescendant qu’elle sans y arriver. Il doit juste paraître idiot.

- Je suis justement là pour ça, mais l’bon m’sieur veut pas me laisser entrer… Réplique-t-il à la dernière tirade du médecin.

Tout ça commence sérieusement à l’agacer. Si cet essai ne fonctionne pas, tant pis ! Il fera ça à l’ancienne, à l’aide de quelques crochets. Il se saisit tout de même du panier de Winifred, comme si le fait de le tenir en main allait lui offrir un accès assuré à l’intérieur de l’hospice.

- J’y comprends pas grand chose non plus. Il se passe quoi précisément ? Qu’est-ce qu’elle a de si spécial cette grippe pour vous faire autant flipper ?

Lui ? Ca ne l’inquiète pas le moins du monde. C’est juste une grippe, une vilaine crève. Qu’est-ce qu’il a à craindre ? Il tombera malade quelques jours, dans le pire des cas. C’est moins pire que ce qu’il l’attendra s’il rentre bredouille.

Informations

Le médecin se méfie. Elle ne pense pas que les deux gens sont aussi altruistes qui le laissent entendre. Elle sait qu'ils essaient d'obtenir des informations et elle ne veut pas avoir d'autres malades à soigner par leur faute.
Mais... Une ou deux mains en plus ne seraient pas de refus. La fatigue se fait ressentir et elle sait qu'elle aura besoin de volontaires un jour où l'autre car son corps ne supportera pas longtemps ce surmenage.

« - Eh bien... J'imagine que les héros n'existent pas, souffle-t-elle. »

Les épaules de la femme s'affaissent, trahissant une résignation évidente. Elle leur offre même un léger sourire, bien qu'il semble difficile.

« Si vous tenez tant à vous rendre utile, libre à vous. Cependant, en tant que médecin, je me dois de vous avertir : il n'y, à ce jour, aucun remède à cette fièvre. »

Elle fait signe à l'homme d'ouvrir la porte. Ce dernier s’exécute, bien qu'il est évident qu'il n'est pas d'accord avec cette idée. Il fixe le zélos puis la terrane d'un air mauvais.
Vous assistez alors à un spectacle apocalyptique. Les malades se comptent par centaine et les conditions sanitaires sont louches. Vous êtes bien en Phelgra.

« Si vous l'attrapez, je suis uniquement dans la capacité de ralentir les symptômes, prévient-elle. Me suis-je bien fait comprendre ?
- La magie, demande méfiant l'homme. Auriez-vous une magie curative ou de froid ? »

A peine les avaient-ils laissés rentrer que Wini plaqua sa manche devant son nez. Pas pour l'odeur, non, mais elle voyait cette scène de désolation et n'imaginait pas que tant de personnes pouvaient être contaminées. Hommes, femmes, de toutes les peuplades qui pouvaient exister sur ces terres, visiblement, et jeunes ou vieux, la fièvre ne semblait épargner personne. Sans même prendre la peine de répondre au doc, elle repassa la porte en lâchant un "pas d'pouvoir qui peut aider, navrée" et sortit devant le bâtiment. C'était bien triste à voir, tout ça. Comment une fièvre pouvait-elle rendre les gens dans un tel état ? Il était même presque certains que tous n'étaient plus en vie ! Et d'ailleurs, le gros golgoth qui avait gardé la porte et qui finalement avait laissé passer Wini et le Zélos et qui tirait la tronche de la voir rebrousser chemin lui balança salement un "elle est morte vot' copine t'façon".

Un instant, Wini ne comprit pas. Qui ? La doctoresse qui venait de leur parler ? Impossible, elle la voyait debout derrière lui... Oh putain. Lilida. Les bras de la tenancière de L'Octo tombèrent tout du long de son corps rond. La fièvre et la vieillesse ne devaient pas faire bon ménage. Les pensées du grand bonhomme avaient parlé à sa place. Il n'avait pas prononcé ces mots à voix haute, elle les avaient juste "entendues".

Elle écarquilla les yeux, ronds, vides et prit une grande respiration. Que pouvait-elle faire à présent ? Rester là dedans c'était la mort assurée, et Winifred ne voulait pas mourir, elle voulait voir son fils grandir encore et son commerce devenir florissant comme jamais. Non, non, elle ne prendrait pas le risque, et puis, pour quoi faire ? La docteur avait été claire, ils ne pouvaient pas vraiment se rendre utile si ce n'était en ayant des pouvoirs adaptés, mais ce n'était pas le cas de la marâtre. Elle ne se fit pas prier et ne tint pas compte du Zélos qui lui mentait sur son nom, il était dedans s'il voulait, elle, elle rentrerait à Mavro. Quand elle en était partie, cette histoire de fièvre ne faisait pas tant d'histoires.

Sans demander son reste, elle salua de la main le golgoth qui la regardait depuis la petite ouverture de la porte et reprit son chemin jusqu'à sa charrette, à une centaine de mètres plus loin.

Les bras croisés dans le dos, la tête bien basse qui regardait ses pieds fouler les pavés sombres, Wini se perdit dans ses pensées. Puis, quelques minutes plus tard elle releva les yeux et réalisa qu'elle était partie bien plus loin que là où se trouvaient ses affaires, laissées devant une maison fleurie. Surement la seule, elle avait fait exprès, ça avait un côté sympathique. Elle revint alors sur ses pas et trouva la maison fleurie. Mais... pas de cheval, pas de charrette. Elle regarda à droite et à gauche, au cas où elle s'était trompée de rue, mais non, le mors de son cheval et la corde à laquelle il avait été attaché étaient là, sans rien au bout.

- Putain de merde, dit-elle navrée et en colère. La tristesse en prime, Winifred s'assit juste par terre, sans savoir quoi faire, quoi dire, a qui demander de l'aide.

Alba Tor
Winifred Cooper

Le panier garni [Évent]

Alba est un homme hardi mais certainement pas un imbécile.

Jusqu’au dernier moment, il est certain que la femme à chevelure d’ébène ne les laissera pas pénétré dans l’hospice. Mais elle finit par céder les avertissant qu’il n’existe aucun remède à ce mal. Alba a un léger sourire en coin, satisfait et aimable. Il ne se rend pas compte de l’ampleur de la situation.

Il n’y a pas de mots pour décrire l’horreur de ce qui se dresse sous ses yeux. On lui avait dit que cet établissement s’occupe principalement de personnes âgées et pourtant, il y a de tous sous ses yeux. Des femmes, des hommes. Des personnes âgées et des plus jeunes. Tous parqué comme des bêtes, le tout dans un cacophonie de toux et de gémissement d’agonie. Alba a vu pas mal de chose dans sa vie. Il y avait un bon paquet de choses pas jolie dans le tas mais ça… Ca , il doit bien avoué que ca fait partie des pires visions qu’il n’ait jamais eu.

Il reste un instant à observer tout cela tandis que la doctoresse lui demande s’il lui ou sa compagne de fortune possède des pouvoir de guérison ou lié au froid.

- Je… Non. Malheureusement, non.

Il semble complètement ébranlé par la misère qui se déroule sous ses yeux. Sa posture n’a que peut changer. Elle reste droite et fière mais dans son regard on peut voir la panique, chose assez rare chez ce grand bonhomme. Il ne remarque même pas que Winifred a déjà quitté les lieux.

- J’peux rien pour vous… Je pensais mais non. Navré. Dit-il tout en tournant les talons.

Il aurait pu rester et aider. Mais il n’est pas idiot. S’il reste là-dedans, il va finir par rattraper la mort lui aussi. Et malheureusement, son altruisme a des limite. Il se sent un peu honteux de laisser le médecin et le garde comme cela après les avoir tant ennuyé mais sa survie et son intérêt a toujours primé avant tout chose. Tant pis pour le boss, tant pis pour ces deux-là et tant pis pour ses pauvres gens. Il ne peut de toute façon rien y faire.

Alors il sort et regagne l’endroit où il a laissé Monfred. Perdu dans ses pensées, il ne remarque pas totu de suite que deux drôles de larrons tourne autour de sa monture. Ce n’est que lorsque cette vieille bourrique se met à henir avec affollement qu’il reprend contact avec la réalité.

- HEY !

Sans réfléchir plus que cela, le Zélos court en direction de ceux qui essaient de lui voler son vieux canasson. Ils ne doivent d’ailleurs pas être très futé pour penser faire une affaire en volant cette bête … La voir charger dans leur direction, semble dissuader les voleurs qui préfèrent prendre la fuite.

S’assurant que son cheval va bien et qu’il ne manque rien des maigres bien qu’il a emporté avec lui. Alba décidé qu’il est grand temps de reprendre la route et de quitter ce trou à rat. Par sûreté, il décide de prendre un autre chemin. Il tombe alors par hasard sur Winifred. La pauvre a l’air au bout du rouleau. Il lui lance un regard interrogateur, se demandant ce qu’elle fiche là, sans rien, et puis repense aux voleurs croisés quelques temps plus tôt.

- Tout va bien ma p’tite Dame. Vous voulez que j’vous dépose quelque part ?

Il ne sait si elle vit loin d’ici ou non. Peut-être devra-t-il faire un grand détour. Mais quelle genre d’homme laissera une dame courir les chemins par des temps aussi troublés ? Un vrai homme, ca fait de longs détours si c’est nécessaire !