[TERMINE] [EVENT] Soufre, Mercure et Sel

Avachi sur la chaise de son bureau, le Zélos regardait d’un œil las les parchemins étalé devant lui. Il prit une tablette d’argile et commença à gratter quelque chose à sa surface. Jetant de temps en temps des coups d'œil aux écrits sur le bureau, il posa la tablette sur laquelle se trouvait bon nombres d’informations. Vélénor y inscrivait calcules et observations. Il tenait à archiver ses recherches autant sur du papier que sur un format immuable. Ses observations quant à l’épidémie en cours n’étaient pas très positives. Tout ce qu’ils avaient déjà pu tester était inefficace. L’épidémie avançait à grands pas. C’était près d’un quart de la population qui était touchée… Un soupir bruyant les échappa et il posa la plaque sur le bureau. Il n’avait pas assez d’effectif pour faire respecter une quelconque quarantaine ou même un couvre feu pour Thémisto alors pour le pays entier… D’autant que les réformes de l’Impérial occupaient beaucoup d’esprit. La pandémie qui se présentait devant eux n'avait pas été prise au sérieux. Et voilà ou tout cela les avait mené. La Chaine Blanche n’avait pas encore assez d’influence ou même de crédit pour être traité sérieusement par le Conseil. Si on ne se moquait pas des quelque trois cents membres de l’Ordre c’est que tous étaient de féroces combattants ou des cavaliers qui n’ont plus besoin de faire leurs preuves. Mais les rapports récents de Konrad à Mavros et de Djaghataï a Ridolbar faisait état des mêmes problèmes que Lion lui avait signalé dans les rues de la capitale.

Les malades sont chassés de chez eux et persécutés. Rien n’est fait pour les protéger eux ou la population. Le bon sens voudrait que les populations saines les évites, mais la peur et la frustration font faire des choses stupide. Vélénor le savait parfaitement. Le Zélos se leva de sa chaise et avança jusqu’à la fenêtre de son étude et regardait la cour d’entrainement du Manoir. Il y avait là Fergus et Jason qui semblaient discuter tout en s'entraînant. Le soleil se levait à peine et pourtant ces deux là étaient déjà dehors. Un sourire satisfait étirait le visage sombre de l’Officier. Il était fière de ses hommes. S' il pouvait disposer de ses hommes des Rouges comme de ceux de l'Ordre, ce serait bien différent. Les Rouges avaient suffisamment d’hommes et une logistique suffisante pour établir des zones de quarantaine hors des villes… Une idée germait dans la tête du Zélos lorsqu'on vint frapper à sa porte.

“ Seigneur Gamath, un message de l’Impérial pour vous. “
“ Entrez… “

Que pouvait bien lui vouloir l’Impérial ? Pure sottise que cette question. Vélénor savait très bien ce que Sirion voudrait de lui. La pandémie était arrivée jusqu’aux oreilles du chef des Cavaliers et maintenant que les choses étaient devenues graves il venait demander des comptes. Le serviteur entra timidement dans le bureau et resta immobile un instant avant de reprendre contenance, comprenant que le Zélos n’était pas d’humeur. Il tendit une lettre et disparut rapidement.

Le Maître de la Chaine Blanche inspecta un instant le document avant de l’ouvrir. Il parcourut rapidement les quelques lignes inscrites sur le papier et haussa un sourcil sur la signature. Il s’y trouvait la signature et le sceau de l’Impérial mais pas celui du Conseil des Cavaliers. L’Impérial lui demandait de s’occuper lui et son Ordre de la pandémie qui ravageait le pays. Ne tenant plus, Vélénor écrasa son poing dans un cri de rage sur le bureau. Reprenant doucement contenance, le Zélos mit de l’ordre dans ses papiers, séparant ses correspondances, des rapports de ses frères de la Chaîne, de ses propres recherches. Il allait devoir rapidement mettre en œuvre plusieurs idées et protocoles pour avancer. Cinq mois à attendre et maintenant il devait se dépêcher ? Ridicule !

Vélénor reprit sa place sur la chaise de son bureau et pris une pile de papier, une plume et de l’encre. Il allait avoir besoin de bien plus d’informations pour pouvoir agir efficacement. Des informations plus détaillées sur l’état de Phelgra mais également de ce qu’il se passe dans les autres Royaumes. Konrad et Djaghataï dirigeait les membres de l’Ordre présent dans deux des trois plus grandes villes du Royaume, il aurait besoin d’eux là-bas…

Cela fait une semaine, jour pour jour, maintenant qu’il avait envoyé ses messages auprès de ses frères du COnseil de la Chaîne Blanche. Vélénor était assis dans son bureau étudiant attentivement le parchemin qu’il tenait entre ses doigts. Il y avait écrit là le nombre approximatif de malades a Themisto, et le résultat n’était pas brillant. Et apparemment beaucoup de monde présentaient des cas avancés de la maladie. Ce n’était que des observations dans la rue, rien de très concret et fiable, mais cela lui permettait de se faire une idée de la situation chez lui.

Les malades traînaient la rue, hors de chez eux, discriminés et battus. Ou dans le pire des cas, poussé dans le quartier de Drys. Même les hospices ne voulaient pas d’eux. Les plus chanceux arrivaient à cacher les stigmates de la fièvre, ce qui rendaient le travail de les compter plus que compliqué. Vélénor estimait qu’un habitant si cinq était atteint ici. Et plus encore dans le quartier de Drys, presque trois sur cinq. La situation était critique. Le Zélos attendait toujours les informations venant de Ridolbar et de Mavro, mais elles tardaient à venir. C’était frustrant. Très frustrant ! Le nombre de victimes, la logistique nécessaire, la main d'œuvre… Rien n’allait. La Chaîne Blanche n’avait pas les moyens de régler cette crise d'elle-même. Il faudra à Vélénor trouver de l’aide. Avant toute chose, il devrait s’assurer du point de vue des hommes et femmes tenant la bride de se pays.

Vélénor allait devoir demander à sa Commandante si elle accepterait de participer à l'effort de guerre contre la pandémie en cours. Il aurait également à discuter avec la chef des cavalier gris Alara Lorwyn et Kern le commandant de la division Noir. Les dirigeants des grandes villes devraient eux aussi mettre la main à la pâte. Cette fièvre de feu était mortelle et une grande partie de la population semblait atteinte. Si un tiers de la population du pays est touché, la santé deviendrait une affaire de tous.

Vélénor quitta son bureau, emportant plusieurs parchemins et une carte du pays annoté avec lui. Gamath n’était pas un maître logisticien mais avec Lion et le reste du Conseil de la Chaine Blanche, ils avaient fini par trouver un certain nombre de mesures, de règles et de contraintes pour limiter la propagation. Des mesures prises sans que personne ne sache comment la maladie se transmet mais ce sera à tester plus tard.

Vélénor avait reçu des nouvelles disant qu’un remède avait été mis au point au Haut Monastère permettant de ralentir la propagation de la maladie. On lui avait cependant dit qu’il lui faudrait passer par un autre temple pour se procurer ce précieux remède. Il lui faudrait aller au Temple de Sharna demander audience. L’obtention de ce remède était un point important dans le plan de la Chaîne Blanche. Première étape, réunir les malades et compter. Seconde étape, produir le remède et le distribuer aux notables du pays. Etape numéro trois, expérimenter et en apprendre plus sur cette maladie.

Cette fièvre de feu était une blessure dans le flanc des cavaliers et de Phelgra. Purifier la plaie en vidant les villes des malades. Stopper le saignement en évitant la mort des contaminés. Et finalement traiter et refermer la blessure. Et cette blessure gênait Vélénor. Il voulait s’en débarrasser. La refermer. Et il voulait le faire avec les Cavaliers. Il fallait retenir une leçon de ce qui leur arrivait. Peut être réunir les Divisions qui se déchiraient depuis le duel entre Démégore et Sirion.

Le Zélos avançait rapidement dans les couloirs du Manoir, en direction du bureau de sa supérieure directe, la commandante Kreen. Il resta devant sa porte un instant, il regarda sa tenue. Il portait une simple chemise rentré dans le bas de son armure. Une manie qu’il avait prise. L’écharpe blanche brodé d’or et d’argent symbole de sa fonction et de la raison de sa présence ici pendant de chaque côté de son cou.

La Commandante des Cavaliers Rouges de Sharna avait le dos voûté et la tête entre les mains ; on aurait cru que, sans le recours de ses doigts, son crâne n’aurait pas tenu sur ses épaules. Elle appuyait peut-être un peu trop fort sur ses tempes mais elle espérait que la sensation d’oppression la stimule. Peut-être que dans quelques minutes, elle trouverait une solution miracle. Peut-être qu’au moins, cela ferait migrer sa migraine.

Relatif à cent soixante-cinq ans de tourments, personnels et nationaux, quelques mois d’agitation n’auraient pas dû paraître aussi difficilement supportables, mais la dernière nouvelle qu’on lui avait rapportée avait fini de plonger Kreen dans une humeur des plus exécrables. Mavro Limani avait perdu son gouverneur, ce brave Elsdon Ulrik, un homme sur lequel Sirion avait pensé pouvoir compter et qui, de par son grand âge et son respect un peu passif des lois et hiérarchies phelgrannes, avait quasiment constitué un atout dans la remontée en force des Cavaliers. C’en était trop. Depuis la mort de Démégor, le monde semblait embrasser le chaos, et pas le genre de chaos qui favorisait les guerriers de Sharna. La fièvre ardente avait fini par atteindre le sombre continent, et les ravages qu’elle provoquait n’avaient pas tardé à semer la panique au sein de l’armée. Son origine était mystérieuse, la contamination aléatoire et les effets soudains. Après trois semaines, la Gorgoroth avait considéré que l’isolation n’en valait plus la peine – elle rendait la communication trop difficile – et que de toute façon, elle avait toujours été une amatrice de corps-à-corps. Ainsi, elle avait mis fin aux protocoles un peu hasardeux qui consistaient à protéger l’état-major ; d’ailleurs, elle n’avait été ni la seule, ni la première.

Il n’avait plus manqué que cela ; une punition divine par-dessus la disparition de Varss et les manigances soupçonnées de Cimmeria, le décès de Démégor et l’ascension au pouvoir de l’ancien Commandant des Noirs, la mort de ses trois soldats et les règlements de compte que cela avait engendré, les mesures qu’imposaient le nouvel Impérial et son entourage d’espions reconvertis en généraux, les bouleversements politiques à Mavro Limani et Ridolbar… Kreen pressa ses paumes contre ses joues, se frotta les yeux, se pinça l’arête du nez, et plaqua ses mains sur son bureau de part et d’autre du parchemin de malheur. Elle poussa un grognement animal avant de se mettre à rédiger une réponse ; elle appuya un peu trop sur sa plume et laissa de vilaines cicatrices dans sa missive.

Après avoir versé la cire en-dessous de sa signature et y avoir laissé son sceau, elle siffla bruyamment pour faire entrer Garom, la sentinelle qui gardait son bureau depuis maintenant plusieurs mois. C’était un jeune Terran volontaire et courageux, mais son zèle exemplaire ne suffit pas à mettre du baume au cœur de la Commandante. Sans se lever, elle lui lança le billet qu’elle venait de rédiger.

« – Fais porter ça aux coursiers.

– Maintenant, Commandante ?

– Évidemment, maintenant !

– Commandante, j’ai besoin de votre autorisation explicite pour quitter mon poste, s’efforça-t-il de dire sans bredouiller. Kreen ouvrit la bouche mais leva les yeux au ciel avant de répondre.

– Garom Sinn-Kyn, sentinelle des Cavaliers de Sharna, je vous autorise, avec ma bénédiction, à quitter vo- »

Elle fut interrompue par le son de phalanges contre le bois de sa porte. Sentant son mal de tête s’intensifier comme si son cerveau pulsait de douleur, elle se redressa en faisant craquer son échine, fixa le plafond un moment, et fit de son mieux pour contenir son irritation.

« – Entreeeeeez… Elle ne parvint pas à se retenir d’allonger la seconde syllabe, comme si elle sonnait au cor une alerte d’attaque imminente. Garom salua la Commandante, tourna les talons, ouvrit la porte solennellement devant ses supérieurs, et se glissa au dehors à la manière d’un chaton. »

Vélénor Gamath, Maître émérite de la Chaîne Blanche, se présenta accompagné de son second, et Kreen se leva sans trop se presser. Elle leur adressa un signe de tête assez rustre, les incitant à parler, et vite. Elle n’aurait pas prétendu que les voir la rassurait, mais le nuage orageux qui semblait pleuvoir au-dessus d’elle sembla s’éclaircir un brin. Ses quartiers étaient enfin honorés de la présence d’un véritable médecin, quelqu’un de suffisamment compétent pour combattre l’épidémie. Cela faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. La Chaîne Blanche n’avait pas toujours beaucoup fait parler d’elle, mais depuis quelques temps, elle pouvait se targuer d’avoir sauvé de nombreuses vies. Face à la gestion plus que douteuse du gouverneur de Themisto, la guilde avait apporté un secours non-négligeable. Dans sa réponse au Zélos, son agacement général entacha les quelques premiers mots, mais son ton redevint professionnel suffisamment tôt pour qu’elle ne rougisse pas de son manque de tempérament. Ce temps était révolu, il n’était plus question de mettre des coups de poings aux moins gradés en les traitant d’incompétents.

« – Je n’ai jamais vraiment le temps de faire quoi que ce soit en ce moment, je me contente de le prendre quand il le faut. Je vous écoute. »

Vélénor ne répondit que d’un signe de tête a Kreen. Il ne comptait pas lui faire perdre plus de temps que nécessaire. Il fit un pas en avant pour se démarquer de son confrère et pris la parole.

“ J’ai demandé à la Chaine Blanche la semaine dernière de me rendre un rapport, le plus complet possible, sur la situation des malades dans la nation, en se basant sur ses trois plus grandes villes. Je n’ai pour l’instant que le rapport de Lion ici présent, mais mes confrères a Mavro Limani et Ridolbar estiment également qu’un dixième, au moins, de la population du Royaume est atteinte. Et la maladie continue de se propager. Malheureusement même si nous réunissions tous les membres de La Chaîne a Thémisto pour nous occuper des malades nous ne serions pas assez pour nous occuper de tous. C’est pour cela que nous vous demandons votre aide. Nous avons passé la semaine à élaborer plans, protocoles et expériences à mener sur les malades, mais nous ne disposons pas des infrastructures nécessaires et nous n’avons pas non plus les ressources pour mener nos plans à bien. “

“ Etant donné les conditions dans lesquelles sont traités les malades nous souhaiterions pouvoir les loger à l'extérieur de la ville, ou ils ne seront plus en contact avec les autres et où personne n’aura la brillante idée de leur lancer des pierres… Nous pourrions également rester au contactes des malades à longueur de temps et ne plus avoir à faire des aller retours et nous pourrions mener nos recherches… En paix “

Lion, avait pris la parole et n’avait pu retenir un regard vers la porte extérieure. Ce Cavalier gris était un Terran approchant de la soixantaine, sec et musclé, son visage portait les marques de l'expérience et d'une longue carrière de guerrier. Mais l'âge le rendant faible, il n’était plus capable de combattre comme dans sa jeunesse. Beaucoup de Cavalier se moquaient de lui et ne semblaient plus se souvenir de ses faits d’armes. Il les faisait souvent taire une arme en mains, mais il était las de ces jeunes et de leurs arrogances.

“ En effet, nous souhaiterions mettre la population en quarantaine, bien que le moyen de propagation du virus ne soit pas encore bien définie, cela peut peut être aider. Mais nous n’avons pas les moyens de mettre une quarantaine à l'échelle de Thémistos seul, manque d’hommes et de moyens. J’ai également entendu parler d’un calmant mis au point par des Gelgoviens au Haut-Temple. De ce que je sais, le temple de Sharna en a reçu une certaine quantité. Une fois ce calmant entre nos mains nous pourrions gagner du temps et nous concentrer plus en avant sur un remède. J’ai avec moi, le détail des opérations que nous souhaitons mener et les coûts financier et en personnel que cela impliquerait également, si vous souhaitez les consulter ?”

Vélénor désigna d’un geste les documents et la carte qu’il tenait dans ses bras. Il les déposerait ou la Commandant lui désignerait si elle le souhaitait,auquel cas, ils resteraient dans ses bras.

“ Nous pensons également qu’un exercice du genre permettrait de maintenir les hommes actifs et qu’ils n’aient plus autant de temps pour penser et se dire que la maladie les tuerait. “

Les nouvelles que lui apportait le Seigneur Gamath n’étaient pas réjouissantes. Kreen n’apprenait pas que la fièvre faisait un nombre inacceptable de victimes, mais elle devait admettre n’avoir jamais eu aucun détail sur la façon dont ces dernières étaient traitées. Elle ne fut néanmoins pas surprise ; à Themisto, les rumeurs les plus sombres couraient le plus vite. Sans être particulièrement émue du sort impitoyable qu’on réservait aux malades, elle en était assurément embarrassée, car il était bien révélateur de l’attitude du thémistonien moyen vis-à-vis d’à peu près tout : idiot, vicelard et lâche. L’exaspération se lit nettement sur ses traits quand le second de Vélénor termina sa déclaration. On ne pouvait vraiment pas compter sur le bon sens de la populace dans cette maudite capitale.

Le Maître de la Chaîne Blanche poursuivit, et la mine de la Commandante s’assombrit davantage. La perspective d’une quarantaine lui arracha un claquement de langue, à la fois parce qu’une armée confinée était une armée faible et parce que la suggestion de Vélénor était sans doute la seule solution. Elle avait d’ailleurs été avancée du bout des lèvres par quelques autres mais jamais entendue, et cela pour des raisons que Kreen ne considérait pas comme irrecevables… Pas toutes en tout cas. D’un point de vue logistique et économique, c’était se mettre en danger. Il s’agissait simplement d’opter pour le moindre de deux maux.

Seigneur Gamath confirma également un on-dit dont Kreen ne savait pas trop quoi penser ; le Temple de Sharna était en possession d’un remède élaboré lors d’une réunion entre Gélovigiens. Elle avait du mal à imaginer une denrée salvatrice entre les mains d’Alton, et elle éprouvait encore plus de difficulté à faire des pronostics sur ce qu’il en ferait. Elle n’était pas vraiment inquiète – le Haut-Prêtre savait faire son travail quand faire des bêtises n’était pas dans intérêt – cela dit, elle n’aurait pas conseillé à la Chaîne Blanche de compter sur la réactivité des religieux. Elle n’était pas certaine qu’ils s’avéreraient monstrueusement efficaces, même s’ils en étaient capables. Vélénor lui proposa de lui faire un rapport plus complet, carte à l’appui, et cela l’apaisa presque. L’organisation de la guilde était admirable, et une stratégie bien élaborée l’enthousiasmait toujours, même chez un ennemi. Surtout chez un ennemi. Elle désigna une grande table un peu encombrée à sa droite qui était positionnée perpendiculairement à son bureau. Elle poussa les pions en bois et les parchemins qui y trônaient – certains tombèrent même au sol mais elle les ignora – et fit signe aux deux Cavaliers de lui exposer tout ça. Elle les aida même à étaler le plan et se pencha dessus avant qu’ils n’aient pris la parole. Une main sur le menton, elle déclara avant tout :

« – Je ne peux vous proposer que de la main d’œuvre, j’en ai peur. Et vous devez avoir constaté de vous-même que les hommes ont tendance à traîner la patte depuis que l’épidémie a franchi le seuil de Themisto. Mais si je peux faire passer un message au Conseil de votre part, je suis tout ouïe. Je ne vous cache pas que le manque d’informations nous empêche d’aborder le sujet correctement. Et l’investissement financier serait de… ? Elle tendit la main dans l’espoir qu’on lui offre un document, comme si elle préférait lire le chiffre que l’entendre de vive voix. »

Vélénor était satisfait, il se montrait bien de le dévoiler, mais pour lui le simple fait que la Commandante Kreen, lui propose des hommes et de parler au Conseil était une sacrée victoire pour lui. Lion étalait la carte sur le bureau, tout en dépliant plusieurs parchemins. Sur la carte se trouvait l’emplacement des villes et villages les plus importants du royaume ainsi que plusieurs zones marquées d’une croix qui avaient été jugées aptes pour accueillir les fameuses zones de quarantaine. Les parchemin étaient les différent raport des cavaliers noir de la Chaine qui avaient inspécté les lieux. Vélénor, lui, écoutait Kreen parler. Lorsque la Commandante tandis la main demandant un chiffre, Valinor prit deux rouleaux laissés de côté par Lion et les déposa dans la main de la Gorgoroth.

“ Le premier représente les dépenses à faire si l’on embauche les mains d’oeuvres et que l 'on achète les denrées nécessaires à la mise en place de la zone de quarantaine et des expériences qui s’ensuivront. “

L’ensemble des calcules, des lieux ou du personnel pourrait être recruté et des différents ateliers ou l’Ordre pourrait se fournir pour mener à bien ses travaux. La somme s’élevait à plus de quinze milles dias.

“ Mais nous avons réfléchi à un moyen de diminuer les frais, les réduisant au tiers. Conscription et réquisition. Si nous embauchons de force le personnel qu’il nous manque, que nous utilisons les réserves des divisions pour monter le camp. Le reste peut être réquisitionné chez les artisans de la ville et des alentours. Nous leur offrirons une contrepartie non-financière en échange bien entendue. Nous n’avons besoin que de bois et de tente pour la quarantaine. “ Vélénor se tourna finalement vers la carte. “ Lion vous a indiqué où la zone se trouverait. A une demie heure de cheval de Thémistos, caché derrière plusieurs collines. Nous sommes également près de plusieurs villages pour ne ravitailler en vivres et en eau si le besoin se fait ressentir. La Chaîne Blanche peut s’occuper seule des malades dans le camp, mais l’aide des Hospices de la ville ne serait pas un luxe, et vos hommes ne serviraient qu'à maintenir de l’ordre et la quarantaine. Vous trouverez les plans du camp dans ces rouleaux, ainsi que les ressources en vivres et eau imaginées. “

Vélénor se redressa et garda le silence un moment, il réfléchissait. Avait-il oublié quelque chose ? Son regard était fixé sur la ville de Thémisto, plusieurs autres point d'intérêt entouraient les villes de Mavos Limanis et Ridolbard mais rien n’avait encore été décidé pour ces villes, il n’en parlerait donc pas.

“ Pour faire court, commandante, nous avons besoin d’hommes et de bois et de tentes pour monter et surveiller la Zone, de matériel médical trouvable dans les Hospices et ceux qui leur fournissent et de vivres et nourritures. Nous pouvons soit l’acheter, soit le prendre. Bien que l’Impérial nous ai demandé de régler ce problème, il ne nous a pas donné l'autorité nécessaire pour mener cette mission a bien. Nous avons besoin d’une force militaire solide pour imposer une conscription, ou bien d’un soutien financier conséquent. Pour le reste nous sommes plus ou moins en capacité de gérer nous mêmes. “

 Lion regardait la carte, il semblait satisfait de son travail. Il restait encore une pile de document sur le côté de la table auquel il n’avait pas encore touché, ils représentaient les protocoles à suivre dans le camp, l’alimentation à donner et les plan de rationnement, il y avait également un descriptif des différentes opérations que les médecins et chirurgiens de la Chaînes comptaient mener. Mais pour l’instant ces détails ne devraient pas intéresser Kreen, ou dans le cas contraire elle demanderait.

Impatiente de découvrir l’ampleur des dégâts, Kreen déroula le parchemin qu’on lui tendit d’un geste brusque et alla directement poser ses yeux sur la somme en bas à droite. Elle demeura bouche-bée une seconde, pencha la tête sur le côté, releva un regard pénétrant sur Vélénor, et finit par hausser les sourcils avec contrariété. Le Maître de la Chaine Blanche s’empressa de préciser qu’il s’agissait là d’un maximum, et qu’à force de persuasion çà et là, les frais pourraient être amoindris. Le soulagement ne fut pas à la hauteur de la division qu’avançait Seigneur Gamath. La Commandante entendit surtout que Phelgra avait deux options ; tyranniser à moindre coût ou appliquer une très onéreuse démagogie. La première approche correspondait bien mieux aux habitudes des Cavaliers mais elle avait un contre-coup, puisqu’elle stimulait les rebelles. Quand il s’agissait de garder le pouvoir à Themisto, ce n’était pas un problème insurmontable, mais pour sauver le peuple, cela risquait de mettre une sacrée épine dans le pied des médecins.

Essentiellement, la décision qu’elle prendrait se résumait à cela : donner des ordres qui feraient râler ou piocher dans les caisses déjà pas tout à fait pleines. En soi, elle devrait faire un peu des deux, mais en penchant davantage pour l’un que pour l’autre. Elle se mordilla les lèvres puis l’intérieur de la joue, et plissa profondément le front. Un long silence s’invita à la réunion, et il sembla inciter tout le monde à plonger dans une intense réflexion. La Gorgoroth parut faire des calculs mentaux puisqu’on vit ses lèvres frémir silencieusement.

« – Huit-cent soldats gradés, et… Disons un millier de nouvelles recrues et d'auxiliaires. Je ne peux pas faire plus. Quant à l’équipement des Rouges, je suppose qu’un tiers, grand maximum, peut vous être accordé. Quatre-cent tentes, donc. Avec l’accord du Conseil, je pourrai peut-être vous fournir une liste de marchands et commerçants avec qui l’armée est en contact, au cas où vous ne les auriez pas déjà tous sollicités. Je doute que la Cavalerie Noire puisse vous apporter le même soutien étant donné le nombre de missions qu’elle effectue en ce moment, mais une réunion des Commandants a lieu demain soir alors je tâcherai d’en parler sérieusement à mes collègues. Vous avez raison, je crois qu’il serait temps de… Elle s’interrompit pour émettre un son guttural, mélange de dégoût et de dépit. Renouer avec la plèbe. Je ne sais pas très bien ce qu’on pourrait leur faire miroiter mais s’il faut enrôler de force sans se créer de nouveaux ennemis de Sharna, il va falloir… Faire pousser des carottes. Elle murmura ces derniers mots comme si elle avait honte de prononcer une métaphore. Pour les commerçants et les nobliaux, des gardes du corps en armure de Sharna sont toujours de très beaux cadeaux. C’est aussi une excellente façon d’éloigner les recrues les moins prometteuses… Encore une fois, elle parut se parler à elle-même plus qu’à ses invités. Quant aux autres… Le genre de rémunération qu’ils réclameraient ne nous est pas permise, alors je suppose qu’il va falloir se montrer très convaincant. Elle marqua une courte pause. Seigneur Gamath… Même si la situation est des plus préoccupantes, il s’agirait de ne pas attiser la colère des opposants au régime des Cavaliers. Je suis bien placée pour les savoir nombreux et pugnaces. Actuellement, les dissidents cherchent à cerner notre nouvel Impérial, raison pour laquelle ils sont légèrement plus effacés que d’ordinaire. Cela nous procure une stabilité appréciable mais très fragile, que des réquisitionnements à répétition ne sauraient qu’anéantir. Je n’ai pas de solution miracle à vous proposer mais je dois vous demander de faire preuve de doigté. Si le peuple de Themisto doit être sollicité pour participer à l’effort de guerre, soit, mais d’une manière ou d’une autre… Pour une fois, il faudra que leur labeur soit... Récompensé. »

En dehors des quelques fois où elle marmonna – signe qu’elle se laissait aller à déballer son analyse en temps réel – la Commandante parla clairement et d’un ton grave. Elle aurait tant aimé ne pas avoir à donner cette instruction au Maître de la Chaine Blanche, mais elle y était forcée. Contraindre les themistoniens à assister des Cavaliers de Sharna dans le traitement d’un mal invisible et mystérieux risquait d’éveiller leurs si chatouilleux instincts rebelles. Cela pouvait réduire en cendres ce qu’elle avait passé les quatre-vingt premières années de sa vie de soldate à bâtir. Elle ne pouvait pas se résoudre à donner sa bénédiction à des projets de terreur et d’esclavagisme. De plus, et même si elle ne l’avait pas évoqué, sa crainte s’appliquait également à une partie des Cavaliers eux-mêmes, puisqu’il était garanti qu’un grand nombre d’entre eux protesteraient contre cette mission dégradante, notamment ceux que l’on enverrait garder les malades sans aucune promesse de gloire. Sa déclaration laissait un goût amer dans sa bouche. Venait-elle réellement de demander à un de ses hommes de faire preuve de compassion et de respect envers le peuple ? D’honorer la dignité d’une roture insignifiante et imbécile ? Elle aurait voulu revenir sur ses mots mais elle considéra qu’elle n’en avait pas le temps. Vélénor en ferait ce qu’il voudrait – ce qu’il pourrait. Elle devait l’avoir dit. Maintenant, c’était dit. Longuement, elle parcourut la carte des yeux avant de relever la tête sur les deux guerriers et de leur adresser un geste du menton afin de savoir s’ils avaient autre chose à lui dire.

Écoutant la commandante Kreen lui annoncer sous soutien et ses directives, Vélénor réprimait un sourire comprenant les implications et les pensées qui devait traverser l’esprit de sa supérieur, cependant il ne pouvait que se réjouir de la possibilité d’enfin commencer son travail. Il resta un instant silencieux à contempler dans le vide, cherchant d’autres informations ou demandes a communiquer a la Commandante des Rouges et alors qu’il allait signifier que non, Lion, pris la parole.

“ Nous aurions besoin de connaître l'étendue de la contamination parmi vos rangs. Nous avons de nombreux hommes parmis les cavaliers noir et gris, mais pas parmis votre division Commandante. Vélénor nous a signalé combien de ses hommes était atteint, mais il n’a pas plus d'informations sur les autres unités. “

Vélénor jeta un regard sur son frère? Ce n’était pas son genre de prendre la parole de la sorte. Lion était un Terran vieillissant. Son âge était un secret, même pour lui, mais ses cheveux viraient au gris et de nombreuses rides se dessinaient sur son visage. Mais malgré ça, il restait d’une carrure imposante et d’une musculature impressionnante. Ses yeux gris las étaient rivés sur la Gorgoroth. Le Zélos ne savait pas ce que son ami cherchait en contemplant ainsi la commandante.

“ Nous aurons également besoin de malades. Je souhaiterai voir comment la fièvre réagit avec le Mal de Drys. Normalement j’aurai demandé aux Cavaliers Noirs de s'en occuper. Mais ils semblent trop occupé à leurs jeux secrets et il n’y a presque aucun Cavaliers Gris dans cette zone, alors je dois me rabattre sur vous. Pourriez vous faire sortir plusieurs malades et les faire venir à l’hospice que nous occupons au manoir ? Je vous en serais reconnaissant. “

Voilà qui était entreprenant. Ils avaient déjà parlé de la possibilité de contrer le mal par le mal, mais Lion semblait vouloir rattraper le temps perdu en commençant dès à présent les expériences. Reportant son regard sur la carte, il y avait peut-être une dernière chose à demander.

“ Nous avons également du mal à agir sur les autres citées du Royaume, nous voudrions savoir si vous avez des contacts à Ridolbard et Mavro Limani pour faciliter ou accélérer les choses sans avoir recours à la menace ? “

Un flottement pesant suivit le geste de la Gorgoroth, et pendant un long moment, elle crut que les représentants de la Chaîne Blanche étaient sur le point de la quitter. Ainsi persuadée que la conversation était terminée, elle baissa de nouveau les yeux sur la carte afin de pouvoir en mémoriser les informations avant que ses hommes la remmènent, et elle était prête à la replier elle-même quand le second de Seigneur Gamath prit la parole. Elle leva un regard étonné sur lui mais ne l’écouta pas moins attentivement qu’elle n’aurait écouté Vélénor.

Sa première requête était raisonnable, la seconde jeta une ombre sur les traits déjà bien tirés de Kreen. Même si elle comprenait l’intérêt de la démarche, elle ne mourrait pas d’envie de passer pour celle qui jetait autrui en pâture à la science. Elle considérait que la populace pouvait bien servir à ça (malgré le long discours qu’elle venait de tenir), mais elle aurait préféré que cela ne s'effectue pas selon ses ordres à elle. Le Zélos finit par enchaîner – la Commandante interpréta cela comme une tentative d’adoucir l’impact des mots de Lion – pour poser ce qui ressemblait à une toute dernière question. Fidèle à elle-même, la mort-vivante plongea dans une réflexion muette afin de peser ses mots.

S’il avait été question de les étudier, de leur faire boire quelques breuvages infects et de laisser des soigneurs en herbe s’exercer sur eux, elle n’aurait pas rechigné à confier tous les malades du monde à la Chaîne Blanche. Mais le vieux Terran avait été honnête et ne lui avait pas caché ses intentions d’impliquer le Mal de Drys, une malédiction que Kreen connaissait de près. Pour en avoir vu les méfaits sur de bien nombreux civils, elle savait que c’était une maladie plutôt affreuse et une condamnation certaine. Elle n’y voyait pas une mauvaise piste, un végétal ne pouvant après tout pas souffrir de fièvre, mais l’idée en soit revenait à tester la solidité d’une épée en la jetant à un Colosse. Elle prit un air très sévère.

« – Au dernier recensement, nous avions deux mille huit cent quarante-sept contaminés. Et… Elle fronça encore davantage les sourcils. Je regrette, Seigneurs, je ne mettrai à votre disposition que des Gorgoroths pour commencer. Je connais bien les symptômes du Mal de Drys, je refuse d’y exposer sciemment une population qui n'attend que ce genre d'action pour s'en prendre de nouveau à notre Ordre. Puisque la fièvre affecte mes congénères mais pas les spores, nous sommes en droit d’espérer que des essais sur des mort-vivants vous apporteraient quelques réponses. Je n'attendrai pas qu'ils se portent volontaires mais je n'enverrai personne à qui une exposition au Mal de Drys pourrait être fatale. Si Themisto subissait des pertes dues au Colosse en dehors du faubourg où il avait péri et qu'elle était directement responsable d'une telle catastrophe, Kreen pouvait dès à présent creuser sa tombe. Si vos résultats sont rassurants, je verrai comment vous assister davantage, c’est promis. Son ton et la trajectoire de ses yeux indiquèrent assez clairement qu’elle souhaitait que la discussion prenne fin. Elle n’était pas offensée par la demande de Lion mais elle n’avait pas du tout l’intention de négocier. Elle se tourna rapidement vers le Zélos et parla d’une voix à peine plus avenante. Malheureusement, Ridolbar et Mavro Limani ne sont pas moins en proie à la panique que Themisto, et d’ici, nous avons un peu de mal à garder un œil sur tout ça. Nos garnisons y sont de moins en moins peuplées et équipées, mais… Elles existent. Je n’aurai aucun problème à faire réquisitionner les baraquements des Rouges à votre profit, à condition que vous aidiez à assurer le rapatriement de ceux qui seront renvoyés ici, au Manoir. Je sais également que notre gouverneur est en contact avec Mavro Limani et les Conseillers de Ridolbar, mais je ne vais pas vous mentir, je ne connais absolument pas la teneur de leurs échanges. Je ne suis pas sûre que vous tourner vers lui vous apporte énormément de réponses, mais si vous le souhaitez, je vous soutiendrai dans votre demande d’audience. Enfin, elle se redressa, les mains croisées dans le dos. Il y a un Conseiller de Ridolbar que je pourrais solliciter, mais je ne vous promets rien. À vrai dire, je vais devoir commencer par lui demander s’il est encore en vie… Cette petite boutade, prononcée le plus sérieusement du monde, était une belle façon de résumer la situation, et d’indiquer que la Commandante était à cours de ressources. »

La Fièvre de Cendres laissera une empreinte brûlante et douloureuse dans l’histoire de Phelgra. Peu de temps après l'entrée de la maladie sur le territoire des Cavaliers de Sharna, la réactivité de la Chaîne Blanche permit de sauver de nombreuses vies, mais hélas, la réponse des éminences politiques ne fut pas aussi prompte. À Themisto, où les hommes du Seigneur Gamath parvinrent à mener des études cruciales, le gouverneur se montra d’abord réticent à l’idée de chambouler l’ordre précaire de la ville. Suite aux débats qui animèrent le Conseil, les mesures d’isolement furent repoussées, notamment puisque la population la plus touchée pendant des premiers jours était loin d’être indispensable à l’essor de l’armée et du pays. L’inactivité des puissants ralentit l’avancée de la Chaîne Blanche qui dut insister lourdement auprès du gouvernorat pour obtenir les permissions nécessaires au progrès.

Suite au soutien explicit et persistant de plusieurs grandes figures, la pression finit par faire effet, et le gouverneur de Themisto mit un grand nombre de terrains et de matériel à la disposition des médecins de Sharna. La participation des soldats, souvent contraints et forcés à contenir les malades ou même à servir de cobayes, fut un apport non-négligeable aux recherches effectuées par Vélénor. La nécessité d’impliquer les chefs des villes devint évidente, et le gouverneur de la capitale appela ses collègues de Mavro Limani et de Ridolbar à prendre les mêmes décisions ; il veilla même à faciliter les déplacements de la Chaîne Blanche à travers le pays en lui fournissant des mandats officiels signés de sa main. Si le Conseil mit plusieurs semaines à s’accorder sur les démarches adéquates, le dirigeant de Themisto les mit en place efficacement si tôt qu’elles furent énoncées. Au final, sa contribution fut tardive mais permit d’endiguer l’épidémie alors qu’elle approchait des taux critiques de contamination.

[RP TERMINÉ]